L'AME1 ère PARTIE - l'âme, un principe spirituel chef d'orchestre de notre évolutionles plus poétiques viennent assurémentdes cultures anciennes.UN MONDEEN IMAGESment le souffle. Mais rien n’est plusdifficile que de donner aux hommesle principe de l’âme dans toutes sesdimensions et Homère manque declarté en ce qui concerne l’aspect divinet immortel. C’est avec le chamanismegrec qu’un phénomène spirituel apparaîtvers le vi e siècle avant J.C. Parmi lesprophètes d’une nouvelle croyance,Chez les Mayas, l’âme prit la formed’une corde appelée le filin par lequella divinité nous tire. Elle prit des nomsd’oiseaux chez les Egyptiens et ellebrille comme une étincelle ou unepetite flamme chez les Indiens duCanada. Chez les peuples primitifs,l’homme a souvent plusieurs âmes,deux, trois, cinq et même plus, leursfonctions sont différentes et la matièrequi les compose plus ou moins subtile,mais une seule gagne le ciel ! Est-cecette dernière qui, pour cer taines ethniesafricaines, se sépare du corps physiquependant le sommeil et voyage… ?Pour la Chine, l’âme est double, composéede deux principes, l’un est alourdipar les désirs et l’autre représente laparcelle divine. Selon la pensée juive,l’âme est également divisée en deuxtendances, l’une supérieure ou célesteet l’autre inférieure ou terrestre. Maisil nous est bien précisé que les deuxprincipes sont amenés à s’unir afin den’en former qu’un seul : le souffle .Cette idée d’une âme restreinte, personnelle,liée à la personnalité, etd’une âme non limitée et infinie liéeà la spiritualité est intéressante. C’estsûrement lors de la réunion de ces deuxaspects qui semblent de prime aborddissociés, que l’on peut parler d’une« nouvelle naissance », d’une premièreétape d’intégration sur le chemin del’évolution.Dans le monde occidental, noustrouvons des réponses sous forme dedocuments écrits et quelques étapesimportantes ont jalonné l’émergencedu principe de l’âme. Selon les sourceset les sensibilités, différents noms luiont été attribués : âme, conscience,esprit, égo, psyché… A noter que lemot psyché vient du grec « psukhé »et signifie « souffle », dans de nombreusestraditions, il est habituellementtraduit par le mot « âme ».Homère est le plus ancien témoinépistolaire que nous ayons, il aurait vule jour aux environ du ix e siècle avantJésus-Christ. Les premiers grands écritsde la littérature grecque sont attribuésà ce poète mythique. Au temps de l’Iliade,l’âme ou psyché signifie exacteafinqu’il vive ». 3 Jung était un grandadmirateur de Maître Eckhart, l’undes plus illustres représentants de lamystique chrétienne du Moyen Age.Les expériences spirituelles d’Eckartferont partie des éléments majeurs quiaccompagneront la recherche analytiquede Jung dans la psychologie desprofondeurs.« Et si au-delà du « mur » de la vitesse dela lumière, on découvrait une dimensionextraordinaire : la conscience ? »l’influence de Pythagore se fait sentir.Il enseigne que l’homme possèdeune âme d’origine divine, qu’elleexiste avant le corps et vit après lui.Les activités de l’âme sont alors interprétéesen opposition avec celles ducorps physique, et c’est le début d’unecompréhension dualiste. Néanmoins,la notion de l’âme et de son immortalités’ancre dans les croyances, et laphilosophie va pouvoir lui donner unfondement rationnel avec l’apparitionde Socrate, Platon et Aristote. Ces philosophesélaborent un corps completde doctrines sur l’âme. Ils distinguentdans l’âme humaine des parties, desprincipes, des puissances ou facultés.C’est par rapport à eux que se situerontles théories psychologiques du MoyenAge, de la Renaissance et jusqu’auxrenouvellements de la psychologie desprofondeurs des xix e et xx e siècles.Avec l’arrivée du christianisme,l’apôtre Paul, en indiquant trois aspectsdans l’homme intégral, reprendra celuid’âme ou psyché, les deux autres étantl’esprit ou pneuma et le corps physiqueou soma. A la suite de Paul, le sens mystiquede l’âme se développera dans latradition chrétienne et la théologie netrouvera pas de meilleure image pourexprimer ce qu’est l’âme que celle dusouffle qui sort de la bouche de Dieu.Cette idée perdurera dans la symbolique,et Jung la reprendra en écrivant :« l’âme est le vivant en l’homme, cequi cause la vie ; C’est pourquoi Dieuinsuffla à Adam son haleine vivanteLouis de BrogliePLUS RECEMMENTAu xix e siècle, un nouveau courantde pensée dit « ésotérique » et initiépar Hélena BLAVATSKY, va voir lejour, il se développera tout au long duxx e siècle sous la forme de différentesécoles et de nombreux écrits. A la suitede Madame Blavatsky, trois chercheursremarquables, nés d’ailleurs tous lestrois à la même époque, vont adopterun langage résolument moderne etdonner un nouveau souffle et de nouvellespistes d’étude à ce domaine : C.G.JUNG (<strong>18</strong>75), Elena ROERICH (<strong>18</strong>79),Alice BAILEY (<strong>18</strong>80).L’enseignement D’A. BAILEY va permettrede réconcilier et de réunifierces trois aspects de l’homme : Esprit,Ame, Corps. « Il y a donc bien troischoses à connaître. 1. La synthèse devie : l’esprit – 2. L’unité de conscience :l’âme – 3. L’intégration des formes :le corps. » 4 Lorsque l’être humain estétudié sous l’aspect forme, les aspectssemblent séparés, mais, « Lorsqu’il estétudié sous l’aspect conscience ou sensibilité,l’unité apparaît. » 5 En réalitéces trois aspects ont toujours été unis,mais faut-il encore en avoir conscience !L’âme peut être considérée comme levéhicule de l’esprit et elle est chargée3 C.G. JUNG, L’âme et la vie, P. 39, éditionsBuchet/Chastel Paris.4 A. BAILEY, Psychologie ésotérique tome1, P.77, éditions Lucis Trust, Genève5 Idem, P. 77P. 12 - Le Son Bleu - N° <strong>18</strong> - Septembre 2012
L'AME1 ère PARTIE - l'âme, un principe spirituel chef d'orchestre de notre évolution« La beauté véritable, ce sont des rayons quijaillissent des profondeurs sacrées de l’âme etéclairent l’extérieur du corps, comme la vie jaillitdu fond du noyau et donne à la fleur une couleuret un parfum. »Khalil Gibrande transmettre sur le plan physique lavolonté d’agir intelligemment, dans lerespect et l’amour de soi-même et duprochain. L’âme sert donc d’interfaceentre l’esprit et la matière. Elle donneà l’homme la possibilité de matérialiserl’esprit, de spiritualiser la matière etd’exprimer ainsi la qualité de son êtreintérieur.« Vie, Qualité, Apparence » sontune autre manière dont A. BAILEYnomme ces trois aspects. En essence,il y a la vie, la qualité lui donne dusens et colore l’apparence de ces multiplesradiations. L’idée d’une séparationest vraiment une affaire d’intellecthumain, en effet, pour appréhenderl’aspect physique et l’aspect spirituelde l’homme, l’intellect doit d’abord lesséparer, puis ensuite, les articuler entreeux. Mais, cette mécanique ne fait quesouligner d’apparentes contradictionset ne lui permet pas d’en saisir la réalitéessentielle.Cette notion de non séparation estégalement largement soulignée parElena ROERICH et dans ses lettres adresséesà ses disciples, Elena met l’accentsur l’importance de la conscience. : « Cequ’on appelle les principes en nous,à l’exclusion du corps physique et deson double éthérique, ne sont que desaspects ou états de notre conscience…En effet, toutes les subdivisions… nesont en réalité que des qualités différentesd’une même énergie fondamentalede feu, de vie ou de conscience etdont l’aspect le plus élevé est l’énergiepsychique… » 6 (Lettres 1, P. 483)C’est la conscience qui, au cours deses expansions pose des repères et desjalons dans ce qui constitue une seuleet unique énergie. Et, si une frontière6 Elena ROERICH, Lettres volume 1, P. 483,éditions du III e millénaire, SherbrookeQUEBEC.doit être tracée, elle se situe seulemententre la conscience et l’inconscienceappelée aussi, notamment dans lebouddhisme : l’ignorance.Mais, écoutons à nouveau Elena :« La conscience est ce coffret magiquedans lequel tous les trésors perdusseront rassemblés. » 7 Le souffle dontparlaient les Anciens, pourrait-il permettreaux étincelles éparses de la « VieUne » de se rassembler, créant, ainsi,une spirale d’énergie, un potentielinfini, toujours en mouvement et prêt àse manifester ? Le souffle constituerait,dans cette hypothèse, une conditionde l’expansion de la conscience maistout en faisant également partie deson contenu, c’est pourquoi, il est sidifficile de séparer l’âme de l’esprit.La conscience, dans son élan, finitpar construire son propre véhicule demanifestation adapté à son niveaud’évolution et l’énergie psychiqueen est le carburant le plus élevé. Lesmanifestations de l’énergie psychiquese développent au fur et à mesure del’expansion de la conscience et nousnous perfectionnons par l’émergencede la conscience.Pour JUNG, l’âme et le corps ne sontpas non plus séparés et ne sont rienl’un sans l’autre : « Le corps ne nousdit rien sans l’âme et… L’âme n’a pasnon plus de sens sans le corps. » 8 Mais,l’âme n’est pas qu’un halo énergétiquelié au corps physique, elle sert ausside reliance. L’origine du mot religion« religare » signifie « relier » Dans lesens religieux, le but est bien de serelier à quelque chose de plus grandqui motive l’activité de l’âme en un7 Livre AGNI YOGA, Paragraphe 590,Centre de diffusion : 33 rue Charles deGaulle 91330 Yerres8 C.G. JUNG L’âme et la vie P.26, éditionsBuchet/Chastel Parisprocessus inlassable, un acte continuelde création même s’il est méconnu.Les termes de « système psychique», de « psyché », ou d’âme sonttour à tour employés par JUNG et sescollaborateurs, néanmoins, JUNG n’utilisepas le terme d’âme sans en reconnaîtreles connotations religieuses, ilest très clair et nous précise que ceprincipe vital qui dépend du soufflede Dieu, se montre un concept trèsdifficile à expliquer : « Pour le regretdes spécialistes surmenés de notreépoque, l’âme se montre réfractaire àtoute méthode qui cherche et se borneà la saisir sous l’un de ses aspects…il n’existe aucun point d’Archimèdesur lequel on pourrait s’appuyer pourjuger, car la psyché ne saurait êtrediscernée de sa manifestation » 9 . Parconséquent, la psychologie va devoir,dans son évolution, affronter deuxécueils majeurs : les dogmes religieuxet la difficulté d’attester la réalité de laprésence de cette énergie. Ce domained’étude va connaître un formidableessor et, en utilisant un nouveau langage,va se donner un support quipermet de parler des manifestationspsychiques en terme d’énergie.Par conséquent, nous garderonsl’idée que l’énergie psychique correspondà l’aspect le plus élevé de l’énergiehumaine. La conscience pourraitservir d’aimant et rassembler les particulesde cette énergie. Au bout dusouffle, l’âme serait alors une accumulationet une réserve personnelled’énergie psychique. Un vortex énergétiquetoujours en mouvement, liéà l’esprit et la matière et, de ce fait,tributaire des fluctuations de la viehumaine. ■9 C.G. JUNG, L’âme et la vie P.28, éditionsBuchet/Chastel ParisLe Son Bleu - N° <strong>18</strong> - Septembre 2012 - P. 13