L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
4.2 L’émergence d’une demande d’insertion institutionnelle et sociale des
GDA
Les GDA demandent une reconnaissance institutionnelle et une participation aux instances de décision
de leurs localités (la délégation principalement).
Ils expriment le besoin d’être introduits auprès des administrations et des divers partenaires pour gérer
les affaires du groupe. Sans une introduction préalable par « leur parrain » qui est la direction du
projet, ils ne sont pas reçus comme interlocuteurs institutionnels. Ce besoin d’être introduit par une
tierce structure est lié peut être au vécu du traitement peu accueillant de certains agents administratifs,
mais probablement aussi par un manque de confiance du comité, encore trop faible et fragile, en luimême.
Certains comités de GDA expriment le souhait de voir plus de cohérence entre les actions entreprises
et la suite à leur donner car il y va pour eux de leur crédibilité. Cette exigence s’exprime en besoins
précis :
o Donner aux GDA les moyens matériels pour se lancer (un capital de démarrage,
un local, des moyens bureautiques),
o Accorder les crédits aux jeunes et aux femmes ayant suivi des programmes de
formation et qui sont porteurs de projets.
Il y a aussi un souhait d’accélération du rythme de travail de l’administration. La réponse aux attentes
paraît trop lente au vu des espoirs des communautés qui se sont engagées dans la définition des PDC
suite à une intense campagne de communication autour du PRODESUD. Cette lenteur est jugée
menaçante pour la crédibilité des GDA. Certains administrateurs affirment néanmoins qu’ils sont en
avance dans la mise en œuvre du projet. Mais on est là face à une divergence de perception du temps :
le temps administratif et le temps agricole, l’un est rythmé par les procédures, l’autre est rythmé par
les saisons.
4.3 Une perception plus précise des rôles
Ce que l’on déduit des différentes interviews c’est une vision du rôle de l’unité de pilotage du
PRODESUD et des comités de GDA qui se précise, et ceci à deux niveaux, celui des membres de ces
institutions et celui de leurs partenaires :
• En plus de sa mission officielle de mise en œuvre du projet, l’administration du PRODESUD
se révèle, pour les GDA, comme une instance d’encadrement, de facilitation et d’interface
avec les décideurs, et elle se perçoit en tant que telle.
• Les comités des GDA apparaissent comme une entité à la fois sociale et institutionnelle pour
le développement, un interface entre la population et l’administration et inversement, une
structure de pouvoir participatif (en association avec la population d’une part et
l’administration d’autre part) qui traduit les besoins de la communauté en projets, oriente,
hiérarchise les priorités et identifie, le cas échéant, les candidats prioritaires, une structure de
veille sur les réalisations des programmes de développement communautaires (PDC), une
instance désormais engagée dans le jeu politique –au sens large du terme- et susceptible de
concurrencer d’autres acteurs en place. Le GDA est en définitive un organe de
développement qui réalise des projets et prend des initiatives, arbitre les conflits sociaux et
tente de réduire les divergences d’intérêt entre les citoyens tout en négociant sa position dans
les organes de décision institutionnelle au niveau local et régional. En cette phase de
démarrage du projet, le pouvoir des GDA est en construction à un rythme qui varie certes
selon le degré d’homogénéité des communautés, le profil des membres des comités GDA, leur
capital social, les moyens financiers qu’ils ont pu réunir pour démarrer leurs activités,et la
taille même de la population animée par le GDA. Cette dernière varie entre 7000 (Ouled
Chehida, Zorgane) et 200 habitants (Chahbane, Kambout) avec des effets certains sur le
Chapitre IV. Processus décisionnels décentralisés et leadership 108