L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
collectivités et les terres collectives contribuent au faible engagement des populations sur les objectifs
environnementaux. Dans ces conditions, l’autonomisation des collectivités rurales passe
nécessairement par l’assouplissement de la tutelle, voire de son élimination à terme. Existe-t-il une
volonté et une politique visant à une plus grande autonomie des collectivités ? Quels en sont les
objectifs, instruments, moyens et résultats ?
L'analyse des politiques suivies en matière de pastoralisme (voir chapitre 2), tend à montrer que
l'autonomisation a longtemps été niée dans les faits. Par contre, depuis une bonne décennie, de
nombreuses expériences, soutenues en particulier par des bailleurs de fonds extérieurs, ont contribué à
l'émergence de formes de développement alternatives, faisant une place de plus en plus nette aux
approches participatives. Le Projet PRODESUD est, à cet égard, l'une des expressions les plus
avancées de ces nouvelles politiques. Ces expériences ont un coté paradoxal car elles prennent place
dans un système politique encore largement dirigiste et contrôlé par l'État. Leur existence confirme
cependant le pragmatisme qui commande depuis longtemps les politiques de développement en
Tunisie.
Pour répondre à ces interrogations, on s'est proposé de faire un bilan des tutelles dans leur diversité,
aussi bien du point de vue de l’observateur externe que de celui des collectivités rurales de base. On a
notamment tenté d’en reconstituer l’évolution au cours des 15 dernières années à la lumière d’un
examen des politiques mises en oeuvre. Quelles sont les contraintes à une plus grande diffusion des
approches participatives au sein de la culture administrative ? Quelles sont les contraintes à une
véritable décentralisation budgétaire ? On constate que les opérateurs techniques aux niveaux régional
et local sont confrontés à des logiques multiples et contradictoires. Ces contradictions sont fortement
perturbatrices en l’absence d’un projet de changement culturel collectif. Elles sont à la source de
disfonctionnements graves.
2.3 Facteurs et stratégies d’autonomisation
Parallèlement à une réflexion visant le changement de la culture administrative, il convient de
s’interroger sur la demande d’autonomie de la population et sur leurs éventuelles stratégies
d’autonomisation : l’autonomie est-elle une valeur, une revendication, ou un objectif concret ? On a pu
constater dans certains cas que l’autonomisation faisait partie d’une stratégie des collectivités rurales
visant à accéder plus directement aux décideurs de haut niveau (Wali) sans passer par la hiérarchie des
relais sous contrôle des notables locaux. Quels rapports de coopération (alliances) ou de conflits
existent-ils entre ces différentes entités dans l’opération de développement ? Quelles sont les
conditions d’émergence et de maintien de nouveaux leaders ruraux ? Dans quelle mesure
l’investissement dans le capital humain et social des collectivités rurales pourrait-il compenser les
restrictions imposées par les tutelles institutionnelles?
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord pouvoir, comme indiqué précédemment, déterminer
dans un champ d’activité donné qui est acteur et qui ne l’est pas. Il faut ensuite pouvoir mesurer le
degré d’autonomie d’un ensemble de collectivités et pouvoir les classer sur une échelle
correspondante. S’agissant de groupes et de collectivités il faut enfin pouvoir saisir le rapport qui
existe entre autonomie du groupe et autonomie des individus qui le composent. L’une implique-t-elle
l’autre ? Les collectivités rurales développent-elles des stratégies d’autonomisation ? Si oui dans quels
domaines ? Sous quelles conditions ? Plus généralement quelles corrélations existent-elles entre
l’autonomie et les caractéristiques structurelles et fonctionnelles du groupe ? Un objectif essentiel de
cette recherche a été d'évaluer l’autonomie d’une collectivité rurale engagée dans la gestion des
ressources pastorales. On s’est également attaché à mieux connaître le profil des nouveaux leaders
ruraux, les conditions de leur efficacité, et les valeurs et objectifs collectifs dont ils sont porteurs.
D’un point de vue stratégique, comment élargir l’espace des choix ouverts aux acteurs locaux ?
Quelles pourraient être les étapes d’une évolution progressive vers plus d’autonomie des collectivités
Chapitre I.Introduction, cadre conceptuel et questionnements 16