© NASA/2002Evénementastronautes ont bénéficié du bilancardiovasculaire standard d’un pilotede chasse.> Les sortiesdans l’espacePhilippe Perrin a effectué 3 sorties de7 à 8 heures chacune dans le cadre del’assemblage de la station orbitaleinternationale. Comme il le décrit trèsbien, « on sort dans l’espace, commeon remonte des profondeurs », c’està-direexposé aux accidents de décompression.En eff<strong>et</strong>, le scaphandre estpressurisé à un tiers d’atmosphère(oxygène pur). Théoriquement, dansces conditions, pour éviter les accidentsde décompression, l’utilisationd’un caisson demande 24 heures ! Lasolution r<strong>et</strong>enue actuellement par lesAméricains est la suivante : 2 heuresd’activité physique avec un masquealimenté en oxygène pur. Ceci perm<strong>et</strong>de purger les muscles <strong>et</strong> les viscèresde l’azote dissous <strong>et</strong> d’éviter un accident…de plongée dans l’espace.La gestion du scaphandreLa gestion du scaphandre s’acquiertlors des nombreux entraînementspréparatoires. Outre les accidents dedécompression, les risques traumatiquessont au premier plan. Onr<strong>et</strong>ient :● les traumatismes des ceintures scapulairescontre l’armature rigide, aveccompressions nerveuses <strong>et</strong> fontemusculaire des deltoïdes gênant l’ascensiondes bras <strong>et</strong> imposant delongues rééducations ;● la perte de sensibilité des poucesengoncés dans une armature type gantde ski serré, <strong>et</strong> boudinés, avec récupérationen quelques mois de la sensibilité.Le scaphandre n’est pas à la taille del’astronaute au sol. Il est plus grand,car l’astronaute grandit dans l’espace,sans doute en raison de l’absence decontrainte sur les structures élastiquesque sont les disques intervertébraux.Ainsi, Philippe Perrin a grandi de5 centimètres, avec un r<strong>et</strong>our rapideà sa taille normale au prix de douleurslombaires.Un effort d’enduranceL’effort durant la sortie est un effortd’endurance qui dure 7 à 8 heures, cequi est énorme. Il pousse l’athlète,pardon l’astronaute, au-delà de lasouffrance habituelle lors des compétitions.C’est l’équivalent d’une randonnéeavec dénivelée positive de1 000 à 1 500 mètres, qui oblige à puiserdans ses réserves physiques <strong>et</strong> mentalespour se dépasser. Pour PhilippePerrin, ces 3 sorties ont constitué lesefforts les plus intenses de toute sa viede pilote de chasse <strong>et</strong> de sportif.> Le r<strong>et</strong>our sur terreLe r<strong>et</strong>our sur terre n’est pas non plusde tout repos ! Un problème demuscle, un problème de taille, <strong>et</strong> ilfaut aussi réapprendre à marcher. Eneff<strong>et</strong>, au début, on déambule en écartantles jambes pour maintenir l’équilibre<strong>et</strong> on heurte les bords dans lescouloirs s’il y a un virage. Si l’on tientun verre à la main pendant un certaintemps, on le laisse tomber, étonnéqu’il ne “flotte” pas. Par contre, aucunsouci cardiaque ne se présente <strong>et</strong> lemuscle squel<strong>et</strong>tique récupère naturellementtotalement après ces volsdits de courte durée.> Le tourisme spatial ?Alors que penser du “tourisme” spatial? Actuellement, il concerne les volssuborbitaux qui vont perm<strong>et</strong>tre à unnombre non négligeable de personnes,quand même fortunées, de voir la terreà 100 kilomètres d’altitude <strong>et</strong> deprendre conscience dans ses tripes desa fragilité. Ceci est différent du vol 0G(ou gravité 0) tel qu’il sera accessiblepar tous <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tra de “sentir”Ces 3 sorties ont constitué les effortsles plus intenses de toute sa vie.l’apesanteur pendant 20 secondesdans un avion dérivé de ceux dans lesquelsnous voyageons tous les jours.Finalement, avec un bilan de santénormal, on peut aller dans l’espace.Avec un entraînement d’athlète <strong>et</strong> unmental de champion, on peut travaillerdans l’espace car mal des transports,répartition des fluides <strong>et</strong> “idiotie” del’espace se gèrent simplement à lademande. Les longs séjours ajoutentune gestion du capital musculaire àune indispensable stabilité psychique.Ainsi, une gravité artificielle sera sansdoute utile pour aller vers Mars.> En conclusionPour Philippe Perrin, le problèmeprincipal est celui du décalage dementalité vis-à-vis des problèmes dela planète. Pour les terriens, ils se limitentessentiellement à ceux de la viedes “ved<strong>et</strong>tes” qui s’étalent dans lesmédias <strong>et</strong> captivent toutes les attentions.L’astronaute lui, après desannées d’effort <strong>et</strong> après avoir participéà une aventure humaine <strong>et</strong> à uneactivité scientifique exceptionnelles,réclamant un dépassement physiquemajeur, les a perçus en direct. Ainsi,l’astronaute sait, par expérience personnelle,que l’espace terrestre estune poussière de vie fragile, très fragile,<strong>et</strong> que sa préservation est, <strong>et</strong> doitêtre, l’obj<strong>et</strong> de notre vie. ❚Remerciements au Dr Michel Bru sans lequelc<strong>et</strong> entr<strong>et</strong>ien n’aurait pu avoir lieu<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 8
DossierCORONAIRES ET SPORT - 2 E PARTIEQuel sport pour quel coronarien ?Introduction p.10Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)Accidents coronariens <strong>et</strong> activité sportive p.10Dr Laurent Chevalier (Clinique du <strong>Sport</strong>, Bordeaux-Mérignac)Le seuil angineux est-il augmenté p.15chez le coronarien sportif ?Dr Richard Brion, Dr Robert Poy<strong>et</strong>, Dr Sylvain Guérard (Service de <strong>Cardio</strong>logie, HIA Desgen<strong>et</strong>tes, Lyon)Endoprothèses coronaires <strong>et</strong> activité sportive p.18Dr François Passard (Polyclinique de la Louvière, Lille)Les recommandations officielles sont-elles adaptées ? p.22Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)Mots clésDopage, Endoprothèse, Entraînement, Infarctus, Ischémie myocardique,Recommandations, Rupture de plaque, Santé publique, Seuil angineux,Sténose, Syndrome coronarien aigu, Thrombose9 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14