L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
comportement précis (participer activement à la campagne de sensibilisation à la rationalisation de la
consommation de l’eau organisée par le CRDA) doit rester possible pour que l’on s’intéresse à une
attitude toute aussi précise. Pour Ajzen et Fishbein, il convient d’accorder le niveau de spécificité des
attitudes et des comportements en tenant compte de l’action , de la cible, du contexte et du temps. A la
condition que l’attitude mesurée soit en totale compatibilité avec le comportement que l’on veut
prédire, le niveau de corrélation pourra atteindre un niveau acceptable.
La théorie de l’action raisonnée de Fishbein et Ajzen constitue sans aucun doute la référence
principale pour tout chercheur qui ambitionne de prédire les comportements. Selon ces auteurs, le
déterminant immédiat du comportement est l’intention de réaliser ce comportement. Cette intention
s’appuie d’une part sur l’attitude à l’égard du comportement et d’autre part sur les normes subjectives.
L’attitude se base sur la perception des conséquences de la réalisation du comportement et de leur
caractère favorable ou défavorable. Les normes subjectives concernent les attentes de notre entourage
vis-à-vis du comportement et notre volonté de nous y conformer. Par exemple, pour savoir si vous
allez effectivement semer pour y augmenter la productivité du pâturage, il faut s’interroger sur votre
intention de procéder à cette modification.
Rassurés sur le fait que l’attitude constitue un bon « prédicteur » du comportement, les psychologues
sociaux se sont ensuite penchés sur les facteurs qui modulent la relation entre l’attitude et le
comportement. Certains se sont intéressés aux modes de formation des attitudes : une attitude basée
sur l’expérience directe offre davantage de garanties quant à la prédiction du comportement. Ancrée
dans l’expérience, l’attitude est mieux définie, plus durable et plus résistante aux changements. Pour
d’autres chercheurs, les caractéristiques de personnalité ont également leur importance. Dans ses
recherches sur la tendance à l’autosurveillance (le self-monitoring), Snyder estime que certains
individus sont plus soucieux d’agir en étroite correspondance avec leurs attitudes alors que d’autres
sont plus sensibles aux exigences immédiates de la situation. En toute logique, on observe une relation
entre attitude et comportement davantage étroite pour le premier type d’individus. Wicklund distingue
quant à lui les gens selon qu’ils sont fortement ou peu conscients d’eux-mêmes. Les attitudes des
premiers guideront le comportement plus que celles des seconds. Le même effet d’attention accrue
peut résulter de circonstances particulières dans lesquelles se trouve l’individu.
De manière générale, les travaux indiquent également que les attitudes ont d’autant plus d’impact sur
le comportement que les individus ont pu y songer avant d’agir. Dans le cas inverse, on n’agit jamais
qu’en fonction de conventions sociales. Même le gai luron se comportera avec dignité lors de
cérémonie funéraire !
Cognition, perception et représentations
Les attitudes impliquent une évaluation de quelque chose ou de quelqu’un. Quand les personnes
expriment leurs attitudes, elles utilisent des formules compatibles avec leur façon de parler ou de
penser. Elles ont un souci de cohérence. On peut remarquer aussi que notre vision des problèmes
personnels et sociaux est sélective et que certains aspects de la réalité nous paraissent importants,
marquants (saillant) alors que d’autres n’ont guère d’importance à nos yeux. Ces centres d’intérêt
sont souvent collectifs, partagés, et les différents groupes élaborent une perception et des
attitudes communes. Quand celles-ci leur permettent de se démarquer les unes des autres, on les
appelle des représentations sociales.
Q’en est-il de la perception des activités socio-économiques
La perception est «la forme la plus intuitive de la cognition ». L’environnement économique n’est pas
un objet de perception très simple. Ses propriétés sont nombreuses et complexes : il est multimodal,
multidimensionnel, et ne produit pas qu’un seul type d’information. Les objets économiques ont aussi
des caractéristiques physiques (image, toucher, odeur, goût) et des caractéristiques sociales (prestige)
et sémiologiques (références culturelles). Les objets économiques contiennent plus d’informations que
Chapitre III. Analyse et mesure des états des agents individuels et leurs rapports avec l’autonomisation 39