L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
3. LES ACTEURS PRINCIPAUX DE LA MISE EN ŒUVRE DU
PRODESUD ET LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION
3.1 Les forces socioéconomiques en place et l’unité de pilotage du
PRODESUD
3.1.1 Les forces socio économiques en place
Il existe quatre catégories de forces sociopolitiques qui se partagent le pouvoir dans la région :
- Celle de l’administration publique régionale et locale hiérarchisée : le gouverneur et
les délégués du siège du gouvernorat, les délégués des différentes localités, les
directions régionales des différents départements ministériels et institutions nationales
(CRDA, Direction régionale de l’équipement, Banque Tunisienne de Solidarité…) ,
les Omdas locaux
- Celle des structures politiques et syndicales : le Comité de Coordination du RCD, les
cellules du RCD, les représentations des organisations nationales de l’agriculture et de
la pêche (UNAP), du commerce et de l’industrie (UTICA), de la femme (UNEFT).
- Celles des structures de base d’encadrement et d’assistance des agriculteurs : GDA,
AIC, Conseil de Gestion, supposées jouer un rôle d’interface mais qui négocient sans
cesse un pouvoir sur la population et une participation aux décisions au niveau des
instances administratives
- Celles des structures sociales traditionnelles : Arch ou tribu, Lahma ou fraction de
tribu, Miâad, douar, famille large.
3.1.2 Le positionnement de l’unité de pilotage du PRODESUD
Cette unité, principale structure administrative chargée du pilotage de la mise en œuvre du
PRODESUD, est enracinée dans le contexte sociologique et politico-administratif de la région. Elle
constitue en quelque sorte le point d’achoppement de toutes les exigences et de toutes les
contradictions.
Les employés affectés au projet sont hébergés dans un local séparé du CRDA mais dépendent de lui,
qui, lui-même dépend du ministère de l’agriculture et du gouverneur qui est le représentant du
président de la république dans la région. Le directeur de l’unité de pilotage du PRODESUD est à la
fois chargé de l’implémentation du projet et, de ce fait, il est en contact avec la population et assure
un rôle d’interface entre cette dernière et les différentes administrations régionales. Il est l’objet
d’attentes fortes de la part de la population et des différentes administrations. Pour ces dernières, il est
le spécialiste du projet. Pour les GDA c’est celui qui leur ouvre les portes de l’administration ou du
moins joue le rôle d’interface. De fait, il est au carrefour des différentes forces en place qu’il doit
ménager en veillant à sauvegarder une neutralité professionnelle et à ne pas être, en aucun cas,
soupçonné d’instrumentaliser le projet à des fins politiques personnelles. Face au processus
d’autonomisation de la population, il est le centre de la négociation des pouvoirs et des demandes : les
comités des GDA, pressés par leurs communautés respectives, sont demandeurs d’accélération de la
réalisation des projets et de moyens matériels pour exercer leur rôle, ils en viennent même à demander
un siège dans les conseils locaux de leurs délégations pour prendre part à la décision ; l’administration
centrale oppose un pouvoir de veto lorsqu’il s’agit d’opérations trop spécifiques au projet et ne cadrent
donc pas avec les routines connues ; l’administration régionale est à la fois engagée dans la réalisation
du projet et exposée à de nouvelles exigences qui ne sont pas sans susciter des résistances lorsqu’elles
n’entrent pas dans les cadres de référence habituels de ses agents.
Les cadres de l’unité du PRODESUD et leur directeur opèrent donc comme des agents de changement
vis-à-vis de tous leurs partenaires, ils sont aussi amenés à innover dans leurs pratiques au fur et à
Chapitre IV. Processus décisionnels décentralisés et leadership 97