L'autonomisation des ruraux pauvres et la volatilité des politiques en ...

Autonomisation des Ruraux Pauvres et Volatilité des Politiques de Développement en Tunisie
Rapport de Synthèse, Mai 2006
APPENDICE. AUTONOMISATION ET RECHERCHE SUR LE
CHANGEMENT SOCIAL
On s'est proposé pour conclure cette étude de prendre un peu de recul en confrontant les résultats de la
recherche aux propositions de la note théorique qui a servi de base aux trois recherches croisées
entreprises au Soudan, au Maroc et en Tunisie. Cette note (citée dans l'introduction) constitue le socle
théorique de la recherche. Au terme d'une première expérience de terrain, on dispose de données
nouvelles pour la revisiter. D'une façon générale, on peut en vérifier la pertinence. Mais, d'une façon
générale aussi, on découvre que la mise en pratique du protocole de recherche proposé débouche sur
de nouvelles interrogations. Celles-ci peuvent ouvrir de nouvelles perspectives de recherche. Il n'y a
pas en effet de recherche féconde sans itérations et sans changement. Pour reprendre les termes du
modèle théorique, on peut avancer l'idée qu'un nouvel état de l'information et de la connaissance crée
les conditions d'une nouvelle appréciation de l'objectif recherché. La question est alors de savoir à quel
moment la conscience que l'on en a est suffisante pour déclencher une nouvelle dynamique de la
recherche ainsi qu'une révision des objectifs souhaités.
Du changement social
La recherche sur l'autonomisation se présente en fait comme une réponse théorique sur le changement
social. Il a paru intéressant, au terme de cette analyse, de la replacer dans le contexte des réflexions
théoriques plus générales sur cette notion. Un tel recadrage peut en effet indiquer des voies à explorer
pour approfondir les implications du concept d'autonomisation. L'approche théorique qui a servi de
cadre à cette recherche (voir Chapitre 1) se propose de répondre aux trois questions essentielles:
pourquoi change-t-on? Sous quelles formes sociales se manifeste le changement? Quel est son vécu
dans la durée?
Pourquoi change-t-on? Le modèle théorique propose une réponse: le moteur du changement est
fondamentalement alimenté par la conscience de l'insatisfaction entre un état vécu et l'aspiration d'un
état meilleur Ce constat est applicable autant aux individus qu'aux groupes et institutions au sein
desquels agissent les individus. On peut cependant se poser quelques questions sur la validité
universelle de ce "moteur de changement". D'une certaine façon, cette proposition rejoint les théories
sur le progrès social qui soutiennent que le changement social est fondamentalement mu par
l'innovation et le progrès. Mais cette approche est très certainement réductrice. D'autres facteurs, en
général exogènes, agissent aussi sur le changement social. On ne peut pas, en particulier, analyser le
changement social (ni, a fortiori, en classer les formes) sans se référer à l'histoire. C'est peut être sous
cet aspect que l'on peut le plus questionner l'universalité du modèle théorique auquel on s'est référé.
On peut néanmoins accepter l'hypothèse proposée en raison de sa pertinence en termes d'analyse
opérationnelle des sociétés actuelles en transition.
Sous quelles formes sociales se manifeste le changement? Une réponse est donnée sous la forme
d'une catégorisation des formes de changement. Les catégories proposées sont assez larges pour que
l'on puisse y faire entrer la plupart des autres formes selon lesquelles on peut décrire le changement
social. Mais on peut, là aussi, en discuter l'universalité. La catégorisation proposée n'est pas, en effet,
exempte de contradictions si, sortant de sa généralité, on la confronte à la multiplicité des situations
sociales. La recherche sur l'autonomisation s'est focalisée sur la compréhension des états des agents.
Elle n'est pas entrée dans la réflexion historique. Il est certain qu'une approche d'histoire sociale du
contexte dans lequel les agents déterminent leurs comportements apporterait d'autres éclairages sur les
dynamiques de l'autonomisation. Il serait, à cet égard, fécond de vérifier la validité du modèle en le
confrontant aux données de l'histoire sociale. Comme pour la première réponse, on retient la
catégorisation proposée en raison de sa pertinence opérationnelle dans le contexte de la recherche. Il
incomberait cependant à la recherche d'en prouver la validité théorique et son degré "d'universalité".
Quel est, dans la durée, le vécu du changement? Le modèle théorique ne répond pas vraiment à cette
question, son mode de rangement des catégories qui influencent le changement n'incluant pas de
variables sur la temporalité. L'observation du changement social montre que la temporalité introduit de
nombreuses possibilités de variation pour une même cause de changement. On change de façon rapide
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