L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
charge par la population de son propre développement. On constate, par exemple, l'importance du
niveau individuel par rapport au collectif. Contrairement aux idées établies qui privilégient les facteurs
de ressources et d'accomplissement, on constate l'importance des facteurs attitudinaux dans
l’émergence des comportements de dépendance et d’autonomie. On note aussi que les administrations
et organisations locales n’ont que peu d’effet sur l’autonomie des individus. L'approche
méthodologique confirme, par ailleurs ses apports en mettant en avant des réalités méconnues, comme,
par exemple, l’importance du relationnel dans les processus d’autonomisation: Elle confirme sans
ambiguïtés que la logique de distribution de la manne de l’État contrecarre les processus
d’autonomisation collective. En revanche, elle montre que les conflits, quand ils sont surmontés, sont
générateurs d'autonomie, du fait de l'apprentissage et de l'émergence de compétences nouvelles.
Les enseignements méthodologiques portent également sur les instruments d'enquête. Le
questionnaire employé pour la mesure de l’autonomie perçue s'est révélé facile à conduire, informatif
et dépourvu d'ambiguïtés. Il ne demande, aujourd'hui, qu'à être fidélisé et validé. La pratique du
questionnaire attitudes a par contre montré qu'il fallait encore l'affiner en terme de fidélité et de
validité - et ce, malgré la consistance interne des instruments de mesure utilisés (alpha Cronbach
élevé). On constate en effet que les sujets répondants, qui n’avaient jamais été questionné sur leurs
attitudes vis-à-vis d’objets attitudinaux, ont eu des difficultés à comprendre l’échelle proposée de
même que la portée des énoncés des items. Des interventions répétées permettront d’avoir des
réponses plus exactes. On note, en outre, que certains objets attitudinaux n’ont été couverts que par un
nombre restreint d’items, réduisant ainsi leur variance par rapport à d’autres.
La mesure de l’état ressources s'est fondée sur la déclaration des répondants quant à leurs biens. On a
du, pour des raisons pratiques, se limiter généralement au cheptel et aux oliviers. On considère
cependant que les réponses ont été souvent sous-estimées en raisons des attentes, toujours latentes,
d'une assistance possible de l’État "pour réduire la pauvreté". Ce biais affaiblit la qualité de la mesure.
Il rend nécessaire des techniques d'enquête plus fiables.
Concernant la mesure de l’accomplissement, on a jugé nécessaire de l'approcher par un indice
composé du degré de contrôle perçu et du degré de satisfaction. Les mesures de l’écart et de
l’accomplissement ont, par contre, été faites de manière directe et globale. Elles requièrent encore plus
de réflexion et d’enrichissement. L’instrument permettant la mesure de l’effet perçu des objets sur
l’autonomie, le caractère direct des questions, la consistance de l’instrument et son caractère
discriminant (différence entre les catégories professionnelles) ont, par ailleurs, permis la construction
d' un score global standardisé de perception de l’autonomie.
6. ENSEIGNEMENTS POUR L'ACTION
La recherche n'avait pas pour objectif direct de formuler des recommandations pour une mise en
œuvre soutenue de l'autonomisation. S'étant cependant proposé de créer des instruments d'aide à la
décision dans ce domaine, elle n'a pu éviter de collationner les enseignements susceptibles d'ouvrir des
pistes pour l'action. Certaines de ces pistes ne sont que des confirmations, d'autres sont peut être
nouvelles, mais toutes ont pour caractéristiques communes le fait de se fonder sur une investigation
scientifique. C'est en cela que ces suggestions ou propositions d'action ont un aspect de nouveauté.
Les obstacles attitudinaux
Les propositions les plus fortes sont celles qui concernent le changement des attitudes.
L'administration doit accepter son nouveau rôle dans des fonctions d'intermédiation. L'amélioration de
ses services, et donc sa crédibilité, est un impératif de développement. Elle doit reconnaître et valoriser
l’existence des structures traditionnelles. Les agents d'intermédiation ont devant eux la lourde tâche
d'aider au changement d'attitude vis à vis des banques et du financement par le crédit. Les enquêtes ont
en effet montré que le problème ne résidait pas dans une insuffisance des ressources de financement
mais dans les attitudes négatives à l'égard des banques. La communication pour une connaissance
élargie et partagée des actions de développement apparaît désormais comme une condition
incontournable d'une participation durable.
Chapitre V. Réflexions d’ensemble, enseignements et pistes de recherche 133