L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Document de conférence 

VERSION PRÉLIMINAIRE 

L'autonomisation des ruraux pauvres 

et la volatilité des politiques en Afrique du 

Nord et au Moyen Orient 

Étude de cas Tunisie

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie 

Rapport de Synthèse, Mai 2006 

PROJET D’AUTONOMISATION DES RURAUX PAUVRES ET 

VOLATILITE DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT EN 

TUNISIE 

PRÉFACE 

RÉSUMÉ 

Coordonné par 

Dr Ali Nefzaoui et Dr. Khalid El Harizi 

Avec la participation de 

Dr Abdelwahab Mahjoub 

Dr Riadh Zghal 

Mr. Nasr Raggad 

Dr. Najoua Ghriss 

Mr Saadani Youssef 

Mr. Mustapha Guellouz 

Mr. Ali Bouaicha 

Mr. Grigory Lazarev 

Mai 2006 

SOMMAIRE 

Préface 1



INTRODUCTION 

I. CADRE CONCEPTUEL ET QUESTIONNEMENTS 

1. Cadre conceptuel de la recherche croisée dans les trois études 

de cas 

2. Problématique de l’autonomisation des ruraux 

3. Objectifs et questionnements de la recherche 

4. Le contexte socio-géographique de l’étude de cas 

5. Le projet PRODESUD 

II. LES POLITIQUES DE L’ÉTAT ET L’AUTONOMISATION : LE CAS 

DES POLITIQUES PASTORALES 

1. Le contexte national 

2. La recherche étatique de l’autonomisation : le cas des politiques 

nationales 

3. Les grandes étapes de la politique de développement pastoral 

4. Les instruments de la politique des parcours et de l’élevage 

en Tunisie 

5. Les expériences de dévolution de la gestion des ressources naturelles 

au niveau local 

6. Résultats et bilan de la mise en œuvre des politiques de développement 

pastoral dans la région du Sud 

7. Enseignements de l’expérience tunisienne 

III. ANALYSE ET MESURE DES ÉTATS DES AGENTS INDIVIDUELS 

ET LEURS RAPPORTS AVEC L’AUTONOMISATION 

1. Introduction et concepts 

2. Métohodologie 

3. Résultats 

IV. PROCESSUS DÉCISIONNELS DÉCENTRALISÉS ET LEADERSHIP 

1. Introduction 

2. Cadre théorique, objectifs et méthodologie de la recherche 

3. Les acteurs principaux de la mise en œuvre du PRODESUD et le 

processus d’autonomisation 

4. Rapports institutionnels et PRODUSUD 

Préface 2



5. Les apprentissages croisés, les initiatives et les innovations 

6. Le processus décisionnel 

7. Indicateurs d’autonomie, perspectives et durabilité des effets 

PRODESUD 

8. Conclusion : Pour une approche globale d’autonomisation des 

structures et des populations 

9. Scénarios probables 

V. RÉFLEXIONS D’ENSEMBLE, ENSEIGNEMENTS ET PISTES 

DE RECHERCHE 

1. Réflexions sur le modèle conceptuel de l’autonomisation 

2. Réflexions sur les attitudes et comportements des agents individuels 

3. L’impact des structures nouvelles sur l’émergence du leadership et 

sur l’autonomisation collective 

4. Réflexions sur le rôle de l’État et de l’Administration dans le processus 

d’autonomisation 

5. Réflexions sur la méthodologie et les instruments d’analyse 

6. Enseignements pour l’action 

Appendice - Autonomisation et recherche sur le changement social 

Références bibliographiques 

Annexe 1 Variation des scores ressources par catégorie professionnelle 

Annexe 2 Scoring utilisé dans le troisième niveau d’analyse de l’attitude 

Annexe 3 Scores d’attitudes synthétiques vis-à-vis des projets attitudinaux 

Influençant l’autonomie pour chaque catégorie professionnelle 

Annexe 4 Régressions indice de l’autonomie perçue et variables 

Explicatives 

Annexe 5 Plan d’interview de groupe 

Préface 3



PRÉFACE 

La recherche d'ensemble que l'on a engagée se fonde sur l'idée qu'une autonomisation "des 

populations", telle que la posent les politiques de développement, n'est qu'un concept abstrait aussi 

longtemps que cette autonomisation n'est pas perçue et appropriée par les individus qui composent ces 

"populations". Les résultats attendus de la recherche sont donc éminemment concrets: ils doivent aider 

les décideurs à identifier les degrés d'autonomisation des agents, la force de leurs attentes et leur 

aptitude à s'engager dans des accomplissements pour un changement social et environnemental voulu. 

Ils doivent en même temps éclairer les pistes qui pourraient être suivies pour que l'autonomisation 

réalise son propre dépassement en contribuant à l'établissement de véritables partenariats de 

développement entre les acteurs. 

La problématique posée s’articule autour de quelques grands constats. Tout d'abord, le constat que 

l'engagement des populations du Sud Est tunisien dans des actions de développement, impliquait une 

autonomie de décision. En second lieu, le constat de contraintes structurelles et culturelles qui 

s'opposaient à une définition sans ambiguïté de l'acteur. En troisième lieu, le constat de la perception 

encore peu nette des stratégies d'autonomisation. Enfin, le constat d'une nécessaire interdépendance 

entre le droit et les innovations dans le développement, et, dans ce contexte, la nécessité de formules 

nouvelles pour rendre le droit plus effectif et pour qu'il devienne un instrument porteur du 

développement "autonomisé". 

Ce projet de recherche n’aurait pu être accompli sans l’apport financier du Fonds International de 

Développement Agricole (FIDA), l’appui méthodologique de l’IFPRI (International Food Policy 

Research Institute) et tout particulièrement de l’engagement et la détermination du chef de projet, 

Monsieur Khalid El Harizi, qui n’a pas ménagé ses efforts pour assister l’équipe aux différentes étapes 

de ce travail, notamment dans le cadrage théorique et dans la finalisation du présent rapport. 

L’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricole (IRESA) a parrainé ce projet et 

a facilité sa mise en œuvre ; l’équipe de recherche tient à remercier son Président, Prof. Abdelaziz 

Mougou et ses collaborateurs. 

Ce travail n’aurait pas pu être conduit correctement sans la participation active des populations des 

communautés de Ouled Chéhida, Jlidet Rogba, Zorgane, Krachoua, Amarna et Hmidya. Cette 

recherche a bénéficié de l’appui et des encouragements des autorités locales et en particulier de 

Monsieur le Gouverneur de Tataouine, qu’ils trouvent ici, l’expression de notre profonde gratitude. 

Le CRDA de Tataouine et son Programme de Développement Agropastoral et Promotion des 

Initiatives Locales du Sud-Est (PRODESUD) ont participé activement à la réalisation de cette 

recherche, qu’ils soient vivement remerciés. 

Le rôle de facilitateur que le Programme de l’ICARDA en Afrique du Nord a joué et en particulier son 

Coordinateur Régional, Dr Mohammed El Mourid, ont permis, en facilitant la gestion financière, de 

réaliser ce travail dans les délais impartis, qu’il soit vivement remercié. 

Dr Ali Nefzaoui 

Coordinateur de l’équipe 

Préface 4



RÉSUMÉ 

L'autonomisation représente un élargissement de l’éventail des choix ouverts à l’agent pour réaliser 

ses objectifs conformément au système de valeurs qui lui est propre. Elle doit donc être perçue comme 

interaction entre capacités d’agence et environnement. 

L’autonomisation implique un changement structurel dans les aspirations, attitudes et aptitudes de 

l’agent. Ces transformations mettent en jeu des processus complexes d’ordre cognitif, affectif et 

conatif. 

Elle se fonde sur l'idée qu'une autonomisation "des populations", telle que la posent les politiques de 

développement, n'est qu'un concept abstrait aussi longtemps que cette autonomisation n'est pas perçue 

et appropriée par les individus qui composent ces "populations". 

Comment en effet les collectivités traditionnelles pourraient-elles passer autrement de la tutelle à 

l’autonomie tout en préservant à la fois les intérêts collectifs de l'équité et les nécessités de protection 

des ressources naturelles ? 

La question de fond de la recherche conduite au Sud Est pastoral tunisien, est une question à deux 

étages. Le premier étage interpelle le questionnement que se font tous les développeurs engagés dans 

l'action contemporaine, à savoir, comment développer l’autonomie des populations rurales afin que 

celles-ci puissent prendre en main leur développement? Le second interpelle, par contre, une praxis 

sociale plus immédiatement concrète. Partant, en effet, de la notion d'agent et d'un modèle théorique 

sur les comportements et attitudes des agents vis-à-vis de l'autonomisation, on se demande jusqu'où et 

comment on peut identifier et mesurer l'engagement effectif et potentiel de ces agents dans un 

processus de responsabilisation et de participation aux décisions - et, tout particulièrement, dans les 

décisions concernant l'environnement et la gestion des ressources naturelles. L'autonomisation est, 

dans la perspective de ce questionnement, définie comme une expansion des possibilités de choix d’un 

agent (individu ou collectivité) ou encore comme une capacité accrue de transformer des ressources en 

résultats. L’autonomie d’un acteur fait qu’il devient un agent du changement et non simple 

bénéficiaire ou une victime de ce changement. 

Les attitudes, perceptions et comportements des individus se déterminent par rapport à leurs 

aspirations ou par rapport à leurs projets personnels, d'une part en tant que personnes individuelles 

mais aussi, d'autre part, en tant que personnes appartenant de fait à des groupes de sujets susceptibles 

de partager des déterminants communs. Ce que l'on cherche à comprendre, c'est ce qui affecte ou 

limite l'autonomie des sujets individuels. On s'interroge, à cet égard, sur la façon dont les individus se 

situent (et situent leur autonomie) par rapport aux structures englobantes (communauté traditionnelle, 

imadat, GDA, structures d'autorité, administration, etc.) 

L’investigation s’est intéressée aux types d’attitudes des différents sujets vis-à-vis des objets 

attitudinaux. Les résultats montrent que globalement, les sujets ont vis-à-vis des objets attitudinaux 

une attitude plus affective que cognitive et plus cognitive que conative. L’attitude vis-à-vis de l'objet 

attitudinal parcours, par exemple, est à la fois affective et conative. Le parcours est considéré par tous 

les sujets comme une plateforme de rencontre des membres de la communauté. Il est aussi associé au 

concept de "arch" qui continue à avoir une valeur consacrée pour tous les sujets. Le cheptel, considéré 

comme principale source de revenus actuelle et future, développe auprès des sujets une attitude 

comparable à celle du parcours. L’attitude des sujets vis-à-vis de l’eau s’apparente aux normes et 

valeurs. Elle développe chez les sujets un intérêt collectif qui n’est pas étranger aux valeurs 

traditionnelles de la société agropastorale. 

Par contre, vis-à-vis de l’objet attitudinal financement, les sujets croient encore au précepte de l’État 

Providence. Ils manifestent en conséquence une réticence pour une adhésion au principe d’emprunt, 

qui est perçu comme risqué et aléatoire. L’attitude vis-à-vis de l’administration est de l’ordre de 

l’intérêt collectif. Exception faite de l'Imada, structure de proximité se référent au contexte 

Resumé 5



traditionnel, toutes les autres structures administratives ne sont pas perçues comme pouvant influencer 

positivement l’autonomie des individus. De l’ensemble des organisations locales, seul le miyâad, 

structure de référence traditionnelle, est perçu positivement ; les autres, y compris la structure, encore 

très nouvelle, du GDA, sont considérés comme des prolongements de l’administration auxquels les 

sujets n'accordent qu'une confiance limitée. 

Des différences d’attitude entre les divers sujets apparaissent également en fonction des strates socio 

professionnelles. Ainsi, les jeunes se voient de moins en moins intéressés par les activités 

agropastorales qui ont encore une importance sociale essentielle pour leurs aînés. Les ambitions des 

jeunes, qui ont généralement été scolarisés et ont souvent obtenus des diplômes, sont davantage 

tournées vers des projets non agricoles, moins contraignants physiquement et socialement. Le métier 

de berger et l’élevage, même s’il est rémunérateur, est, d'une façon générale, perçu comme 

"dévalorisant". 

L’analyse de l’état ressources confirme que la majorité de la population appartient à la catégorie des 

ruraux pauvres. L’écart entre aspirations et réalisations indique que la moitié des individus n’ont pas 

accompli ou n’ont accompli qu’une petite part de leurs aspirations. Les agriculteurs et les éleveurs, 

malgré des scores modestes, ont réalisé les meilleurs accomplissements alors que les bergers et les 

jeunes sont les moins satisfaits. Ces derniers se placent de fait dans une sorte de catégorie de "laissés 

pour compte". 

Quant à l’autonomie perçue, elle est en moyenne de 49 %. Cette valeur signifie que la population, 

toutes catégories confondues, se situe à un niveau d’autonomie moyen. A l’exception des jeunes qui 

ont un indice d’autonomie perçue sensiblement plus élevés, les autres catégories professionnelles 

s’équivalent et en particuliers les agriculteurs, les bergers et les éleveurs. L’identité tribale ou 

l’appartenance à une fraction (arch) n’influence pas l’autonomie perçue. Il en est de même du revenu 

mensuel déclaré qui ne semble pas affecter l’autonomie des sujets, à l’exception de la classe « sans 

revenu » qui inclue principalement les jeunes. La catégorie d’âge, la situation maritale, le nombre 

d’enfants, la mensualité, les ressources, les catégories professionnelles, l’appartenance tribale, et les 

scores d’attitudes sont des variables explicatives qui influent l’autonomie des individus. Les résultats 

montrent cependant qu’on gagnerait en précision en déterminant les indices d’autonomisation par 

catégorie professionnelle. Les attitudes, particulièrement l’implication collective vis-à-vis du parcours, 

du financement et de la gestion, agissent sur l’autonomie perçue des individus. 

L’autonomie perçue des agriculteurs et des éleveurs dépend fortement, et par ordre décroissant, du 

parcours, du cheptel, du financement et de l’eau. L’autonomie des bergers est, elle, fortement 

dépendante de l’eau, puis, à part égales, du parcours, du financement, du cheptel et enfin de 

l’infrastructure pastorale. 

Sur le plan méthodologique, le questionnaire employé pour la mesure de l’autonomie perçue s'est 

révélé facile à conduire, informatif et dépourvu d'ambiguïtés. Il ne demande, aujourd'hui, qu'à être 

fidélisé et validé. La pratique du questionnaire attitudes a par contre montré qu'il fallait encore l'affiner 

en terme de fidélité et de validité - et ce, malgré la consistance interne des instruments de mesure 

utilisés. On constate en effet que les sujets répondants, qui n’avaient jamais été questionné sur leurs 

attitudes vis-à-vis d’objets attitudinaux, ont eu des difficultés à comprendre l’échelle proposée de 

même que la portée des énoncés des items. Des interventions répétées permettront d’avoir des 

réponses plus exactes. On note, en outre, que certains objets attitudinaux n’ont été couverts que par un 

nombre restreint d’items, réduisant ainsi leur variance par rapport à d’autres. 

La mesure de l’état ressources s'est fondée sur la déclaration des répondants quant à leurs biens. On a 

du, pour des raisons pratiques, se limiter généralement au cheptel et aux oliviers. On considère 

cependant que les réponses ont été souvent sous-estimées en raisons des attentes, toujours latentes, 

d'une assistance possible de l’État "pour réduire la pauvreté". Ce biais affaiblit la qualité de la mesure. 

Il rend nécessaire des techniques d'enquête plus fiables. 

Resumé 6



Concernant la mesure de l’accomplissement, on a jugé nécessaire de l'approcher par un indice 

composé du degré de contrôle perçu et du degré de satisfaction. Les mesures de l’écart et de 

l’accomplissement ont, par contre, été faites de manière directe et globale. Elles requièrent encore plus 

de réflexion et d’enrichissement. L’instrument permettant la mesure de l’effet perçu des objets sur 

l’autonomie, le caractère direct des questions, la consistance de l’instrument et son caractère 

discriminant (différence entre les catégories professionnelles) ont, par ailleurs, permis la construction 

d' un score global standardisé de perception de l’autonomie. 

Parmi les leçons importantes, on doit noter les différences entre les attitudes individuelles et celles que 

l'on peut percevoir lorsque l'analyse est conduite au niveau des groupes et de leurs leaders. C'est ainsi, 

par exemple, que le projet PRODESUD est le principal objet attitudinal dans le cadre de l'approche 

collective alors qu'il n'a pas beaucoup d'effets lorsque l'on se situe à l'échelle individuelle. Les mêmes 

remarques peuvent être faites pour les GDA, ce qui n’est pas surprenant étant donné la genèse et la 

jeunesse des groupements. En revanche, les structures anciennes et proches, le miyâad et le 'omda, 

sont perçus d'emblée par les individus comme des agents contribuant effectivement à leur 

autonomisation. 

Les analyses qui ont été faites, dans le cadre de cette recherche des structures de gestion locale, montre 

que les GDA, constituent un cadre potentiel privilégié pour l'autonomisation des communautés rurales 

du Sud Est tunisien. L'accès des GDA aux appels d'offres, la possibilité qu'ont désormais leurs 

Comités d'avoir des activités commerciales (et donc des revenus) marquent une étape notable vers 

l'autonomie et sa reconnaissance, par l’État notamment. Egalement révélateur d'un changement, le fait 

de voir des GDA, bien qu'encore très jeunes, chercher à s’approprier les finalités du projet et à 

formuler leur propre conception du développement de leur communauté. Déjà, et c'est là une autre 

évolution, les GDA s'expriment, lors des enquêtes tout au moins, en termes d'aspirations nouvelles, en 

termes de dépassement des limites des rôles qui leur sont concédés, en termes d'élargissement de leurs 

horizons et de meilleur positionnement de leur structure sur l’échiquier des centres de décision locaux 

et régionaux. Ces données nouvelles s'ajoutent toutes aux autres raisons qui invitent à un 

repositionnement des autres acteurs et en particulier des administrations. Le besoin d’une plus grande 

réactivité de ces dernières devient, dans ce contexte, une nécessité autant pratique que politique. C'est 

en fait toute la question de la décentralisation des structures régionales impliquées dans l’exécution du 

projet qui est posée. 

La prédominance des hommes et des personnes âgées sur les instances de décision locales a pour 

corollaire le maintien des femmes et des jeunes hors du circuit de décision. La désaffection des jeunes 

générations pour les activités agropastorales (sur lesquelles se fonde le projet) constitue un autre 

risque. S'y ajoute, sans nul doute, la faiblesse de la dynamique entrepreneuriale. On doit, enfin noter 

l’insuffisante valorisation de la solidarité sociale existante pour dynamiser l’investissement collectif 

dans des projets créateurs d’emploi. Il convient de souligner le manque de vision collective d’avenir 

qui émanerait des instances locales. Aussi, la vision d’avenir se structure au fur et à mesure du 

renforcement de l’autonomie. Dans l’état actuel des choses, l’autonomie bénéficie de certains 

ingrédients mais elle est en continuelle négociation par les acteurs individuels et collectifs. 

L'examen approfondi qui a été fait des politiques de l'État montrent que des progrès certains ont été 

faits dans la maîtrise de gestion technique des parcours naturels. Par contre, et en dépit de la volonté 

affichée de l'État pour une gestion participative de ces ressources, peu de progrès ont été enregistrés en 

matière d’organisation des populations, de gestion des espaces pastoraux, d’optimisation des systèmes 

d’exploitation et de production, de préservation des ressources naturelles. Cela peut s’expliquer par 

des raisons diverses, notamment une approche sectorielle résolument technique, celle-ci ne tenant pas 

ou peu compte des volets fonciers et socio-économiques. Ce déficit peut aussi s'expliquer par les 

politiques directives de l’administration et par la non implication des éleveurs, ces derniers étant de 

simples bénéficiaires passifs des retombées attendues des projets. La politique nationale a en outre été 

confrontée à des paradoxes qu'elle avait elle-même créés: Ainsi, elle vante les mérites des 

organisations et des associations professionnelles, mais elle ne se montre pas encore prête à leur 

attribuer les pouvoirs nécessaires. La population cible se trouve placée au carrefour de ces 

Resumé 7



contradictions. Son attitude la plus courante est d'osciller, selon son intérêt le plus immédiat, entre une 

volonté de plus grande autonomie et l’habitude de voir l’État agir en son nom. Il ne fait cependant plus 

de doute que les soutiens, sans contrepartie, de l'État encouragent des attitudes de dépendance et que, 

par ailleurs, la centralisation du système de décision réduit la capacité d’accompagnement des 

structures administratives. 

Lorsqu’un projet de développement rural, initié par l'État, se propose d’introduire la participation de la 

population locale dans son approche, cette démarche implique non seulement une remise en question 

des pratiques d’assistance paternaliste et autoritaire qui ont prévalu depuis l’Indépendance, mais aussi 

une très forte relance de la gouvernance locale. 

La dévolution du pouvoir du sommet vers la base peut être décrétée, mais sa pratique effective exige 

des structures favorables à la dévolution, une légitimité, une capacité de leadership ainsi qu’une 

capacité de gestion des affaires de la communauté, d’arbitrage et de négociation avec différentes 

parties prenantes. Elle a aussi, pour l’administration, des exigences de changement organisationnel 

ceux-ci touchant nécessairement les pratiques, les règles; la culture des organisations administratives. 

La demande d’autonomie de la population est freinée par des décennies d’assistance, d’autorité et de 

paternalisme. Mais elle a été stimulée par le projet. Néanmoins l’impulsion donnée est encore freinée 

par la logique administratives et ses rigidités. Une gestion centralisée et directive se caractérise par une 

logique de pouvoir basée sur la règle et l’asymétrie de l’information. La participation de la base 

implique, au contraire, de nouvelles contraintes de transparence, de régulation et de discussion des 

règles en vigueur. La participation de nouveaux acteurs au processus de développement implique 

également un nouveau rapport au temps et un rythme autre que celui, généralement lent, des 

administrations. La participation nécessite donc une plus grande réactivité de l’administration 

publique, celle-ci prenant en compte une notion de "dévolution partagée". Le cas du Sud Est tunisien 

montre que l'administration technique n'a réagi que lentement lorsqu'elle a été confrontée aux 

changements impliqués par l'existence du projet PRODESUD. Elle doit aujourd'hui se repositionner 

par rapport à des changements en cours ou prévisibles. Au départ, l'avantage est nettement du côté de 

l'administration, en dépit des directives affirmées pour favoriser la "participation". On observe, en 

effet, que si la population est bien invitée à exprimer sa vision de son propre développement, c'est à 

l'administration que revient la maîtrise pratique de l'élaboration des programmes, des décisions de 

financement, de la réalisation des actions. Mais, en même temps – et c'est là le grand intérêt de 

l'expérience conduite, avec le projet PRODESUD - la dynamique induite par le projet force les 

différents acteurs à modifier leurs comportements en permanence. Le processus est, de fait, devenu 

évolutif. 

Resumé 8



INTRODUCTION 

L’objet de ce rapport est une recherche qui met en perspective un processus d’autonomisation des 

ruraux pauvres. Il concerne la population agro pastorale de la région de Tataouine au sud de la Tunisie, 

engagée dans un projet de développement innovant si on le compare à des expériences précédentes, le 

PRODESUD. Sa mise en œuvre s’appuie sur un paradigme de participation des populations locales 

aux différentes étapes du processus depuis la conception jusqu’à la réalisation des programmes de 

développement local (PDC). Cette participation s’organise à plus d’un niveau. Les populations en tant 

que communauté vivant sur un territoire défini, formant ce que l’étude a désigné par UST (unité socio 

territoriale), est sollicitée pour exprimer ses besoins et faire des propositions d’action finalisée, 

planifiée et documentée dans un document qui a valeur contractuelle entre les divers partenaires, c’est 

le PDC. Les individus participent à travers l’élection d’une structure de base érigée en interlocuteur 

auprès de l’unité administrative constituée pour piloter le PRODESUD ainsi qu’auprès d’autres 

instances. Les structures de base et professionnelles en place sont également concernées même si c’est 

d’une manière qui n’est pas toujours directe et formalisée. Le cadre conceptuel sur le quel s’appuie la 

recherche a été co-construit en s’appuyant sur un schéma de départ définissant les composantes du 

processus d’autonomisation. 

Ce rapport présente un aperçu rétrospectif des politiques successives de développement économique et 

social des campagnes tunisiennes et de leurs instruments. Programmes et création d’institutions 

d’encadrement des populations se sont multipliés dans un contexte sociologique paradoxal. Ce 

contexte est marqué à la fois par la prégnance des structures sociales traditionnelles à forte tendance 

tribale d’une part et, d’autre part, par une forte aspiration de modernité et de sédentarisation, 

particulièrement parmi les jeunes. Les différentes politiques adoptées, malgré la diversité d’appellation 

des programmes qui les expriment, procèdent d’une approche commune : le technicisme et le pilotage 

administratif. La population est maintenue dans une stature passive, attentiste et assistée. Il est aisé 

dans ces conditions d’imaginer, malgré quelques avancées, les limites des résultats qui restent en deçà 

des prévisions. 

L’approche du PRODESUD représente une rupture épistémologique du fait qu’elle met en avant dans 

la réalisation du projet la participation effective des populations et des institutions sociales construites 

sur une base territoriale, sociologique et de développement, que sont les GDA. Les objectifs de 

valorisation des ressources pastorales et de l’exploitation durable des territoires sont associés à celui 

de l’autonomisation des populations. Après près de deux années de lancement du projet, la recherche 

se propose de mesurer le degré d’autonomie effectif des populations. Pour ce faire un modèle 

conceptuel comportant plusieurs hypothèses a été élaboré : L’objet de l’investigation est l’acteur social 

opérant dans un environnement spécifique. Par hypothèse l’acteur est considéré comme autonome s’il 

est en mesure de se donner des objectifs propres et de disposer d’un degré de liberté de choix. Cette 

liberté est supposée dépendre des options disponibles dans un environnement caractérisé par des 

opportunités et des contraintes, de l’aptitude de l’acteur à combiner ces ressources en usant de ses 

habiletés et de ses talents. L’autonomie implique donc une interaction entre l’acteur et son 

environnement. De ce fait, elle est comprise comme un processus de changement appliqué à toute 

entité, individu ou groupe (agent), dotée de la qualité d’agence. Tout agent est défini par 

Quatre fonctions et cinq états. Les quatre fonctions concernent le contrôle et l’accès aux ressources, le 

choix d’allocation des ressources, le cadrage (ou l'interprétation du vécu) et l’apprentissage. Ces 

fonctions sont liées aux états intérieurs de l’agent : aspirations, ressources, aptitudes, attitudes et 

accomplissements. Une enquête d’attitude auprès de 605 sujets a permis, entre autres résultats, de 

mesurer le degré d’autonomie perçue par rapport à un certain nombre d’objets attitudinaux d’une part, 

et les différences d’indice d’autonomie des différentes catégories de la population. L’analyse des 

Introduction 9



données de l’enquête a révélé les domaines sur lesquels il faudrait agir pour améliorer l’autonomie des 

sujets. Il s’agit entre autres de la situation foncière des parcours, du coût de l’alimentation du cheptel, 

du pompage de l’eau. L’autonomie perçue apparaît ainsi dépendante des « facteurs de production » 

pastorale : la terre, l’alimentation de complément et l’eau, eux-mêmes dépendants de la qualité de la 

gestion administrative et de l’efficacité des structures sociales traditionnelles comme le « miyâad ». Et 

c’est là où le bât blesse du fait que les plus concernés par ces facteurs sont apparemment les moins 

autonomes, et les plus autonomes sont les moins concernés par de tels facteurs. En effet parmi les 

catégories sociales concernées par l’enquête (agriculteurs, bergers, éleveurs et jeunes), ce sont les 

éleveurs qui présentent le plus faible indice d’autonomie. Les jeunes présentent l’indice d’autonomie 

le plus élevé et manifestent peu d’intérêt pour l’activité agropastorale, signe aussi de dévalorisation de 

l’activité agropastorale parmi les nouvelles générations. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre, ni 

l’appartenance tribale, ni le revenu ne semblent affecter l’indice d’autonomie perçue. 

Au plan institutionnel, la mise en œuvre du PRODESUD fait intervenir quatre catégories d’acteurs 

institutionnels : l’administration publique locale et régionale, les structures politiques et syndicales, les 

structures d’agriculteurs (GDA, AIC…), les structures sociales traditionnelles (arch, miyâad). Le 

projet a stimulé une dynamique d’interaction entre les différentes structures en place, créé l’ambition 

chez les structures de la population d’un positionnement avantageux sur la scène politique de la 

région, favorisé des apprentissages croisés ; il a également révélé des paradoxes générateurs des 

blocages autant que d’énergies poussant à l’action. Le problème de l’autonomie se pose aussi bien 

pour les structures administratives chargées de l’implémentation du projet que pour les structures de 

base créées pour assurer la participation de la population à cette implémentation. L’enjeu pour les 

structures de base, principalement les GDA qui agissent comme interface entre la population et les 

autorités administratives, c’est un véritable pouvoir de négociation. Pour l’administration, l’enjeu c’est 

l’efficacité dans la réalisation du projet et la gestion de cette nouvelle donne, y incluse, qu’est la 

participation de la population et ses institutions. A l’examen de la constitution des GDA on constate à 

la fois un souci de légitimité auprès de la population à travers le respect de certaines valeurs 

traditionnelles et la réunion de ressources humaines donnant à la structure les compétences 

nécessaires pour le dialogue avec l’administration. Mais au niveau de l’administration, la contrainte de 

la participation n’a pas eu raison de la logique de centralisation qui la gouverne sauf au niveau de 

l’équipe du PRODESUD qui se trouve dotée d’une mission nouvelle, celle de jouer le rôle d’interface 

entre les structures de la population et les autres parties prenantes du projet. L’analyse institutionnelle 

en termes de réseau montre deux nœuds, ou acteurs centraux, sollicités par les différentes institutions 

en place : les GDA et l’unité d’implémentation du PRODESUD. Les GDA les plus actifs animés par 

une recherche d’autonomie ont initié la négociation d’une plus grande visibilité au niveau des 

instances administratives de la région. Au-delà de l’analyse structurelle des institutions, l’examen du 

processus d’interaction montre que l’implémentation du projet et sa durabilité dépendent de la manière 

dont seront gérés les nombreux paradoxes qui marquent le fonctionnement du contexte. Ils dépendent 

aussi de la manière dont se feront les partages des prérogatives et du pouvoir. 

Parmi ces paradoxes celui qui oppose le « temps » administratif dominé par la logique des procédures 

et de la centralisation de la prise de décision, au « temps » de l’agriculture ponctué par les saisons et 

les conditions météorologiques ; les espoirs créées par la formation chez les jeunes porteurs de projets 

opposés à la méfiance des bailleurs de fonds habitués à une population assistée peu soucieuse du 

devoir de remboursement des crédits reçus. Si l’on considère que tout projet de développement est un 

facteur déclencheur de changements nonobstant les effets économiques réels, cette recherche confirme 

l’existence d’une dynamique déclenchée par le PRODESUD. Le maintien de cette dynamique 

orientée vers l’autonomisation des acteurs nécessitera un changement aussi bien des principes de 

fonctionnement de l’administration publique que de certaines valeurs qui gouvernent une société 

tiraillée entre le conservatisme identitaire et la soif de modernité. La participation institutionnelle de 

la population à un programme global de développement ne peut se réaliser pleinement sans une 

dévolution des pouvoirs et des moyens du centre vers la périphérie administrative et de cette dernière 

vers les structures de la population. La relève des activités agropastorales par les jeunes dans un 

contexte de dévalorisation de telles activités, ne peut se faire en maintenant la séniorité et la 

Introduction 10



masculinité au sommet de la hiérarchie des valeurs, excluant ainsi de la participation réelle les jeunes 

et les femmes. L’autonomisation des acteurs devrait être compréhensive des diverses parties prenantes 

et non exclusive. L’émergence de divers paradoxes à l’occasion de l’implémentation du PRODESUD, 

indique que le système est à la recherche d’un nouvel équilibre qui peut tendre vers plus ou moins 

d’autonomisation des acteurs. 

Introduction 11



CHAPITRE I 

CADRE CONCEPTUEL ET QUESTIONNEMENTS 

1. LE CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE CROISEE 

DANS LES TROIS ETUDES DE CAS 1 

L’autonomisation est le processus par lequel un acteur ou "agent" gagne en autonomie. La notion 

d’agent 2 , ou d’acteur - entité capable de poursuivre des objectifs qui lui sont propres - est au centre du 

modèle théorique que l'on s'est proposé pour comprendre le processus d'autonomisation 3 . Acteur est ici 

pris dans son sens fort d’opérateur capable d’initiative, disposant d’un degré d’autonomie de décision. 

La liberté de choix d’un acteur est fonction de l’éventail des choix ouverts à l’agent. A leur tour, les 

options disponibles dépendent de l’ensemble des ressources contrôlées par l’agent, de son aptitude à 

combiner ces ressources (talents ou habiletés) ainsi que la gamme d’opportunités et de contraintes qui 

caractérisent l’environnement immédiat de l’agent. Un opérateur sera donc considéré comme 

autonome s’il possède l’attribut d’agence (objectifs propres) et un degré de liberté de choix. 

L'autonomisation représente un élargissement de l’éventail des choix ouverts à l’agent pour réaliser 

ses objectifs conformément au système de valeurs qui lui est propre. Elle doit donc être perçue comme 

interaction entre capacités d’agence et environnement. Le modèle théorique d’autonomisation que l'on 

propose (schéma 1) s’applique à toute entité dotée de la qualité d’agence, aux individus comme aux 

groupes. Il postule un certain degré de rationalité du comportement de l’agent (rationalité limitée). Le 

modèle représente tout agent par quatre fonctions et cinq états. Les quatre fonctions concernent le 

contrôle et l’accès aux ressources, le choix d’allocation des ressources, le cadrage (ou 

l'interprétation du vécu) et l’apprentissage. Ces fonctions sont liées aux états intérieurs de l’agent : 

aspirations, ressources, aptitudes, attitudes et accomplissements. Nous considérons, par hypothèse, 

que l’écart entre les aspirations de l’agent et ses réalisations effectives est la force principale sousjacente 

au processus d’autonomisation. Sous certaines conditions qui restent à explorer, les écarts de 

réalisations tendent à induire un élargissement des aptitudes de l’agent, qui à leur tour tendent à 

réduire, à terme, l’écart initial de réalisation 4 . Quand l’écart de réalisation se réduit, la pression exercée 

pour l’expansion des capacités diminue, entraînant un effet stabilisant sur le niveau de réalisation et 

créant ainsi un équilibre entre les capacités et les réalisations. 

L’autonomisation implique un changement structurel dans les aspirations, attitudes et aptitudes de 

l’agent. Ces transformations mettent en jeu des processus complexes d’ordre cognitif (apprentissage), 

affectif (créativité, confiance en soi, valeurs) et conatif (aptitude à se projeter dans le futur). Parmi 

ceux-ci nous mettons plus particulièrement l’accent sur les fonctions d’apprentissage et 

d’interprétation du vécu ou cadrage : ce qui oriente, selon nous, la réponse de l’agent à un écart de 

réalisation (choc ou crise par exemple) est la signification donnée au choc en question plus encore que 

son intensité objectivement constatée. Le cadrage de l’expérience vécue, l’interprétation, le perçu sont 

au moins aussi importants que le vécu. Notons aussi que lorsque l’agent donne une signification à son 

expérience, il le fait dans un contexte social dont il n’est pas isolé. En conséquence, la fonction de 

cadrage est influencée par les normes du milieu social auquel appartient l’agent ou l’acteur considéré. 

1 

Khalid El Harizi , Texte introductif de la recherche croisée sur les études de cas, IFPRI (2005). Le 

projet de recherche sur l’autonomisation des ruraux pauvres et volatilité des politiques de 

développement dans la région du moyen orient et de l’afrique du nord est financée par le FIDA et mise 

en œuvre par l’IFPRI en partenariat avec des institutions de recherche et des chercheurs individuels 

dans trois pays de la région : Maroc, Sudan et Tunisie. 

2 

A. Sen: Development as Freedom….(1999) 

3 

K. El Harizi (2003) 

4 

Toutes choses égales par ailleurs, et en particulier à aspirations et ressources constantes. 

Chapitre I.Introduction, cadre conceptuel et questionnements 12



Limite 

Légende: 

Accès 

RESSOURCES 

Propres 

Partagées 

Empruntées 

Agent-Environnement 

Modèle d’autonomisation de l’Agent 

Cadrage 

Apprendre 

APTITUDES 

Ensemble 

d’options Faisables 

ATTITUDES 

Perceptions 

Etats Mesurables de L’Agent 

Action ou Fonction de l’Agent 

Effet Direct 

Résultat Espéré 

Aspirations 

Opportunités et Contraintes 

Investir 

Cadrage (framing) 

TYPES DE CHANGEMENT 

Technologie, Prix, Ressources; 

Politiques, Règlements, Normes, Culture, Droits; 

Idées, Actions Autres Agents 

Donne un sens à l’expérience vécue et en particulier à 

l’écart de réalisations et génère des attitudes 

ACCOMPLISSEMENT 

ECART 

Résultat Réel 

Résultat 

Réel-Aspirations 

K. El Harizi Oct. 2003 

Ainsi, facteurs internes et externes à l’agent interagissent pour produire une performance attribuée à 

l’agent en question. Parmi les facteurs externes, les institutions formelles et informelles jouent un rôle 

particulièrement important pour l’autonomie des agents en ce qu’elles contribuent fortement à la 

délimitation du champ des choix possibles, notamment par leur fonction régulatrice des interactions 

entre agents dans un certain nombre d’arènes ou situations décisionnelles. En simplifiant nous 

pouvons considérer que les accomplissements d’un acteur sont le produit de l’interaction entre ses 




capacités et un environnement institutionnel formel (réglementations, politiques) et informel 

(coutumes, normes sociales et culturelles), lequel environnement institutionnel définit avec d’autres 

facteurs externes la structure d’opportunité ou cadre incitatif de l’agent. 

2. PROBLEMATIQUE DE L’AUTONOMISATION DES RURAUX 

La question de fond de la recherche croisée conduite dans trois pays (Soudan, Maroc et Tunisie) est, 

en fait, une question à deux étages. Le premier étage interpelle le questionnement que se font tous les 

développeurs engagés dans l'action contemporaine: comment développer l’autonomie des populations 

rurales afin que celles-ci puissent prendre en main leur développement? Le second interpelle, par 

contre, une praxis sociale plus immédiatement concrète: partant de la notion d'agent et d'un modèle 

théorique sur les comportements et attitudes des agents vis-à-vis de l'autonomisation, jusqu'où et 

comment peut-on identifier et mesurer l'engagement effectif et potentiel de ces agents dans un 

processus de responsabilisation et de participation aux décisions - et, tout particulièrement, dans les 

décisions concernant l'environnement et la gestion des ressources naturelles. 

La recherche d'ensemble que l'on a engagée, porte, en grande partie, sur les réponses apportées au 

second questionnement. Elle se fonde sur l'idée qu'une autonomisation "des populations", telle que la 

posent les politiques de développement, n'est qu'un concept abstrait aussi longtemps que cette 

autonomisation n'est pas perçue et appropriée par les individus qui composent ces "populations". Les 

résultats attendus de la recherche sont donc éminemment concrets: ils doivent aider les décideurs à 

identifier les degrés d'autonomisation des agents, la force de leurs attentes et leur aptitude à s'engager 

dans des accomplissements pour un changement social et environnemental voulu. Ils doivent en même 

temps éclairer les pistes qui pourraient être suivies pour que l'autonomisation réalise son propre 

dépassement en contribuant à l'établissement de véritables partenariats de développement entre les 

acteurs. 

La recherche engagée plus particulièrement en Tunisie s'est proposée d'explorer ces questionnements 

en analysant le cas des communautés agro-pastorales du Sud Est tunisien. Elle s'est portée sur ce cas 

en raison de la convergence de plusieurs facteurs susceptible d'aider à une bonne compréhension du 

processus d'autonomisation. Le premier facteur tient au rapport particulier qui existe dans cette région 

entre société et gestion des ressources naturelles. La primauté des parcours appelle en effet des 

comportements collectifs dont la réalité ou l'absence interpelle directement l'autonomisation. Le 

second facteur tient à la mise en place, dans cette région, d'un grand projet de développement régional 

qui a été principalement conçu autour de l'idée centrale d'une participation responsable des populations 

rurales à la gestion des ressources naturelles. Ce projet s'est en outre focalisé sur la promotion active 

des initiatives de développement émergeant des composantes de ces populations, et tout 

particulièrement, des strates défavorisées, celles des femmes et des jeunes. Un troisième facteur pris en 

compte a concerné la création, dans le cadre de ce projet, de nouvelles structures de développement 

(les GDA) qui offraient un champ d'analyse particulièrement indiqué pour apprécier la réalité 

expérimentale d'un processus d'autonomisation. 

Pour engager une recherche dans le contexte ainsi sélectionné, on a posé une problématique articulée 

autour de quelques grands constats. Tout d'abord, le constat que l'engagement des populations du Sud 

Est tunisien dans des actions de développement, impliquait une autonomie de décision. En second lieu, 

le constat de contraintes structurelles et culturelles qui s'opposaient à une définition sans ambiguïté de 

l'acteur. En troisième lieu, le constat de la perception encore peu nette des stratégies d'autonomisation. 

Enfin, le constat d'une nécessaire interdépendance entre le droit et les innovations dans le 

développement, et, dans ce contexte, la nécessité de formules nouvelles pour rendre le droit plus 

effectif et pour qu'il devienne un instrument porteur du développement "autonomisé". 




2.1 L’engagement des populations requiert une autonomie de décision 

L’application de la politique tunisienne de gestion des parcours collectifs engendre ou révèle un 

certain nombre de tensions autour de problèmes concrets comme le respect des mises en défens, 

l’opportunité de compenser financièrement les éleveurs pendant la période de régénération des 

parcours, ou encore la résolution des litiges entre usagers du parcours. Les options institutionnelles 

adoptées telles que la soumission des parcours collectifs au régime forestier, n’ont généralement pas 

réussi à enrayer les tendances lourdes de dégradation du milieu naturel. Lorsqu’elles ont privilégié la 

dévolution de la gestion des ressources naturelles aux usagers, ces politiques ont buté sur la question 

de la viabilité des organisations paysannes de base et de l’insuffisance des programmes sensés les 

renforcer. De fait, la centralisation reste forte notamment au niveau budgétaire tandis que les 

approches participatives restent largement confinées aux projets et sont peu absorbées par 

l’administration. En définitive, le caractère peu représentatif du leadership des organisations de base et 

les tutelles envahissantes des administrations techniques et territoriales qui ont du mal à se désengager 

réellement, expliquent en grande partie le faible engagement des populations sur les objectifs 

environnementaux. 

Le modèle tunisien, malgré des succès remarquables, n’a pas donc pas encore de réponse satisfaisante 

au problème de l’engagement des acteurs locaux lequel constitue la clé de voûte du développement 

durable et équitable. Au centre de la réflexion sur l’autonomisation, la recherche s'est proposée de 

poser le concept d’agent ou d’acteur, qu’il soit individuel ou collectif, considéré comme un système 

ouvert de prise de décision, doté d’une capacité de poursuivre des objectifs qu’il se donne en 

conformité avec ses valeurs propres dans un espace de choix possibles ou accessibles. Ces choix sont 

partiellement déterminés par les règles qui régissent les interactions entre acteurs dans un champ 

d’action donné. Ces règles ou institutions définissent le cadre incitatif des acteurs locaux du 

développement. On suppose en outre que les comportements ou décisions de l’acteur expriment un 

certain degré de rationalité (bounded rationality) dans les limites de ses capacités de perception et de 

l’information disponible. 

L’engagement de la population suppose au préalable qu'une collectivité rurale en tant que groupe 

social opérant sur un espace auquel elle s'identifie, soit reconnue comme un acteur à part entière et se 

perçoive comme tel. L’engagement suppose en outre que l’acteur soit en situation de pouvoir choisir. 

L’autonomisation est ainsi définie comme une expansion des possibilités de choix d’un agent 

(individu ou collectivité) ou encore une capacité accrue de transformer des ressources en résultats. 

L’autonomie d’un acteur fait qu’il est un agent du changement et non un simple bénéficiaire ou une 

victime de ce changement 5 

2.2 Contraintes culturelles et institutionnelles à l’autonomisation 

Qui est acteur et qui ne l’est pas dans la campagne tunisienne ? Les organisations de base 

formelles comme les GDA ? Les Conseils de Gestion des terres collectives ? Les Conseils locaux et 

régionaux de développement ? Les administrations de tutelle ? Les décideurs nationaux ? Les cellules 

locales du parti au pouvoir ? La réponse à ces questions est loin d'être neutre. Elle se rattache en effet à 

l'identification des contraintes à l’expansion des choix des acteurs locaux, notamment les contraintes 

liées aux politiques et au cadre institutionnel, et aux approches de développement. Si les politiques de 

l’État affichent une volonté relativement récente de responsabiliser les populations rurales vis-à-vis de 

leur propre développement, il n’en demeure pas moins que les collectivités rurales traditionnelles 

restent soumises depuis près d’un siècle à de multiples tutelles de l’État. Elles ne peuvent en 

particulier pas décider seules de l’usage des terres dont elles sont propriétaires. Les tutelles sur les 

5 K. El Harizi: un modèle théorique d’autonomisation. Document provisoire, IFPRI Washington, Dec. 

2003 




collectivités et les terres collectives contribuent au faible engagement des populations sur les objectifs 

environnementaux. Dans ces conditions, l’autonomisation des collectivités rurales passe 

nécessairement par l’assouplissement de la tutelle, voire de son élimination à terme. Existe-t-il une 

volonté et une politique visant à une plus grande autonomie des collectivités ? Quels en sont les 

objectifs, instruments, moyens et résultats ? 

L'analyse des politiques suivies en matière de pastoralisme (voir chapitre 2), tend à montrer que 

l'autonomisation a longtemps été niée dans les faits. Par contre, depuis une bonne décennie, de 

nombreuses expériences, soutenues en particulier par des bailleurs de fonds extérieurs, ont contribué à 

l'émergence de formes de développement alternatives, faisant une place de plus en plus nette aux 

approches participatives. Le Projet PRODESUD est, à cet égard, l'une des expressions les plus 

avancées de ces nouvelles politiques. Ces expériences ont un coté paradoxal car elles prennent place 

dans un système politique encore largement dirigiste et contrôlé par l'État. Leur existence confirme 

cependant le pragmatisme qui commande depuis longtemps les politiques de développement en 

Tunisie. 

Pour répondre à ces interrogations, on s'est proposé de faire un bilan des tutelles dans leur diversité, 

aussi bien du point de vue de l’observateur externe que de celui des collectivités rurales de base. On a 

notamment tenté d’en reconstituer l’évolution au cours des 15 dernières années à la lumière d’un 

examen des politiques mises en oeuvre. Quelles sont les contraintes à une plus grande diffusion des 

approches participatives au sein de la culture administrative ? Quelles sont les contraintes à une 

véritable décentralisation budgétaire ? On constate que les opérateurs techniques aux niveaux régional 

et local sont confrontés à des logiques multiples et contradictoires. Ces contradictions sont fortement 

perturbatrices en l’absence d’un projet de changement culturel collectif. Elles sont à la source de 

disfonctionnements graves. 

2.3 Facteurs et stratégies d’autonomisation 

Parallèlement à une réflexion visant le changement de la culture administrative, il convient de 

s’interroger sur la demande d’autonomie de la population et sur leurs éventuelles stratégies 

d’autonomisation : l’autonomie est-elle une valeur, une revendication, ou un objectif concret ? On a pu 

constater dans certains cas que l’autonomisation faisait partie d’une stratégie des collectivités rurales 

visant à accéder plus directement aux décideurs de haut niveau (Wali) sans passer par la hiérarchie des 

relais sous contrôle des notables locaux. Quels rapports de coopération (alliances) ou de conflits 

existent-ils entre ces différentes entités dans l’opération de développement ? Quelles sont les 

conditions d’émergence et de maintien de nouveaux leaders ruraux ? Dans quelle mesure 

l’investissement dans le capital humain et social des collectivités rurales pourrait-il compenser les 

restrictions imposées par les tutelles institutionnelles? 

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord pouvoir, comme indiqué précédemment, déterminer 

dans un champ d’activité donné qui est acteur et qui ne l’est pas. Il faut ensuite pouvoir mesurer le 

degré d’autonomie d’un ensemble de collectivités et pouvoir les classer sur une échelle 

correspondante. S’agissant de groupes et de collectivités il faut enfin pouvoir saisir le rapport qui 

existe entre autonomie du groupe et autonomie des individus qui le composent. L’une implique-t-elle 

l’autre ? Les collectivités rurales développent-elles des stratégies d’autonomisation ? Si oui dans quels 

domaines ? Sous quelles conditions ? Plus généralement quelles corrélations existent-elles entre 

l’autonomie et les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du groupe ? Un objectif essentiel de 

cette recherche a été d'évaluer l’autonomie d’une collectivité rurale engagée dans la gestion des 

ressources pastorales. On s’est également attaché à mieux connaître le profil des nouveaux leaders 

ruraux, les conditions de leur efficacité, et les valeurs et objectifs collectifs dont ils sont porteurs. 

D’un point de vue stratégique, comment élargir l’espace des choix ouverts aux acteurs locaux ? 

Quelles pourraient être les étapes d’une évolution progressive vers plus d’autonomie des collectivités 




rurales et un affranchissement des tutelles économiques et politiques ? On peut constater dans le cas 

du PRODESUD qu’un pas a été franchi lors de la conception du projet puisqu’on passe d’une identité 

non reconnue par la puissance publique à une reconnaissance de fait mais aussi que celle-ci est 

tronquée et canalisée dans des structures organisationnelles contrôlées par l’État. Par ailleurs, le fait 

que la conception de ce projet ait réservé un espace important à l’initiative locale et que l’on y ait 

affecté une grande part du budget crée une opportunité et un enjeu pour les forces en présence. On a 

donc tenté, dans cette recherche, de savoir qui s’était approprié de fait ces structures et par quel 

processus ou moyen. 

Comment changer de culture administrative ? Comment adapter le CRDA à son nouveau rôle ? Quel 

système d’incitation serait susceptible d’y contribuer ou au contraire de l’inhiber ? Faut-il transformer 

les CRDA en agences de développement autonomes ? Comment ouvrir les mécanismes décisionnels 

pour qu’un éventail plus large de parties prenantes, y compris les populations rurales défavorisées, 

puisse véritablement participer à l’élaboration des politiques qui les concernent ? Qu’en pensent les 

décideurs ? 

La recherche que l'on s'est proposé de conduire apporte de premières réponses aux questions 

précédentes (voir notamment, l'analyse des politiques actuelles en matière de développement des 

parcours collectifs). Au delà de ces analyses sur les politiques passées ou actuelles, peut-on envisager 

d’autres options pour le futur? Faut-il renforcer l’autonomie du collectif des ayants droit indivis sur 

les terres collectives? Faut-il simplement aménager la tutelle pour la faire évoluer vers une cogestion 

? Autant d’options de politique qui toutes comprennent une dose de dévolution du pouvoir de 

l’État vers la société civile ou le secteur privé, et qui toutes se traduisent par une redéfinition des rôles 

respectifs des acteurs locaux et institutionnels. Que pensent les ayants droits et usagers des parcours de 

la dévolution dans ces diverses formes ? Leurs leaders ? Les décideurs? L’autorité de tutelle ? 

2.4 L’innovation modernisatrice appelle une autre gestion du droit dans la 

société 

Quelle vision pourrait synthétiser les différentes perspectives et stratégies d’autonomisation et serait 

en conséquence susceptible d’obtenir le maximum d’adhésion des forces en présence ? Seule une 

vision unifiée qui n’exclut aucune perspective légitime pourrait offrir quelque garantie que les lois et 

réglementations qui pourraient résulter d’une nouvelle politique de dévolution seraient effectivement 

appliquées. D’où la nécessité de s’interroger sur l’efficacité des instruments qui sont mis en œuvre 

pour soutenir le développement et élaborer et mettre en pratique de telles visions. On s'interroge tout 

particulièrement sur le rôle de cet instrument que constitue un projet de développement rural intégré à 

financement extérieur. C'est dans une telle perspective que l'on s'est demandé ce que représentait au 

juste un projet comme le PRODESUD ? Peut-on y voir le support institutionnel au service d’une 

entreprise collective de transformation économique et sociale ou un enjeu pour les forces en présence? 

Les difficultés de mise en œuvre de projets innovateurs et de reformes institutionnelles renvoient non 

seulement à la nécessité d’ouvrir les mécanismes décisionnels aux nouveaux acteurs locaux mais aussi 

à une question plus générale du statut et de la gestion du droit dans la société dont on ne saurait faire 

l’économie sans risque pour l’efficacité et la faisabilité des stratégies de développement. En Tunisie 

comme dans les autres pays du Maghreb, l’application des lois pose problème. D’une part il existe un 

système de production de la loi et une gestion de sa mise en œuvre qui donne au pouvoir exécutif la 

suprématie sur les pouvoirs législatif et judiciaire. D’autre part les mécanismes qui devraient assurer le 

respect de la loi et son exécution ne sont pas efficaces ou n’existent pas (administration de la justice ; 

liberté d’opinion et d’expression ; pluralisme politique). Dans ces conditions, on comprend que la 

transition vers l’état de droit n’est pas un problème purement juridique mais concerne l’ensemble de la 

société : pluralisme politique ; liberté d’expression ; crédibilité de la justice ; égalité des citoyens 

devant la loi ; soumission de l’exécutif a la loi etc. La question de l’application des lois et des 

réglementations apparaît ainsi être un lieu de convergence privilégié des problématiques de 




gouvernance locale et nationale - sinon globale. L'interrogation adressée à la recherche dans le Sud Est 

tunisien interpelle donc clairement le juridique: comment en effet les collectivités traditionnelles 

pourraient-elles passer autrement de la tutelle à l’autonomie tout en préservant à la fois les intérêts 

collectifs de l'équité et les nécessités de protection des ressources naturelles ? 

3. OBJECTIFS ET QUESTIONNEMENTS DE LA RECHERCHE 

Le but de la recherche dont on rend compte dans ce document est de comprendre ce qui permet et ce 

qui limite l’autonomie de décision des acteurs locaux (collectivités rurales, administration publique, 

etc.). L’autonomisation se construit, d’une part, à partir d'une participation à la décision inscrite dans 

un cadre formalisé, et, d’autre part, à partir d'une négociation du pouvoir entre des acteurs mus par des 

intérêts et des stratégies divergentes. La compréhension de ce processus passe par celle des 

perceptions divergentes/convergentes des enjeux. On constate, en outre, que le processus de 

participation/négociation entre les diverses parties prenantes génère un apprentissage partagé. Cet 

apprentissage est à même de renforcer le pouvoir de décision de participants qui en étaient dénués 

dans un système centralisé. Il apporte de nouvelles compétences à la communauté dans son ensemble, 

en même temps qu'il a un impact positif sur les intervenants administratifs. 

La recherche s'est proposée de contribuer à une meilleure connaissance de ces processus en adoptant 

une démarche de connaissance "étagée", celle-ci cherchant à comprendre l'autonomisation en la 

replaçant dans les cercles concentriques dans lesquels elle s'inscrit. Cette démarche rend inévitable la 

bonne compréhension des changements de perception selon les niveaux auxquels on se situe et, par 

ailleurs, une appréhension mesurable des interactions et des dynamiques différenciées qui se mettent 

en œuvre en passant d'un niveau à un autre. Les "étages" que l'on s'est proposé d'identifier pour 

apprécier les degrés ainsi que les formes différenciées de la perception et du vécu de l'autonomisation, 

sont successivement les suivants. 

Tout d'abord, le niveau (ou l'étage) des attitudes, perceptions et comportements des individus. Ceux-ci 

se déterminent par rapport à leurs aspirations ou par rapport à leurs projets personnels, d'une part en 

tant que personnes individuelles mais aussi, d'autre part, en tant que personnes appartenant de fait à 

des groupes de sujets susceptibles de partager des déterminants communs (par exemple, les 

agriculteurs, les éleveurs, les bergers, les jeunes; les retraités et fonctionnaires, etc.). Ce que l'on 

cherche à comprendre, c'est de savoir ce qui affecte ou limite l'autonomie des sujets individuels. On 

s'interroge, à cet égard, sur la façon dont les individus se situent (et situent leur autonomie) par rapport 

aux structures englobantes (communauté traditionnelle, imadat, GDA, structures d'autorité, 

administration, etc.) 

L'étage suivant est celui des communautés qui servent de cadre à la socialisation des individus. Les 

individus ont, dans ces communautés, des statuts sociaux et des rôles diversifiés. Ils peuvent aussi 

représenter des tendances différenciées au sein de la communauté. Il n'en reste pas moins que la 

communauté forme un cadre global dans lequel tous ces membres se retrouvent. La communauté est 

un cadre de référence identitaire et de référence territoriale. Elle constitue un enjeu de pouvoir au sein 

du groupe social. Elle est le lieu d'activités et de régulations collectives plus ou moins affirmées. Elle 

est potentiellement un cadre de participation pour la conception et la mise en œuvre de projets de 

développement. Cet étage de la communauté est donc compris comme une catégorie d'analyse à part 

entière. On ne doit cependant pas en faire une catégorie abstraite. Dans la pratique sociale, en effet, les 

communautés tendent à se différencier, essentiellement comme une résultante du changement social. 

Ainsi, les communautés constituaient des instances essentielles de la vie sociale lorsque le système 

pastoral était géré par les coutumes traditionnelles. L'évolution du pastoralisme ainsi que la 

surimposition des structures administratives modernes et des règles de tutelle les ont largement 

repliées dans des fonctions sociales limitées. Les dynamiques nouvelles de développement participatif 

viennent par contre relancer leurs solidarités sociales et invitent ces communautés à devenir des 

ferments de l'autonomisation collective. Ces dynamiques nouvelles ne signifient pas de retour au passé 




mais bien d'une valorisation, dans des cadres juridiques modernes (les GDA), de solidarités toujours 

présentes et dont l'essence reste toujours fondée sur des héritages indéniables de la culture et de 

l'histoire. Les questions que l'on se pose interpellent le leadership et les mécanismes de décision. Dans 

quelle mesure ces processus expriment-ils un processus d'autonomisation? 

La troisième étage, est en fait une sorte d'interface d'analyse du changement social. Cet étage se 

détermine par rapport à un acteur nouveau, le projet de développement PRODESUD. Ce projet est en 

lui-même un catalyseur de changement, il est sous tendu par une stratégie de participation des acteurs. 

A cet effet, il s'appuie notamment sur des structures nouvelles dont il assure la promotion. Comment 

ce projet de changement que propose PRODESUD, est-il vécu par les communautés et par les acteurs 

individuels? Une autonomie plus grande se met-elle en place? Que doit-elle au projet? Que doit-elle 

aux dynamiques internes au sein des communautés, aux aptitudes de leur leadership? Quelles sont en 

fait les attentes des différents acteurs impliqués par rapport aux processus d'autonomisation? 

L'étage suivant nous conduit à confronter les dynamiques créées à ces différents étages, aux contextes 

englobants. Ceux-ci comprennent essentiellement les structures d'autorité et l'administration locales, et 

par ailleurs l'État, au sens de la légitimité institutionnelle, politique et juridique. Les politiques, les 

mesures prises par l'État ont-elles ouvert les processus d'autonomisation? On cherche à répondre à ces 

questions en examinant les intentions et le contenu des politiques pastorales de l'État. 

Ce sont ces questionnements qui structurent le plan de ce document de restitution de la recherche: 

- Quels sont les états/facteurs des agents individuels qui affectent/limitent leur autonomisation? 

(Chapitre 2) 

- Quels sont les processus décisionnels et de leadership des agents collectifs et dans quelle 

mesure ces processus expriment-ils une ouverture vers l'autonomisation? (Chapitre 3) 

- Quel est l'impact d'un catalyseur externe (le projet de développement PRODESUD) sur 

l'accélération, l'appropriation ou le rejet d'un processus d'autonomisation des individus et des 

organisations qui les représentent? (Chapitre 4) 

- Quel a été et quel est le rôle de l'État dans le processus d'autonomisation? Quels sont les 

enseignements de la politique pastorale? Comment l'administration se situe-t-elle par rapport 

aux dynamiques d'autonomisation ? (Chapitre 5) 

- Quelques réflexions d'ensemble sur les processus d'autonomisation dans le milieu rural du Sud 

Est tunisien ((Chapitre 6) 

4. LE CONTEXTE SOCIO GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE DE 

CAS 6 \ 

4.1 Le Gouvernorat de Tataouine 

Le programme de recherche a essentiellement concerné le Gouvernorat de Tataouine dans le Sud Est 

de la Tunisie. Ce gouvernorat constitue la plus grande partie de l'aire géographique couverte par le 

projet de développement régional dit PRODESUD. L'aire du projet comprend, outre le Gouvernorat de 

Tataouine, une partie de la Délégation de Douz dans le Gouvernorat de Kébili. La population totale du 

Gouvernorat de Tataouine est évaluée à 151 034 personnes. On estime que la population rurale est de 

66 000 personnes, soit environ 10 000 foyers ruraux. On recense environ 7000 familles d'exploitants, 

celles-ci correspondant à une population de l'ordre de 46 000 personnes. La population rurale "hors 

6 Cette section et la suivante font largement référence au Rapport d'Evaluation du PRODSUD par le 

FIDA (Mai 2004, G. Lazarev, chef de mission). Les données ont été contrôlées avec la monographie du 

Gouvernorat de Tataouine (Ali Bou Aicha, voir Documents de travail du présent projet de recherche. 




exploitations", évaluée par différence est ainsi de l'ordre de 20 000 personnes (environ 3000 foyers), 

soit le tiers de la totalité de la population rurale. 

Le Gouvernorat de Tataouine est pourvu de façon satisfaisante en infrastructures de base. C'est ainsi 

que 96% des ménages sont branchés au réseau électrique. Quelque 91% de la population ont accès à la 

distribution d'eau potable. Ce gouvernorat est par contre peu desservi en routes. La desserte en 

équipements publics tels les écoles, les équipements de santé, de télécommunication, de loisir et de 

culture est satisfaisante. En revanche, en dépit d'une certaine croissance, les administrations, les 

banques, les grossistes, ainsi que les autres services d’encadrement de l’économie restent faiblement 

implantés dans la région. Les principales institutions de développement opérant dans le gouvernorat 

sont le Commissariat régional au développement agricole (CRDA), l’Office du Développement du 

Sud (ODS), les Fonds d’aide à l’agriculture, les institutions financières, l’Office de l’Élevage et des 

Pâturages. D’autres institutions de développement telles le Commissariat général au développement 

régional (CGDR) et le Conseil régional de développement (CRD) jouent un rôle non négligeable dans 

la promotion et l’encadrement de l’activité agricole et rurale. 

L'aire d'action du Programme est située dans les étages climatiques "arides inférieurs" et "sahariens", 

On distingue quatre grandes unités géomorphologiques: (i) Les plaines, constituées par la Djeffara 

dans la partie Nord–Est et El Ouara dans la partie Sud-Est, (ii) Le bassin intérieur de El Atouf. (iii) La 

chaîne des Matmata qui constitue la colonne vertébrale de l'aire du projet. (iv) Le Dhahar est constitué 

par une série de glacis et de plateaux, qui forment la zone des revers de la chaîne des Matmata. Les 

complémentarités traditionnelles entre ces ensembles ont été modifiées par les changements des 

dernières décennies. La plaine de la Djeffara et une partie de El Atouf ont été occupées par 

l'agriculture et les montagnes ont été largement abandonnées du fait du déplacement des populations 

vers des habitats de plaine mieux équipés. Les parcours n'en demeurent pas moins la principale 

formation naturelle de la région, lui conservant sa vocation pastorale traditionnelle. 

4.2 L'économie agro-pastorale 

L’élevage extensif constitue le moteur économique de la région en assurant aux éleveurs des revenus 

nets de 7 à 15 millions de DT selon les années et en exportant vers le Nord tunisien de grandes 

quantités d'agneaux maigres. Le poids considérable des revenus extérieurs non agricoles tirés de 

l’émigration atténue l’extrême dépendance de ces systèmes vis à vis de l’aléa climatique. Il est donc 

plus juste de caractériser l’économie de cette région par cette association entre élevage extensif et 

revenus extérieurs, les productions tirées de l’agriculture et de l’arboriculture en sec ne venant se 

rajouter que les bonnes années (une année sur quatre). Compte tenu de l’érosion des effectifs après ces 

six derniers mois de sécheresse, on estime à 491 000 le nombre des petits ruminants dans le 

Gouvernorat de Tataouine. L'effectif des camelins est de l'ordre de 22 000 adultes pour Tataouine. On 

compte près de 5 000 éleveurs, mais en raison du mode d’organisation (et, en particulier du nombre de 

troupeaux constitués en association), on ne retrouve sur le parcours qu’un nombre beaucoup plus 

limité de troupeaux. On estime qu'il y a environ 1 000 "grands éleveurs". Les systèmes d'élevage 

emploient 800 bergers. Les estimations du bilan alimentaire montrent que les troupeaux 

(ovins/caprins/camelins confondus) sont en année de sécheresse très fortement complémentés (65 %) 

mais que le taux reste élevé en année moyenne (48 %) ou bonne (18 %). On estime qu’environ 50 000 

chevreaux et 110 000 agneaux ou antenais quittent la région chaque année pour être engraissés et/ou 

abattus dans des régions telles que le Centre Sud ou le Sahel 

Les terres labourables occupées par l'agriculture totalisent quelque 200 000 ha Ces superficies 

comprennent: 43 125 ha consacrés aux plantations pérennes, environ 31 000 ha irrégulièrement 

cultivés en céréales en sec et, enfin, 3650 ha équipés pour l’irrigation, inégalement utilisés pour 

l’arboriculture, les cultures maraîchères et la production fourragère. L’activité agricole est soumise à 

des conditions naturelles difficiles qui, en limitent considérablement la diversification. Celle-ci reste 

largement conditionnée par l’aménagement et l’économie de l’eau. On distingue plusieurs systèmes de 




production: (i) L’arboriculture en sec qui comprend elle-même une arboriculture traditionnelle de 

montagne (environ 15 000 ha et 12 000 oliviers), une arboriculture de glacis établie derrière des tabias 

de terre (environ 15 000 ha et 10 000 arbres), et une arboriculture de plaines, essentiellement dans la 

Djeffara et constituée de plantations en plein d’oliviers (environ 13 000 ha et 10 000 arbres). Les deux 

derniers types d'arboriculture se sont développés en dehors de leurs limites écologiques (ii) La 

céréaliculture en sec qui occupe des superficies emblavées très variables en fonction des conditions 

climatiques (iii) L’agriculture irriguée. La superficie irrigable est estimée à environ 15 000 ha. La 

superficie actuellement équipée occupe 2 667 ha en équipements collectifs (Périmètres publics 

d'irrigation – PPI) et environ 1 000 ha en équipements privés. 

L’émigration a une très grande importance dans la région : 9550 émigrés ont été recensés en 1999.Les 

ressources financières qui en résultent, ont permis l’amélioration des revenus et des conditions de vie 

des populations sur place, ainsi que la transformation des modèles de consommation et d’habitat. Les 

mandats postaux envoyés annuellement au Gouvernorat de Tataouine par les migrants à l’étranger sont 

de l’ordre de 3,5 millions de DT (à comparer avec le revenu net de l'élevage - 7 à 15 millions DT selon 

les années - soit un revenu de l'émigration équivalent à 25 à 50% de l'élevage). L’amélioration du 

niveau de vie est mise en évidence par la proportion du budget allouée à l’éducation des enfants, à la 

santé, à et la culture, ainsi que celle consacrée à l’utilisation, quasi-généralisée, du gaz de cuisson et à 

l’amélioration du nombre et de la qualité des habitations. 

4.3 Les unités socio territoriales 

Dans les zones pastorales, le concept de terroir s'applique à de vastes ensembles, incluant à la fois, des 

parcours d'usage local et communautaire et des espaces plus vastes ouverts à un parcours plus 

largement collectif. Les espaces-terroirs, par ailleurs, sont conçus pour faciliter la mobilité de 

l'élevage, celle-ci constituant le trait le plus caractéristique des systèmes pastoraux et l’outil le plus 

efficace de gestion des périodes de ruptures climatiques. Les investigations effectuées dans l'aire du 

projet, pendant les travaux préparatoires, ont montré que l'on pouvait reconnaître et délimiter des 

terroirs de base correspondant à des groupements sociaux s'identifiant à ces territoires. Le projet s'est 

proposé de partir de ces unités socio-territoriales organisées autour des terroirs pastoraux. Vingt sept 

unités socio-territoriales ont été ainsi identifiées. C'est sur cette base qu'ont été constitués les 

Groupements de Développement Agricole (GDA) qui servent de support aux activités participatives 

du projet. Lors de la mise en oeuvre du projet, le découpage initial en UST a parfois été revu pour tenir 

compte du souhait manifesté par les populations locales de se regrouper selon des bases 

sociodémographiques plus conformes aux données de leur espace vécu actuel. Le projet a, par ailleurs, 

établi une typologie des UST pour différencier ses interventions, notamment pour ses interventions 

dans les UST principalement concernées par les problématiques des parcours. 

5. LE PROJET PRODESUD 

Le projet PRODESUD est un projet de développement régional du Gouvernement tunisien avec le 

concours financier du FIDA et du Fonds de l’OPEC. Ce projet est, en fait, un projet- programme qui 

s'est donné pour objectif central d'engager un processus de développement durable, solidement pris en 

charge par ses acteurs. Pour ce faire, il s'est proposé d'agir sur deux leviers dont il recherche la 

convergence et les synergies, d’une part, le levier des politiques et programmes publics de 

développement, d’autre part, le levier des initiatives du secteur privé et associatif. A cet effet, le projet, 

qui a effectivement démarré en mars 2004, met en place des moyens et des instruments susceptibles de 

promouvoir la gestion participative et durable des parcours et des ressources en eau, une meilleure 

intégration de l’élevage et de l’agriculture et une valorisation des produits et atouts de la région. La 

mise en œuvre d'un tel programme devrait avoir une très large portée d’ordre économique, 

environnemental et socio institutionnel. On en attend les résultats suivants: 




- Une structuration du monde rural le rendant plus apte à participer à la définition et à 

l’exécution des politiques de développement 

- Un appareil étatique et administratif plus réceptif aux besoins ainsi exprimés et capable de 

mettre en œuvre des approches fondées sur le partenariat avec les organisations 

professionnelles et celles de la société civile. 

- Une meilleure présence des femmes et des jeunes dans les processus de décision et de gestion 

économique; notamment au moyen de programmes de formation, des mesures d'accès à des 

responsabilités d'exploitation, des aides spécifiques pour la promotion de micro-entreprises. 

- Une amélioration du potentiel des parcours au travers d'investissements et de nouvelles 

modalités de gestion collective ou associative. 

- Un aménagement intégré d'unités territoriales considérées comme des "terroirs agro 

pastoraux" et dont les principes d'aménagement, dans le domaine de l'agriculture, de la 

protection des bassins versants, de la mobilisation des eaux de surface, de l'amélioration des 

parcours naturels, de la valorisation des "produits de terroir", etc., seraient établis et 

programmés avec des interlocuteurs, organisés à différents niveaux selon le problème traité, et 

représentant tous les ayants droit et propriétaires de l'espace du "terroir". 

- La réhabilitation de la gestion de l'irrigation existante et la création de nouveaux périmètres en 

s'assurant, par des mesures appropriées, de la présence continue des exploitants. Outre leur 

impact pour une meilleure distribution des centres de vie sur le territoire, ces pôles d'irrigation 

seraient susceptibles de servir de base à une diversification localisée des activités 

économiques et des services. 

- L'amélioration de la productivité des systèmes de production de l'élevage en créant des 

conditions favorables à une meilleure commercialisation des produits (ventes à un meilleur 

âge, labellisation, etc.), en soutenant la formation d'associations professionnelles susceptibles 

de mieux gérer les approvisionnements en intrants et les transports, en encourageant 

l'amélioration génétique et en renforçant la couverture sanitaire, en aidant à la formation et la 

professionnalisation des bergers et gardiens de troupeaux. 

- La diversification des sources de revenus, notamment en assurant la promotion d'activités 

susceptibles de valoriser le patrimoine culturel et écologique. De tels objectifs mettraient 

notamment l'accent sur le tourisme culturel, la rénovation du patrimoine architectural, la mise 

en valeur et la protection des ressources de la biosphère. 

Au-delà de la simple définition des actions de développement, la stratégie du projet insiste avant tout 

sur les modalités et formes d’intervention qui devront caractériser la mise en œuvre du programme 

d’action. C'est là en effet que réside toute la nouveauté des approches et c'est en cela que la stratégie 

du projet se démarque des programmes principalement pilotés par les administrations qui ont 

largement prévalu jusqu'à maintenant. Ces innovations, au demeurant, s'inscrivent totalement dans la 

stratégie nationale de développement, qui préconise une responsabilisation du secteur privé et 

associatif et un rôle nouveau de l'État dans des missions de conseil, de régulation et de stimulation des 

initiatives. Pour autant, ces approches innovent dans une certaine continuité puisqu'elles ont été 

conçues en tenant largement compte des expériences dans le domaine de la participation et de la 

gestion de l'environnement qui ont ouvert la voie en Tunisie, au cours de la précédente décennie. 

Trois principes étroitement liés sous tendent la bonne mise en œuvre de ses approches : le principe 

d'intégration, celui de la territorialité et celui du partenariat. Les modalités de mise en œuvre du projet 

sont différenciées pour permettre une application souple de ces trois principes d’action. Certaines sont 

connues et validées par la pratique de l'État, d’autres revêtent un caractère innovateur, que les 

exigences d’un développement durable dans un milieu difficile rendent indispensables. Trois 

modalités, souvent convergentes, ont ainsi été prises en compte selon le type d’activités considérées et 

surtout selon le partenaire à qui revient l’initiative principale. 

- La première modalité, est celle des actions incombant à la puissance publique. 




- La seconde modalité correspond aux activités dont l’initiative revient aux groupements socioterritoriaux. 

Cette modalité est associée aux idées de gestion participative des "terroirs". Elle 

s'adresse à ces groupements constitués en GDA. Leurs territoires correspondent chacun à des 

"terroirs" agro-pastoraux. L'objectif recherché est d'aboutir à des plans d'aménagement intégré 

du terroir, ceux-ci prévoyant, sur la longue durée, les investissements à réaliser et les 

disciplines à mettre en pratique pour assurer la durabilité. L’exécution des actions de 

développement se fera dans le cadre de conventions entre les collectivités et l’État. 

- La troisième modalité est aussi fondée sur une notion de coopération sur la base des 

organisations professionnelles et des associations d'intérêts communs. Cette modalité parait 

plus indiquée pour s’attaquer aux problèmes posés par l'amélioration de l'efficacité des 

systèmes de production, par la commercialisation et la valorisation des produits et de manière 

générale pour mieux gérer les filières de production. 

Le premier groupe cible du programme est constitué par tous les groupements correspondant aux UST 

qui se répartissent le territoire de l'aire du projet. Ce grand groupe cible correspond à peu près à la 

population rurale de l'aire du projet. Dans le Gouvernorat de Tataouine, il compte 66 000 personnes et 

10 000 foyers). Des mesures de ciblage stratifié, privilégiant des strates sociales moins favorisées, 

concernent les actions s'adressant à des initiatives individuelles. Ces strates comprennent les petits et 

moyens exploitants agro-pastoraux, les jeunes qui n'ont pas accès à la décision dans l'exploitation 

familiale, les femmes. Les actions productives, qui occupent la plus grande place dans les actions 

envisagées par le programme de développement proposé, ne concernent cependant que les exploitants 

agro éleveurs qui constituent un groupe cible focal. Celui-ci compte 5500 exploitations. 

Le groupe cible, constitué par les jeunes et les femmes, est défini selon des critères de problématique 

sociale. La catégorie visée, en effet, est celle des jeunes actifs, hommes et femmes, de 20 à 30 ans qui 

subit le plus les effets sociaux et économiques de la marginalisation et celle, plus jeune, de 15 à 20 

ans, qui entrera dans cette strate sociale avec les premières années de réalisation du projet. Ce groupe 

cible représente le quart de la population totale (38000 personnes dans le Gouvernorat de Tataouine, 

dont 17 000 en milieu rural). 

Les adolescents et jeunes adultes, hommes et femmes, posent un problème particulier dans la société 

rurale du sud-est du fait de leur marginalité dans cette société et du fait des conséquences des pulsions 

migratoires qui affectent profondément leur situation. Cette marginalisation est d'abord un héritage 

culturel qui ne donne que peu de place aux femmes et aux jeunes dans la représentation et la décision 

sociale de même que dans la famille où l'autorité du père reste prédominante. Les effets de 

l'émigration ont accentué cette marginalisation en créant des césures sociales entre sexes et entre 

générations. Les jeunes hommes ont ainsi peu d'activités dans l'agriculture et l'élevage, laissant ces 

travaux à des générations plus âgées. Quand ils n'ont pas de travail à l'extérieur, ils demeurent 

largement inactifs, leur principale préoccupation étant la "chasse" aux opportunités d'emploi extérieur. 

Les femmes vivent l'émigration par un surcroît de travail dans la production agricole et par des 

difficultés pour se marier. La première préoccupation de ce groupe cible concerne l'emploi et les 

activités génératrices de revenus. D'autres préoccupations concernent les besoins de formation 

technique, l'accès à des financements pour l'acquisition de moyens de production, la commercialisation 

des produits locaux. Les jeunes, hommes et femmes, commencent par ailleurs à remettre en question la 

toute puissance du père dans le système de décision familial. 




CHAPITRE II 

LES POLITIQUES DE L'ÉTAT ET L'AUTONOMISATION : 

LE CAS DES POLITIQUES PASTORALES 

1. LE CONTEXTE NATIONAL 

La Tunisie couvre une superficie de près de 164 000 km 2 , dont les trois-quarts sont marqués par une 

aridité qui ne s’atténue que vers le nord et le nord-est du pays. La population, qui croît de 1,5 % par 

an, comptait 9,8 millions d’habitants en 2001. Avec un taux de croissance de l’ordre de 6,5% en 1999, 

le pays est aujourd’hui résolument engagé dans un processus de libéralisation qui lui permet de 

s'intégrer progressivement dans l’économie globale. Dans les dix ans à venir, il devrait en effet passer 

d’une économie fortement protégée par un État principal investisseur, à une autre forme d’économie 

reposant sur le secteur privé national et étranger, dont les activités seraient le principal moteur de 

croissance. Grâce à ces progrès, la Tunisie compte parmi les pays ayant le plus spectaculairement 

réduit leur taux de pauvreté. En effet, si 12,9% des habitants vivaient au-dessous du seuil national de 

pauvreté en 1980, cette part était tombée à 6,2% en 1995. 

Le secteur de l’agriculture et de la pêche génère, en moyenne, 12,5% environ du PIB, et la production 

agricole engendre quelque 745 000 emplois permanents. L’élevage représente la part la plus 

importante de cette dernière, soit quelque 36% sur la période 1997-2000, puis viennent, en seconde 

position, les produits de l’arboriculture, avec 29%, puis, loin derrière, les produits maraîchers et les 

céréales, avec respectivement 14% et 12%. La production halieutique représente, quant à elle, 6% du 

secteur et les produits divers, 3%. Les produits agricoles et alimentaires constituent environ 10% des 

exportations et des importations de marchandises. L’huile d’olive est de loin l'exportation la plus 

importante : en 1999, elle représentait environ 50% des recettes totales des exportations de produits 

agricoles et alimentaires. On compte quelque 471 000 exploitations agricoles, rassemblant environ 

2,82 millions d'habitants, soit 77% de la population rurale totale. Celle-ci, de l’ordre de 3,68 millions 

d'habitants, compte donc quelque 860 000 individus dits «hors exploitation agricole». 

La politique agricole retenue dans le cadre des derniers plans marque la volonté réaffirmée de la 

Tunisie d'agir pour une réhabilitation de l’initiative privée dans le secteur agricole et pour la 

promotion d'une régulation économique par le marché. A cet effet, l'État doit essentiellement jouer un 

rôle de garant de l’intérêt général et du respect des lois et des normes, et celui de régulateur des 

marchés et de la stabilité des revenus. Ce choix implique qu'il transfère aux structures professionnelles 

les responsabilités dont doivent se désengager les structures administratives. 

Au cours des dernières décennies, divers facteurs se sont conjugués pour créer une dynamique de 

dégradation des ressources pastorales. Parallèlement, l'alimentation animale est devenue de plus en 

plus dépendante des apports externes Cette régression est d'autant plus regrettable que les parcours 

naturels - qui couvrent environ 6 millions d’hectares - pourraient, si leur potentiel de développement 

était valorisé et bien géré, représenter une contribution particulièrement significative pour l'élevage 

national. Les ressources pastorales ont longtemps été négligées par les politiques de développement 

agricole, qui donnaient la priorité aux productions intensives, et ce n'est qu'au cours des années 90 

qu’elles leur ont accordé une attention spécifique. Elles ont suivi pour cela une ligne directrice 

privilégiant la plantation d'arbustes fourragers et de cactus et les mises en repos sur les parcours. 

Cependant, cette stratégie a été appliquée, d’une façon générale, selon une approche de mise en valeur 

de « sites» (collectifs ou privés), qui a largement ignoré les liens entre les interventions réalisées et les 

systèmes de production dans lesquels celles-ci s’inscrivaient. Par ailleurs, les parcours qui ne sont ni 

privés (relevant de l'OEP) ni de statut collectif soumis au régime forestier (relevant du Service des 

forêts) - et qui constituent pourtant la majorité d’entre eux - n'ont fait l’objet d'aucune politique 

particulière. Ainsi, la programmation 2002-2011 est en grande partie une reconduction du programme 

de la décennie précédente. 

Chapitre II. Les Politiques de l’État et l’Autonomisation : le cas des politiques pastorales 20



2. LA RECHERCHE ÉTATIQUE DE 

L'AUTONOMISATION : LE CAS DES POLITIQUES 

PASTORALES 

2.1 Objectifs et approche méthodologique 

Les politiques pastorales illustrent bien la difficulté du passage des politiques dirigistes aux approches 

participatives. L’analyse de leur évolution a ainsi constitué un volet du Projet de recherche sur 

l’autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques, montrant comment les politiques de 

gestion des ressources naturelles ont dû faire progressivement place, précisément, aux démarches 

participatives. 

L'approche méthodologique adoptée pour mener cette étude a suivi la séquence de travail suivante: 

- lecture critique et attentive des termes de référence ; 

- entrevues et discussions approfondies avec des personnes ressources de renom, notamment au 

Ministère de l’agriculture et des ressources hydrauliques et au Ministère des domaines de 

l’État et des affaires foncières ; 

- collecte d’une documentation appropriée et pertinente ; 

- lecture rapide de l’ensemble de cette documentation ; 

- lecture approfondie des parties de cette documentation le plus en rapport avec l’objet des 

termes de référence ; 

- établissement d’un plan détaillé ; 

- participation aux réunions du comité chargé de la préparation de l’étude et aux réunions 

bilatérales ; 

- correction du plan au fur et à mesure du développement de l’étude ; 

- visites de terrain ; 

- rédaction du document sur la base des lectures faites et de l’expérience personnelle de 

l’auteur ; 

- lecture du document par les personnes ressources et par certains membres de l’équipe, chacun 

dans son domaine ; 

- amélioration du document tenant compte des diverses critiques apportées ; 

- remise du document final au chef de projet. 

De nombreux mots clefs ou passages empruntés à d’autres auteurs sont repris intégralement dans le 

document détaillé ayant servi de base à ce résumé synthétique. Leurs auteurs les reconnaîtront sans 

doute et sont tous mentionnés dans la bibliographie. 

2.2 Le contexte: les ressources pastorales et leur contribution à l’économie 

nationale 

La superficie totale de la Tunisie est de 16,4 millions d’hectares, dont 5,5 millions de terres de 

parcours. Ces dernières sont situées pour 45% dans les zones arides, pour 42% dans les zones 

désertiques et pour 9% dans les zones semi-arides. Elles se présentent sous divers statuts fonciers : 




Type de parcours Superficie 

Parcours forestiers 970 000 ha 

Parcours alfatiers 743 000 ha 

Parcours collectifs et domaniaux 2 500 000 ha 

Parcours privés en indivision 85 000 ha 

Parcours privés 1 200 000 ha 

Au lendemain de l’indépendance, les terres collectives représentaient trois millions d’hectares et 

étaient concentrées au centre et au sud. Elles étaient utilisées pour les parcours et pour des cultures 

céréalières épisodiques. Actuellement, la production pastorale annuelle oscille entre 1200 millions 

d’unités fourragères (UF) en année pluvieuse et 450 millions d’UF en année sèche, couvrant entre 10 

et 25% des besoins nationaux, alors que cette part était de 65 à 80 % jusqu’aux années 60. L’effectif 

du cheptel des petits ruminants a pratiquement triplé depuis 1950, 73% des ovins et 81% des caprins 

se trouvant au centre et au sud du pays Cette augmentation a eu pour corollaire un accroissement du 

nombre de petits éleveurs au rythme de 1,15% par an. Les parcours contribuent largement au 

développement des viandes rouges, dont 50% sont fournies par les petits ruminants. 

2.3 La problématique de la politique de développement pastoral 

Deux grandes questions de politique nationale ont sous-tendu celle du développement des parcours 

depuis plusieurs décennies : la durabilité des ressources naturelles et la gestion collective de ces 

dernières. 

2.3.1 L'exigence de la durabilité 

Dès les premières années après l’indépendance, le statut foncier des terres collectives a connu une 

mutation très marquée, caractérisée par un processus de privatisation. Celui-ci s’est accéléré par la 

suite, conduisant à la mise en valeur de ces terres, transformées en terres arboricoles et céréalières. Ce 

phénomène, ainsi que la charge animale excessive qui s’en est suivie, l’absence de réglementation en 

matière d’utilisation de l’espace pastoral et le manque d’eau, constituent les principaux facteurs 

limitant le développement pastoral et menaçant le maintien de l’équilibre régional. Les aires de 

parcours sont ainsi de plus en plus réduites et de moins en moins fertiles. 

Au bout de presque un siècle d’apurement foncier et de partage des terres collectives, la situation 

tunisienne est la suivante : 

- 1,3 millions d’hectares de terres collectives ont été attribués ; il en reste 200 000 à attribuer. 

- 600 000 hectares environ ont été délimités et soumis au régime forestier. 

- 1 million d’hectares environ de parcours collectifs non limités doivent être gérés. 

Le changement du statut foncier au centre et au sud et la sédentarisation des pasteurs nomades et 

semi-nomades ont eu deux grands types de conséquences sur les systèmes d’élevage : 




- Au centre, on assiste au passage du système pastoral au système agropastoral, voire agricole. 

Les parcours collectifs privatisés sont mis en valeur grâce à l’introduction de l’arboriculture 

en sec et au développement des périmètres irrigués, et les notions de berger et de pâturage 

sont presque obsolètes dans ces réalités. En revanche, on trouve une intégration de l’élevage 

dans les nouvelles exploitations agricoles érigées sur les terres de parcours collectifs 

attribuées. 

- Au Sud, on assiste au passage du système pastoral au système agropastoral extensif. La culture 

d’arbres fruitiers - en premier lieu l’olivier - s’y est développée, générant de nouveaux sousproduits, 

outre la paille, qui favorisent la complémentarité entre agriculture et élevage en 

milieu aride. Ces changements socioéconomiques, édaphiques et climatiques ont entraîné une 

nette dégradation de la flore, aussi bien sur le plan quantitatif (sol fortement dénudé, érosion 

éolienne, diminution de la production pastorale) que sur le plan qualitatif (diminution des 

espèces appétées et des espèces pérennes). 

2.3.2 Les problèmes liés à la gestion collective 

Avant l’indépendance, les modes et les techniques d’exploitation des parcours reflétaient bien le 

savoir-faire traditionnel des pasteurs et leur connaissance du milieu. Les chefs de tribu organisaient en 

général le mouvement du cheptel, traçant les lignes directrices à suivre par les pasteurs afin de profiter 

au mieux des ressources de la nature. La transhumance pratiquée à l’époque par les éleveurs permettait 

d’exploiter la complémentarité entre les régions et, par là même, d’accorder aux parcours laissés au 

repos le temps indispensable à leur restauration. En effet, les pasteurs étaient conscients de la fragilité 

de ces zones et de leurs potentialités pastorales faibles, inaptes à supporter les troupeaux toute l’année 

durant, d’où la pratique traditionnelle de la transhumance. 

La sédentarisation des pasteurs et la privatisation des terres collectives se sont accompagnées 

d’importantes mutations socioéconomiques ayant touché l’espace physique et social. Celles-ci se sont 

traduites par un déclin des solidarités traditionnelles entre les différents groupes sociaux et par 

l’émergence de stratégies individuelles, suite au morcellement des parcours. Ce dernier s’est révélé 

nuisible, du fait qu’il entraîne souvent des effets pervers préjudiciables à la durabilité des ressources 

forestières, végétales fauniques et foncières : en effet, la phytomasse prélevée par les animaux est de 

loin supérieure à celle produite par la végétation, d’autant plus que le pâturage ininterrompu pratiqué 

actuellement ne permet pas la reproduction et la régénération de cette dernière mais favorise au 

contraire sa dégradation, voire sa disparition. 

Par définition même, le développement participatif implique la participation des populations à la 

détermination des problèmes locaux, à l’identification des solutions et à leur mise en œuvre, afin 

d’assurer une durabilité à des programmes établis en commun. On comprend aisément que cette 

exigence est d’autant plus fondamentale en ce qui concerne le développement des parcours, du fait de 

leur implantation sur des terres collectives. Malheureusement, à l’heure actuelle, la relève du système 

social traditionnel n’a pas encore eu lieu et les populations pastorales tunisiennes sont encore en quête 

d’une nouvelle forme d’organisation. 

Outre les questions de la durabilité et de la gestion des terres collectives, d’autres aspects méritent 

d’être mentionnés, notamment celui de la formation inadéquate, qui produit des techniciens très 

éloignés des agriculteurs et du terrain, et celui de la recherche, qui ne fournit pas de modèles pratiques 

applicables. Il faut aussi souligner que l’État a manifesté une prise de conscience tardive quant à 

l’importance des parcours et noter l’absence d’un organe national de coordination dans ce domaine. 




3. LES GRANDES ETAPES DE LA POLITIQUE 

DE DEVELOPPEMENT PASTORAL 

A moment de l’indépendance, les responsables du pays avaient pour souci majeur de sortir celui-ci du 

sous-développement et de vaincre la pauvreté de la population. Cette hantise a porté pêle-mêle sur tout 

ce qui, à leurs yeux, était emblématiquement associé à ces deux conditions, les cactus comme les 

habous, l’habit traditionnel, les tribus, les dromadaires… ou les parcours. Symbole du non 

modernisme, ces derniers ne pouvaient donc représenter une priorité pour les nouveaux dirigeants. Le 

développement du Centre et du Sud a ainsi été axé sur l’agropastoralisme, voire sur la production 

agricole, notamment sur l’arboriculture avec l’olivier en tout premier chef. Par la suite, l’attention s’est 

concentrée sur l’irrigation, à partir de puits de surface et de forages. Les cultures ont ainsi beaucoup 

progressé (17,5 % de la S.A.U) dans le Centre, au détriment des parcours qui ont régressé de manière 

spectaculaire (environ 1 million d’hectares). Les populations ont été fixées et sédentarisées, ce qui a 

permis à l’État de réaliser des plans de développement pour les nouvelles agglomérations : routes, 

accès à l’eau, dispensaires, énergie hydraulique… tout autant d’insignes de la modernité tant prisée. 

Un peu avant les années 60, alors que la collectivisation battait son plein, a été lancée une approche de 

développement rural intégré (P.D.R.I) procédant par grands ensembles régionaux (SOMNIVAS, 

Office de la Tunisie centrale). Puis l’emprise étatique s’est relativement desserrée, libéralisant peu à 

peu l’économie, et cette approche a cédé la place à une démarche de type sectoriel, généralisée sur 

l’ensemble de l’espace rural tunisien. Les offices de développement régionaux ont été pour la plupart 

abandonnés, tandis que les offices sectoriels (blé, huile, élevage…) et les offices d’irrigation ont été 

maintenus, voire renforcés. 

La plupart des investissements ont été orientés vers les activités les plus rentables, à savoir 

l’agriculture de plaine et les périmètres irrigués. Les autres zones et secteurs ont ainsi été marginalisés, 

aussi, pour éviter la contestation sociale, l’État a-t-il dû lancer des programmes de développement 

rural (P.D.R), des projets régionaux de développement (P.R.D) et des programmes de développement 

agricole intégré (P.D.AI), qui se sont diffusés sur l’ensemble du territoire rural. 

Historiquement, les principaux projets ont été les suivants: 

- Le Projet d’expérimentation et de démonstration en arboriculture, élevage et pâturage 

(PDEAEP-FAOTUN-1) (1967-1972) a axé son intervention sur les plantations d’arbustes 

fourragers. 

- Le Projet de développement de la Tunisie centrale (1982-1989) avait pour objectif 

l’aménagement de 20 000 hectares de parcours collectifs et privés, ainsi que la collecte et le 

resemis de matériel végétal local. 

- Le Projet du Programme alimentaire mondial (PAM) réalisé dans les années 70 visait à la 

diffusion à grande échelle des arbustes fourragers. 

- Le Projet régional d’aménagement des parcours (RAB/84/025 puis RAB/90/001) - issu d’un 

financement du PNUD pour la Tunisie, le Maroc et l’Algérie, et pour l’Irak, la Jordanie et la 

Syrie – avait pour objectifs principaux la documentation et la formation. 

- Les Projets de développement rural (P.D.R) et les Projets de développement rural intégré 

(P.DRI) ont été conçus pour combler le vide laissé par l’abandon des quatre offices régionaux 

- dont celui de la Tunisie centrale -, et pour promouvoir un retour à une vision globale non 

sectorielle. 

Les 217 projets réalisés depuis 1984 offrent un bilan contrasté. Si l’évaluation est nettement positive à 

bien des égards - infrastructures, équipements sociaux, diversification et intensification des 

productions agricoles, promotion de petits projets extra-agricoles -, il apparaît que le développement 

pastoral et les parcours ne constituaient pas une composante importante de ces projets et, surtout, que 

les populations cibles n’étaient pas consultées dans leur cadre. 




Au cours des deux dernières décennies, les projets de développement agricole intégré (PDAI) sont 

devenus des programmes essentiels. Cependant, deux constats s’imposent: les populations concernées 

par ces projets ont continué à être considérées comme de simples bénéficiaires, l’administration jouant 

le rôle majeur ; une approche que l’on peut qualifier de «techniciste» a prévalu, ignorant les aspects 

fondamentaux relatifs au foncier et à l’organisation sociale. Ces deux facteurs ont influencé 

négativement la durabilité de ces initiatives. 

A partir de 1990, l’État a entrepris diverses mesures de restauration et de réhabilitations des parcours, 

dans le cadre d’une stratégie pastorale nationale de reboisement, de lutte contre l’ensablement et de 

conservation des eaux et du sol. Ce moment a marqué le début de l’ère des stratégies. La première en 

matière de parcours, qui s’est étalée de 1990 à 1999, avait pour but la constitution de réserves 

fourragères sur une superficie de 600 000 hectares et l’aménagement (resemis et mise en défens) de 1 

million d’hectares de parcours privés et de 1,2 million d’hectares de parcours domaniaux et collectifs. 

Cette politique s'est traduite ainsi : 475000 hectares ont été aménagés, dont 145 000 hectares 

d’arbustes, 144 000 hectares de cactus inerme et 188 000 hectares de resemis et de mise en défens, 

pour un investissement 305 millions de dinars. Suite à l’évaluation de cette première stratégie en 

1999, une seconde stratégie, visant à l’amélioration de 650 000 hectares de parcours, a été lancée pour 

une période de 10 ans - de 2001 à 2011 -, avec un budget de 335 millions de dinars. 

Ces deux stratégies n’ont toutefois pas pris en compte les parcours collectifs non soumis au régime 

forestier, présents dans le centre et surtout le sud du pays (environ 2,5 millions d’hectares). Ces 

derniers sont en effet difficiles à traiter du fait de leur statut foncier particulier et de l’absence 

d’organismes professionnels fédérateurs, aptes à concrétiser les efforts et à valoriser les impacts 

divers. En outre, alors que les individus et les communautés devaient être au cœur même de ces 

initiatives, ils ne sont demeurés que des témoins passifs d’entreprises décidées en-dehors d’eux. 

Les deux principaux opérateurs de ces politiques ont été l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP), 

sur les terres privées, et la Direction générale des forêts (DGF), sur les terres domaniales et les terres 

collectives soumises au régime forestier. L’ODESYPANO et la Direction générale de la Conservation 

des eaux et des sols (CES) interviennent à un moindre degré. Les expériences de dévolution, encore 

timides, ne sont pas encourageantes pour diverses raisons : les usagers ne se sont pas montrés à même 

de prendre en charge ne serait-ce qu’une partie des frais d’entretien et de protection des infrastructures 

et l’approvisionnement des éleveurs en intrants se révèle malaisé. Il apparaît ainsi indispensable de 

mieux se concerter avec les usagers pour garantir une gestion saine et responsable des espaces 

pastoraux. A cet égard, il conviendra d’observer attentivement la démarche entreprise par le projet 

PRODESUD, qui vise à impliquer les populations dans la gestion des parcours, à travers les 

Groupements de développement agricole (GDA) constitués sur la base d’Unités socio-territoriales 

(UST). 

Parallèlement, l’État a établi une stratégie de sauvegarde du cheptel afin d’en éviter la décapitalisation 

pendant les années de sécheresse, très fréquentes en Tunisie. Des mesures variées sont envisagées à 

cet effet : disponibilité de fourrages et d’aliments en quantités suffisantes, subvention du prix de 

l’orge, subvention du coût de transport des aliments grossiers du Nord vers le Centre et le Sud. 

Cependant, les éleveurs ne procédant pas au déstockage, la surcharge des parcours déjà épuisés n’a 

fait que s’aggraver. 

Sur le plan de la législation, les lois relatives à l’attribution des terres collectives ont entraîné la 

réduction de la superficie des parcours et de la fertilité des sols. Malgré son indéniable utilité, le 

premier inventaire des ressources pastorales n’a été ni exploité ni valorisé. La comparaison de celui-ci 

avec les résultats du deuxième inventaire en cours apportera certainement des enseignements féconds. 




4. LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE DES PARCOURS ET 

DE L’ELEVAGE EN TUNISIE 

4.1 Les instruments de régulation 

A la veille du Protectorat français, et à l’instar de tous les pays arabo-musulmans où la propriété 

foncière découlait du droit islamique - lequel accorde une importance particulière à la vivification au 

détriment de la propriété -, la Tunisie, imprégnée en outre du code foncier ottoman, était une véritable 

mosaïque de régimes fonciers. On y trouvait les terres melk ou terres privées, les terres domaniales 

(terres mortes, incultes ou confisquées) appartenant à l’État, les terres habous, provenant de donations 

irrévocables effectuées dans un but pieux, et les terres collectives 'arch, situées au centre et au sud. 

Ces dernières, utilisées exclusivement pour la transhumance et les parcours, relevaient d’un mode de 

propriété communautaire ou collective. Les principes du droit romain (usus, fructus, abusus) ont 

ensuite été introduits par le Protectorat. 

Lors de l’instauration de ce dernier (1881), le système foncier a été révisé de fond en comble afin de 

permettre l’accès des colons à la propriété. Divers moyens ont été employés à cet effet : la 

modernisation de la propriété privée melk par le biais de l’immatriculation (loi du 1 er juillet 1885), le 

dégel des terres habous, la constitution du domaine privé de l’État ou terres domaniales (décret du 13 

janvier 1896 définissant la composition du domaine privé de l’État, décret du 18 janvier 1918 

définissant en outre les règles de gestion des terres domaniales). Cette dernière mesure a ensuite été 

renforcée par le décret du 9 septembre 1948, qui apportait des modifications au décret de 1918: celuici 

encourageait le lotissement du domaine au profit des colons, ce qui revenait à mettre 50% des terres 

à leur disposition. En ce qui concerne les terres collectives, les autorités françaises ont rapidement opté 

pour le maintien de la propriété collective au profit des tribus concernées, au lieu de les mettre sous le 

régime du domaine de l’État. Ainsi, le décret du 14 janvier 1901 ordonne l’établissement de 

commissions administratives chargées de délimiter les terres collectives, donnant par là même un acte 

de naissance légal à ces dernières. Le décret du 23 novembre 1918 instaure quant à lui des territoires 

militaires au sud, où les litiges fonciers sont gérés par des conseils de notables et des conseils de 

tutelle locale et centrale, et des territoires civils au centre et au nord, où le conseil de notables est 

remplacé par un conseil de gestion (le décret du 30 décembre 1935 définira ensuite les terres 

collectives comme un bien possédé en commun par un groupement, sous le contrôle de 

l’administration). 

Soucieux de garantir des conditions de vie acceptables à une paysannerie pauvre et précaire, le 

gouvernement issu de l’indépendance (1956) a opté pour la mise en valeur agricole des terres : en 

effet, l’agriculture apparaissait à l’époque comme le seul choix économique possible et accessible. Il a 

ainsi entrepris une nouvelle politique de réforme foncière axée sur la liquidation des habous (1,5 

millions d’hectares, en vertu du décret du 31 mai 1956 et du décret du 18 juillet 1957). Cette réforme 

visait l’intégration des habous publics et d’une partie des habous mixtes dans le domaine privé de 

l’État, afin de permettre de la sorte leur rétrocession. Par ailleurs, la loi du 28 septembre 1957 a unifié 

les textes de 1918 et de 1935, et l’espace est alors devenu la référence, au lieu des tribus, considérées 

comme facteur de désunion et de sous-développement. 

Les lois du 7 mai 1959 et du 19 mai 1970 ont créé un organe chargé de mieux définir les conditions 

d’attribution et les acteurs autorisés à exploiter les terres collectives, notamment les coopératives 

agricoles et les sociétés privées. Le régime juridique actuellement en vigueur découle de la loi du 14 

juin 1964 : celle-ci reconnaît explicitement que la propriété des terres collectives revient aux 

groupements (tribus) qui en ont la jouissance. Diverses modifications ont été apportées par la suite : la 

loi du 4 janvier 1971, étend la privatisation aux personnes privées; la loi du 11 mai 1979 remplace le 

contrat par un « extrait d’attribution à titre privé » et la loi du 8 février 1988 stipule qu’il revient au 

conseil de tutelle locale de délimiter les terres de parcours. 




4.2 Les instruments d’orientation : stratégies et plans d’action 

La Tunisie a développé divers instruments d’orientation, dont les plus importants sont les plans 

quinquennaux et les stratégies nationales d’amélioration et de conservation des parcours. Les premiers, 

qui touchent à la sphère économique et sociale, définissent sur cinq ans les grandes orientations et les 

axes de la politique de développement agricole. La Tunisie en est à l’heure actuelle à son dixième plan 

quinquennal (2002-2006). Par ailleurs, afin de remédier aux conditions de dégradation des parcours, 

l’État a lancé depuis 1990 des mesures de restauration et de réhabilitation de ces derniers, s’inscrivant 

dans le cadre d’une stratégie nationale d’amélioration pastorale, de reboisement, de lutte contre 

l’ensablement et de conservation des eaux et du sol. Cette stratégie a connu une première phase de 

1990 à 2000 puis, suite à l’évaluation de ses résultats en 1999, elle est entrée dans une deuxième phase 

de dix ans (2002-2011), visant à consolider la réhabilitation de centaines de milliers d’hectares de 

parcours privés, collectifs et forestiers. Les parcours collectifs non soumis au régime forestier (2,5 

millions d’hectares environ) n’ont pas bénéficié de cet effort national, en raison de leur complexe 

statut socio-foncier. 

L’État a chargé l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP) et la Direction générale des forêts (DGF) 

de l’application de cette stratégie, le premier pour les parcours privés et la seconde pour les parcours 

domaniaux et forestiers (dans le nouvel organigramme de l’OEP (2001), la question des parcours a été 

élevée au rang de sous-direction, tandis qu’elle est au rang de service au sein de la DGF). 

L’ODESYPANO et la Direction de conservation des eaux et du sol (CES) contribuent aussi à cet 

effort. Aux côtés de ces organismes, 600 coopératives lancées par le PAM dans les années 70 avaient 

pour objectif de créer des zones à vocation pastorale. Leur rôle s’est toutefois limité à la distribution 

des aides du PAM aux adhérents et elles sont actuellement en difficulté ou en veilleuse. En outre, les 

Associations forestières d’intérêt collectif (AFIC), créées en vertu du Code d’incitation aux 

investissements de 1988 (article 43), visent à promouvoir une participation effective de la population 

aux actions de protection et de développement du domaine forestier et d’exploitation des ressources 

forestières. 

4.3 Instruments d’incitation 

Le Code d’incitation aux investissements du 27 décembre 1993 concerne aussi l’élevage et les 

parcours. Les investissements sont classés en trois catégories - A, B et C -, selon le montant à investir, 

la zone bioclimatique de l’exploitation et une superficie-seuil (calculée en hectares), variable selon la 

spéculation. Certaines spéculations, les parcours notamment, bénéficient de primes particulièrement 

alléchantes, de l’ordre de 50 % (catégories A et B) ou 30 % (catégorie C). Le Fonds spécial pour le 

développement de l’agriculture (FOSDA) et la Banque de solidarité sociale (BTS) gèrent les fonds de 

crédit pour les petits et moyens exploitants. Certaines banques, en particulier la Banque nationale 

agricole (BNA), sont l’instrument de cette politique de crédit. 

En ce qui concerne les crédits de campagne, plusieurs circulaires de la Banque centrale de Tunisie 

(BCT) sont venues appuyer la volonté de l’État de motiver les exploitants agricoles et les éleveurs à se 

lancer dans de nouvelles entreprises : produire des cultures fourragères, les stocker et les transporter 

des zones d’abondance, au nord, vers le sud moins favorisé, et valoriser ces cultures grâce à 

l’engraissement des animaux, notamment des chamelons. Les prix vont de 27dinars par tête pour les 

ovins et les caprins à 230dinars par tête pour les chamelons. Le remboursement se fait dans une 

période variant de 6 à 12 mois. 




L’OEP pratique auprès des éleveurs privés un système de subvention, accompagné d’un suivi 

technique approprié et assidu, afin de les encourager à améliorer leur parcours. Un système de 

compensation est instauré à cet effet, afin de combler le manque à gagner durant la période de mise en 

défens des parcours améliorés. Pour cela, on prend comme base de calcul la valeur fourragère à 

compenser par hectare aménagé, qui est fixée à 160 unités fourragères (UF) par hectare et par an, en 

fonction de la production potentielle des parcours. Cette valeur est actuellement fixée à 45 dinars par 

hectare et par an, pour une période de trois ans pour les parcours pérennes et pour une année pour les 

resemis ; 15 dinars sont nécessairement donnés sous forme de transfert de technologie (traitement de 

la paille à l’urée, blocs alimentaires, élèves-béliers améliorateurs) et 30 dinars, en partie ou totalement, 

sous forme d’aliments concentrés ou de transfert de technologie. 

4.4 Instruments de suivi et d’arbitrage 

L’attention portée à la question du suivi et de l’évaluation n’est certes pas à la mesure de son 

importance. Différents organismes emploient, à des degrés divers, un certain nombre d’outils pour 

effectuer le suivi de projets et programmes, notamment de ceux impliquant la coopération 

internationale : rapports annuels, rapports de visite sur le terrain, procès-verbaux de réunions, rapports 

de fin de projet, et ainsi de suite. 

Cette démarche est cependant biaisée par deux phénomènes : 

- L’absence notable d’indicateurs, tout particulièrement au sein des projets et stratégies établis 

et financés par la Tunisie, ne permet une évaluation fiable de l’évolution des activités et des 

résultats. 

- Une seconde lacune est associée à cette première, à savoir le manque d’objectivité des 

évaluations effectuées. En effet, celles-ci sont souvent réalisées par ceux-là mêmes qui ont 

conçu les projets au sein des administrations, aussi le besoin d’une évaluation plus neutre et 

plus objective, effectuée par des experts non impliqués dans le système, se fait-il sentir. 

Pour ce qui est des questions d’arbitrage, la situation est diversifiée : 

- Le Code des forêts définit les droits d’usage, les cas de délits, les sanctions et les organes qui 

en sont chargés, en ce qui concerne les parcours des forêts et les parcours collectifs et 

domaniaux soumis au régime forestier. 

- Pour les parcours privés, les litiges sont résolus par entente ou devant les tribunaux. 

- Pour les terres collectives non soumises au régime forestier, il existe deux possibilités 

d’arbitrage: l’arbitrage informel, sur intervention des chefs de tribu et des chefs de famille, et 

l’arbitrage formel. Ce dernier peut à son tour prendre deux formes : l'action de suspension de 

trouble – il faut dans ce cas présenter la plainte devant le tribunal cantonal de la zone du litige 

– ou des procédures alternatives prévues par la loi faisant intervenir les structures de base. 

On compte deux échelles d’arbitrage : une échelle de première instance et une échelle de deuxième 

degré. Les litiges sont réglés selon deux critères fondamentaux, selon qu’il s’agit de terres el arch ou 

non et selon la situation de la terre objet du litige – suivant qu’il s’agit d’une même délégation ou que 

les limites s’étendent sur plusieurs délégations d’un même gouvernorat ou bien sur plusieurs 

gouvernorats. Les structures de base - Conseil de gestion (CG), Conseil de tutelle locale (CTL), 

Conseil de tutelle régionale (CTR) et Ministère du domaine de l’État et des affaires foncières - sont 

chacune habilitées à régler un certain type de conflits. Les décisions prises sont homologuées par le 

Gouverneur pour le CG et par le Ministère pour les CTL et les CTR. 




5. LES EXPERIENCES DE DEVOLUTION DE LA 

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES AU NIVEAU 

LOCAL 

Avant la dislocation de la vie tribale et la sédentarisation des nomades, la vie associative paysanne se 

caractérisait en Tunisie par son caractère informel, reposant sur une organisation traditionnelle où 

primaient des coutumes telles que le miaad . D’autres formes d’organisations informelles ont vu le 

jour après l’indépendance, comme les comités de développement promus par l’ODESYPANO. Ces 

derniers n’ont toutefois pas été à même de se formaliser et de se faire une place dans le panorama 

associatif du pays. Sur le plan formel, les principes associatifs et les approches participatives se sont 

développés en marge de la politique de développement rural, grâce à l’encouragement des bailleurs de 

fonds. La coopération tunisienne avec l’Allemagne (GTZ) et avec les États-Unis (USAID) a permis 

d’accélérer l’installation d’un petit nombre d’Associations d’intérêt collectif (AIC) - déjà connues à 

l’époque coloniale – dans les oasis, pour l’eau potable d’abord et pour l’eau d’irrigation ensuite, aux 

alentours des années 80. 

Divers types d’offices ont vu le jour : les offices de développement régional (Somnivas et office de 

Sidi Bouzid pour la Tunisie centrale), les offices étatiques de développement rural intégré – par grands 

ensembles régionaux –, les offices sectoriels (blé, huile, élevage…), puis les offices des périmètres 

irrigués, orientés vers les secteurs les plus rentables. Ces différents organismes ont permis de réaliser 

d’importants travaux, notamment la création d’infrastructures et d’équipements sociaux, la 

structuration de villages et de souks ruraux, l’implantation de petites entreprises agroalimentaires et 

activités extra agricoles multiples, et ainsi de suite. Cependant, si toutes ces réalisations ont certes été 

faites pour la population, elles l’ont été sans que celle-ci ait été consultée auparavant à leur sujet. 

Les années 70 on vu naître des Programmes de développement rural (PDR), puis des Programmes 

ruraux de développement (PRD), qui visaient essentiellement à réguler les tensions sociales. Les 

Projets de développement rural intégrés (PDRI) qui les ont suivis, de nature socio-économique, 

avaient pour objectif de résoudre ces tensions grâce à la création de richesses et de revenus durables. 

Les PDRI comportaient d’ailleurs une composante modeste d’amélioration des parcours. Cependant, 

l’effort de développement relevait encore exclusivement de l’administration et l’heure des approches 

participatives n’était pas encore venue. 

Avec la mise en place du Programme d’apurement structurel agricole (PASA), la politique de 

développement a commencé à s’intéresser à la participation des populations dans les projets. Le 

paysage institutionnel a aussi gagné en diversification, grâce à l’aide des bailleurs de fonds. Les AIC, 

devenues Groupements d’intérêt collectif (GIC), ont commencé à s’occuper non seulement de l’eau, 

mais aussi d’autres ressources naturelles telles que les ressources forestières (avec les AFIC) et les sols 

(travaux de CES avec les ACES). Il convient toutefois de noter l’absence d’associations 

sylvopastorales d’intérêt collectif. 

La vision sectorielle s’est peu à peu métamorphosée, devenant une vision globale supposant une 

implication plus poussée de la population. Cette volonté s’est traduite par la création des Groupements 

de développement agricole (GDA), en vertu de la loi du 10 mai 1999. Après une période d’hésitation 

sur leurs attributions, les GDA ont été chargés de la gestion des ressources naturelles, tandis que les 

opérations lucratives ont été laissées aux Coopératives de services agricoles (CSA). Une prise de 

conscience généralisée s’est emparée de tous les acteurs du développement, y compris les populations. 

Cette tendance s’est concrétisée, en 2001, par une consultation nationale à laquelle ont participé les 

organisations professionnelles. En ce qui concerne plus précisément les parcours, il convient de suivre 

de près l’expérience en cours entreprise par le projet PRODESUD, afin d’en tirer en temps utile les 

conclusions relatives au rôle des GDA dans la gestion des parcours collectifs. 

Cette évolution ne doit pas pour autant faire oublier que les parcours et les pasteurs disposent depuis 

longtemps des organes de gestion suivants : 




- Le Conseil de gestion (CG) des terres collectives : Créé par la loi 23 du 4 juin 1964, il 

remplace le conseil de notables dans les territoires militaires et le conseil de gestion dans les 

territoires civils. Ses membres sont élus pour 5 ans. Ses actes sont soumis à la tutelle de 

l’administration. Parmi les nombreuses tâches qui lui ont été dévolues, seule l’attribution à 

titre privé des terres collectives a été en grande partie réalisée (l’opération a concerné environ 

1,5 million d’hectares). 

- Le Conseil de tutelle locale (CTL) : Selon la loi du 8 février 1987, ce conseil siège dans 

chaque délégation des régions à parcours. Ses membres sont désignés par les autorités. Il a 

pour rôle de superviser le CG, de délimiter les terres collectives, d’arbitrer les conflits fonciers 

et de donner un avis quant à l’attribution des terres collectives à titre privé. Son aptitude à agir 

sur le terrain demande toutefois à être renforcée. 

- Le Conseil de tutelle régionale (CTR) : Ses membres sont désignés et il a pour fonction de 

définir les programmes de mise en valeur des terres collectives et de se prononcer sur les 

recours en cas de conflits fonciers. Ses performances sur le terrain demandent, elles aussi, à 

être améliorées. 

6. RESULTATS ET BILAN DE LA MISE EN ŒUVRE DES 

POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT PASTORAL DANS LA REGION 

DU SUD 

L’absence de cadre logique lors de l’établissement des stratégies nationales - notamment celles en 

matière de parcours - a conduit à l’absence d’un système de suivi-évaluation fiable. En outre, les 

résultats mettent surtout en évidence l’amélioration de la connaissance du milieu physique et des 

ressources pastorales du centre et du sud, montrant le faible impact que les actions menées ont eu sur 

l’organisation des populations, la gestion des espaces pastoraux, l’optimisation des systèmes 

d’exploitation et de production et la préservation des ressources naturelles. Cela peut s’expliquer par 

des raisons diverses, notamment l’approche sectorielle suivie pour la réalisation des objectifs – qui a 

suivi une perspective résolument technique, pour ne pas dire « techniciste », ne tenant pas ou peu 

compte des volets fonciers et socio-économiques –, ainsi que la mainmise de l’administration et la non 

implication des éleveurs, étroitement liées, ces derniers étant de simples bénéficiaires passifs des 

retombées attendues des projets. 

En termes de bilan physique, l’évaluation de la première stratégie (1990-2000) réalisée en 1999 

montre un taux moyen de réalisation de l’ordre de 21%, soit 476 000 hectares concernés. Bien que 

cette part soit faible, les réalisations de la décennie précédente (1980-1989) ont toutefois été 

multipliées, respectivement par 2,26 pour les arbustes fourragers, 2,6 pour le cactus inerme et 2,8 

pour la mise en défens et le resemis. Outre les améliorations pastorales à proprement parler, 119 puits 

de surface, 365 citernes publiques, 105 abreuvoirs, 12 aires de manutention des animaux et 38 aires 

d’ombrage ont été aménagés, et leur gestion confiée aux associations d’éleveurs de chameaux. 

Suite à cette évaluation, l’administration a décidé de poursuivre le programme d’amélioration des 

parcours dans le cadre d’une deuxième stratégie (2002-2011), sans que le problème de la gestion des 

terres collectives ait pour autant été résolu. Ces terres ont ainsi été à nouveau tenues à l’écart, l’avis 

des pasteurs à ce sujet n’ayant pas été pris en compte. Ce programme porte sur 650 000 hectares, dont 

210 000 hectares d’arbustes, 165 000 hectares de cactus et 270 000 hectares de mise en défense et de 

resemis, pour un montant global de 335 millions de dinars. 




Cette deuxième stratégie devrait permettre de fournir 200 millions d’unités fourragères (UF) 

complémentaires (200 000 tonnes d’équivalent orge), susceptibles de produire 10 000 tonnes de 

viande rouge. Elle devrait par ailleurs générer 6,5 millions de journées de travail et insuffler une 

dynamique de création de petites entreprises. En outre, 300 000 hectares supplémentaires devraient 

être introduits dans le cycle d’exploitation des parcours, grâce à l’ouverture de nouvelles pistes, à la 

réalisation de nouveaux puits et forages et à l’installation de nouvelles infrastructures d’appui 

(abreuvoirs). 

Si ces perspectives signalent un effort remarquable, on ne peut néanmoins en occulter les carences, ce 

programme excluant presque toutes les terres collectives, et donc le Centre et surtout le Sud. On sait 

pourtant aujourd’hui que des techniques appropriées telles que les mises en repos, les scarifiages ou 

les resemis, pourraient s’avérer très efficaces, mais celles-ci impliquent une gestion collective dont les 

décideurs craignent sans doute qu’elle ne soit pas encore bien maîtrisée, ce qui expliquerait leur 

réticence. En parallèle, les éleveurs, qui devraient constituer la cible de toutes ces améliorations, n’ont 

pas été considérés comme l’élément central de cette dynamique de développement. 

L’amélioration des parcours se heurte à un certain nombre de problèmes de tous ordres : les mauvaises 

terres, l’absence fréquente de points d’eau, l’accès malaisé aux semences pastorales, l’encadrement 

insuffisant, la difficulté d’obtenir des financements étrangers en matière de parcours, le faible intérêt 

des privés, presque exclusivement motivés par le système de subvention-compensation, la faiblesse 

des organisations socioprofessionnelles, l’effritement des pouvoirs traditionnels et le manque de 

relève, la non implication des populations cibles dans les processus, le désir d’appropriation très fort, 

la discorde entre ayant droits et usagers, le choix stratégique de l’État en faveur de l’arboriculture pour 

la modernisation, l’insuffisance des fonds alloués, la politique de sauvegarde du cheptel menant au 

surpâturage, la disparition progressive du métier de berger et de chamelier, le manque de résultats de 

recherche applicables, l’absence de système de suivi-évaluation… 

Sur la base de l’évaluation effectuée pour la décennie 1990-1999, l’État a cependant pris les décisions 

suivantes afin de faire face à ces difficultés : 

- élaboration d’études approfondies pour les grands périmètres pastoraux à Dhahar et El Ouara, 

afin de mieux cerner les problèmes socio-institutionnels ; 

- élaboration de cartes agricoles visant à délimiter les terres à vocation pastorale ; 

- promulgation des lois relatives à la création des GDA ; 

- consolidation du programme d’infrastructure hydraulique pastorale ; 

- mise en œuvre d’un plan de sauvegarde du cheptel ; 

- lancement d’une étude sur la gestion de la sécheresse. 

7. ENSEIGNEMENTS DE L’EXPERIENCE TUNISIENNE 

La problématique de l’aménagement et de la gestion des parcours est complexe et diversifiée. Elle 

touche aussi bien les questions d’orientation technique que celles liées à la durabilité des ressources 

pastorales et à la gestion collective des biens communs - et donc aux modalités et au rôle de la 

population dans cette dernière. Ainsi, la politique nationale ne se trouve pas exempte de paradoxes : si 

elle entend d’une part protéger l’environnement et rationaliser l’utilisation des ressources naturelles, 

elle continue d’autre part à attribuer les terres collectives et à fermer les yeux sur l’utilisation illégale 

de la charrue polydisque ; si elle vante les mérites des organisations et des associations 

professionnelles, elle ne se montre pas encore prête à leur attribuer les pouvoirs nécessaires. Et la 

population cible elle-même oscille entre une volonté de plus grande autonomie et l’habitude de voir 

l’État agir en son nom. 




7.1 La recherche 

La recherche agricole est assez bien ancrée dans le paysage scientifique tunisien. Si elle est 

relativement prolifique, elle demeure cependant dispersée, néglige largement les aspects socioéconomiques, 

et n’est pas féconde en modèles pratiques, transposables à grande échelle et faciles à 

être appropriés par les agriculteurs. Et même lorsque de tels modèles existent, c’est alors le transfert 

de technologie qui fait défaut, car le système de communication n’est pas doté des mécanismes lui 

permettant de jouer convenablement son rôle de courroie de transmission. 

Ce problème ne se pose pas véritablement au niveau des fermes d’État, sous réserve que les 

gestionnaires soient eux-mêmes convaincus et les chercheurs disponibles. Un point de faiblesse 

concerne cependant la bonne exploitation des superficies plantées. 

La question du transfert de technologie reste en revanche épineuse pour les terres collectives, où les 

interlocuteurs sont difficiles à identifier, de même que pour les terres privées, où les interlocuteurs 

sont généralement peu instruits et peu au fait des résultats scientifiques et ne disposent pas de moyens 

suffisants. 

Une expérience s’est toutefois révélée relativement positive, à savoir le programme d’amélioration des 

parcours privés fondé sur un système de subvention-compensation géré par l’OEP. La valeur 

fourragère compensée par hectare est de 45 dinars par an (pour 160 UF par hectare) depuis 1998. Une 

partie - 15dinars par hectare et par an (pour 40-50 UF par hectare) - est attribuée obligatoirement sous 

forme de paquet technologique. La compensation aidant, l’engouement des éleveurs a permis 

d’intervenir sur quelque 97 329 hectares de parcours améliorés, à raison de 627 tonnes de blocs 

alimentaires, 6 525 tonnes de paille traitée à l’urée et à 595 élèves-béliers améliorateurs distribués. 

Sans oublier que ce n’est là qu’une approche participative embryonnaire, il serait sans doute 

intéressant d’étudier, sur un site pilote, l’implication des GDA dans des démarches de ce type sur des 

terres collectives. 

Enfin, il convient de rappeler que les parcours constituent un milieu hostile et fragile, qui pose de 

manière aiguë le problème de la durabilité et de la gestion des ressources naturelles. En Tunisie 

l’expérience vécue dans ce domaine est mitigée. Si rien n’est encore acquis, une tendance se dessine 

pourtant : le système top-down est remis en cause, le processus d’autonomisation est en cours, le cadre 

juridique évolue, une prise de conscience et une volonté politique sont affichées. Eu égard à la 

fragilité des espaces pastoraux au centre et au sud du pays, aucune intervention ne peut être dorénavant 

effectuée sans en avoir au préalable étudié l’impact. Par ailleurs, la mise en valeur des terres 

collectives privatisées, grâce à l’arboriculture notamment, rend l’écosystème encore plus fragile, aussi 

la vigilance est-elle de rigueur. 

7.2 La gestion associative des parcours 

La disparition du système traditionnel, soucieux des équilibres de la nature, sous l’effet de la 

privatisation des terres collectives, de la sédentarisation et de la scolarisation, a entraîné la 

désagrégation du système pastoral ancien, adapté à ces conditions difficiles. A cela s’est ajouté le 

surpâturage, fruit de la diminution des terres de parcours (30 000 hectares de moins depuis 1970) et de 

l’augmentation des effectifs du cheptel due aux subventions de sauvegarde. Ces facteurs conjugués ont 

conduit à la dégradation des parcours, avec la disparition des plantes de meilleure qualité et 

l’appauvrissement des sols. Pour endiguer ce fléau, des mesures de divers ordres s’imposent : la 

recherche doit poursuivre la quête de solutions adéquates ; le programme d’amélioration des parcours 

doit être renforcé, et s’étendre notamment sur les terres collectives du sud en responsabilisant 

davantage les organisations professionnelles ; l’attribution des terres de parcours doit être 

définitivement arrêtée et la législation sur l’utilisation de la charrue polydisque doit être 

rigoureusement appliquée. 




Ce domaine reste cependant confronté à de nombreux problèmes relatifs à la gestion institutionnelle, 

socioéconomique et technique des parcours. Certaines expériences permettent cependant de dégager 

des pistes de caractère méthodologique et institutionnel pour la promotion des structures de base. 

L’administration s’implique fortement dans la création et le fonctionnement des organisations locales, 

dont la viabilité dépend largement du degré de son soutien. En effet, ces structures manquent souvent 

de ressources financières, matérielles et humaines et souffrent donc d’un manque d’autonomie. 

Jusqu’à présent, l’État n’a pas encore su ou pu développer une politique qui entende les aider à devenir 

de véritables organisations locales, aptes à répondre aux besoins identifiés par les communautés 

mêmes qu’elles sont censées encadrer. Les conseils de gestion des parcours collectifs, pour leur part, 

n’ont pas apporté de solutions pratiques au problème de la gestion des terres collectives, ayant limité 

leur rôle à l’attribution des parcours privatisés. 

A l’heure actuelle, l’administration, comme les autres opérateurs impliqués, n’ont pas une vision claire 

des interactions et interfaces entre les Comités de gestion (CG) et les Groupements de développement 

agricole (GDA) nouvellement créés. Cela est d’autant plus délicat que les CG ont un caractère social et 

sont sous la tutelle de la Direction générale des affaires foncières et juridiques, tandis que les GDA ont 

un rôle de développement et de service et relèvent de la Direction générale du financement, des 

investissements et des structures professionnelles. 

La relation top down continue de prévaloir, dans les activités directes de l’administration comme dans 

les projets de coopération. Par manque d’une formation et d’une culture administrative adéquate, qui 

comprenne les vrais enjeux de la participation, le défi consiste alors à profiter des avantages offerts en 

ne jouant qu’en façade le jeu de l’approche participative, approche par ailleurs limitée à ses purs 

aspects techniques au détriment des volets socioéconomiques. 

En matière de parcours, les populations locales, traditionnellement organisées autour de l’exploitation 

collective de ces derniers, s’individualisent de plus en plus, dans un espace pastoral qui se privatise et 

s’effrite. Face à ces réalités, force est de constater que la mainmise de l’administration ne favorise pas 

l’éclosion d’organisations locales responsables, susceptibles de concevoir, identifier, exécuter et 

évaluer des projets. La synergie fait aussi défaut, et les groupements nouvellement créés souffrent 

d’un certain isolement par rapport à leur environnement local et régional (conseils ruraux et locaux, 

CDRA, DR de l’OEP), de même qu’ils apparaissent relativement coupés des associations d’éleveurs 

de camélidés. Ces constats montrent que les GDA, les associations, les conseils et les administrations 

locales manquent encore d’une vision commune de la nécessaire démarche collective. 

7.3 De nouvelles orientations pour une autonomisation des populations 

pastorales 

Les leçons que l'on tire de l'expérience tunisienne incitent à recommander quelques nouvelles 

orientations. L'une des mesures importantes serait de doter le pays d’un Code de développement 

pastoral, comportant la création d’un « Fonds pastoral » destiné à financer, à des conditions 

avantageuses, tout ce qui se rapporte aux parcours et à leur environnement. Il serait par ailleurs 

impératif de charger un organisme national de coordonner et harmoniser l’ensemble des activités, 

orientations, politiques et approches relatives au parcours. 

Il apparaît alors judicieux de se poser la question suivante : en Tunisie, les politiques en matière de 

ressources naturelles – en en particulier de parcours – ont-elles favorisé une gestion participative de 

ces ressources, associée à une autonomisation des groupes locaux ? La réponse, on l’a vu, est plutôt 

nuancée. En effet, la population cible n’est approchée par les techniciens concepteurs des projets que 

lorsque les choses ont été déjà élaborées, pour les lui expliquer et obtenir d’elle, en guise d’approche 

participative, son intervention aux travaux manuels et sa contribution à l’effort financier. 




De telles orientations se heurtent en outre aux attitudes négatives de la population déjà conditionnée 

par le colonialisme puis par le collectivisme à outrance des années 60. Celle-ci a acquis des réflexes de 

défense et a encore peur de se prendre en charge. Certaines conditions pourraient cependant favoriser 

l’autonomisation des structures de base : 

- La population locale devrait faire une sorte d’apprentissage : développer de l’intérieur une 

capacité de négocier tout ce qui se rapporte à ses intérêts, sans tomber dans les revendications 

anarchistes. Il s’agirait ainsi d’apprendre à dire son avis sans peur et sans arrogance et donc 

apprendre à accepter et à respecter les avis différents. La relation top-down en sa défaveur 

pourrait ainsi se transformer en une relation de participation avec les autorités. 

- L’autorité devrait faire elle aussi une autre sorte d’apprentissage : devenir plus perméable aux 

critiques constructives et aux avis contraires aux siens. La relation top-down en sa faveur 

devrait alors basculer petit à petit vers une relation « horizontale » de partenariat avec les 

structures de base. Pour ce faire, elle devrait être assurée que l’autre partie n’est pas intéressée 

par le pouvoir en tant que tel. 

Il s'agit là cependant d'un processus de longue haleine où les deux parties devront apprendre de 

nouveaux réflexes et développer de nouvelles attitudes et désapprendre les anciens réflexes et se 

décharger des anciennes attitudes. 

7.4 Pour des scénarios évolutifs 

Pour terminer cet examen des politiques pastorales dans leur rapport avec l'autonomisation, on s'est 

proposé d'examiner certains scénarios de l’évolution possible du problème pastoral. 

• La tendance actuelle : cette démarche est lente et prudente. Elle favorise un ancrage des 

principes de la démocratisation-autonomisation par l’amélioration progressive de 

l’environnement politique, social, éducationnel, matériel, etc. Les élections primaires, qui 

ont eu lieu en 2005 (dans le cadre de la préparation des élections municipales du 8 mai) 

pour la première fois dans la vie du parti politique au pouvoir, de même que le 

foisonnement des associations de développement, culturelles et autres (qui sont passées de 

500 avant 1987 à plus de 7 000 maintenant), illustrent bien cette prise de position vers 

l’ouverture et la responsabilisation de la base. On peut certes lui reprocher qu’elle émane 

de la volonté très louable du « leader » et risque de ne pas devenir irréversible si cette 

volonté venait à disparaître. Néanmoins, la création d’associations d’éleveurs (ovins, 

caprins, etc.) par l’OEP, qui a accompagné ces dernières dans ce processus sans dicter son 

propre point de vue mais dans le respect de la législation existante, peut devenir un 

exemple à méditer : ces associations ont en effet été dotées de prérogatives qui les rendent 

utiles et incontournables aux yeux des éleveurs, qui voient en elles la référence à laquelle 

s’adresser pour résoudre leurs problèmes. 

• L’autonomie effrénée : On peut imaginer cette tendance, dans le seul but d’aiguiser la 

discussion et d’envisager l’éventail des possibles. Imaginons donc que les mentalités 

changent d’un extrême à l’autre, de la situation figée actuelle à une démocratisation 

débridée dans un avenir immédiat. Les mentalités et les réflexes étant difficiles à corriger 

sans un apprentissage lent et pénible - dont les résultats ne sont d’ailleurs pas garantis -, 

nous verrions probablement alors surgir des dérapages de tout bord et des contradictions 

inconciliables, entre les vœux des structures de base, centrées sur la culture 

arabomusulmane, qui fonctionneraient sans retenue, et les autorités qui devraient par 

contre tenir compte des conditions internationales et des forces sur la scène mondiale. Ce 

scénario reste toutefois peu probable en Tunisie. 

• La « municipalisation » des espaces pastoraux : Le but d’une telle démarche serait de 

créer, dans les espaces pastoraux, des « municipalités » ayant des caractéristiques 

d’autonomisation bien évidentes, à l’instar des municipalités de type urbain : le pouvoir 




serait représentatif et local ; les membres seraient élus démocratiquement ; les 

programmes émaneraient des besoins réels de la population, etc. Elles veilleraient au bienêtre 

des pasteurs, à la scolarisation des enfants et à la gestion efficace des parcours. Le 

budget pourrait provenir, pour partie, du budget de l’État et pour une autre partie, de 

prélèvements sur les productions animales effectués sur le parcours (animaux vendus sur 

pieds, viande…). 

• La solution extrême : Ce scénario consisterait à charger le parti au pouvoir, bien ancré 

dans toutes les régions et au niveau de toutes les couches de la population, du 

développement du parcours et de la conservation des espaces pastoraux. Il convient de 

rappeler à cet égard que ce même parti a mené la campagne de collectivisation dans les 

années 60, a été chargé d’accompagner le changement à partir de novembre 1987 et 

d’expliquer le phénomène de la mondialisation depuis quelques années. Cependant, il faut 

noter que les bailleurs de fonds et les pays étrangers ne sont pas très sensibles au 

développement du parcours considéré isolément. Il faudrait inscrire dans ce contexte des 

questions relatives à l’environnement, aux ressources naturelles et à la préservation du 

patrimoine. Beaucoup de pays du Maghreb et de la rive nord de la Méditerranée seraient 

alors intéressés, notamment les seconds afin de se protéger de la désertification rampante 

du sud vers le nord. 

La tendance actuelle a toutes les chances de se poursuivre dans le cadre d’une démarche prudente où 

les leviers de commande resteront entre les mains de l’autorité, avec un processus démocratique dosé 

de façon homéopathique. L’expérience des GDA conduite dans le cadre du projet PRODESUD 

pourrait cependant indiquer des pistes pour une évolution plus rapide et plus complète. 




CHAPITRE III 

ANALYSE ET MESURE DES ÉTATS DES AGENTS 

INDIVIDUELS ET LEURS RAPPORTS AVEC 

L’AUTONOMISATION 

1. INTRODUCTION ET CONCEPTS 

Le concept d’autonomie est né en Grèce et en matière de concepts on ne prête qu’aux 

philosophes. 

Lorsque paraît le concept d’autonomie, il implique l’aptitude à émerger de situations conflictuelles en 

se constituant des alliés en nombre suffisant. Penser l’autonomie est penser ses rapports aux autres, 

dans le double but de ne pas leur être assujetti et de leur montrer les bénéfices qu’ils peuvent tirer de 

l’autonomie. Plus que l’indépendance, elle comporte une modalité relationnelle. Celle-là implique 

d’une part d’identifier les dangers dont certains menacent l’exercice de l’autonomie et, d’autre part, de 

reconnaître la nécessité de s’accorder avec d’autres, dont les ressources sont indispensables à la mise 

en oeuvre et au respect des lois propres par lesquelles la cité se constitue autonome. 

Il est remarquable que les athéniens, qui ont été capables de concevoir leur autonomie politique, 

n’aient pas développé une pensée de l’autonomie personnelle. Jean-Pierre Vernant (1996) ∗ montre 

comment « leur représentation de l’individu ne traduit pas la singularité de notre être, son originalité 

foncière… L’âme est impersonnelle ou suprapersonnelle. En nous, elle est au-delà de nous, sa fonction 

n’étant pas d’assurer notre particularité d’être humain, mais de nous en libérer en nous intégrant à 

l’ordre cosmique ou divin ». Pour les Grecs anciens, « la connaissance de soi et le rapport à soi-même 

ne peuvent s’établir directement » car l’identité d’un individu ne se définit que par ce que les 

autres voient et disent de lui « pour se faire reconnaître, il faut l’emporter sur ses rivaux dans une 

incessante compétition pour la gloire. » 

Il faudra près de vingt siècles pour acquérir l’idée qu’une intériorité subjective consistante appartient, 

avec ses lois propres, à l’individu humain, lui conférant la possibilité de vivre sa vie d’une manière 

autonome, à son propre compte. 

Concernant la langue française, le dictionnaire étymologique Robert indique que les premières 

apparitions de l’autonomie avec sa signification individuelle datent du XIX e siècle. Même après, le 

concept est plus fréquemment utilisé en ses dimensions sociales et politiques. 

Ce décalage dans le temps donne à réfléchir sur la difficulté de constituer l’individu comme 

autonome. Parmi les auteurs qui ont entrepris de donner un aperçu de l’histoire de l’individuation 

humaine, nous nous référons ici à la thèse d’Ignace Meyerson (1948) ∗∗ . Il y présente une histoire de la 

notion de personne, dont il souligne la complexité, la non-linéarité, l’inachèvement. Il montre 

différents aspects dont la convergence aide à élaborer le concept d’autonomie personnelle tandis que 

leurs moments d’apparition, dans les langues et les œuvres, ont été très éloignés les uns des autres. 

∗ Vernant, J.-P.1996. Entre mythe et politique, Paris, Le Seuil. 

∗∗ Meyerson, I. 1948. Les fonctions psychologiques et les œuvres, Paris, Vrin ; Paris, Albin Michel, 1995. 

Chapitre III. Analyse et mesure des états des agents individuels et leurs rapports avec l’autonomisation 36



Une histoire de la notion de personne selon I. Meyerson 

Meyerson, en fondant la psychologie historique, a inventé un domaine de recherche spécifique : 

l’évolution des fonctions du psychisme humain. A l’encontre d’une idée reçue selon laquelle le moi, la 

conscience de soi, l’idée d’être une personne, seraient donnés de façon directe, immédiate et primitive, 

l’auteur établit que ces notions sont construites, complexes, tardives, et qu’elles ont une histoire. Il est 

possible d’en constituer des approches en examinant des recueils de faits sociaux, linguistiques, 

religieux, moraux. 

De cet aperçu historique, que nous ne pouvons détailler ici, nous retenons particulièrement trois points 

critiques stimulant la réflexion : 

• L’autonomie du sujet individuel est solidaire des processus sociaux favorables à 

l’individuation, dont résulte l’individualisme contemporain ; 

• L’autonomie est instable. Elle se constitue dans une tension entre des processus d’imitation, 

de dispersion, sous l’effet des contraintes extérieures et un mouvement de reprise en soi, pour 

élaborer une cohérence personnelle à travers les rôles assumés et les changements consentis. 

Elle comporte des moments forts et privilégiés, où le sujet est au principe d’un 

commencement. Mais elle peut régresser, disparaître dans des situations aliénantes mal 

maîtrisées. L’acquisition de l’autonomie individuelle n’est pas garantie définitivement, de 

même que le concept en est encore à un stade d’élaboration inachevée ; 

• Marcel Gauchet (1988) *** analyse l’émergence d’un « hyper individualisme » contemporain 

qu’il caractérise par la perte d’une relation positive à une précédence sociale et culturelle. 

Cette forme d’individualisme produit une régression des aptitudes à l’autonomie personnelle 

en dégradant le principe des relations aux autres. 

Construction de l’autonomie et subjectivité individuelle 

L’autonomie individuelle est un changement d’altérité. De même que les sociétés ont compris leur 

autonomie collective bien avant de pouvoir accéder à celui de l’autonomie. Le sujet commence sa vie 

sous la loi d’un autre que lui-même. Lois, normes, valeurs, idéaux le précèdent. A l’extérieur de lui, la 

réalité sociale impose ses organisations. A l’intérieur de lui, ses premières instances psychiques 

donnent aux attachements qui le font vivre la forme et la signification d’un assujettissement nécessaire 

et désirable. Un autre qui précède, est intériorisé comme Surmoi et comme Idéal du Moi. Le Moi y 

trouve ses règles, ou croit les trouver. L’autonomisation impliquera donc un déplacement du sujet par 

rapport à ce qu’il a primitivement intériorisé de l’autre, déjà là, précèdent. 

La croisée des autonomies collectives et individuelles 

On l’a vu, l’autonomie collective précède, de loin, l’autonomie individuelle. C’est pourquoi, dans 

l’opinion, un individu est réputé libre et autonome dès lors qu’il appartient à un corps social qui s’est 

acquis les conditions de son autonomie. Cependant, la connaissance plus tardivement acquise et 

encore inachevée, des conditions qui permettent à un individu de passer d’un régime hétéronomique 

qui, d’abord, lui est indispensable et primordial, à celui psychiquement plus coûteux de l’autonomie 

politique d’un corps social et l’autonomie psychique de ses membres indique la direction de marche de 

notre civilisation. 

La psychosociologie, à sa naissance, introduit l’autonomie des acteurs dans les données relatives au 

fonctionnement de l’organisation. Elle est née de l’intuition que les crises modernes ont besoin d’être 

analysées en termes de rapports conflictuels entre, d’une part, des logiques d’organisation visant 

*** Gauchet, M. 1998. « Essai de psychologie contemporaine. Un nouvel âge de la personnalité », Le 

Débat. 




l’efficacité et, d’autre part, des processus psychiques de construction de l’autonomie individuelle dans 

des conditions difficiles et contraires à plusieurs de ses aspects. La psychosociologie est entrée en 

scène en inventant des dispositifs d’intervention en organisation, dont la particularité est de solliciter 

les acteurs vers une posture d’autonomie, alors que des logiques institutionnelles leur imposent des 

lois, nécessairement contraignantes et dont certains aspects leur sont étrangers. Le but de cette 

invention est de renouveler la compréhension de malaises collectifs en y introduisant un paramètre 

plus individuel (Attitude, perception, cognition, implication, satisfaction, maîtrise, coping, 

engagement,…..). Le renouvellement visé passe par le fait de dépasser les seuls points de vue des 

détenteurs du pouvoir, en les comparant à d’autres. 

Dans notre projet de recherche 

L’engagement de la population suppose au préalable que la collectivité rurale en tant que groupe 

social opérant sur un espace soit reconnue comme un acteur à part entière et se perçoive comme tel. 

L’engagement suppose en outre que l’acteur soit en situation de pouvoir choisir. L’autonomisation est 

ainsi définie comme une expansion des possibilités de choix d’un agent (individu ou collectivité) ou 

encore une capacité accrue de transformer des ressources en résultats. L’autonomie d’un acteur fait 

qu’il est un agent du changement et non simple bénéficiaire ou une victime de ce changement. 

L’instrument qui nous permettra de mesurer le degré d’autonomie de l’agent couvrira une partie des 

états constituant le modèle théorique (Attitude, Ressource, Aspiration/Réalisation, perception) 

proposé par El Harizi (2004) 

Qu’est ce que l’attitude ? 

L’attitude peut être définie comme une tendance psychologique, c’est un état interne du sujet qui 

s’inscrit dans une certaine durée, qui s’exprime par le biais de l’évaluation d’un objet avec un certain 

degré de « favorabilité ». Avoir une attitude, c’est situer un objet attitudinal sur une dimension 

évaluative. L’évaluation d’un objet attitudinal se distingue par une direction (soit vers le pôle positif, 

soit vers le pôle négatif) et une intensité (qui peut aller de « pas du tout » à extrêmement). La nature 

de l’objet attitudinal est virtuellement infinie : il peut s’agir de choses bien concrètes comme un 

olivier ou un puits d’eau, d’éléments abstraits tels que voter aux prochaines élections législatives ou 

effectuer un don en faveur d’une œuvre de bienfaisance. En tant que variable intermédiaire, l’attitude 

échappe donc à l’observation directe. Elle requiert la création d’instruments de mesure spécifiques 

dont les développements décisifs remontent aux années 1930. 

La dimension affective recouvre les sentiments, les émotions, les humeurs, etc., que suscite un objet 

attitudinal. Dire que la sécheresse fait peur renvoie sans nul doute à cette catégorie de réponses. La 

dimension cognitive concerne les idées et les croyances d’un individu au sujet d’un objet attitudinal. 

Penser que l’écologie exige une nouvelle conception des modes de production dans l’activité pastorale 

constitue un exemple de la composante cognitive de l’attitude face à l’écologie. Enfin, la dimension 

comportementale regroupe les comportements observables et surtout leurs antécédents directs, à savoir 

les intentions. 

La relation entre l’attitude et le comportement 

Si les psychologues sociaux ont consacré tant d’efforts à mesurer les attitudes, c’est avant tout parce 

que les réponses attitudinales sont censées permettre la prédiction du comportement. De toute 

évidence, le comportement n’est pas contraint par la seule attitude de son auteur. Dans un compterendu 

resté fameux, Fishbein et Ajzen (1974) insistent sur le fait que le même soin doit être apporté à 

la mesure du comportement qu’à la mesure de l’attitude si l’on espère observer une forte relation entre 

les deux entités. En particulier, les principes psychométriques qui président à la détermination d’une 

mesure attitudinale fiable (rassembler un nombre substantiel d’items individuellement imparfaits mais 

conjointement efficaces) doivent guider le travail de mesure du comportement. Prédire un 




comportement précis (participer activement à la campagne de sensibilisation à la rationalisation de la 

consommation de l’eau organisée par le CRDA) doit rester possible pour que l’on s’intéresse à une 

attitude toute aussi précise. Pour Ajzen et Fishbein, il convient d’accorder le niveau de spécificité des 

attitudes et des comportements en tenant compte de l’action , de la cible, du contexte et du temps. A la 

condition que l’attitude mesurée soit en totale compatibilité avec le comportement que l’on veut 

prédire, le niveau de corrélation pourra atteindre un niveau acceptable. 

La théorie de l’action raisonnée de Fishbein et Ajzen constitue sans aucun doute la référence 

principale pour tout chercheur qui ambitionne de prédire les comportements. Selon ces auteurs, le 

déterminant immédiat du comportement est l’intention de réaliser ce comportement. Cette intention 

s’appuie d’une part sur l’attitude à l’égard du comportement et d’autre part sur les normes subjectives. 

L’attitude se base sur la perception des conséquences de la réalisation du comportement et de leur 

caractère favorable ou défavorable. Les normes subjectives concernent les attentes de notre entourage 

vis-à-vis du comportement et notre volonté de nous y conformer. Par exemple, pour savoir si vous 

allez effectivement semer pour y augmenter la productivité du pâturage, il faut s’interroger sur votre 

intention de procéder à cette modification. 

Rassurés sur le fait que l’attitude constitue un bon « prédicteur » du comportement, les psychologues 

sociaux se sont ensuite penchés sur les facteurs qui modulent la relation entre l’attitude et le 

comportement. Certains se sont intéressés aux modes de formation des attitudes : une attitude basée 

sur l’expérience directe offre davantage de garanties quant à la prédiction du comportement. Ancrée 

dans l’expérience, l’attitude est mieux définie, plus durable et plus résistante aux changements. Pour 

d’autres chercheurs, les caractéristiques de personnalité ont également leur importance. Dans ses 

recherches sur la tendance à l’autosurveillance (le self-monitoring), Snyder estime que certains 

individus sont plus soucieux d’agir en étroite correspondance avec leurs attitudes alors que d’autres 

sont plus sensibles aux exigences immédiates de la situation. En toute logique, on observe une relation 

entre attitude et comportement davantage étroite pour le premier type d’individus. Wicklund distingue 

quant à lui les gens selon qu’ils sont fortement ou peu conscients d’eux-mêmes. Les attitudes des 

premiers guideront le comportement plus que celles des seconds. Le même effet d’attention accrue 

peut résulter de circonstances particulières dans lesquelles se trouve l’individu. 

De manière générale, les travaux indiquent également que les attitudes ont d’autant plus d’impact sur 

le comportement que les individus ont pu y songer avant d’agir. Dans le cas inverse, on n’agit jamais 

qu’en fonction de conventions sociales. Même le gai luron se comportera avec dignité lors de 

cérémonie funéraire ! 

Cognition, perception et représentations 

Les attitudes impliquent une évaluation de quelque chose ou de quelqu’un. Quand les personnes 

expriment leurs attitudes, elles utilisent des formules compatibles avec leur façon de parler ou de 

penser. Elles ont un souci de cohérence. On peut remarquer aussi que notre vision des problèmes 

personnels et sociaux est sélective et que certains aspects de la réalité nous paraissent importants, 

marquants (saillant) alors que d’autres n’ont guère d’importance à nos yeux. Ces centres d’intérêt 

sont souvent collectifs, partagés, et les différents groupes élaborent une perception et des 

attitudes communes. Quand celles-ci leur permettent de se démarquer les unes des autres, on les 

appelle des représentations sociales. 

Q’en est-il de la perception des activités socio-économiques 

La perception est «la forme la plus intuitive de la cognition ». L’environnement économique n’est pas 

un objet de perception très simple. Ses propriétés sont nombreuses et complexes : il est multimodal, 

multidimensionnel, et ne produit pas qu’un seul type d’information. Les objets économiques ont aussi 

des caractéristiques physiques (image, toucher, odeur, goût) et des caractéristiques sociales (prestige) 

et sémiologiques (références culturelles). Les objets économiques contiennent plus d’informations que 




les individus ne peuvent en traiter. Il est impossible d’en percevoir la totalité (l’activité pastorale). 

L’information économique est à la fois centrale et périphérique: elle est extérieure au sujet, abstraite, 

mais elle fait partie du vécu et concerne directement son mode de vie. L’environnement économique 

implique une action de la part de celui qui s’y trouve; il est conçu par et pour l’homme. Il force 

l’observateur à devenir participant, à l’explorer. Il est impliquant. L’information n’est pas seulement 

reçue, elle est recherchée pour sa « validité fonctionnelle ». L’environnement économique est aussi 

générateur d’une ambiance, d’un climat économique, parfois difficile à décrire, mais omniprésent (la 

morosité) qui marque affectivement l’activité sociale et économique. Il en résulte que l’activité de 

perception d’un tel ensemble d’informations est caractérisée par quatre processus en interaction : 

• une réponse émotionnelle affective ; 

• un processus cognitif de catégorisation ; 

• une analyse des systèmes et des causes ; 

• une activité exploratoire du sujet. 

On retrouve ici les composantes des attitudes. Certains auteurs ont proposé le terme de transaction 

pour définir cette activité perceptive afin de marquer que tous les éléments de la situation y jouent un 

rôle actif et que ces éléments n’existent que par cette participation active et non en tant qu’entités 

distinctes les unes des autres. 

Dans cet univers, les échantillons des différentes nations se positionnent ainsi : les pays qui sortent de 

systèmes économiques dirigistes (Hongrie et Pologne) placent plus d’activités sur l’axe moral et 

social ; les pays de tradition libérale (Grande-Bretagne et Pays-Bas) les situent davantage sur l’axe des 

bénéfices et des coûts. On voit donc que la perception peut être appréciée sous une forme descriptive 

assez fine ou sous une forme comparative avec les mêmes outils techniques (échelles d’attitudes). Dès 

lors que la perception apparaît différenciées, on peut parler des représentations. 

Quand l’attitude prédit-elle le comportement ? 

Souvent des problèmes méthodologiques expliquent les résultats décevants concernant le lien entre 

l’attitude et le comportement. Fishbein et Ajzen (1974) 7 ont ainsi soutenu que si les chercheurs 

mettaient un soin particulier à concocter leur questionnaire attitudinal, ils étaient par contre très 

négligents lorsqu’il s’agissait de mesurer le comportement. La définition de l’attitude renvoie à une 

tendance globale à orienter l’action dans un sens positif ou négatif à l’égard d’un objet. Pour garantir 

une meilleure prédiction, Fishbein et Ajzen concluent donc qu’il importe de se pencher sur une large 

panoplie de comportements. Plutôt que de se contenter de contrôler si les éleveurs du village ont 

contribué à la dernière compagne de sensibilisation de la lutte contre la désertification? Vous devriez 

également chercher à savoir s’ils s’activent au sein de l’UTAP, respectent la mise en défens, ramassent 

les déchets plastiques dans le parcours, etc. Ensemble, ces différentes observations convergeront pour 

vous donner une idée assez précise du comportement pro-ou anti respect de la nature des éleveurs 

même si chacun de ces actes n’est qu’imparfaitement lié à leur attitude vis-à-vis du parcours. 

Au-delà des ces aspects théoriques et méthodologiques, d’autres facteurs régissent l’importance de la 

relation entre attitude et comportement. Dans la théorie de l’action raisonnée, Fishbein et Ajzen 

(1975) 8 estiment que ce lien passe par la formulation d’une intention comportementale. Ce n’est que 

dans la mesure où cette intention est présente dans la situation que l’attitude est elle-même ancrée dans 

l’évaluation des bénéfices et des coûts de la conduite (intérêt personnel /intérêt collectif). Ce bilan 

économique conditionnera l’attitude face aux différentes options qui s’offrent à l’agent. 

7 Fishbein, M & Ajzen, I. (1974). Attitudes toward objects as predictors of single and multiple behavioral 

criteria. Psychological review, 81, 59-74 

8 Fishbein, M. & Ajzen, I. (1975). Belief, attitude, intention, and behvior : An introduction to theory and 

research. Reading, MA: Addison-Wesley. 




Les préoccupations normatives constituent un autre déterminant de l’intention comportementale. 

Autrement dit, nous ne sommes pas insensibles aux réactions potentielles de notre entourage (normes 

et valeurs). Ce modèle rend très bien compte du fait que la réalisation d’un comportement peut être 

soumise à des impératifs autres que les seules normes ou les seules attitudes. Ainsi, les récompenses 

ou les désavantages peuvent contrebalancer d’autres considérations. 

Un autre type de contraintes concerne le degré de contrôle que nous sommes capables d’exercer sur 

l’exécution du comportement (maîtrise). Depuis une dizaine d’années, la théorie de l’action raisonnée 

s’est enrichie d’une nouvelle composante afin de prendre en compte la maîtrise perçue du 

comportement. Selon la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1988, 1996) 9 , l’intention 

comportementale s’ancre également dans le degré de contrôle que nous croyons exercer à l’égard du 

comportement. Le contrôle comportemental perçu concerne l’ensemble des facteurs qui interviennent 

dans la réalisation du comportement et leur perception en tant qu’éléments facilitateurs ou obstacles 

(les ressources, les normes, les lois, l’administration….). En effet, même si l’attitude de l’individu à 

l’égard d’un acte donné est très positive, il est peu probable que celui-ci s’engage si la mise en œuvre 

du comportement semble voué à l’échec. 

Bien entendu, ce que nous venons de dire ne concernent pas que les comportements très généraux. 

Prédire un comportement spécifique (pour un berger ne paître que dans les zones permises) doit rester 

possible pour peu que l’on s’intéresse à une attitude toute aussi précise. 

Une autre façon de mettre en avant les attitudes des agents consiste à rendre ceux-ci davantage 

conscients d’eux-mêmes. Les attitudes seront d’autant plus susceptibles de guider les comportements 

qu’elles sont ancrées dans une expérience directe avec l’objet attitudinal. 

L’évocation fréquente d’une attitude augmente son impact sur le comportement. A terme, on imagine 

que l’accès d’une attitude devienne quasiment automatique et constitue une habitude. La seule 

rencontre de l’objet attitudinal suffit alors à déclencher la réponse attitudinale. 

L’analyse que l'on conduit dans ce chapitre, et que l'on accompagne des mesures obtenues par 

traitement de l'enquête, se propose d'identifier et caractériser les effets sur l'autonomisation effective 

des individus de leurs attitudes et de leurs perceptions des états de l’agent conformément au modèle 

ayant servi de base à cette recherche. Ce modèle, rappelons-le, pose comme hypothèse que le degré 

d'autonomie est affecté par cinq catégories "d'états", ceux-ci s'appliquant: (i) aux ressources auxquelles 

les agents ont accès, (ii) aux aptitudes et donc aux capacités des individus à faire face à une situation 

nouvelle, (iii) aux accomplissements et donc à la mesure de l'évaluation que les agents font de leur 

propre expérience de vie, (iv) aux écarts qui mesurent la distance vécue entre les accomplissements et 

les attentes personnelles et, enfin, (v) les attitudes des agents vis-à-vis d'un certain nombre d'objets qui 

interférent avec leur capacité d'autonomie. La problématique de recherche est restée dans les grandes 

lignes de ce modèle mais elle l'a infléchi dans deux directions: d'une part en écartant l'analyse des 

aptitudes qui s'est révélée difficile à apprécier de façon pertinente et, d'autre part, en introduisant une 

vérification à partir des perceptions de l’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie des sujets. 

9 Ajzen, I. (1988). Atitudes, personality, and behavior. Milton Keynes, UK : Open University Press 

Ajzen, I. (1996). The directive influence of attitudes and behaviour. In P.M. Gollwitzer & J.A. Bargh 

(Eds), The psychology of action (385-403). New York: Guilford. 




Les états constituants le modèle et approchés par l’étude 

Sur cette base générale, la problématique de recherche a été construite en se posant cinq grandes 

questions : 

• Quels sont les états du modèle qui affectent ou limitent l'autonomie des sujets? Cette question 

est principalement traitée en analysant les scores obtenus sur les quatre "états" du modèle qui 

ont été pris en compte par le questionnaire, à savoir, les effets de l'accès aux ressources, les 

niveaux d'accomplissement personnel, les écarts avec les attentes et les effets des attitudes. 

Cette analyse débouche sur une mesure du "poids" respectifs de ces états et sur leur 

combinaison en un indice global d'autonomisation 

• Quels sont les types d'attitudes des différentes catégories de sujets vis-à-vis des "objets 

attitudinaux", c'est-à-dire vis-à-vis des différents objets auxquels s'appliquent leurs attitudes? 

Cette question est principalement traitée en conduisant une analyse factorielle. 

• Quelles sont les perceptions des effets des objets attitudinaux sur l'autonomie des groupes de 

sujets? Cette dimension de l'analyse constitue un complément nécessaire des précédentes dans 

la mesure où elle permet de mesurer le degré de connaissance que les individus ont 

effectivement vis-à-vis des objets déterminant leurs attitudes. 

• Quels sont les facteurs de variation qui différencient l'autonomie des différentes catégories de 

sujets? Cette question est importante car les réponses qui lui sont apportées ont une incidence 

directe sur les attitudes différentielles vis-à-vis du changement. L'analyse en est faite en 

calculant les régressions mesurées par rapport à des variables indépendantes. 

• Quelles sont les relations entre les perceptions et les attitudes des différentes catégories de 

sujets vis-à-vis des différents objets attitudinaux. La compréhension de cette relation facilitera 

l’interprétation et renforcera le sens à donner à l’attitude des sujets. 




2. MÉTHODOLOGIE 

2.1 Construction de l’échelle d’attitude 

La construction de l’échelle d’attitude s’est faite en cinq étapes, à savoir, (i) l’identification des sujets 

et des objets attitudinaux, (ii) Identification des items qui couvrent chaque objet attitudinal, (iii) 

Validation « théorique » des items couvrant chaque objet attitudinal, (iv) Nettoyage de l’échelle et 

formation des enquêteurs et (v) Validation interne de l’outil. 

2.2 Etape 1. Identification des sujets et des objets attitudinaux 

Identification des sujets 

Le point de départ a consiste en une définition claire des sujets et des objets attitudinaux en liaison 

avec la thématique de recherche. La connaissance de la réalité du terrain ainsi que l'appui sur des 

personnes ressources ont été considérés comme des préalables incontournables pour définir les 

éléments essentiels de la recherche. 

On a commencé par une visite exploratoire du site de la recherche et par des contacts avec des 

personnes ressources présentes dans la zone et un échange d’informations entre les membres de 

l’équipe de recherche sur la base de leur expérience de terrain. On a pu, sur cette première base, 

identifier les principaux groupes sociaux (catégories de sujets) qui constituent les communautés agropastorales 

du Sud Est de la Tunisie. 

- Éleveurs : propriétaires du cheptel dont la relation/influence directe et/ou indirecte sur les 

parcours n’est pas à démontrer. Est considéré éleveur celui qui possède plus de 100 têtes de 

petits ruminants ou 50 chamelles. 

- Agriculteurs : Sont considérés agriculteurs les individus possédant plus de 80 oliviers ou une 

superficie irriguée de plus de cinq hectares. Ce groupe est celui qui est le plus impliqué dans 

l’expropriation des terrains de parcours pour un usage agricole (plantations arboricoles) tout 

en conservant leur statut d’éleveurs/ propriétaires. La diversification des investissements de ce 

groupe est une attitude le caractérisant avec une forte tendance vers l’appropriation des 

terrains. 

- Les bergers : ils sont identifiés sur leur propre déclaration. Ce sont les sujets qui ont le plus 

de contact avec le parcours et disposent le plus souvent d’un bon capital de savoir-faire 

accumulé sur des générations. Il n’est pas exclu que ce groupe exerce une influence directe sur 

d’autres groupes sociaux, notamment les éleveurs/propriétaires. 

- Les jeunes : garçons ou filles âgés de 19 à 25 ans. C’est un groupe social de taille dans la 

communauté avec des perceptions, des attitudes et des aspirations souvent différenciées par 

rapport aux autres groupes considérés. La décision d’inclure ce groupe de jeunes parmi les 

sujets définis s’est imposée suite à la première visite exploratoire du site et les discussions 

élargies de la première version de la note méthodologique. 

- Les témoins : la décision d’inclure un groupe témoin dans l’étude est dictée par le besoin de 

disposer d’une référence qui permet de comparer les résultats obtenus et de mesurer les effets 

des objets attitudinaux. C’est pour cela que considérons comme témoins les individus dont la 

principale source de revenu est extra-agricole. Cette catégorie de sujets est constituée 

principalement de commerçants, de fonctionnaires ou d’individus pratiquant une fonction 

libérale. 




Deux remarques méritent d’être signalées quant à la définition des catégories de sujets. On avait 

initialement envisagé d’identifier un groupe de financiers. Il s’est cependant avéré que cette catégorie 

était déjà représentée par d'autres sujets identifiés, ceux constitués par les propriétaires et /ou les 

agriculteurs. On s'est, par ailleurs, rendu compte qu'une nette individualisation entre agriculteur et 

propriétaire de cheptel/éleveur était souvent très difficile et qu’il fallait penser à une catégorisation de 

ces groupes sociaux sur la base de critères plus réalistes. 

Identification des objets attitudinaux 

L’identification des sujets s’est accompagnée d'une définition des objets attitudinaux caractérisant le 

milieu dans lequel ces sujets évoluent. On a pris, en particulier en compte les différentes formes de 

ressources et les modalités de gestion. S’agissant d’un environnement à dominante pastorale, 

l'identification des objets attitudinaux a considéré de façon spécifique le contexte d’évolution des 

communautés sélectionnées. On a admis que les sujets pouvaient avoir des réactions et des positions 

aussi bien individuelles que collectives, autant convergentes que divergentes. On a défini les objets 

attitudinaux retenus comme on avait identifié les sujets. Cette démarche a permis d’identifier des 

variables opérationnelles pour chaque objet attitudinal. Les objets attitudinaux et les variables 

opérationnelles retenus se présentent comme suit : 

- Les parcours constituent l'objet principal de l'investigation. On identifie ses différentes formes 

et ses modes d’exploitation. L’attitude de différents groupes sociaux des communautés vis-àvis 

du parcours change selon l’intérêt et les situations et selon leurs rapports avec 

l'environnement. On a approché ces relations au moyen de variables liées à l’espace, à la 

propriété, et au parcours en tant qu’objet de partage et une forme d’identité ; 

- Le cheptel intervient en tant que principale source de revenus, d’investissement, forme 

d’épargne et, enfin, d'objet de convergence et/ou de divergence sur les stratégies. Les attributs 

à analyser concernent les espèces (ovins/camelins), la santé animale, l’importance des effectifs 

et leur rendement. Ces éléments ont une incidence et des effets sur les attitudes des sujets visà-vis 

de l'objet "cheptel". Six variables caractérisent cet objet, à savoir la taille, le type, 

l’alimentation, la reproduction, la santé du cheptel, le recours au berger et la pratique de la 

tonte (le zaz) ; 

- L’eau constitue une ressource intimement liée à la gestion et à l'exploitation des parcours. 

Cette ressources peut être exploitée de façon individuelle, partagée ou commune. Elle a, en 

général, un coût d’exploitation et de transport. L'objet eau est appréhendé au moyen de quatre 

variables opérationnelles. Celles-ci concernent la disponibilité, la qualité, le transport et le 

pompage; 

- L’administration est un objet composite mais bien identifié. On y trouve les différents 

niveaux de l'administration proprement dite (Gouvernorat, Omda, Choôba, CRDA,), une 

structure d’appui et d’encadrement (l'UTAP) et, enfin, le PRODESUD. Cet objet est ici vu à 

partir des perceptions individuelles alors qu'il est analysé du point de vue collectif dans le 

chapitre 3. 

- Les organisations locales formelles (groupements, conseils de gestion et associations) et 

informelles (miyâad) sont de plus représentées au niveau des communautés. Elles ont des rôles 

et des attributions qui concernent directement et indirectement la gestion des ressources 

naturelles. Ces organes sont supposés être représentatifs de la population. Ils sont des 

structures d’expression et de prise de décision en matière de gestion des ressources naturelles. 

- L’agriculture en sec ou en irriguée constitue une opportunité importante pour l'appropriation 

des terres collectives. Elle constitue donc un enjeu important pour différents groupes sociaux. 

Ses effets jouent très souvent au détriment des parcours. L’attitude des différents sujets vis-àvis 

de cet objet pourrait est jugé intéressante à approcher 




- Le financement en tant qu’objet est apprécié en termes de ressource et d'opportunités. Cet 

objet est approché à travers cinq variables opérationnelles qui concernent les aspects de 

subvention, d’investissement, de coût, de rentabilité et d’endettement. 

- La gestion. Cet objet attitudinal est couvert par une seule variable appréciant l’attitude des 

différents sujets vis-à-vis de leur capacité de gestion. 

- Les infrastructures pastorales concernent les pistes de desserte, les ombrières, les couloirs de 

passage des troupeaux et les centres de services en liaison avec les points d’eau. Ces 

infrastructures constituent des lieux de rencontres et de discussions entre bergers et entre 

bergers et propriétaires. Elles sont donc un enjeu important. 

Les sujets et les objets attitudinaux ainsi que leurs variables opérationnelles ont été identifiés, comme 

on l'a vu, à partir d'études et d'avis d'experts. La connaissance qui a été acquise sur ces sujets a été 

traduite en termes opérationnels sous la forme d'un guide d’animation des focus groups. Ce guide 

d’animation énumère les différents domaines d’intérêt des différents sujets. Il a constitué le stimulus 

des focus groups. 

2.1.2 Etape 2. Identification des items qui couvrent chaque objet attitudinal 

Au cours de cette étape, on s'est proposé d'identifier les items couvrant chacun des objets attitudinaux 

prédéfinis. Par item nous entendons un énoncé particulier (opinion ou affirmation) concernant un 

objet attitudinal. On a, pour cela, fait recours à la technique de focus group. Le focus group est formé 

de trois groupes homogènes d’éleveurs, d’agriculteurs et de bergers avec un nombre variant entre 10 et 

15 individus par groupe. 

L’entretien avec chacun des focus groups, s'et déroulé à partir de l'introduction, par l’animateur, du 

sujet de recherche. La démarche avait pour principe de susciter une réaction des sujets sur chacun des 

neuf objets attitudinaux définis. Les appréciations et les commentaires avancés par les sujets, d’une 

manière spontanée (technique de Brainstorming), ont été notés en respectant la terminologie utilisée. 

A ce niveau, toutes les informations avancées (sous forme de commentaires et d’appréciation 

individuelle ou collective) ont été retenues sans aucune classification préalable. Cet exercice a 

débouché sur une série non ordonnée d’informations sous forme d’énoncés "bruts" pour chacun des 

focus groups des agriculteurs, des propriétaires et des bergers. 

Dans un deuxième temps, un travail de nettoyage de ce premier produit a été effectué par l’équipe de 

recherche en vue d’éviter les répétitions et les redondances. Lorsque cela a été nécessaire on a aussi 

procédé à la reformulation de certaines phrases de manière à les présenter sous forme d’énoncé. 

L’analyse qualitative des contenus obtenus par les focus a permis d'identifier des items couvrant 

chaque objet attitudinal. Par la suite, on a procédé, au niveau de chaque groupe de sujets (agriculteurs, 

éleveurs et bergers), à l’appréciation de l’attitude du sujet face à chaque objet attitudinal énuméré. On 

a alors pris en compte les trois dimensions d’implication (individuelle ou collective), d’attitude 

(affective, cognitive ou conative) et de perception (en tant que norme et valeur, intérêt collectif et 

capacité d’adaptation). Le produit de ce travail d’experts a constitué l’une des sources d’informations 

explicatives de l’indice d’autonomie qui doit refléter l’attitude et le comportement des sujets 

considérés face aux différents objets attitudinaux retenus. 

2.1.3 Etape 3. Validations des items couvrant chaque objet attitudinal 

Cette validation s'est basée sur l’avis des experts (équipe de recherche). Elle a principalement porté sur 

l'élimination des redondances, les expressions superflues, la précision de l'expression linguistique des 

propositions. La dernière séquence de cette étape a consisté à reporter sur une matrice, l'ensemble des 

objets attitudinaux (catégories) ainsi que les variables opérationnelles (sous catégories) ainsi que tous 

les items retenus. A ce niveau et après la fusion de tous les items issus des différents sujets, un 




deuxième travail de nettoyage s’est imposé afin d’éliminer les répétitions et les redondances et afin de 

procéder à la codification des items en fonction des objets attitudinaux et des variables 

opérationnelles. Le produit obtenu de 211 items a constitué la forme primaire de l’échelle d’attitude. 

2.1.4 Etape 4. Test et nettoyage de l’échelle et formation des enquêteurs 

Cette étape s’est déroulée en deux phases. On a, en premier lieu, fait faire un nettoyage du 

questionnaire par l’équipe du projet (PRODESUD), considérant que cette équipe représentait en fait 

des juges experts bien impliqués dans la réalité du terrain mais pas dans la recherche. Cette opération a 

permis d’éliminer et de reformuler un certain nombre d’items, voire d'ajouter des items. La qualité de 

la formulation des propositions a donc été améliorée à partir d’une large concertation avec le CRDA et 

le Gouverneur de la région. 

Le travail de nettoyage du questionnaire de mesure de l’attitude a conduit à retenir au total 187 items 

sur les 211 identifiés avec les focus groups. Les 187 items retenus sont répartis sur 9 objets 

attitudinaux (catégories) et 37 variables opérationnelles (sous catégories). Le tableau ci après (tableau 

2.1) indique la répartition des items en fonction des ces catégories et des variables et sous catégories. 

Une fois ce travail de nettoyage réalisé, on a procédé à un tirage au hasard des 187 items retenus et on 

les a reportés sur le format du questionnaire correspondant à l’échelle de Likert à 5 degrés. Le produit 

obtenu a ensuite été testé par un groupe de neuf enquêteurs, opération réalisée dans le cadre de leur 

formation. La formation a constitué pour les futurs enquêteurs une opportunité pour saisir le concept 

d’autonomie et pour s'initier aux modalités pratiques de passation du questionnaire. 

Le questionnaire s'est proposé de mesurer l’attitude des différents sujets vis-à-vis de plusieurs objets 

attitudinaux à travers les 187 items retenus. L’attitude est appréciée alors sur l’échelle de Likert de 5 

degrés allant de tout à fait d’accord à pas d’accord du tout. Dans sa première partie, le questionnaire 

d’attitude comporte 8 variables indépendantes. Celles-ci se rapportent à l’age, au sexe, à la situation 

familiale (3 modalités), à la situation professionnelle (4 modalités), à la résidence, à la mensualité (3 

modalités), à la sous fraction et à l’appartenance à une organisation locale (2 modalités). 

Les enquêteurs ont été sensibilisés sur l’importance de mise en confiance du sujet à questionner et sur 

l’intérêt de disposer d’exemples concrets pour faciliter la compréhension commune de l’autonomie. 

Des instructions de départ et des exemples ont été développées en commun avec un exercice pratique. 

Les enquêteurs ont ainsi été invités à développer des exemples concrets tirés de leur expérience de 

terrain et des savoirs faire locaux. Les modalités et la manière d’avancer les énoncés du questionnaire 

ont été également testées en attirant l’attention des enquêteurs sur l’intérêt et l’importance de la prise 

de notes et sur celle des observations faites au moment du déroulement du questionnaire. 




Tableau 2.1. Répartition des items par rapport aux objets attitudinaux. 

Objets attitudinaux 

1. Parcours 

2. Cheptel 

3. Eau 

4. Administration 

5. Organisation locale 

6. Agriculture 

7. Financement 

Variables opérationnelles Nombre 

(Sous Objets) 

d’items 

1.1 Espace 8 

1.2. Propriété 4 

1.3. Objet de partage 10 

1.4. Identité 10 

2.1. Taille 3 

2.2. Type 2 

2.3. Alimentation 3 

2.4. Reproduction 0 

2.5. Santé 3 

2.6. Berger 4 

2.7. Zaz la tonte 2 

3.1. Disponibilité 10 

3.2. Qualité 7 

3.3. Transport 1 

3.4. Pompage 3 

4.1. Projet 1 

4.2. CRDA 12 

4.3. Omda 3 

4.4. Choôba 2 

4.5. Gouvernorat 4 

4.6. Délégation 3 

4.7. UTAP 3 

5.1. GDA 4 

5.2. Miâad 3 

5.3. Conseil de gestion 4 

5.4. Association 1 

6.1. Irrigué 3 

6.2. en sec 0 

7.1. Subvention 2 

7.2. Investissement 10 

7.3. Coût 4 

7.4. Rentabilité 15 

7.5. Endettement 6 

8. Gestion 8.1. Capacité de gestion 12 

9.1. Pistes 3 

9. Infrastructure pastorale 9.2. Ombrières 10 

9.3. Centre de service 1 

2.1.5 Etape 5. Validation de l’outil. 

La validation interne de l’outil s’est faite en testant les échelles d’attitude et de perception sur un 

échantillon composé de 48 individus couvrant les différents types de sujets de la communauté de 

Ouled Chéhida. L’échantillon a été réparti distinguant les quatre catégories de sujets: agriculteurs (16), 

bergers (10), éleveurs (9) et jeunes (13). L’enquête s’est étalée durant trois demi-journées, chaque 

questionnaire prenant entre 45 minutes et une heure. Les enquêteurs engagés ont été chargés de la 

saisie de l’enquête. 




Au cours de la première journée, l’administration du questionnaire s’est faite au siège du GDA. Les 

enquêteurs se sont ensuite répartis entre les deux localités des Ouled Chéhida. L’accompagnement des 

enquêteurs a été assuré par deux membres de l’équipe de recherche L’exercice s’est déroulé sans 

problème majeur. Les sujets enquêtés de la communauté ont bien adhéré au processus, bien qu'avec 

une certaine lenteur au démarrage. Ce sont les jeunes qui ont le plus souvent sollicité des explications 

quant à l’objectif de l’enquête et aux raisons de certaines questions. L’enquête "attitude" a révélé, sur 

ce dernier point, une répétition dans certains énoncés (ombrières, eau) 

Le résultat a été soumis par la suite à une analyse discriminante et au calcul du coefficient alpha 

Crombach. Cette analyse a permis de mesurer et de procéder à un troisième nettoyage de l’outil en se 

fondant sur la réaction du sujet aux items, sur les observations rapportées par les enquêteurs et sur 

l’analyse des corrélations entre les items. Afin de s’assurer de la consistance interne de l’instrument, 

une "analyse de fiabilité" a été effectuée au moyen du logiciel SPSS. Cette analyse a permis de faire 

un choix judicieux des items devant faire partie de l’échelle d’attitude finale et de l’échelle de 

perception des effets des objets attitudinaux sur l’autonomie des sujets. Les analyses statistiques ont 

porté sur: 

- L’analyse descriptive des items pris individuellement sur la base de la moyenne, de la 

variance et de l’écart type ; 

- L’analyse de la fiabilité interne de l’outil en appliquant le coefficient de Crombach ; et 

- L’analyse corrélationnelle des items appartenant aux différentes catégories. 

Analyse de la fiabilité .Cette analyse a porté sur les 187 items constituant l’échelle d’attitude 

et donnant un coefficient alpha de consistance de l’ordre de 0,92. Des analyses de cohérence interne, 

effectuées sur chacun des ensembles d’items appartenant à chaque catégorie, ont cependant donné des 

coefficients alpha variant de –0.84 à 0,83. 

Analyses corrélationnelles. Les analyses corrélationnelles ont confirmé un niveau 

d’homogénéité assez élevé entre les différents items qui composent l’échelle d’attitudes. Le niveau de 

probabilité associé à ces coefficients de corrélation est de l’ordre de P>=.000 pour tous les énoncés. 

Les analyses effectuées ont toutes confirmé la fiabilité de l’outil de même que l’homogénéité des 

items après que le travail de nettoyage du questionnaire ait été pris en considération : 

- Le rejet des items dont les coefficients de corrélation item total s'est révélé trop faible 

pour influencer à la baisse le coefficient alpha de la catégorie à laquelle ces items 

appartiennent. 

- La révision des items a été faite en fonction de trois indicateurs suivants : (i) 

formulation : la formulation devrait être suffisamment claire et univoque pour être 

comprise par tous les enquêtés ; (ii) pertinence : la pertinence se définit en termes 

d’appartenance au domaine exploré; (iii) congruence révélant la correspondance entre 

chacun des items soumis et l’attribut que cet item doit mesurer 

Nettoyage technique du questionnaire. Après la première administration du questionnaire et 

après avoir reçu les remarques des enquêteurs et des accompagnateurs, on a procédé au nettoyage 

technique. Cette opération a été faite après analyse statistique (indice de fiabilité) et suite à une 

discussion de l’équipe de recherche sur la pertinence et l’opportunité d’élimination ou de 

reformulation des items. Cet exercice a conduit à l’élimination pour le questionnaire attitude de 46 

items et l’ajout d’un item supplémentaire, ceci ramenant le nombre total des items à 131 Le travail de 

nettoyage a également permis de fusionner les sous catégories 2.1 et 2.2, d’éliminer la catégorie 6 

(agriculture) ainsi que les sous catégories 2.6, 4.1, 4.4, 4.7 et 9.3 en raison du nombre réduit d’items et 

de la faible corrélation. 




2.2 Construction de l’échelle de perception 

Le questionnaire appréciation de la perception des effets des objets attitudinaux est constitué de 35 

items couvrant les variables opérationnelles des mêmes objets attitudinaux. Ce questionnaire vise la 

mesure de la perception de l’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie des mêmes sujets sur une 

échelle de Likert à 7 degrés allant de «absence totale d’influence sur mon autonomie » à une « très 

forte influence sur mon autonomie ». 

L’application du même processus de nettoyage du questionnaire a permis de réduire le nombre total 

des items du questionnaire de perception à 30. On a ainsi éliminé 5 items de la version initiale du 

questionnaire, reformulé 5 autres items et éliminé la catégorie 6 (agriculture). 

2.3 Mesure des états d’accomplissement et d’écart. 

Les mesures de l’accomplissement et de l’écart sont approchées par trois principaux items ordonnés 

sur la même échelle de Likert à 7 degrés. Ces items se rapportent au degré du locus interne du sujet 

(degré de contrôlabilité), au degré de l’accomplissement des aspirations du sujet et au degré de 

satisfaction du sujet quant à ses réalisations, ce dernier item mesurant en fait l’écart entre les 

réalisations et les aspirations. Cette échelle de mesure est appliquée sur les mêmes catégories de sujets 

2.4 Appréciation des ressources. 

Les ressources ont été approchées en prenant en considération les principales composantes liées au 

nombre d’oliviers, le nombre de petits ruminants et le nombre de pièces d’habitation. Une appréciation 

de la valeur réelle de ces différentes composantes a permis de mesurer les ressources dont disposent 

les différents sujets. 

2.5 La population et la taille de l’échantillon 

Le travail de recherche est focalisé sur les communautés agro-pastorales du Sud Est de la Tunisie qui 

ont bénéficié récemment d’un projet d’investissement co-financé par le FIDA, le projet de 

développement agro-pastoral et de promotion des initiatives locales de Sud Est de la Tunisie 

(PRODESUD). 

Dès le départ, le choix a porté sur la communauté agro-pastorale de Ouled Chéhida qui a fait l’objet 

d’une investigation poussée dans le cadre de la mise au point de la méthodologie d’intervention du 

PRODESUD ainsi que les communautés pastorales limitrophes de Zorgane, Hmidya, Jlidet Rogba ; 

Krachoua et Amarna. Ce sont les six communautés qui s’ouvrent sur la zone agro-écologique 

homogène connue par le parcours collectif d’El Ouara. Ces six communautés totalisent près de 3000 

ménages en référence à la base de données du projet élaborée entre 2002 et 2005 et répartis de la 

manière suivante (tableau 2.1). 

Tableau 2.1. Quelques indicateurs sur les communautés cibles 

Communauté Superficie totale (ha) Nbre de ménages Population totale 

O.Chéhida 124 682 862 7 059 

Jlidet Rogba 78 326 691 5 476 

Zorgane 109 931 446 3 699 

Krachoua 27 801 419 3 272 

Amarna 29 086 301 2 142 

Hmidya 55 377 249 1 660 

Total 425 203 2968 23 308 




Le choix de l’échantillon a pris en considération la répartition des ménages à enquêter sur les six 

communautés. La taille de l’échantillon, y compris le groupe de témoin, s’élève à 605 ménages 

sélectionnés dans la base de données du projet PRODESUD. Cet échantillon représente tout de même 

20 % de l’ensemble des ménages des six communautés. A ce niveau et en référence à la réalité de 

terrain, un ajustement de la répartition de l’échantillon a également pris en considération le poids 

spécifique des sujets au niveau de leurs communautés respectives de même que la précision de 

l’identification des sujets. 

3. RESULTATS 

3.1 Analyse descriptive des résultats des états du modèle 

Cette première analyse se propose de montrer comment les agents/sujets se situent par rapport aux 

quatre états que l'on a retenu pour qualifier les positionnements individuels en matière 

d'autonomisation. Les quatre états retenus concernent, rappelons le, (i) les ressources auxquelles les 

agents ont accès, (ii) les accomplissements et donc l'évaluation que les agents font de leur propre 

expérience de vie, (iii) les écarts qui mesurent la distance vécue entre les accomplissements et les 

attentes personnelles et, enfin, (iv) les attitudes des agents vis-à-vis d'un certain nombre d'objets qui 

interférent avec leur capacité d'autonomie 10 . Ces résultats sont analysés globalement et pour chaque 

catégorie de sujets (agriculteurs, bergers, éleveurs, jeunes et groupe témoin). L'analyse globale est en 

fait focalisée sur le sujet traité, à savoir la problématique agro-pastorale. La "globalité" analysée ne 

concerne donc que l’ensemble des sujets ayant une activité agropastorales, à l'exception du groupe 

témoin qui est composé de personnes engagées principalement dans des activités extra agricoles. 

3.1.1. Le rapport des individus aux ressources 

On mesure ce rapport en estimant la quantité de ressources auxquelles les individus ont accès. La 

valeur potentielle de ces ressources est estimée à partir des biens possédés par les individus. Ces biens 

sont eux-mêmes estimés à partir du nombre d’oliviers, de cheptel et de pièces d’habitation. On donne à 

ces composantes une valeur établie par référence aux valeurs de ces biens en cours dans la région. Le 

montant global obtenu (score) est ensuite standardisé entre les différents sujets pour correspondre à 

une échelle de biens allant de 0 à 100. Par référence aux valeurs monétaires, on estime qu'un score de 

2 correspond, en gros à un patrimoine de 8400 DT, un score de 5 à 21000 DT, un score de 10 à 42000 

DT et un score de 20 à 84000 DT. Ces scores mettent en évidence une stratification sociale sur la base 

des "patrimoines". Ils pourraient constituer une indication indirecte du niveau de pauvreté/richesse des 

sujets. 

10 On rappelle que les enquêtes n'ont pas porté, pour des raisons méthodologiques (absence de critères 

pertinents permettant de mesurer cet état) sur le cinquième état, celui concernant les aptitudes et donc 

les capacités des individus à faire face à une situation nouvelle 




Fréquence 

300 

200 

100 

0 

Score ressources/100 

100,0 

90,0 

80,0 

70,0 

60,0 

50,0 

40,0 

30,0 

20,0 

10,0 

0,0 

Score ressources/100 

Sigma = 13,18 

Moyenne = 11,3 

N = 605,00 

Figure 3.1. Distribution des scores 

ressources pour l’ensemble de la population 

enquêtée 

250 

200 

150 

100 

50 

Chapitre III. Analyse et mesure des états des agents individuels et leurs rapports avec l’autonomisation 51 

0 

67 

208 

113 112 

40 

85 

Figure 3.2. Classes des ressources 

La courbe de distribution des ressources estimées et standardisées (figures 3.1, 3.2 et 3.3) montre que 

près de la moitié (46 %) des sujets enquêtés ont un score inférieur ou égal à 5, correspondant à une 

valeur monétaire inférieure ou égale à 21000 DT. Seul 3 % de la population à un score qui dépasse 40 

sur une échelle de 100, correspondant à une masse monétaire de 169000 DT. Ces constats confirment 

que la majorité de la population concernée appartient à la catégorie des ruraux pauvres. 

Tableau 3.2. Scores ressources par catégories professionnelles 

Catégories 

professionnelles 

N Moyenne Ecart-type 

Agriculteur 109 4,29c 1,07 

Berger 126 2,33a ,97 

Eleveur 121 4,00c ,93 

Témoin 105 1,97a ,94 

Total 605 3,00 1,35 

(*) Moyennes suivies des mêmes lettres ne sont pas significativement différentes (P



70 

60 

50 

40 

30 

20 

10 

0 

< 2,0 2 à 5 5 à 10 10 à 20 20 à 40 > 40 

Agriculteurs bergers éleveurs témoin 

témoin 

éleveurs 

bergers 

Agriculteurs 

Figure 3.3. Courbes de fréquences du nombre de sujets par score de ressource 

3.1.2 Accomplissement et écart 

L’accomplissement est apprécié de deux manières d'une part selon le jugement que porte l'individu sur 

le degré "d’autocontrôle de sa propre vie" et, d'autre part, sur le degré de "satisfaction de sa situation 

actuelle". Ces états sont évalués au moyen de questions. Les réponses données par les sujets sur leur 

rapport à ces états sont évalués sur la base d'une échelle de Likert à 7 degrés, allant de 0 à 6 et dont les 

significations, pour les accomplissements et pour les écarts sont indiquées ci après: 

Tableau 3.3. Echelle de mesure du degré d’accomplissement 

Code réponse Score attribué Signification 

1 0 Néant (Absence d’accomplissement) 

2 1 Très faible degré d’accomplissement 

3 2 Faible degré d’accomplissement 

4 3 Accomplissement moyen 

5 4 Fort degré d’accomplissement 

6 5 Très fort degré d’accomplissement 

7 6 Accomplissement total 




Tableau 3.4. Echelle de mesure de l’écart (satisfaction des aspirations) 


1 0 Absence de satisfaction (écart très élevé) 

2 1 Très faible degré de satisfaction 

3 2 Faible degré de satisfaction 

4 3 Degré moyen de satisfaction 

5 4 Degré de satisfaction élevé 

6 5 Degré de satisfaction très élevé 

7 6 Satisfaction totale (écart très faible) 

La distribution des scores selon les degrés d'accomplissement montre que les individus se répartissent 

avec une tendance forte vers les valeurs de satisfaction. La distribution des scores selon les aspirations 

(les écarts) tend par contre à se concentrer dans les degrés d'insatisfaction. 

En ce qui concerne les accomplissements, on constate que 28 % des individus déclarent ne pas 

contrôler ou contrôler faiblement leur vie. Par contre, 40 % d'entre eux reconnaissent qu'ils ont un 

contrôle moyen ou fort de leur vie. En outre, 32 % déclarent un contrôle très fort de leur vie. C'est 

donc quelque 72 % des enquêtés qui estiment avoir en main les rênes de leur existence. Cette majorité 

estime avoir le pouvoir de prendre les décisions sur les évènements qui les concerne. Leur autonomie 

est ainsi bien marquée dans ce domaine. 

En ce qui concerne le degré de satisfaction de leur vécu, on constate que 43 % des individus déclarent 

n’être pas ou faiblement satisfaits de leur situation; 19 % moyennement satisfaits, 26,5 % fortement 

satisfaits et 11 % totalement satisfait de leur situation. Le tiers seulement des individus est satisfait de 

sa situation actuelle alors que presque la moitié ne l’est pas. 

L’écart entre aspirations et réalisations indique que 55 % des individus n’ont pas accompli ou n’ont 

accompli qu’une petite part de leurs aspirations ; 22 % déclarent avoir réalisé la moitié de leurs 

aspirations ; 20 %, une grande part et 3 %, toutes leurs aspirations. Ce résultat confirme le constat 

précédent qui à peu près autant d'individus satisfaits de leur situation actuelle et d'individus ayant 

réalisé une bonne part ou plus de leurs aspirations. Ce rapprochement montre le lien étroit qui existe 

entre le concept d'écart et celui d'accomplissement (tableau 3.5, figures 3.4 et 3.5). 

L’analyse des scores d’accomplissements et des écarts selon les catégories de sujets montre que les 

agriculteurs (64), suivis des témoins (61) et des éleveurs (60) ont les taux d’accomplissement les plus 

élevés. Les bergers (53) et surtout les jeunes (40) ont les taux les plus bas. Les scores obtenus pour les 

écarts entre les réalisations et les aspirations de tous les sujets confondus sont de l’ordre de 38 %., ce 

qui est relativement faible et témoigne d'un certain mal vivre. Ce taux est encore plus faible pour les 

jeunes (24) et les bergers (36). Les agriculteurs (48) et les éleveurs (46) ont les scores de réalisation les 

plus élevés mais loin d'être exceptionnels (tableaux 3.6 et 3.7). 

Ces constats semblent confirmer les observations d'une analyse sociologique externe, à savoir que les 

jeunes et les bergers se placent, de fait, dans une sorte de catégorie de "laissés pour compte". 

L’élevage et à moindre degré l’agriculture sont les principales activités économiques dans la région. 

Les jeunes ne sont pas attirés par l’élevage et l’activité pastorale de manière générale alors qu'ils 

trouvent très peu d'opportunités d’emploi dans les autres secteurs. Ils dépendent donc fortement du 

support familial quand il existe. Quant aux bergers, ils sont soit des employés, souvent sous payés par 

les propriétaires, ou des fils d’éleveurs qui ne reçoivent pas de salaire et vivent dans leur famille. Ces 

deux catégories de sujets ne disposent pas de ressources propres. 




Tableau 3.5. Statistiques descriptives des scores de l’écart et accomplissement 

Ecart (Score Accomplissement 

standardisé) (score standardisé) 

N 605 605 

Moyenne 38,37 54,68 

Ecart-type 26,51 24,29 

Tableau 3.6. Moyennes des scores d’accomplissements standardisés pour les différentes catégories 

professionnelles. 

Catégories 




Berger 126 53,37b 25,65 

Eleveur 121 60,12bc 22,47 

Jeune 144 39,76a 21,24 

Témoin 105 60,63bc 19,59 

Total 605 54,68 24,29 

(*) Les moyennes suivies des mêmes lettres ne sont pas significativement différentes (P



Ecart (Score standardisé) 

120 

100 

80 

60 

40 

20 

0 

-20 

N = 

109 

Agriculteur 

173 137 

126 

Berger 


121 

Eleveur 

Catégorie professionnelle 

144 

431 

Jeune 

105 

Témoin 

Figure 3.5. Distribution des scores d’écart standardisés par catégories de sujets 

Tableau 3.7. Distribution des scores standardisés d’écart pour les différentes catégories de sujets. 

Catégories 




Berger 126 35,71b 24,56 

Eleveur 121 46,42c 26,11 

Jeune 144 23,73a 22,18 

Témoin 105 42,38bc 23,46 

Total 605 38,37 26,51 

Locus de contrôle 

Il nous est apparu intéressant de s’intéresser à une des composantes de l’accomplissement à savoir le 

locus de contrôle mesuré par un item destiné à évaluer la perception du sujet de degré de contrôle qu’il 

exerce sur les évènements de sa vie. Cette analyse a montré que les sujets ayant le taux le plus élevé de 

contrôle sont les agriculteurs, les éleveurs, les témoins et les bergers. Les jeunes manifestent le degré 

le plus faible en matière de contrôle (tableau 3.8). 

Tableau 3.8. Scores de la « capacité d’autocontrôler sa vie » ou locus de contrôle obtenus pour les 

différentes catégories de sujet. 

Catégories 



Agriculteur 109 4,12b 1,60 

Berger 126 3,50b 1,63 

Eleveur 121 4,07b 1,62 

Jeune 144 2,60a 1,61 

Témoin 105 3,96b 1,23 

Total 605 3,59 1,66



3.2 Les attitudes 

3.2.1 Premier niveau d’analyse 

En psychologie sociale, l’attitude est une disposition interne relativement stable qui sous-tend les 

réponses favorables ou défavorables de l’individu par rapport à un objet ou une classe d’objets du 

mode social. Elle peut être considérée comme l'évaluation globale qu’un individu porte sur un objet. 

Cette évaluation synthétise un ensemble de savoirs, d’opinions et de croyances. Il est généralement 

admis que l’attitude comporte trois composantes : 

• Une composante cognitive qui correspond à l’opinion du sujet sur l’objet de l'attitude. Il s'agit 

en quelque sorte de l'association d’idées que cet objet provoque ou du rapport que le sujet 

perçoit entre l’objet et ses valeurs personnelles, 

• Une composante affective qui correspond à l'ensemble des sentiments et des états d’humeur 

que l’objet suscite, 

• Une composante conative qui se rapporte aux dispositions du sujet pour agir de façon 

favorable ou défavorable par rapport à un objet. Cette composante est importante car elle est 

directement liée à la capacité du sujet lorsque celui-ci est confronté à un changement ou 

lorsque il se situe par rapport à un projet d'action. 

Ces concepts, appliqués aux attitudes, ont été élargis pour tenir compte de deux données qui en 

enrichissent le sens, à savoir l’implication des sujets par rapport aux objets et la perception des objets. 

L'implication peut être collective ou individuelle. La perception des objets peut se situer au plan des 

normes et valeurs, à celui de l’intérêt collectif, et à celui de la capacité d’adaptation. 

Ces différentes catégorisations se combinent pour ouvrir 131 possibilités de réponse ou items. On a 

replacé ces 131 items dans un questionnaire d’échelle d’attitude. On a pu sur cette base mesurer 

l’attitude dans son sens large, en tenant compte, dans chaque cas, de ses trois dimensions, implication, 

attitude et perception. On a utilisé pour ces mesures une échelle de Likert à cinq degrés (tableau 3.9) 

Tableau 3.9. Echelle de Likert utilisée pour mesurer les dimensions de l’attitude 


1 5 Tout à fait d’accord 

2 4 D’accord 

3 3 Ni pour ni contre 

4 2 Pas d’accord 

5 1 Pas du tout d’accord 

Les objets par rapport auxquels se déterminent les attitudes ont été définis sur la base d'un 

questionnaire et d'une analyse de focus group (voir ci-dessus), On a ainsi retenu huit objets 

attitudinaux et 24 sous objets. La liste en est donnée ci après (tableau 3.10): 




Tableau 3.10. Objets et sous objets attitudinaux 

Objets Sous-objets Signification 

Le parcours est prie dans son ensemble avec ses composantes 

1.1 Espace de vie pâturage, pluie et sécheresse, cheptel, Savoir faire local et 

environnement à protéger. 

1.2 Propriété 

Parcours 

1.3 

collective 

Objet de partage 

Il se réfère au statut foncier et à leur appropriation, à l’accès aux 

ressources des parcours collectifs et aux responsabilités d’usage. 

Le parcours est une plateforme de rencontre et de conflits, c’est 

aussi l’objet de négociation et d’arrangement avec les voisins. 

Le parcours est associé au Arch, il est la source de vie, les 

1.4 Identité 

campements qui y existent et les animaux qui y pâturent sont 

sacrés. 

2.1 Taille et type 

Importance et présence des troupeaux selon leurs taille et leur 

type (ovins, caprins, camélidés). 

Cheptel 

2.3 Alimentation 

Le cheptel a besoin de complémentation qui passe avant tout 

surtout en période de sécheresse. 

La santé du cheptel se réfère ici aux vaccinations étatiques et 

2.5 Santé 

privées, de leur efficacité et de leur coût et de l’opportunité de 

recourir à la thérapie traditionnelle. 

L’eau est nécessaire à l’agriculture, les puits sont 

3.1 Disponibilité communautaires et disposition de la population pour acheter 

l’eau. 

Eau 

3.2 Qualité 

Disponibilité de l’eau douce dans la région, méfaits de l’eau salée 

pour l’agriculture et son éventuel effet bénéfique pour les 

camélidés. 

3.4 Pompage 

Problèmes reliés au pompage de l’eau, équipement, énergie 

nécessaire et responsabilité de l’entretien. 

Quel mandat pour le CRDA comme entité administrative ? Le 

CRDA devrait-il être responsable de la fourniture de l’eau et du 

4.2 CRDA 

cheptel, de l’exécution et de la mise en œuvre ? Quelle est 

l’efficacité du CRDA et quel est le rôle qui devrait être assigné à 

Administration 

l’administration ? 

4.3 Omda 

La Imada en tant que pouvoir, la Imada en tant qu’organe de 

proximité en charge, entre autres, de résolution des conflits. 

4.5 Gouvernorat Le gouvernorat en tant que pouvoir, en tant qu’administration. 

4.6 Délégation La délégation en tant que pouvoir, en tant qu’administration. 

Le GDA intermédiaire, le GDA administration, le GDA 

5.1 GDA 

pourvoyeur de consignes ; degré de confiance à accorder aux 

GDA. 

Organisation 

locale 

5.2 Myâad 

Le Myâad plateforme de concertation et de résolution de conflits 

qui n’exclue pas le recours à l loi. 

Le conseil de gestion est une association, une administration, 

5.3 Conseil de gestion responsable de la gestion des terres collectives, quelle confiance 

lui accorder ? 

7.2 Investissement 

Qui investit dans la région ? les sources de financement, où est ce 

qu’on investit ? 

Financement 

7.3 

7.4 

Coût 

Rentabilité 

Les dépenses de l’eau et de transport, la complémentation du 

cheptel. 

Les coûts de production du cheptel, l’animal est prioritaire, il est 

le présent et le futur, le bétail est rentable. 

7.5 Endettement 

L’endettement où et quel risque ? la subvention est indispensable 

surtout durant les sécheresses, l’État doit assister la population. 

Infrastructures 

9.1 Piste 

Besoin en désenclavement. Les pistes sont insuffisantes et 

délabrées, elles ont besoin d’entretien. 

pastorales 

9.2 Ombrières 

Le ombrières sont réalisées par État qui doit assurer leur 

entretien. Ombrières naturelles et artificielles. 




En raison des disparités et du nombre des items se rapportant à chacun des ses objets et sous objets, on 

a adopté une standardisation des scores en les ramenant à une base 100 de façon à pouvoir comparer 

leurs différents effets. 

L’implication individuelle et collective 

Pour tous les objets et catégories de sujets confondus, la courbe de distribution des scores standardisés 

de l’implication individuelle est décalée vers les valeurs élevées de l’échelle. La majorité des sujets 

présente des scores de 65 à 90, avec une moyenne de 81. Cette distribution tend à montrer que les 

sujets affichent vis-à-vis des objets attitudinaux un comportement plutôt individuel que collectif. La 

moyenne des scores de l’implication collective reste toutefois significative avec 75,6 et des valeurs 

individuelles distribuées selon une courbe quasiment normale (figure 3.6). 


200 

100 

0 

Score global implication individuelle 

95,0 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

Score global implication individuelle 

Sigma = 8,50 


N = 605,00 

Score global implication collective 

92,5 

87,5 

82,5 

77,5 

72,5 

67,5 

62,5 

57,5 

52,5 

47,5 

42,5 

Score global implication collective 



120 

100 

80 

60 

40 

20 

0 

Sigma = 6,47 


N = 605,00 

Figure 3.6. Distribution des fréquences des scores d’implication individuelle (gauche) et collective (droite) 

L’attitude affective, cognitive et conative 

L’attitude des sujets vis-à-vis des objets attitudinaux est d’ordre affectif, cognitif ou conatif. Les 

résultats montrent que globalement, les sujets ont vis-à-vis des objets attitudinaux une attitude plus 

affective (82,8) que cognitive (77,1) et plus cognitive que conative (73,5) (figure 3.7). On peut 

s’interroger sur la signification de ces résultats en termes d’autonomie des individus. La combinaison 

d’un investissement affectif élevé et d’une disposition à l’action relativement faible peut être 

interprétée de diverses manières. Par exemple, doit-on y voir une promesse d’autonomie qui rencontre 

une certaine difficulté à s’exprimer ? Ou bien s’agit-il du résultat d’une inhibition de l’action 

compensée par un sur-investissement affectif ?





200 

100 

0 

200 

100 

0 

Score global attitude affective 

100,0 

95,0 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

Score global attitude affective 

Score global attitude conative 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

Score global attitude conative 

Sigma = 9,75 


N = 605,00 

Sigma = 7,55 


N = 605,00 

Score global attitude cognitive 

92,5 

90,0 

85,0 

87,5 

82,5 

77,5 

80,0 

75,0 

70,0 

72,5 

67,5 

62,5 

65,0 

60,0 

55,0 

57,5 

52,5 

47,5 

50,0 

45,0 

Score global attitude cognitive 



Figure 3.7. Distribution des scores globaux de l’attitude 

120 

100 

80 

60 

40 

20 

0 

Sigma = 6,35 


N = 605,00 

La perception des normes et valeurs, de l’intérêt collectif et de la capacité d’adaptation 

Les courbes de distribution des scores globaux relatifs à la perception des objets attitudinaux ont une 

allure normale. Cette perception s’apparente beaucoup plus aux normes et valeurs (78) et à la capacité 

d’adaptation (77,8) qu’à l’intérêt collectif (74,7). L’analyse des différentes dimension de l’attitude des 

sujets vis-à-vis des objets attitudinaux montre que les sujets ont tendance à s’impliquer collectivement 

par rapport aux objets "parcours" et "administration" mais qu'ils s'impliquent plus individuellement par 

rapport aux objets, "cheptel" et "financement". 

Les sujets développent une attitude affective essentiellement pour le cheptel, le parcours et le 

financement. Ils ont par contre une attitude cognitive pour l’administration, le financement et 

l’infrastructure pastorale. Leur attitude est conative pour le parcours et le cheptel.



Les sujets considèrent le parcours et, à un moindre degré, l’eau comme relevant de l’ordre des normes 

et valeurs, alors que l’administration, le parcours et l’infrastructure pastorale seraient de l'ordre de 

l'intérêt collectif. Le cheptel, l’eau et le financement sont plutôt associés à des notions de capacité 

d’adaptation (figure 3.8 et tableau 3.11). 



200 

100 

0 

140 

120 

100 

80 

60 

40 

20 

Score global Perception des normes et valeurs 

95,0 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

Sigma = 7,74 


N = 605,00 

Score global Perception des normes et valeurs 

0 

Score global Perception de la capacité d'adaptation 

92,5 

87,5 

82,5 

77,5 

72,5 

67,5 

62,5 

57,5 

52,5 

47,5 

42,5 

Sigma = 6,57 


N = 605,00 

Score global Perception de la capacité d'adaptation 

Score global Perception de l'intérêt collectif 

92,5 

87,5 

82,5 

77,5 

72,5 

67,5 

62,5 

57,5 

52,5 

47,5 

42,5 

37,5 

32,5 

Score global Perception de l'intérêt collectif 



100 

80 

60 

40 

20 

0 

Sigma = 7,68 


N = 605,00 

Figure 3.8. Distribution des scores de l’attitude (perception des normes et valeurs, de l’intérêt collectif et de 

la capacité d’adaptation)



Tableau 3.11. Scores globaux standardisés des différentes dimensions de l’attitude par rapport aux 

objets attitudinaux 

Objets 

attitudinaux 

Implication Attitude Perception 

Implication 

individuelle 

Implication 

collective 

Attitude 

affective 

Attitude 

cognitive 

Attitude 

conative 

Normes 

et valeurs 

Intérêt 

collectif 

Capacité 

d'adaptation 

Parcours 82.76 79.52 87.53 77.86 81.52 82.62 78.64 76.25 

Cheptel 83.00 76.24 92.13 73.29 88.76 74.88 69.32 89.88 

Eau 75.44 74.24 - 74.68 75.44 77.14 69.03 78.59 

administration - 79.09 - 81.93 74.46 - 79.85 63.73 

Organisations 

locales 

- 61.26 46.25 59.16 71.15 70.40 58.48 60.77 

Financement 81.67 75.00 84.00 80.55 71.04 74.42 71.77 79.95 


pastorales 

- 77.95 - 84.79 61.99 - 77.95 - 

On constate que le niveau individuel est chargé d’énergie motivationnelle alors que le groupe est 

plutôt un domaine où se transmettent les savoirs et les perceptions. L’attitude collective semble 

réservée au rapport avec l’extérieur et l’aléa, ce qui n’est pas immédiatement sous contrôle des 

individus (relation avec les institutions formelles) alors que la dimension individuelle est investi dans 

les domaines plus maîtrisés ou maîtrisables (activités productrices, institutions traditionnelles ou 

informelles). On notera avec intérêt que les relations avec le marché est investie de manière à la fois 

individuelle et collective, ce qui correspondrait assez à une situation intermédiaire entre ce que les 

individus considèrent comme interne à leur mode de vie et ce qui est externe à ce mode. Nous verrons 

d’ailleurs que les différentes catégories de sujets, les jeunes en particulier, ont des perceptions 

différentiées et des attitudes en conséquence différentiées à propos des objets attitudinaux comme les 

services de l’État. 

3.2.2 Deuxième niveau d’analyse : Attitudes des différentes catégories de 

sujets vis-à-vis des objets attitudinaux 

Cet aspect a été approché en analysant les réponses des sujets par rapports aux énoncés (items) du 

questionnaire "attitude". Cette démarche a été considérée comme plus informative. L’objet attitudinal 

est en effet une entité abstraite à laquelle correspond plusieurs items l’opérationnalisant couvrant euxmêmes 

des formes concrètes multiples de l’objet attitudinal. 

Constatant le nombre élevé des items, nous avons mené un premier tri basé sur le test Chi2 qui a 

permis d'en écarter 46 non significatifs. Les items les plus pertinents par objet ont été ensuite 

sélectionnés pour servir de base à l’explication de l’attitude des différentes catégories de sujets vis-àvis 

des objets attitudinaux. Les scores ont été standardisés pour permettre des comparaisons entre les 

différentes catégories d’individus. Pour une meilleure compréhension, la réponse des sujets a été 

simplifiée à deux modalités au lieu des cinq figurant dans le questionnaire. Deux types de réponses 

sont présentés dans les tableaux suivants, une réponse codifiée 1 et une réponse codifiée 2. La réponse 

1 correspond à "tout à fait d’accord et d’accord" sur l’énoncé de l’item ; la réponse 2 correspond à 

"totalement en désaccord et en désaccord" avec l’item énoncé. Les fréquences concernant les sans 

opinions ne sont pas indiquées sur les tableaux mais considérées dans le calcul. 




Attitude vis-à-vis du parcours 

La reconnaissance du parcours en tant que ressource collective est confirmée par 84 % des enquêtés 

avec une prédominance pour les éleveurs (89 %). Les agriculteurs et les jeunes sont moins sensibles à 

cet aspect, ce que montrent des fréquences moins élevées, 77 % et 80 % respectivement. Quelque 65 

% des éleveurs considèrent le parcours comme une source de conflits avec les voisins. Ils sont suivis 

dans cette attitude par les jeunes (62 %) et par les agriculteurs (58 %) (Tableau 3.12). Le parcours est 

par contre considéré par tous les sujets comme une plateforme de rencontre des membres de la 

communauté. Seuls s'en dissocient les jeunes, avec une fréquence la plus faible (73 %). Ce dernier 

résultat indique bien que les jeunes sont de moins en moins rattachés aux valeurs pastorales. Cette 

observation est confirmée d’ailleurs par les fréquences plus faibles des réactions positives des jeunes 

et des témoins (activité non agropastorales) lorsque le questionnaire les fait réagir sur l’énoncé "le 

parcours est la vie". L'une des réponses les plus significatives concernent l'attitude devant l'affirmation 

concernant la structure tribale traditionnelle; le 'arch. Avec des fréquences très élevées (94 % en 

moyenne) toutes les catégories de sujets, confirment en effet que le 'Arch, (la tribu) est sacrée. Cette 

attitude pourrait surprendre si on se souvient que, depuis l’indépendance, la politique tunisienne a 

fondé son approche socio territoriale sur l’abolition du fait tribal. 

Tableau 3.12. Attitude des individus vis-à-vis de certaines formes opérationnelles se rapportant à 

l’objet attitudinal "parcours" exprimée en fréquence (%). 

Items Réponse* A B E J T Global 

Le parcours est collectif 

Tous les gens ont droit au parcours 

1 77,1 80,7 89,3 79,9 83,9 83,9 

2 15,6 9,5 7,4 9,7 10,5 10,4 

1 75,2 86,5 80,2 83,4 83,8 82 

2 17,4 11,1 18,2 9,7 10,5 13,2 

Le parcours c’est des problèmes 1 57,8 51,1 64,5 61,8 61,9 61,5 

avec les voisins 2 33,9 36,5 31,4 23,6 32,4 31,3 

Le parcours est un point de 

1 85,3 81,7 89,2 72,9 88,5 83,8 

rencontre 2 8,2 10,3 8,2 13,9 8,6 10,1 

Le Arch est sacré 

1 96,3 93,6 96,7 89,6 94,2 94 

2 2,8 0,8 1,7 5,6 1,9 2,7 

Le parcours est la vie 

1 

2 

81,7 

13,8 

82,5 

15,1 

87,6 

11,6 

73 

19,5 

58,1 

39,1 

73,9 

29,3 

(*) 1. correspond à « tout à fait d’accord et d’accord » sur l’énoncé de l’item, 

2 correspond à « Totalement en désaccord et en désaccord » avec l’item énoncé 

(**) A : Agriculteurs, B : bergers, E : éleveurs, J : jeunes, T : témoin 

Attitude vis-à-vis du cheptel 

Les éleveurs et les bergers considèrent que le cheptel est la principale source de revenu ainsi que leur 

principal moyen de subsistance, actuellement et pour les générations futures, ce que montrent les 

réponses relatives aux trois premiers items. Les fréquences obtenues pour les jeunes confirment les 

constats observés pour les parcours. Elles dénotent leur désintéressement vis-à-vis de l’élevage et de 

l’activité pastorale en général (tableau 3.13). De fait, 29 % des jeunes considèrent que l’ont ne vit pas 

du cheptel et 37 % ne croient pas que l’avenir est dans l’activité élevage. Les réponses des témoins 

sont encore plus prononcées que celles des jeunes, ce qui s'explique bien par le fait que leur principale 

source de revenu est dans l’activité non agropastorale. Concernant l'attitude vis-à-vis d'une option de 

développement fondée soit sur l’élevage soit (ou avec) sur l’agriculture, les résultats ont encore plus 




mitigés. Seuls les éleveurs, avec une fréquence de 86 %, demeurent convaincus que l’élevage est 

l’activité agricole dominante. 


l’objet attitudinal « cheptel » exprimée en fréquence (%). 

Items R* A B E J T Global 

L’animal est le capital 

1 

2 

89,0 

9,1 

87,3 

11,1 

94,2 

4,1 

77,1 

18,1 

80,0 

16,2 

85,3 

11,9 

L’animal est l’avenir de nos enfants 

1 

2 

59,6 

35,7 

72,2 

25,4 

76,8 

20,7 

56,9 

37,5 

39,1 

54,3 

61,5 

34,3 

On vit du cheptel 

1 

2 

70,6 

26,6 

81,7 

13,5 

89,2 

9,9 

65,3 

29,2 

48,6 

43,8 

71,6 

24,1 

L’animal avant l’olivier 

1 

2 

67,9 

26,6 

77,8 

11,9 

85,9 

10,7 

59,0 

28,5 

45,7 

46,7 

67,6 

24,3 




Attitude vis-à-vis de l’eau 

Un consensus de toutes les catégories de sujets se manifeste sur le caractère collectif de l’eau. Cette 

attitude que l'on retrouve par ailleurs pour la ressource pastorale dénote de l’attachement des individus 

à certaines valeurs traditionnelles en relation avec leur histoire culturelle (tableau 3.14). Les mêmes 

individus seraient cependant prêts à acheter l’eau, une attitude qui accorde une valeur marchande à 

l'eau, donc en contradiction avec l'affirmation que l’eau est un bien collectif. Ce paradoxe semble bien 

rendre compte des mutations et des changements que connaît actuellement la société agropastorale. 

Les bergers sont les plus attachés à la valeur culturelle de l'eau. Ils sont en effet les plus réticents à 

l’achat de l’eau. Les agriculteurs (68 %) et les témoins (77 %) déjà habitués à l’achat de l’eau, surtout 

pour les besoins de l’irrigation, ont une attitude complètement opposée. 


l’objet attitudinal « eau » exprimée en fréquence (%). 


Je suis prêt à acheter de l’eau auprès de 1 67,9 54,0 65,3 62,5 77,2 64,8 

l’État 2 25,7 32,9 33,0 30,6 19,1 30,8 

Le puits est collectif 

1 

2 

91,7 

7,4 

98,0 

4,0 

95,8 

4,1 

97,2 

2,8 

93,4 

4,7 

95,1 

4,5 




Attitude vis-à-vis de l’infrastructure pastorale 

Les infrastructures pastorales sont considérées comme étant d’intérêt collectif. On considère cependant 

normal que leur réalisation et leur entretien soient du ressort des pouvoirs publics. Cette attitude 

dénote indirectement la mentalité d’assisté qui est encore manifeste dans les communautés rurales. Les 

différentes catégories de sujets considèrent ainsi que la réalisation et l’entretien des ombrières et celle 

des pistes est l’affaire de l’administration. Les fréquences relativement basses observées chez les 

jeunes s'expliquent par la fréquence élevée des enquêtés sans opinions (20%) (Tableau 3.15) 





l’objet attitudinal « infrastructure pastorale » exprimée en fréquence (%). 


Les ombrières sont réalisés par 

1 89,9 91,3 95,1 72,2 86,6 86,5 

l’administration 2 6,4 4,8 1,7 5,3 2 4,3 

L’entretien des ombrières doit se faire 1 89,8 91,3 90,9 71,6 84,8 83,3 

par l’administration 2 12,8 4,8 6,6 8,3 5,7 7,6 

L’entretien des pistes est insuffisant 

1 

2 

86,3 

7,3 

93,7 

3,2 

98,4 

1,7 

86,8 

4,2 

93,3 

5,7 

91,5 

4,3 




Attitude vis-à-vis du financement 

Les items se rapportant à l'objet "financement" ont été conçus pour que les répondants expriment une 

attitude en réagissant à des affirmations concernant : (i) l’État providence/mentalité d’assisté illustré 

par les deux premiers items du tableau, (ii) l’emprunt bancaire comme possibilité d’investissement 

reflété par les eux derniers items et (iii) la connaissance des promoteurs d'investissement dans la 

région ? 

Concernant le premier aspect, on constate que pratiquement toutes les catégories de sujets comptent 

encore sur le soutien de l’État pour bénéficier de financement nécessaire à leurs projets ou pour faire 

face aux chocs des sécheresses récurrentes. L’attitude concernant l’appui de l’État en cas de 

sécheresse est sans équivoque: 96% des sujets considèrent que les subventions de l’État sont le moyen 

de faire face à la sècheresse. L’attitude concernant l’État comme bailleur de fonds de projets 

individuels est moins prononcée car en moyenne 20% des individus pensent qu’en cas de besoin 

d’argent, il ne faut pas s’adresser à l’État (tableau 3.16). 

Tableau 3.16. Attitudes vis-à-vis de certaines formes opérationnelles se rapportant «au 

financement» exprimée en fréquences (%). 


En cas de besoin d’argent on s’adresse 1 72,5 73,8 67,7 66,7 82,8 72,2 

à État 2 22,0 21,4 24,8 17,3 14,3 20,0 

Nous attendons les subventions jusqu’à 1 97,3 96,8 98,4 92,4 98,0 96,5 

ce que Dieu fasse venir les pluies 2 1,8 1,6 1,6 4,9 0 2,2 

Les immigrés sont ceux qui investissent 

1 

2 

32,5 

38,5 

58,7 

33,3 

56,2 

33,1 

39,6 

33,8 

45,7 

38,1 

49,7 

37,5 

L’emprunt bancaire est possible 

1 

2 

36,7 

41,3 

37,3 

46,8 

35,5 

45,5 

46,5 

28,5 

61,0 

32,4 

43,1 

38,7 

L’emprunt ne permet pas de réussir 

1 

2 

41,3 

49,6 

54,7 

29,4 

39,6 

45,4 

52,1 

31,3 

68,6 

21,0 

51,1 

35,2 







Les prêts bancaires sont supposés prendre la relève de l’État pour le financement de projets. 

Malheureusement, seuls 43% des individus pensent que l’emprunt bancaire est possible tandis que 

51% d’entre eux sont convaincus que l’emprunt ne permet pas de réussir. Les agriculteurs, les bergers 

et les éleveurs sont ceux qui croient le moins dans l’emprunt bancaire. Il généralement admis dans le 

Sud Est de la Tunisie que ceux qui investissent sont les immigrés. Cette opinion cependant est loin de 

faire l’unanimité car seule la moitié des sujets enquêtés confirme ce constat. 

Attitude vis-à-vis de l’administration 

L’unanimité observée autour de l’administration en tant qu’organe de contrôle et de gestion pourrait 

refléter un certain degré de maturité de la part des individus. Cette attitude n'est malheureusement pas 

confirmée par les items se rapportant au rôle de l’administration comme agence d’exécution. Quelque 

90% des enquêtés considèrent en effet jugent que le CRDA doit être, en tant qu'administration, 

responsable de la protection des parcours (tableau 3.17) 

La Imada, (représenté par le 'Omda) est une administration de proximité. Elle est considérée à juste 

titre comme l'expression locale du pouvoir. C'est en effet ce qu'exprime la majorité des catégories des 

sujets à l’exception du quart du groupe des jeunes. 

Tableau 3.17. Attitude des individus vis-à-vis de certaines formes opérationnelles se rapportant «à 

l’administration» exprimée en fréquence (%). 


Le rôle de l’administration est le 

1 88,1 83,2 82,6 88,2 89,5 86,5 

contrôle et la gestion 2 4,6 7,1 7,4 4,2 3,8 5,5 

Le CRDA est responsable de la 

1 89,0 88,1 86,0 94,5 95,2 90,6 

protection des parcours 2 7,3 7,9 12,4 2,1 1,9 6,3 

La Imada est le pouvoir 

1 

2 

79,8 

17,4 

83,3 

10,3 

89,2 

7,5 

62,5 

25,0 

78,1 

20,9 

78,0 

16,4 




Attitude vis-à-vis des organisations locales 

L’attitude vis-à-vis des organisations locales concernent trois institutions majeures de la société 

agropastorales du Sud Est tunisien : (i) le miyâad en tant qu’institution traditionnelle informelle bien 

ancrée dans la société mais en voie de désintégration, (ii) le Conseil de gestion, organe ancien, doté 

d'un pouvoir étendu et relevant directement de la première autorité de la région (le Gouvernorat) et 

(iii) les Groupement de développement agricoles, organes de création récente dont les statuts 

parviennent difficilement à une formulation définitive. 

Toutes les catégories de sujets, à l’exception des jeunes, approuvent la place de choix qu’occupe le 

miyâad en tant qu’entité en charge d'une gestion par concertation et en tant que plateforme de 

résolution des conflits au sein de la communauté. On note cependant que les jeunes, moins imprégnés 

des valeurs traditionnelles, sont les moins en ligne avec cette reconnaissance. Toutes les catégories de 

sujets font la différence entre le miyâad et ses attributions et, par ailleurs, le système juridique formel. 

Dans leur majorité, ils confirment que le miyâad n’exclut pas le recours à la loi (tableau 3.18) 




Tableau 3.18. Attitude des individus vis-à-vis de certaines formes opérationnelles se rapportant 

«aux organisations locales» exprimée en fréquence (%). 


Nous avons confiance dans le GDA 

1 

2 

43,1 

21,1 

34,1 

23,8 

38,0 

18,2 

25,0 

12,5 

52,4 

15,3 

37,5 

18,0 

Le Miâad est la gestion par concertation 

1 

2 

87,1 

6,4 

89,7 

8,0 

87,6 

7,4 

72,9 

10,4 

84,7 

11,5 

83,9 

8,7 

Le Myâad résout les problèmes de la 1 76,1 77,8 73,5 59,0 77,1 72,1 

communauté 2 20,2 17,5 19,0 31,2 19,0 21,8 

Le Myâad n’exclue pas le recours à la 1 90,8 83,3 86,8 79,8 91,4 86,0 

loi 2 3,6 9,5 7,5 4,9 5,7 6,3 

Le Conseil de gestion est une 

1 66,9 65,9 69,5 42,4 71,4 62,1 

association 2 12,9 7,1 11,5 9,8 16,3 10,9 

Le Conseil de gestion assume son rôle 

1 

2 

55,1 

28,5 

44,4 

42,9 

58,6 

29,7 

34,7 

29,1 

62,9 

25,7 

50,0 

31,4 




Les sujets, et en particulier les jeunes, sont très hésitants pour s'exprimer sur le statut des Conseils de 

gestion. Beaucoup d'entre eux considèrent cette structure comme une association. Ceci est dû 

essentiellement au fait que les Conseils de gestion se sont cantonnés dans des tâches d’apurement 

foncier au détriment d'un mandat de développement et de gestion des terres collectives. C’est pour cela 

d’ailleurs que seule la moitié des enquêtés considère que le Conseil de gestion assume bien son rôle. 

Il est sans doute prématuré de porter un jugement sur les GDA dont le plus ancien ne date que de deux 

ans. Leurs réalisations et leurs rayonnements avec l’appui indispensable du PRODESUD ne seront 

probablement pas visibles et perceptibles avant trois à quatre années. La perception des sujets des 

activités des GDA étant ce qu'elle est aujourd'hui, on constate que les sujets enquêtés n'ont encore que 

faiblement une attitude favorable sur le rôle possible de ces structures. Seuls 38% des éleveurs, 34% 

des bergers, 43% des éleveurs et 25% des jeunes font confiance à ces nouvelles structures. 

Le fait saillant qui ressort de ce deuxième niveau d’analyse est la marginalisation ou la désaffection 

relative des jeunes vis-à-vis de la société agro-pastorale. Celle-ci est à terme menacée dans sa 

reproduction. La question se pose avec acuité de savoir quelles opportunités donnent-on aux jeunes 

qui le souhaiteraient de se construire un avenir dans leur terroir d’origine ? En lisant les attitudes des 

jeunes on constate que plus que les moins jeunes, ils attendent de l’État et de l’extérieur un salut et une 

aide qu’il savent ou pensent ne pas pouvoir trouver dans les cadres d’une société restée traditionnelle 

dans ses valeurs mais en profonde mutation économique. 

Un autre résultat intéressant parmi tant d’autre semble se dégager en dissonance avec les approches 

participatives-volontaristes. Si 90% des enquêtés considèrent que le CRDA doit être responsable de la 

protection des parcours, quelle en est l’implication en ce qui concerne la gestion décentralisée des 

ressources du parcours ? Bien sûr un retour au tout état n’est pas indiqué car il a déjà fait les preuves 

de son inefficacité mais il demeure qu’un rôle important de l’État en la matière est ce que les gens que 

l’on prétend consulter veulent en ce moment. Même si la décentralisation de la gestion reste un 

objectif il est évident qu’il faut développer une stratégie progressive de mise en œuvre. Au-delà de 

ces deux exemples le message commun semble être non pas moins d’état mais mieux d’État. 




3.2.3 Troisième niveau d’analyse : les attitudes affectant l’autonomie 

Les analyses effectuées ont permis de dégager des informations caractérisant les attitudes des sujets 

vis-à-vis des objets attitudinaux d’une manière globale et intégrative des différentes composantes de 

l’attitude. Notre objectif est de déterminer les différents types d’attitudes affectant l’autonomie des 

sujets. Afin de répondre à cet objectif on a : 

- Sélectionné les items selon trois catégories, les items favorables à l’autonomie (29 items), les 

items défavorables à l’autonomie (40 items) et les items « neutres » (45 items). 

- Recodé les réponses en scores pour pouvoir exploiter les données obtenues concernant les 

attitudes et les introduire en tant que variable explicative de la perception de l'autonomie et ce, 

en fonction de l'orientation du contenu de chaque item: "favorable" ou défavorable" à 

l’autonomie. Le scoring employé est indiqué en annexe 2. 

- Crée une nouvelle variable appelé score synthétique des attitudes vis-à-vis des objets 

attitudinaux et qui est égal à la différence obtenues entre scores favorables moins scores 

défavorables puis standardisés. 

De ce fait seuls les objets attitudinaux couverts par des items favorables et défavorables ont été 

retenus. Les objets attitudinaux et le type d’attitude correspondant répondant à ces conditions sont 

comme suit. 

Objets attitudinaux Type d’attitude Abréviation 

PARCOURS 

Implication collective 

Attitude affective 

PIMPLCOL 

PATTAFF 

Implication individuelle EIMPLIND 

EAU 

Implication collective EOMPLCOL 

Attitude cognitive EATTCOG 

ADMINISTRATION 


Attitude conative 

AIMPLCOL 

AATTCON 

ORGANISATIONS LOCALES 


Attitude cognitive 

OIMPLCOL 

OATTCOG 

Implication individuelle FIMPLIND 

FINANCEMENT 



FIMPLCOL 

FATTCOG 

Attitude conative FATTCON 

GESTION 



GIMPLCOL 

GATTCOG 

INFRASTRUCTURE PASTORALE 



IIMPLCOL 

IATTCOG 

Les attitudes vis-à-vis des objets attitudinaux affectant l’autonomie des sujets 

Les résultats des scores obtenus des attitudes synthétiques vis-à-vis des objets attitudinaux influençant 

l’autonomie des sujets figurent à l’annexe 3. 




Les facteurs d’attitudes influant l’autonomie des sujets 

Agriculteurs 

Les six premières composantes expliquent 83,6 % de la variance (tableaux 3.19, 3.20) 

Pour les agriculteurs, le premier axe, expliquant 33 % de la variance, est saturé par l’objet financement 

avec les attitudes cognitive et conative et par les implications individuelle et collective. 

Le deuxième axe, expliquant 14,8 % de la variance, est saturé l’objet parcours en tant qu’implication 

collective et attitude affective, et par l’objet eau en tant qu’attitude cognitive. 

Le troisième axe, expliquant 11,6 % de la variance, est saturé principalement par l’objet organisation 

locale en tant qu’attitude cognitive et implication collective. 

Les objets administration, infrastructure pastorale et capacité de gestion saturent, respectivement, les 3 

autres axes. 

Ces résultats montrent que les objets influençant l’autonomie des agriculteurs seraient essentiellement 

et par ordre d’importance le financement, le parcours, l’eau et l’organisation locale. Ces seuls facteurs 

expliquent environ 60 % de la variance. 

Pour les trois objets financement, parcours et organisation locale, l’implication collective et l’attitude 

cognitive sont dominantes. 

Les facteurs favorisant l’autonomie des agriculteurs seront une implication collective et une attitude 

cognitive vis-à-vis du financement, du parcours, de l’eau et de l’organisation locale. 

Ainsi pour favoriser l’autonomie des agriculteurs il faudra accentuer les efforts dans les actions 

permettant l’implication collective et la connaissance dans les domaines du financement, le parcours, 

l’eau et les organisations locales. 

Tableau 3.19: Analyse factorielle des scores d’attitude pour la catégorie professionnelle 

“agriculteurs” 

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs 

retenus 

Composante Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés 

variance 

variance 

1 5,636 33,153 33,153 5,636 33,153 33,153 

2 2,520 14,824 47,977 2,520 14,824 47,977 

3 1,975 11,618 59,595 1,975 11,618 59,595 

4 1,505 8,854 68,450 1,505 8,854 68,450 

5 1,416 8,331 76,780 1,416 8,331 76,780 

6 1,160 6,822 83,602 1,160 6,822 83,602 

7 ,931 5,474 89,077 

8 ,712 4,191 93,267 

9 ,378 2,226 95,494 

10 ,321 1,889 97,382 

11 ,146 ,860 98,243 

12 ,132 ,779 99,022 

13 7,855E-02 ,462 99,484 

14 5,082E-02 ,299 99,783 

15 3,235E-02 ,190 99,973 

16 4,550E-03 2,676E-02 100,000 

17 1,014E-16 5,963E-16 100,000 

Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales. 




Tableau 3.20. Matrice des composantes après rotation pour la catégorie professionnelle 

“agriculteurs” 

Composante 

1 2 3 4 5 6 

FATTCOG ,889 ,103 ,215 -2,015E-02 ,148 3,041E-02 

FIMPLIND ,860 1,626E-02 7,901E-02 -,133 ,271 -,131 

FATTCON ,829 ,149 -,144 ,261 4,472E-02 6,337E-02 

FIMPCOL ,779 ,228 ,124 ,329 -,114 ,103 

PIMPLCOL ,120 ,821 8,594E-02 ,187 ,159 ,147 

PATTAFF ,287 ,804 2,923E-02 ,186 4,005E-02 ,255 

EATTCOG ,157 ,647 ,506 -,276 ,251 1,148E-02 

OATTCOG 8,318E-02 8,846E-02 ,863 ,313 9,862E-02 ,191 

OIMPLCOL 8,167E-02 9,648E-02 ,853 ,316 ,130 ,189 

EIMPCOL 9,750E-02 ,526 ,560 -,377 ,181 8,424E-02 

AIMPLCOL ,186 9,575E-02 ,183 ,882 ,120 -4,581E-03 

AATTCON 8,861E-02 ,108 ,196 ,809 ,182 -,149 

IATTCOG ,137 ,144 ,134 ,142 ,947 9,889E-02 

IIMPLCOL ,137 ,144 ,134 ,142 ,947 9,889E-02 

GATTCOG -4,007E-02 ,279 ,151 -9,470E-02 ,116 ,847 

GIMPLCOL 3,620E-02 ,201 ,289 6,174E-02 ,113 ,832 

EIMPLIND -6,424E-02 ,451 8,577E-02 ,240 3,246E-02 -,540 

Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales. Méthode de rotation : Varimax avec 

normalisation de Kaiser. 

Bergers 

Les six premières composantes expliquent 83,5 % de la variance (Tableaux 3.21, 3.22) 

Le premier axe, expliquant 31 % de la variance, est saturé par l’objet eau avec l’attitude cognitive et 

l’implication collective et le financement avec l’attitude cognitive et l’implication individuelle. 

La deuxième composante, expliquant 14 % de la variance, est saturé par le parcours et le financement, 

en tant que attitude affective et implication collective pour le parcours et en tant que attitude conative 

et implication collective pour le financement. 

La troisième composante avec un poids identique à la deuxième est saturé par l’objet organisation 

locale en tant qu’implication collective et impliquant une attitude cognitive. 

L’eau, le financement, le parcours et l’organisation locale sont les facteurs qui influence le plus et par 

ordre d’importance l’autonomie des bergers. L’autonomie pour les bergers apparaît comme une affaire 

d’implication collective et de connaissance se rapportant à l’eau, le financement, le parcours et 

l’organisation locale. 




Tableau 3.21. Analyse factorielle des scores d’attitude pour la catégorie professionnelle “bergers” 




variance 

variance 

1 5,236 30,800 30,800 5,236 30,800 30,800 

2 2,325 13,679 44,479 2,325 13,679 44,479 

3 2,245 13,208 57,687 2,245 13,208 57,687 

4 1,654 9,730 67,417 1,654 9,730 67,417 

5 1,424 8,378 75,795 1,424 8,378 75,795 

6 1,315 7,734 83,529 1,315 7,734 83,529 

7 ,971 5,712 89,241 

8 ,707 4,162 93,403 

9 ,384 2,257 95,660 

10 ,299 1,761 97,421 

11 ,174 1,025 98,446 

12 ,118 ,695 99,141 

13 7,029E-02 ,413 99,555 

14 4,201E-02 ,247 99,802 

15 2,995E-02 ,176 99,978 

16 3,763E-03 2,214E-02 100,000 

17 -6,086E-16 -3,580E-15 100,000 


Tableau 3.22. Matrice des composantes après rotation pour la catégorie professionnelle “bergers” 

Composante 

1 2 3 4 5 6 

EATTCOG ,867 7,179E-02 -2,554E-02 -1,711E-02 ,145 ,167 

FIMPLIND ,837 ,259 ,234 3,468E-02 -3,954E-02 -5,609E-02 

FATTCOG ,781 ,325 ,266 -1,874E-02 ,122 -1,728E-03 

EIMPCOL ,762 ,156 -4,656E-04 -4,125E-04 ,338 -,108 

EIMPLIND ,519 -,124 -2,584E-02 ,188 -5,341E-02 ,184 

PATTAFF 9,969E-02 ,838 4,567E-02 ,238 ,280 ,105 

PIMPLCOL -2,036E-02 ,797 7,319E-02 ,194 ,267 ,103 

FATTCON ,386 ,727 6,932E-02 3,034E-02 -,376 2,577E-02 

FIMPCOL ,465 ,647 9,027E-02 -9,424E-02 -6,928E-02 ,231 

OIMPLCOL ,102 8,440E-02 ,963 9,451E-02 ,157 4,688E-02 

OATTCIG ,124 7,504E-02 ,963 8,140E-02 ,145 5,124E-02 

IATTCOG 5,417E-02 ,141 8,603E-02 ,971 4,259E-02 4,169E-02 

IIMPLCOL 5,417E-02 ,141 8,603E-02 ,971 4,259E-02 4,169E-02 

GATTCOG ,225 ,146 8,912E-02 1,821E-03 ,886 -6,851E-02 

GIMPLCOL 6,862E-02 5,316E-02 ,230 8,208E-02 ,863 -3,660E-02 

AIMPLCOL 9,253E-02 ,137 3,797E-02 -2,934E-03 -4,775E-02 ,968 

AATTCON 6,268E-02 ,131 5,440E-02 9,155E-02 -5,045E-02 ,960 






Eleveurs 

Les six premières composantes expliquent 84 % de la variance (tableaux 3.23, 3.24) 

La première composante est saturée par l’objet financement avec les attitudes cognitive et conative et 

les implications collective et individuelle. 

Le deuxième axe est saturé principalement par l’objet eau avec une attitude cognitive et l’implication 

collective. 

Tableau 3.23. Analyse factorielle des scores d’attitude pour la catégorie professionnelle “éleveurs” 




variance 

variance 

1 4,903 28,842 28,842 4,903 28,842 28,842 

2 2,971 17,475 46,317 2,971 17,475 46,317 

3 2,028 11,931 58,248 2,028 11,931 58,248 

4 1,933 11,372 69,620 1,933 11,372 69,620 

5 1,315 7,733 77,354 1,315 7,733 77,354 

6 1,074 6,318 83,672 1,074 6,318 83,672 

7 ,834 4,904 88,576 

8 ,691 4,065 92,641 

9 ,508 2,989 95,630 

10 ,361 2,124 97,754 

11 ,140 ,824 98,579 

12 8,823E-02 ,519 99,098 

13 6,091E-02 ,358 99,456 

14 5,194E-02 ,306 99,761 

15 3,722E-02 ,219 99,980 

16 3,346E-03 1,968E-02 100,000 

17 8,174E-16 4,809E-15 100,000 


Jeunes 

Les 5 premières composantes de expliquent 82 % de la variance (tableaux 3.25, 3.26) 

La première composante expliquant 32 % de la variance est saturée par les objets financement et 

parcours. L’attitude vis-à-vis du financement est de l’ordre de l’individuel et collectif ; elle se rapporte 

à la connaissance et à l’action. Alors que pour le parcours est caractérisé par une attitude affective et 

une implication collective. La deuxième composante est saturée par les objets administration et 

organisation locale. Ces deux objets se rapportent à la connaissance et à l’implication collective. La 

troisième composante est saturée par l’objet eau. Ce dernier se rapportant à la connaissance et à 

l’implication collective. Ces trois composantes expliquent à elles seules 63 % de la variance. 

Le financement, l’administration et les organisations locales ainsi que l’eau agissent sur l’autonomie 

des jeunes. 




Tableau 3.24. Matrice des composantes après rotation pour la catégorie professionnelle “éleveurs” 

Composante 

1 2 3 4 5 6 

FATTCOG ,794 ,136 ,297 8,666E-03 ,154 ,172 

FIMPCOL ,790 -2,691E-02 -5,826E-02 3,068E-03 -4,244E-02 ,288 

FATTCON ,761 -5,308E-02 -,122 ,174 3,998E-02 ,348 

FIMPLIND ,755 ,172 ,111 -2,925E-02 ,123 7,252E-02 

GIMPLCOL ,574 ,539 7,854E-02 -,136 ,139 -,269 

EATTCOG ,119 ,922 9,843E-02 -6,197E-02 3,086E-02 8,690E-02 

EIMPCOL 8,729E-02 ,830 -1,967E-02 -,183 -2,373E-02 5,523E-02 

GATTCOG ,498 ,608 -2,713E-03 -,316 ,149 -,302 

EIMPLIND -7,811E-02 ,593 -4,687E-02 8,328E-02 ,181 ,246 

OIMPLCOL 4,793E-02 2,128E-02 ,992 1,772E-02 6,805E-03 1,348E-02 

OATTCIG 8,657E-02 7,890E-03 ,988 1,209E-02 2,147E-02 5,161E-02 

AIMPLCOL 5,271E-02 -7,806E-02 3,569E-02 ,970 ,120 ,104 

AATTCON -7,845E-03 -,153 -4,080E-03 ,960 8,443E-02 4,853E-02 

IIMPLCOL ,115 ,100 1,753E-02 9,967E-02 ,975 8,310E-02 

IATTCOG ,115 ,100 1,753E-02 9,967E-02 ,975 8,310E-02 

PIMPLCOL ,296 ,173 ,105 ,168 ,147 ,840 

PATTAFF ,493 ,103 1,174E-02 6,130E-03 8,115E-02 ,810 



Tableau 3.25. Analyse factorielle des scores d’attitude pour les jeunes 

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des 

facteurs retenus 


variance 

variance 

1 5,401 31,772 31,772 5,401 31,772 31,772 

2 2,803 16,486 48,257 2,803 16,486 48,257 

3 2,487 14,631 62,888 2,487 14,631 62,888 

4 1,899 11,170 74,058 1,899 11,170 74,058 

5 1,273 7,491 81,550 1,273 7,491 81,550 

6 ,822 4,834 86,384 

7 ,717 4,219 90,603 

8 ,531 3,125 93,728 

9 ,380 2,234 95,962 

10 ,196 1,152 97,114 

11 ,183 1,074 98,187 

12 ,111 ,655 98,842 

13 8,703E-02 ,512 99,354 

14 5,517E-02 ,325 99,679 

15 5,090E-02 ,299 99,978 

16 3,699E-03 2,176E-02 100,000 

17 -7,000E-16 -4,118E-15 100,000 





Tableau 3.26. Matrice des composantes après rotation pour le groupe des “jeunes” 

Composante 

1 2 3 4 5 

FIMPLIND ,860 -,168 -5,987E-02 -1,979E-02 ,114 

FATTCOG ,840 5,878E-02 ,255 6,310E-02 5,004E-02 

FATTCON ,839 1,830E-02 -,200 -4,944E-02 8,364E-02 

FIMPCOL ,809 ,257 ,170 ,125 ,122 

PATTAFF ,803 ,145 ,158 ,263 ,123 

PIMPLCOL ,705 ,224 6,270E-04 ,335 -9,761E-04 

AATTCON ,115 ,877 -,281 ,102 7,893E-02 

AIMPLCOL 9,380E-02 ,822 -,297 5,363E-02 -2,097E-02 

OIMPLCOL 5,206E-02 ,740 ,522 ,117 -,167 

OATTCOG 7,205E-02 ,736 ,536 ,127 -,166 

EATTCOG 3,961E-02 -,128 ,906 7,863E-02 ,149 

EIMPCOL 4,582E-02 -3,053E-02 ,834 -7,570E-02 ,362 

EIMPLIND ,473 -9,482E-02 ,498 ,134 -,277 

IATTCOG ,158 ,118 3,722E-02 ,956 ,127 

IIMPLCOL ,158 ,118 3,722E-02 ,956 ,127 

GIMPLCOL ,115 -3,435E-02 8,248E-02 4,571E-02 ,919 

GATTCOG ,206 -9,264E-02 ,218 ,314 ,804 



Le groupe « témoin » 

Les 5 premières composantes expliquent 77 % de la variance (tableaux 3.27, 3.28) 

La première composante explique 34,5 % de la variance et est saturée par l’eau et la gestion, tous les 

deux caractérisées par une attitude cognitive et une implication collective. 

La deuxième composante, expliquant 16 % de la variance totale, est saturée par l’objet financement 

caractérisé par des attitudes cognitive et conative et des implications individuelles et collectives. 

Le groupe témoin, même s’il n’est pas impliqué directement dans l’économie de la régions, n’est pas 

indifférent à la question de l’eau et la question du financement, introduisant le facteur gestion et 

caractérisant la majorité des facteurs par l’attitude cognitive, conative et une implication à la fois 

individuelle et collective. C’est le seul groupe qui a reconnu la gestion comme étant un facteur 

important d’autonomisation. 




Tableau 3.27. Analyse factorielle des scores d’attitude pour le groupe « témoin » 




variance 

variance 

1 5,860 34,470 34,470 5,860 34,470 34,470 

2 2,789 16,406 50,876 2,789 16,406 50,876 

3 1,939 11,409 62,284 1,939 11,409 62,284 

4 1,438 8,461 70,745 1,438 8,461 70,745 

5 1,084 6,376 77,122 1,084 6,376 77,122 

6 ,977 5,750 82,871 

7 ,810 4,764 87,635 

8 ,725 4,266 91,901 

9 ,607 3,570 95,471 

10 ,345 2,027 97,497 

11 ,224 1,320 98,817 

12 9,126E-02 ,537 99,354 

13 5,113E-02 ,301 99,655 

14 3,332E-02 ,196 99,851 

15 2,296E-02 ,135 99,986 

16 2,352E-03 1,383E-02 100,000 

17 7,210E-16 4,241E-15 100,000 


Tableau 3.28. Matrice des composantes après rotation pour le groupe “témoin » 

Composante 

1 2 3 4 5 

EATTCOG ,886 ,150 9,756E-02 -2,622E-02 ,223 

EIMPCOL ,766 -,112 8,099E-03 ,117 ,316 

GATTCOG ,683 -5,959E-03 -5,022E-02 ,475 2,578E-03 

GIMPLCOL ,670 -2,157E-02 -3,362E-02 ,470 ,139 

EIMPLIND ,466 ,345 ,140 -,231 -,316 

FIMPLIND ,106 ,921 -5,679E-03 8,387E-02 -2,802E-02 

FATTCOG 5,893E-02 ,856 ,163 ,168 ,180 

FATTCON -9,108E-03 ,666 ,198 -,160 ,159 

FIMPCOL -,153 ,597 ,380 ,107 ,385 

AATTCON -3,384E-02 ,174 ,894 ,225 -,124 

AIMPLCOL -3,561E-02 ,204 ,887 ,145 3,166E-02 

PIMPLCOL ,442 6,916E-02 ,638 ,121 ,306 

PATTAFF ,407 ,379 ,416 ,206 ,386 

IATTCOG ,156 6,563E-02 ,279 ,885 ,165 

IIMPLCOL ,156 6,563E-02 ,279 ,885 ,165 

OIMPLCOL ,242 ,194 3,390E-02 ,137 ,875 

OATTCIG ,248 ,189 2,911E-02 ,150 ,867 






3.3 L’autonomie perçue 

L’indice d’autonomie perçue a été approché à partir d’un questionnaire destiné à mesurer l’effet perçu 

des objets attitudinaux sur l’autonomie des sujets. Le questionnaire est constitué de 30 items couvrant 

les objets attitudinaux et ceci sur une échelle de Lickert à 7 degrés allant « absence totale d’influence 

sur mon autonomie » à « très forte influence sur mon autonomie » (tableau 3.29). 

Tableau 3.29. Répartition des scores de la perception des effets des objets attitudinaux sur 

l’autonomie des sujets 

Code 

réponse 

Score 

attribué 

Signification 

1 6 L’objet n’a pas d’effet sur l’autonomie (Autonomie totale) 

2 5 L’objet a un effet très faible sur l’autonomie (Très fort degré d’autonomie) 

3 4 L’objet a un effet faible sur l’autonomie (Fort degré d’autonomie) 

4 3 L’objet a un effet moyen sur l’autonomie (Autonomie moyenne) 

5 2 L’objet à un effet fort sur l’autonomie (Faible degré d’autonomie) 

6 1 L’objet à un effet très fort sur l’autonomie (Très faible degré d’autonomie) 

7 0 L’objet a un effet maximum sur l’autonomie (Absence totale d’autonomie) 

Les scores de chaque item peuvent ainsi varier de 0 à 6 points, ce qui nous donne un score global 

variant de 0 à 180 points avec les scores partiels suivants : 

- Perception de l’effet du parcours sur l’autonomie : de 0 à 24 points 

- Perception de l’effet du cheptel et autonomie par rapport au cheptel : de 0 à 24 points 

- Perception de l’effet de l’eau sur l’autonomie: de 0 à 24 points 

- Perception de l’effet de l’administration sur l’autonomie: de 0 à 42 points 

- Perception de l’effet des organisations locales sur l’autonomie: de 0 à 24 points 

- Perception de l’effet de du financement sur l’autonomie: de 0 à 24 points 

- Perception de l’effet de l’infrastructure pastorale sur l’autonomie: de 0 à 18 points 

Les scores standardisés obtenus ont été soumis aux analyses suivantes : 

- Analyse factorielle qui vise à déterminer l’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie des 

sujets 

- Analyse de l’indice d’autonomie pour les différentes catégories de sujets et sa variation selon 

le l’appartenance sociale, le sexe, la mensualité, le statut marital et l’âge. 

- Analyse des déterminants de l’autonomie perçue. 

3.3.1 Perception de l’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie des 

différents sujets 

Plus le score obtenu est élevé, plus l’effet de l’objet attitudinal sur l’autonomie des sujets est faible et 

donc plus le sujet est autonome. Les scores les plus élevés ont été observés, pour toutes les catégories 

de sujets, pour les objets attitudinaux administration et organisations locales. Ceci veut dire que ces 

deux objets affectent faiblement l’autonomie des sujets – ce qui confirme à nouveau les résultats 

présentés dans le chapitre précédent sur les attitudes (tableau 3.30). 




L’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie varie selon la catégorie de sujets. D’une manière 

générale, tous les objets attitudinaux présentent des scores relativement plus élevés pour les jeunes, 

signifiant que l’autonomie des jeunes est moins affectée par ces objets que les autres catégories de 

sujets. 

Tableau 3.30. Scores moyens de la perception de l’effet des objets attitudinaux sur l’autonomie des 

différentes catégories de sujets (A : agriculteurs, B : bergers, E : éleveurs, J : jeunes, T : témoin) 

Objets d'attitude A B E J T Global 

Parcours 32,2 36,4 32 45,1 36,5 36,9 

Cheptel 35 38 29,8 47,9 43,2 36,4 

Eau 38,8 32,6 36,9 48,7 38,1 39,6 

Administration 64,2 73,5 69,1 71,8 71,6 69,9 

Organisations locales 74,7 77 75,3 84,7 77,4 78,3 

Financement 34,6 37,7 31,3 47,7 41,3 38,4 

Infrastructures pastorales 44,8 38 35,4 56,3 38,2 44,1 

Ces données indiquent que l’autonomie des agriculteurs et des éleveurs dépend fortement et par ordre 

décroissant du parcours, du cheptel, du financement et de l’eau. L’autonomie des bergers est, elle, 

fortement dépendante de l’eau, puis, à part égales, du parcours, du financement, du cheptel et enfin de 

l’infrastructure pastorale. La perception du groupe témoin est pour le moins surprenante, car leur 

autonomie est fortement dépendante du parcours suivi de près par l’eau et par l’infrastructure 

pastorale. Ce résultat est surprenant dans la mesure où ce groupe social n’a pas d’activité 

agropastorale. 

L’analyse factorielle confirme ces premiers constats. On observe en effet que la distribution des objets 

sur le diagramme des composantes dans l’espace se fait en deux groupes distincts. Le premier groupe 

est constitué par les objets parcours, cheptel, eau, infrastructure pastorale et financement, alors que le 

deuxième groupe ne comporte que deux objets, administration et organisations locales. Cette 

distribution des objets dans l’espace est la même pour toutes les catégories de sujets (figure 3.9) 




Composante 2 

1,0 

,5 

0,0 

-,5 

-1,0 

-1,0 

Diagramme de composantes dans l'espace après rotation 

-,5 

Composante 1 

score_perception/adm 


0,0 

score_perception/org 

score_perception/par 

score_perception/inf 

score_perception/eau 

score_perception/fin 

score_perception/che 

Figure 3.9. Diagramme de composantes dans l’espace des scores de 

perception des effets des objets attitudinaux sur l’autonomie des 

sujets 

Les deux premières composantes expliquent 64 % de la variance, ce qui est un très bon résultat. La 

première composante est saturée par ordre décroissant d’importance par le cheptel, l’eau, 

l’infrastructure pastorale, le financement et le parcours. On retrouve là certaines des préoccupations 

et revendications des populations locales du Sud Est qui ont été formulées lors des ateliers de 

planification et de programmation conduits pour élaborer les plans de développement communautaires 

des Unités Socio Territoriales du PRODESUD. La deuxième composante est saturée par 

l’administration et les organisations locales qui apparaissent d’ailleurs intimement liées (tableau 3.31) 

Tableau 3.31. Résultats de l’analyse factorielle en composante (AFC) des scores de la perception 

des effets des objets sur l’autonomie des sujets. 

Composante Saturation de la 

Coefficients de 

composante 

corrélation 

Composante 1 

Cheptel ,84 

Eau ,76 

Infrastructure ,74 

Financement ,68 

Composante 2 

Parcours ,36 

Administration ,90 

Organisations locales ,70 

% variance expliquée 64,0 

,5 

1,0



Les variances expliquées pour les différentes catégories de sujets restent élevées. Elles sont 

respectivement de 66,3 ; 63,2 ; 57,8 ; 67,6 et 66,7 pour les jeunes, les éleveurs, les bergers, les 

agriculteurs et les témoins. L’analyse en composantes principales pour toutes les catégories de sujets, 

montre que la variance de la perception de l’effet des objets attitudinaux sur leur l’autonomie est 

toujours expliquée par deux composantes – ce qui ne diffère pas des résultats de l’analyse global. Le 

poids des objets saturant la première composante varie cependant selon les catégories de sujets alors 

qu'elle reste la même pour la deuxième composante (tableau 3.32). 

Chacun des ces objets attitudinaux est constitué par un certain nombre de sous objets (voir tableau 

2.33) qui, pour chaque objet considéré, introduisent des effets spécifiques qui en diversifie la valeur 

explicative. On voit ainsi se dégager quelques effets déterminants pour certains sous objets. 

• Pour le parcours, le sous objet propriété semble avoir le plus d’effet sur l’autonomie des 

sujets que l'on en trouve quand on le compare avec le parcours en tant qu’espace de vie et 

propriété ; 

• Pour le cheptel, l’alimentation est perçue comme le sous objet qui réduit l’autonomie des 

sujets ; 

• Le pompage semble réduire l’autonomie des sujets en comparaison avec la qualité ou la 

disponibilité de l’eau ; 

• Lorsque l'on fait l'analyse de l’objet administration, on voit le projet PRODESUD se 

singulariser par des scores élevés. Ces résultats montrent bien qu'au stade actuel, le projet 

a encore peu d’influence sur l’autonomie des sujets, alors que l'on retrouve une influence 

ou des effets marqués lorsque l'on se réfère au CRDA, à l'Imada ou aux Cellules du parti. 

• Organe le plus proche des populations, le miyâad apparaît comme l'organisation ayant le 

plus d’effet sur l’autonomie des sujets. Son impact est supérieur à celui des autres 

structures locales, GDA et Conseil de gestion ; 

• Lorsque l'on considère l'objet financement, on constate, sans équivoque et pour toutes les 

catégories de sujets, que c'et l’investissement qui est perçu comme l’élément affectant la 

plus l’autonomie des sujets. Cette prééminence relègue les autres objets, rentabilité, 

subventions et endettement ; 

• Les pistes sont perçues comme ayant plus d’effet sur l’autonomie des sujets que les 

ombrières. 


Composante 1 

Composante 2 

%Variance expliquée 



Tableau 3.32. Répartition des coefficients de corrélation des différents objets avec l’autonomie des 

divers sujets 

Agriculteurs Bergers Eleveurs Jeunes Témoin 

Cheptel ,81 Cheptel ,78 Eau ,80 Cheptel ,87 Infrastructure ,83 

Infrastructures ,76 Financement ,74 Cheptel ,76 Eau ,81 Cheptel ,83 

Eau ,73 Eau ,67 Infrastructure ,76 Financement ,68 Eau ,77 

Parcours ,56 Infrastructure ,63 Parcours ,66 Parcours ,64 Parcours ,72 

Financement ,51 Parcours ,49 Financement ,52 Infrastructure ,63 Financement ,69 

Administration ,89 Administration ,90 Administration ,90 Administration ,93 Administration ,86 

Org. locales ,81 Org. locales ,79 Org. locales ,87 Org. locales ,77 Org. locales ,83 

57,6 57,8 63,2 66,3 66,7 




Tableau 3.33. Effet des différents objets et sous objets sur l’autonomie des sujets (scores moyens) 

Objets d'attitude Sous objets A B E J T Global 

Espace de vie 13,2 13,3 13,9 13,6 13,7 13,5 

Parcours 

Propriété 

objet de partage 

7,2 

16,6 

6,8 

16,1 

6,8 

16,5 

6,9 

15,7 

7 

16,4 

6,9 

16,2 

identité 13 12,3 11,5 14,5 15,5 12,9 

Taille et type 7,2 7,6 7,1 7,7 7,9 7,3 

Cheptel 

Alimentation 3,5 3,3 3,3 3,8 3,9 3,5 

Santé 10,1 9,7 10,4 10 10,1 10 

Disponibilité 13,4 13,9 13,7 13,4 13,3 13,6 

Eau 

Qualité 13,4 13,3 13,2 13,5 12,8 13,4 

Pompage 6,6 7,1 6,7 7,2 6,8 6,9 

projet 20,6 21 20,6 20,1 19,2 20,6 

Administration 

CRDA 

Omda 

6,8 

8,6 

6,8 

8,2 

6,4 

8,3 

7,8 

9 

7 

7,9 

7 

8,5 

Choôba 5,8 6,3 5,5 5,7 5,2 5,8 

GDA 8,4 7,9 7,4 7,6 8,1 7,8 

Organisations locales Miâad 5,8 5,9 5,8 6,5 6 6 

Conseil de gestion 8,4 8,5 8,4 7,9 8,2 8,3 

Subvention 17,5 17,1 17,3 18,2 17,9 17,5 

Financement 

investissement 

Rentabilité 

7,4 

21,1 

7,1 

18,9 

7,3 

18,9 

7,6 

22,2 

8,1 

25,1 

7,3 

20,3 

Endettement 11,5 11,4 11,1 11,7 11,9 11,4 


pastorales 

Pistes 4,5 4 4 4,9 4,6 4,4 

Ombrières 

13 13 12,4 12,8 13,1 12,8 

Cette analyse est intéressante car elle permet en particulier d’identifier les champs d’action sur 

lesquels il faudrait agir pour améliorer l’autonomie des sujets. Ces champs d’action se rapportent aux 

aspects fonciers pour le parcours, à la maîtrise du coût d’alimentation pour le cheptel, au pompage de 

l’eau. On doit également accorder une attention aux structures administratives avec lesquelles les 

populations sont en contact, à la structure traditionnelle du miyâad, à l’investissement et au 

désenclavement (tableau 3.33). 

3.3.2 L’Indice d’autonomie perçue 

Les résultats obtenus dans les analyses précédentes de l’effet perçu des objets sur l’autonomie, le 

caractère direct des questions, la consistance de l’instrument et son caractère discriminant (différence 

entre les catégories professionnelles) ont permis de considérer un score global standardisé de 

perception de l’autonomie. Ces arguments se trouvent confortés par la distribution normale de la 

fréquence des scores obtenus pour l’ensemble des personnes enquêtées (figure 3.10). L’indice 

d’autonomie perçue est égal en moyenne à 49,2 avec un écart type de 14,6 (N=605). 







60 

50 

40 

30 

20 

10 

0 

14 

12 

10 

Score global indice d'autonomie perçue 

95,0 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

30,0 

25,0 

20,0 

15,0 

10,0 

Sigma = 14,65 


N = 605,00 

Score standardisé_perception d'autonomie 

8 

6 

4 

2 

0 

30 

20 

10 

0 

Score standardisé d'autonomie perçue 

Berger 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

30,0 

25,0 

20,0 

Sigma = 12,19 


N = 126,00 



Jeune 

95,0 

90,0 

85,0 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

30,0 

25,0 

20,0 

15,0 

10,0 

Sigma = 15,62 


N = 144,00 



Agriculteur 

80,0 

75,0 

70,0 

65,0 

60,0 

55,0 

50,0 

45,0 

40,0 

35,0 

30,0 

25,0 

20,0 






20 

10 

0 

30 

20 

10 

12 

10 

8 

6 

4 

2 

0 

72,5 

67,5 

62,5 

57,5 

52,5 

47,5 

42,5 

37,5 

32,5 

27,5 

22,5 

17,5 

Sigma = 13,50 


N = 109,00 


Eleveur 

Sigma = 13,87 


N = 121,00 



Témoin 

0 

N = 105,00 

15,0 25,0 35,0 45,0 55,0 65,0 75,0 85,0 

20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0 

Sigma = 13,48 



Figure 3.10. Fréquences du score global d’indice d’autonomie perçue. 

Le calcul de l’indice d’autonomie perçue a montré que le groupe le moins autonome serait les éleveurs 

et le plus autonome les jeunes, tout en sachant que les agriculteurs, les bergers, les éleveurs ont des 

indices d’autonomie perçue statistiquement similaires (tableau 3.34, figures 3.11). Le résultat obtenu 

chez les jeunes confirme leur désintéressement vis-à-vis des activités agropastorales, principales 

sources de revenu dans la région de l’étude.



L’identité tribale ou l’appartenance à une fraction (Arch) n’influence pas l’autonomie perçue (tableau 

3.35, figure 3.12). 

Le revenu mensuel déclaré ne semble affecter l’autonomie des sujets, à l’exception de la classe « sans 

revenu » qui incluse principalement les jeunes (tableau 3.36). 

Par ailleurs, les célibataires sont significativement plus autonomes que les individus mariés (tableau 

3.37). Le groupe des célibataires est constitué principalement par les jeunes. Ce résultat est d’ailleurs 

confirmé par l’effet de la catégorie d’âge sur l’indice d’autonomie (tableau 3.38). 

Tableau 3.34: Scores d’indice d’autonomie perçue standardisés par catégorie professionnelle 

Catégorie 

professionnelle Moyenne N Ecart-type Minimum Maximum 

Agriculteur 46,34a 109 13,50 19,81 83,33 

Berger 46,59a 126 12,19 19,39 78,17 

Eleveur 44,28a 121 13,87 18,08 75,00 

Jeune 57,48b 144 15,62 10,12 97,48 

Témoin 49,49a 105 13,48 15,25 83,08 

Total 49,18 605 14,65 10,12 97,48 

* les moyennes suivies des mêmes lettres ne sont pas significativement différentes (P



Tableau 3.35. Score standardize d’autonomie perçue par Arch 

Arch N Moyenne Ecart-type 

O. chéhida 137 48,05 12,51 

Jlidet R 144 50,05 14,68 

Krachoua 60 52,83 17,02 

Hmidia 62 45,84 15,27 

Zorgane 134 49,98 15,40 

Amarna 31 47,24 13,09 

Guermassa 31 48,20 15,62 

Total 599 49,18 14,71 


120 

100 

80 

60 

40 

20 

0 

N = 

137 

O. chéhida 

144 

Jlidet R 

Arch (recodé) 

60 

Krachoua 


62 

Hmidia 

134 

520 532 

536 

Zorgane 

31 

Amarna 

31 

591 

Guermassa 

Figure 3.12. Variation de l’indice d’autonomie selon l’appartenance tribale 

Tableau 3.36. Effet du revenu mensuel déclaré sur l’autonomie des sujets 

Classe de 

revenu mensuel N Moyenne Ecart-type Erreur standard 

Néant 182 54,58b 15,50 1,15 

0-180 195 46,69a 14,34 1,03 

190-300 111 46,10a 11,70 1,11 

>300 116 47,94a 14,24 1,32 

Total 604 49,20a 14,66 0,60 




Tableau 3.37. Variation de l’indice d’autonomie perçue selon l’état marital 

Situation familiale N Moyenne Ecart-type 

Célibataire 170 55,01b 15,75 

Marié 432 46,98a 13,54 




- Pour les éleveurs, l’implication collective pour le financement (+), la catégorie d’âge 

(+), la mensualité (-) et l’attitude cognitive vis-à-vis des organisations locales (+). 

IAp = 15,46+0,36FIMCOL+O,34 catégorie d’âge – 0,27 mensualité – 0,25 OATTCOG 

(R²=0,28***) 

- Pour les jeunes, l’appartenance à une organisation locale (+), l’implication individuelle 

vis-à-vis de l’eau (EIMPLIND) (+) et l’attitude cognitive vis-à-vis de la gestion 

(GATTCOG) (+). 

IAp= 5,5 + 0,42 appartenance à une organisation + 0,35 EIMPLIND+0,24 GATTCOG 

(R²=0,31***) 

- Pour les témoins, seule l’implication collective vis-à-vis du financement (FIMPCOL) est 

retenue (-). 

IAp= 54 – 0,48 FIMPCOL 

(R²= 0,22***) 

iv. L’erreur standard de prédiction de l’indice d’autonomisation varie de 11 à 15, correspondant à 

un coefficient de variation de 20 à 30 % pour l’ensemble des catégories de sujets. 




CHAPITRE IV 

PROCESSUS DECISIONNELS DECENTRALISES ET 

LEADERSHIP 

1. INTRODUCTION 

Lorsqu’un projet de développement rural se propose d’introduire la participation de la population 

locale dans son approche, il implique non seulement une remise en question des pratiques d’assistance 

paternaliste et autoritaire qui ont sévi depuis l’indépendance des pays de la région, mais il touche aussi 

à la gouvernance locale. Du moment où la participation implique un partage des prérogatives entre les 

autorités administratives et les représentants de la population, de nouvelles exigences apparaissent. Le 

succès ou l’échec, tous deux relatifs, du projet dépendront de la manière dont seront exprimées ces 

exigences et de la réponse qui leur sera donnée. 


des structures objet de dévolution, une légitimité, une capacité de leadership ainsi qu’une capacité de 

gestion des affaires de la communauté, d’arbitrage et de négociation avec différentes parties prenantes. 

Au niveau de l’administration, elle a aussi ses exigences de changement organisationnel qui touche les 

pratiques, les règles et nécessairement la culture des organisations administratives. En effet le schéma 

traditionnellement centralisé de la gestion, se caractérise par une logique de pouvoir basée sur la règle 

et l’asymétrie de l’information. La participation de la base impliquera de nouvelles contraintes de 

transparence, de régulations nouvelles et de discussion des règles en vigueur. La participation de 

nouveaux acteurs au processus de développement induit également un nouveau rapport au temps et un 

rythme autre que celui administratif qui se caractérise en général par sa lenteur. 

La participation nécessite donc une plus grande réactivité de l’administration publique puisque la 

dévolution est partielle et non pas totale. A Tataouine, la population est invitée à exprimer sa vision du 

développement de son territoire, la réalisation des projets est gérée par les directions régionales 

spécialisées, les GDA participent par le suivi des réalisations mais leur implication dans la mise en 

œuvre des projets est pour le moment marginale. Mais ils ne sont pas sans s’approprier le projet et se 

donner une conception propre du développement de leur communauté. Ils peuvent transgresser 

progressivement les limites des rôles qui leur sont concédés, élargir leurs horizons et exprimer le 

besoin d’un meilleur positionnement de leur structure de GDA sur l’échiquier des centres de décision 

locaux et régionaux. 

Par ailleurs le besoin d’une plus grande réactivité au niveau de l’administration pose avec acuité la 

question de la décentralisation des structures régionales impliquées dans l’implémentation du projet. 

Perçue sous cet angle l’autonomisation est un processus évolutif. Nous en avons identifié les signes 

lors de visites et d’entretiens successifs menés auprès de différents acteurs institutionnels. Les résultats 

de notre enquête ont permis d’identifier une dynamique de ce processus avec ses avancées, ses 

paradoxes, ses goulots d’étranglement. L’analyse aboutira en plus d’une meilleure compréhension du 

fonctionnement politico-administratif et social autour du projet, d’émettre quelques hypothèses et 

propositions d’action pour la durabilité de la dynamique de développement que l’introduction du 

PRODESUD aura enclenchée. 

Ce document présente la recherche et ses résultats concernant les deux modules d’une recherche plus 

globale concernant l’autonomisation des populations concernées par un projet de développement rural 

intégré couvrant tout le Gouvernorat de Tataouine. Il s’agit des leaderships et des processus 

décisionnels associés à la mise on œuvre du PRODESUD. 

Chapitre IV. Processus décisionnels décentralisés et leadership 85



2. CADRE THEORIQUE, OBJECTIFS ET METHODOLOGIE DE LA 

RECHERCHE 

2.1 Le cadre conceptuel général 

« Le but de cette recherche est de comprendre ce qui permet et ce qui limite l’autonomie de décision 

des acteurs locaux (collectivités rurales, administration publique, etc.). L’autonomisation se construit 

par une participation à la décision inscrite dans un cadre formalisé, d’une part, et par une 

négociation du pouvoir entre des acteurs mus par des intérêts et des stratégies divergentes, d’autre 

part. La compréhension de ce processus passe par celle des perceptions divergentes/convergentes des 

enjeux. De même le processus de participation/négociation entre les diverses parties prenantes génère 

un apprentissage partagé. Cet apprentissage est à même de renforcer le pouvoir de décision des 

participants qui en étaient dénuées dans le système centralisé, il apporte de nouvelles compétences à 

la communauté dans son ensemble y compris les intervenants administratifs. » (cf. Termes de 

référence) 

Tel est l’objectif défini par les termes de référence de cette étude qui représente les modules 3 & 4 

de l’étude globale sur l’ « autonomisation des ruraux pauvres et volatilité des politiques de 

développement ». Pour conduire la recherche, on s’est appuyé sur le modèle théorique défini par El 

Harizi pour l’ensemble de l’étude et sur un cadre conceptuel qui mobilise des théories relatives au 

pouvoir, la gouvernance, le partenariat, les mécanismes de coordination et l’apprentissage. 

2.1.1 Autonomisation, dévolution et agent 

Pour conduire une recherche comparative relative au processus d’autonomisation des populations 

rurales pauvres, Khalid El Harizi a défini un cadre conceptuel s’appuyant sur un certain nombre 

d’hypothèses dont on reprend celles qui sont les plus pertinentes par rapport à cette composante de 

l’étude. 

� Au centre du modèle est l’agent ou acteur défini comme « opérateur capable d’initiative, 

disposant d’un degré d’autonomie de décision » et donc de liberté de choix. 

� L’éventail des choix ouverts à l’agent « dépendent de l’ensemble des ressources contrôlées 

par lui, de son aptitude à combiner ces ressources (talents ou habiletés) ainsi que la gamme 

d’opportunités et de contraintes qui concernent l’environnement immédiat de l’agent ». 

� « L’autonomisation implique un changement structurel dans les aspirations, attitudes et 

aptitudes de l’agent » 

� « Ces transformations mettent en jeu des processus complexes d’ordre cognitif 

(apprentissage), affectif (créativité, confiance en soi, valeurs) et conatif (aptitude à se 

projeter dans le futur) ». 

� « Lorsque l’agent donne une signification à son expérience, il le fait dans un contexte social 

dont il n’est pas isolé ». 

� « L’autonomie d’un acteur fait qu’il est un agent du changement et non un simple 

bénéficiaire ou une victime du changement ». 

L’agent pris en considération dans cette partie de l’étude est un agent collectif constitué par une 

organisation administrative (unité de pilotage du PRODESUD), une structure de base (Groupement de 

développement agricole) ou une institution sociale (famille, communauté). 

Avant d’analyser le processus d’autonomisation associé à la mise en œuvre du PRODESUD, il faudra 

approfondir certains concepts opératoires qui fondent la recherche : pouvoir, gouvernance, partenariat 

et apprentissage. 




2.1.2 Le pouvoir comme outil de coordination des activités collectives et de la 

vie sociale 

La coordination entre acteurs 11 engagés dans un projet commun s’impose pour la réalisation des 

objectifs, la résolution de problèmes et la réduction des effets destructeurs des conflits 12 pour la vie du 

groupe, de l’institution ou de l’organisation. 

Les instruments employés pour la réalisation de cette coordination sont compris entre deux limites 

extrêmes allant du laisser-faire (absence totale de coordination), à la contrainte du pouvoir absolu, en 

passant par la participation organisée dans ses différentes formes (consultations, négociations 

informelles ou dans le cadre de structures formelles pour traiter en commun certaines questions). 

Le pouvoir attribué à une personne lui donne la capacité d’engager des ressources matérielles, 

d’orienter et de contrôler les comportements des autres. Pour ce faire, elle peut utiliser la contrainte de 

la sanction positive (récompense) ou négative (punition) ou bien se prévaloir de la légitimité de son 

pouvoir. Mais perçu comme attribut, le pouvoir conduit à des désillusions quant à son efficacité. Car 

le pouvoir est aussi et surtout une relation où les individus déploient leurs stratégies propres pour en 

tirer le meilleur profit. De ce point de vue l’influence du détenteur du pouvoir dépend de sa 

légitimité 13 . Un pouvoir est considéré légitime lorsque les personnes reconnaissent à celui qui 

l’exerce le droit de commander et lui obéissent, ce qui lui confère une autorité. 

« Il y a trois types de domination légitime. La validité de cette légitimité peut principalement revêtir : 

Un caractère rationnel reposant sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de 

donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens 

(domination légale) ; 

Un caractère traditionnel , reposant sur la croyance quotidienne en la sainteté des traditions valables 

de tout temps et en la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par ces moyens 

(domination traditionnelle) ; 

Un caractère charismatique, [reposant] sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu 

héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne, ou encore [émanant] d’ordres révélés ou émis par 

celle-ci (domination charismatique) » 14 

La hiérarchie bureaucratique exerce un pouvoir fondé sur le savoir et la compétence et selon des 

règles établies. Selon Weber c’est la forme d’organisation la plus perfectible puisqu’il est dans le 

pouvoir des hommes d’affiner les règles, de les préciser et de les adapter à la nature de l’organisation 

et de ses activités, contrairement à la domination traditionnelle figée par un héritage immuable et la 

domination charismatique fort dépendante de la personne qui exerce l’autorité. 

Les études menées en Tunisie dans des entreprises formellement structurées selon le modèle 

bureaucratique, suggèrent que loin de s’exercer à travers les règles, le pouvoir tente au contraire de 

créer des espaces a-règlementaires, de défier les règles même s’il en est l’auteur. Des phénomènes 

culturels qui se prêtent à un usage instrumental pour l’exercice du pouvoir ont été identifiés ; parmi 

eux celui que nous avons désigné par le concept de "flou". Les manifestations comportementales du 

flou résident dans une tendance à créer l’ambiguïté en refusant de formuler des règles précises et 

écrites pour traiter certains problèmes particuliers, en produisant des règles ambiguës appelant des 

interprétations différentes selon le point de vue de l’intéressé, ou en fuyant devant la nécessité 

11 Nous entendons par acteur à la fois des individus et des cadres organisés, qu’il s’agisse d’institutions sociales 

comme la famille, d’organisme administratif ou d’entreprise. 

12 J. R. Commons (1932) ‘The problem of correlating law, economics, and ethics’ Wisconsin Law Review 

N° 8 pp3-26, cité par Williamson ‘According to Commons ‘The ultimate unit of activity … must 

contain in itself the three principles of conflict, mutuality, and order. This unit is a transaction’ 

13 M. Weber (1971), Economie et Société, Tome Premier, ed. Plon 

14 M.Weber op.cit. p. 222 




d'imputer la responsabilité des évènements à une personne déterminée et de dégager des décisions 

claires et tranchées afin de résoudre les problèmes qui se posent. 

Le flou a un effet double: le renforcement du pouvoir de celui qui le détient car en l'absence de règles 

il peut user de son arbitraire, et en même temps, l'exercice de l'autorité "rationnelle" est rendu plus 

difficile en l'absence de règles précises et contraignantes pour tous les acteurs sociaux 15 . Le modèle 

bureaucratique pour l'exercice du pouvoir dans l'organisation tunisienne est donc incompatible avec le 

soubassement culturel des membres de l'organisation. Par conséquent ce n’est pas le modèle idéal 

pour assurer l’efficacité. 

Si l'on adopte le paradigme weberien de l’autorité, il faudra identifier les sources de légitimation du 

pouvoir particulières à un contexte culturel donné pour concevoir une forme adaptée de coordination 

des tâches. Mais le sociologique ne devrait pas occulter le fait que l'individu est un être autonome et 

dispose toujours d’une marge de liberté si minime soit-elle, même sous le joug du pouvoir le plus 

absolu. 

C’est ce que Crozier et Friedberg ont démontré en arguant que les individus disposent d’un pouvoir 

stratégique dans un espace organisationnel qui est bien loin de l'image ordonnée, stable et coordonnée 

"mécaniquement" par une autorité centrale. "…même dans les situations les plus extrêmes, l'homme 

garde toujours un minimum de liberté et qu'il ne peut s'empêcher d'utiliser pour battre le système" 16 . 

La conduite de l'individu face à la hiérarchie n'est pas pure obéissance mais plutôt le résultat de la 

négociation de sa volonté d’agir car il dispose, lui aussi, de ressources de pouvoir (notamment la 

possibilité de se coaliser avec ses collègues et de mobiliser leur solidarité, sa capacité de nouer des 

relations hors de l'organisation…) 

L'homme n'est pas seulement une main qui travaille, un cœur à la recherche de satisfaction de besoins 

sociaux, mais aussi "et avant tout une tête, c'est à dire une liberté, ou en termes plus concrets, un agent 

autonome qui est capable de calcul et de manipulation et qui s'adapte et invente en fonction des 

circonstances et des mouvements de ses partenaires." 17 

Partant de là, ce qui paraît fondamental dans le concept de pouvoir c'est son aspect relationnel, la 

possibilité qu'un individu a d'agir sur d'autres individus ou groupes d'individus. Les pouvoir est alors 

selon Crozier et Friedberg : une relation et non un attribut ; une relation d'échange, donc de 

négociation ; une relation instrumentale (le pouvoir ne se conçoit que dans la perspective d'un but) ; 

une relation non transitive (si A peut obtenir une action de B et si B peut obtenir une action de C, cela 

n'implique pas que A peut obtenir cette même action de C) 

C'est une relation réciproque mais déséquilibrée, un rapport de force dont l'un peut retirer davantage 

que l'autre, mais où, également l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre. 

Si l’on conçoit ainsi le pouvoir, la source qui le nourrit et le fonde, réside dans la marge de liberté 

dont dispose l'individu et, plus précisément, dans les zones d'incertitude qu'il contrôle et qui lui 

donnent la possibilité de rendre son comportement imprévisible pour ses partenaires. Plus les 

ressources à la disposition d'un individu lui permettront de garder son comportement futur 

imprévisible, plus le rapport de force qui prévaudra lui sera favorable. "Le pouvoir réside donc dans la 

marge de liberté dont dispose chacun des partenaires engagés dans une relation de pouvoir, c'est à 

dire dans sa possibilité plus ou moins grande de refuser ce que l'autre lui demande" 18 . 

15 R. Zghal (1994) La culture de la dignité et le flou de l'organisation, CERP Tunis 

(1996) "Culture et pouvoir dans l’organisation tunisienne", Revue Cultures et Développement n°2 spécial ‘Gestion 

des entreprises et cultures africaines’, Bruxelles 

16 Crozier & Friedberg (1977) L'acteur et le système, éditions du seuil p.36 

17 id. p.38 

18 id. p.60 




2.1.3 Gouvernance et crise de gouvernabilité 

A une échelle plus grande, si l’on passe du cadre de l’organisation à celui de la société, on constate 

que les mutations politico-économiques que connaît le monde ont généré une crise de citoyenneté et 

de gouvernement. Cela n’est pas sans rapport avec la propulsion du concept de gouvernance au centre 

des débats, à la fois politiques, économiques et sociaux. Ce concept s’est propagé avec d’autant de 

rapidité qu’il apporte des éléments de réponse à des difficultés croissantes de gouvernement de 

populations diverses et aux exigences de plus en plus multiples. En effet les instruments traditionnels 

de gouvernement perdent de leur efficacité. Il y a comme un échec à gouverner dans plusieurs pays. 

Le monopole de l’État dans la prise de décision et le monopole de les appliquer en vertu d’un pouvoir 

coercitif légitime sont contestés à maintes occasions dans les démocraties les plus anciennes. 

Par ailleurs la complexité des systèmes sociaux, politiques ou économiques les rend ingouvernables 

par un organe central doté du monopole de la décision et de sa mise en œuvre. 

La gestion d’un système complexe nécessite l’intervention d’une multiplicité d’acteurs dont les 

intérêts ne sont pas réductibles aisément à une formule simplifiée ‘d’intérêt public’. L’intervention 

d’acteurs divers dans la gestion des affaires publiques tels que les associations et organisations à but 

non lucratif, les entreprises et les citoyens, à côté des autorités publiques devrait permettre de trouver 

les solutions satisfaisantes et donc plus durables – du point de vue du plus grand nombre d’acteurs 

sociaux - aux problèmes collectifs que rencontre la société. 

De ce fait les autorités publiques voient leur rôle modifié, passant de celui d’interventionniste à celui 

de facilitateur, de stratège, d’animateur et de régulateur. La gestion des affaires publiques repose 

alors sur un processus d’interaction/négociation entre intervenants hétérogènes, fondé sur la mise en 

commun d’expertises et le partage des responsabilités. 

Un tel modèle de gouvernement ou « bonne gouvernance » semble d’autant plus adapté que les États 

sont disposés à faire bénéficier la société civile de marges de liberté, d’autonomie et de pouvoir dans 

la gestion des affaires communes. Il ne s’agit pas de céder tous les pouvoirs mais de mettre en place un 

mode de partage du pouvoir, une forme de partenariat dans les actions à entreprendre pour la conduite 

des affaires collectives. 

Le programme de gouvernance de la banque mondiale définit ce concept comme étant “les traditions 

et les institutions par lesquelles l’autorité est exercée dans un pays pour le bien commun. Cela inclut 

(i) le processus par lequel une autorité est sélectionnée, surveillée et remplacée 

(ii) la capacité du gouvernement de gérer efficacement ses ressources et d’appliquer des 

politiques valables et 

(iii) le respect par les citoyens et l’État des institutions qui gouvernent leurs interactions 

économiques et sociales. » 19 

Cette définition met l’accent sur la réciprocité entre État et citoyens concernant les rapports de 

coopération, de contrôle et de respect des institutions. Ce qui les réunit c’est l’égalité dans le devoir de 

respect des institutions, que l’État dévolue ou non des pouvoirs qui sont les siens à la société civile. 

2.1.4 Le corollaire de la dévolution : Partenariat et apprentissages croisés 

Lorsque le système de gouvernance et mis en application, cela conduit inévitablement à un partage des 

rôles ainsi qu’au redoublement des besoins de coordination entre organes et institutions partenaires. A 

la question permanente de distribution du pouvoir et des responsabilités, viendra s’ajouter celle des 

mécanismes de coordination et de négociation. Ces derniers vont engendrer une dynamique 

d’échanges qui aura pour effet : 

19 http://www.worldbank.org/wbi/wbigf/governance.html cité par Gleason & al. Op.cit 




- la découverte mutuelle de cultures différentes : perceptions, mécanismes de 

comportement, valeurs et normes, 

- la construction d’ébauches d’une culture partagée : normes et valeurs, règles de conduite, 

sources de légitimation de l’action et des hommes 

- la découverte des savoirs détenus par les différentes parties et un apprentissage croisé 

lorsque les différentes parties adhèrent à des objectifs communs et se font confiance. 

La littérature relative aux partenariats et aux alliances entre entreprises et organisations insiste sur 

l’importance de la confiance comme moyen flexible de coordination, et de l’apprentissage comme 

facteur favorisant l’amélioration de la performance. Il y aurait un processus d’apprentissage tout au 

long du fonctionnement de l’alliance 20 . Chaque fois que le projet réunit des organisations ou des 

institutions dont les intérêts ne sont pas tout à fait convergents, la collaboration est entourée de 

grandes incertitudes et ambiguïtés. De même les relations entre les partenaires évoluent d’une manière 

difficile à prédire. C’est pourquoi le succès dépend, généralement, moins des accords initiaux que de 

l’adaptabilité au changement des organisations et des hommes qui y travaillent. La capacité 

d’adaptation s’impose d’autant plus que la situation est marquée par un manque de connaissance du 

partenaire, un manque de compréhension et de confiance, des différences de règles et de perception 

des comportements, et donc des différences de cadre de référence. On sait que le cadre de référence 

mental opère comme un filtre à travers lequel sont perçus les faits et les personnes. Il est souvent à 

l’origine des biais cognitifs et constitue un facteur de blocage de la communication. 

Dans les relations de partenariat, Doz et Hamel 21 mettent en garde contre l’inflation des attentes de 

contributions du partenaire, ces attentes sont généralement surestimées. Par contre en tant que 

partenaire soi-même on a tendance à surévaluer sa propre contribution. Ces deux tendances opposées 

nourrissent une vision erronée de la réalité et menacent la poursuite de la collaboration. 

En vue d’ajuster les pratiques des partenaires, d’une part, et de favoriser le succès du projet commun, 

d’autre part, il y a nécessité de renforcer les compétences réciproques 22 . Cela se réalise soit à travers le 

transfert de savoirs et de savoir faire d’un partenaire à l’autre, soit à travers l’acquisition de nouveaux 

savoirs. Dans les deux cas il y a nécessité d’apprentissage. Mais les différences culturelles affectant les 

styles de décision et les routines de travail risquent de bloquer le processus d’apprentissage. Lorsque 

les routines sont bien ancrées il faudra désapprendre des mécanismes de comportements et 

reconsidérer certaines attitudes pour apprendre de nouveaux modes de comportement et d’action. 

Seulement cela est d’autant plus difficile à réaliser que les attitudes sont partie intégrante de l’identité, 

de même, les modes d’action constituent une forme d’expression de la supériorité et du pouvoir. 

Dans le contexte du partenariat, lorsque la coopération impose un abandon de routines 

comportementales et mentales cela peut menacer la confiance en soi et en l’identité collective ou 

organisationnelle. Ainsi perçu, le partenariat est perturbé par un sentiment d’insécurité. Il favorise, par 

conséquent, des comportements de méfiance et d’opportunisme visant principalement à rétablir une 

sécurité identitaire. 

L’opportunisme consiste dans une attitude guidée principalement par l’intérêt propre au détriment de 

l’intérêt commun. Il se traduit par des comportements de tromperie, désinformation, déguisement ou 

omission volontaire de faits et d’informations 23 . L’opportunisme sape par conséquent la confiance. Or 

le manque de confiance est d’autant plus gênant pour la conduite de la coopération, que plus on avance 

dans le projet plus il va falloir coopérer de plus en plus intensément. In fine le manque de confiance 

agit comme frein à l’engagement dans la coopération. 

20 ` Yves L. Doz & Gary Hamel (1998) Alliance Advantage, the Art of Creating Value through Partnering Harvard 

Business School Press – Boston MA 

21 op. cit. 

22 Marc Ingham (2000) « Apprentissages organisationnels dans le contexte de partenariat en R&D : le cas de gestion 

de projets de R&D chez ALPHA » in B. Quélin & J. L. Arrègle, Le management stratégique des compétences, 

Ellipses pp. 191-233 

23 A.. Alchian & H. Demsetz (1972) “Production, Information Costs, and Economic Organization” American 

Economic Review, vol. 62, n°5, December, pp.777-795 




Le partage de l’information joue aussi un rôle important dans le partenariat. Or le pouvoir dans 

l’alliance appartient à celui qui contrôle et utilise l’information de façon appropriée. L’asymétrie de 

l’information fait donc partie de la stratégie des acteurs à la recherche d’une domination de la 

situation. Elle a pour effet de creuser un fossé entre les partenaires qu’il faudra combler si l’on 

souhaite poursuivre l’action commune. 

Un autre facteur pouvant affecter le succès de la coopération réside dans la perception du temps 

nécessaire pour en retirer les bénéfices. L’écart dans l’appréciation de ce temps génère inévitablement 

des difficultés et érode la motivation des partenaires. 

Ainsi des incertitudes et des fossés séparent les partenaires sur plusieurs plans. Pour assurer le succès 

du projet réunissant des partenaires indépendants à l’origine et soucieux de préserver une autonomie 

malgré la coopération, il y a nécessité de préciser de façon détaillée les rôles de chacun, de cerner avec 

précision les cadres de l’action, jeter les bases d’une sorte de culture partagée pour éviter les écarts de 

perception et d’interprétation, et aussi pour éviter les conflits et les blocages dans la poursuite de 

l’action. 

Cependant la définition d’un cadre formel de coopération n’est souvent pas possible en raison des 

multiples incertitudes qui entourent la mise en œuvre du projet commun et de l’ignorance de plusieurs 

caractéristiques du partenaire. Cette ignorance est due à un manque d’expérience antérieure et au fait 

que la culture et les compétences du partenaire sont du domaine du tacite. 

Le comportement dans le contexte du partenariat est donc par beaucoup imprévisible. La confiance 

s’impose alors comme une nécessité pour réduire les risques des comportements imprévisibles 24 . Elle 

a l’avantage de permettre une flexibilité car les comportements seront ajustés en fonction de la 

variation des situations et des nouvelles donnes. Le partenaire choisit son comportement 

individuellement ou en concertation avec l’autre partenaire selon la progression dans l’action 

commune. Pour cela il y a besoin d’une plateforme de valeurs communes et d’une obligation de 

respect de la conformité de l’action à ces valeurs. Cela autorise chaque partenaire à anticiper de 

manière juste les comportements futurs de son associé. Paradoxalement, la confiance renforce la 

dépendance, la vulnérabilité, elle est donc associée à une prise de risque. L’enjeu dans le partenariat 

résidera alors dans la capacité de réaliser un équilibre entre les moyens formels et les moyens moraux 

informels d’engagement et de confiance pour en assurer la performance et la durabilité. 

2.1.5 État des lieux 

Pour conduire son projet, le contexte est pour le chercheur ce que le décor est pour l’homme de 

théâtre, il cadre le jeu mais n’en détermine pas le processus. Le cadre conceptuel guide la recherche 

mais tient compte du contexte où elle est conduite. C’est pourquoi il importe d’identifier l’état des 

lieux de la région avant d’engager la recherche proprement dite. 

A la suite de la visite effectuée à Tataouine du 27 au 29 décembre 2004 et la consultation de la 

documentation relative au PRODESUD, la réalité sociologique de la région apparaît comme mue par 

diverses forces socioéconomiques aux motivations et intérêts plus ou moins divergents. La région a 

ses points forts et aussi ses points faibles qui renforcent/fragilisent le tissu économique et social. Des 

espaces de pouvoir en négociation entre les divers partenaires semblent en phase de 

structuration/déstructuration à la faveur d’une dynamique générée par l’introduction du PRODESUD. 

24 C. Young-Ybarra & M. Wiersma (1999) “Strategic Flexibility in Information Technology Alliances: The Influence 

Of Transaction Cost Economics And Social Exchange Theory”, Organization Science vol 10 n° 4, July-August pp. 

439-459 

C. Koenig & G. Van Wijk (1992) « Alliances interentreprises : le rôle de la confiance » in A. Noël, Perspectives en 

Management Stratégique, Economica 

T. K. Das & B. S. Teng (1998) “Managing Risks in Strategic Alliances“ , The Academy of Management Executive, 

vol 13, n° 4 November pp. 50-62 




Les organisations en place 

Les forces socioéconomiques et politico-administratives sont celles inhérentes aux différentes 

structures et institutions en présence. Ces structures ou ‘organisations’ agissent en tant qu’entités 

chargées d’histoire, de culture, de routines et règles de comportement, d’intérêts plus ou moins 

divergents et de visions plus ou moins partagées par leurs membres. Il s’agit des organes 

administratifs, politiques, syndicaux ainsi que des organes de gestion des espaces collectifs et des 

institutions sociales : 

a. Administration publique : Gouvernorat, Délégué, Omda, 

b. RCD, Cellule, 

c. Directions régionales concernées, CRDA, PRODESUD 

d. Structures locales formalisées : GDA, AIC, Conseil de gestion, Conseil rural et autres 

e. Syndicats professionnels : UTICA (réunissant les entrepreneurs et hommes 

d’affaires), UTAP (réunissant les agriculteurs et les éleveurs) 

f. Structures sociales : Famille large, Douar, Lahma, Arch 

La multiplicité des structures et leur diversité ainsi que leur positionnement par rapport au projet 

impliquent une diversité de perception du PRODESUD et de ses enjeux. La réalité du contexte de 

Tataouine est donc truffée de paradoxes et de contradictions. Ceci augure de l’ampleur de la 

dynamique locale qui va accompagner la mise en œuvre du PRODESUD nourrie également par la 

diversité des enjeux. 

Les enjeux 

Les enjeux concernent la terre, les parcours et l’élevage, le tourisme et l’artisanat, l’héritage culturel et 

l’accès à la modernité. Les intérêts des différentes catégories face à ces enjeux sont plus ou moins 

opposés : 

- La terre et les logiques en place : d’une part le projet et certains acteurs administratifs visent la 

préservation des terres de parcours fragiles et menacées par la désertification ; d’autre part des 

habitants recherchent une exploitation intensive des ressources (engraissement du bétail, cultures 

irriguées) même s’il faut user d’appropriation individuelle de biens collectifs (terres et eau). 

- Existence d’un potentiel de développement de l’élevage qui reste une activité prisée par 

beaucoup notamment les grands éleveurs, mais se pose le problème de disponibilité de bergers 

qualifiés en présence, des changements de mode vie et de la dévalorisation du métier de berger 25 . 

- Existence d’un potentiel d’exploitation intensive des produits de l’élevage notamment avec 

l’existence d’une clientèle touristique potentielle, mais aussi désaffection de certaines activités 

manuelles entraînant la déperdition de certains savoir faire traditionnels tels que le travail du poil 

de chameau et de chèvre, le traitement des peaux ou le tissage. 

- Existence à la fois d’un attachement à l’héritage culturel et d’une transformation du mode de vie 

nourrie par l’aspiration à la modernité. Le phénomène d’émigration et le retour d’émigrés ayant 

réussi, alimentent ce paradoxe et le courant de l’acculturation. 

- La menace des activités agricoles et pastorales par la désaffection des jeunes attirés par des 

activités bien plus rémunératrices, notamment l’émigration et le commerce avec la Libye. 

- Par contre le projet et ses ressources, comme enjeu, favorise un regain d’intérêt pour l’élevage 

et l’agriculture et renforce le besoin de main d’œuvre dans le secteur. 

25 Des petits enfants rencontrés à Guermessa se moquent de leur camarade en disant qu’il sera berger alors qu’eux se 

destinent à des métiers d’ingénieur et de médecin ! 




Les espaces de pouvoir en négociation entre divers partenaires de la région 

L’espace de pouvoir qui se négocie actuellement entre les divers partenaires concerne les divers 

enjeux évoqués plus haut. La négociation devrait permettre de réduire l’effet des représentations 

contradictoires propres aux diverses structures et à la logique du projet lui-même et éventuellement, 

une nouvelle redistribution des cartes. 

L’étude de l’autonomie des populations devrait être appréciée selon les deux volets de la liberté 

évoqués par Amartya Sen : Liberté positive et liberté négative. La liberté positive réside dans la 

capacité d’agir dont dispose l’individu, la communauté ou le groupe ; la liberté négative réside dans 

l’élimination des obstacles rendant l’action impossible. 

Si la population possède des ressources de solidarité, de leadership et de savoir qui lui permettent 

d’agir, les obstacles qui empêchent cette capacité d’agir sont multiples : les contradictions internes 

au niveau du Arch (lahmet, patriarche et personnes adultes, hommes/femmes, jeunes/vieux…), 

entre les arouchs, divers obstacles administratifs rétrécissant l’espace de liberté des structures de 

base de la population, absence de ressources, manque de disponibilité de la main d’œuvre… 

De plus, les logiques en présence, si elles ne sont pas cohérentes, génèrent des obstacles à travers les 

attitudes et comportements contradictoires des acteurs. Ceci est le cas si l’on considère la logique du 

projet qui entre en conflit avec d’autres logiques en place. (cf. tableau ci-dessous) 

Tableau 4.1. Les logiques du projet PRODESUD, des populations et de l’administration dans la région 

de Tataouine 

Logique du projet 

« Responsabilité, Initiative, 

Intérêt collectif » 

Participation des 

populations à la gestion 

du programme : 

1. Responsabilité 

2. Prise de décision 

3. Initiative 

4. Action 

5. Gestion des projets 

d’intérêt collectif 

6. Résolution des 

conflits 

Logique des populations 

« Revendication, Négociation » 

1. Défendre les intérêts 

collectifs 

2. Servir les intérêts 

individuels 

3. Maintenir l’entente avec 

le pouvoir ses structures 

et celles du parti 

4. Obtenir l’assistance de 

l’État 

5. Contribuer le moins 

possible au coût du 

développement 

6. Conserver la cohésion du 

groupe malgré les 

divergences d’intérêt 

entre factions et entre 

individus 

Logique de l’administration 

« Contrôle » 

1. Organisation, réglementation, 

pouvoir hiérarchique, contrôle 

direct 

2. Déconcentration : céder à la 

population les domaines 

d’activité qui s’inscrivent dans 

la durée (maintenance, 

contrôle) et qui exigent des 

moyens humains importants 

et/ou l’adhésion des groupes 

concernés 

3. maintenir l’essentiel du pouvoir 

d’engagement des ressources 

entre les mains de 

l’administration 

4. Consulter la population pour 

assurer un minimum 

d’engagement nécessaire pour 

la conduite des projets 

5. Réduir l’espace de participation 

de la population à l’utilité 

administrative 




Les points forts et les points faibles de la région 

La région dispose d’un potentiel de ressources matérielles et humaines se prêtant à une exploitation 

plus intense. Elle dispose de potentialités en raison des sa position géographique, de son étendue et de 

ses ressources sociologiques de solidarité susceptible de soutenir une action collective de 

développement : 

- Un espace étendu et des terres vierges 

- D’importantes réserves d’eau souterraines 

- Un savoir faire local en matière d’exploitation des ressources naturelles respectant 

l’équilibre de l’écosystème 

- Un savoir faire voire une spécialisation de la région en matière d’élevage dans les 

territoires très arides et déserts. 

- La disponibilité de ressources minières et végétales importantes non exploitées (marbre, 

gypse, sel gemme, plantes médicinales et plantes parfumées…) 

- Un potentiel important pour développer l’économie touristique dans un créneau porteur et 

peu banal. 

- Un réseau routier reliant le chef lieu du gouvernorat aux divers centres urbains du sud. 

- Un longue frontière avec la Libye favorisant un commerce transfrontalier florissant. 

- Une solidarité sociale mobilisable pour des projets d’intérêt commun et pour la résolution 

des conflits. 

- Avec l’arrivée du PRODESUD une nouvelle perspective s’ouvre pour la participation des 

femmes et des jeunes à la prise de décision hors de la sphère familiale. 

- Un flux d’idées et de savoir faire alimenté par les émigrés à l’étranger qui gardent des 

liens étroits avec le pays. 

La région souffre par ailleurs de nombreux points faibles liés essentiellement à la structure et aux 

valeurs sociales. Les pratiques sociales enracinées dans l’histoire sont encore prégnantes et réduisent 

les capacités collectives de la population pour une exploitation optimale des ressources matérielles et 

humaines. L’enquête a révélé des menaces et des faiblesses telles que: 

- Le risque de dégénérescence des solidarités du groupe en conflictualité de groupes. 

- Le conservatisme social qui tient les femmes et les jeunes à l’écart du pouvoir de décision. 

- Un secteur industriel atrophié. 

- La prégnance de l’esprit de dépendance nourri par une longue expérience de contrôle 

administratif excessif, une gestion administrative inscrite pendant longtemps dans une 

logique d’assistance, réduisant la liberté d’initiative et renforçant l’attitude attentiste parmi 

les populations. 

- La dévalorisation des métiers traditionnels malgré une demande pour la main d’œuvre 

spécialisée dans les activités pastorales et agricoles. 

- L’absence d’institutions en mesure de gérer le paradoxe du traditionalisme et de 

l’aspiration à la modernité à une échelle collective. 

- L’absence de hiérarchisation de la demande et le désir partagé « d’avoir le beurre et 

l’argent du beurre » (pour les habitants, bénéficier de l’assistance et en même temps de 

pouvoir et d’autonomie ; pour l’administration, céder aux structures de base (en 

l’occurrence le GDA), la gestion des parcours mais lui interdire l’initiative en dehors d’un 

cadre réglementaire qui interdit de fait l’initiative génératrice de ressources propres et 

exclut la gestion autonome des travaux d’intérêt collectif. 




2.2 Hypothèses et approche méthodologique 

2.2.1 Hypothèses de recherche 

Partant du cadre théorique et des observations réalisées sur le terrain, on considérera l’autonomie non 

comme un « état du groupe social » mais comme un processus qui se construit à travers une forme de 

participation à la décision inscrite dans un cadre formalisé d’une part, et un processus de négociation 

du pouvoir entre des acteurs mus par des intérêts et des stratégies divergentes autour d’un projet 

comme médiateur, d’autre part. Il s’agit d’identifier les niveaux d’autonomie réels et les processus en 

vigueur dans la dynamique sociale générant ou freinant l’autonomisation des populations. La 

compréhension de ce processus passe par celle des perceptions divergentes/convergentes des enjeux. 

De même le processus d’implication/engagement des diverses parties prenantes génère un 

apprentissage croisé. Cet apprentissage est à même de renforcer le pouvoir de décision des participants 

qui en étaient dénués dans le système centralisé, il apporte de nouvelles compétences à la communauté 

dans son ensemble y compris les intervenants administratifs. 

Selon ce cadre conceptuel, la variable à expliquer est le degré d’autonomie réalisé à la faveur d’un 

processus engagé d’autonomisation et face aux inerties en présence s’opposant à cette autonomisation. 

L’étude sera consacrée principalement aux structures de base de la population créées à la faveur de ce 

processus, à savoir les GDA, et à l’unité administrative de pilotage du PRODESUD. 

Les hypothèses et les indicateurs que l’on s’est proposé d’explorer, sont résumés dans le tableau 4.2 

ci-dessous : 

Tableau 4.2. Les hypothèses de recherche et leurs indicateurs de vérification 

Hypothèses Indicateurs 

Différentes logiques en présence y compris celle Degré de cohérence des logiques en place : entre elles et par 

du projet PRODESUD 

rapport aux objectifs du projet 

PRODESUD objet de stratégies 

Importance des stratégies d’implication vs. stratégies 

individuelles/collectives différentes 

opposées ou opportunistes 

Existence de cadres de participation formalisés Dans quelle mesure les espaces d’action s’inscrivent dans ou 

hors des cadres formalisés 

Existence de mécanismes de régulation formalisés Règles, réunions régulières, processus de communication, 

acteurs impliqués dans les divers processus de communication 

Structures d’arbitrage Importance relative des structures (administratives, 

traditionnelles, émergentes ; formelles, informelles) 

Existence de mécanismes de régulation non Cohérence des cultures en présence avec les valeurs 

formalisés (culture, confiance, processus qu’implique la mise en œuvre du projet 

d’adaptation, apprentissages croisés) 

Constitutions de nouvelles competences Nature des apprentissages perçus par les divers acteurs par 

rapport à leur rôle dans la mise en œuvre du projet 

Pertinence des savoirs par rapport à l’activité liée au projet 

Divergences dans la perception des sources de Emergence de leaders et leur profil 

légitimation du pouvoir 

Existence de personnes ressources dans différents Importance numérique des personnes ressources et profil de 

groupes et structures, leur positionnement social ces personnes 

Structuration de leaderships Pouvoir et positionnement des leaders dans la configuration 

des structures formalisées/informelles 

Emergence de conflictualités nuisant à la Conflits éclatant au grand jour, conflits latents 

coopération 

Capacités collectives de résolution des conflits Etendue et durée du conflit 

Initiative et esprit d’entreprise Emergence de pratiques innovantes, accueil de l’innovation 

par les différentes parties prenantes, Attitudes et valeurs 

relatives à l’innovation 

Lieu d’émergence de l’innovation et acteurs innovants 




2.2.2 Approche de travail sur le terrain 

L'approche de travail sur le terrain s'est essentiellement fondée sur les interviews dirigées, que l'on a 

conduit auprès d'individus ou de groupes appartenant aux communautés sélectionnées, de cadres du 

projet PRODESUD, de responsables institutionnels (administrations, organisations nationales), de 

membres des Comités des GDA constitués et actifs ou en phase de constitution. L'approche de 

recherche s'est voulue dynamique au sens où, à la suite de chaque visite, on procédait à une lecture des 

informations obtenues en vue de dégager de nouveaux questionnements qu'il convenait de vérifier ou 

approfondir lors de la visite ou des visites suivantes. L’objectif était d’approcher progressivement le 

cœur de la dynamique socio-économique d’implémentation du projet et de son ancrage dans le 

processus de fonctionnement social et politico-administratif de la région. 

Les visites se sont étalées de décembre 2004 à août 2005. La première visite a servi à prendre 

connaissance avec les acteurs du projet et les partenaires institutionnels. Les visites de mai à août ont 

servi principalement à explorer le terrain social des GDA. Pendant la même période, on a conduit des 

entretiens avec des cadres administratifs afin d’identifier leurs points de vue sur l’évolution des 

attitudes et des comportements qu'entraînait la mise en œuvre du Projet PRODESUD. 

La méthodologie qualitative de la recherche visant la découverte autant que la vérification des 

hypothèses n’implique pas la représentativité statistique des échantillons de la population. C’est plutôt 

la pertinence analytique qui guidera le choix des groupes à interviewer. Il s’agira d’organiser ou 

d’interviewer des personnes ou des groupes « charnières » par rapport au PRODESUD et par rapport 

aux variables « pouvoir, savoir, culture et leadership ». Les groupes seront constitués en fonction des 

disponibilités sur place et de la pertinence par rapport aux questionnements de l’étude. Les 

informations sont également puisées dans la documentation, à l’occasion des ateliers organisés par les 

coordonnateurs de l’étude ainsi que les échanges entre les membres de l’équipe de recherche. Certains 

individus ou groupes d’individus ont été interviewés plus d’une fois, ce qui a permis d’identifier les 

changements intervenus au fur et à mesure de l’implémentation du projet. 

Les personnes rencontrées sur le terrain et interviewées sont les suivantes : 

Tableau 4.3. Les personnes interviewées 

Membres des comités de GDA de: 

1. Ouled Chehida (2 interviews) 

2. Guermassa 

3. Gatoufa 

4. Essmar 

5. El Farch 

6. Ouled Dabbeb 

7. Kambout 

8. El Amal – Remada Ettraïfa 

9. Nekrif (Remada) 

10. Dghaghra 

11. Oued el Khil 

12. Bir Lahmar – Argoub 

Administration et partenaires du projet 

1. Directeur du PRODESUD (plusieurs entretiens) 

2. Cadres du PRODESUD chargés des microentreprises, 

de la formation, des femmes et jeunes, 

de la planification, du suivi (plusieurs entretiens) 

3. Le représentant régional de l’UNAP 

4. Le représentant régional de l’UTICA 

5. Le commissaire régional du développement 

agricole 

6. Le directeur régional de l’équipement 

7. Le gouverneur 

8. Le secrétaire général du gouvernorat 

9. Le commissaire régional adjoint du 

développement agricole 




3. LES ACTEURS PRINCIPAUX DE LA MISE EN ŒUVRE DU 

PRODESUD ET LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION 

3.1 Les forces socioéconomiques en place et l’unité de pilotage du 

PRODESUD 

3.1.1 Les forces socio économiques en place 

Il existe quatre catégories de forces sociopolitiques qui se partagent le pouvoir dans la région : 

- Celle de l’administration publique régionale et locale hiérarchisée : le gouverneur et 

les délégués du siège du gouvernorat, les délégués des différentes localités, les 

directions régionales des différents départements ministériels et institutions nationales 

(CRDA, Direction régionale de l’équipement, Banque Tunisienne de Solidarité…) , 

les Omdas locaux 

- Celle des structures politiques et syndicales : le Comité de Coordination du RCD, les 

cellules du RCD, les représentations des organisations nationales de l’agriculture et de 

la pêche (UNAP), du commerce et de l’industrie (UTICA), de la femme (UNEFT). 

- Celles des structures de base d’encadrement et d’assistance des agriculteurs : GDA, 

AIC, Conseil de Gestion, supposées jouer un rôle d’interface mais qui négocient sans 

cesse un pouvoir sur la population et une participation aux décisions au niveau des 

instances administratives 

- Celles des structures sociales traditionnelles : Arch ou tribu, Lahma ou fraction de 

tribu, Miâad, douar, famille large. 

3.1.2 Le positionnement de l’unité de pilotage du PRODESUD 

Cette unité, principale structure administrative chargée du pilotage de la mise en œuvre du 

PRODESUD, est enracinée dans le contexte sociologique et politico-administratif de la région. Elle 

constitue en quelque sorte le point d’achoppement de toutes les exigences et de toutes les 

contradictions. 

Les employés affectés au projet sont hébergés dans un local séparé du CRDA mais dépendent de lui, 

qui, lui-même dépend du ministère de l’agriculture et du gouverneur qui est le représentant du 

président de la république dans la région. Le directeur de l’unité de pilotage du PRODESUD est à la 

fois chargé de l’implémentation du projet et, de ce fait, il est en contact avec la population et assure 

un rôle d’interface entre cette dernière et les différentes administrations régionales. Il est l’objet 

d’attentes fortes de la part de la population et des différentes administrations. Pour ces dernières, il est 

le spécialiste du projet. Pour les GDA c’est celui qui leur ouvre les portes de l’administration ou du 

moins joue le rôle d’interface. De fait, il est au carrefour des différentes forces en place qu’il doit 

ménager en veillant à sauvegarder une neutralité professionnelle et à ne pas être, en aucun cas, 

soupçonné d’instrumentaliser le projet à des fins politiques personnelles. Face au processus 

d’autonomisation de la population, il est le centre de la négociation des pouvoirs et des demandes : les 

comités des GDA, pressés par leurs communautés respectives, sont demandeurs d’accélération de la 

réalisation des projets et de moyens matériels pour exercer leur rôle, ils en viennent même à demander 

un siège dans les conseils locaux de leurs délégations pour prendre part à la décision ; l’administration 

centrale oppose un pouvoir de veto lorsqu’il s’agit d’opérations trop spécifiques au projet et ne cadrent 

donc pas avec les routines connues ; l’administration régionale est à la fois engagée dans la réalisation 

du projet et exposée à de nouvelles exigences qui ne sont pas sans susciter des résistances lorsqu’elles 

n’entrent pas dans les cadres de référence habituels de ses agents. 

Les cadres de l’unité du PRODESUD et leur directeur opèrent donc comme des agents de changement 

vis-à-vis de tous leurs partenaires, ils sont aussi amenés à innover dans leurs pratiques au fur et à 




mesure de l’implémentation du projet. Mais la marge de leur liberté d’action est limitée par le manque 

de préparation de la population et les opportunismes locaux que suscite le projet, chez certains, d’une 

part, et par les rigidités administratives s’opposant aux exigences d’un projet novateur, d’autre part. 

Pour réaliser les objectifs du projet ils doivent gérer les contradictions opposant des intérêts divergents 

et les paradoxes des nombreuses logiques en place : 

� La logique du projet : participation, flexibilité (construire en faisant), apprentissages croisés, 

distribution des ressources nécessaires à l’autonomisation des structures 

� La logique administrative : primauté des règles, cohérence des pratiques avec les routines 

administratives 

� La logique politique et de l’administration régionale : contrôler et sauvegarder l’équilibre 

social et politique existant, réaliser le développement économique de la région 

� La logique des GDA : cohérence de l’action avec les valeurs sociales dominantes, recherche 

du soutien de l’administration, disposition de ressources pour la réalisation des promesses du 

projet, réponse aux attentes de la population, mieux être de la communauté. 

3.2 Les GDA 

3.2.1 Le statut des GDA 

Les GDA sont constitués en référence à la loi n° 99-43 du 10 mai 1999 relative aux groupements de 

développement dans le secteur de l’agriculture et de la pêche et du décret n°99-1819 du 23 août 1999 

portant approbation des statuts-types de développement dans le secteur de l’agriculture et de la pêche. 

Ces textes fondateurs donnent au GDA un statut comparable à celui des associations qui sont 

autonomes et dotées d’une mission qui leur est propre. On lit dans l’article 2 de la loi 99-43 ce qui 

suit : 

« Les groupements de développement … sont dotés de la personnalité civile », et dans l’article 6 

«L’expression ‘association’ prévue par les lois relatives aux associations d’intérêt collectif dans les 

domaines des eaux, des forêts … est remplacée par l’expression ‘groupement’ ». 

Néanmoins le décret du 23 août 1999 définissant le statut du GDA lui enlève beaucoup de son 

autonomie en instituant dans l’article 38 « le contrôle de l’administration » : 

« 1/ le groupement est soumis à la tutelle du gouverneur qui communique ses recommandations et 

observations éventuelles au président du conseil d’administration. 

Le président du conseil d’administration doit porter ces recommandations et observations à la 

connaissance de la plus proche assemblée générale, 

3/ le groupement est tenu d’inviter un représentant du gouverneur à titre d’observateur, 

4/en cas de gestion d’ouvrages publics ou de participation à l’exécution de travaux publics, le 

groupement doit aussi inviter un représentant du commissaire régional au développement agricole 

territorialement compétent à titre d’observateur. Il est également tenu d’adresser copies des procèsverbaux 

de ces réunions au gouverneur et au commissaire régional au développement agricole dans un 

délai ne dépassant pas 15 jours. » 

Les articles suivants prévoient d’autres dispositifs de contrôle financier et de fonctionnement du GDA 

par l’administration donnant droit au gouverneur, après avis du conseil régional, de dissoudre le 

groupement. 




L'application de ces restrictions dans le cadre du PRODESUD, se heurte cependant à des dispositions 

contractuelles tenant aux accords signés entre le Gouvernement et le FIDA 26 . Sans remettre en cause le 

Décret du 23/08/1999, un pragmatisme certain a prévalu pour continuer l'expérience des GDA du 

PRODESUD dans l'esprit de l'accord de prêt. On observe ainsi, par exemple, que des dispositions ont 

été mises en place pour permettre aux GDA d'exercer une activité commerciale pour couvrir leurs frais 

de fonctionnement. De plus, dans la pratique, le contrôle du Gouvernorat tend à s'exercer, de façon 

souple, par l'intermédiaire du Projet PRODESUD. 

3.2.2 La perception des comités des GDA 

Ce statut hybride des GDA, mêlant l’autonomie au contrôle administratif, a introduit une ambiguïté 

dans leur perception chez les acteurs associés au PRODESUD dont les membres des comités de 

GDA. Un flou aux conséquences multiples entoure le statut du GDA. Il permet d’abord l’arbitraire du 

contrôle, réduit la confiance des comités des GDA en eux-mêmes, décourage l’action et conduit à la 

paralysie et à l’immobilisme. Mais il peut aussi amener certains acteurs, plus entreprenants, à profiter 

de la zone grise laissée autour de la définition de la structure pour négocier sans cesse un pouvoir et 

revendiquer des droits. Cela explique les différences de comportement entre les GDA, ceux qui sont 

enthousiastes et cherchent sans cesse des voies de sortie lorsque leurs projets sont bloqués 

(Guermassa, Ouled Chehida), et ceux qui s’installent dans un attentisme destructeur (El Krif Remada). 

Le flou se répercute sur la perception des GDA par les cadres de l’unité de pilotage du PRODESUD. Il 

y a ceux qui définissent le GDA comme une ONG, ceux pour qui c’est une organisation sous tutelle du 

ministère de l’agriculture, ceux qui y voient une structure professionnelle reliée au gouvernorat et ceux 

qui le considèrent comme une structure d’interface entre l’administration et la population. Le GDA est 

sensé disposer d’un pouvoir de décision, pouvoir bénéficier de moyens et réaliser des projets. On 

s’attend à ce que le contrôle social exercé sur chaque membre par ses collègues et par sa communauté, 

freine l’opportunisme éventuel de ses membres et réduise les risques du flou. 

Au niveau des comités GDA, il existe un consensus sur le caractère associatif de leur structure, mais 

ils évoquent diverses thématiques lorsqu’on leur demande de la définir : l’association, le bénévolat, le 

rôle d’interface entre la population et l’administration, la mission, l’expérience, le fonctionnement du 

GDA, les capacités et la confiance dans le comité, le champ du pouvoir d’action, les revendications 

d’élargissement de ce champ et de participation effective aux instances de décision locales et 

régionales (cf. tableau 4.4 ci-dessus) 

26 Extrait du Rapport de Supervision du FIDA (Février 2005). "1. L’accord de prêt a été signé dans le 

cadre de l’ancienne réglementation régissant le fonctionnement des GDA. Cette dernière doit être considérée 

comme le cadre normal dans lequel les GDA peuvent opérer (la loi ne peut être rétroactive). Ces dispositions 

confirment le rôle des GDA en tant que gestionnaire et acteur commercial.. 2. Dans un souci de durabilité, le 

projet doit anticiper les fonctions et les capacités des GDA pour la phase après-projet. On doit donc, dès 

maintenant, envisager et encourager le développement de leurs capacités pour prendre en charge les réalisations 

des programmes de développement et pour générer des ressources propres. Le rôle de l’État, dans cette 

perspective, serait surtout d'assurer un soutien et un contrôle technique et financier au travers des services 

compétents. La mission recommande d’allouer aux GDA les fonds et moyens opérationnels prévus par le projet, 

et de définir des modalités d’association plus directe des GDA à la réalisation des programmes annuels des UST. 

La mission soutient la proposition effectuée par les CRDA de Tataouine et Kébili d’assister les GDA à constituer 

des fonds de roulement à court terme, par l’intermédiaire de petit équipement et par la prestation des services 




Tableau 4.4- Perception des GDA par les membres des divers comités 

GDA Perception du GDA 

Gatoufa 

• GDA : association, rôle d’intermédiaire entre l’administration et 

les agriculteurs, travail bénévole 

• Nous pouvons contacter même des associations à l’étranger 

• Chaque GDA a son secret professionnel 

• Nous demandons une administration pour le GDA avec accès à 

Internet, il y a des GDA qui ont obtenu des moyens 

Essmar 

• Nous assurons l’intermédiation avec l’administration 

• Il n’y a pas de relations entre les différents GDA 

Ouled Dabbab et El Farch • Le GDA est une association 

• Le rôle du GDA est de créer une dynamique d’emploi 

• L’objectif c’est la prospérité, sortir du Tiers monde 

Kambout 

• Rôle du GDA : tisser les liens entre l’agriculteur et 

l’administration (CRDA, PRODESUD) 

• Le GDA ne peut pas jouer le rôle de garant concernant les 

demandes de crédit car « il ne peut pas soutenir l’un et refuser 

de soutenir l’autre » (forte contrainte sociale) 

El Amal Remada (Ettraïfa) • Le GDA est une association « une sorte d’administration », 

« nous sommes en train de constituer des archives » 

El Krif Remada • Nous manquons d’expérience 

Guermassa • En tant que GDA nous avons la capacité, la confiance en nousmêmes. 

Nécessité de faire connaître les GDA à travers les 

média. 

• Notre mission n’est pas seulement agricole, elle est culturelle, 

éducative (sensibilisation à la protection de l’environnement, 

réunions et débat avec les jeunes) 

• On a demandé une représentation des GDA dans les conseils 

locaux et régionaux. 

Dghaghra, Oued el Khil, • Association qui a un rôle de conseil et d’orientation des 

El Argoub 

agriculteurs 

Ouled Chehida • ONG dépendant du gouverneur 

3.2.3 Carte cognitive du pouvoir et stratégie de sélection des membres des 

comités GDA 

La constitution des comités de GDA se réalise en principe au moyen d’élections libres des candidats 

par la communauté locale. Les candidats sont théoriquement des bénévoles. En fait les candidatures et 

les choix des « élus » sont précédés par des consultations et des tractations où interviennent plusieurs 

acteurs locaux : la population participant activement aux réunions constitutionnelles des GDA 

(principalement des agriculteurs, adultes, hommes ; les femmes et les jeunes sont invités à des 

réunions séparées), les autorités politiques et administratives et le cas échéant les associations de 

gestion de l’eau et les GIC en exercice, les représentants de l’Union des agriculteurs (UNAP). Ceci 




aboutit à une sorte de « consensus » plus ou moins contrôlé par les leaders sociaux et politiques, qui 

fait émerger un comité provisoire, régularisé par la suite selon les procédures en vigueur, comme 

comité permanent du GDA. 

Dans les interviews les membres des comités de GDA évoquent la confiance, l’expérience, la 

disposition au travail bénévole, la disponibilité et la familiarisation avec l’administration, comme 

critères fondant les choix qui les ont portés à leur responsabilité. 

Au-delà du discours et pour identifier les stratégies des acteurs, leurs attitudes vis-à-vis du projet, ainsi 

que les normes dominantes fondant la carte cognitive du pouvoir des communautés, nous avons 

analysé le profil des membres des GDA selon trois catégories de facteurs : leurs activités, leur genre 

et leur âge 

Les activités des membres des GDA constitués 

Trois catégories d’activité émergent comme catégories dominantes : d’abord les agriculteurs qui 

représentent exactement 33% des membres des comités, suivis par les employés (15%) et les retraités, 

essentiellement parmi les anciens émigrés (15%), puis arrivent les ouvriers (13%). Si les agriculteurs 

représentent une importante proportion parmi les membres, ils ne sont que deux, dont un ayant une 

seconde activité de commerce, parmi les présidents des 17 GDA constitués (jusqu’à la mi-août). Les 

présidents sont choisis principalement suivant ces deux critères « El graya wal massoulia » �ﻳا��ﻟا) 

( ��ﻟو��ﻟاو selon les termes d’un employé du PRODESUD, c'est-à-dire les études, ou l’éducation, et la 

responsabilité. Cette dernière est comprise dans le sens de responsabilité administrative ou du moins 

accès à l’administration du fait d’un emploi ou d’une notabilité. A ces deux critères s’ajoute la 

disponibilité si l’on considère le nombre de retraités parmi les présidents et aussi parmi les membres. 

82% des présidents sont soit retraités donc disponibles, soit ayant une activité supposée associée à des 

études et/ou un accès à l’administration locale ou régionale, seul l’entrepreneur n’entre pas 

nécessairement dans cette catégorie (voir figure 4.1- ci-dessous). 

6% 

13% 

6% 4% 4% 2% 2% 

15% 

1-Agriculteurs 2- Retraités 

3- Employés 4-Ouvriers 

Chapitre IV. Processus décisionnels décentralisés et leadership 101 

15% 

5- Entrepreneur, petits métiers 6- Ingénieurs/ cadres 

7- Commerçants 8- Enseignants 

33% 

9- Sans emploi 10- Diplômés ES sans emploi 

Figure 4.1- Les activités des membres des comités des GDA



Tableau 4.5. Les activités des présidents des GDA 

Activité du Président GDA Total Total 

cumulé 

% 

Retraité Izdihar, 

Jlidet Erragba 

El Intilaka 

El Galaat 

Gatoufa 

5 5 29,4% 

Agent CRDA, Employé au El Amarna, 

4 9 23,5 

Gouvernorat, Employé au conseil Elkrachoua 

local ( يو��ﻟا ��ﻟا) 

Guermassa 

Employé à la SONEDE 

Ouled Dabbeb 

Instituteur El Argoub 1 10 0,05 

Industriel El Hmidia 1 11 0,05 

Directeur d’école Kambout 1 12 0,05 

Professeur El Farch 1 13 0,05 

Cadre à l’Inspection des écoles 

primaires 

Nekrif 1 14 0,05 

Commerçant (et agriculteur) El Amal 

Essmar 

2 16 0,11 

Agriculteur El Mourabitine 1 17 0,05 

Total 17 

Ce choix dépend évidemment de la disponibilité des personnes formées, des employés et des retraités 

présents dans la communauté (le comité du GDA d’El Mourabitine par exemple, compte 5 agriculteurs 

et un commerçant mais aucun cadre ni employé). Il faut également rappeler que, en général, dans cette 

société agro pastorale, chacun exerce une activité agricole ou un élevage, donc chacun est prévenu des 

problématiques du développement de telles activités. 

Toutefois le choix des présidents axé sur la disponibilité, l’éducation et l’accès aux rouages de 

l’administration n’est pas neutre. Il dénote un souci d’efficacité du GDA. En choisissant des présidents 

retraités, souvent d’une activité à l’étranger, donc des individus qui ont un certain niveau socioéconomique, 

des employés qui ont sans doute un réseau de connaissances parmi les personnels 

administratifs, des individus qui ont reçu une éducation et « qui peuvent parler » selon les termes de 

certains interviewés, les différentes communautés se donnent les moyens de pouvoir négocier leurs 

intérêts avec les autorités et les responsables des projets, le pouvoir de concevoir et de gérer les plans 

de développement, de pouvoir mobiliser les habitants et résoudre les conflits d’intérêt. 

Cette volonté de réussir nous est apparue lorsque nous avons interviewé pour une seconde fois au mois 

d’août (la première interview a eu lieu au mois de décembre) des membres du premier GDA constitué, 

celui d’Ouled Chehida. Quand nous les avons interrogés sur ce qui a changé chez eux, leur réponse 

était : « la confiance en nous-même ». Effectivement l’un des moteurs de l’empowerment est la 

confiance en soi et dans le groupe. Or le comité du GDA, n’importe lequel, est placé dans une position 

d’infériorité face à une administration disposant de moyens techniques et humains. Cette infériorité a 

été nourrie par des décennies de politiques fondées sur l’assistance et non sur la responsabilité. 

Disposer dans le comité de personnes qui disposent d’un capital intellectuel et d’un capital social si 

minime soit-il dans les instances administratives est un atout essentiel pour assumer le projet. C’est 

aussi du point de vue de l’administration régionale, également motivée par le succès du PRODESUD, 

une garantie nécessaire lui assurant la présence d’un interlocuteur véritable dans le processus de 

réalisation du projet et de transformation des mentalités et des comportements qu’il implique. A ce 

propos un haut responsable régional nous dit : « On travaille avec ceux qu’ont amenés le hommes et 

non avec des employés » " 

��ﻟا ﻊﻣ ش�ﻣ سﺎ�ﻟا �ﻬ�ﺑﺎﺟ ﻲ�ﻟا ﻊﻣ �ﻣ��ﻧ" 




Une expression qui dénote aussi un souci de légitimité et de responsabilité des personnes qui parlent 

au nom de la communauté. 

On comprend ainsi que le choix des membres des comités des GDA exprime deux volontés 

convergentes mues par des motifs de succès du projet : celle de la population qui en attend beaucoup 

pour améliorer sa condition économique, donner de l’espoir aux jeunes et les retenir au pays, celle des 

autorités régionales avec le gouverneur à leur tête, pour qui le succès du projet est un succès du 

développement global de la région et donc un indicateur de leur performance. 

Mais la question se pose de savoir si l’adhésion de la population à des valeurs « d’éducation et de 

responsabilité » ne vient pas bousculer les valeurs traditionnelles de la séniorité et de la discrimination 

de genre aux dépens des femmes. Pour y répondre nous analyserons la composition des comités des 

GDA du point de vue sexe et âge. 

Age et genre des membres des comités des GDA 

Concernant le sexe, la sous représentation des femmes dans ces comités est flagrante : 3 sur 100 

membres actuellement élus! Malgré la composante femme du projet, les femmes seraient à la fois peu 

disposées à participer mais aussi et surtout peu sollicitées. Lorsqu’elles le sont, elles répondent 

massivement. L’occasion qui leur est offerte est la formation : jusque-là les programmes de formation 

associés au PRODESUD ont attiré 230 femmes contre 141 jeunes gens ! 

Pour mobiliser la société féminine, les GDA se dotent d’une conseillère associée au comité, ou bien 

trouvent dans les représentantes de l’UNFT des intermédiaires non statutaires ! 

Concernant l’âge, il semble que la valeur de la séniorité est celle qui prévaut dans la majorité des 

communautés. La moyenne d’âge de l’ensemble des membres des comités est de 50,94 soit presque 51 

ans, l’écart-type est de 6,63. Sur les 17 GDA constitués, la moyenne d’âge inférieure à 40 ans, ne 

concerne que 2 comités et elle est supérieure à 39 ans ! La moyenne est supérieure à 50 ans dans 8 

GDA et supérieure à 40 ans dans 7 GDA. 

Tableau 4.6. Moyenne d’âge des membres des comités de GDA par ordre décroissant et âge des 

présidents 

GDA Age moyen Age du président 

1 Jlidet Erragba 61,1 58 

2 Galaat 59,6 68 

3 Essmar 59,5 71 

4 Intilaka 59 57 

5 Krachoua 55,3 43 

6 El Izdihar 52,1 68 

7 El Argoub 51,3 60 

8 Nekrif 50,5 40 

9 Gatoufa 50,4 69 

10 Kambout 49,5 47 

11 Ouled Dabbeb 49,1 48 

12 El Mrabtine 48,5 50 

13 El Amerna 46,3 51 

14 El Hmidia 45,25 43 

15 Guermassa 41,1 31 

16 El Amal 39,5 34 

17 El Farch 39,8 38 

La configuration ne change pas beaucoup lorsqu’il s’agit des présidents des comités. Leur moyenne 

d’âge est de 51,5 ans et l’écart-type est de 5,86. 




En définitive les représentations mentales relatives au pouvoir sont peu différenciées parmi les 

populations des différentes communautés. Les femmes et les jeunes ont peu de chances d’accéder à 

des positions de leadership. Même si dans le choix des profils des responsables des GDA, il y a un 

souci d’intégration de la valeur éducation et de la familiarisation avec l’administration, les valeurs 

traditionnelles discriminantes à l’égard des femmes et maintenant les jeunes hors de la sphère du 

pouvoir, restent très influentes sur la formation des structures des GDA. 

Age des membres des comités des GDA 

Figure 4.2 : Répartition par âge des membres des comités des GDA 

Age des présidents 

Figure 4.3. Age des présidents des GDA 

3.2.4 Les GDA un nouvel organe de pouvoir 

60 & + 1 

50 à 59,9 8 

40 à 49,9 6 

30 à 39,9 2 

60 et + 5 

50 à 59,9 4 

40 à 49,9 5 

30 à 39,9 3 

Dans un contexte où la population d’agriculteurs a toujours bénéficié d’une manne de l’État, c’est 

celui qui distribue les dons et les aides qui bénéficie d’un ascendant sur la population et en retire les 

avantages. La création d’une nouvelle structure qu’est le GDA pose le problème d’un nouveau partage 

des pouvoirs voire, de perte de pouvoir. C’est le cas des AIC, des représentants de l’UNAP et autres 

chefs de cellules qui sentent leur pouvoir menacé si le citoyen voit désormais son intérêt dans 

l’adhésion au GDA au détriment de toute autre structure. Le souci de l’équilibre social appelle 

d’autres acteurs sociaux à protéger les pouvoirs en place. C’est pourquoi certains GDA se constituent 

par la fusion ou l’intégration d’AIC, l’intégration de représentants ou de membres d’autres structures 

associatives ou d’administration locale comme les conseils ruraux ou autres. Au CRDA on évoque le 

problème d’articulation entre GIC (groupes d’intérêt collectif) et GDA et d’interférence entre les 

structures. Cela est traité au cas par cas dans la constitution des GDA, on procède par fédération et par 

fusion : à Bir Lahmar 9 GIC ont été fédérés en une association de développement, à Dhiba on a 

transformé l’AIC en GDA … 




Les GDA, principaux représentants des communautés dans la mise en œuvre du PRODESUD, de 

concrétisation des principes d’autonomie et de responsabilité fondant le projet, sont engagés dans une 

dynamique mue à la fois par la demande communautaire et par la mécanique administrative dans 

laquelle s’inscrit son action. A travers l’exercice de cette responsabilité, nouvelle pour tous, les GDA 

construisent leur identité, négocient des moyens et un pouvoir d’action, tout en surveillant leur 

crédibilité auprès de la population, en entretenant la volonté de leurs membres à poursuivre le travail 

bénévole et en sollicitant sans cesse l’efficacité de l’administration. C’est un exercice à la fois nouveau 

et périlleux surtout lorsque le comité du GDA ne mise que sur son capital social en l’absence de 

ressources matérielles pour agir. Le choix des membres constituant les comités GDA et de leurs 

présidents est à ce point de vue décisif car il consacre les rapports de force en place et également les 

stratégies sociales et politiques dont fait l’objet le projet. 

3.2.5 Les GDA et la population 

Les GDA sont l’une des nombreuses organisations de base que les politiques de développement 

agricole du pays ont inséré dans le contexte institutionnel des campagnes. On peut s’attendre 

raisonnablement à ce que les attitudes qu’ils suscitent soient imprégnées par l’expérience passée avec 

les différentes autres organisations : conseils de gestion, associations inter communautaires de l’eau, 

coopératives de service. De même ces structures de base créées de manière volontariste se posent 

comme des organisations de « rechange » des institutions traditionnelles enracinées dans l’histoire et 

la culture des populations comme le Miâad qui est une émanation du ‘Arch. 

L’enquête sur les attitudes (module 2 de cette recherche) montre que la perception des GDA par les 

populations n’échappe pas à ces variables du contexte. 

Il faudra rappeler que cette enquête a touché 605 ménages (près de 20% de l’ensemble des ménages) 

répartis sur six communautés dont les territoires limitrophes s’ouvrent sur une « zone agroécologique 

homogène » connue sous le nom de parcours collectif d’El Ouara » 27 . Parmi ces 

communautés celle d’Ouled Chehida est la seule qui dispose d’un GDA actif depuis un peu plus d’une 

année. La population enquêtée est répartie en 5 groupes : Agriculteurs, Bergers, Eleveurs, Jeunes et un 

groupe témoin constitué d’individus dont la principale source de revenu est extra-agricole. 

A la proposition « Nous avons confiance dans les GDA » les réponses se répartissent comme suit : 

Tableau 4.6. Attitudes des individus vis-à-vis des organisations sociales de base 

Items R* A** B E J T Global 

Nous avons confiance dans les GDA 1 43,1 34,1 38,0 25,0 52,4 37,5 

2 21,1 23,8 18,2 12,5 15,3 18,0 

Le Miâad est la gestion par concertation 1 87,1 89,7 87,6 72,9 84 ,7 83,9 

2 6,4 8,0 7,4 10,4 11,5 8,7 

Le Miâad résout les problèmes de la communauté 1 76,1 77,8 73,5 59,0 77,1 72,1 

2 20,2 17 ,5 19,0 31,2 19,0 21,8 

Le conseil de gestion assume son rôle 1 55,1 44,4 58,6 34,7 62,9 50,0 

2 28,5 42,9 29,7 29,1 25,7 31,4 

* 1. correspond à « tout à fait d’accord » et « d’accord » dans l’énoncé de l’item 

2. correspond à « totalement en désaccord » et « en désaccord » dans l’énoncé de l’item 

** A : Agriculteurs, B : Bergers, E : Eleveurs, J : Jeunes, T : Témoin 

Les items qui apparaissent dans le questionnaire sur les attitudes reprennent le discours des personnes 

interrogées lors de la pré-enquête. A la lecture de ces items on remarque une différence dans les cadres 

de référence mentaux rattachés à chacune des organisations. On distingue trois thèmes : le mode de 

fonctionnement, la confiance, l’efficacité. 

27 Cf. module 2 de cette étude 




� Le Miâad qui représente une institution sociale ancrée dans l’histoire et l’identité de la 

population est perçu en référence à son mode de fonctionnement (c’est « la gestion par 

concertation ») et à sa fonction sociale (« résout les problèmes de la communauté »).La grande 

majorité des interviewés reconnaissent ces caractéristiques quelle que soit leur catégorie 

sociale. On a donc affaire à une attitude de nature intense. Théoriquement l’intensité des 

attitudes est directement proportionnelle à leur effet sur le comportement réel des individus. 

Le partage d’une même attitude par la majorité de la population dénote de son intensité et des 

valeurs sociales fortes qui lui sont associées. Même la catégorie des jeunes dont les attitudes 

se détachent relativement du reste de la population en ce qui concerne les attitudes vis-à-vis 

des autres structures de base, adhèrent fortement à l’opinion reconnaissant au Miâad un rôle 

de gestion par concertation (72,9% des réponses). On en déduit qu’il serait risqué dans ces 

conditions de concevoir un programme de développement participatif en faisant l’impasse sur 

une telle institution. On comprend ainsi la pertinence de l’approche du PRODESUD qui a 

fondé la formation des GDA sur un concept d’homogénéité communautaire. 

� S’agissant de la perception des GDA, il est fait référence à une dimension affective « nous 

avons confiance dans les GDA ». La proportion des répondants en accord avec cette 

appréciation (37,5%) peut être considérée comme importante car sur les six communautés, 

seule une, celle d’Ouled Chehida, disposait d’un GDA fonctionnel au moment de l’enquête. 

En plus d’une prédisposition positive, la confiance exprime une confiance en l’avenir non sans 

rapport avec le comportement et les réalisations des GDA. Il est intéressant de remarquer chez 

le groupe témoin que cette confiance est la plus partagée (52,4% des répondants), ils sont 

suivis par les agriculteurs (43,1%), les éleveurs (38,0%), les bergers (34,1%), les jeunes sont 

les moins concernés puisque seuls 25% se prononcent favorablement. 

L’attitude opposée de non confiance est relativement peu répandue (18%) ce qui confirme le 

potentiel d’espoir qui soutient encore les GDA. 

� Les Conseils de Gestion représentent des organisations plus anciennes que les GDA. Les 

attitudes à leur égard s’expriment en référence à leur efficacité « le conseil de gestion assume 

son rôle ». Ce rôle réside principalement dans la résolution des conflits territoriaux sur une 

base législative mais aussi consensuelle puisque ses membres émanent des Miâad. De ce fait, 

les attitudes qu’ils suscitent sont davantage partagées si on les compare à celles concernant les 

GDA et si l’on considère la répartition des taux de réponse au niveau de toutes les catégories 

sociales. Les opinions sont assez polarisées opposant ceux qui croient en l’efficacité des CG et 

ceux qui la contestent (50% d’accords et 31,4% de désaccords). Ceci est compréhensible vu 

que tout arbitrage dans une situation de conflit produit nécessairement des satisfactions et des 

insatisfactions. Les attitudes positives sont les plus présentes chez le groupe témoin qui est 

éventuellement le moins concerné, et les moins fréquentes dans le groupe des jeunes. Les 

bergers se partagent presque à égalité entre ceux qui jugent que le CG assume son rôle et ceux 

qui pensent le contraire ; ce sont eux les plus concernés par les conflits territoriaux sur les 

parcours et donc par les arbitrages qui peuvent être frustrants pour certains. 

La longue expérience vécue des CG explique également cette polarisation des attitudes. 




4. RAPPORTS INSTITUTIONNELS ET PRODESUD 

En tant que projet de développement régional, le PRODESUD interpelle les différentes composantes 

de l’administration régionale ainsi que les autorités politiques, les organisations nationales 

représentées dans la région et les institutions sociales de la population. Selon un haut responsable 

régional, « Le projet habite toutes les directions régionales. Plusieurs réunions ont été organisées par le 

gouverneur. Toutes les directions ont une composante dans le PRODESUD, les gens sont concernés, 

sensibilisés, motivés. » 

Sa mise en place implique des coopérations, des complémentarités, des apprentissages croisés ainsi 

que des conflictualités et des arbitrages. De même le projet implique des changements et secoue un 

habitus social et des processus administratifs, il apporte une nouvelle charge de travail, stimule 

l’engagement ou la réticence et génère de nouvelles attitudes. 

La visite de la région au mois d’août nous a permis de conclure à l’enclenchement d’un processus 

dynamique de changement qui contribue à la consolidation des attitudes et à la précision des 

demandes. 

4.1 Un processus évolutif 

Au fur et à mesure de la mise en œuvre du PRODESUD, on observe une évolution des perceptions, 

une remise en question des pratiques et l’émergence de paradoxes amenant les acteurs sociaux à 

exprimer de nouvelles exigences. 

• Au niveau de l’unité de pilotage du PRODESUD il y a une conscience de la nécessité de 

fonctionnement des différentes institutions partenaires du projet en tant que système. 

Plutôt que d’intervenir en rangs dispersés, ils géreraient le projet en tant que tout. En 

effet les synergies et la coordination entre les différentes directions régionales (CRDA, 

équipement, formation professionnelle, BTS …) par un leadership nanti d’un véritable 

pouvoir pour piloter l’ensemble du système, sont à même d’accélérer les réalisations du 

projet et de renforcer la performance de l’ensemble des intervenants. Les réunions 

organisées périodiquement et animées actuellement par le Commissaire Régional du 

Développement Agricole n’attirent pas les directeurs régionaux qui envoient 

généralement leurs collaborateurs, ces derniers ne sont pas toujours habilités à prendre 

les décisions nécessaires. 

• L’existence du projet alimente une dynamique politique nourrie par le désir d’acteurs, 

de différentes appartenances sociales ou administratives, de s’approprier ses bénéfices à 

la fois économiques et politiques. 

• Un début de perception des différents GDA, dans leur ensemble, en tant que structures 

aux intérêts complémentaires. Il y a un début de prise de conscience chez les comités de 

GDA de la nécessité de développer des synergies entre eux à travers la résolution des 

problèmes communs en concertation avec les autorités administratives, le partage des 

expériences et la coordination de certaines activités notamment celle de la mise en 

défens qui devrait prendre en considération les besoins des pasteurs en espaces de 

parcours ouverts. Après une expérience, certes courte, de dévolution aux communautés 

qui ont pu ainsi élaborer leurs plans de développement respectifs, un nouveau besoin 

d’intégration des orientations de développement des différentes UST s’est fait sentir. 

• Les incohérences entre la réalité sociale et l’orientation du projet révèlent des exigences 

de changement au niveau des mentalités et des pratiques, ce qui a fait dire à un haut 

responsable régional qu’il faut « adapter la réalité au projet » ; autrement dit, ce sont les 

objectifs du projet qui priment, la réalité du contexte et des pratiques doit s’adapter à ces 

objectifs et non le contraire. 




4.2 L’émergence d’une demande d’insertion institutionnelle et sociale des 

GDA 

Les GDA demandent une reconnaissance institutionnelle et une participation aux instances de décision 

de leurs localités (la délégation principalement). 

Ils expriment le besoin d’être introduits auprès des administrations et des divers partenaires pour gérer 

les affaires du groupe. Sans une introduction préalable par « leur parrain » qui est la direction du 

projet, ils ne sont pas reçus comme interlocuteurs institutionnels. Ce besoin d’être introduit par une 

tierce structure est lié peut être au vécu du traitement peu accueillant de certains agents administratifs, 

mais probablement aussi par un manque de confiance du comité, encore trop faible et fragile, en luimême. 

Certains comités de GDA expriment le souhait de voir plus de cohérence entre les actions entreprises 

et la suite à leur donner car il y va pour eux de leur crédibilité. Cette exigence s’exprime en besoins 

précis : 

o Donner aux GDA les moyens matériels pour se lancer (un capital de démarrage, 

un local, des moyens bureautiques), 

o Accorder les crédits aux jeunes et aux femmes ayant suivi des programmes de 

formation et qui sont porteurs de projets. 

Il y a aussi un souhait d’accélération du rythme de travail de l’administration. La réponse aux attentes 

paraît trop lente au vu des espoirs des communautés qui se sont engagées dans la définition des PDC 

suite à une intense campagne de communication autour du PRODESUD. Cette lenteur est jugée 

menaçante pour la crédibilité des GDA. Certains administrateurs affirment néanmoins qu’ils sont en 

avance dans la mise en œuvre du projet. Mais on est là face à une divergence de perception du temps : 

le temps administratif et le temps agricole, l’un est rythmé par les procédures, l’autre est rythmé par 

les saisons. 

4.3 Une perception plus précise des rôles 

Ce que l’on déduit des différentes interviews c’est une vision du rôle de l’unité de pilotage du 

PRODESUD et des comités de GDA qui se précise, et ceci à deux niveaux, celui des membres de ces 

institutions et celui de leurs partenaires : 

• En plus de sa mission officielle de mise en œuvre du projet, l’administration du PRODESUD 

se révèle, pour les GDA, comme une instance d’encadrement, de facilitation et d’interface 

avec les décideurs, et elle se perçoit en tant que telle. 

• Les comités des GDA apparaissent comme une entité à la fois sociale et institutionnelle pour 

le développement, un interface entre la population et l’administration et inversement, une 

structure de pouvoir participatif (en association avec la population d’une part et 

l’administration d’autre part) qui traduit les besoins de la communauté en projets, oriente, 

hiérarchise les priorités et identifie, le cas échéant, les candidats prioritaires, une structure de 

veille sur les réalisations des programmes de développement communautaires (PDC), une 

instance désormais engagée dans le jeu politique –au sens large du terme- et susceptible de 

concurrencer d’autres acteurs en place. Le GDA est en définitive un organe de 

développement qui réalise des projets et prend des initiatives, arbitre les conflits sociaux et 

tente de réduire les divergences d’intérêt entre les citoyens tout en négociant sa position dans 

les organes de décision institutionnelle au niveau local et régional. En cette phase de 

démarrage du projet, le pouvoir des GDA est en construction à un rythme qui varie certes 

selon le degré d’homogénéité des communautés, le profil des membres des comités GDA, leur 

capital social, les moyens financiers qu’ils ont pu réunir pour démarrer leurs activités,et la 

taille même de la population animée par le GDA. Cette dernière varie entre 7000 (Ouled 

Chehida, Zorgane) et 200 habitants (Chahbane, Kambout) avec des effets certains sur le 




potentiel humain disponible et les capacités de mobilisation des moyens matériels et de 

gestion des projets. 

• Un début d’émulation entre les GDA commence à se dessiner dénotant d’une volonté de 

réussir nourrie par les espoirs placés dans le PRODESUD. 

4.4 La structuration et l’appropriation d’une vision PRODESUD 

Comme tout projet, la mise en œuvre du PRODESUD révèle les divergences de perception entre les 

acteurs, les contradictions et les paradoxes inhérents au fonctionnement des institutions et des 

populations concernées. Afin de réaliser le projet, l’acteur social a besoin d’un cadre de référence 

cohérent qu’il va construire en dépassant les divergences et les incohérences qu’il peut percevoir. Et 

c’est généralement en se construisant une vision permettant de s’approprier le projet, que l’acteur va 

donner une cohérence à ses comportements dans le temps. Les enquêtes sur le terrain nous ont permis 

d’identifier de nombreux paradoxes et contradictions caractérisant l’environnement du projet. Ils 

concernent : 

� le concept et l’application des principes du projet : le statut des GDA leur donne le caractère 

de personnalité civile autonome versus/ la soumission des GDA aux normes sociales 

contraignantes et égalitaristes et leur forte dépendance vis-à-vis des autorités locales et 

régionales 

� la demande, les capacités de la population et l’offre du projet : 

o l’une des principales composantes du projet est la promotion des activités agropastorales 

et son articulation sur le processus global de développement versus/ la 

population se focalise sur les activités agricoles sédentaires (zones irriguées, 

engraissement de bétail) 

o Le Conservatisme de la société traditionnelle versus/ les aspirations des jeunes 

tournées vers la modernité (revenus meilleurs, conditions de vie meilleure, souci de 

confort et de préservation de la santé …) 

o La participation de la population versus/ le maintien des femmes et des jeunes en 

marge du processus de décision 

o L’encouragement au lancement de projets productifs versus/ la culture de non 

remboursement des crédits considérés- dans l’habitus mental – assimilables aux aides 

et subventions provenant de l’État 

o L’encouragement à la création d’entreprise versus/ la quasi absence d’idées de projets 

innovants 

� le mode de fonctionnement des administrations, le concept du projet et la nécessité 

d’entretenir la mobilisation des populations 

o La participation comme concept fondateur du projet versus/ la centralisation comme 

mode de fonctionnement des programmes de développement agricole 

o Le rythme saisonnier des agriculteurs versus/ le rythme administratif concerné par les 

procédures bien plus que par l’économie de temps lors du passage de l’idée à la 

réalisation 

o La programmation d’un fonds pour le démarrage des GDA versus/ confier des fonds 

directement aux associations agricoles n’est pas une pratique acceptée par le ministère 

des finances 

o La formation des jeunes et la stimulation d’idées de projet pour un financement 

versus/ crédits refusés en raison d’une culture de non remboursement des crédits 




Face à ces contradictions, les visions du projet évoluent, la notion de développement s’enrichit de 

nouveaux contenus et les urgences se précisent. 

Les demandes sont actuellement, pour les comités des GDA, de quatre ordres : se donner les moyens 

pour agir, obtenir des crédits pour les porteurs de projets, participer aux instances de décision locales, 

être introduits auprès des administrations concernées par la réalisation des PDC et pour certains avoir 

un droit de regard sur les finances du projet. 

L’objectif à long terme visé est le développement d’activités pour retenir les jeunes dans la région. 

Pour cela certains GDA s’intéressent à des domaines autres que l’agropastoral pour toucher le volet 

écologique, touristique et de valorisation du patrimoine culturel. Plus ils élargissent leur champ 

d’action, plus ils auront besoin de structure et d’autonomie. Finalement, le projet a contribué à ouvrir 

les horizons de certains GDA. 

5. LES APPRENTISSAGES CROISES, LES INITIATIVES ET LES 

INNOVATIONS 

5.1 La construction d’une culture partagée 

Nous avons retrouvé dans le discours de la quasi-totalité des personnes interviewées, la présence d’une 

idée de participation, de responsabilité des populations à la conduite du développement soutenu par le 

PRODESUD. « Dans le rapport citoyen-administration, c’est le GDA qui est désormais responsable ; 

les différentes administrations commencent à sentir l’existence des GDA dans chaque localité », nous 

disent les cadres du comité de pilotage du PRODESUD. 

Aussi bien au niveau de cette unité qu’à celui du gouvernorat ou du CRDA, il est question de 

dévolution, de choix définis par la population. Mais la demande sociale n’entre pas toujours dans le 

cadre des modes de fonctionnement de certaines administrations qui sont amenées à changer, dans 

certains cas, de normes ou de pratiques. De même les comités des GDA se trouvent face à la nécessité 

d’entreprendre, pour la première fois, des actions en vue de mobiliser des ressources ou d’exécuter des 

travaux dans le cadre du plan de développement communautaire (achat et distribution de fourrages, 

participation, en concurrence avec des entrepreneurs, aux consultations relatives aux travaux de CES). 

Face à ces questions récurrentes, la direction du PRODESUD a signé des conventions avec de 

nombreuses associations (UNEFT, associations de développement) pour faciliter l’exécution des 

programmes de formation et d’octroi des crédits aux porteurs de projets d’activité agricole ou 

commerciale. Ses cadres sont pressés par les comités des GDA pour accélérer la réalisation des 

projets. Cela génère des tensions qui se répercutent sur les administrations concernées par les diverses 

composantes des PDC. 

La filiale régionale de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) est interpellée par les GDA pour 

réviser ses critères d’octroi des crédits intégrant la nature des activités préférées par la population dont 

l’engraissement des ovins, et prenant en considération les besoins minimaux de fonds de démarrage 

d’une activité (le capital initial de 1500DT proposé par la BTS, est jugé insuffisant pour une activité 

d’engraissement d’ovins). La demande émanant des GDA se traduit, s’il n’y a pas de réponse 

satisfaisante, par des pressions sur les autorités régionales pour intervenir au niveau régional voire 

national. 

En gros, une sorte de culture partagée est en train de se construire autour du projet, drainant une 

compréhension de ses objectifs et de ses exigences, affectant les mentalités et l’habitus social, et 

nourrie par des apprentissages croisés au niveau des différentes parties prenantes. 




5.2 Les apprentissages croisés 

Des échanges d’information et de savoir faire sont reconnus aussi bien par les cadres du PRODESUD 

que par les comités des GDA. Il s’agit à la fois de savoirs reçus et de savoirs transmis qui concernent 

trois dimensions : 

- la dimension affective : nouvelles attitudes, sentiments positifs envers les autres 

- la dimension cognitive : savoir empirique des populations, savoir technique des membres du 

projet, savoir administratif et de gestion, nouvelles valeurs (organisation, reconnaissance de la 

valeur du savoir de la population) 

- la dimension conative : nouveaux types de comportement (écoute, nouvelles pratiques) 

Les membres des comités de GDA reconnaissent avoir appris à travers les formations organisées, la 

coopération avec les cadres du PRODESUD et l’accomplissement du rôle qui leur est imparti dans le 

cadre du projet. Ils ont accédé à un nouveau savoir technique et de gestion. Ils ont appris à fonctionner 

en groupe dans un cadre associatif et bénévole, à mobiliser la population, à diriger des réunions. « Les 

grandes réunions de 1000 personnes ne nous font plus peur ! », affirme un membre du GDA d’Ouled 

Chehida. Les plus anciens ont expérimenté l’arbitrage au sein de leur communauté, la négociation 

avec l’administration, de même qu’ils se sont exercés à la patience et à la persévérance dans la 

conduite des affaires avec cette dernière. 

Pour eux le savoir transmis aux cadres du projet est multiple : « on leur a appris la connaissance des 

sols, des plantes, leurs noms et ce à quoi elles servent » ; « comment lutter contre le chiendent et 

l’érosion, la nature du sol convenable ou non, les maladies du bétail, toutes ces choses que nous 

vivons, nous avons un savoir utile pour tout le ministère ! » ; « la nécessité de se déplacer sur le 

terrain, d’étude du cas par cas (travaux CES, Gabions…), d’écouter notre voix et celle du paysan.» 

Les cadres du PRODESUD déclarent avoir reçu un savoir, changé des attitudes et découvert les vertus 

des populations avec lesquelles ils conduisent les projets. Cette population que l’on « aime » 

désormais, a été capable de faire émerger « des gens ordinaires avec qui on peut construire ce qu’on 

veut », elle exige la sincérité : « Plus on est sincère plus il y a de résultats ق��ﻟا ا��ﻳ سﺎ�ﻟا ». La 

population a transmis aux cadres du projet un savoir concernant le milieu naturel mais aussi le milieu 

social. La mise en œuvre du projet a aussi permis de découvrir le fonctionnement social et politique 

des communautés : «percevoir les pactes discrets, les pactes déclarés ». Dans leur effort d’adaptation, 

les cadres du projet déclarent eux aussi, comme les comités des GDA, avoir appris la patience. 

Mais, ni pour les uns ni pour les autres, il ne s’agit d’une patience passive, car des initiatives ont été 

prises à certains niveaux pour dépasser les lenteurs et les inerties. 

5.3 Les initiatives innovantes 

Au niveau de la direction du PRODESUD, les initiatives relèvent de méthodes et d’outils susceptibles 

d’améliorer ou d’accélérer le processus d’implémentation du projet (études de projets bancables, 

signatures de conventions avec des structures en place (UNEFT en particulier), négociation des 

demandes de la population avec certaines structures comme c’est le cas avec la BTS qui a finalement 

admis d’accorder des prêts pour des projets d’engraissement d’ovins…). 

Au niveau des GDA les initiatives varient avec les problématiques et le profil des membres des 

comités des GDA. Essmar et Guermassa ont demandé et obtenu une subvention du PNUD pour des 

projets de valorisation et de protection de la nature. Ouled Chehida qui doivent gérer une communauté 

fractionnée en 20 « Lahmet » et pour contourner les textes qui n’autorisent pas plus de 6 membres 

constituants du comité de gestion du GDA, ont créé successivement trois structures pour évacuer les 

conflits et pour exploiter le capital humain et social disponible dans la communauté : le comité des 

conseillers groupant 30 membres, puis le comité des sages groupant ceux qui ont une formation et 

enfin le comité des structures réunissant ceux qui ont des responsabilités politiques ou administratives. 

La constitution de tels organes semble guidée par deux soucis liés à l’efficacité du GDA : assurer une 

représentativité plus complète, disposer de relais auprès de la population des différentes fractions, tirer 




profit du capital intellectuel et social disponible pour gérer les affaires de la population avec 

l’administration. Dans le souci de disposer d’un capital intellectuel, les GDA de Guermassa, 

Dghaghra et El Argoub et éventuellement d’autres GDA, ont recruté en SIVP de jeunes diplômés 

pour assurer le travail bureautique et de secrétariat. El Argoub a recensé les jeunes qui ont quitté 

l’école pour les diriger vers les programmes de formation. Oued el Khil a organisé une collecte et a 

relevé le coût de l’adhésion au GDA de 5 à 10D pour constituer un fonds d’intervention. 

6. LE PROCESSUS DECISIONNEL 

On examinera dans ce chapitre le processus décisionnel qui commande la réalisation du PRODESUD 

en identifiant les acteurs en place et les procédures suivies pour la définition de plans de 

développement et la réalisation des programmes annuels de travaux. Les espaces de pouvoir partagé et 

leur négociation entre les acteurs en place seront également identifiés à travers l’analyse. 

6.1 Pouvoir de décision et acteurs en présence 

La prise de décision associée à un pouvoir se traduit par la capacité d’engager des ressources 

matérielles et humaines en vue de réaliser des objectifs déterminés. Lorsqu’il s’agit de mettre en 

application la décision, ce sont généralement d’autres acteurs qui interviennent et qui ne sont pas 

dénués de pouvoir. Ils ont aussi la capacité de négocier leur volonté d’exécuter la consigne, de réaliser 

le projet, de le revisiter et de le réinterpréter 28 . C’est pourquoi en l’absence de participation des 

intéressés, le décideur a besoin de structures d’interface qui veillent à l’exécution effective de ses 

décisions. A ce niveau, le décideur sera victime de l’illusion qui consiste à croire que l’interface 

applique sa décision à la lettre. Or comme tout acteur social ce dernier s’approprie la décision pour 

résoudre les problèmes qu’il rencontre nécessairement au moment de l’implémentation. De ce fait, il 

est appelé à faire des choix concernant le plan d’action, les priorités, les ressources disponibles à 

engager ou à revendiquer, les personnes à responsabiliser dans l’action effective et celles à reléguer à 

la marge. En négociant la mise en œuvre de la décision avec les personnes concernées, l’interface va 

aussi faire des choix en cédant sur certains aspects et en tenant bon sur d’autres, et par conséquent 

opposer une certaine résistance, souvent tacite, au donneur d’ordre. 

Au bout de la chaîne du pouvoir, on a aussi affaire à des acteurs sociaux qui, eux aussi disposent d’une 

marge de liberté pour négocier leur volonté d’application des consignes, des règles et des 

recommandations. Et lorsque les règles sont peu précises et que l’organisation est floue, les marges de 

liberté connaissent une extension dont l’étendue dépend des capacités de négociation de chacun. 

Dans ces conditions, il importe d’analyser le processus de décision non selon une chaîne verticale de 

niveaux hiérarchiques, ni même selon une ligne horizontale, mais selon un réseau dont certains 

individus/structures constituent le nœud, c'est-à-dire un passage obligé et/ou un réceptacle de toutes 

les pressions et de toutes les tensions que crée la dynamique de l’action. Si on applique ce schéma 

d’analyse aux institutions en présence dans la région de Tataouine et qui sont concernées directement 

par le PRODESUD, on peut schématiser la situation par le diagramme suivant : 

28 P. Bernoux . (2004) Sociologie du changement dans les entreprises et les organisations, Seuil, Paris 

M. Crozier & Friedberg (1977) L'acteur et le système , Seuil, Paris 

G. Kennedy (1997) Everything is Negotiable. How to Get the Best Deal Everytime, Arrow Business 

books London 




Ministère 

Agriculture 

Autres Direcions 

Régionales 

Gouvernorat 

CRDA 

Coordinateur 

PRODESUD 

COMMUNAUTE 

Figure 4.4. Les institutions en présence 

Structures 

politiques 

GDA 

Dans ce schéma, on remarque que le coordinateur du projet (directeur de l’unité de pilotage) est la 

personne charnière au sens où il est l’objet de la sollicitation de toutes les autres structures. Mais son 

pouvoir est réduit du fait de sa position hiérarchique soumise à plus d’une autorité. Il bénéficie d’une 

proximité de la population et des GDA. Il est le porteur du projet et par conséquent il devrait 

bénéficier d’une marge de liberté importante pour opérer les ajustements nécessaires dans les 

procédures afin de les adapter aux questions qui se posent et mieux assister les GDA dans leur action. 

Mais son positionnement hiérarchique sous plus d’une autorité réduit son pouvoir d’action et soumet 

son action, d’abord, à la conformité des règles. 

Avec les GDA il constitue l’instance qui reçoit les demandes de la communauté et lui apporte les 

réponses attendues. Mais les GDA sont placés en marge des structures administratives qui contribuent 

à la réalisation du projet. Ils sont contrôlés par les autorités politiques et administratives de la région 

mais sont peu introduits auprès des directions régionales représentatives des différents ministères qui 

interviennent dans l’exécution des PDC. Leur pouvoir d’action est d’autant plus bridé, qu’ils ne 

disposent pas de ressources propres permettant une légitimation auprès de la communauté. Le GDA 

subit la pression de la communauté mais ne constitue pas une structure concurrente de celles 

traditionnelles comme le myaâd. Cela explique la revendication de certains GDA à participer, en tant 

que tels, aux conseils locaux (délégation) et au conseil régional (gouvernorat) afin de se donner une 

légitimité « administrative » auprès de leur communauté. La légitimité traditionnelle est bien trop 

rigide et ses bases sont trop enracinées dans la culture de la société, pour être secouée. L’enquête sur 

les attitudes des individus l’a confirmé (module 3). 

Au fur et à mesure de l’implémentation du PRODESUD qui a adopté le principe de séparation entre 

les UST « autonomes » produisant des plans de développement propres à chaque communauté, il est 

apparu un besoin de coordination entre les GDA. Ce besoin concerne particulièrement la mise en 

défens pour ne pas pénaliser les éleveurs qui voient de plus en plus d’espaces fermés au pâturage. Il 

existe d’ailleurs un engouement de certains GDA pour la mise en défens car cela constitue l’une des 

rares sources autorisées de revenus propres. 




Le coordinateur du projet et les GDA constituent finalement les points nodaux du réseau de structures 

présentes dans la région, car ce sont eux qui jouent le principal rôle d’interface entre l’administration 

et la population. Paradoxalement, ils sont les plus vulnérables car ils sont davantage soumis aux 

divers pouvoirs en place qu’ils ne sont détenteurs de pouvoir. 

En l’absence de ressources financières propres, d’opportunité de participer aux instances régionales et 

de peser sur les politiques régionales, de pouvoir se positionner face aux structures sociales 

traditionnelles de la tribu et de la famille, les GDA sont fragilisés. Ils doivent déployer un grand effort 

pour explorer des voies permettant de se constituer un capital financier, un capital social auprès des 

instances de décision et se construire une image positive auprès de la population. Pour cela il ont 

besoin d’entretenir une confiance inébranlable dans ce que peut leur apporter le projet. 

6.2 Le partage de l’espace de pouvoir de décision 

Si l’on examine les domaines où les différentes institutions et catégories de la population exercent un 

pouvoir de décision, deux observations s’imposent : le pouvoir de décision des populations 

« autonomes » est fort dans le champ de la vie sociale traditionnelle, et faible dans le champs de la 

gestion des affaires agricoles communes qui est sous le contrôle administratif essentiellement. Au 

niveau de la communauté le partage du pouvoir obéit aux valeurs de séniorité et de discrimination 

entre les sexes. Toutefois le processus de négociation du pouvoir enclenché par les approches du 

PRODESUD est en train d’opérer des brèches dans la carte du pouvoir actuelle. Cela apparaîtra plus 

clairement lorsqu’on analysera, dans le deuxième paragraphe, les procédures d’élaboration et de 

réalisation des plans de développement communautaire et des travaux y afférant. Le tableau qui suit 

présente une esquisse des différentes instances et institutions et de leur domaine d’intervention par 

rapport au PRODESUD. 

6.3 Processus de décision et réalisation du projet 

Deux étapes majeures marquent la réalisation du projet de développement du sud. L’une concerne 

l’élaboration des plans de développement communautaire PDC, l’autre, les programmes de travaux 

annuels budgétisés PTBA. Ces deux étapes sont initiées, conduites et contrôlées par les institutions 

administratives principalement CRDA-PRODESUD. 

Une consultation des institutionnels (l’omda, le président de la cellule RCD, les grands exploitants, le 

conseil de gestion) précède celle de la population. La population mobilisée grâce aux diverses 

institutions participe aux réunions organisées en vue de la formulation des PDC et de la constitution 

des comités provisoires des GDA. Ses propositions sont soumises à l’étude technique avant l’adoption 

des PDC par le GDA et le CRDA. S’agissant des PTBA, les GDA interviennent à la signature du 

cahier de charges, ils sont « invités » à l’ouverture des plis mais leur absence n’empêche pas la 

sélection des fournisseurs de service. Le processus de réalisation est mis, par la suite, entièrement 

entre les mains du CRDA. Cela se fait selon une longue procédure administrative que la population ne 

comprend pas nécessairement. Les GDA n’ont été autorisés à participer aux consultations en tant que 

maîtres d’oeuvre que depuis la diffusion d’une circulaire du ministre de l’agriculture au mois de mars 

2005. Cela constitue une opportunité d’apport de ressources au GDA et de stimulation de 

l’entrepreneuriat au niveau de la communauté. Désormais certains GDA ont obtenu un code 

d’immatriculation fiscal afin de pouvoir participer aux appels d’offre. De même ils participent au suivi 

des travaux et participent à des réunions mensuelles de suivi à la direction de l’unité de pilotage 

PRODESUD. 




Tableau 4.7. Espaces de pouvoir partagés 

INSTANCES 

AMINISTRATIVES ET 

POLITIQUES 

Domaines d’intervention 

Ministère Définition du cadre institutionnel, gestion des carrières des employés du CRDA 

dont ceux du PRODESUD 

Gouvernorat Représente le gouvernement, contrôle et oriente le fonctionnement des différentes 

directions régionales, veille à la réalisation des politiques de développement ; 

Dispose d’un pouvoir de décision sinon d’un pouvoir d’influence sur la carrière 

des employés dans la région. 

Dispose d’un pouvoir de contrôle sur les institutions de gestion agricole (GDA en 

particulier) 

RCD Ses différentes instances et ses adhérents participent aux diverses structures de 

manière institutionnelle ou personnelle 

CRDA Exécute les politiques agricoles nationales, contrôle le fonctionnement de l’unité 

de pilotage du PRODESUD 

Entretient des relations horizontales avec les différentes directions régionales 

représentant les différents ministères pour la réalisation des projets liés à 

Autres directions 

régionales 

Direction de l’unité de 

pilotage du PRODESUD 

l’agriculture 

Appliquent les politiques des ministères ou organismes de tutelle respectifs 

Interviennent dans la réalisation des projets de développement communautaires, 

chacun dans son domaine 

Chargé de la réalisation du PRODESUD sous contrôle du CRDA, du Ministère de 

l’agriculture, des autorités régionales. 

Occupe une position charnière entre l’administration et les populations locales ce 

qui l’amène à négocier son pouvoir de décision et à prendre des initiatives en 

dehors des routines administratives 

INSTITUTIONS 

SOCIALES ET 

POPULATION 

Myaâd Structure traditionnelle (informelle d’un point de vue administratif) intervenant 

dans les décisions concernant la vie sociale de la communauté et le règlement de 

conflits intercommunautaires. 

Entretient les valeurs traditionnelles notamment celles de la séniorité qui s’est 

concrétisée dans le choix des membres des comités GDA, et celles de la 

discrimination entre les sexes 

GDA Structure naissante, soumise et dépendante à la fois des autorités administratives 

et de la communauté avec ses valeurs et ses résistances. 

Chargé de nombreuses missions de gestion des affaires agro-pastorales de ses 

adhérents mais se heurte aux routines administratives maintenues en dehors de ses 

compétences. 

En phase de négociation de son positionnement social, à la fois sur la scène 

Autres structures : AIC, 

conseils de gestion, 

associations de 

développement 

administrative et sur la scène politique. 

Pouvoir diffus et plus ou moins intégré à travers ses membres aux structures 

administratives (conseils de gestion) et aux GDA (AIC et associations de 

développement) 

Hommes Détenteurs principaux du pouvoir de décision dans la sphère familiale et parfois 

ailleurs dans la sphère politique, économique ou administrative 

Femmes Pouvoir de décision réduit au sein de la famille y compris celui sur leur propre 

personne, présence très faible dans la sphère publique. 

Jeunes gens Pouvoir de décision réduit dans les institutions sociales mais disposant d’une 

marge de liberté concernant leur emploi du temps et leurs déplacements. 

Jeunes filles Soumises à tous les pouvoirs de la sphère familiale, capacité réduite de 

négociation de leur liberté de mouvement et d’action. 




Le tableau ci-dessous décrit les étapes, les intervenants et les décisions et actions relatives à la 

réalisation des projets de développement. 

PROCESSUS DECISIONNELS ET REALISATION DU PROJET 

Etapes Intervenants Action/Décision 

Préalable à 

l’élaboration des 

PDC et la 

constitution des 

GDA 

Ebauche des PDC 

au niveau du 

CRDA, 

PRODESUD et 

population 

Délégué, Omda, présidents cellule RCD, 

Union des Agriculteurs, Associations de 

développement, AIC 

Règle générale : 

-si l’information technique est disponible la 

population est consultée sans grand changement 

dans le plan 

-si l’information technique non disponible : 

consultation de la population+critères techniques 

pour cadrer les propositions, puis analyse 

technique des propositions et décision. 

Information de la population au moment de 

l’élaboration des PDC 

1-Investissements structurants: 

Concertation des responsables locaux, arbitrage au 

niveau de la délégation, élaboration d’un schéma 

soumis au conseil régional 

2-Investissements fonctionnels: approche variable 

selon le type d’investissement 

-les pistes : nombre de kms fixé par le CRDA et le 

coordinateur de PRODESUD 

-les points d’eau déterminés selon la volonté de la 

population 

-Les travaux du CES : propositions de la 

population puis validation par les bureaux d’étude 

-les périmètres irrigués : définition de critères 

concernant l’eau, les terres, l’emplacement, 

propositions de la population, filtrage par les 

bureaux d’étude, 

-les centres de service : critères de proximité de la 

route, disponibilité de l’eau, trafic de la 

population, puis propositions de la population, 

réalisation des centres qui font le plus l’objet de 

demande. 

Population consultée : l’omda, le président de la 

cellule RCD, les grands exploitants, le conseil de 

gestion 

Mobilisation de la population 

pour les réunions de définition 

des PDC et la constitution des 

comités provisoires des GDA 

Définition des composantes du 

PDC 




Finalisation des plans 

de développement 

cadre et définition des 

programmes annuels 

Réalisation des 

programmes de 

travaux budgétaires 

annuels PTBA 

Unité PRODESUD, CRDA et 

Population 

Planification, études de faisabilité 

technique, budgétisation, messages 

techniques diffusés auprès de la population, 

réunion avec la population pour adoption 

des programmes de travaux budgétaires 

annuels PTBA 

CRDA Définition et distribution des actions sur les 

divers opérateurs, ouverture des marchés, 

suivi des travaux et rapports d’avancement 

Appel d’offres Services techniques 

Signature des cahiers de charge par les ST 

GDA 

et les GDA 

Réception des offres Une commission de 4 

membres du CRDA (difficiles 

à réunir selon le coordinateur 

PRODESUD), GDA invités 

(souvent ne viennent pas pour 

cause d’éloignement ( ?) 

Ou : 

une circulaire (mars 2005) 

autorise de confier le marché 

au GDA de gré à gré 

Choix de l’entrepreneur 

Descriptif global des CRDA Etude, termes de référence, signature par 

procédures 

une commission CRDA + GDA 

administratives avant 

éventuellement, consultation et marché 

engagement des 

confié de gré à gré, ou appel d’offres, 

travaux 

publication appel d’offres, dépouillement, 

engagement, accord du contrôleur des 

dépenses, bon de commande, ordre de 

service. 

Il apparaît donc que la participation à la décision de la population et des GDA relatives aux choix et à 

la mise en œuvre des actions de développement est intermittente dans un processus essentiellement 

contrôlé par l’administration. Cependant, sous la pression de la population, certains GDA se sont 

engagés dans un processus de négociation qui a permis d’ouvrir des opportunités de participation et de 

contrôle de l’exécution des travaux plus conséquentes. Il reste à mettre à niveau les textes juridiques 

qui gouvernent leur fonctionnement. 

7. INDICATEURS D’AUTONOMIE, PERSPECTIVES ET 

DURABILITE DES EFFETS PRODESUD 

7.1 Autonomie des organisations 

On distinguera deux catégories d’indicateurs de l’autonomie celle qui est perçue et exercée par les 

membres des comités des GDA et celle qui est potentielle et souhaitée. La première catégorie est 

identifiable à partir des réalisations, la seconde à travers les stratégies de positionnement des GDA 

dans la configuration socio-politique de la région. On s’intéressera au processus d’autonomisation des 

comités qui nécessite une double émancipation : par rapport aux valeurs conservatrices de la société et 

par rapport à l’administration centralisée. 




S’agissant de l’autonomie réelle, elle se manifeste particulièrement par le développement de la 

confiance en soi, les initiatives prises, les capacités de mobiliser la population et donc d’exercer un 

leadership. Parallèlement, se construit le sentiment collectif du ‘nous’ et de la confiance dans les 

capacités du ‘nous’. Tout cela a contribué à forger une vision de développement local global et des 

plans d’action. Ainsi les opportunités de mobilisation de ressources financières par le GDA se 

clarifient, des expériences réussies en la matière amènent à préciser les procédures au niveau de 

l’administration du PRODESUD. 

Paradoxalement ce sentiment d’autonomie est mêlé à celui d’être l’objet d’attention de la part de 

l’État et de soutien de la part de l’administration locale. 

L’autonomie potentielle s’exprime en termes de revendications et d’exigences d’efficacité adressées à 

l’administration d’une part, et d’élargissement du capital social, d’autre part : exigence de rapidité 

dans l’exécution des plans, demande de statut d’interlocuteur auprès des administrations, tentatives 

d’élargissement du capital social… 

Néanmoins des facteurs internes et externes à la population réduisent ou au contraire augmentent les 

chances de développement de l’autonomie. Ces facteurs à partir des divers entretiens conduits dans la 

région : 

Facteurs internes favorisant l’autonomisation 

� L’enthousiasme suscité par le projet et la promesse de dévolution 

� La présence d’une structure administrative ouverte et accessible à savoir celle de l’unité de 

pilotage du PRODESUD 

� La stratégie adoptée dans le choix des membres du GDA incluant l’éducation et l’expérience 

� La fierté du groupe 

� La crédibilité des élus du GDA 

� L’émulation entre les GDA 

Facteurs internes freins à l’autonomisation 

� L’affaiblissement des solidarités traditionnelles liées à l’urbanisation et aux changements 

culturels 

� Les attitudes et comportements des jeunes sujets à des mutations culturelles profondes et 

maintenus loin des instances de décision, 

� Le manque de confiance dans les activités agro pastorales comme sources de revenu 

suffisantes pour échapper à la pauvreté et au chômage 

� Le manque de coordination et de synergie entre les différentes structures d’encadrement de la 

population, voire leur concurrence 

� Les normes culturelles nourrissant un égalitarisme peu productif et empêchant le traitement 

différencié des individus selon leur dynamisme et leur motivation à développer des activités 

agropastorales rentables (surtout lorsqu’il s’agit de prêts) 

� Les attitudes développées durant des décennies par des pratiques d’assistance plutôt que de 

responsabilisation (pas d’obligation stricte de rembourser des prêts) 

� Le manque d’innovation dans la conception des projets (trois types de projets demandés par 

presque tous : engraissement des ovins, cultures irriguées, artisanat du mergoum) 

� La conscience faible d’une proportion plus ou moins importante des différentes communautés, 

de l’envergure du projet de développement global que représente le PRODESUD. 




Les facteurs externes 

� En dehors de la population, la composante autonomisation du projet constitue une force 

motrice essentielle poussant les différents acteurs à la réaliser. Mais la nouveauté de ce 

principe nécessite un apprentissage et des changements de pratiques difficiles à réaliser à court 

terme par les structures administratives. Le fonctionnement actuel de l’administration fondé 

sur le contrôle a priori lui donne une rigidité peu compatible avec la gestion participative 

fondant la philosophie du PRODESUD. Les lenteurs administratives nourrissent les 

frustrations, le sentiment d’impuissance des structures de base et freinent donc le processus 

d’autonomisation. 

� L’absence de coordination, de contacts fréquents et de communication entre les GDA, laissent 

échapper une chance d’apprentissage croisé entre les comités GDA et par suite celle de 

l’accélération de la réalisation des objectifs du projet. 

� L’intervention de structures multiples concernées par le projet devrait être soutenue par une 

structure de gestion aussi autonome que les GDA, suffisamment flexible et proactive pour 

accompagner le processus de mise en œuvre du projet par des décisions idoines et surtout 

prises à temps. 

7.2 Les perspectives de durabilité des effets PRODESUD 

Interrogés sur les perspectives d’avenir, tous nos interlocuteurs les considèrent comme prometteuses 

sous réserve de renforcement des GDA. Plusieurs arguments soutiennent cet optimisme ou le 

justifient : 

� La motivation pour le développement est largement partagée 

� Nombreux sont ceux qui croient en la perpétuation des GDA même après la fin du projet 

� La dynamique collective qui s’est enclenchée paraît durable car elle est soutenue par une 

demande sociale, du moins pour certains GDA avancés dans la réalisation de leurs projets. 

� Une dynamique de contrôle social favorise une bonne gouvernance des structures GDA et 

évite les risques de dérapage opportuniste des individus 

� La sélection des comités des GDA prenant en considération un mix de valeurs traditionnelles 

(séniorité, masculinité, expérience) et modernes (éducation, accès et familiarisation avec 

l’administration, expérience de responsabilité politique) assure à la fois une légitimité sociale 

et une certaine garantie d’efficacité. 

Tous ces facteurs n’en éliminent pas d’autres qui fragilisent la durabilité de la dynamique sociale, 

économique et politique enclenchée par le PRODESUD, dont les suivants : 

� Le poids du passé qui se heurte aux aspirations des jeunes à la modernité 

• La logique d’assistance et de sous estimation des capacités de la population locale est encore 

prégnante 

• Les GDA sont en phase de construire la confiance en eux-mêmes et ont besoin de moyens 

matériels pour se donner une visibilité et s’investir dans le champ de liberté d’action dont ils 

disposent. Ces moyens doivent être trouvés rapidement surtout pour les communautés pauvres 

en moyens humains et matériels. 

Du fait de ces facteurs, des goulots d’étranglement se profilent à l’horizon en raison de 

� la prédominance des hommes et des personnes âgées sur les instances de décision ayant pour 

corollaire le maintien des femmes et des jeunes hors du circuit de décision, 




� la quasi absence de projets d’entreprise innovateurs si bien que la réplication des mêmes 

projets générera sans coup férir une concurrence insupportable à long terme et un 

essoufflement de l’esprit d’entreprise, 

� la désaffection par les jeunes générations des activités agropastorales sur lesquelles se fonde le 

projet et la menace qui pèse sur elles si les conditions de revenu et de sécurité qui leur sont 

associées ne sont pas adaptées aux exigences des jeunes, 

� la faiblesse de la dynamique entrepreneuriale au niveau de la région qui ne favorise pas la 

valorisation des ressources naturelles, culturelles et agropastorales de la région, 

� l’absence de mise à profit de la solidarité sociale existante pour l’investissement collectif dans 

des projets industriels ou commerciaux ambitieux et créateurs d’emploi 

8. CONCLUSION : POUR UNE APPROCHE GLOBALE 

D’AUTONOMISATION DES STRUCTURES ET DES POPULATIONS 

L’analyse des informations réunies lors des différents entretiens avec les différentes parties prenantes 

du PRODESUD, a permis de tâter le pouls du processus d’autonomisation de la population mais aussi 

d’identifier certaines problématiques du développement durable de la région. 

Si l’on considère le volet lancement de projet et création d’entreprises, le cas échéant, il faudra le 

soutenir par une politique de crédit et d’accompagnement pour les porteurs de projets, jeunes pour la 

plupart et sans expérience d’affaires. Il importe également de susciter et d’encourager des projets 

innovants d’entreprise afin d’éviter les goulots d’étranglement qui se profilent à l’horizon en raison du 

manque de diversité des activités proposées. A cet égard, il y a nécessité d’investir les domaines de 

marketing pour les produits agricoles de la région qui ont un avantage compétitif (créer par exemple 

un label pour les primeurs, les produits biologiques, le terfess…) en usant d’Internet et autres moyens 

de communication. De même les activités liées au conditionnement (lavage et conditionnement de la 

laine et des poils de chameaux) et à la transformation de produits agricoles et d’élevage notamment 

ceux des camélidés constituent un créneau important à développer. Le secteur culturel semble 

également riche de potentialités relatives à deux volets en particulier : celui qui intègre culture et 

tourisme, celui de la sauvegarde d’un patrimoine architectural, agropastoral, artisanal, médicinal et 

d’une culture orale jusque-là non documentée. C’est ce secteur qui est également menacé du fait de la 

faible propension à transmettre le savoir hérité (masculin surtout) aux jeunes générations. 

Une nouvelle vision des activités agro pastorales s’impose car, pour perdurer, ces activités doivent être 

adaptées aux aspirations de modernité des jeunes. Le transport et les conditions de l’activité pastorale 

dans le désert nécessitent l’introduction de plus de confort et de sécurité. 

Le fondement du développement sur la participation des communautés n’empêche pas l’existence ou 

l’émergence de questions qui doivent être résolues en réunissant plus d’une communauté (la mise en 

défens par exemple). De même le partage des savoirs et savoir faire générés par l’expérience de 

chaque GDA pourra accélérer le processus d’implémentation du projet et ses performances. C’est 

pourquoi des dispositifs d’échange et de coordination entre les GDA sont à envisager. 

Il sera utile également d’introduire une vision stratégique dans les programmes de développement 

communautaire. Au lieu de se concentrer sur la résolution des problèmes, on s’appuiera sur les 

potentialités spécifiques pour engager la communauté dans une trajectoire porteuse d’un 

développement durable. En effet, comme l’écrit Roger Nifle : « le développement c’est préparer le 

futur, pas réparer le passé reçu en héritage ou seulement gérer le présent » 29 . 

29 Roger Nifle « Méthode de l’identité culturelle prospective MICP ». Le journal permanent de 

l’humanisme méthodologique http//www.journal_coherences_com) 




Si l’autonomisation est réellement un moteur de développement des capacités d’organisation 

collective, d’adaptation, de formation de consensus, d’innovation, d’entrepreneuriat, et de 

désapprentissage de l’esprit d’assistance et de la centralisation des décisions, elle ne peut pas réussir si 

elle est évènementielle et se limite à la population. Elle nécessite une réactivité rapide des différentes 

parties prenantes et donc devra toucher les différentes institutions notamment l’administration. La 

dévolution du pouvoir du centre vers la périphérie administrative est une exigence pour les projets de 

développement novateurs. Parce qu’ils le sont, ils soulèvent sans cesse des questions qui appellent des 

réponses rapides et adaptées au contexte. La gestion administrative devrait substituer au contrôle a 

priori une politique fondée sur le principe de la réactivité. 

Afin d’institutionnaliser davantage la participation et capitaliser le savoir en construction nourri par le 

projet, il y a lieu de créer une structure réunissant les GDA qui constituerait une forme de conseil 

agropastoral régional et travaillerait en étroite collaboration avec le CRDA. Cette structure aurait 

pour mission : la coordination des PDC et les ajustements nécessaires pour assurer l’exploitation des 

parcours, éviter les goulots d’étranglement, rechercher les complémentarités, la participation à la 

décision au niveau du CRDA notamment en ce qui concerne les choix stratégiques et les politiques de 

développement agricole, le partage des savoirs traditionnels et ceux techniques. L’existence d’une telle 

structure contribuerait à développer une nouvelle culture et de nouvelles attitudes plus positives et 

moins infériorisantes des agriculteurs considérés désormais non pas comme une population d’assistés 

mais comme des communautés responsables. 

On rappellera également que l’objectif d’autonomisation des populations ne peut être atteint sans une 

autonomisation des organisations intervenant dans la réalisation des programmes de développement 

communautaires. Nous pensons particulièrement au CRDA et ses différents services qui fonctionnent 

selon la logique d’une administration régionale. Le circuit hiérarchique de la décision, les longues 

procédures des marchés et de l’engagement des dépenses créent une « arythmie » dans le 

fonctionnement de l’ensemble du système (on a relevé les divergences de perception du temps entre 

les agriculteurs et celui de l’administration). 

A cet égard, on se demande s’il n’est pas plus judicieux d’appliquer à ce projet de développement qui 

concerne tout un gouvernorat, le principe de subsidiarité. Au lieu de charger les structures 

administratives existantes de sa gestion, il serait opportun de créer une « agence » qui dispose d’une 

autonomie suffisante pour gérer les budgets et engager les travaux, faire jouer la concurrence dans 

l’exécution des travaux, employer des équipes de contractuels qui fonctionnent par projet et reçoivent 

une rémunération conséquente. Cette agence pourrait fonctionner en étroite collaboration avec « le 

conseil agropastoral régional » suggéré plus haut. Ainsi la gestion du PRODESUD bénéficierait d’une 

flexibilité et d’une capacité de capitaliser les apprentissages, les innovations et d’accélérer le 

changement nécessaire des représentations et des pratiques sociales. 

La mise en concurrence des agents économiques pour la réalisation des multiples travaux des plans de 

développement communautaires, encouragera la création d’entreprises et de projets innovants portés 

par les jeunes et en phase avec les objectifs du projet. En effet lorsque la population se rend compte 

qu’elle est concernée par la réalisation des plans de développement communautaires, que l’exécution 

des travaux se réalise par des entrepreneurs locaux, cela stimulera l’esprit d’entreprise et les idées 

d’investissement toucheront des domaines de plus en plus élargis. L’argent du projet sera de ce fait 

réinjecté dans la région, augmentera le pouvoir d’achat lui-même générateur de développement. Ce 

développement touchera les activités pastorales car l’enquête sur les attitudes a confirmé une 

valorisation encore largement partagée de ces activités. Le réinvestissement des ressources dans les 

activités pastorales et éventuellement dans des activités industrielles de transformation de leurs 

produits, renforcera le besoin de disposer de bergers. Cela induira à son tour des investissements dans 

la modernisation des conditions de l’activité pastorale permettant à son tour d’attirer des jeunes, 

demandeurs de modernité. 

Pour finir il apparaît que le PRODESUD a misé sur l’autonomisation de la population mais est resté 

timide quant à celle des structures administratives intervenantes. Ces structures sont restées le pilier 

de la réalisation du projet qui leur a apporté des ressources nouvelles. Mais pour leurs agents, le projet 




a ramené du travail supplémentaire sans retombées économiques réelles et par conséquent pas 

nécessairement motivant. 

Il importe à notre avis, après avoir observé les multiples effets positifs du projet ainsi que les freins à 

une exploitation optimale de ses potentialités, de créer les dispositifs nécessaires à une réinjection plus 

intense de ses ressources dans la région de manière à accroître les revenus des populations pauvres et à 

stimuler une dynamique entrepreneuriale plus conséquente. 

Pour terminer et compte tenu de l’analyse qui précède, on tracer le profil de deux scénarios extrêmes, 

positif et négatif : 

9. SCENARIOS PROBABLES 

Scénario 1 : La logique de dévolution, celle du PRODESUD va prévaloir 

Prévalence et manifestations de la 

logique de dévolution, renforcement 

des processus d’autonomisation 

Mécanismes de régulation formels 

Mécanismes de régulation informels 

INDICATEURS 

Définition de règles, dispositifs de contrôle du respect des 

règles, réunions planifiées, processus de communication 

organisés, implication des divers acteurs dans les 

processus de communication 

Emergence de structures d’arbitrage, émergence d’une 

culture valorisant l’implication et l’autonomisation, 

processus d’adaptation à l’œuvre. 

Coopération structurée et entretenue Attitudes de confiance, capacité de résolution des conflits, 

découragement de l’opportunisme 

Apprentissage/Désapprentissage Apprentissages croisés reconnus y compris ceux 

impliquant les structures de base, changements de 

pratiques, reconnaissance de la pertinence des savoirs des 

divers acteurs pour la réalisation du projet, formation de 

nouvelles compétences 

Emergence de nouveaux leaders porteurs 

du projet 

Structuration des leaderships, existence de personnes 

ressources reconnues, profil et positionnement social de 

ces personnes ressources, pouvoir et positionnement des 

leaders dans la configuration des structures formelles et 

informelles, nouvelle distribution des rôles et des pouvoirs 

entre les structures administratives, traditionnelles, 

émergentes, formelles et informelles 

Initiatives et innovation Emergence de pratiques innovantes à l’échelle 

individuelle ou collective, diversification des espaces 

d’innovation, accueil de l’innovation par les différentes 

parties prenantes, attitudes et valeurs relatives à 

Emergence d’une nouvelle culture 

génératrice d’une dynamique 

économique 

l’innovation et aux acteurs innovants 

Emergence de nouvelles formes de coopération, nouvelles 

formes d’entrepreneuriat, accès de nouveaux acteurs à la 

dynamique économique (femmes, jeunes, employés 

administratifs). 




Scénario 2 : Les deux logiques actuellement dominantes et complémentaires 

vont prévaloir : Contrôle administratif et revendications des populations 

Tensions générées par une gestion centralisée, 

passivité/revendications des populations, 

instrumentations opportunistes du PRODESUD 

PRODESUD objet de stratégies 

individuelles/collectives/institutionnelles différentes 

Divergences dans la perception des sources de 

légitimation du pouvoir 

INDICATEURS 

Stratégies individuelles, collectives et 

institutionnelles incohérentes avec la 

logique du projet, comportements 

opportunistes, manque de confiance, 

asymétrie de l’information 

Conflits éclatant au grand jour, conflits 

latents, cloisonnement des groupes et des 

dynamiques sociales et administratives, 

incapacité de résolution des conflits intergroupes 

Inerties administratives Renforcement des pratiques de 

centralisation et des valeurs qui leur sont 

associées (rigidité et flou, attentisme et 

assistance), réactions sociales marquées par 

la soumission, le retrait ou l’opportunisme 

Conservatisme social Comportements dominés par le registre des 

valeurs traditionnelles dont le patriarcat et 

l’exclusion des femmes et des jeunes du 

Désarticulation/ détournement du projet de son objectif 

pouvoir de décision 

Absence d’initiative et d’esprit d’entreprise, 

faiblesse des structures de communication 

et de coopération 

Les hypothèses 1 et 2 sont deux hypothèses extrêmes et « idéaltypiques ». On peut s’attendre à ce que 

la réalité, à un moment donné, se présente sous une (des) logique(s) hybride(s) qui se structure (ent) au 

fur et à mesure de la réalisation du projet. 




CHAPITRE V 

REFLEXIONS D'ENSEMBLE, ENSEIGNEMENTS 

ET PISTES DE RECHERCHE 

Comme on l'a indiqué dans l'introduction de ce rapport, la question de fond de la recherche conduite 

en Tunisie, est une question à deux étages étroitement liés. Le premier étage interpelle le 

questionnement que se font tous les développeurs engagés dans l'action contemporaine, à savoir, 

comment développer l’autonomie des populations rurales afin que celles-ci puissent prendre en main 

leur développement? Le second interpelle, par contre, une praxis sociale plus immédiatement concrète. 

Partant, en effet, de la notion d'agent et d'un modèle théorique sur les comportements et attitudes des 

agents vis-à-vis de l'autonomisation, on se demande jusqu'où et comment on peut identifier et mesurer 

l'engagement effectif et potentiel de ces agents dans un processus de responsabilisation et de 

participation aux décisions - et, tout particulièrement, dans les décisions concernant l'environnement et 

la gestion des ressources naturelles. L'autonomisation est, dans la perspective de ce questionnement, 

définie comme une expansion des possibilités de choix d’un agent (individu ou collectivité) ou encore 

comme une capacité accrue de transformer des ressources en résultats. L’autonomie d’un acteur fait 

qu’il devient un agent du changement et non simple bénéficiaire ou une victime de ce changement. 

La recherche engagée dans le Sud Est pastoral de la Tunisie s'est proposée d'explorer les 

manifestations des processus d'autonomisation des agents dans un contexte particulier car marqué, à la 

fois, par l'importance de la ressource constituée par les parcours naturels et par l'action catalytique d'un 

projet de développement participatif, le PRODESUD. La confrontation de facteurs relativement 

rigides (car liés à l'écosystème et aux héritages sociaux qui y sont attachés) et des apports d'innovation 

d'un projet, jugés positifs ou négatifs, constitue l'un de ces socles que les théoriciens du changement 

social se plaisent à choisir pour leurs études du fait des exacerbations qu'ils provoquent et des champs 

privilégiés qu'ils offrent à l'analyse sociale. Ce cas de figure, s'il est spécifique, n'en est pas moins 

généralisable en raison de l'importance que les projets de développement jouent dans le changement 

social dans de multiples régions du monde, tout particulièrement lorsque ces projets s'insèrent dans des 

stratégies de lutte contre la pauvreté. 

La compréhension des processus d'autonomisation implique fondamentalement celle des stratégies et 

des comportements des agents qu'ils impliquent. L'évidence des analyses sociales les plus simples, 

nous rappelle que ces agents se situent dans des logiques plurielles, influencées, sous des formes 

extrêmement diversifiées, par les attitudes et comportements, souvent contradictoires, vis-à-vis de la 

ressources naturelle, des héritages sociaux, du contexte institutionnel, des innovations introduites par 

le projet de développement. La détermination la plus forte et la plus immédiate est celle qui confronte 

les agents à leurs objectifs propres. Ainsi, lorsque l'on se situe au niveau des agents individuels, il est 

facile de constater qu'ils projettent d'abord leur existence en termes d'aspirations et d'accomplissement 

personnel ou familial. Par contre, ils n'ont pas nécessairement les mêmes perceptions lorsqu'ils se 

situent dans leurs aires respectives de sociabilité collective. Les mêmes décalages se retrouvent 

lorsque les individus confrontent leurs différences à des formes nouvelles d'organisation, comme 

celles proposées par un projet, ou encore aux formes diversifiées d'action et d'emprise des agents de 

l'administration. L'administration est en principe là pour exercer un service public pour le bien des 

individus. L'expérience montre cependant que d'autres priorités, dont celles du pouvoir, dénaturent 

souvent la fonction de service public et séparent trop souvent l'État de la société civile. Ces évidences 

montrent, s'il en était besoin, l'impérieuse nécessité d'une approche de l'autonomisation resituée dans 

la logique plurielle des divers agents impliqués. 

Au terme de l'analyse que l'on vient d'effectuer des résultats de la recherche conduite dans l'aire 

d'action du PRODESUD, le Sud Est pastoral de la Tunisie, quel bilan peut-on faire de ces résultats, 

quels grands enseignements peut-on en tirer, quelles pistes de recherche peut-on explorer pour 

approfondir la recherche et améliorer ses instruments d'analyse et d'évaluation? On s'est proposé de 

regrouper ces constats et réflexions dans les quelques thématiques qui suivent: 

Chapitre V. Réflexions d’ensemble, enseignements et pistes de recherche 125



- le rôle de l'État et de l'administration dans le processus d'autonomisation, 

- le processus d'autonomisation dans le contexte de la recherche sur le changement social, 

- les attitudes et comportements des agents individuels vis-à-vis de l'autonomisation, 

- l'impact des structures nouvelles sur l'émergence du leadership et sur l'autonomisation 

collective, 

- le modèle conceptuel de l'autonomisation confronté aux quantifications de ses principales 

composantes, 

- sur la méthodologie et les instruments d"analyse. 

1. REFLEXIONS SUR LE MODELE CONCEPTUEL DE 

L'AUTONOMISATION 

Le cadre conceptuel de la recherche qui a été présenté dans l'introduction de ce rapport identifie des 

déterminants de l'autonomie et propose un schéma théorique d'interactions en boucle qui entraîne (ou 

non) le processus d'autonomie. Ce cadre a servi de référence pour le montage méthodologique des 

enquêtes. Dans sa mise en pratique, il a cependant fait apparaître une certaine ambiguïté du concept 

d’agent/ d’acteur, celui-ci étant défini "en tant qu’entité capable de poursuivre des objectifs qui lui 

sont propres…d’opérateur capable d’initiative, disposant d’un degré d’autonomie de décision". Or ce 

concept se rapporte à la fois aux individus et aux communautés. La praxis de l'enquête et de son 

traitement invite à opérer une distinction plus nette de la notion d'agent/acteur. L’attribut d'un 

opérateur "considéré comme autonome s’il possède l’attribut d’agent (objectif propre) et un degré de 

liberté de choix" est pertinent pour l'analyse des individus. Il reste par contre imprécis lorsqu'il 

s'applique à une communauté, un GDA, un opérateur administratif. 

Le modèle théorique appelle, par ailleurs, un choix plus net quant aux fonctions des deux entités 

conceptuelles qui déterminent la dynamique du processus. La première de ces entités correspond à un 

ensemble d’états liés aux sujets et leur degré d’autonomie. Ces états sont approchés de manière 

statique et ils n'impliquent pas nécessairement de dynamique endogène. L'autre entité, appelée type de 

changement est par contre de caractère dynamique, elle est donc plus proche de l’autonomisation en 

tant que processus. Elle peut être approchée de manière analytique. L'approche retenue par la 

recherche conduite en Tunisie a privilégié cette seconde analyse des types de changement. On a, en 

conséquence, centré les enquêtes sur les agents individuels de façon à bien saisir leur définition en tant 

qu'individu (approche pyscho-sociale). L'approche socio-dynamique a permis, par ailleurs, de saisir 

leur interactivité dans le processus d’autonomisation en tant que qu'agents du changement structurel 

ou en tant qu’agents d'une communauté insérés dans une "spatio-temporalité" collective. Ce choix 

pragmatique doit être compris comme une démarche d’opérationnalisation d’un modèle qui n'avait pas 

encore été validé par l'expérience pratique. Cette mise au point a, en particulier, facilité l'identification 

des inductions-déductions qui relient les états du modèle et leurs directions. 

Il semble difficile d'utiliser le même modèle pour mesurer; à la fois, le degré d’autonomie des sujets et 

l’autonomisation d'une communauté. Le modèle est pertinent pour analyser et mesurer 

l’autonomisation vécue individuellement par les agents, notamment dans leurs implications 

mesurables sur les politiques d'action. Cette démarche leur a permis d’opérationnaliser certains 

concepts et de déboucher sur la création des instruments de mesure de l’autonomie perçue, notamment 

en se fondant sur la mesure des écarts, des accomplissements, des attitudes et des ressources. 

Le choix d’utiliser l’autonomie perçue comme base de construction d'un "indice d’autonomisation" 

découle tout naturellement des options méthodologiques premières. Il part en effet de l'intérêt 

prioritaire qui a été accordé à la dimension individuelle et personnelle de l’agent. Au terme de cette 

phase de recherche sur l'autonomisation, on s'est en effet rendu compte que l'on n'avait pu disposer, 

pour apprécier l'autonomisation des agents collectifs, que d'instruments relativement classiques. Ce 

travail a confirmé la validité de ces approches pour des appréciations d'ensemble des dynamiques 

sociales. Il n'a pas par contre apporté de réponses à la question essentielle du rapport entre les 




individus constituant le corps social et la dynamique proprement dite des groupements. On doit donc 

poursuivre les recherches pour mettre au point les instruments qui permettront d'évaluer le potentiel 

d'autonomisation d'un groupe à partir de la compréhension et de la mesure des interactions 

hiérarchisées et conflictuelles des individus qui, ensemble, "font" et "créent" la dynamique collective. 

Mais si cette question théorique de l'interaction entre groupe et individus reste à ce point posée, ce 

n'est pas en raison d'un déficit de la méthodologie de la sociologie des groupes mais très certainement 

en raison d'une très grande insuffisance de la recherche psycho sociale sur les individus constituant les 

groupements ruraux. La priorité accordée à cette dimension par la recherche conduite en Tunisie du 

Sud Est, peut aujourd'hui être considérée comme une démarche pionnière. L'approche qui a été mise 

en œuvre constitue, en effet, - en Tunisie tout au moins -, une contribution d'une nouveauté absolue. 

Pour la première fois, l'éclairage a été porté, en milieu rural, sur les attitudes et les perceptions des 

individus composant le corps social, c'est-à-dire, essentiellement sur la dimension "subjective". Cette 

recherche voudrait avoir ainsi contribué à jeter premières bases pour réfléchir au plan méthodologique 

à la manière dont la recherche devrait être organisée à l’avenir pour focaliser le travail des disciplines 

mises à contribution sur l’étude des interactions entre capacités d’agence et structures d’opportunité 

(institutions). 

A ce stade cependant, la recherche entreprise a déjà permis de saisir au moins une des deux directions 

de ces interactions, à savoir, les perceptions, par les individus, des entités externes dans lesquelles ils 

se déterminaient. La recherche apporte en effet des réponses sur les attitudes et la perception, par les 

individus (et même, par les individus distingués par strates socio-professionnelles), de leur milieu 

naturel, de leurs institutions traditionnelles, des groupements nouveaux créés par le projet, des 

différents agents représentants les structures de l'administration dite de "commandement". On 

remarquera cependant que l'approche mise en œuvre ne pouvait, étant donné son caractère novateur, 

s'adresser de la même façon à toute la population. Il est certain, à cet égard, que les femmes (que l'on 

s'est efforcé d'atteindre par des approches plus légères constituent l'une des insuffisances que l'on 

pourra corriger maintenant que 'on dispose d'outils méthodologiques suffisamment testés. 

2. REFLEXIONS SUR LES ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES 

AGENTS INDIVIDUELS 

L'approche psycho sociale des individus confrontés au processus d'autonomisation s'est focalisée sur 

trois concepts fondateurs, l'attitude, le comportement et la perception. On en rappelle la signification. 

L’attitude peut être définie comme une tendance psychologique, c’est un état interne du sujet qui 

s’inscrit dans une certaine durée, qui s’exprime par le biais de l’évaluation d’un objet avec un certain 

degré de "favorabilité". Avoir une attitude, c’est situer un objet attitudinal sur une dimension 

évaluative qui peut être d’ordre affectif, cognitif ou conatif. La dimension affective recouvre les 

sentiments, les émotions, les humeurs, etc., que suscite un objet attitudinal. La mesure d’une attitude 

sur une dimension donnée comporte une direction (soit vers le pôle positif, soit vers le pôle négatif) et 

une intensité ( qui peut aller de "pas du tout" à "extrêmement"). 

Le déterminant immédiat du comportement est l’intention de réaliser ce comportement. Cette 

intention s’appuie d’une part sur l’attitude à l’égard du comportement et d’autre part sur les normes 

subjectives. L’information n’est pas seulement reçue, elle est recherchée pour sa "validité 

fonctionnelle". L’environnement économique est également générateur d’une ambiance, d’un climat 

économique, parfois difficile à décrire, mais omniprésent (la morosité, par exemple) qui marque 

affectivement l’activité sociale et économique. Il en résulte que l’activité de perception d’un tel 

ensemble d’informations est caractérisée par quatre processus en interaction :(i) une réponse 

émotionnelle affective ; (ii) un processus cognitif de catégorisation ; (iii) une analyse des systèmes et 

des causes ; (iv) une activité exploratoire du sujet. 

Les attitudes, perceptions et comportements des individus se déterminent par rapport à leurs 

aspirations ou par rapport à leurs projets personnels, d'une part en tant que personnes individuelles 

mais aussi, d'autre part, en tant que personnes appartenant de fait à des groupes de sujets susceptibles 

de partager des déterminants communs (par exemple, les agriculteurs, les éleveurs, les bergers, les 




jeunes; les retraités et fonctionnaires, etc.). Ce que l'on cherche à comprendre, c'est ce qui affecte ou 

limite l'autonomie des sujets individuels. On s'interroge, à cet égard, sur la façon dont les individus se 

situent (et situent leur autonomie) par rapport aux structures englobantes (communauté traditionnelle, 

imadat, GDA, structures d'autorité, administration, etc.) 

Le modèle théorique pose, comme hypothèse, que les individus mesurent empiriquement le décalage 

entre aspirations et accomplissements. La variabilité devrait s'expliquer par des facteurs tels que les 

ressources auxquelles le sujet a accès, son âge, son appartenance a une strate socio professionnelles, sa 

propre stratégie d'autonomisation. 

Que nous disent les résultats des enquêtes sur ces hypothèses? L’analyse a porté sur le type d’attitude 

des différents sujets vis-à-vis des objets attitudinaux. Les résultats montrent que globalement, les 

sujets ont vis-à-vis des objets attitudinaux une attitude plus affective que cognitive et plus cognitive 

que conative. L’attitude vis-à-vis de l'objet attitudinal parcours, par exemple, est à la fois affective et 

conative. Le parcours est considéré par tous les sujets comme une plateforme de rencontre des 

membres de la communauté. Il est aussi associé au concept de "arch" qui continue à avoir une valeur 

consacrée pour tous les sujets. Le cheptel, considéré comme principale source de revenus actuelle et 

future, développe auprès des sujets une attitude comparable à celle du parcours. L’attitude des sujets 

vis-à-vis de l’eau s’apparente aux normes et valeurs. Elle développe chez les sujets un intérêt collectif 

qui n’est pas étranger aux valeurs traditionnelles de la société agropastorale. 

Par contre, vis-à-vis de l’objet attitudinal financement, les sujets croient encore au précepte de l’État 

Providence. Ils manifestent en conséquence une réticence pour une adhésion au principe d’emprunt, 

qui est perçu comme risqué et aléatoire. L’attitude vis-à-vis de l’administration est de l’ordre de 

l’intérêt collectif. Exception faite de l'imada, structure de proximité se référent au contexte 

traditionnel, toutes les autres structures administratives ne sont pas perçues comme pouvant influencer 

positivement l’autonomie des individus. De l’ensemble des organisations locales, seul le miyâad, 

structure de référence traditionnelle, est perçu positivement ; les autres, y compris la structure, encore 

très nouvelle, du GDA, sont considérés comme des prolongements de l’administration auxquels les 

sujets n'accordent qu'une confiance limitée. 

Des différences d’attitude entre les divers sujets apparaissent également en fonction des strates socio 

professionnelles. Ainsi, les jeunes se voient de moins en moins intéressés par les activités 

agropastorales qui ont encore une importance sociale essentielle pour leurs aînés. Les ambitions des 

jeunes, qui ont généralement été scolarisés et ont souvent obtenus des diplômes, sont davantage 

tournées vers des projets non agricoles, moins contraignants physiquement et socialement. Le métier 

de berger et l’élevage, même s’il est rémunérateur, est, d'une façon générale, perçu comme 

"dévalorisant". 

L’analyse de l’état ressources confirme que la majorité de la population appartient à la catégorie des 

ruraux pauvres. L’écart entre aspirations et réalisations indique que la moitié des individus n’ont pas 

accompli ou n’ont accompli qu’une petite part de leurs aspirations. Les agriculteurs et les éleveurs, 

malgré des scores modestes, ont réalisé les meilleurs accomplissements alors que les bergers et les 

jeunes sont les moins satisfaits. Ces derniers se placent de fait dans une sorte de catégorie de "laissés 

pour compte". 

L’autonomie perçue des agriculteurs et des éleveurs dépend fortement, et par ordre décroissant, du 

parcours, du cheptel, du financement et de l’eau. L’autonomie des bergers est, elle, fortement 

dépendante de l’eau, puis, à part égales, du parcours, du financement, du cheptel et enfin de 

l’infrastructure pastorale. La perception du groupe témoin est pour le moins surprenante, car leur 

autonomie est fortement dépendante du parcours suivi de près par l’eau et par l’infrastructure 

pastorale. Ce résultat surprend dans la mesure où ce groupe social n’a pas d’activité agropastorale. 

Ceci pourrait révéler un référentiel, profondément caché, à la société pastorale de leurs aïeux. 

Chacun des objets attitudinaux se complexifie par des dimensions d'application qui, selon l'objet, ont 

un poids de détermination différent. Ainsi, pour l'objet attitudinal parcours, c’est la dimension 

foncière qui a le plus d’importance, alors que pour le cheptel, c’est principalement l’alimentation. Pour 




le financement c’est la rentabilité et pour l’eau c’est la disponibilité. Pour l’objet attitudinal 

administration c’est la proximité et enfin pour les organisations à la base c’est le miyâad. Ces 

différentes dimensions constituent les nœuds sur lesquels on pourrait agir pour améliorer l’autonomie 

des individus, à la fois vis-à-vis de ces objets attitudinaux et, plus globalement, sur leur autonomie 

perçue. 

Parmi les leçons importantes, on doit noter les différences entre les attitudes individuelles et celles que 

l'on peut percevoir lorsque l'analyse est conduite au niveau des groupes et de leurs leaders (voir 

chapitres 3 et 4). C'est ainsi, par exemple, que le projet PRODESUD est le principal objet attitudinal 

dans le cadre de l'approche collective alors qu'il n'a pas beaucoup d'effets lorsque l'on se situe à 

l'échelle individuelle. Les mêmes remarques peuvent être faites pour les GDA, ce qui n’est pas 

surprenant étant donné la genèse et la jeunesse des groupements. En revanche, les structures anciennes 

et proches, le miyâad et le 'omda, sont perçus d'emblée par les individus comme des agents contribuant 

effectivement à leur autonomisation. 

L’indice d’autonomie perçue est égal en moyenne à 49 sur 100. Cette valeur signifie que la 

population, toutes catégories confondues, se situe à un niveau d’autonomie moyen. A l’exception des 

jeunes qui ont un indice d’autonomie perçue sensiblement plus élevés, les autres catégories 

professionnelles s’équivalent et en particuliers les agriculteurs, les bergers et les éleveurs. L’identité 

tribale ou l’appartenance à une fraction (arch) n’influence pas l’autonomie perçu. Il en est de même du 

revenu mensuel déclaré qui ne semble pas affecter l’autonomie des sujets, à l’exception de la classe 

« sans revenu » qui inclue principalement les jeunes. 

Une analyse de la régression prenant l’indice d’autonomie perçue comme variable dépendante, montre 

que la catégorie d’âge, la situation maritale, le nombre d’enfants, la mensualité, les ressources, les 

catégories professionnelles, l’appartenance tribale, et les scores d’attitudes sont des variables 

explicatives qui influent l’autonomie des individus. Les résultats montrent cependant qu’on gagnerait 

en précision en déterminant les indices d’autonomisation par catégorie professionnelle. Les attitudes, 

particulièrement l’implication collective vis-à-vis du parcours, du financement et de la gestion, 

agissent sur l’autonomie perçue des individus. 

3. L'IMPACT DES STRUCTURES NOUVELLES SUR L'EMERGENCE DU LEADERSHIP 

ET SUR L'AUTONOMISATION COLLECTIVE 

Lorsqu'elle s'est intéressée aux attitudes d'appartenance des populations, la recherche s’est s'interrogée 

sur les communautés en tant qu'objet attitudinal d'identification. Les communautés, auxquelles 

correspond l'institution traditionnelle du miyâad, servent de cadre à la socialisation des individus. La 

lecture des données (voir chapitre III) suggère que les structures sont perçues selon des registres 

différents, le Myâad est perçu en référence à son fonctionnement, le GDA selon un registre affectif, les 

conseils de gestion selon un registre d'intérêts matériels Ceux-ci y ont des statuts sociaux et des rôles 

diversifiés et leurs regroupements internes peuvent se manifester sous forme de tendances 

différenciées au sein de la communauté. La communauté n'en forme pas moins un cadre global dans 

lequel tous ces membres se retrouvent. Elle est un cadre de référence identitaire et de référence 

territoriale. Elle constitue un enjeu de pouvoir au sein du groupe social. Elle est le lieu d'activités et de 

régulations collectives plus ou moins affirmées. Elle est potentiellement un cadre de participation pour 

la conception et la mise en œuvre de projets de développement. La communauté doit donc être 

comprise comme l'un des agents à prendre en compte dans le processus d'autonomisation. Les 

communautés constituaient des instances essentielles de la vie sociale lorsque le système pastoral était 

géré par les coutumes traditionnelles. L'évolution du pastoralisme ainsi que la surimposition des 

structures administratives modernes et des règles de tutelle les ont largement repliées dans des 

fonctions sociales limitées. Les dynamiques nouvelles de développement participatif viennent par 

contre relancer leurs solidarités sociales et invitent ces communautés à devenir des ferments de 

l'autonomisation collective. Ces dynamiques nouvelles ne signifient pas de retour au passé mais au 

contraire une valorisation, dans des cadres juridiques modernes (les GDA), de solidarités certes 

fondées sur des héritages indéniables de la culture et de l'histoire mais aussi renouvelées, 

réinterprétées et transformées au sein des cadres décisionnels contemporains. 




C'est sur ce fond social que le PRODESUD s'est surimposé, devenant lui-même un catalyseur du 

changement social. Ce projet est en effet sous tendu par une stratégie de participation des acteurs dont 

la base devrait être des structures nouvelles, les Groupements de Développement agricole, dont il 

assure la promotion. La recherche s'est interrogée sur l'impact de ce facteur de changement sur 

l'autonomisation. Comment le changement proposé par le PRODESUD, était-il vécu par les 

communautés et par les acteurs individuels? Une autonomie plus grande s'est-elle mise en place? Que 

doit-elle au projet? Que doit-elle aux dynamiques internes au sein des communautés, aux aptitudes de 

leur leadership? Quelles sont en fait les attentes des différents acteurs impliqués par rapport aux 

processus d'autonomisation? 

Les analyses qui ont été faites, dans le cadre de cette recherche (voir chapitre 4) des structures de 

gestion locale, montre que les GDA, constituent un cadre potentiel privilégié pour l'autonomisation 

des communautés rurales du Sud Est tunisien. Ces analyses mettent par exemple en évidence 

l'amélioration des conditions dans lesquelles les GDA participent au suivi des réalisations. Grâce à des 

approches très pragmatiques, soutenues par la Coordination du Projet, des perspectives nouvelles 

s'ouvrent pour que les populations concernées puissent, au travers du GDA ou au moyen d'initiatives 

privées, entrer dans les activités de réalisation des programmes qu'ils ont eux-mêmes établis. L'accès 

des GDA aux appels d'offres, la possibilité qu'ont désormais leurs Comités d'avoir des activités 

commerciales (et donc des revenus) marquent une étape notable vers l'autonomie et sa reconnaissance, 

par l’État notamment. Egalement révélateur d'un changement, le fait de voir des GDA, bien qu'encore 

très jeunes, chercher à s’approprier les finalités du projet et à formuler leur propre conception du 

développement de leur communauté. Déjà, et c'est là une autre évolution, les GDA s'expriment, lors 

des enquêtes tout au moins, en termes d'aspirations nouvelles, en termes de dépassement des limites 

des rôles qui leur sont concédés, en termes d'élargissement de leurs horizons et de meilleur 

positionnement de leur structure sur l’échiquier des centres de décision locaux et régionaux. Ces 

données nouvelles s'ajoutent toutes aux autres raisons qui invitent à un repositionnement des autres 

acteurs et en particulier des administrations. Le besoin d’une plus grande réactivité de ces dernières 

devient, dans ce contexte, une nécessité autant pratique que politique. C'est en fait toute la question de 

la décentralisation des structures régionales impliquées dans l’exécution du projet qui est posée. 

Interrogés, en groupe, sur les perspectives d’avenir, les interlocuteurs, dans leur très grande majorité, 

émettent l'opinion que celles-ci sont prometteuses sous réserve d'un renforcement continu des GDA. 

Plusieurs arguments soutiennent cet optimisme ou le justifient. La motivation pour le développement 

est très largement partagée. Nombreux sont ceux qui croient en la continuité des GDA, même après la 

fin du projet. La dynamique collective qui s’est enclenchée, paraît durable car elle est soutenue par une 

demande sociale, du moins dans les GDA les plus avancés dans la réalisation de leurs projets. Une 

dynamique de contrôle social pourrait favoriser une bonne gouvernance des structures GDA et éviter 

les risques de dérapage. Le contrôle social est stimulé par la participation de la communauté à 

l’élaboration des PDC avec les attentes qu’il a suscitées et tout retard dans la réalisation génère une 

pression sur les GDA, qui eux-mêmes voient dans l ‘avancement des projets une source de leur propre 

légitimité La sélection des Comités des GDA; qui s'est faite sur la base de compromis entre des 

valeurs traditionnelles (séniorité, masculinité, expérience) et des valeurs modernes (éducation, accès et 

familiarisation avec l’administration, expérience de responsabilité politique,) ne peut que favoriser la 

légitimité et l’efficacité de l'action des GDA. 

Tous ces facteurs, cependant, n’en éliminent pas d’autres qui, eux, fragilisent la durabilité de la 

dynamique sociale, économique et politique enclenchée par le PRODESUD. Parmi ces facteurs de 

risque, on note en particulier le poids du passé qui se heurte aux aspirations des jeunes à la modernité, 

la dominante dans les appréciations sociales, d'une logique d’assistance associée à la sous estimation 

des capacités de la population locale. La prédominance des hommes et des personnes âgées sur les 

instances de décision locales a pour corollaire le maintien des femmes et des jeunes hors du circuit de 

décision. La désaffection des jeunes générations pour les activités agropastorales (sur lesquelles se 

fonde le projet) constitue un autre risque. S'y ajoute, sans nul doute, la faiblesse de la dynamique 

entrepreneuriale. On doit, enfin noter l’insuffisante valorisation de la solidarité sociale existante pour 

dynamiser l’investissement collectif dans des projets créateurs d’emploi. Il convient de souligner le 




manque de vision collective d’avenir qui émanerait des instances locales. Aussi, la vision d’avenir se 

structure au fur et à mesure du renforcement de l’autonomie. Dans l’état actuel des choses, 

l’autonomie bénéficie de certains ingrédients mais elle est en continuelle négociation par les acteurs 

individuels et collectifs. 

Les GDA sont encore en phase de construction. Ils en sont encore à bâtir leur confiance en eux-mêmes 

et ils ont besoin de moyens matériels pour se donner une visibilité et s’investir dans le champ de 

liberté d’action dont ils disposent. Ces moyens doivent être trouvés rapidement surtout pour les 

communautés pauvres en moyens humains et matériels. La recherche confirme l'effet catalyseur d'un 

projet novateur et celui d'une ouverture de l'administration lorsque celle-ci accepte son rôle de 

médiation Elle montre aussi que la participation à la décision dans un cadre formalisé génère de 

l’autonomie et qu'elle contribue a accroître le pouvoir de décision de ceux qui en étaient exclus. Cette 

expérience montre en outre le potentiel de formation qui commence à apparaître avec l'apprentissage 

croisé entre élus des GDA et cadres administratifs du Projet. L'enquête sur les attitudes montre 

cependant que tous ces effets, prometteurs et déjà largement positifs, ne sont pas encore perçus comme 

bénéfiques à l'échelle des individus. Ce sont pourtant de mêmes personnes que l'on retrouve dans les 

conseils élus. Ce sont les mêmes qui expriment des revendications pour une plus grande 

autonomisation des GDA. Cette contradiction des résultats de la recherche montre que les GDA 

commencent à constituer une potentialité d'expression collective. Par contre, trop jeunes pour pouvoir 

être jugés, ils ne sont pas encore intégrés dans les échelles de valeurs qui déterminent les attitudes et 

les comportements profonds. 

4. REFLEXIONS SUR LE ROLE DE L'ÉTAT ET DE L'ADMINISTRATION DANS LE 

PROCESSUS D'AUTONOMISATION 

Les réflexions de la recherche ont également porté sur le rôle de l'État et de l'administration en tant 

qu'agents dans le processus d'autonomisation. Elles ont en effet dû confronter les dynamiques 

d'autonomisation qui s'établissaient à l'échelle des communautés ou des groupements sociaux aux 

contextes englobants. Ces contextes, plus larges, comprennent essentiellement les structures d'autorité 

et l'administration locales, et par ailleurs l'État, au sens de la légitimité institutionnelle, politique et 

juridique. En analysant les politiques et les mesures prises par l'État on s'est demandé si elles avaient 

ouvert des processus d'autonomisation. 

L'examen approfondi qui a été fait des politiques de l'État (chapitre 5) montrent que des progrès 

certains ont été faits dans la maîtrise de gestion technique des parcours naturels. Par contre, et en dépit 

de la volonté affichée de l'État pour une gestion participative de ces ressources, peu de progrès ont été 

enregistrés en matière d’organisation des populations, de gestion des espaces pastoraux, 

d’optimisation des systèmes d’exploitation et de production, de préservation des ressources naturelles. 

Cela peut s’expliquer par des raisons diverses, notamment une approche sectorielle résolument 

technique, celle-ci ne tenant pas ou peu compte des volets fonciers et socio-économiques. Ce déficit 

peut aussi s'expliquer par les politiques directives de l’administration et par la non implication des 

éleveurs, ces derniers étant de simples bénéficiaires passifs des retombées attendues des projets. La 

politique nationale a en outre été confrontée à des paradoxes qu'elle avait elle-même créés: Elle entend 

en effet protéger l’environnement et rationaliser l’utilisation des ressources naturelles, mais elle 

continue, en même temps, à attribuer les terres de parcours collectives et à fermer les yeux sur 

l’utilisation illégale des charrues polydisques. Elle vante les mérites des organisations et des 

associations professionnelles, mais elle ne se montre pas encore prête à leur attribuer les pouvoirs 

nécessaires. La population cible se trouve placée au carrefour de ces contradictions. Son attitude la 

plus courante est d'osciller, selon son intérêt le plus immédiat, entre une volonté de plus grande 

autonomie et l’habitude de voir l’État agir en son nom. Il ne fait cependant plus de doute que les 

soutiens, sans contrepartie, de l'État encouragent des attitudes de dépendance et que, par ailleurs, la 

centralisation du système de décision réduit la capacité d’accompagnement des structures 

administratives. 

Lorsqu’un projet de développement rural, initié par l'État, se propose d’introduire la participation de la 

population locale dans son approche, cette démarche implique non seulement une remise en question 




des pratiques d’assistance paternaliste et autoritaire qui ont prévalu depuis l’Indépendance, mais aussi 

une très forte relance de la gouvernance locale. La participation implique en effet un partage des 

prérogatives entre les autorités administratives et les représentants de la population, elle implique donc 

de nouvelles exigences. Le succès ou l’échec d'un projet participatif dépendent de la manière dont sont 

exprimées ces exigences et des réponses qui leur seront données. 


des structures favorables à la dévolution, une légitimité, une capacité de leadership ainsi qu’une 

capacité de gestion des affaires de la communauté, d’arbitrage et de négociation avec différentes 

parties prenantes. Elle a aussi, pour l’administration, des exigences de changement organisationnel 

ceux-ci touchant nécessairement les pratiques, les règles; la culture des organisations administratives. 

La demande d’autonomie de la population est freinée par des décennies d’assistance, d’autorité et de 

paternalisme. Mais elle a été stimulée par le projet. Néanmoins l’impulsion donnée est encore freinée 

par la logique administratives et ses rigidités. 

Une gestion centralisée et directive se caractérise par une logique de pouvoir basée sur la règle et 

l’asymétrie de l’information. La participation de la base implique, au contraire, de nouvelles 

contraintes de transparence, de régulation et de discussion des règles en vigueur. La participation de 

nouveaux acteurs au processus de développement implique également un nouveau rapport au temps et 

un rythme autre que celui, généralement lent, des administrations. La participation nécessite donc une 

plus grande réactivité de l’administration publique, celle-ci prenant en compte une notion de 

"dévolution partagée". 

Le cas du Sud Est tunisien montre que l'administration technique n'a réagi que lentement lorsqu'elle a 

été confrontée aux changements impliqués par l'existence du projet PRODESUD. Elle doit aujourd'hui 

se repositionner par rapport à des changements en cours ou prévisibles. Au départ, l'avantage est 

nettement du côté de l'administration, en dépit des directives affirmées pour favoriser la 

"participation". On observe, en effet, que si la population est bien invitée à exprimer sa vision de son 

propre développement, c'est à l'administration que revient la maîtrise pratique de l'élaboration des 

programmes, des décisions de financement, de la réalisation des actions. Mais, en même temps – et 

c'est là le grand intérêt de l'expérience conduite, avec le projet PRODESUD - la dynamique induite par 

le projet force les différents acteurs à modifier leurs comportements en permanence. Le processus est, 

de fait, devenu évolutif. 

5. REFLEXIONS SUR LA METHODOLOGIE ET LES INSTRUMENTS D"ANALYSE 

Le grand enseignement que l'on peut tirer au terme de l'enquête psycho sociale que l'on a conduite, est 

de constater la faisabilité de ce genre d'enquête. Cette enquête constitue en elle-même une "première" 

en milieu rural. Sa nouveauté a été de déterminer des attitudes et des perceptions en faisant réagir des 

ruraux par rapport à des affirmations (les items) qui avaient été retenues comme pertinentes. Les 

résultats montrent qu'en dépit de la complexité du questionnaire qui en résultait et en dépit des 

difficultés du traitement statistique, l'enquête s'est révélée possible. 

La recherche a permis de créer et de valider des outils de mesures qui non seulement ont apporté des 

informations entièrement nouvelles mais ont aussi permis d'en donner une mesure, ouvrant ainsi la 

voie à de futures analyses comparatives. En adaptant au contexte de la recherche et en faisant de 

l'indice d'autonomisation, un outil plus spécifique sous la forme de l'indice de l'autonomisation 

perçue, la recherche a contribué à la mise au point d'un instrument performant pour mesurer le degré 

de liberté des choix des individus. Ce n'est là qu'un premier pas mais c'était probablement le plus 

difficile. L'étape suivante consistera à en élargir la portée en établissant sa validité externe et interne. 

Cette recherche confirme certains présupposés de l’action comme l’importance de l’élevage et des 

parcours dans les stratégies d’autonomisation des éleveurs et agriculteurs sans que cela implique 

nécessairement une adhésion aux formes traditionnelles d’élevage. Il y a une demande pour la 

modernité qui pousse à la sédentarisation. L’activité pastorale dans le désert n’aurait de chance de se 

perpétuer et de se développer que si les conditions de son exercice sont modernisées. Elle remet 

cependant en question certains des postulats les plus communément acceptés concernant la prise en 




charge par la population de son propre développement. On constate, par exemple, l'importance du 

niveau individuel par rapport au collectif. Contrairement aux idées établies qui privilégient les facteurs 

de ressources et d'accomplissement, on constate l'importance des facteurs attitudinaux dans 

l’émergence des comportements de dépendance et d’autonomie. On note aussi que les administrations 

et organisations locales n’ont que peu d’effet sur l’autonomie des individus. L'approche 

méthodologique confirme, par ailleurs ses apports en mettant en avant des réalités méconnues, comme, 

par exemple, l’importance du relationnel dans les processus d’autonomisation: Elle confirme sans 

ambiguïtés que la logique de distribution de la manne de l’État contrecarre les processus 

d’autonomisation collective. En revanche, elle montre que les conflits, quand ils sont surmontés, sont 

générateurs d'autonomie, du fait de l'apprentissage et de l'émergence de compétences nouvelles. 

Les enseignements méthodologiques portent également sur les instruments d'enquête. Le 

questionnaire employé pour la mesure de l’autonomie perçue s'est révélé facile à conduire, informatif 

et dépourvu d'ambiguïtés. Il ne demande, aujourd'hui, qu'à être fidélisé et validé. La pratique du 

questionnaire attitudes a par contre montré qu'il fallait encore l'affiner en terme de fidélité et de 

validité - et ce, malgré la consistance interne des instruments de mesure utilisés (alpha Cronbach 

élevé). On constate en effet que les sujets répondants, qui n’avaient jamais été questionné sur leurs 

attitudes vis-à-vis d’objets attitudinaux, ont eu des difficultés à comprendre l’échelle proposée de 

même que la portée des énoncés des items. Des interventions répétées permettront d’avoir des 

réponses plus exactes. On note, en outre, que certains objets attitudinaux n’ont été couverts que par un 

nombre restreint d’items, réduisant ainsi leur variance par rapport à d’autres. 

La mesure de l’état ressources s'est fondée sur la déclaration des répondants quant à leurs biens. On a 

du, pour des raisons pratiques, se limiter généralement au cheptel et aux oliviers. On considère 

cependant que les réponses ont été souvent sous-estimées en raisons des attentes, toujours latentes, 

d'une assistance possible de l’État "pour réduire la pauvreté". Ce biais affaiblit la qualité de la mesure. 

Il rend nécessaire des techniques d'enquête plus fiables. 

Concernant la mesure de l’accomplissement, on a jugé nécessaire de l'approcher par un indice 

composé du degré de contrôle perçu et du degré de satisfaction. Les mesures de l’écart et de 

l’accomplissement ont, par contre, été faites de manière directe et globale. Elles requièrent encore plus 

de réflexion et d’enrichissement. L’instrument permettant la mesure de l’effet perçu des objets sur 

l’autonomie, le caractère direct des questions, la consistance de l’instrument et son caractère 

discriminant (différence entre les catégories professionnelles) ont, par ailleurs, permis la construction 

d' un score global standardisé de perception de l’autonomie. 

6. ENSEIGNEMENTS POUR L'ACTION 

La recherche n'avait pas pour objectif direct de formuler des recommandations pour une mise en 

œuvre soutenue de l'autonomisation. S'étant cependant proposé de créer des instruments d'aide à la 

décision dans ce domaine, elle n'a pu éviter de collationner les enseignements susceptibles d'ouvrir des 

pistes pour l'action. Certaines de ces pistes ne sont que des confirmations, d'autres sont peut être 

nouvelles, mais toutes ont pour caractéristiques communes le fait de se fonder sur une investigation 

scientifique. C'est en cela que ces suggestions ou propositions d'action ont un aspect de nouveauté. 

Les obstacles attitudinaux 

Les propositions les plus fortes sont celles qui concernent le changement des attitudes. 

L'administration doit accepter son nouveau rôle dans des fonctions d'intermédiation. L'amélioration de 

ses services, et donc sa crédibilité, est un impératif de développement. Elle doit reconnaître et valoriser 

l’existence des structures traditionnelles. Les agents d'intermédiation ont devant eux la lourde tâche 

d'aider au changement d'attitude vis à vis des banques et du financement par le crédit. Les enquêtes ont 

en effet montré que le problème ne résidait pas dans une insuffisance des ressources de financement 

mais dans les attitudes négatives à l'égard des banques. La communication pour une connaissance 

élargie et partagée des actions de développement apparaît désormais comme une condition 

incontournable d'une participation durable. 




Politiques foncières, ciblage et priorités d’investissement 

Les enquêtes ont, dans un autre domaine, mis en évidence les options qui s'offraient pour une politique 

foncière des parcours. Les interrogations demeurent cependant sur les solutions les plus efficaces dans 

le long terme. Faut-il renforcer la dévolution des parcours aux communautés locales? Faut-il les 

privatiser sous une forme qui garantirait leur bonne gestion (à la différence des approches actuelles)? 

Faut-il sortir du cadre traditionnel et entrer dans une modernité administrative en municipalisant les 

parcours collectifs? Si les GDA parvenaient à assurer leur crédibilité, la bonne solution serait 

probablement une sorte de compromis entre la dévolution et la gestion collective modernisée. La 

gestion des droits de pacage après amélioration de la ressource végétale poserait aussi un problème de 

fond: faudrait-il la laisser aux autorités traditionnelles, détentrices des droits d'usage? Faudrait-il la 

confier aux GDA? Il est certain que dans ces domaines, on constate une grande absence, celle d'un 

Code du développement Pastoral. L'évaluation critique des activités du PRODESUD devrait fournir 

aux législateurs des bases de réflexions renouvelées. 

Les mêmes enquêtes confirment les priorités d'investissement du projet PRODESUD. L'intérêt de cette 

confirmation vient du fait de son expression par les acteurs les plus directement concernés. Les 

priorités d’investissement, ainsi mises en avant, concernent la maîtrise du coût d’alimentation du 

cheptel, l'amélioration des capacités de pompage de l’eau, les pistes de désenclavement, le 

financement des investissements individuels, la stimulation de l’entreprenariat local. 

En matière de ciblage, les réponses montrent des attentes fortes pour des innovations dans les activités 

d’élevage et pour une focalisation sur les jeunes. Une réorganisation et une valorisation du statut de 

berger apparaissent aussi comme une attente forte, d'autant plus que ce métier devient de plus en plus 

déprécié, en dépit de son attractivité salariale. Le développement des centres de services sur les 

parcours réapparaît souvent dans les attentes. 

Autonomie des structures d’intervention 

Les projets innovateurs, comme le PRODESUD, montrent que l'on ne peut pas miser sur 

l’autonomisation de la population sans s’occuper de celle des structures d’intervention. Ils montrent en 

effet que les mécanismes qu'ils déclenchent, sont tributaires des lenteurs administratives et, de ce fait, 

ceux-ci répondent mal aux attentes de la population. Ce genre de constat souligne la nécessité d'une 

réforme des CRDA. Mais la question doit être posée de façon plus radicale. Faut-il que les CRDA 

soient nécessairement le principal agent de réalisation du projet de développement? A court terme, les 

projets de développement ne pourraient-ils pas être gérés par des agences autonomes? Ne pourrait-on 

pas envisager, à moyen terme, la création d’une structure véritablement autonome pour le 

développement des parcours collectifs et dont le conseil d'administration comprendrait notamment des 

élus des GDA? Cette nécessité interpelle la recherche à venir mais elle dépend avant tout d’une 

volonté politique affirmée dans ce sens. D’un point de vue opérationnel, le suivi de la réalisation du 

projet. Est susceptible d’apporter des éléments de réponses concrètes sur les solutions 

organisationnelles possibles. Il se trouve que dans le domaine de la mise à niveau des entreprises 

industrielles, le comité de pilotage associe des entrepreneurs privés et des cadres administratifs. Certes 

la capacité de négociation des paysans pauvres est trop faible pour imposer un partenariat réel entre le 

public et le privé. Mais l’expérience observée dans la constitution des GDA et le souci d’y inclure des 

cadres et des jeunes dénotent de la conscience de la population de l’importance de réussir le projet 

d’autonomisation. 

Viabilité des GDA 

Le renforcement de la crédibilité et de la viabilité des GDA apparaissent, dans ce contexte, comme la 

condition nécessaire de l'efficacité et de la durabilité. L'une des pistes à explorer pourrait concerner 

un:rapprochement entre la structure du GDA et et celle informelle mais objectivement importante du 

miyaad quand celui-ci existe avec un poids politique réel. Ce rapprochement devrait notamment 

faciliter la nécessaire fusion, à terme, des GDA et des Conseils de gestion qui sont, juridiquement les 

responsables des parcours collectifs. Un autre problème essentiel pour une viabilité rapide des GDA 

concerne leur équipement en matériel et en moyens pour une autonomie financière minimale. La mise 




en concurrence des GDA pour l’attribution des aides publiques (sur la base de critères de performance 

clairs et aisément vérifiables) pourrait s'avérer comme une formule gagnante pour encourager la 

participation et l'efficacité. Il conviendrait, par ailleurs de réfléchir à des mécanismes de coordination 

entre les GDA afin de mieux gérer les problèmes communs et capitaliser les savoirs acquis. Les GDA 

ne sont actuellement considérés que comme des structures d'appui d'un projet de développement. Leur 

marche vers une autonomie de plus en plus affirmée tend à en faire des organes socio politiques, 

représentant les intérêts de développement de la totalité de la population correspondant à l'aire 

territoriale des GDA. Ne devrait-on pas, comme le suggèrent déjà des leaders enquêtés, envisager une 

représentation des GDA au sein des conseils locaux et régionaux de développement? Il serait 

intéressant, à cet égard, de tester la formule de forums tenus avec la population, pour rechercher des 

solutions nouvelles. 

Suite à donner à la recherche 

La possibilité de généralisation a été un souci constant dans la fabrication des instruments. On 

considère, à cet égard, que les instruments qui ont été développés sont désormais prêts pour des tests 

de généralisation. On estime, sur la base de l'expérience, qu'ils sont facilement adaptables dans d'autres 

contextes de communautés agropastorales. On soumet aux autorités compétentes la proposition d'un 

programme croisé de tests de validation dans d'autres pays du sud de la Méditerranée, avec, en arrière 

plan, une préoccupation de recherche comparative. 

Les chercheurs demeurent, par ailleurs, soucieux de vérifier la pertinence de ces outils en tant 

qu'instruments d'aide à la décision. Ils insistent sur la nécessité d'un suivi des processus d'action qui 

s'engageraient dans le droit fil des résultats de la recherche. 

En guise de conclusion, le collectif de recherche voudrait souligner que l'autonomisation "des 

populations", telle que la posent les politiques de développement, n'est qu'un concept abstrait aussi 

longtemps que cette autonomisation n'est pas perçue et appropriée par les individus qui composent ces 

"populations". Les résultats attendus de la recherche sont donc éminemment concrets: ils doivent aider 

les décideurs à identifier les degrés d'autonomisation des agents, la force de leurs attentes et leur 

aptitude à s'engager dans des accomplissements pour un changement social et environnemental voulu. 

Ils doivent en même temps éclairer les pistes qui pourraient être suivies pour que l'autonomisation 

réalise son propre dépassement en contribuant à l'établissement de véritables partenariats de 

développement entre les acteurs. 




APPENDICE. AUTONOMISATION ET RECHERCHE SUR LE 

CHANGEMENT SOCIAL 

On s'est proposé pour conclure cette étude de prendre un peu de recul en confrontant les résultats de la 

recherche aux propositions de la note théorique qui a servi de base aux trois recherches croisées 

entreprises au Soudan, au Maroc et en Tunisie. Cette note (citée dans l'introduction) constitue le socle 

théorique de la recherche. Au terme d'une première expérience de terrain, on dispose de données 

nouvelles pour la revisiter. D'une façon générale, on peut en vérifier la pertinence. Mais, d'une façon 

générale aussi, on découvre que la mise en pratique du protocole de recherche proposé débouche sur 

de nouvelles interrogations. Celles-ci peuvent ouvrir de nouvelles perspectives de recherche. Il n'y a 

pas en effet de recherche féconde sans itérations et sans changement. Pour reprendre les termes du 

modèle théorique, on peut avancer l'idée qu'un nouvel état de l'information et de la connaissance crée 

les conditions d'une nouvelle appréciation de l'objectif recherché. La question est alors de savoir à quel 

moment la conscience que l'on en a est suffisante pour déclencher une nouvelle dynamique de la 

recherche ainsi qu'une révision des objectifs souhaités. 

Du changement social 

La recherche sur l'autonomisation se présente en fait comme une réponse théorique sur le changement 

social. Il a paru intéressant, au terme de cette analyse, de la replacer dans le contexte des réflexions 

théoriques plus générales sur cette notion. Un tel recadrage peut en effet indiquer des voies à explorer 

pour approfondir les implications du concept d'autonomisation. L'approche théorique qui a servi de 

cadre à cette recherche (voir Chapitre 1) se propose de répondre aux trois questions essentielles: 

pourquoi change-t-on? Sous quelles formes sociales se manifeste le changement? Quel est son vécu 

dans la durée? 

Pourquoi change-t-on? Le modèle théorique propose une réponse: le moteur du changement est 

fondamentalement alimenté par la conscience de l'insatisfaction entre un état vécu et l'aspiration d'un 

état meilleur Ce constat est applicable autant aux individus qu'aux groupes et institutions au sein 

desquels agissent les individus. On peut cependant se poser quelques questions sur la validité 

universelle de ce "moteur de changement". D'une certaine façon, cette proposition rejoint les théories 

sur le progrès social qui soutiennent que le changement social est fondamentalement mu par 

l'innovation et le progrès. Mais cette approche est très certainement réductrice. D'autres facteurs, en 

général exogènes, agissent aussi sur le changement social. On ne peut pas, en particulier, analyser le 

changement social (ni, a fortiori, en classer les formes) sans se référer à l'histoire. C'est peut être sous 

cet aspect que l'on peut le plus questionner l'universalité du modèle théorique auquel on s'est référé. 

On peut néanmoins accepter l'hypothèse proposée en raison de sa pertinence en termes d'analyse 

opérationnelle des sociétés actuelles en transition. 

Sous quelles formes sociales se manifeste le changement? Une réponse est donnée sous la forme 

d'une catégorisation des formes de changement. Les catégories proposées sont assez larges pour que 

l'on puisse y faire entrer la plupart des autres formes selon lesquelles on peut décrire le changement 

social. Mais on peut, là aussi, en discuter l'universalité. La catégorisation proposée n'est pas, en effet, 

exempte de contradictions si, sortant de sa généralité, on la confronte à la multiplicité des situations 

sociales. La recherche sur l'autonomisation s'est focalisée sur la compréhension des états des agents. 

Elle n'est pas entrée dans la réflexion historique. Il est certain qu'une approche d'histoire sociale du 

contexte dans lequel les agents déterminent leurs comportements apporterait d'autres éclairages sur les 

dynamiques de l'autonomisation. Il serait, à cet égard, fécond de vérifier la validité du modèle en le 

confrontant aux données de l'histoire sociale. Comme pour la première réponse, on retient la 

catégorisation proposée en raison de sa pertinence opérationnelle dans le contexte de la recherche. Il 

incomberait cependant à la recherche d'en prouver la validité théorique et son degré "d'universalité". 

Quel est, dans la durée, le vécu du changement? Le modèle théorique ne répond pas vraiment à cette 

question, son mode de rangement des catégories qui influencent le changement n'incluant pas de 

variables sur la temporalité. L'observation du changement social montre que la temporalité introduit de 

nombreuses possibilités de variation pour une même cause de changement. On change de façon rapide 

Appendice 125



ou soudaine parce que l'on est provoqué par un choc ou une transformation brusque de 

l'environnement (social ou écologique). On change progressivement parce que l'on s'inscrit dans une 

tendance de longue durée ou dans un processus évolutif. Les agents ne maîtrisent pas directement les 

déterminants de ces tendances ou processus mais ils peuvent agir avec une certaine prévisibilité. On 

change enfin par réactivité passive, par exemple parce que l'on est entraîné dans une spirale 

d'évènements incontrôlables et dont l'évolution est tout à fait imprévisible. Ces remarques interpellent 

la vérification de l'universalité des catégories de changement proposée par le modèle. 

Des institutions 

Du changement social dans toute sa généralité, on passe par degrés à des thématiques qui nous 

ramènent au corps social auquel s'applique le changement. L'enveloppe la plus globale qui nous en est 

donnée, est celle des institutions. Celles-ci, formelles ou informelles, tracent le champ social au sein 

duquel les agents peuvent inscrire leurs actions, que celles-ci soient individuelles ou collectives, sous 

une forme matérielle ou exprimée en termes de valeurs et de culture. 

Le modèle théorique propose une définition "englobante" de la fonction des institutions: satisfaire les 

intérêts collectifs, réduire la complexité et les incertitudes de l'environnement affectant la fonction 

d'utilité collective. Cette définition de la fonctionnalité des institutions interpelle les sociologues et les 

anthropologues car elle est assurément réductrice. Mais elle est, par contre de nature à satisfaire les 

juristes et les politicologues qui ont besoin de fonctionnalités pour pouvoir donner des cadres à leurs 

analyses. La fonctionnalité des institutions qui nous est proposée s'applique à un champ spécifique de 

leurs activités, celle de la production de biens publics (services, matières, valeurs). Mais on fausserait 

les analyses sociologiques des institutions si l'on ne devait partir que de cette fonctionnalité. Les 

institutions sont des produits multiformes de l'histoire, elles se construisent et se déconstruisent selon 

des processus qui ne sont qu'accessoirement déterminés par leurs fonctions de production de biens 

publics. L'une des fonctions des institutions est de servir de socle aux mécanismes du pouvoir 

(comment sont elles utilisées et manipulées pour accéder au pouvoir, pour le légitimer; pour le 

conserver, etc.). On peut accepter l'affirmation du modèle sur la fonctionnalité des institutions, mais on 

recommande d'éviter le piège de l'universalité. 

Des institutions de gouvernance 

Une analyse plus approfondie des institutions est amenée à projeter un éclairage plus ciblé sur les 

institutions qui gèrent formellement le corps social. C'est ce que l'on pourrait appeler les institutions de 

gouvernance. Les réflexions qui accompagnent le modèle théorique proposent trois niveaux d'analyse: 

celui de la finalité de la gouvernance, celui des échelles socio-politiques, celui des conditions de bon 

fonctionnement par rapport à la finalité recherchée. 

De la finalité de la gouvernance. Le modèle théorique ne cherche pas, et il a raison de le faire, à 

reformuler une analyse des institutions de gouvernement. Il se situe d'emblée par rapport à la théorie 

implicite de la gouvernance, à savoir celle du "bon gouvernement". Celle-ci pose des critères de 

représentativité élective dans une perspective d'équité, d'accountability 30 , de transparence. Ces 

concepts résument l'idéal social de la démocratie. Le modèle, distinguant son approche de celle de la 

Banque Mondiale, précise que la gouvernance n'est pas une fin en soi mais que sa finalité, qui permet 

aux agents d'agir sur le changement dans leur intérêt individuel ou collectif, en est une. Les institutions 

démocratiques de gouvernance sont ainsi données comme un moyen. 

Des échelles socio-politiques. L'échelle englobante des institutions du corps social est posée comme 

étant celle de l'État. Celui-ci exerce des fonctions dont la nature varie selon la reconnaissance qui est 

faite des compétences politiques des institutions se situant à des échelles socio-politiques subalternes. 

Mais le modèle ne manque pas de souligner que, dans les contextes de développement et de transition, 

les choix de l'État sont eux-mêmes influencés par le contexte de la globalisation et par les pressions et 

orientations définies par les agences multilatérales qui interviennent dans le développement ou encore 

30 Une traduction a été récemment donnée à ce terme: on parle de "redevabilité", ce qui signifie rendre 

des comptes aux mandants 




par les conventions internationales, ou encore par les organismes régionaux auxquels appartiennent 

ces États. 

La démocratisation, conçue comme une réponse aux multiples objectifs des acteurs/agents, suppose 

que des mécanismes appropriés permettent la mise en rapport des intérêts collectifs en jeu et des 

acteurs que ces intérêts concernent. Mais on ne doit pas perdre de vue que les intérêts collectifs autant 

que les acteurs se situent eux-mêmes dans des champs sociaux qui varient en extension et en 

profondeur. On ne peut donc répondre à cette diversité qu'avec un exercice de la gouvernance à 

différentes échelles. L'approche que l'on commence à reconnaître pour déterminer ces échelles est 

celle de la subsidiarité, un mécanisme qui se propose de définir les compétences de gouvernance en 

partant des échelles socio-politiques les plus élémentaires. 

L'approche théorique de la recherche a relativement négligé la problématique des échelles 

intermédiaires pour se concentrer sur un niveau élémentaire défini comme une forme de gouvernement 

local, celle-ci étant la structure politique la plus proche des agents de base. On admet que les rapports 

qui s'établissent entre l'État et cette structure de base ont leur reflet, selon les mécanismes de la 

subsidiarité, à tous les niveaux intermédiaires (ceux-ci reflétant à leur tour la structure politique de 

l'État - par exemple, le fédéralisme, l'État unitaire centralisé ou déconcentré, etc); 

Un problème a été relativement occulté, celui des échelles territoriales des formes de gouvernement 

local. Les formes évoquées dans le texte théorique sur l'autonomisation correspondent à des entités 

abstraites. L'existence d'une structure territoriale élue n'implique pas nécessairement ce que l'on 

pourrait appeler un niveau de gouvernement local qui doit avoir une certaine taille et répondre à 

certains critères. Toute une réflexion est actuellement engagée autour du thème de la territorialisation 

du développement local. L'espace n'est pas une catégorie abstraite. Il est lui-même un déterminant de 

la gouvernance locale. 

Des conditions de bon fonctionnement par rapport à la finalité recherchée. La note théorique 

identifie ce que devraient être les conditions de bon fonctionnement des institutions de gouvernance. A 

cet égard, elle analyse très bien et avec de très bons arguments le rôle de l'État dans la définition d'une 

vision et d'une "politique". Elle identifie, de même, les critères de bon fonctionnement des formes de 

gouvernement local. Mais la note théorique constate, en même temps, que ces formes de 

gouvernement local n'existent encore que sous forme embryonnaire ou pas du tout et qu'elles ne font 

qu'exceptionnellement l'objet d'une reconnaissance politique explicite. Pour fonctionner de façon 

démocratique, des compétences réglementaires et décisionnelles doivent être reconnues aux 

gouvernements locaux (de même que des formes d'autonomie et de maîtrise des ressources 

financières). Cette reconnaissance pose le problème politique de la dévolution ainsi que celui qui lui 

sert de cadre politique, le problème de la décentralisation. La note théorique examine le cas de la 

dévolution des pouvoirs de décision sur les ressources naturelles qui constituent la base économique la 

plus proche et la plus déterminante des acteurs de base (les ruraux, bien sûr, mais aussi tous les autres 

agents locaux concernés par l'approvisionnement en eau, par la qualité du paysage, par les 

conséquences de la désertification, etc.). La dévolution est ainsi posée comme une démarche 

constitutive, en ce sens qu'elle confère aux gouvernements locaux une capacité socio-politique (on 

reconnaît dans cet expression, une certaine équivalence avec le concept d'empowerment tel qu'on 

l'entendrait appliqué à ce niveau de l'organisation politique) 

Des "communautés" rurales 

Si l'on approfondit encore l'analyse du cadre institutionnel, on découvre que toutes sortes d'institutions 

non gouvernementales structurent le corps social. Beaucoup d'entre elles constituent le champ de 

l'informel. Les communautés rurales entrent dans ce champ (même si elles sont souvent socialement 

résiduelles). Leur rôle est particulièrement décisif lorsque l'on pose, comme une problématique 

majeure, l'exercice de la capacité socio-politique en matière de gestion des ressources naturelles. Les 

communautés n'ont en général aucune place, fonctionnelle ou statutaire, dans les schémas de 

décentralisation et de gouvernement local. Or en matière de gestion de ressources naturelles, on ne 

peut pas agir efficacement si cette gestion n'est pas négociée avec les communautés qui rassemblent 

les principaux usagers des ressources naturelles. Toutes les analyses sociologiques, de même, que les 




expériences de terrain, rappellent la place et le rôle de ces structures "informelles". Les communautés 

et leurs membres, sont, en tant qu'agents, les principaux détenteurs des droits d'usage sur les 

ressources de l'environnement et leurs activités ont des conséquences qui vont bien au-delà de leurs 

espaces de production familiaux. (par exemple, les conséquences de leurs modes de gestion miniers 

sur la "production d'eau"). La propriété formelle (dont celle de l'État) est aussi souvent en 

contradiction avec les droits d'usage ou de propriété coutumière, etc. L'intérêt de la recherche est 

d'avoir pris en considération la problématique de ces communautés et l'impact de la création des GDA 

sur leur évolution. 

De l'acquisition de la capacité socio-politique ou "autonomisation" 

C'est incontestablement dans le domaine de l'acquisition de la capacité socio-politique par les 

membres du corps social (que cette capacité s'exprime sur un plan individuel ou au travers de groupes 

ou d'institutions) que la note théorique apporte le plus d'innovation. Tout d'abord en donnant une 

dynamique au concept: et en l'entendant comme un processus d'acquisition de la capacité sociopolitique. 

Ensuite, en lui donnant une direction et une raison d'être: le processus d'acquisition est 

actionné par un besoin d’adaptation au changement ou un désir de changement. Ce besoin ramène aux 

hypothèses de départ sur les raisons qui expliquent le besoin de changement (l'écart entre le vécu 

effectif et le vécu souhaité) L'action pour réduire cet écart implique une prise de conscience ainsi que 

l'acquisition d'une information sur les solutions possibles (soit, en fait, un mécanisme d'apprentissage). 

Le choix (et les résultats effectivement atteints dans le processus de changement) dépendent des 

moyens (ressources financières, connaissances, soutiens institutionnels, habileté, personnalité, etc.) 

que l'agent concerné peut mobiliser. Le processus repart au fur et à mesure de la comparaison entre les 

résultats obtenus et les nouvelles informations dont on dispose et qui permettent d'imaginer un 

nouveau palier de changement. 

Ce schéma est séduisant car il peut être appliqué aux processus de changement impliqués par une 

stratégie de développement. Sur un plan plus particulier, il peut servir à comprendre les raisons qu'ont 

les agents de participer ou non à des structures de gouvernance locale. L'essai propose un modèle qui 

montre comment ces paliers du processus de changement se déroulent en boucle, induisant une 

dynamique de changement, celle-ci pouvant être ou non accélérée par les données et ressources de 

l'environnement extérieur (international, "développemental", institutionnel, politique, financier, etc.). 

L'intérêt du projet PRODESUD a été d'offrir à la recherche un champ d'observation pour vérifier, sous 

des angles différents la validité des mécanismes d'autonomisation. La vérification ne pourra cependant 

être probante que confrontée à la durée. 

De l'acquisition de la capacité socio-politique par les "pauvres en milieu rural" 

La recherche s'est particulièrement focalisée sur le processus d'autonomisation dans les strates sociales 

représentant la "pauvreté en milieu rural". Les ruraux pauvres peuvent effectivement entrer dans un 

processus de changement selon le modèle proposé. Mais cette participation ne suffit pas pour que 

l'écart entre le vécu et le minimum désiré se réduise dans les faits. Ce qui compte, en effet, c'est un 

accès aux ressources, des corrections dans les inégalités de départ. Le développement local peut aider 

à réduire certaines inégalités, économiques en aidant à la création d'emplois, sociales en améliorant 

l'accès aux services et infrastructures sociales de base, politiques en favorisant une meilleure 

représentation des pauvres dans les organes élus. Des projets de développement peuvent soutenir de 

tels efforts et par exemple favoriser des expériences participatives qui soient une école de 

démocratisation à la base. Mais on ne doit pas se leurrer, seul un environnement porteur très fort peut 

améliorer la situation des plus pauvres et faire que l'autonomisation se traduise effectivement par une 

amélioration de leur vécu total. L’environnement porteur très fort serait celui où il y a une véritable 

dévolution et un pouvoir donné aux structures émanant de la population et un système de contrôle de 

la « redevabilité » de ces structures. 




Références bibliographiques 

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Annexe 1. Variation des scores ressources par catégorie professionnelle 

Tableau 1. Fréquence des scores ressources pour toutes les catégories professionnelles 

Classes des scores 

ressources 

Fréquence Pour cent Pourcentage cumulé 

< 2,0 67 11,1 11,1 

2 à 5 208 34,4 45,5 

5 à 10 113 18,7 64,1 

10 à 20 112 18,5 82,6 

20 à 40 85 14,0 96,7 

> 40 20 3,3 100,0 

Total 605 100,0 

Tableau 2. Fréquence des scores ressources pour les agriculteurs 

Classes scores 

ressources 


< 2,0 0 0 0 

2 à 5 5 4,6 4,6 

5 à 10 21 19,3 23,9 

10 à 20 35 32,1 56,0 

20 à 40 33 30,3 86,2 

> 40 15 13,8 100,0 

Total 109 100,0 

Tableau 3. Fréquence des scores ressources pour toutes la catégorie des bergers 


ressources 


< 2,0 19 15,1 15,1 

2 à 5 66 52,4 67,5 

5 à 10 29 23,0 90,5 

10 à 20 5 4,0 94,4 

20 à 40 7 5,6 100,0 

Total 126 100,0 

Tableau 4. Fréquence des scores ressources pour les éleveurs 


ressources 


< 2,0 0 0 0 

2 à 5 6 5,0 5,0 

5 à 10 29 24,0 28,9 

10 à 20 50 41,3 70,2 

20 à 40 31 25,6 95,9 

> 40 5 4,1 100,0 

Total 121 100,0 

Annexes 142



Tableau 5. Fréquence des scores ressources pour les jeunes 


ressources 


< 2,0 14 9,7 9,7 

2 à 5 80 55,6 65,3 

5 à 10 22 15,3 80,6 

10 à 20 17 11,8 92,4 

20 à 40 11 7,6 100,0 

Total 144 100,0 

Tableau 6. Fréquence des scores ressources pour les témoins 


ressources 


< 2,0 34 32,4 32,4 

2 à 5 51 48,6 81,0 

5 à 10 12 11,4 92,4 

10 à 20 5 4,8 97,1 

20 à 40 3 2,9 100,0 

Total 105 100,0 

Annexes 143



Annexe 2. Scoring utilisé dans le troisième niveau d’analyse de l’attitude 

- Les items considérés comme étant favorables à l'autonomie, nous avons accordé les scores suivants 

Code réponse Signification Score 

1 Tout à fait d’accord 5 

2 D’accord 4 

3 Ni pour ni contre 3 

4 Pas d’accord 2 

5 Pas du tout d’accord 1 

- Les items considérés comme étant défavorables à l'autonomie, nous avons accordé les scores 

suivants 

Code réponse Signification Score 

1 Tout à fait d’accord 1 

2 D’accord 2 

3 Ni pour ni contre 3 

4 Pas d’accord 4 

5 Pas du tout d’accord 5 

Les items considérés neutres ont été éliminés de l'analyse 

A partir de cette opération nous avons généré 3 scores pour chaque dimension (un score positif, un 

score négatif et un score net qui est la différence entre score positif et le score négatif), ce qui a donné 

les variables suivantes: 

* 6 variables relatives aux types d'implication à savoir: 

- Score "Implication individuelle négative" 

- Score "Implication individuelle positive" 

- Score net "Implication individuelle" 

- Score "Implication collective négative" 

- Score "Implication collective positive" 

- Score net "Implication collective" (la différence entre score positif et le score négatif) 

* 9 variables relatives aux types attitude 

- Score "Attitude affective négative" 

Annexes 144



- Score "Attitude affective positive" 

- Score net "Attitude affective " 

- Score "Attitude cognitive négative" 

- Score "Attitude cognitive positive" 

- Score net "Attitude cognitive " 

- Score "Attitude conative négative" 

- Score "Attitude conative positive" 

- Score net "Attitude conative " 

Annexes 145



Annexe 3. Scores d’attitudes synthétiques vis-à-vis des objets attitudinaux 

influençant l’autonomie pour chaque catégorie professionnelle 

Tableau 1. Scores synthétiques (scores obtenus sur les items favorables à l’autonomie – scores 

obtenus sur les items défavorables à l’autonomie) d’attitudes vis-à-vis des objets 

attitudinaux. Catégorie agriculteurs 

Objets attitudinaux Attitudes N Moyenne Ecart type 

PARCOURS 

EAU 


ORGANISATIONS 

LOCALES 

FINANCEMENT 

GESTION 

INFRASTRUCTURE 

PASTORALE 

Implication collective 106 33,85 19,15 

Attitude affective 107 41,36 19,06 

Implication 

individuelle 

108 28,52 29,19 


Attitude cognitive 109 55,60 17,45 


Attitude conative 108 4,91 27,19 



Implication 

individuelle 

104 43,24 15,13 








Annexes 146





attitudinaux. Catégorie Bergers 


PARCOURS 

EAU 


ORGANISATIONS 

LOCALES 

FINANCEMENT 

GESTION 


PASTORALE 



Implication 

individuelle 

121 24,13 31,56 







Implication 

individuelle 

109 46,07 15,25 








Annexes 147





attitudinaux. Catégorie Eleveurs 


PARCOURS 

EAU 


ORGANISATIONS 

LOCALES 

FINANCEMENT 

GESTION 


PASTORALE 



Implication 

individuelle 

121 25,79 33,03 







Implication 

individuelle 

110 43,98 15,77 








Annexes 148





attitudinaux. Catégorie Jeunes 


PARCOURS 

EAU 


ORGANISATIONS 

LOCALES 

FINANCEMENT 

GESTION 


PASTORALE 



Implication 

individuelle 

140 27,14 30,87 



Implication collective 117 -1,83 25,06 




Implication 

individuelle 

123 40,47 17,12 








Annexes 149





attitudinaux. Catégorie Témoins. 


PARCOURS 

EAU 


ORGANISATIONS 

LOCALES 

FINANCEMENT 

GESTION 


PASTORALE 



Implication 

individuelle 

100 35,10 26,23 







Implication 

individuelle 

90 33,11 16,67 








Annexes 150



Annexe 4. Régressions Indice de l’autonomie perçue et variables 

explicatives 

Tableau 1. Récapitulatif du modèle pour toute les catégories professionnelles confondues 

Modèle R R² R² ajusté Erreur standard 

de l'estimation 

1 ,272 ,074 ,070 14,711 21,900*** 

2 ,347 ,120 ,114 14,365 18,695*** 

3 ,377 ,142 ,133 14,210 15,064*** 

4 ,395 ,156 ,144 14,119 12,571*** 

5 ,411 ,169 ,154 14,035 11,037*** 

Tableau 2. Les modèles extraits et équations de régression pour toutes catégories professionnelles 

confondues 

Modèle 

1 

2 

3 

4 

5 

Coefficients non Coefficients 

standardisés 

Erreur 

B 

standard 

standardisés 

Bêta 

t Signification 

(constante) 40,632 2,084 19,499 ,000 

GIMPLCOL ,183 ,039 ,272 4,680 ,000 

(constante) 55,242 4,352 12,693 ,000 

GIMPLCOL ,162 ,039 ,240 4,199 ,000 

Situation familiale -7,734 2,037 -,217 -3,798 ,000 

(constante) 53,807 4,339 12,399 ,000 

GIMPLCOL ,163 ,038 ,241 4,253 ,000 


AIMPLCOL -8,841E-02 ,033 -,150 -2,643 ,009 

(constante) 48,205 5,054 9,537 ,000 

GIMPLCOL ,157 ,038 ,233 4,135 ,000 


AIMPLCOL -9,125E-02 ,033 -,155 -2,743 ,006 

Catégorie 

professionnelle 

1,290 ,607 ,123 2,124 ,035 

(constante) 44,741 5,295 8,450 ,000 

GIMPLCOL ,135 ,039 ,201 3,446 ,001 


AIMPLCOL -,112 ,035 -,189 -3,236 ,001 

Catégorie 

professionnelle 

1,472 ,610 ,140 2,413 ,016 

PIMPLCOL 9,309E-02 ,045 ,125 2,071 ,039 

Annexes 151 

F



Tableau 3. Récapitulatif du modèle pour toute la catégorie professionnelle « agriculteurs » 

Modèle R R² R² ajusté 

Erreur 

standard de 

l'estimation 

1 0,300 0,090 0,075 14,130 5,914* 

2 0,437 0,191 0,164 13,431 6,980** 

3 0,517 0,268 0,230 12,892 7,061*** 

Niveau de signification : * : P



Tableau 6. Les modèles extraits et équations de régression pour la catégorie professionnelles 

« bergers » 

Modèle 

1 

2 

3 

Coefficients non Coefficients t Signification 

standardisés standardisés 

B Erreur 

standard 

Bêta 

(constante) 40,037 3,753 10,667 ,000 

PIMPLCOL ,193 ,090 ,302 2,146 ,037 

(constante) 39,927 3,514 11,362 ,000 

PIMPLCOL ,240 ,086 ,375 2,793 ,008 

AATTCON -,168 ,061 -,368 -2,736 ,009 

(constante) 36,759 3,632 10,120 ,000 

PIMPLCOL ,224 ,082 ,350 2,712 ,010 

AATTCON -,181 ,059 -,398 -3,084 ,004 

Score ressources/100 ,673 ,294 ,292 2,292 ,027 

Tableau 7. Récapitulatif du modèle pour toute la catégorie professionnelle « éleveurs » 

R R² R² Erreur standard 


1 ,360 ,130 ,112 15,506 7,310*** 

2 ,450 ,203 ,169 14,997 6,098*** 

3 ,528 ,279 ,233 14,412 6,061*** 

4 ,584 ,341 ,284 13,926 5,952*** 




Tableau 9. Récapitulatif du modèle pour toute les jeunes 

Modèle R R² R²ajusté Erreur standard 


1 ,393 ,155 ,140 12,691 10,416*** 

2 ,541 ,292 ,267 11,713 11,574*** 

3 ,592 ,350 ,314 11,329 9,868*** 




Annexe 5. Plan d’interview de groupe 

Pouvoir et règles 

Implication dans le projet, nature et niveau de cette implication 

Référence pour l’action : règles, tradition 

Participation à la production de règles 

Participation à la production de dispositifs de contrôle de l’application des règles 

Participation au contrôle d’application des règles 

Processus de formation de la décision 

Communication 

Quels sont les contacts et les personnes ou organismes partenaires 

Objets de la communication avec les partenaires 

Organisation de réunions, sujets débattus 

Participation à des réunions, sujets débattus 

Production/réception de documents 

Personnes impliquées dans les réunions et les échanges 

A quoi aboutissent les échanges/réunions 

Degré de satisfaction par rapport aux outputs 

Leadership Quelles sont les personnes ressources dans le groupe, celles qui interviennent 

auprès des autorités ou auprès de la population, celles qui sont sollicitées par les 

autorités ou par la population 

Profil des personnes ressources 

Position sociale de ces personnes ressources 

Hiérarchisation de ces personnes ressources (identification de leaders) 

Domaines d’intervention des leaders Appréciation de l’efficacité des leaders 

Organisation de l’action Implication des membres du groupe dans le processus d’implémentation du 

collective : implication, projet 

résolutions de conflits, Différences des niveaux d’implication 

apprentissage/désapprenti 

Domaines ouverts et domaines fermés à l’implication 

Qui sont les principaux intervenant dans le PRODESUD 

ssage 

Quelles sont les principales structures intervenantes 

Que fait chaque structure 

Y a-t-il parfois des désaccords, à quel propos 

Comment les désaccords sont-ils dépassés, Qui intervient pour résoudre les 

problèmes de désaccord 

Y a-t-il incapacité de résoudre certains conflits 

Avez-vous appris par le PRODESUD, objet de l’apprentissage 

Y a-t-il d’autres personnes ou structures qui ont appris par le groupe, objet de cet 

apprentissage 

Initiatives Y a-t-il des pratiques innovantes observées au niveau de l’administration/de la 

population à l’occasion de la mise en œuvre du PRODESUD 

Lieu d’émergence de ces innovations 

Y a-t-il parmi le groupe des personnes qui ont créé leur propre projet ou pensent 

le créer 

Y a-t-il de nouveaux entrepreneurs dans la région, qui sont-ils, que font-ils 

Culture 

Identification, à travers le discours des intervenants, de l’émergence de 

nouveaux acteurs sociaux porteurs de nouvelles valeurs 

Quelles sont les valeurs dominantes : 

attentisme, assistance, soumission, retrait, opportunisme, retrait, séniorité, 

masculinité, 

VS. autonomie, responsabilité, implication, innovation, féminité, jeunesse. 

Annexes 155



Annexes 156

Oeuvrer pour que 

les ruraux pauvres se 

libèrent de la pauvreté 

FIDA 

Via del Serafico, 107 – 00142 Rome, Italie 

Tél.: +39 0654591 – Télécopie: +39 065043463 

Courriel: ifad@ifad.org 

www.ifad.org

L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

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