L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
Face à ces contradictions, les visions du projet évoluent, la notion de développement s’enrichit de
nouveaux contenus et les urgences se précisent.
Les demandes sont actuellement, pour les comités des GDA, de quatre ordres : se donner les moyens
pour agir, obtenir des crédits pour les porteurs de projets, participer aux instances de décision locales,
être introduits auprès des administrations concernées par la réalisation des PDC et pour certains avoir
un droit de regard sur les finances du projet.
L’objectif à long terme visé est le développement d’activités pour retenir les jeunes dans la région.
Pour cela certains GDA s’intéressent à des domaines autres que l’agropastoral pour toucher le volet
écologique, touristique et de valorisation du patrimoine culturel. Plus ils élargissent leur champ
d’action, plus ils auront besoin de structure et d’autonomie. Finalement, le projet a contribué à ouvrir
les horizons de certains GDA.
5. LES APPRENTISSAGES CROISES, LES INITIATIVES ET LES
INNOVATIONS
5.1 La construction d’une culture partagée
Nous avons retrouvé dans le discours de la quasi-totalité des personnes interviewées, la présence d’une
idée de participation, de responsabilité des populations à la conduite du développement soutenu par le
PRODESUD. « Dans le rapport citoyen-administration, c’est le GDA qui est désormais responsable ;
les différentes administrations commencent à sentir l’existence des GDA dans chaque localité », nous
disent les cadres du comité de pilotage du PRODESUD.
Aussi bien au niveau de cette unité qu’à celui du gouvernorat ou du CRDA, il est question de
dévolution, de choix définis par la population. Mais la demande sociale n’entre pas toujours dans le
cadre des modes de fonctionnement de certaines administrations qui sont amenées à changer, dans
certains cas, de normes ou de pratiques. De même les comités des GDA se trouvent face à la nécessité
d’entreprendre, pour la première fois, des actions en vue de mobiliser des ressources ou d’exécuter des
travaux dans le cadre du plan de développement communautaire (achat et distribution de fourrages,
participation, en concurrence avec des entrepreneurs, aux consultations relatives aux travaux de CES).
Face à ces questions récurrentes, la direction du PRODESUD a signé des conventions avec de
nombreuses associations (UNEFT, associations de développement) pour faciliter l’exécution des
programmes de formation et d’octroi des crédits aux porteurs de projets d’activité agricole ou
commerciale. Ses cadres sont pressés par les comités des GDA pour accélérer la réalisation des
projets. Cela génère des tensions qui se répercutent sur les administrations concernées par les diverses
composantes des PDC.
La filiale régionale de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) est interpellée par les GDA pour
réviser ses critères d’octroi des crédits intégrant la nature des activités préférées par la population dont
l’engraissement des ovins, et prenant en considération les besoins minimaux de fonds de démarrage
d’une activité (le capital initial de 1500DT proposé par la BTS, est jugé insuffisant pour une activité
d’engraissement d’ovins). La demande émanant des GDA se traduit, s’il n’y a pas de réponse
satisfaisante, par des pressions sur les autorités régionales pour intervenir au niveau régional voire
national.
En gros, une sorte de culture partagée est en train de se construire autour du projet, drainant une
compréhension de ses objectifs et de ses exigences, affectant les mentalités et l’habitus social, et
nourrie par des apprentissages croisés au niveau des différentes parties prenantes.
Chapitre IV. Processus décisionnels décentralisés et leadership 110