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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONINTRODUCTIONL’innovation et l’expérim<strong>en</strong>tation font partie <strong>de</strong>s objectifs initiaux <strong>de</strong>s neuf <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s lancées <strong>en</strong>France <strong>en</strong>tre 1965 et 1970. En alternative aux ZUP, celles-ci ont notamm<strong>en</strong>t vocation à servir d’exemple,<strong>de</strong> banc d’essai, pour <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s métho<strong>de</strong>s et pratiques urbanistiques, elles sont l’instrum<strong>en</strong>t qui « doitpermettre <strong>de</strong> surcroît d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière expérim<strong>en</strong>tale et réaliste à la fois certains <strong>de</strong>s problèmes lesplus difficiles <strong>de</strong> la vie urbaine, intégration <strong>de</strong>s fonctions, circulation, loisirs, participation. A cet égard, laréalisation <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s peut se révéler riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour tout l’urbanisme opérationnel »1 .Objet aujourd’hui un peu obscur, oublié par le commun <strong>de</strong>s mortels, « l’équipem<strong>en</strong>t intégré » fut l’une<strong>de</strong>s premières figures emblématiques <strong>de</strong> ce discours sur l’innovation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Il a constitué audébut <strong>de</strong>s années 70 un support privilégié d’expérim<strong>en</strong>tation réunissant dans la gran<strong>de</strong> tradition mo<strong>de</strong>rneun <strong>en</strong>jeu d’innovation sociale et un <strong>en</strong>jeu d’innovation urbaine et architecturale.LA CONVERGENCE DE DEUX EXPERIMENTATIONSLe procédé qui consiste à regrouper et à associer différ<strong>en</strong>ts équipem<strong>en</strong>ts à vocation sociale, sanitaire,éducative et culturelle n’est pas né <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, le premier opus baptisé «C<strong>en</strong>tre Educatif etCulturel » (CEC) ouvre ses portes <strong>en</strong> 1968 à Yerres, « banlieue dortoir » <strong>de</strong> Paris. L’expéri<strong>en</strong>ce m<strong>en</strong>éesous l’égi<strong>de</strong> d’un <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> bâtim<strong>en</strong>t atypique et élu <strong>de</strong> la commune, Paul Chaslin, sout<strong>en</strong>u par ungroupe <strong>de</strong> ceux que l’on a appelé les « technocrates mo<strong>de</strong>rnisateurs », tous acquis à la cause <strong>de</strong>l’éducation populaire, pr<strong>en</strong>d l’allure d’un complot associant « clan<strong>de</strong>stinem<strong>en</strong>t » <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsrelevant <strong>de</strong> financem<strong>en</strong>ts et d’administrations ministérielles différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> profitant <strong>de</strong> l’opportunité dulancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la production à gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s collèges. L’originalité et la spécificité <strong>de</strong> ceregroupem<strong>en</strong>t inspiré <strong>de</strong>s community collèges anglais, ti<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier lieu dans l’implication <strong>de</strong> l’école,il apparaît aussi nettem<strong>en</strong>t comme un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation administrative.A partir <strong>de</strong> cette opération inaugurale, un processus d’expérim<strong>en</strong>tation sout<strong>en</strong>u par le ministère <strong>de</strong>l’Education Nationale va se mettre <strong>en</strong> place sur la base d’une dizaine d’opérations reparties surl’<strong>en</strong>semble du territoire.La mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> ces premiers prototypes a donné lieu à un effort sans précéd<strong>en</strong>t <strong>de</strong> concertation et<strong>de</strong> théorisation tant sur le plan <strong>de</strong> l’action socioculturelle <strong>de</strong>vant être m<strong>en</strong>ée par ces structures que surcelui <strong>de</strong> leur organisation spatiale. S’appuyant sur les premiers modèles réalisés, CEC <strong>de</strong> Yerres, suividu CEC <strong>de</strong> Istres, et <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs du quartier I <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble, une théorieofficielle <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré se met <strong>en</strong> place rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, étayée par un grand nombre <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong>recherche et par la publication <strong>de</strong> plusieurs textes officiels 2 .Ont été précisés les différ<strong>en</strong>ts mo<strong>de</strong>s ou « niveaux d’intégration » c'est-à-dire les possibilités <strong>de</strong>combinaison <strong>de</strong>s programmes autour <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ts «pôles d’intégration » (école, commerce, c<strong>en</strong>treculturel), les possibilités <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s administrations et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s structures, lespossibilités <strong>de</strong> participation <strong>de</strong> la population et les conditions d’inscription <strong>de</strong>s opérations à différ<strong>en</strong>teséchelles urbaines.Porteur <strong>de</strong> tous les espoirs <strong>en</strong> matière d’animation globale, <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t culturel, <strong>de</strong> pédagogi<strong>en</strong>ouvelle, <strong>de</strong> décloisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s services, et aussi plus pragmatiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>tabilité <strong>de</strong>s locaux, leprocédé est consacré par les recommandations <strong>de</strong>s commissions du VI ème Plan (commissions <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s,<strong>de</strong>s affaires culturelles, <strong>de</strong> l’éducation, <strong>de</strong>s activités sportives et socio-éducatives) dans lesquelles sesont illustrés <strong>de</strong> façon très active les membres du groupe à l’origine du CEC <strong>de</strong> Yerres (parmi lesquelsAugustin Girard, Pierre R<strong>en</strong>ard, Jean A<strong>de</strong>r…). Cette consécration débouche aussi <strong>en</strong> 1971 sur lacréation d’une « Commission interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés ».1 Commission <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s du VI ème Plan, Groupe ad hoc « Villes Nouvelles », Rapport sur les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s établi dansle cadre <strong>de</strong> la commission <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s du VI ème Plan, Texte dactyl. janvier 1970, p4 [AD <strong>de</strong> l’Eure].2 Conseil d’Etat, « Les équipem<strong>en</strong>ts intégrés (c<strong>en</strong>tres éducatifs et culturels) » extrait <strong>de</strong> Rapport annuel - Conseil d’Etat,.Paris, Les Presses Artistiques, 1970-1971. [bibliothèque du DEP - dossier sur les équipem<strong>en</strong>ts collectifs] et Circulaire duMinistère <strong>de</strong> l’Education Nationale du 4 juillet 1972 «Coordination <strong>de</strong>s interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>tsintégrés ». Journal Officiel <strong>de</strong> la République Française, suivie <strong>de</strong> Circulaire du Premier Ministre du 19 nov. 1973 « sur lesori<strong>en</strong>tations et procédures à suivre <strong>en</strong> matière d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts ». Journal Officiel <strong>de</strong> la RépubliqueFrançaise.3


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONLe principe d’intégration <strong>de</strong>s services, qui matérialise alors les ori<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> l’Etat <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>politique d’équipem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> politique éducative et culturelle et qui marque une forme d’apogée <strong>de</strong> lapromotion étatique du projet <strong>de</strong> l’éducation populaire, va s’articuler avec les préoccupationsarchitecturales et urbaines <strong>de</strong>s promoteurs <strong>de</strong>s Villes Nouvelles c’est-à-dire avec la volonté <strong>de</strong> ruptureavec la politique <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles et avec le développem<strong>en</strong>t anarchique <strong>de</strong> la banlieue.Outre la proximité <strong>de</strong>s acteurs et l’intérêt systématique porté aux démarches expérim<strong>en</strong>tales, Plusieursfacteurs objectifs ont favorisé sur le plan général la converg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre l’équipem<strong>en</strong>t intégré et lesprincipes <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Au niveau <strong>de</strong> l’organisation et du financem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s opérations :- La structuration <strong>de</strong>s organismes chargés <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s Villes Nouvelles,organismes c<strong>en</strong>tralisateurs et transversaux favorise la coordination <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>tsnécessaire à la réalisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés et à une politique coordonnée <strong>de</strong> leurfonctionnem<strong>en</strong>t.- Le caractère intercommunal du CEC <strong>de</strong> Yerres, permettant d’offrir aux communesgroupées ce que chacune ne pourrait s’offrir séparém<strong>en</strong>t se retrouve <strong>en</strong> phase avec lasituation territoriale <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sAu niveaux <strong>de</strong>s principes généraux <strong>de</strong> planification urbaine:- Le refus <strong>de</strong>s normes rigi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> production industrialiséequi régiss<strong>en</strong>t les programmes d’équipem<strong>en</strong>ts et qui conduis<strong>en</strong>t à une inadaptation parrapport aux usages.- La volonté <strong>de</strong> constituer un c<strong>en</strong>tre urbain prévalant sur la quantité <strong>de</strong>logem<strong>en</strong>t accor<strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> importance à la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et auregroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s services, <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s activités 3 .- L’acc<strong>en</strong>t mis sur le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vie sociale et culturelle, autour <strong>de</strong> laproblématique <strong>de</strong> l’animation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> la population dansla définition <strong>de</strong> son cadre <strong>de</strong> vie 4 .- Succédant à l’équipem<strong>en</strong>t objet, l’équipem<strong>en</strong>t intégré comme dispositif complexe etévolutif s’accor<strong>de</strong> avec les <strong>nouvelle</strong>s métho<strong>de</strong>s urbanistiques développant <strong>de</strong>sapproches pluridisciplinaires et <strong>de</strong>s approches qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte, à travers les notions<strong>de</strong> « système urbain », <strong>de</strong> « milieu <strong>de</strong> vie urbain », le processus évolutif <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> et lacomplexité <strong>de</strong>s interactions <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>ts constitutifs <strong>de</strong> celle-ci.L’HYPOTHESE D’UNE TRAJECTOIRE SPECIFIQUE DE L’EQUIPEMENT INTEGRE EN VILLE NOUVELLE :DIVERSIFICATION, ADAPTATION ET INSCRIPTION DANS LA DUREEComme l’a rappelé Raymond Mallerin (directeur historique du CEC <strong>de</strong> Istres) lors <strong>de</strong> la journée d’étu<strong>de</strong>sur l’action culturelle <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ayant eu lieu <strong>en</strong> mai 2004, la trajectoire « orthodoxe » <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t intégré est relativem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dante <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Cette trajectoire estc<strong>en</strong>trée sur l’école comme vecteur principal du développem<strong>en</strong>t culturel et repose sur les dix opérationsexpérim<strong>en</strong>tales lancées initialem<strong>en</strong>t par l’Education Nationale.3 Une étu<strong>de</strong> commandée <strong>en</strong> 1967 au CEDER par le ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t pointe trois dysfonctionnem<strong>en</strong>tsmajeurs <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>t dans les grands <strong>en</strong>sembles:- Le positionnem<strong>en</strong>t aléatoire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s opportunités foncières ainsi que le retard prisdans la réalisation <strong>de</strong> ceux-ci par rapport aux logem<strong>en</strong>ts.- L’inadaptation et la rigidité <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s grilles d’équipem<strong>en</strong>ts- Le cloisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts avec <strong>en</strong> corollaire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sous-employés ou <strong>de</strong>s doublesemploisCEDER/Fondation pour la recherche sociale, Etu<strong>de</strong> sur les facteurs <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vie sociale dans lesgrands <strong>en</strong>sembles d’habitation. Paris, Ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t, bureau <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s sociologiques <strong>de</strong>l’habitat, 1967.4 Le texte <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce est celui établi à la suite <strong>de</strong>s travaux d’un groupe <strong>de</strong> travail réuni <strong>en</strong> 1968-69 par A. Girard, chef duService <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s et Recherches et rédigé par M. Leg<strong>en</strong>dre (Fondation pour le développem<strong>en</strong>t culturel), B. Miege (Ministère<strong>de</strong>s Affaires Culturelles), A. Pitou (C<strong>en</strong>tre d’Etu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Recherche sur l’Aménagem<strong>en</strong>t Urbain) : L’action culturelle dansles <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s : réflexions préalables à une programmation. Paris, Secrétariat d’Etat à la Culture, Service <strong>de</strong>sEtu<strong>de</strong>s et Recherches, Ministère <strong>de</strong>s Affaires Culturelles, 1971.4


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONAinsi, l’équipem<strong>en</strong>t intégré tel qu’il est analysé par le Conseil d’Etat <strong>en</strong> 1971 concerne avant toutl’association <strong>de</strong> programmes avec un collège, ce que l’on a nommé les C<strong>en</strong>tres Educatifs et Culturels(CEC). L’acc<strong>en</strong>t avait mis délibérém<strong>en</strong>t à l’époque sur cette modalité <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré jugée laplus ambitieuse et la plus porteuse.Du côté <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, l’équipem<strong>en</strong>t intégré n’arrive pas sur une page blanche. Les missionsd’aménagem<strong>en</strong>t sont déjà à l’œuvre développant chacune <strong>de</strong>s principes urbanistiques dans lesquels laquestion <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t est déjà posée. De surcroît le modèle d’intégration autour <strong>de</strong> l’école s’avèretrès rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t problématique, et comme le m<strong>en</strong>tionne un bilan <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces paru <strong>en</strong> 1974, d’autresformes d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés sans établissem<strong>en</strong>t scolaire associé ont été développées <strong>en</strong> VilleNouvelle 5 .On perçoit donc l’exist<strong>en</strong>ce d’une autre trajectoire <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré correspondant à l’exploitationdu procédé <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, une trajectoire plus compliquée, faite d’adaptations et <strong>de</strong> mutations duprincipe initial.L’objectif défini par la commission interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés , celui d’une « politiqued’intégration » et d’un « programme d’innovation» reposant sur une acception plus large du « conceptd’intégration » concerne <strong>en</strong> premier lieu les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s qui sont clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiées <strong>en</strong> la matièrecomme ayant un effet d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t par rapport aux autres communes. L’Etat montre l’exemple par lebiais <strong>de</strong>s EPA : « (…) tous les établissem<strong>en</strong>ts publics chargés <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sétudi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance, qui regroup<strong>en</strong>t suivant <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong>sécoles maternelles et primaires, <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres aérés, <strong>de</strong>s haltes gar<strong>de</strong>ries, <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> protectionmaternelle et infantile. Lancée par la dynamique provoquée par le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces projets, <strong>de</strong>sinitiatives spontanées émanant <strong>de</strong> collectivités locales <strong>de</strong> tailles diverses (Cannet, Mougins, Angers,Chamonix, Nîmes) se manifest<strong>en</strong>t, r<strong>en</strong>ouvelant ainsi la notion <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre éducatif et culturel » 6 .Traditionnellem<strong>en</strong>t, la fin <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré comme politique dominante est datée vers 1975-1976lorsque l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t officiel <strong>de</strong> la formule au niveau national est abandonné et que la « Commissioninterministérielle pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrés » est dissoute. Ce qui est <strong>en</strong> cause alors c’est surtout leprincipe d’une association avec un établissem<strong>en</strong>t relevant <strong>de</strong> l’Education Nationale et les difficultés <strong>de</strong>gestion et <strong>de</strong> statut inhér<strong>en</strong>ts à cette association.Cep<strong>en</strong>dant on peut observer que les opérations d’équipem<strong>en</strong>t regroupant plusieurs établissem<strong>en</strong>tscontinu<strong>en</strong>t d’être mises <strong>en</strong> œuvre jusque dans les années 80. On peut observer aussi que les métho<strong>de</strong>sse perpétu<strong>en</strong>t, que la notion d’intégration perdure dans certaines étu<strong>de</strong>s parfois jusqu’à un passé trèsréc<strong>en</strong>t. En 1974, on peut trouver un article dans la revue Diagonal titré «Equipem<strong>en</strong>t intégrés, latroisième génération ». L’article qui r<strong>en</strong>d compte d’une réunion <strong>en</strong> février 1974 <strong>en</strong>tre la DAFU et lesAg<strong>en</strong>ces d’Urbanisme sur le thème <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés distingue ainsi trois générationsd’équipem<strong>en</strong>ts 7 :- les regroupem<strong>en</strong>ts autour d’un groupe scolaire sur le modèle <strong>de</strong> Yerres, Istres, Gr<strong>en</strong>oble- les regroupem<strong>en</strong>ts type Agora <strong>de</strong>stinés à créer <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s- une troisième génération d’échelle plus mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong>stinée aux <strong>ville</strong>s moy<strong>en</strong>nesIndép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tations nationales, il y aurait donc une chronologie propre aux <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sconcernant l’évolution <strong>de</strong> ce principe programmatique. Une chronologie et une diversification<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré que nous nous proposons d’appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r <strong>en</strong> cernant lesinfléchissem<strong>en</strong>ts, les adaptations <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d’intégration et <strong>en</strong> cernant les élém<strong>en</strong>ts qui ont pu semaint<strong>en</strong>ir dans la culture d‘aménagem<strong>en</strong>t.C’est <strong>en</strong> suivant cette trajectoire <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> qu’il s’agit pour nous d’étudier non pas un procédé clos(la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré comme recette, comme solution panacée massivem<strong>en</strong>t appliquéepuis vite abandonnée) mais la manière dont ont pu se constituer et <strong>de</strong> perpétuer et se diversifier <strong>de</strong>s5 « Cette <strong>de</strong>uxième génération d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés se r<strong>en</strong>contre principalem<strong>en</strong>t dans les Villes Nouvelles et au niveau<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres-<strong>ville</strong>s comme à Evry (Agora) et à Cergy-Pontoise (c<strong>en</strong>tre culturel) et concerne <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> haut niveauet <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>sservir à terme <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong> plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> milliers d’habitants. Il s’agit <strong>de</strong> c<strong>en</strong>trescommerciaux régionaux auxquels sont associés <strong>de</strong>s établissem<strong>en</strong>ts administratifs (Préfecture, Mairies), culturels(Musées, Théâtres…) ou <strong>de</strong> services. Par ailleurs, on r<strong>en</strong>contre, à <strong>de</strong>s niveaux beaucoup plus mo<strong>de</strong>stes, <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>cesd’intégration <strong>de</strong> services publics tels <strong>de</strong>s maisons d’accueil et d’information (Istres) et <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> santé polyval<strong>en</strong>ts. »Secrétariat <strong>de</strong> la commission interministérielle pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés. Elém<strong>en</strong>ts pour unBilan ». Texte dactyl., mars 1974, p 13. [EPAMARNE : MV2268/08]6 Ibid., 8.7 « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés, la troisième génération » in Diagonal, n°6, mars-avril 1974.5


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONmétho<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s questionnem<strong>en</strong>ts à partir d’une impulsion initiale. Conformém<strong>en</strong>t à la distinction qu’opèrel’AUAG, dans une somme réalisée <strong>en</strong> 1973 sur le sujet, <strong>en</strong>tre équipem<strong>en</strong>t intégré comme objet fini et« processus d’intégration » comme démarche intellectuelle 8 , c’est donc un processus complexed’interprétation et <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s énoncés que nous avons choisi d’étudier <strong>en</strong> développant uneapproche comparatiste <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.LES ENJEUX DE LA RECHERCHE :La remise <strong>en</strong> cause argum<strong>en</strong>tée <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré sur le plan <strong>de</strong> l’usage, <strong>de</strong> la gestion et aussi<strong>de</strong>s formes produites, le constat global d’échec <strong>de</strong> la formule y compris <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t àl’histoire. On peut estimer par ailleurs avec Bertrand Ousset (Directeur Général Adjoint <strong>de</strong>l’EPAMARNE), que l’équipem<strong>en</strong>t intégré fait partie d’un «modèle <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t urbain » révolu,basé sur les notions d’innovation, <strong>de</strong> nouveauté, et auquel a succédé un modèle <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>turbain « patrimonial » <strong>en</strong>core d’actualité, autour <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> conservation et <strong>de</strong> tradition.Ces considérations justifi<strong>en</strong>t à priori le jugem<strong>en</strong>t qu’il n’y a ri<strong>en</strong> à rajouter aujourd’hui au sujet, qu’il s’agitd’une époque et d’une approche décidém<strong>en</strong>t révolues par rapport à laquelle, il est illusoire <strong>de</strong> vouloirtrouver <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> continuité. Une vieille lune <strong>en</strong> somme, une utopie dépassée, une curiosité, quine peut intéresser que les sociétés savantes locales ou bi<strong>en</strong> susciter la nostalgie complaisante <strong>de</strong>sacteurs les plus <strong>en</strong>gagés dans l’av<strong>en</strong>ture.Sur le plan historique, la posture générale <strong>de</strong> la Mission d’Histoire et d’Evaluation <strong>de</strong>s Villes NouvellesFrançaises est justem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> remettre <strong>en</strong> cause les à priori, les certitu<strong>de</strong>s sur les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s,certitu<strong>de</strong>s sur la chronologie, sur les pério<strong>de</strong>s (la pério<strong>de</strong> pionnière, la crise, etc.), sur les innovations etsur les échecs, <strong>en</strong> mettant à jour ou <strong>en</strong> affinant <strong>de</strong>s pans méconnus <strong>de</strong> la planification et du vécu <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.De ce point <strong>de</strong> vue, l’exploitation du principe d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs constitue dans ledomaine <strong>de</strong>s métiers et pratiques <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t un fait important dans l’histoire <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s,une clé <strong>de</strong> compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s équipes et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> laproduction <strong>de</strong>s formes urbaines et architecturales.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet <strong>en</strong>jeu d’une connaissance approfondie <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s françaises, sepose la question <strong>de</strong> la spécificité et <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces développées <strong>en</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s dans telou tel champ disciplinaire et <strong>de</strong> la capitalisation <strong>de</strong> cette expéri<strong>en</strong>ce. Il s’agit <strong>de</strong> faire la part <strong>de</strong> lanouveauté et <strong>de</strong> la continuité et <strong>de</strong> dégager les savoir-faire, les expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>grangées. Cequestionnem<strong>en</strong>t qui se pose d’autant plus lorsqu’une int<strong>en</strong>tion d’innovation et d’expérim<strong>en</strong>tation estmanifeste et lorsque les <strong>ville</strong>s <strong>en</strong> question sont investies d’un rôle <strong>de</strong> modèle par rapport aux autres a été<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u avec constance par les promoteurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, SGGCVN <strong>en</strong> tête.Cet apport <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce développée <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> peut revêtir d’abord une dim<strong>en</strong>sion historique. Dece point <strong>de</strong> vue, l’analyse <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong>s programmes et <strong>de</strong>sservices développées par les aménageurs s’inscrit <strong>en</strong> premier lieu comme une contribution àl’histoire <strong>de</strong> la discipline <strong>de</strong> programmation architecturale et urbaine <strong>en</strong> France. Notrerecherche qui se p<strong>en</strong>che par ailleurs sur les formes urbaines et architecturales associées à la notiond’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts veut être aussi une contribution à l’histoire <strong>de</strong> l’édifice public et <strong>de</strong>l’architecture publique.Si l’on abor<strong>de</strong> <strong>en</strong>fin la question délicate <strong>de</strong>s leçons à tirer <strong>de</strong> la production d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong><strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, par rapport à <strong>de</strong>s pratiques ou <strong>de</strong>s notions effici<strong>en</strong>tes aujourd’hui, on doit considérer queces expéri<strong>en</strong>ces s’inscriv<strong>en</strong>t dans un temps long qui est celui <strong>de</strong> la mutation du rôle <strong>de</strong> l’édifice publicdans la <strong>ville</strong>.AXES DE RECHERCHELes quatre axes d’investigation définis dans notre projet <strong>de</strong> recherche initial étai<strong>en</strong>t les suivants :– la question <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes interprétations du principe d’intégration suivant les Villes Nouvellesc'est-à-dire la question <strong>de</strong> la « réception » <strong>de</strong> la formule innovante par les missions8 Rose Bergouignan et Simone Martin, Atelier d’Urbanisme et d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble (AUAG), Les équipem<strong>en</strong>tsintégrés, rapport final. Ministère <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t du territoire, <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t, du logem<strong>en</strong>t et du tourisme - Ministère <strong>de</strong>l’Education Nationale, février 1973.6


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONd’aménagem<strong>en</strong>t et les EPA, <strong>en</strong> particulier la question <strong>de</strong> la conjugaison <strong>de</strong> ce principe avecles ori<strong>en</strong>tations urbanistiques.– la question <strong>de</strong> l’évolution dans le temps du principe <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong>sprogrammes face à l’évolution <strong>de</strong> la conjoncture économique, politique, administrative dansles Villes Nouvelles.– la question <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes figures d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés développées <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>Aujourd’hui, la typologie <strong>de</strong>s opérations <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> reste à établir : soit on se réfère àune acceptation large (regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>t, équipem<strong>en</strong>ts polyval<strong>en</strong>ts ou multifonctionnels)et dans ce cas on se retrouve face à un très vaste, soit on se réfère à uneacceptation stricte (équipem<strong>en</strong>ts réunissant tous les niveaux d’intégration, architecturale eturbaine, fonctionnelle) et dans ce cas on se limite aux modèles <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> inaugurale sansnécessairem<strong>en</strong>t appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r les mutations auquel le procédé a donné lieu. Parmi lesobjectifs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, il doit donc bi<strong>en</strong> y avoir un repérage <strong>de</strong>s «figures » anci<strong>en</strong>nes et<strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et un repérage <strong>de</strong>s opérations exemplaires.– Sur la base <strong>de</strong> ce repérage, développer une démarche d’analyse formelle typologiques’efforçant d’id<strong>en</strong>tifier certain thèmes ou problématiques architecturaux et urbains qui ont putrouver dans cette production une modalité <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t spécifique (avant d’êtreréinterprétés, réinvestis ailleurs).Confrontés à la réalité <strong>de</strong>s investigations, ces questionnem<strong>en</strong>ts ont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t évolués. Trois axes <strong>de</strong>recherche principaux ont finalem<strong>en</strong>t été suivis:Le premier concerne le tableau <strong>de</strong>s acteurs mobilisés, non pas tous les acteurs mais ceux qui ontœuvré pour développer le caractère transversal et interdisciplinaire du procédé que ce soit au niveaunational (commission interministériel <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés, SGGCVN) ou au niveau <strong>de</strong> chaque <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong>, les EPA -« équipes pluridisciplinaires intégrées » comme les avait désignées Jean-Eu<strong>de</strong>sRoullier-, les prestataires extérieurs, ou <strong>en</strong>core les collectivités.Le <strong>de</strong>uxième concerne le rôle <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré dans le développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la discipline émerg<strong>en</strong>te <strong>de</strong> la programmation. Cette approche intègre la question <strong>de</strong>l’évolution dans le temps du principe <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong>s programmes face à l’évolution<strong>de</strong> la conjoncture économique, politique et administrative dans les Villes Nouvelles.Le troisième concerne l’articulation <strong>de</strong>s implications spatiales <strong>de</strong> la formule avec les ori<strong>en</strong>tationsurbanistiques et architecturales développées dans les différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, à savoir <strong>en</strong> premier lieules interfér<strong>en</strong>ces avec la question du c<strong>en</strong>tre et <strong>en</strong> second lieu les interfér<strong>en</strong>ces avec l'objectif<strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong> l'architecture <strong>de</strong>s édifices publics. Notre investigation a porté sur un certain nombre <strong>de</strong>thématiques spatiales liées à la question <strong>de</strong> l’architecture urbaine.Concernant ce <strong>de</strong>rnier point, Il ne s’agit pas pour nous d’abor<strong>de</strong>r la production d’équipem<strong>en</strong>ts intégréssous l’angle général <strong>de</strong> la diversité et <strong>de</strong> la qualité architecturale <strong>de</strong>s constructions publiques comme ontpu le faire <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s dilig<strong>en</strong>tées par les Villes Nouvelles, par le SGGCVN ou <strong>en</strong>core par laMIQCP, <strong>en</strong> particulier sur le sujet <strong>de</strong>s écoles.Il s’agit plutôt <strong>de</strong> l’abor<strong>de</strong>r sous un angle thématique, celui <strong>de</strong> l’interaction <strong>ville</strong>-équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> essayant<strong>de</strong> repérer <strong>de</strong>s problématiques spatiales récurr<strong>en</strong>tes qui travers<strong>en</strong>t et reli<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tes figures <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, à la recherche comme nous l’annoncions dans notre projet <strong>de</strong>recherche « d’une architecture qui résolve la contradiction <strong>en</strong>tre l’animation symbole <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t etl’institution ou « l’équipem<strong>en</strong>t » symbole <strong>de</strong> sclérose, d’une architecture qui répon<strong>de</strong> à la critique <strong>de</strong> lapolitique <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong> la Culture dans lesquelles « le béton a étouffé l’animation » 9 ».Suivant cette optique, <strong>de</strong>ux questionnem<strong>en</strong>ts ont surtout été privilégiés :9 Cette expression est utilisée par le groupe d’artistes « Organon » chargé <strong>de</strong> l’animation dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin<strong>en</strong> Yvelines in, Organon, Etu<strong>de</strong> pour la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s activités culturelles du quartierElancourt-Maurepas (<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Saint Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines), étu<strong>de</strong> commandée par l’ag<strong>en</strong>ce foncière ettechnique <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne pour le compte <strong>de</strong> la mission d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, texte dactyl., nov. 1970.[docum<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’INJEP].7


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTION– L’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> production par le biais <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts d’un espace publicpiéton protégé, comme traduction spatiale <strong>de</strong> la volonté d’interpénétration <strong>en</strong>tre la <strong>ville</strong> et leséquipem<strong>en</strong>ts (<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s espaces intérieurs et extérieurs, déclinaison du thème <strong>de</strong>l’espace public intérieur, forum ou rue couverte).L’investigation explicite le jeux <strong>de</strong>s modèles et l’exploitation <strong>de</strong> cette problématique à différ<strong>en</strong>teséchelles urbaines :- A l’échelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, dans une configuration associant lescommerces, les services administratifs et les services culturels et sociaux, laquestion recoupant notamm<strong>en</strong>t celle <strong>de</strong>s rapports <strong>en</strong>tre espace commercial etespace public.- A l’échelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier dans une configuration dominée par la figure <strong>de</strong>la maison <strong>de</strong> quartier, la question recoupant notamm<strong>en</strong>t celle <strong>de</strong>s rapports <strong>en</strong>treespace scolaire et espace public.– L’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce et/ou <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong>s locauximpliqués dans le regroupem<strong>en</strong>t et l’association <strong>de</strong>s programmes avec lavaleur symbolique et l’impact monum<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> l’édifice public.Là aussi, l’investigation explicite le jeux <strong>de</strong>s modèles et l’exploitation <strong>de</strong> cette problématique àdiffér<strong>en</strong>tes échelles urbaines <strong>en</strong> développant les points suivants:- les locaux concernés, la salle <strong>de</strong> spectacle, les ateliers- l’exploitation <strong>de</strong> la géométrie (trames, ori<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s espaces, modularité)- l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong>s espaces et <strong>de</strong> la production d’uneid<strong>en</strong>tité pour la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.LE DEROULEMENT DE LA RECHERCHE – CORPUSLe sujet qui comporte une dim<strong>en</strong>sion comparative, s’il est traité <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur pour les neuf <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, est vaste. En effet, toutes les Villes Nouvelles ont été impliquées, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers suivantles équipes et suivant leur chronologie <strong>de</strong> démarrage. De surcroît, cette visée sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s s’est heurtée à l’hétérogénéité <strong>de</strong>s conditions d’accès aux archives <strong>de</strong> chacune d’elle.Dans ces conditions, trois approches <strong>de</strong>s terrains d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s sources ont été développées :- Pour appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r les différ<strong>en</strong>tes stratégies vis-à-vis <strong>de</strong> l'intégration, une investigation surl’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s a été réalisé <strong>en</strong> s’efforçant <strong>de</strong> palier aux conditions d’accès trèsinégales aux archives <strong>de</strong>s EPA.- Pour les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, d'Evry, <strong>de</strong> Cergy-Pontoise, <strong>de</strong> l’Isle-d’Abeau et duVaudreuil une démarche plus approfondie a été m<strong>en</strong>ée, t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>sdéveloppem<strong>en</strong>ts liés au principe d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.- Enfin une dizaine d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont été réalisés avec différ<strong>en</strong>ts acteurs professionnels,principalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s architectes-urbanistes et <strong>de</strong>s programmateurs.Sources d’archives.- Il s’agit d’une part <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> programmation, <strong>de</strong>s rapports et <strong>de</strong>s bilans établis par leséquipes d’aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, par les instances c<strong>en</strong>trales (SGGCVN et IAURP) etaussi par un certain nombre <strong>de</strong> bureaux d’étu<strong>de</strong>s extérieurs. En matière d’archives <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, les conditions d’accès et la qualité <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts ne sont pas homogènes. Certainsfonds <strong>de</strong>s EPA sont très accessibles (Vaudreuil, Marne la vallée, Cergy-Pontoise, Vill<strong>en</strong>euved’Ascq), d’autres beaucoup moins ou pas <strong>en</strong>core (St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, Melun-Sénart). Laphysionomie <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, les points approfondis sont aussi affaires d’opportunité ; La rechercheexploite particulièrem<strong>en</strong>t la docum<strong>en</strong>tation et les archives <strong>de</strong> l’EPAMARNE qui ont le mérite8


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005INTRODUCTIONd’être très riches et très accessibles, y compris pour <strong>de</strong>s travaux concernant les autres <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s.Les interviews d’acteursSur ce <strong>de</strong>rnier point, s<strong>en</strong>sible <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> validité sci<strong>en</strong>tifique, les précisions méthodologiquessuivantes peuv<strong>en</strong>t être apportées :- dans une visée typologique, ces interviews vis<strong>en</strong>t à recueillir le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tescatégories d’acteurs impliqués dans le processus <strong>de</strong> définition <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Lasélection <strong>de</strong>s acteurs relève ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t d’une démarche empirique, « <strong>en</strong> marchant », avec<strong>de</strong>ux objectifs, offrir une diversité <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue et développer un récit complém<strong>en</strong>taire.- dans une visée chronologique et comparative, ils vis<strong>en</strong>t à préciser l’histoire <strong>de</strong> la programmationet la spécificité <strong>de</strong> l’approche dans les différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s- ces interviews sont non directifs, ils dur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 1 heure. Ce sont <strong>de</strong>s témoignages quine fond<strong>en</strong>t pas le propos, lequel s’appuie sur les sources écrites, mais qui vis<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>richir.- Ces <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s sont systématiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>registrés et retranscris par écrit (voir <strong>en</strong> annexe 2).Cette retranscription in ext<strong>en</strong>so s’efforce <strong>de</strong> conserver le ton et la chronologie <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> tout<strong>en</strong> allégeant et simplifiant certaines expressions et <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>ts oraux pouvant difficilem<strong>en</strong>têtre transcrits <strong>en</strong> l’état par écrit.- La transcription écrite est soumise à la personne interviewée pour relecture et accordLe repérage <strong>de</strong>s projets exemplairesEn ce qui concerne l’analyse formelle, les principaux projets exemplaires, sur lesquels s’estbasé la recherche sont les suivants :- A l’échelle du c<strong>en</strong>tre urbain, les trois projets <strong>de</strong> l’Agora d’ Evry, <strong>de</strong> la Piazza à Marne-la-Valléeet du c<strong>en</strong>tre Administratif et culturel <strong>de</strong> Cergy Pontoise serv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> base à la réflexion m<strong>en</strong>ée surles relations <strong>en</strong>tre « espace public » et « espace commercial ».- A l’échelle du c<strong>en</strong>tre communal ou du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier, les c<strong>en</strong>tres intégrés <strong>de</strong> l’Arche Guédonet du Luzard à Marne-la-Vallée, celui <strong>de</strong>s 7 mares à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, ainsi que la série<strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier réalisée- à Cergy Pontoise (notamm<strong>en</strong>t maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Hauts Toupets, maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>Cergy Saint-Christophe) ont été analysés pour abor<strong>de</strong>r la confrontation <strong>en</strong>tre les objectifs <strong>de</strong>polyval<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> banalisation <strong>de</strong>s espaces et l’objectif d’id<strong>en</strong>tité d’une architecture publique.L’exploitation <strong>de</strong>s pièces graphiquesEn ce qui concerne l’exploitation <strong>de</strong>s pièces graphiques, nous p<strong>en</strong>chions plutôt, dans l’optiquetypologique initiale, pour une prés<strong>en</strong>tation projet par projet, <strong>en</strong> réalisant pour chaque projet une fiche<strong>de</strong>scriptive. Confrontés à la très gran<strong>de</strong> hétérogénéité <strong>de</strong>s sources (notamm<strong>en</strong>t pour les phases d’étu<strong>de</strong>set pour les projets non réalisés), il nous a semblé plus judicieux et réaliste dans le cadre limité <strong>de</strong> cetterecherche d’élaborer <strong>de</strong>s fiches thématiques et comparatives traitant un nombre limité <strong>de</strong> piècesgraphiques.9


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE ICHAPITRE 1UNE MOBILISATION TRANSVERSALE10


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IL’équipem<strong>en</strong>t intégré, <strong>en</strong> tant que principe innovant dûm<strong>en</strong>t répertorié et recommandé par lescommissions du VI ème Plan interpelle la plupart <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> décision <strong>en</strong>gagés dans la planification <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. A l’apogée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour la formule c'est-à-dire autour <strong>de</strong> l’année 1973, on peutconsidérer que la plupart <strong>de</strong>s acteurs se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t concernés et mobilisés, les acteurs c<strong>en</strong>traux au niveau<strong>de</strong>s ministères ou du Secrétariat Général aux Villes Nouvelles et les acteurs locaux, au niveau <strong>de</strong>s EPAmais aussi <strong>de</strong>s collectivités, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> l’éducation et <strong>de</strong> l’animation.Avant d’abor<strong>de</strong>r <strong>en</strong> détail les effets <strong>de</strong> cette mobilisation sur le plan <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> programmation et <strong>de</strong>conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, il nous a semblé nécessaire <strong>de</strong> dresser <strong>en</strong> préambule unpanorama <strong>de</strong>s principaux acteurs donnant corps au caractère interdisciplinaire et transversal <strong>de</strong> laformule <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.I.1 – Une mobilisation au niveau c<strong>en</strong>tral:I.1.1 – La Fondation pour le développem<strong>en</strong>t culturelA tout seigneur tout honneur, c’est avec Paul Chaslin et Augustin Girard que nous débutons cepanorama <strong>de</strong>s acteurs « transversaux ». Suite à l’expéri<strong>en</strong>ce du CEC <strong>de</strong> Yerres, ces <strong>de</strong>rniers ont montéune association qu’on qualifierait aujourd’hui volontiers <strong>de</strong> lobbying, la « Fondation pour le développem<strong>en</strong>tculturel » dont l’objet principal est la promotion <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré. Les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sapparaiss<strong>en</strong>t d’emblée comme le territoire idéal <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t du procédé et Paul Chaslin, aidéd’Augustin Girard et aussi <strong>de</strong> Paul Delouvrier dont il est très proche, s’efforce <strong>de</strong> se poser commepart<strong>en</strong>aire incontournable dans la production <strong>de</strong> ce type d’équipem<strong>en</strong>t 10 . Pour ce faire, la Fondation pourle Développem<strong>en</strong>t Culturel va se doter <strong>en</strong> 1969 d’un bureau d’étu<strong>de</strong> dénommé l’ARESC (Atelier <strong>de</strong>Recherche sur les Equipem<strong>en</strong>ts Socio-Culturels) puis l’AREA (Atelier <strong>de</strong> Recherche Sur lesEquipem<strong>en</strong>ts et l’Animation) ayant pour vocation les étu<strong>de</strong>s préliminaires <strong>de</strong> programmation etd’implantation d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés.Ayant déjà eu l’occasion d’exposer par ailleurs la composition et l’action <strong>de</strong> ce bureau d’étu<strong>de</strong> dont lefait d’arme principal est la programmation <strong>en</strong> 1969 du CEC <strong>de</strong> Istres 11 , nous nous cont<strong>en</strong>terons <strong>de</strong>souligner ici les principaux <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Certains membres <strong>de</strong> l’AREA, comme Pierre Riboulet ou Jean A<strong>de</strong>r, vont être <strong>en</strong> effet directem<strong>en</strong>timpliqués dans la planification et la réalisation d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Jean A<strong>de</strong>r <strong>en</strong> particulierapparaît comme le personnage c<strong>en</strong>tral dans la diffusion <strong>de</strong> la bonne parole sur l’équipem<strong>en</strong>t intégré etsur l’ouverture <strong>de</strong> l’école <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. On le retrouve à Evry et à Marne-la-Vallée dans lesnégociations pour faire <strong>de</strong> ces agglomérations <strong>de</strong>s terrains expérim<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> l’Education Nationale.A côté <strong>de</strong> la programmation du CEC <strong>de</strong> Istres dont le démarrage est <strong>en</strong> fait antérieur à la mise <strong>en</strong> place<strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong>s rives <strong>de</strong> l’Etang <strong>de</strong> Berre , les trois premières « missions » <strong>de</strong> l’AREA <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> prés<strong>en</strong>tées dans une plaquette publiée <strong>en</strong> 1970 12 sont une étu<strong>de</strong> critique sur « l’Agora » <strong>de</strong> la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry, une étu<strong>de</strong> sur la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socioculturelsprévus dans le quartier EVRY I, une analyse critique du programme <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts établi parla Mission d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la Vallée <strong>de</strong> la Marne pour trois quartiers (Noisy-Est,Noisiel-Torcy, Champ-Noisiel) analyse suivie d’une refonte <strong>de</strong> la programmation.L’équipe <strong>de</strong> la Fondation pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel va aussi réaliser une proposition <strong>de</strong> programmepour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socio-culturels du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier d’Elancourt-Maurepas 13 .10 Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r dans l’interview qu’il nous a accordé évoque cette t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> Paul Chaslin et aussi la défiance qu’ellepouvait susciter dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’administration. Interview <strong>de</strong> Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r, 15 octobre 2004, annexe 02, p 105.11 Outre P. Chaslin et A. Girard, les membres actifs <strong>de</strong> l’AREA qui vont se réunir très régulièrem<strong>en</strong>t (une à <strong>de</strong>ux fois parsemaine p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong>viron <strong>de</strong>ux ans) sont les suivants : Michèle Leg<strong>en</strong>dre sociologue, Marc Netter directeur <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> laCulture du Havre très impliqué dans la réflexion sur l’évolution <strong>de</strong> l’Action Culturelle (programmation <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> la culture« éclatée » du Havre), Joseph Belmont et Pierre Riboulet, architectes, et <strong>en</strong>fin Jean A<strong>de</strong>r, artisan infatigable durapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre l’Education Nationale et les Affaires Culturelles Voir A. Korganow, « L’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel,trajectoire architecturale d’un type contrarié d’édifice public à l’ère <strong>de</strong>s loisirs (1936 - 1975) ».Th. <strong>de</strong> 3ème cycle<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Paris 8, mai 2003, p 243-245.12 AREA (atelier <strong>de</strong> recherche sur les équipem<strong>en</strong>ts et l’animation), « bâtir <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s vivantes pour aujourd’hui et<strong>de</strong>main », brochure <strong>de</strong> la Fondation pour le développem<strong>en</strong>t culturel, Paris, 1970. [bibliothèque du DEP]13 « Ville Nouvelle <strong>de</strong> Trappes », proposition <strong>de</strong> programme pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socioculturelsdu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier d’Elancourt-Maurepas. Fondation pour le développem<strong>en</strong>t culturel, décembre 1970.11


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE ICes étu<strong>de</strong>s préliminaires sont autant d’occasions <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre les aménageurs et les théorici<strong>en</strong>s<strong>de</strong> l’intégration, Jean A<strong>de</strong>r <strong>en</strong> tête qui intervi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant qu’expert auprès <strong>de</strong> plusieurs missions (il avaitété nommé chargé <strong>de</strong> mission au ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale, responsable <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsintégrés).L’année 1970 apparaît comme le temps fort <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> la Fondation pour le développem<strong>en</strong>t culturel.Elle organise cette année là <strong>de</strong>ux colloques à l’adresse <strong>de</strong>s neuf missions d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s qui vont contribuer fortem<strong>en</strong>t à l’adoption du procédé par ces jeunes équipes. Ces colloquesont lieu à Yerres, dans l’abbaye qui se trouve au sein même <strong>de</strong>s locaux <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treprise GEEP industrieque dirige Paul Chaslin.Le 24 octobre 1970 s’est t<strong>en</strong>u un premier colloque intitulé « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés et <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s »,colloque présidé par Paul Delouvrier 14 et auquel particip<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s.Du 24 au 27 novembre <strong>de</strong> la même année s’est t<strong>en</strong>u <strong>en</strong>suite un colloque organisé conjointem<strong>en</strong>t avec laFondation Ford portant sur les «Avantages <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés pour la participation du grandpublic aux activités éducatives et culturelles » 15 . Le nombre d’interv<strong>en</strong>ants étrangers à ce <strong>de</strong>rniercolloque manifeste clairem<strong>en</strong>t le caractère international <strong>de</strong> la démarche.Cette volonté d’ouverture internationale sur le thème <strong>de</strong> « l’équipem<strong>en</strong>t communautaire » se manifesteaussi dans la démarche <strong>de</strong> prospection sur <strong>de</strong>s exemples internationaux d’équipem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong>treprise parl’AREA, suivant une approche similaire à celle qui est développée par ailleurs au sein <strong>de</strong> l’IAURP (voirplus loin).En complém<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s colloques <strong>en</strong>fin, la Fondation pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel organise uneexposition sur le C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel <strong>de</strong> Istres, explicitant les principes d’assemblage <strong>de</strong>snombreux programmes regroupés dans ce super-équipem<strong>en</strong>t, successeur immédiat du CEC <strong>de</strong> Yerresdont la programmation a été étudiée par l’ARESC/AREA et la réalisation confiée à l’atelier <strong>de</strong> Montrouge.Si l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> ces initiatives <strong>de</strong> la Fondation pour le Développem<strong>en</strong>t Culturelle contribue à r<strong>en</strong>dreincontournable <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré, il faut souligner que cesmanifestations, <strong>en</strong> particulier les <strong>de</strong>ux colloques <strong>de</strong> Yerres ne sont pas exempts d’une dim<strong>en</strong>sioncritique, bi<strong>en</strong> au contraire. Dès le départ, les principales difficultés sont pointées lors <strong>de</strong> ces colloques,nécessité d’une remise <strong>en</strong> question <strong>de</strong>s <strong>en</strong>seignants, problème du décalage <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>sdiffér<strong>en</strong>ts équipem<strong>en</strong>ts et difficulté à élaborer un modèle <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s nouveaux établissem<strong>en</strong>ts. Letexte <strong>de</strong> cadrage établi par l’AREA pour le colloque du 24 octobre expose ces difficultés et conclut déjàà la nécessité d’aller « au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la notion d’intégration » 16 .I.1.2 – La Commission Interministérielle <strong>de</strong>s Equipem<strong>en</strong>ts IntégrésOn retrouve dans les principaux ministères « <strong>en</strong> pointe » sur le sujet <strong>de</strong> l’intégration que sont l’EducationNationale, les Affaires Culturelles, la Jeunesse et Sports et aussi le ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et duLogem<strong>en</strong>t les acteurs qui ont contribué à la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s premières expéri<strong>en</strong>ces d’équipem<strong>en</strong>tsintégrés et à la reconnaissance officielle <strong>de</strong> la formule dans le cadre <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s commissions duVI ème Plan (Augustin Girard à la Culture, Jean-Batiste Grosborne à la Jeunesse et Sports, Pierre R<strong>en</strong>ar<strong>de</strong>t Jean A<strong>de</strong>r à l’Education Nationale).La formule occupe le petit créneau « expérim<strong>en</strong>tation et recherche » <strong>de</strong> ces différ<strong>en</strong>ts ministères.Ainsi au ministère <strong>de</strong>s Affaires Culturelles, le Service <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s et Recherches dirigé par A. Girardsouti<strong>en</strong>t l’exploitation du procédé 17 . La problématique <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré croise la réflexion sur le<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l’action culturelle et la remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s grosses machines que sont les maisons <strong>de</strong> laculture, axées <strong>de</strong> manière exclusive sur la diffusion culturelle 18 .14 Le compte r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> ce colloque a servi <strong>de</strong> base à l’élaboration du numéro <strong>de</strong> la revue Pour, octobre 1971, n°23/24.15 voir Nicole Chartier, « Les Equipem<strong>en</strong>ts intégrés » Notes et Etu<strong>de</strong>s Docum<strong>en</strong>taires, Paris La docum<strong>en</strong>tation française,n°4091, 13 mars 1974. Les actes du colloque <strong>de</strong> novembre 1970 ont servi <strong>de</strong> base à l’élaboration <strong>de</strong> cet ouvrage.16 AREA, « L’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts éducatifs et culturels publics <strong>en</strong> France. T<strong>en</strong>dances et problèmes »,texte <strong>de</strong> travail du colloque « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés et <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s » , 20 octobre 1970.17 A. Girard, préface à L’action culturelle dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s : réflexions préalables à une programmation.Op. cit., p1.18 Cette politique <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> nouveaux équipem<strong>en</strong>ts culturels est officialisée par l’établissem<strong>en</strong>t d’une circulaire <strong>en</strong> date du03 juillet 1973 qui stipule la création d’une cellule <strong>de</strong> la Sous-Direction <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> l’Action culturell<strong>en</strong>ommée « Bureau <strong>de</strong>s interv<strong>en</strong>tions culturelles ». Cette cellule est vouée à suivre la production <strong>de</strong>ux types d’équipem<strong>en</strong>tsculturels, les équipem<strong>en</strong>ts intégrés pour lesquels les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sont explicitem<strong>en</strong>t désignées comme terrain privilégiéd’expérim<strong>en</strong>tation et les « équipem<strong>en</strong>ts culturels légers » ou « salles à vocation multiples ».12


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IDe même au ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale l’équipem<strong>en</strong>t intégré s’inscrit dans le mouvem<strong>en</strong>t post68 <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pédagogiques. A la suite <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Yerres, comme nousl’avons noté <strong>en</strong> introduction, un programme expérim<strong>en</strong>tal a été lancé, à la recherche <strong>de</strong> nouveauxénoncés d’équipem<strong>en</strong>ts scolaires 19 . La réflexion est m<strong>en</strong>ée principalem<strong>en</strong>t par le « Groupe <strong>de</strong> travailinterministériel pour les équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs », organisme contrôlé par le ministère <strong>de</strong>l’Education Nationale (direction chargée <strong>de</strong> la prévision), animé par Jean A<strong>de</strong>r, Jean Pellerano et Pierre-André Teitg<strong>en</strong>.Mais il manque <strong>en</strong> définitive un organe administratif qui consacre le caractère interministériel <strong>de</strong> ladémarche, qui consacre ce que Guy Saez appelle une « éthique <strong>de</strong> la collaboration inter administrative »s’inscrivant dans un mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’Etat 20 . C’est ainsi que le groupe <strong>de</strong> travail montéau sein <strong>de</strong> l’Education Nationale va <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir ultérieurem<strong>en</strong>t la « Commission interministérielle pour leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés » officialisée par décret le 1 er octobre 1971.L’action <strong>de</strong> la commission interministérielle pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrésIssue donc du secteur « recherche » <strong>de</strong> l’Education Nationale, cette commission qui est présidée par unhaut fonctionnaire <strong>de</strong> l’Education Nationale, Gérard Ducher et qui a pour secrétaire général JeanPellerano, a pour objectif déclaré <strong>de</strong> faciliter l’instruction <strong>de</strong>s dossiers sollicitant <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>plusieurs ministères et <strong>de</strong> clarifier les procédures d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.Cette commission s’est fixée les missions suivantes 21 : «- étudier les problèmes <strong>de</strong> toute nature que pos<strong>en</strong>t la conception, la réalisation, la gestion etl’animation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts conçus <strong>en</strong> vue du développem<strong>en</strong>t coordonné <strong>de</strong> certaines activitéssportives, éducatives, culturelles et sociales,- coordonner les interv<strong>en</strong>tions <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts départem<strong>en</strong>ts ministériels ou organismes intéressés,<strong>en</strong> dresser le bilan et effectuer la synthèse <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes expéri<strong>en</strong>ces,- formuler les recommandations et proposer <strong>de</strong>s mesures propres à leur mise <strong>en</strong> œuvre. (…)- <strong>en</strong>fin, <strong>de</strong> formuler un certain nombre <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong>stinées à mettre <strong>en</strong> place un systèmed’évaluation. »Au regard <strong>de</strong> ces objectifs, trois initiatives importantes sont à mettre au crédit <strong>de</strong> cette commission, quimarqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelque sorte l’apogée <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré:- l’organisation d’un colloque sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés à Marly-le-Roi <strong>en</strong> mars 1973- l’établissem<strong>en</strong>t d’une circulaire ministérielle sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> novembre 1973- l’établissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin d’un bilan sur les réalisations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> 1974Le colloque organisé à l’INEP à Marly-le-Roi le 30 et 31 mars 1973 marque sans contestel’apogée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t pour le procédé. Il a donné lieu à un travail préparatoire très importantassociant dans <strong>de</strong>s groupes et sous-groupes <strong>de</strong> réflexion plus d’une c<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> personnes et il réunitau final plus <strong>de</strong> 200 personnes. S’y retrouv<strong>en</strong>t à la fois <strong>de</strong>s acteurs c<strong>en</strong>traux tels que Jean A<strong>de</strong>r et <strong>de</strong>sacteurs locaux, <strong>en</strong> particulier une forte proportion d’élus et <strong>de</strong> membres <strong>de</strong>s équipes d’aménagem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.C’est le cas par exemple pour le Groupe III, chargé <strong>de</strong>s « Problèmes juridiques administratifs etfinanciers posés par le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés » dans lequel on retrouve tous lesacteurs associés à la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> (Delafosse pour le Vaudreuil,Blache pour l’étang <strong>de</strong> Berre, Faivre d’Arcier pour les Affaires Culturelles, etc.) 2219 Voir à ce sujet « Les équipem<strong>en</strong>ts intégrés (c<strong>en</strong>tres éducatifs et culturels) ». Extrait du Rapport annuel du Conseild’Etat, op. cit. et aussi Architecture scolaire et aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace. Paris, La Docum<strong>en</strong>tation Française, 1974..20 Guy Saez, Innovation difficile, domination aléatoire : les équipem<strong>en</strong>ts intégrés. IEP Gr<strong>en</strong>oble - GURDA, Gr<strong>en</strong>oble,déc. 1975, p2821Secrétariat <strong>de</strong> la commissions interministérielle pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, Equipem<strong>en</strong>ts intégrés, Elém<strong>en</strong>ts pour unBilan. Op. cit., p2-3.22 Premier ministre – Commission interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés, Colloque <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés –Marly-le-Roi 30 et 31 mars 1973 « Groupe III : Problèmes juridiques administratifs et financiers posés par lefonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés ». Texte dactyl. [AD <strong>de</strong> l’Eure]13


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IA la suite <strong>de</strong> ce colloque paraît <strong>en</strong> novembre 1973 la circulaire « sur les ori<strong>en</strong>tations et procédures àsuivre <strong>en</strong> matière d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts » 23 . Cette circulaire du premier ministre qui est <strong>en</strong>chantier <strong>de</strong>puis la création <strong>de</strong> la commission constitue la traduction la plus aboutie et la plussynthétique <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> normalisation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Tout <strong>en</strong> insistantsur le caractère expérim<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> la démarche, elle définit les grands objectifs, sociaux, urbanistiques etéconomiques <strong>de</strong> la formule, les différ<strong>en</strong>ts niveaux d’intégration, les conditions <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>sinstitutions, les procédures administratives et les conditions <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s futurs <strong>en</strong>semblesintégrés. Elle pr<strong>en</strong>d ainsi valeur <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce pour les équipes d’aménageurs.Pour finir le bilan paru <strong>en</strong> 1974 répond à la volonté exprimée dans le IV ème Plan <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> place unsystème d’évaluation <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces, il s’efforce <strong>de</strong> raffermir la définition <strong>de</strong> la notion d’intégration et <strong>de</strong>jeter les bases d’une politique future d’innovation <strong>en</strong> matière d’intégration :« On t<strong>en</strong>tera <strong>de</strong> donner dans ce chapitre, à partir <strong>de</strong> l’exam<strong>en</strong> <strong>de</strong>s principales caractéristiques <strong>de</strong>sprojets et <strong>de</strong>s opérations actuels <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés :- une définition <strong>de</strong> la notion d’intégration dans un but ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tméthodologique- un cadre général <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce qui pourrait :- permettre une meilleure compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> cours- servir <strong>de</strong> support à la mise <strong>en</strong> œuvre d’un programme d’innovation <strong>en</strong> matièred’intégration, <strong>en</strong> essayant <strong>de</strong> caractériser et <strong>de</strong> classifier les différ<strong>en</strong>ts niveaux ettypes d’intégration » 24Ce bilan fait la part belle aux opérations lancées <strong>en</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, considérées comme une « <strong>de</strong>uxièmegénération » d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés plus diversifiée et moins systématiquem<strong>en</strong>t attachée auxéquipem<strong>en</strong>ts scolaires. Une typologie <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts est prés<strong>en</strong>tée croisant les différ<strong>en</strong>ts niveaux<strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité urbaine et les différ<strong>en</strong>ts programmes regroupés [voir FIG. 15.1].Malgré ces trois initiatives, un colloque, une circulaire et un bilan, la commission interministérielle <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés a pris une tournure assez lointaine par rapport aux projets effectifs. Conséqu<strong>en</strong>ce<strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> la formule par l’administration, les membres qui compos<strong>en</strong>t cettecommission sont tous <strong>de</strong> hauts fonctionnaires (sous-préfets, inspecteurs généraux) qui sont loin d’êtreles acteurs les plus actifs dans l’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré.. Aux dires <strong>de</strong> Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r quiparticipait à cette commission <strong>en</strong> tant que directeur <strong>de</strong>s Equipem<strong>en</strong>ts collectifs à la Préfecture <strong>de</strong> laRégion Parisi<strong>en</strong>ne, elle n’a eu <strong>en</strong> définitive qu’une exist<strong>en</strong>ce assez fantomatique et n’a pas contribuéconcrètem<strong>en</strong>t à l’avancé <strong>de</strong>s dossiers 25 .I.1.3 – Le rôle décisif du SGGCVNEn matière <strong>de</strong> programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, le Groupe C<strong>en</strong>tral <strong>de</strong>s VillesNouvelles (GCVN) a eu un rôle beaucoup plus concret, s’efforçant <strong>de</strong> jouer comme dans les autresdomaines <strong>de</strong> la planification un rôle <strong>de</strong> lieu d’échange et <strong>de</strong> souti<strong>en</strong> pour les initiatives <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>teséquipes. Sous l’égi<strong>de</strong> du Sécrétariat Général du GCVN, sont ainsi organisés <strong>de</strong> multiples groupes <strong>de</strong>travail et réunions <strong>de</strong> confrontation <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces. Cette activité du SGGCVN s’inscrit dans la logique<strong>de</strong> ce que J.E. Roullier appelle la « politique dérogative » <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s 26 .Le SGGCVN par le biais <strong>de</strong> ces « cellules » (<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce celle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructuredont Robert Bonnet est responsable), avec ses chargés <strong>de</strong> mission très actifs tels que Jean-LouisBianco, Catherine Tasca ou Dominique Alduy s’acquitte d’un rôle <strong>de</strong> veille par rapport auxproblématiques émerg<strong>en</strong>tes comme celle sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Des dossiers réunissant lestextes <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce et les textes administratifs sont régulièrem<strong>en</strong>t transmis aux différ<strong>en</strong>tes équipes <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (<strong>de</strong>s « bulletins <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>tation »).23Circulaire du Premier Ministre du 19 nov. 1973 « sur les ori<strong>en</strong>tations et procédures à suivre <strong>en</strong> matièred’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts », op. cit.24 Secrétariat <strong>de</strong> la commission interministérielle pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés. Elém<strong>en</strong>ts pourun Bilan », op. cit.25 Voir <strong>en</strong> annexe 02, interview <strong>de</strong> Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r, p104.26 J.E. Roullier, Y. Boucly « Le rôle <strong>de</strong> l’Etat (et du SGGCVN) », in « La capitalisation <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce française <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s », projet <strong>de</strong> livre, 1987 [AD Eure, 1474W124].14


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IPour r<strong>en</strong>forcer la cohésion et les synergies <strong>en</strong>tre les équipes, Le SGGCVN sollicite celles-ci à tour <strong>de</strong>rôle pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s démarches réflexives plus poussées, <strong>en</strong> particulier dans le domaine <strong>de</strong>ssci<strong>en</strong>ces humaines. Tel programmateur ou telle équipe va se charger d’approfondir la question <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance (A.M. H<strong>en</strong>riot, programmatrice à la EPAREB) ou bi<strong>en</strong> celle <strong>de</strong> l’école ouverte(équipe <strong>de</strong> l’Isle-d’Abeau), ou <strong>en</strong>core celle du rôle du programmateur <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> (Martine Rivet,programmatrice à l’EPAREB).Des journées d’étu<strong>de</strong>s thématiques mobilisant l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s équipes ainsi que <strong>de</strong> multiples acteurs(élus, associations, professionnels) sont au final organisées dans les différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, tellesque celle sur le thème <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance (à Marseille <strong>en</strong> 1974) ou celle sur le thème <strong>de</strong>s LocauxCollectifs Résid<strong>en</strong>tiels à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines <strong>en</strong> 1981.J. Giusti qui s’occupait <strong>de</strong> ces échanges pour ce qui concerne la politique d’animation et l’utilisation <strong>de</strong>sfonds interministériels (FIAN et FIC) nous a décrit comm<strong>en</strong>t se réunissait régulièrem<strong>en</strong>t sous l’égi<strong>de</strong> duSGVN, la « famille » <strong>de</strong>s programmateurs et comm<strong>en</strong>t a pu circuler l’information <strong>en</strong>tre les équipes :« Cette famille <strong>de</strong> chargés <strong>de</strong> mission du FIC, ceux du SGVN et ceux <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sur le terrainétai<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és à se r<strong>en</strong>contrer, à visiter <strong>de</strong>s opérations <strong>en</strong>semble, à aller à Gr<strong>en</strong>oble, dans un espritpionnier pour monter <strong>de</strong>s « coups » » 27 . La pratique <strong>de</strong>s voyages d’étu<strong>de</strong> est particulièrem<strong>en</strong>tdéveloppée, voyages organisés par les différ<strong>en</strong>tes missions d’aménagem<strong>en</strong>t ou voyages organisés par leSGGCVN (Angleterre, Suè<strong>de</strong>, Allemagne, Hollan<strong>de</strong>) tel que le voyage organisé <strong>en</strong> 1974 pour visiter lesc<strong>en</strong>tres communautaires <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s aux Pays Bas 28 .Plutôt qu’une volonté <strong>de</strong> normalisation c<strong>en</strong>tralisée <strong>de</strong>s opérations, le témoignage <strong>de</strong> J. Giusti faitressortir l’<strong>en</strong>thousiasme et la volonté expérim<strong>en</strong>tale comme traits prédominants dans l’action <strong>de</strong>coordination m<strong>en</strong>ée par les cellules du SGVN.Tout comme la commission interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>t intégré, le SGGCVN a vocation aussi àjouer un rôle d’intermédiaire <strong>en</strong>tre les administrations c<strong>en</strong>trales et les équipes d’aménagem<strong>en</strong>t.Sur ce plan, un docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travail établi par J.L. Bianco faisant suite au colloque <strong>de</strong> Marly le Roi surles équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> 1973 et adressé aux directeurs <strong>de</strong>s EPA, montre cette ori<strong>en</strong>tation pratiquedu SGGCVN cherchant à faciliter les conditions administratives <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre du procédé et àconstituer un corpus <strong>de</strong> textes et d’expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce.Ce docum<strong>en</strong>t répertorie une liste <strong>de</strong> questions et <strong>de</strong> difficultés soulevées par les équipem<strong>en</strong>ts intégréspour lesquelles les responsables <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés dans chaque <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> sont invités àapporter <strong>de</strong>s solutions ou <strong>de</strong>s remarques afin <strong>de</strong> « favoriser un échange pratique d’informations <strong>en</strong>tre<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s » 29 .Enfin, le rôle du SGGVN est aussi d’<strong>en</strong>gager <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> bilan par rapport aux expéri<strong>en</strong>cesinnovantes développées dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. En ce qui concerne les équipem<strong>en</strong>ts intégrés,plusieurs démarches importantes ont été mises <strong>en</strong> place <strong>en</strong> 77/78 (c'est-à-dire au mom<strong>en</strong>t où lapremière vague d’équipem<strong>en</strong>ts liée aux premières ZAC a été réalisée).La première concerne une réflexion très fournie sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance. Celle-ci donne lieu d’abord àun colloque organisé les 20 et 21 février 1974 dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Fos-Etang <strong>de</strong> Berre. A la suite <strong>de</strong>ce colloque une démarche d’investigation sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance va être développée par la MIAFEB,un travail <strong>de</strong> croisem<strong>en</strong>t et d’analyse <strong>de</strong>s textes <strong>en</strong> vigueur réalisé <strong>en</strong> 1974 30 qui sera suivi <strong>en</strong> 1978 parun travail d’évaluation <strong>de</strong>s premières réalisations 31 . A cette approche programmatique, s’ajoute uneapproche typologique architecturale valorisant ce nouvel édifice public qu’est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>fance, quasim<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t implanté <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> 32 .27 Interview <strong>de</strong> J. Giusti par A. Korganow, le 21 04 2004, annexe 02, p89.28 Sabine Fachard, SGGCVN, « Voyage d’étu<strong>de</strong> du 18 au 24 août 1974 – Equipem<strong>en</strong>ts Intégrés et Villes Nouvelles aux PaysBas ». Texte dactyl., 29 08 1974 [AD <strong>de</strong> l’Eure, 1421W256].29 J.L. Bianco, GCVN, « Docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travail à l’att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s participants au colloque <strong>de</strong> Marly-le-Roi sur les Equipem<strong>en</strong>tsIntégrés ». Premier Ministre, GCVN, Paris, 17 mai 1973.30 Mission Interministérielle pour l’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Fos–Etang <strong>de</strong> Berre (MIAFEB), « C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’Enfance. Lestextes, analyse et propositions ». Texte dactyl., mars 1974 [AM Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq].31 Armelle Baraton et Françoise Gouin <strong>de</strong> Quaternaire Education, Anne-Marie H<strong>en</strong>riot du GCVN, « Etu<strong>de</strong> sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>l’Enfance ». Texte dactyl., février 197932 SGGCVN, Huit c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> , « Les dossiers <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s », SGGCVN, Paris, 1978.15


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE ILa <strong>de</strong>uxième démarche concerne un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> trois recherches lancées simultaném<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avril 1977qui vis<strong>en</strong>t à cerner tout à la fois les formes <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs produits, les métho<strong>de</strong>s et savoirfairemis <strong>en</strong> œuvre et <strong>en</strong>fin les conditions <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts 33 :- Une étu<strong>de</strong> sur le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructure innovants réalisés parles EPA dont est chargée Paulette Lafrasse (anci<strong>en</strong> membre <strong>de</strong> l’IAURP) avec GérardVinc<strong>en</strong>t, architecte.- Une étu<strong>de</strong> sur la fonction <strong>de</strong> programmation dans les EPA dont est chargée Martine Rivet(programmatrice à l’EPAREB)- Une Etu<strong>de</strong> sur les modalités <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts plurifonctionnels intitulée« Conception et expérim<strong>en</strong>tation d’un système <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs plurifonctionnels <strong>de</strong> superstructure » confiée à l’IAURIF (MM. Pechon,Chom<strong>en</strong>tovski et Roscian)La déclinaison <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>jeu d’intégration et la traduction formelle <strong>de</strong> cette innovation, l’activité <strong>de</strong>programmation déployée pour produire cette innovation et pour finir l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s établissem<strong>en</strong>tsréalisés, on a là les trois grands axes <strong>de</strong> la réflexion m<strong>en</strong>ée sur le sujet <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.La vaste étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructure innovants, qui nous intéresse plusparticulièrem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>vait être réalisée <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux étapes. La première portait sur Evry, St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>Yvelines et Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq. La secon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vait porter sur les autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Pour <strong>de</strong>s raisonsun peu obscures, cette démarche ambitieuse n’a jamais été achevée. Elle a abouti sur Evry et s’estarrêtée à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines 34 .I.1.4 – Le rôle <strong>de</strong> l’IAURPLa formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif complexe regroupant et associant dans une même <strong>en</strong>titéarchitecturale innovante plusieurs élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmes sociaux, culturels, éducatifs et mêmecommerciaux a été id<strong>en</strong>tifiée et confortée assez tôt par l’IAURP comme un champ <strong>de</strong> recherche à part<strong>en</strong>tière.Les chercheurs qui se sont spécialisés dans les étu<strong>de</strong>s portant sur ce type d’équipem<strong>en</strong>t ont contribuéà <strong>en</strong> définir les <strong>en</strong>jeux sociaux et spatiaux.La première étape significative <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> l’IAURP dans la diffusion <strong>de</strong>s modèles d’équipem<strong>en</strong>tsmultifonctionnels, notamm<strong>en</strong>t étrangers, est la réalisation <strong>en</strong> 1969, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du SGGCVN, et avecla participation financière <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Evry, Cergy-Pontoise, Saint Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines etMarne-la-Vallée, d’une vaste <strong>en</strong>quête inaugurale portant sur un large panel d’équipem<strong>en</strong>ts socioculturelsfrançais et étrangers 35 .De 1969 à 1970, la sociologue D<strong>en</strong>ise Ragu et l’architecte Jacques Lécureuil 36 établiss<strong>en</strong>t une vingtaine<strong>de</strong> « notes d’information » monographiques portant sur les maisons du temps libre <strong>de</strong> Hanovre (1970),sur le forum <strong>de</strong> Billingham, sur les «maisons du citoy<strong>en</strong> » <strong>de</strong> Frankfort (1970), sur les CommunityColleges <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong> Bretagne (1970), sur le c<strong>en</strong>tre socio-culturel Prémol du village Olympique <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble (1969), ou <strong>en</strong>core sur une comparaison <strong>en</strong>tre les c<strong>en</strong>tres socio-culturels et la maison <strong>de</strong> laculture dans la <strong>ville</strong> d’Ami<strong>en</strong>s (1969).Cette démarche <strong>de</strong> l’IAURP ne se limite pas aux seuls équipem<strong>en</strong>ts intégrés mais elle abor<strong>de</strong> le sujet<strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel <strong>de</strong> manière plus large. Comme nous l’a rappelé Jacques Lécureuil 37 ,l’élém<strong>en</strong>t le plus structurant <strong>de</strong> la recherche est la distinction très nette <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux niveaux33 Courrier du SGGCVN signé J.E. Roullier aux directeurs généraux <strong>de</strong>s EPA. Objet : « Etu<strong>de</strong>s du Secrétariat Général duGroupe C<strong>en</strong>tral <strong>de</strong>s Villes Nouvelles relatives aux équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructures » Texte dactyl., 28 avril 1977. [AD Eure].34 D’après P. Lafrasse et G. Vinc<strong>en</strong>t que nous avons interviewés, le projet était peu sout<strong>en</strong>u par Dominique Alduy, pilote <strong>de</strong>s3 étu<strong>de</strong>s au SGGCVN et qui s’intéressait peu aux <strong>en</strong>jeux formels <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts. L’étu<strong>de</strong> sur St Qu<strong>en</strong>tin a par ailleurs étérefusée par le directeur <strong>de</strong> l’EPA <strong>de</strong> l’époque, Serge Goldberg pour cause <strong>de</strong> dépassem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> délai et pour cause aussid’après les auteurs d’une certaine méfiance vis-à-vis <strong>de</strong> l’apport d’interv<strong>en</strong>ants extérieurs. A l’usage, le projet d’<strong>en</strong>semble adu apparaître un peu trop ambitieux, compte t<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s délais finalem<strong>en</strong>t assez courts <strong>de</strong> ce type d’étu<strong>de</strong> (6 mois pourl’analyse <strong>de</strong> trois <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s !).35 Ragu D<strong>en</strong>ise, Lécureuil Jacques, « Equipem<strong>en</strong>ts culturels et socio-éducatifs. Analyse d’exemples français et étrangers ».Sous la direction <strong>de</strong> Pierre Merlin. Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, mai 1971, n°23.36 J. Giusti nous a raconté <strong>en</strong> particulier un voyage auquel il a participé avec Jacques Lécureuil et D<strong>en</strong>ise Ragu, à ladécouverte <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces anglo-saxonnes d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Op. cit., annexe 02, p43.37 Voir interview <strong>de</strong> Jacques Lécureuil, le 03 novembre 2004, annexe 02, p72.16


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE Iopérationnels, celui du c<strong>en</strong>tre d’agglomération dont l’équipem<strong>en</strong>t majeur est un c<strong>en</strong>tre culturel voué à ladiffusion culturelle et celui du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier dont l’équipem<strong>en</strong>t majeur est un c<strong>en</strong>tre socio-éducatifvoué à l’animation socioculturelle. Cette distinction, que contest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait les promoteurs <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés au nom d’une approche plus globale <strong>de</strong> l’éducation perman<strong>en</strong>te et <strong>de</strong> l’animation,est conforme aux principes établis au début <strong>de</strong>s années 60 par la Commission <strong>de</strong> la vie dans les grands<strong>en</strong>sembles et formalisés par les grilles successives d’équipem<strong>en</strong>ts, y compris celle établie <strong>en</strong> 1969 parl’IAURP. Elle va servir <strong>de</strong> toile <strong>de</strong> fond à la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.A partir <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> inaugurale, D<strong>en</strong>ise Ragu va assumer p<strong>en</strong>dant 20 ans à l’IAURP (puis IAURIF) lerôle d’interlocutrice privilégiée pour la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>en</strong> général et socio-culturels<strong>en</strong> particulier 38 .Sur la question <strong>de</strong> la qualité et <strong>de</strong> la fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s échanges <strong>en</strong>tre l’IAURP et les aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, il faut souligner l’importance <strong>de</strong> la proximité physique <strong>en</strong>tre la cellule Ile <strong>de</strong> France duSGGCVN et l’IAURP, les <strong>de</strong>ux structures étant localisées rue Miolis. D’après le témoignage <strong>de</strong> H.L.Jarrige, les programmateurs qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réunion au SGGCVN <strong>en</strong> profitai<strong>en</strong>t pour passer aussi àl’IAURP et discuter avec D<strong>en</strong>ise Ragu.Comme nous l’avons pointé plus haut, <strong>en</strong> 1978 est réalisé par l’IAURIF sous la direction <strong>de</strong> VictorChom<strong>en</strong>tovski, François Pechon, et Charles Roscian un gros travail d’évaluation <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>cours avec une étu<strong>de</strong> assez poussée sur les modalités <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts plurifonctionnels 39 .De façon similaire à l’étu<strong>de</strong> inaugurale <strong>de</strong> D. Ragu, on retrouve une démarche comparative par rapport à<strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces hors <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (c’est un peu la marque <strong>de</strong> fabrique <strong>de</strong> l’IAURP) et une volonté <strong>de</strong>circonscrire une problématique technique qui ne se limite pas à un terme qui ferait écran à l’analyse. Onparle donc non pas d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés mais d’équipem<strong>en</strong>ts multifonctionnels. La recherche quirepose sur l’étu<strong>de</strong> monographique <strong>de</strong> onze cas, fait la part belle aux équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels(Maisons <strong>de</strong> quartier du Chantier du Coq à Evry et <strong>de</strong>s Touleuses à Cergy, CEC du Vaudreuil). Elle nese limite pas à une simple analyse <strong>de</strong>s problèmes administratifs <strong>de</strong> gestion mais développe pour chaquesite une analyse assez poussée <strong>de</strong> la configuration spatiale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et une analyse <strong>de</strong>sprincipaux disfonctionnem<strong>en</strong>ts.En mettant <strong>en</strong> avant les problèmes <strong>de</strong> gestion quotidi<strong>en</strong>ne et d’usage, cette étu<strong>de</strong> manifeste <strong>en</strong> fait untournant dans l’approche <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Ceux-ci ne sont plus seulem<strong>en</strong>t affaire <strong>de</strong> définitionabstraite mais il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t surtout l’affaire <strong>de</strong>s collectivités qui les pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge dans leurfonctionnem<strong>en</strong>t. Ce changem<strong>en</strong>t d’optique qui est <strong>en</strong> phase avec l’évolution administrative et politique<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong>s communes et <strong>de</strong>s syndicats d’agglomération) semanifeste aussi dans un ouvrage <strong>de</strong> la docum<strong>en</strong>tation française réalisé quelque temps après sur lemême principe intitulé « Gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts plurifonctionnels » (avec une approchemonographique, notamm<strong>en</strong>t sur la maison pour tous <strong>de</strong>s Roches à l’Isle d’Abeau) 40 .I.2 – La mobilisation transversale au niveau <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s:I.2.1 – Les équipes pluridisciplinaires <strong>de</strong>s Etablissem<strong>en</strong>ts Publics d’Aménagem<strong>en</strong>tLes équipes d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sont clairem<strong>en</strong>t désignées, notamm<strong>en</strong>t par la circulaireministérielle <strong>de</strong> 1973 comme étant les instances les mieux placées pour assurer l’unicité <strong>de</strong> la maîtrised’ouvrage, gage <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong>s opérations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés.Au sein <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>s Missions d’Aménagem<strong>en</strong>ts puis <strong>de</strong>s Etablissem<strong>en</strong>ts Publics, outre lesdirecteurs d’établissem<strong>en</strong>t qui ont pu jouer un rôle initiateur dans l’adoption <strong>de</strong> la formule (ce fut le cas<strong>de</strong> Pierre Carle à Marne-la-Vallée), <strong>de</strong>ux types d’acteur professionnel vont principalem<strong>en</strong>t investir lanotion opérationnelle d’intégration, il s’agit d’une part <strong>de</strong>s architectes-urbanistes et d’autre part d’un<strong>en</strong>ouvelle famille <strong>de</strong> professionnels qui s’affirme <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, à savoir les programmateurs.Les architectes-urbanistes tout d’abord, tels Michel Mottez à Evry, Michel Macary, Thierry Gruberet Ameyric Zubl<strong>en</strong>a à Marne-la-Vallée, Clau<strong>de</strong> Vasconi et Georges P<strong>en</strong>creac’h à Cergy-Pontoise,38 Voir Ragu D<strong>en</strong>ise, « Politiques et Pratiques <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>en</strong> France ». Paris, IAURIF, mars 1981.39 IAURIF (Victor Chom<strong>en</strong>towski, François Pechon, Charles Roscion), « Conception et expérim<strong>en</strong>tation d’un système <strong>de</strong>contrôle <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts pluri-fonctionnels <strong>de</strong> superstructure » Rapport établi pour le compte duMinistère <strong>de</strong> l’Intérieur, <strong>de</strong> la Direction Générale <strong>de</strong>s Collectivités locales et du SGGCVN, Paris, 1976-78.40 « Gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts plurifonctionnels » in Dossier les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, La Docum<strong>en</strong>tation Française, 1980.17


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IPhilippe Deslan<strong>de</strong>s à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines ou <strong>en</strong>core Gérard Thurnauer au Vaudreuil ont fortem<strong>en</strong>tinvesti dans un premier temps le procédé.Avant qu’elle ne s’impose dans le registre <strong>de</strong> l’innovation sociale, la notion d’intégration est exploitéedans le domaine urbanistique. L’intégration <strong>de</strong> même que « l’ouverture » et la « pluridisciplinarité » fontpartie <strong>de</strong> ces mots clés qui marqu<strong>en</strong>t la détermination d’une génération à rompre avec les métho<strong>de</strong>santérieures <strong>de</strong> planification urbaine et avec la ségrégation <strong>de</strong>s fonctions induite par la Charte d’Athènes.On trouve les sources <strong>de</strong> cette mobilisation dans la contestation m<strong>en</strong>ée au sein <strong>de</strong>s CIAM par le groupeTeam X.La constitution <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> l’architecte-urbaniste <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, figure influ<strong>en</strong>cée à la fois par l’école<strong>de</strong> la société française <strong>de</strong>s urbanistes (Prost, Jaussely, Agache, Greber…) et par la figure mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>l’architecte-urbaniste (celle <strong>de</strong> Le Corbusier, <strong>de</strong> Perret) est un processus intéressant et complexe. Dansle cadre limité <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, on peut souligner les points suivants :- Ces architectes-urbanistes sont particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles au « cont<strong>en</strong>u » et sollicit<strong>en</strong>t lesprofessionnels <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces humaines (au Vaudreuil, à Marne-la-Vallée, à l’Isle d’Abeau, etc…).L’intérêt <strong>de</strong>s architectes urbanistes pour la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré manifeste l’importanceprise par les sci<strong>en</strong>ces humaines dans la pratique architecturale. C’est le cas pour P. Riboulet et G.Thurnauer au Vaudreuil, c’est le cas aussi pour Michel Macary à Marne-la-Vallée. Il faut souligner <strong>de</strong>ce point <strong>de</strong> vue le rôle formateur ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> l’IAURP pour les architectes urbanistes qui y sontpassés (voir les témoignages <strong>de</strong> Macary et <strong>de</strong> Lécureuil <strong>en</strong> annexe), sur la prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>scont<strong>en</strong>us, sur l’importance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>en</strong> amont, sur le rôle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dansl’animation et la structuration du c<strong>en</strong>tre, sur l’approche comparative par rapport aux expéri<strong>en</strong>cesétrangères.- Les architectes-urbanistes apport<strong>en</strong>t une culture du projet architectural (principe <strong>de</strong> superposition<strong>de</strong>s calques, principe d’exploration <strong>de</strong> plusieurs solutions, principe <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong>sprogrammes <strong>en</strong> fonctions) qui a pu servir <strong>de</strong> modèle pour la pratique <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>s EPA. C’est lepropos développé notamm<strong>en</strong>t par Jacques Ralite : « Tous appr<strong>en</strong>dront à vivre un mom<strong>en</strong>t importantdans toute prise <strong>de</strong> décision <strong>de</strong> quelque nature qu’elle soit, celui <strong>de</strong> la « prise <strong>de</strong> parti ». Spécifiqueà la création architecturale, mais fort <strong>en</strong>richissante pour toute autre discipline, cette démarcheconsiste, dans tout domaine où une simple optimisation quantifiable (économétrique, modélisée) n’apas <strong>de</strong> s<strong>en</strong>s, à « poser <strong>de</strong>s calques » c'est-à-dire à élaborer une série <strong>de</strong> synthèses subjectives, <strong>en</strong>se gardant comme le font trop souv<strong>en</strong>t les esprits exacts <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s décisions complexes, <strong>de</strong>considérer la première synthèse comme la bonne. » 41A côté <strong>de</strong>s architectes urbanistes, l’importance prise par les sci<strong>en</strong>ces humaines dans la planificationurbaine se manifeste par le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation et l’affirmation d’une <strong>nouvelle</strong>catégorie <strong>de</strong> professionnels, les programmateurs.Inhér<strong>en</strong>ts au processus d’intégration <strong>de</strong>s programmes, la réflexion sur les normes, sur leur adéquationaux usages, l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> redéfinition <strong>de</strong>s besoins, <strong>de</strong>s fonctions et <strong>de</strong>s li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre services, suscit<strong>en</strong>t ledéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> concertation et l’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> celui que Martine Rivet dans sonétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1978 (financée comme nous l’avons vu par le SGGCVN) définit comme un « médiateur » et un« animateur » 42 . Les démarches <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s normes nationales confort<strong>en</strong>t aussi le rôle <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s préliminaires, <strong>en</strong> amont <strong>de</strong> la conception formelle, étu<strong>de</strong>s traitées par les équipes <strong>de</strong>programmation <strong>de</strong>s EPA 43 .André Darmagnac à Evry, Bertrand Ousset à Marne-la-Vallée, Jean-Clau<strong>de</strong> M<strong>en</strong>ighetti à Cergy, BertrandAvril relayé par Marie-Hélène Bacot-Norvès à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, et H<strong>en</strong>ri-Charles Barnè<strong>de</strong>s àMelun-Sénart, ceux que J. Giusti id<strong>en</strong>tifie comme les «piliers » <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s programmateursd’équipem<strong>en</strong>ts collectifs, piliers <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong> France auxquels il faudrait ajouter les programmateurs <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> province comme Thierry Toulemon<strong>de</strong> à l’Isle-d’Abeau, Anne-Marie H<strong>en</strong>riot à Fos-Etang<strong>de</strong> Berre, Gérard Héliot et Anne Hublin au Vaudreuil, A. Fabry et Mlle Daill<strong>en</strong>court à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq,tous ont fait leurs premières armes sur la programmation d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés.Ces programmateurs ont <strong>de</strong>s origines et <strong>de</strong>s formations diverses. Dans ceux que nous avons r<strong>en</strong>contrésquatre formations domin<strong>en</strong>t que l’on peut aisém<strong>en</strong>t rattacher à <strong>de</strong>s facettes du métier:41 J.C. Ralite, « Les hommes et les équipes » in « La capitalisation <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce française <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s »,Texte dactyl., projet <strong>de</strong> livre, 1987 [AD <strong>de</strong> l’Eure, 1474W124].42 Martine Rivet. Op. cit., p13.43 L’article <strong>de</strong> Bertrand Ousset dans Techniques et Architecture (n°318, février 1978) intitulé « la programmation, unmétier », détaille ce développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation dans le domaine <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs.18


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE I- Sci<strong>en</strong>ces Politiques (Ousset, Giusti) est une formation adaptée aux démarches duprogrammateur tournées vers les institutions, vers les administrations- Géographe, pour une approche du territoire dérivée <strong>de</strong> la « géographie humaine » (telque Darmagnac recruté pour sa compét<strong>en</strong>ce sur le territoire <strong>de</strong> Corbeil-Essonnes),- Sociologue pour l’appréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s besoins et les métho<strong>de</strong>s d’<strong>en</strong>quête vis-à-vis <strong>de</strong> lapopulation (Machu, Hublin, Héliot)- Architecte pour la prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> la dim<strong>en</strong>sion spatiale dans l’élaboration <strong>de</strong>sprogrammes (Lécureuil).La mobilisation du programmateur autour <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> revêt<strong>de</strong>ux dim<strong>en</strong>sions, elle concerne d’une part un domaine privilégié d’interv<strong>en</strong>tion qui est l’équipem<strong>en</strong>tcollectif et elle concerne d’autre part une pratique transversale, reliant, associant les approches au sein<strong>de</strong>s EPA et <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors (relations avec les collectivités). L’approche <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> programmation <strong>en</strong><strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par Martine Rivet distingue bi<strong>en</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>jeux 44 :- une approche spécifique liée à la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics, conséqu<strong>en</strong>ce durôle <strong>de</strong> maîtrise d’ouvrage déléguée assurées par les EPA vis-à-vis <strong>de</strong>s collectivités.La prise <strong>en</strong> charge <strong>de</strong>s travaux correspondant à la délégation <strong>de</strong> maîtrise d’ouvragec<strong>en</strong>tre l’activité du programmateur sur la programmation architecturale et fond <strong>de</strong> lui un« pilote » qui fait franchir les étapes administratives et financières à un dossierd’équipem<strong>en</strong>t.- une acception large <strong>de</strong> la programmation comme approche globale allant à l’<strong>en</strong>contre<strong>de</strong>s découpages par spécialités du processus d’aménagem<strong>en</strong>t urbain : « Ainsilorsqu’on parle <strong>de</strong> fonction <strong>de</strong> programmation, c’est <strong>en</strong> fait à l’<strong>en</strong>semble du travail <strong>de</strong>la structure d’aménagem<strong>en</strong>t qu’il faudrait se référer » 45 Suivant la logique d’innovationet <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s normes, cette approche qualitative et réflexive quiapprofondie les <strong>en</strong>jeux théoriques autour <strong>de</strong> la question du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la viesociale correspond à la une conception élargie <strong>de</strong> la programmation définie comme« programmation urbaine ».Au croisem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> production massive d’équipem<strong>en</strong>ts « adaptés » et l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> réflexionglobale sur l’animation urbaine, l’intégration est surtout une notion autour <strong>de</strong> laquelle se construit lacohésion et le travail <strong>en</strong> commun au sein <strong>de</strong>s EPA c'est-à-dire la fameuse pluridisciplinarité. Commel’ont montré les interviews que nous avons réalisé -le témoignage <strong>de</strong> Jarrige notamm<strong>en</strong>t sur les« urbanodrames » organisés toutes les semaines à l’Epévry au cours <strong>de</strong>squels chaque professionnelprés<strong>en</strong>tait un projet 46 - le caractère « ouvert » <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s EPA <strong>en</strong>courageait un échangeperman<strong>en</strong>t et informel <strong>en</strong>tre professionnels.I.2.2 – Bureaux d’étu<strong>de</strong>s et associationsUne <strong>de</strong>s originalités et non <strong>de</strong>s moindres <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> programmation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> estl’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> bureaux d’étu<strong>de</strong> extérieurs qui se sont spécialisés dans la réflexionsur les équipem<strong>en</strong>ts collectifs et qui ont contribué à la diffusion <strong>de</strong>s nouveaux modèles <strong>en</strong> lamatière. Le rôle et la position <strong>de</strong> ces bureaux d’étu<strong>de</strong>s extérieurs mériterait <strong>en</strong> soi une recherche à part<strong>en</strong>tière. On peut citer pour les plus importants <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés le BERU, Quaternaire44 Martine Rivet id<strong>en</strong>tifie quatre points principaux définissant l’activité <strong>de</strong> programmation:- l’approche pluridisciplinaire, née au sein <strong>de</strong> l’IAURP selon M. Rivet « d’un manque <strong>en</strong>tre ceux qui figur<strong>en</strong>tet ceux qui réfléchiss<strong>en</strong>t »- une fonction <strong>de</strong> charnière ou <strong>de</strong> médiateur permettant d’assurer la cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la réflexion et latraduction <strong>en</strong> projet.- une production <strong>de</strong> normes à partir d’un positionnem<strong>en</strong>t par rapport aux normes nationales. Cepositionnem<strong>en</strong>t développe <strong>de</strong>ux adaptations, une adaptation par rapport à un contexte local et uneadaptation par rapport à une approche globale.- Un programmateur « animateur » par rapport à <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong> extérieurs spécialisés45 Ibid., p18.46 H.L. Jarrige, annexe 02, p40.19


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IEducation, le CERFI, le Groupe <strong>de</strong> Sociologie Urbaine ou <strong>en</strong>core la SCOOPER 47 . Entre la forme la plusclassique, émanation <strong>de</strong> la Caisse <strong>de</strong>s Dépots, tel que le BERU (qui s’inscrit un peu dans la lignée duCEDER) et la forme la plus subversive dans la mouvance <strong>de</strong> 68 à savoir le CERFI créé par Félix Guattari,on va trouver tout une série d’organismes indép<strong>en</strong>dants qui vont alim<strong>en</strong>ter, conforter ou infléchir lediscours sur l’intégration et l’approche globale <strong>de</strong>s services, sur leur ouverture et sur leur coordination,sur la participation <strong>de</strong>s usagers.Dans le cadre <strong>de</strong> la recherche (voir chapitres suivants) nous nous sommes plus particulièrem<strong>en</strong>tintéressé à <strong>de</strong>ux parcours, celui d'un bureau d’étu<strong>de</strong> « sérieux », QUATERNAIRE EDUCATIONdéveloppant avec constance un savoir-faire et un « savoir opératoire » autour <strong>de</strong> la programmationd’équipem<strong>en</strong>ts éducatifs (au s<strong>en</strong>s large) sur un terrain privilégié qui est celui <strong>de</strong> Marne-la-Vallée 48 , etcelui d’un bureau d’étu<strong>de</strong> plus atypique, le CERFI qui a développé à partir <strong>de</strong> concepts dérivés <strong>de</strong> lapsychanalyse (la notion d’ « investissem<strong>en</strong>t inconsci<strong>en</strong>t du champ social », la notion <strong>de</strong> « psychologieinstitutionnelle », ou <strong>en</strong>core les notions « d’objets <strong>de</strong> travail » et « d’objets érotiques ») une critique <strong>de</strong> laplanification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs et une démarche expérim<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> « programmationinstitutionnelle » <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong> particulier dans le domaine <strong>de</strong> l’hygiène m<strong>en</strong>tale et dans celui <strong>de</strong> lapetite <strong>en</strong>fance.A côté <strong>de</strong> ces bureaux d’étu<strong>de</strong>, on va trouver parmi les interv<strong>en</strong>ants extérieurs un certain nombred’associations ayant poussé assez loin une démarche <strong>de</strong> théorisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés 49 . Laplus connue est l’Association pour <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la Petite Enfance animée par une anci<strong>en</strong>neinstitutrice Françoise L<strong>en</strong>oble-Prédiné. De façon un peu similaire à la Fondation pour le Développem<strong>en</strong>tCulturel mais <strong>de</strong> manière plus efficace et opérationnelle, cette association créée <strong>en</strong> 1968 s’est faitconnaître par l’organisation d’une exposition à l’INRDP (Institut National <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong>Docum<strong>en</strong>tation Pédagogique) et par l’établissem<strong>en</strong>t d’une brochure intitulée « Pour <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> laPetite Enfance » . Elle va développer comme nous le verrons plus loin, une réflexion assez poussée <strong>en</strong>particulier sur le thème <strong>de</strong> la spatialisation <strong>de</strong>s exig<strong>en</strong>ces éducatives <strong>en</strong> faisant interv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s architectespour formaliser les dispositions modèles préconisées [voir FIG. 18] . Fort <strong>de</strong> ce bagage qui traite à lafois <strong>de</strong>s considérations pédagogiques et <strong>de</strong>s considérations spatiales, l’association s’impose comme unpart<strong>en</strong>aire incontournable dans la programmation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, on la retrouveassociée à la conception du CPE <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s 7 mares à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines,<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’Arche-Guédon à Marne-la-Vallée, etc.D’autres acteurs associatifs intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin sur le sujet <strong>en</strong> liaison avec les équipes d’aménageurs <strong>de</strong>sEPA, ce sont les équipes <strong>de</strong> pré-animation. Celle-ci sont c<strong>en</strong>sées participer activem<strong>en</strong>t au travail<strong>de</strong> programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Ce fut le cas du groupe Organon à Saint Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>Yvelines qui rédigea un certain nombre d’ori<strong>en</strong>tations pour les équipem<strong>en</strong>ts du quartier d’Elancourt-Maurepas 50 . Cep<strong>en</strong>dant l’investissem<strong>en</strong>t sur le sujet est très variable suivant les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, leséquipes <strong>de</strong> préanimation ont souv<strong>en</strong>t adopté une position très critique vis-à-vis <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts quifig<strong>en</strong>t l’animation et il ne reste au final que peu <strong>de</strong> traces <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> ces équipes dans lesprocessus <strong>de</strong> planification.I.2.3 – La mobilisation <strong>de</strong>s administrations déconc<strong>en</strong>trées47 Les principaux bureaux d’étu<strong>de</strong> sollicités sur le sujet <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs sont les suivants :− ABCD− l’AREA (Fondation pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel)− le BERU (Bureau d’Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> Réalisations Urbaines)− le CERFI (C<strong>en</strong>tre d’Etu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong> Formation Institutionnelle)− Groupe <strong>de</strong> Sociologie Urbaine (GSU, Lyon)− Quaternaire éducation− La SCOOPER48 Guy Le Boterf, « Le savoir créé par les pratici<strong>en</strong>s : l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Quaternaire Education », in Education Perman<strong>en</strong>te,n°80, 1985, p77-82.49 Martine Rivet cite aussi parmi les organismes d’étu<strong>de</strong> actifs <strong>en</strong> Ville Nouvelle, l’Association pour une politique <strong>de</strong> la petite<strong>en</strong>fance <strong>de</strong> F. L<strong>en</strong>oble-Predine, l’ALU (Association pour les Loisirs Urbains) et le GERSPA (pour les personnes agées). Op.cit.50 Organon, op. cit.20


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IDu fait <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts concernés par la formule <strong>de</strong> l’intégration et du fait du mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>déconc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s décisions et <strong>de</strong>s <strong>en</strong>veloppes budgétaires <strong>en</strong>gagées par l’Etat, la plupart <strong>de</strong>sprogrammes et <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts impliqués dans les opérations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés relèv<strong>en</strong>td’instances régionales ou départem<strong>en</strong>tales. A l’exception <strong>de</strong> quelques élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmeparticuliers relevant <strong>en</strong>core directem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s administrations c<strong>en</strong>trales (équipem<strong>en</strong>ts culturelsprincipalem<strong>en</strong>t), ces instances jou<strong>en</strong>t donc un rôle croissant dans la validation <strong>de</strong>s opérations.La région ou le départem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t donc se donner pour rôle <strong>de</strong> rassembler et <strong>de</strong> coordonner lesfinancem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Ainsi Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r, <strong>en</strong> charge du « service <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts collectifs » au district <strong>de</strong> la région Ile <strong>de</strong> France, a-t-il été un <strong>de</strong>s protagonistes <strong>de</strong> laplanification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés, participant comme on l’a vu à la commission interministérielle. Ila développé ce rôle <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong> la Région par rapport aux différ<strong>en</strong>tes administrations, <strong>de</strong> façonsimilaire et complém<strong>en</strong>taire à l’action <strong>de</strong> la Commission Interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrées ouà celle du SGGCVN (avec cet état d’esprit <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ant et débrouillard <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s colonies qu’il asouligné lors <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> qu’il nous a accordé 51 ).Cette politique s’est traduite <strong>en</strong> région Ile <strong>de</strong> France par la mise <strong>en</strong> place d’une ligne budgétairespécialem<strong>en</strong>t affectée au financem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés 52 .Concrètem<strong>en</strong>t le rôle coordonnateur <strong>de</strong> la Préfecture <strong>de</strong> région s’est surtout exercé <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> dansle domaine spécifique <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> loisirs 53 .Au niveau départem<strong>en</strong>tal, ce sont les inspecteurs départem<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> la Jeunesse et Sports et aussi lesinspecteurs d’académie qui ont été très prés<strong>en</strong>ts dans les démarches d’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s programmesexpérim<strong>en</strong>taux. Leur mobilisation a été relayée par les Missions d’Education Perman<strong>en</strong>te, lesquelles ontété mises <strong>en</strong> place dans chaque <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par l’Education Nationale et sont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ues <strong>de</strong>s acteursimportant <strong>de</strong> la politique d’animation <strong>de</strong>s nouveaux quartiers.Enfin, au niveau local d’autres part<strong>en</strong>aires administratifs ont été aussi très impliqués, ce sont lesCaisses d’Allocations Familiales et la DDASS.I.2.4 – Les mobilisations communale et intercommunaleEn ce qui concerne l’échelon politique local, le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>manifeste un paradoxe. En théorie l’équipem<strong>en</strong>t intégré est un dispositif dérogatoire qui s’accor<strong>de</strong> avecune plus gran<strong>de</strong> autonomie <strong>de</strong>s acteurs locaux <strong>en</strong> offrant la possibilité <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s normesnationales: C’est ainsi qu’il est appréh<strong>en</strong>dé par Guy Saez à partir <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble, commedispositif qui requiert une conception <strong>de</strong> l’autonomie locale 54 , et c’est ainsi aussi qu’il est prés<strong>en</strong>té dansla circulaire du 19 nov. 1973 55 .Dans le cas <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, cette liberté est exploitée principalem<strong>en</strong>t au départ par les missions etles EPA et elle échappe aux communes préexistantes. On <strong>en</strong> arrive ainsi au paradoxe que l’équipem<strong>en</strong>tintégré a pu symboliser au contraire dans la plupart <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s le pouvoir technocratique et sanspartage <strong>de</strong>s EPA et la position <strong>de</strong> cobaye <strong>de</strong>s habitants (c’est le cas <strong>de</strong> façon flagrante pour l’Agora51 Interview <strong>de</strong> J. Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r, annexe 02, op. cit., p 105.52 Le budget <strong>de</strong> la Région Ile <strong>de</strong> France comporte jusque <strong>en</strong> 1982 une ligne budgétaire spécifiquem<strong>en</strong>t dédiée auxéquipem<strong>en</strong>ts intégrés (chapitre 916-4, « Equipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>de</strong>s Villes Nouvelles»)53 Les bases <strong>de</strong> loisirs « concern<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nombreux services, ceux <strong>de</strong> la jeunesse, <strong>de</strong>s sports et <strong>de</strong>s loisirs, mais aussi ceux<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (…), <strong>de</strong> l’agriculture (…), <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t (…), du tourisme, <strong>de</strong>s affaires culturelles (…), ou <strong>de</strong>l’industrie (…). Dès lors la mission <strong>de</strong> la Préfecture <strong>de</strong> région apparaît dans toute sa complexité : rassembler <strong>de</strong>sapproches diverses afin <strong>de</strong> satisfaire une exig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te, tant physique que morale, que le citadin perçoit comme untout. » in Préfecture <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, « La Région Parisi<strong>en</strong>ne, 4 années d’aménagem<strong>en</strong>t et d’équipem<strong>en</strong>t –1969-1972 », texte dactyl., 21 janvier 1973 [archives J. Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r].54 « L’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts suppose la satisfaction <strong>de</strong> besoins multiples dans une perspective d’animation globale,par <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles d’équipem<strong>en</strong>ts aux fonctions nombreuses et diversifiées mais dont l’unité <strong>de</strong> conception et <strong>de</strong> gestionest la qualité majeure. Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne peut être réellem<strong>en</strong>t maîtrisée qu’au niveau local par une instance apte à définirla nature et l’ampleur <strong>de</strong>s besoins réels (...) De ce point <strong>de</strong> vue, l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts implique l’accroissem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s pouvoirs réels <strong>de</strong>s collectivités locales. Réciproquem<strong>en</strong>t, cette déc<strong>en</strong>tralisation qui développerait leur pouvoird’initiative suppose que dans la programmation notamm<strong>en</strong>t ces collectivités locales puiss<strong>en</strong>t nouer le dialogue avec uninterlocuteur unique à l’échelon c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong>s administrations ». Jean A<strong>de</strong>r, L’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts éducatifs etculturels <strong>en</strong> France. Colloque <strong>de</strong> Yerres, Paris AREA, 1970. Cité par Guy Saez dans Innovation difficile, dominationaléatoire : les équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Op. cit., p33.55 « Les administrations concernées souhait<strong>en</strong>t : le mainti<strong>en</strong> d’une initiative émanant <strong>de</strong> la collectivité locale, (commune,syndicat <strong>de</strong> communes, communauté urbaine) ou pour les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, <strong>de</strong>s missions d’aménagem<strong>en</strong>t ouétablissem<strong>en</strong>ts publics ». Circulaire du 19 novembre 1973, op. cit.21


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE Id’Evry dénoncée avec virul<strong>en</strong>ce par la gauche locale et aussi pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche Guédon à Marnela-Vallée).Dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, comme dans le quartier <strong>de</strong>s pyrami<strong>de</strong>s à Evry ou aux 7 mares à StQu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, la politique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés s’articule avec le développem<strong>en</strong>t dans unesprit pionnier <strong>de</strong> la« société civile » et <strong>de</strong>s associations, relayant ainsi ce que Pierre Moulinier appellela méfiance <strong>de</strong> l’Etat Gaulli<strong>en</strong> vis-à-vis <strong>de</strong>s « intérêts mesquins <strong>de</strong> la société locale » et vis-à-vis <strong>de</strong>snotables 56 .Une mobilisation à rebours <strong>de</strong>s communes traditionnellesLe phénomène <strong>de</strong> rejet, la réaction <strong>de</strong>s édiles traditionnelles, se manifest<strong>en</strong>t <strong>de</strong> manière particulièrem<strong>en</strong>tvirul<strong>en</strong>te lors du changem<strong>en</strong>t politique consécutif aux élections <strong>de</strong> 1977.L’exemple le plus connu <strong>de</strong> ce phénomène est celui d’Evry. Les témoignages <strong>de</strong> M. Mottez et <strong>de</strong> A.Darmagnac sur le sujet sont éloqu<strong>en</strong>ts. L’opposition <strong>en</strong>tre la MJC du vieil Evry, bastion <strong>de</strong> la gauche etles nouveaux équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels produit par la droite technocratique va neutraliser la réflexionsur la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels. Arrivée au pouvoir <strong>en</strong> 1977, la gauche vas’appliquer à dénoncer systématiquem<strong>en</strong>t ces équipem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> utilisant <strong>de</strong>s argum<strong>en</strong>ts parfois àl’opposé <strong>de</strong> ceux qui ont pu <strong>en</strong>gager ailleurs certains maires progressistes dans l’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés (comme à Gr<strong>en</strong>oble par exemple).Le rejet <strong>de</strong>s solutions jugées technocratiques est aussi souv<strong>en</strong>t le rejet <strong>de</strong>s solutions jugées tropmo<strong>de</strong>rnistes. La commune qui préexiste à la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> incarne alors la tradition, le modèle patrimonialet villageois. Ainsi à l’Isle-d’Abeau, l’évolution <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> force <strong>en</strong>tre communes appart<strong>en</strong>ant auterritoire <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> s’accompagne d’une évolution idéologique très marquée dans l’approche <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts socioculturels (voir interview <strong>de</strong> Bernard Millerioux <strong>en</strong> annexe) :- la situation initiale <strong>de</strong>s années 75-85 correspond au développem<strong>en</strong>t d’une commune neuve,Villefontaine. Le champ politique est dominé par les nouveaux élus <strong>de</strong> cette commune dont lesélus prédominant au syndicat d’agglomération sont <strong>en</strong> phase avec la politique expérim<strong>en</strong>tale surl’urbanisation et sur les équipem<strong>en</strong>ts collectifs que préconise l’EPIDA.- La situation change à partir <strong>de</strong>s années 85 avec une <strong>nouvelle</strong> commune <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>tdominante l’Isle-d’Abeau, qui va développer une approche radicalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> la question<strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts. Cette <strong>nouvelle</strong> approche se caractérise par les traits suivants :- La valorisation du «village » et du patrimoine anci<strong>en</strong>. Alors que les élus <strong>de</strong>Villefontaine avai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>u à ce que leur nouvel hôtel <strong>de</strong> <strong>ville</strong> soit construit dansles quartiers neufs, à l’Isle-d’Abeau, le village avec sa Mairie Ecole reste lec<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> gravité du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la commune et il conc<strong>en</strong>tre la plupart<strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sociaux et culturels.- La mise à l’écart <strong>de</strong> l’EPIDA <strong>en</strong> ce qui concerne la programmation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts atypiques ayant une forte charge idéologique à savoir leséquipem<strong>en</strong>ts sociaux et culturels sans qu’il y ait véritablem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> relais dans larecherche <strong>de</strong> nouveaux lieux à même <strong>de</strong> dynamiser la vie sociale 57 .En même temps cette mobilisation à rebours <strong>de</strong>s communes est loin d’être systématique et certainescommunes ont pu emboîter le pas <strong>de</strong>s EPA. Car 1977 c’est aussi le mom<strong>en</strong>t où les premiers habitants<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s élus. Comme nous l’ont rappelé M. Mottez et H-L Jarrige, ceshabitants, y compris les professionnels <strong>de</strong>s EPA qui s’install<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Ville Nouvelle sont aussi <strong>de</strong>smilitants imprégnés d’idéal socioculturel. Ils contribu<strong>en</strong>t à alim<strong>en</strong>ter une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>programmation innovante et s’investiss<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t dans les démarches <strong>de</strong> concertation (exemplesdu quartier <strong>de</strong>s Aunettes à Evry ou <strong>de</strong> Villefontaine à l’Isle d’Abeau que nous abordons plus loin).56 Pierre Moulinier, « L’Etat et les équipem<strong>en</strong>ts culturels (1959-1995) » in Les annales <strong>de</strong> la recherche urbaine, mars1996, n°70.57 « J’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’ici du côté <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et <strong>de</strong> l’EPA, il a eu un appauvrissem<strong>en</strong>t sur ces sujets là. Moi je metsça un peu sur le compte du poids <strong>de</strong> l’opérationnel, <strong>en</strong> même temps du fait que si on s’avance sur ces terrains là, on estassez rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t barré par les élus qui nous dis<strong>en</strong>t : « mêlez-vous <strong>de</strong> ce qui vous regar<strong>de</strong> ». Mais <strong>en</strong> même temps lesélus <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ne rempliss<strong>en</strong>t pas le créneau. J’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t quand même que le système <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> tel qu’il aété bâti a eu comme sous-produit négatif <strong>de</strong> mettre les élus <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> dans une espèce <strong>de</strong> cocon qui fait que pourcertains d’<strong>en</strong>tre eux, les choses leurs sont dues. Ca va v<strong>en</strong>ir comme ça, c’est soit à l’Etat <strong>de</strong> donner, soit à l’Etat <strong>de</strong> dire cequ’il faudrait faire, soit à d’autres <strong>en</strong> tous cas d’inv<strong>en</strong>ter les concepts, d’inv<strong>en</strong>ter les projets. Alors qu’<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> droitcommun les élus sav<strong>en</strong>t <strong>de</strong>puis toujours qu’il faut se pr<strong>en</strong>dre par la main, que la production d’idées c’est à eux <strong>de</strong> l’initier,d’aller chercher les solutions. »Interview <strong>de</strong> Bernard Millerioux par A. Korganow, le 22/11/2004, annexe 02, p85.22


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE ILa mobilisation <strong>de</strong>s syndicats d’agglomérationLes syndicats d’agglomération (SCAAN puis SAN) constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> théoriel’instance politique locale à priori idéale pour développer la politique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés à partirnotamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’intercommunalité. Un <strong>de</strong>s objectifs premiers du CEC <strong>de</strong> Yerresétait, rappelons-le, <strong>de</strong> mutualiser pour un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> communes <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts que chacune neserait pas <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> se payer.De fait et comme nous le décrivons plus loin à partir <strong>de</strong> l’exemple <strong>de</strong> l’Isle d’Abeau, les syndicatsd’agglomération vont s’efforcer <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge les politiques globales d’animation culturelle <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. A travers la constitution <strong>de</strong> services spécifiques et <strong>de</strong> commissions qui récupèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>sactivités auparavant assurées par les EPA, ces <strong>nouvelle</strong>s instances locales vont s’impliquer <strong>de</strong> plus <strong>en</strong>plus dans la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs.Mais le schéma idéal d’une <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong>tité politique intercommunale pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> charge la productiond’équipem<strong>en</strong>ts collectifs multifonctionnels capable d’incarner l’id<strong>en</strong>tité <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> peine às’imposer face à <strong>de</strong>s communes qui souhait<strong>en</strong>t d’abord conforter leur propre id<strong>en</strong>tité. C’est le constatque fait J.P. Quiles: « Comme l’intégration pour les équipem<strong>en</strong>ts, l’intercommunalité est trop artificiellepour se concrétiser spontaném<strong>en</strong>t et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un effort particulier, un exercice du pouvoir plussouple… » 58 . La définition <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif est prise alors dans un système <strong>de</strong> rapports <strong>de</strong> force<strong>en</strong>tre l’EPA, le SAN et les communes, ce qui fait que personne ne se risque à expérim<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>sformes <strong>de</strong> programmation (voir à ce sujet le témoignage <strong>de</strong> G. Machu <strong>en</strong> annexe).De ce point <strong>de</strong> vue, la difficulté prés<strong>en</strong>tée par la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré est aussi d’associerdans une même <strong>en</strong>tité <strong>de</strong>s programmes correspondant à <strong>de</strong>s échelles urbaines différ<strong>en</strong>tes, un c<strong>en</strong>tresocial s’adressant au quartier avec un c<strong>en</strong>tre culturel à vocation intercommunale par exemple. Larépartition <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les syndicats d’agglomération et les communes finit par conforter ladivision sectorielle antérieure <strong>en</strong>tre les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diffusion culturelle et les équipem<strong>en</strong>ts socioéducatifs.Aux SAN revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les scènes nationales, les médiathèques, les écoles nationales <strong>de</strong>musiques, les gran<strong>de</strong>s salles <strong>de</strong> rock, aux communes revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les maisons <strong>de</strong> quartier, les MJC, lesbibliothèques, les salles polyval<strong>en</strong>tes.C’est ce phénomène que souligne G<strong>en</strong>eviève Machu dans le cas <strong>de</strong> Marne-la-Vallée. L’équipem<strong>en</strong>tcollectif pâtit <strong>de</strong> l’apparition dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> nouveaux clivages qui succèd<strong>en</strong>t ou s’ajout<strong>en</strong>taux précéd<strong>en</strong>ts. Cette sectorisation r<strong>en</strong>force la désaffection dans les années 80 pour le principed’intégrationPour l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> ces acteurs c<strong>en</strong>traux et locaux que nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong> décrire rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, nous voyonsque l’équipem<strong>en</strong>t intégré constitue d’abord un lieu <strong>de</strong> débat. Ces acteurs se retrouv<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong>s grandmessesqui <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t cette « mobilisation » <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, les colloques <strong>de</strong> Yerres <strong>en</strong> 1970, lecolloque <strong>de</strong> Marly-le-Roi <strong>en</strong> 1973, ainsi que les grands concours d’urbanisme au premier rang <strong>de</strong>squelsle concours d’Evry I <strong>en</strong> 1971.Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> débat, l’équipem<strong>en</strong>t intégré va constituer le premier support <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’une activité relativem<strong>en</strong>t neuve, celle <strong>de</strong> la programmation. Comm<strong>en</strong>t s’articul<strong>en</strong>t ces<strong>de</strong>ux champs d’innovation rev<strong>en</strong>diqués comme tels par les promoteurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, c’est ce qu<strong>en</strong>ous allons examiner maint<strong>en</strong>ant.58 Jean-Pascal Quilès, « Villes <strong>nouvelle</strong>s, culture et intercommunalité. La création <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, un champ privilégiépour l’action culturelle ? », DESS « direction <strong>de</strong> projets culturels » université Pierre M<strong>en</strong>dès-France, IEP <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble, 1994,p172.23


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IICHAPITRE IIL’EQUIPEMENT INTEGRE COMME ENJEU D’INNOVATION PROGRAMMA TIQUE24


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IITraditionnellem<strong>en</strong>t la programmation du C<strong>en</strong>tre Georges Pompidou, équipem<strong>en</strong>t culturel multi-fonctionnelpar excell<strong>en</strong>ce, est considérée comme le point <strong>de</strong> départ du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>programmation d’équipem<strong>en</strong>t public digne <strong>de</strong> ce nom <strong>en</strong> France.A côté <strong>de</strong> cette expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue mythique, les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s ont été reconnues très tôt comme unterrain privilégié <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation et du métier <strong>de</strong> programmateur, <strong>en</strong>particulier dans le domaine <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs.La programmation pr<strong>en</strong>d ainsi valeur d’innovation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, ce que traduis<strong>en</strong>t les étu<strong>de</strong>s,colloques et articles qui fleuriss<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong> l’année 1978 59 : article <strong>de</strong> Bertrand Ousset et <strong>de</strong> AnneQuerri<strong>en</strong> dans TA, recherche financée par le SGGCVN (celle <strong>de</strong> Martine Rivet dont nous avons déjàparlé), journée d’étu<strong>de</strong> portant sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> programmation 60 ,.Cette <strong>de</strong>rnière manifestation organisée par le SGGCVN à Cergy-Pontoise le 16 octobre 1978 va réunirune c<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> participants. Le dossier support <strong>de</strong> la journée établit par Dominique Alduy regroupeautour <strong>de</strong> trois grands thèmes (« cadre général », « programmation prévisionnelle », « programmationopérationnelle ») les contributions générales <strong>de</strong> M. Rivet, <strong>de</strong> JC. Ménighetti, <strong>de</strong> B. Ousset et <strong>de</strong> A.Querri<strong>en</strong> définissant les champs <strong>de</strong> la programmation, <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> programmationélaborées à Vill<strong>en</strong>euve d'Ascq, au Vaudreuil, à Melun-Sénart et à Marne-la-Vallée (métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier 2 sur laquelle nous rev<strong>en</strong>ons plus loin), <strong>en</strong>fin <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong>programmes, programme fonctionnel d’un c<strong>en</strong>tre social à Cergy-Pontoise, programme d’un c<strong>en</strong>tre socioéducatifà Melun-Sénart, une « Grille d’évaluation <strong>de</strong>s projets » établie par l’EPAMARNE et une étu<strong>de</strong>intitulée « Recherche <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> qualité dans le mobilier scolaire » élaborée par ABAC pour lecompte <strong>de</strong> l’EPAMARNE.Au travers <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts supports <strong>de</strong> cette journée, on perçoit aisém<strong>en</strong>t l’importance <strong>de</strong> laprogrammation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts éducatifs et socio-culturels et l’importance <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong>l’intégration dans la définition <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux et <strong>de</strong>s contours <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation.L’intégration <strong>de</strong>s fonctions apparaît comme un <strong>de</strong>s premiers supports <strong>de</strong> ce que J.C. M<strong>en</strong>ighetti appellela « programmation-traduction » par opposition à la « programmation-réglem<strong>en</strong>tation ». Programmateurhistorique <strong>de</strong> Cergy-Pontoise, J.C. M<strong>en</strong>ighetti fait cette distinction dans un ouvrage sur la programmationqui fait appel très largem<strong>en</strong>t à l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s 61 : Parmi les cas analysés dans cetouvrage, on peut relever la programmation d’un réseau d’équipem<strong>en</strong>t dans la Plaine <strong>de</strong> Neauphe à SaintQu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines et la programmation <strong>de</strong> « l’armature d’un quartier neuf » à Eragny sur Oise(commune <strong>de</strong> Cergy).C’est cette importance «historique » <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré dans le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>programmation, confirmée par les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s que nous ont accordé plusieurs programmateursd’équipem<strong>en</strong>ts collectifs (Ousset, Darmagnac, Giusti, Machu, Lécureuil, Le Boterf), que nous avonscherché à approfondir dans ce chapitre.La valeur stimulante <strong>de</strong> la notion d’intégration dans le domaine <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs intervi<strong>en</strong>t sur plusieurs plans:- L’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, est un support privilégié d’expérim<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>sdémarches <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts acteurs <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t. Inhér<strong>en</strong>ts auprocessus d’intégration <strong>de</strong>s programmes, la réflexion sur les normes, sur leur adéquation auxusages, l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> redéfinition <strong>de</strong>s besoins, <strong>de</strong>s fonctions et <strong>de</strong>s li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre services, stimul<strong>en</strong>tles procédures <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>tre professionnels . Celles-ci confort<strong>en</strong>t aussi le rôle <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s préliminaires, <strong>en</strong> amont <strong>de</strong> la conception formelle, étu<strong>de</strong>s traitées par les équipes <strong>de</strong>programmation <strong>de</strong>s EPA ou par <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong>s extérieurs qui vont se spécialiser dans cedomaine.59 L’année 1978 apparaît <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue comme une date importante, elle correspond à la fin <strong>de</strong> la première gran<strong>de</strong> vague<strong>de</strong> production <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, elle correspond aussi à la réforme <strong>de</strong> l’ingénierie <strong>de</strong> 1977 qui pose les bases<strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation et elle correspond <strong>en</strong>fin au tournant <strong>de</strong>s municipales <strong>de</strong> 1977. En somme, c’est l’heure <strong>de</strong>sbilans.60 Etu<strong>de</strong> sur la programmation, Journée d’étu<strong>de</strong> sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> programmation, le 16 octobre 1978 à Cergy-Pontoise in Les dossiers <strong>de</strong>s Villes Nouvelles, SGGCVN, 1978. [EPA Cergy]61 J.C. M<strong>en</strong>ighetti, « Programmation urbaine et architecturale », aux éditions du C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Création Industrielle (CCI),« service pour l’innovation sociale », Paris 1981.25


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II- La formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré qui a comme objectif principal <strong>de</strong> favoriser une plus gran<strong>de</strong>implication <strong>de</strong>s habitants, sollicite aussi le développem<strong>en</strong>t au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception, <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> concertation avec les habitants et les acteurs locaux (élus, associations,…). Lemodèle <strong>de</strong> participation pratiqué aux Pays Bas, notamm<strong>en</strong>t dans la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> Groning<strong>en</strong>, danslequel les associations nombreuses et très actives pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge la totalité du processus<strong>de</strong> conception <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t communautaire (choix <strong>de</strong> l’architecte, définition du programme…)est très influ<strong>en</strong>t 62 .- Le processus d’intégration doit conduire à la création <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s <strong>en</strong>tités « inédites » (le motest utilisé <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>), c’est un processus d’inv<strong>en</strong>tion programmatique. Les figuresd’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, figures canoniques (C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel, C<strong>en</strong>tre<strong>de</strong> la Petite Enfance, Maison <strong>de</strong> quartier, Agora) et les figures atypiques (<strong>de</strong>s « maisons ducorps et <strong>de</strong> l’eau » à Marne la vallée et à Saint Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres culturels etadministratifs à Cergy et au Vaudreuil, <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>nes fermes reconverties), sont autantd’occasion <strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouveler l’écriture <strong>de</strong>s programmes d’équipem<strong>en</strong>t et les outils qui permett<strong>en</strong>tcette écriture.- Enfin, la problématique <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong> par la volonté d’une organisation globale <strong>de</strong> l’animationet <strong>de</strong> par le procédé <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong>s programmes qui la sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, débouche sur unerecherche d’organisation concertée <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels à l’échelle d’un quartier et àl’échelle <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> : « Il n’est pas forcém<strong>en</strong>t besoin <strong>de</strong> construire d’innombrables mètres-carrés,il est beaucoup plus important <strong>de</strong> créer les conditions d’intercommunicabilité <strong>de</strong>s institutions et<strong>de</strong>s services, il est plus important d’imaginer les « passerelles », les équipem<strong>en</strong>tscomplém<strong>en</strong>taires, il est indiscutablem<strong>en</strong>t préférable <strong>de</strong> programmer mo<strong>de</strong>stem<strong>en</strong>t maissimultaném<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble du réseau (…) » 63 . La formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré étoffée par lesnotions <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre intégré et <strong>de</strong> réseau est porteuse d’une approche programmatique globale quise rattache à la problématique <strong>de</strong> la « programmation urbaine » telle qu’elle a pu êtrerev<strong>en</strong>diquée par certains acteurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s 64 .62 Sabine Fachard, SGGCVN, « Voyage d’étu<strong>de</strong> aux Pays Bas – Equipem<strong>en</strong>ts Intégrés et Villes Nouvelles aux Pays Bas ».Op. cit., 3-4.63Quaternaire éducation et epsa, Puiseux, quartier à vocation éducative – Proposition pour un réseaud’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> formation. 01/01/1977, p4. [Archives EPA Cergy]64 Sur l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> la programmation urbaine, voir Bertrand Warnier, Cergy-Pontoise du projet à la réalité. Atlascomm<strong>en</strong>té. Ateliers Internationaux <strong>de</strong> Maîtrise d’œuvre Urbaine, ed. Mardaga, Liège 2004.26


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIII.1 – Le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> concertationL’intégration p<strong>en</strong>sée comme une modalité <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> superposition <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s commerces par opposition au zoning <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles, s’articule avec uneprise <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> intéressant <strong>de</strong> multiples domaines <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces 65 .Associées dans les Villes Nouvelles à la définition <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres, les opérations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés,<strong>de</strong> par leur complexité, prolong<strong>en</strong>t cette démarche <strong>de</strong> conception urbanistique pluridisciplinaire.L’interv<strong>en</strong>tion pluridisciplinaire dans la programmation et la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts se traduitd’abord par l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s sociologues, porteurs <strong>de</strong> la bonne parole <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces humaines surl’appréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s besoins réels <strong>de</strong>s habitants. Elle se traduit <strong>en</strong>suite par la mise <strong>en</strong> place pour laprogrammation <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts d’un travail <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>gageant <strong>de</strong> multiples acteurs seréunissant au sein <strong>de</strong> « commissions » ou <strong>de</strong> « groupes <strong>de</strong> travail ».Comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, la mobilisation transversale autour <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>jeu d’intégrations’est traduite <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par un effort sans précédant <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong> réflexion collective surles programmes et sur les services publics. Des processus complexes <strong>de</strong> programmation sont ainsi mis<strong>en</strong> place avec plusieurs niveaux <strong>de</strong> réflexion, une réflexion au niveau national avec l’implication <strong>de</strong>plusieurs administrations et services, une réflexion au niveau local avec la volonté <strong>de</strong> faire participer lesacteurs <strong>de</strong> terrain à la définition <strong>de</strong>s programmes et <strong>de</strong>s objectifs pédagogiques et culturels(associations, équipes <strong>de</strong> pré-animation) et avec l’implication <strong>de</strong> plusieurs collectivités territoriales du fait<strong>de</strong> la vocation intercommunale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.L’étu<strong>de</strong> bilan <strong>de</strong> l’AUAG sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés souligne bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1973 l’effort déployé à ce sujet <strong>en</strong><strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong> décrivant le processus <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>gagé pour l’Agora d’Evry et celui déployé auVaudreuil pour la programmation générales <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs 66 . On peut rajouter à celal’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail sur les équipem<strong>en</strong>ts collectifs mis <strong>en</strong> place <strong>en</strong> 1970 par la missiond’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> l’Isle d’Abeau ou ceux mis <strong>en</strong> place par l’EPA <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve-d’Ascq. Il fautm<strong>en</strong>tionner aussi les grands concours d’urbanisme, tels que le concours d’Evry I ou celui <strong>de</strong>s coteaux<strong>de</strong> Maubuée. A l’occasion <strong>de</strong> ces concours sur lesquels nous rev<strong>en</strong>ons plus loin, les commissionsd’analyse <strong>de</strong>s projets et le Jury sont <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> débat très investis réunissant les différ<strong>en</strong>ts acteursconcernés par le thème traité. Ils permett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> particulier pour les équipes <strong>de</strong>s EPA organisatrices <strong>de</strong>sconcours un échange avec les ministères <strong>de</strong> tutelle <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts équipem<strong>en</strong>ts ou avec les élus: « Lesélus qui ont participé à ces travaux <strong>de</strong>s commissions et du Jury <strong>en</strong> ont sans doute tiré un grand profit.L’étu<strong>de</strong> analytique <strong>de</strong>s projets, le choix <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> notation, les débats ont été pour eux unevéritable leçon d’architecture et d’urbanisme. A l’inverse, les observations qu’ils <strong>en</strong> ont faites <strong>en</strong> p<strong>en</strong>santess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t aux problèmes <strong>de</strong> la gestion dont ils ont la charge ont certainem<strong>en</strong>t fait découvrir auxtechnici<strong>en</strong>s certains aspect <strong>de</strong> la « pratique architecturale » qu’ils pouvai<strong>en</strong>t ignorer ou tout au moinsmal connaître » 67 .Cep<strong>en</strong>dant, les procédures <strong>de</strong> concertation liées à la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs rest<strong>en</strong>tinégalem<strong>en</strong>t exploitées dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, elles sont fonction <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, <strong>de</strong> la puissance <strong>de</strong>s EPA, du rapport <strong>de</strong> force avec les collectivités. Elles sont trèstributaires du contexte politique et <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s collectivités.On peut ainsi facilem<strong>en</strong>t opposer le cas extrême d’Evry à ceux <strong>de</strong> l’Isle-d’Abeau, <strong>de</strong> Melun-Sénart ou<strong>en</strong>core <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq.A Evry, ce sont principalem<strong>en</strong>t les premiers projets (Agora d’Evry et concours d’Evry I) qui ont suscité uneffort <strong>de</strong> concertation à l’initiative <strong>de</strong> l’EPA. Par la suite et comme nous l’a décrit H.L. Jarrige le souffléest assez vite retombé et l’EPA est r<strong>en</strong>tré dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> production int<strong>en</strong>sive ne laissant pas oupeu <strong>de</strong> place aux démarches <strong>de</strong> concertation. A l’inverse, à l’Isle-d’Abeau, à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, à Melun-Sénart, l’implication <strong>de</strong>s collectivités s’est traduite par une activité plus constante <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>treles différ<strong>en</strong>ts acteurs.Encore faut-il distinguer sur ce plan <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> concertation, une concertation <strong>en</strong>tre professionnels etacteurs institutionnels et une concertation avec les habitants. Bi<strong>en</strong> que l’idéologie officielle valorise les65 Cette prise <strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce repose sur la démarche d’analyse et d’évaluation <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong>sdiffér<strong>en</strong>tes fonctions prés<strong>en</strong>tes dans les cœurs <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s traditionnels, démarche <strong>en</strong>gagée après-guerre par les <strong>nouvelle</strong>sgénérations d’architectes mo<strong>de</strong>rnes.66 Rose Bergouignan, Simone Martin (AUAG), Les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, rapport final. Ministère <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t duterritoire, <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t, du logem<strong>en</strong>t et du tourisme - Ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale, Février 1973.67 EPAMARNE, « le concours <strong>de</strong>s Coteaux <strong>de</strong> Maubuée », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, vol 39, mai 1975, p28.27


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II<strong>de</strong>ux approches, dans les faits c’est principalem<strong>en</strong>t la concertation <strong>en</strong>tre professionnels et acteursinstitutionnels qui est effective.De façon très liée au travail <strong>de</strong> reformulation <strong>de</strong>s <strong>en</strong>tités programmatiques, l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs induit une réflexion sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> planification, sur les « motivations profon<strong>de</strong>s » <strong>de</strong>saménageurs et <strong>de</strong>s institutions concernées, sur les t<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>tre les professionnels impliqués. C’est ceà quoi vont s’attacher plusieurs bureaux d’étu<strong>de</strong>s <strong>en</strong> particulier le BERU et le CERFI. En préambuled’une étu<strong>de</strong> réalisée <strong>en</strong> 1975 sur le processus <strong>de</strong> conception <strong>de</strong> la « Piazza » à Marne-la-vallée, leBERU annonce ainsi que cette étu<strong>de</strong> « <strong>de</strong>vait permettre <strong>de</strong> reconnaître dans ce processus, à chaquedétour <strong>de</strong> la réflexion, les référ<strong>en</strong>ces consci<strong>en</strong>tes et inconsci<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s acteurs, les conflits<strong>de</strong> métho<strong>de</strong>, les rapports <strong>de</strong> force, les hésitations et les compromis dont l’objet était la réalisation d’un<strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts les plus importants d’une Ville Nouvelle (...) Il ne semble pas exister à ce jour <strong>de</strong> textesur une équipe pluridisciplinaire confrontée à un projet limité mais dont le cont<strong>en</strong>u est suffisamm<strong>en</strong>triche pour provoquer <strong>de</strong>s confrontations doctrinales dans les domaines les plus variés » 68Par contre la participation <strong>de</strong>s habitants à travers les procédures <strong>de</strong> concertation se heurte à la fois à<strong>de</strong>s difficultés d’ordre général et à <strong>de</strong>s problèmes spécifiques aux <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s dont le plus flagrant estl’abs<strong>en</strong>ce initiale d’habitants dans les nouveaux quartiers à concevoir.II.1.1 – Le groupe <strong>de</strong> travail comme outil <strong>de</strong> programmationLe principe du « groupe <strong>de</strong> travail » comme outil <strong>de</strong> programmation, dont on peut trouver les premiersexemples d’utilisation dans les années 50-60, notamm<strong>en</strong>t à l’occasion <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong>la culture (à Gr<strong>en</strong>oble, à St Eti<strong>en</strong>ne), va être systématisé et théorisé comme métho<strong>de</strong> à l’occasion <strong>de</strong> laprogrammation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés. La Mission d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil aété particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pointe sur le sujet. Les sociologues Anne Hublin et Gérard Héliot ont produitplusieurs textes <strong>de</strong> cadrage théorisant cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> programmation directem<strong>en</strong>t reliée à la formule<strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts 69 .Le premier point qui mérite d’être souligné dans cet effort <strong>de</strong> théorisation du groupe <strong>de</strong> travail est le rôle<strong>de</strong> ce dispositif dans l’ouverture <strong>de</strong>s équipes d’aménageurs aux points <strong>de</strong> vue et compét<strong>en</strong>cesextérieurs : « Le groupe <strong>de</strong> travail fait appel à l’extérieur <strong>de</strong> la mission à <strong>de</strong>s personnalités dont lesstatuts sont extrêmem<strong>en</strong>t divers (pouvoir <strong>de</strong> décision, compét<strong>en</strong>ce technique, représ<strong>en</strong>tativité sont lescomposantes <strong>de</strong> ces statuts) 70 ».Le <strong>de</strong>uxième point concerne la différ<strong>en</strong>tiation <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s acteurs sollicités.L’équipe du Vaudreuil distingue ainsi les groupes <strong>de</strong> travail « techniques » et les groupes <strong>de</strong> réflexion 71 .On peut noter qu’une distinction similaire est formalisée à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq. D’un côté les « PHAR »consist<strong>en</strong>t dès le départ <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong> <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>tre l’EPALE et leshabitants sur les projets <strong>en</strong> cours. Ces réunions font partie intégrante <strong>de</strong> la politique d’animation m<strong>en</strong>éepar l’EPALE. De l’autre les « GRIP » (Groupes <strong>de</strong> Réflexion Interdépartem<strong>en</strong>ts sur les Politiques)réuniss<strong>en</strong>t <strong>de</strong> manière horizontale et thématique les professionnels <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t : « Le contrôle<strong>de</strong>s opérations et le souci du détail pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t beaucoup <strong>de</strong> temps à la majorité d’<strong>en</strong>tre nous, et c’estparfaitem<strong>en</strong>t normal. Mais une somme <strong>de</strong> détails réussis ne crée pas toujours un <strong>en</strong>semble harmonieux,il est indisp<strong>en</strong>sable qu’un fil conducteur soit tracé. L’action <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> réflexion interdépartem<strong>en</strong>tssur les politiques (les GRIP) qui ont comm<strong>en</strong>cé à travailler à l’EPA il y a quelques mois vis<strong>en</strong>t àproposer certains <strong>de</strong> ces fils conducteurs. Cette réflexion est comme la coordination <strong>de</strong>s opérations un68 A. Zubl<strong>en</strong>a, BERU. Introduction <strong>de</strong> PIAZZA - Marne-la-Vallée, analyse d’un processus. E P A <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong>Marne-la-Vallée/Secrétariat à la culture, contrat CORDA, Février 1977 [EPAMARNE/EPAFRANCE : 2132/M08]69 Nous avons trouvé à ce sujet plusieurs textes aux Archives Départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> l’Eure :- G. Héliot / MEVNV, « Les groupes <strong>de</strong> travail », note dactyl. n°316, 17 octobre 1969 [AD Eure, 1421W169]- A. Hublin / MEVNV, « L’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail fonctionnant à l’Isle d’Abeau », note dactyl., 5 octobre 1970[AD Eure, 1421W256]- A. Hublin / MEVNV, « Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail», note dactyl., 5 octobre 1970[AD Eure, 1421W256]70 A. Hublin / MEVNV, « Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail», op. cit., p2.71 Ville <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil, « Equipem<strong>en</strong>ts collectifs – Mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s groupes techniques », note dactylo., 25sept. 1972. [AD Eure, 1421W256]. Note établie à l’occasion d’une réunion <strong>de</strong> l’EPA au Rectorat et avec Jean Pellerano le15/11/1972.28


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IItravail d’équipe » 72 . L’action <strong>de</strong> ces GRIP va à l’<strong>en</strong>contre <strong>de</strong>s spécialisations et <strong>de</strong>s sectorisations ausein même <strong>de</strong> l’EPA pour retrouver une approche globale animée par la flamme humaniste : « Il n’existepas d’immersion pour l’EPALE. Terme à réserver au GRIP. L’immergé doit faire la part <strong>de</strong> l’êtreprofessionnel et la part <strong>de</strong> l’homme » 73 .II.1.2 – La démarche consultative modèle orchestrée au VaudreuilLa démarche orchestrée <strong>de</strong> juin 1971 à juin 1972 au Vaudreuil par la Mission d’aménagem<strong>en</strong>t avec leconcours <strong>de</strong> la SARS (bureau d’étu<strong>de</strong> filiale <strong>de</strong> OTAM spécialisé dans les techniques d’animationregroupant une équipe <strong>de</strong> sociologues et <strong>de</strong> psychologues) a été certainem<strong>en</strong>t la plus importante dug<strong>en</strong>re 74 . Elle est déjà décrite et valorisée comme processus attaché à la problématique <strong>de</strong> l’intégrationdès 1973 dans la somme réalisée par Rose Bergouignan et Simone Martin 75 . Néanmoins, il nous sembleutile d’<strong>en</strong> rappeler ici brièvem<strong>en</strong>t les principales caractéristiques :Cette démarche qui s’inscrivait dans une perspective plus large <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>planification autoritaire habituellem<strong>en</strong>t associées à la création <strong>de</strong>s nouveaux <strong>en</strong>sembles urbains a aboutià un processus <strong>de</strong> consultations d’<strong>en</strong>viron 200 personnes sur le thème <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts collectifs. On est là, suivant la terminologie utilisée par G. Héliot et A. Hublin, dans leregistre du groupe <strong>de</strong> réflexion poussé à son comble. La démarche a été m<strong>en</strong>ée avec une structuration<strong>en</strong> groupes <strong>de</strong> travail d’une quinzaine <strong>de</strong> personnes avec quatre étapes <strong>de</strong> discussion :- « discussion <strong>de</strong>s objectifs globaux <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>- réflexion sur la finalité <strong>de</strong>s services propres à chaque équipem<strong>en</strong>t- élaboration <strong>de</strong>s directives précises <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s services collectives- confrontation <strong>de</strong> ces directives sectorielles pour l’élaboration d’un programme d’<strong>en</strong>semblelocalisé » 76Le processus était sous-t<strong>en</strong>du par un objectif <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s habitants, <strong>de</strong> « conception collectiveurbaine» 77 . Cet objectif est associé à la notion <strong>de</strong> « germe » notion utilisée par l’équipe d’aménagem<strong>en</strong>tpour définir l’<strong>en</strong>tité urbaine initiale <strong>de</strong>vant servir d’amorce au processus d’urbanisation <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>:« La notion <strong>de</strong> germe consiste à privilégier l’analyse du court terme et même <strong>en</strong> ce qui concerne ladétermination initiale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> à établir une proposition évolutive, qui ne soit que l’embryon <strong>de</strong> la future<strong>ville</strong>. Cette perspective <strong>de</strong> « développem<strong>en</strong>t ouvert » doit autoriser les premiers habitants à interv<strong>en</strong>irimmédiatem<strong>en</strong>t sur leur milieu <strong>de</strong> vie ».La traduction <strong>de</strong> cet objectif <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s habitants avait <strong>de</strong> fait <strong>de</strong>ux supports déclarés auVaudreuil:− le logem<strong>en</strong>t avec les possibilités constructives <strong>de</strong> déplacem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s cloisonsintérieurs− les équipem<strong>en</strong>ts collectifs avec la possibilité d’une interv<strong>en</strong>tion dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> laconception et <strong>de</strong> la programmation.Si le domaine <strong>de</strong> l’habitation a pu donner lieu à quelques expéri<strong>en</strong>ces emblématiques (expéri<strong>en</strong>ce d’unprototype d’immeuble pour du logem<strong>en</strong>t «à la carte » suivie par Quaternaire Education <strong>en</strong> 1974),l’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s habitants dans la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs est restée très théorique.Le processus ambitieux dont nous parlons relevait plutôt d’une démarche interprofessionnelle etinterinstitutionnelle, impliquant les catégories suivantes:− administrateurs <strong>de</strong>s services départem<strong>en</strong>taux et régionaux72 EPALE, « L’action <strong>de</strong>s Groupes <strong>de</strong> Réflexion Interdépartem<strong>en</strong>ts sur les Politiques », note dactylo, 15 mars 1973.[AM Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, 6EP 231]73 GRIP n°1, « Vie collective », texte dactyl.,1972 [AM Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, 6EP 231]74 Mission d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Ville Nouvelle du Vaudreuil, Réflexion collective sur la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil, Lery, mars 1973, 167p.75 Rose Bergouignan et Simone Martin, Les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, op. cit.76 Réflexion collective sur la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil, op. cit. p13.77 « La réflexion sur la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics s’inscrit donc dans un processus plus large <strong>de</strong> planificationouverte, elle n’est qu’un <strong>de</strong>s aspects d’une métho<strong>de</strong> d’<strong>en</strong>semble qui vise à substituer à l’urbanisme autoritaire <strong>de</strong>sprocessus <strong>de</strong> participation à la création collective du milieu urbain » Ibid., p10.29


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II− collectivités locales− associations locales ou nationales− pratici<strong>en</strong>s et expertsParmi les experts consultés, on va retrouver évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t les acteurs à l’origine du procédé, Chaslin,R<strong>en</strong>ard, A<strong>de</strong>r, Leg<strong>en</strong>dre, Bonne<strong>ville</strong> (Gr<strong>en</strong>oble), etc.L’objectif <strong>de</strong> cette démarche qui se voulait consultative par rapport au processus institutionnel(« incitation », « activation » du processus décisionnel) est la définition <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s « unités <strong>de</strong>service » et la définition <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> coordination <strong>en</strong>tre les services 78 . La démarche promeut aussi<strong>de</strong>s outils spécifiques permettant <strong>de</strong> formaliser les <strong>nouvelle</strong>s organisations <strong>de</strong> services et leurlocalisation urbaine. Ce sont les graphes et tableaux à double <strong>en</strong>trée formalisés par la SCOOPER.L’<strong>en</strong>jeu comme nous le voyons était bi<strong>en</strong> la programmation d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés « hors normes ». Ils’agissait <strong>de</strong> combattre la rigidité institutionnelle qui « r<strong>en</strong>d difficile la réalisation d’équipem<strong>en</strong>ts intégrésassociant plusieurs secteurs (…) la consultation <strong>de</strong> personnes extérieures au circuit décisionnel, laconfrontation <strong>de</strong> tous les services intéressés à la réalisation <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifsdoit permettre <strong>de</strong> remédier à ces <strong>de</strong>ux inconvéni<strong>en</strong>ts du cloisonnem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la rigidité <strong>de</strong>s programmestraditionnels » 79II.1.3 – Les démêlées du CERFI avec l’opérationnel <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>L’équipe du CERFI, « C<strong>en</strong>tre d’Etu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong> Formation Institutionnelle », emm<strong>en</strong>ée parFélix Guattari, a développé dans les années 70 une démarche <strong>de</strong> réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts collectifsexploitant le principe <strong>de</strong> la concertation. Cette démarche a été <strong>en</strong>couragée et financée par le ministère<strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t 80 à la suite <strong>de</strong> la publication d’un numéro spécial <strong>de</strong> la revue Recherches intitulé« Programmation, Architecture et Psychiatrie » 81 dans lequel était proposée une «méthodologie <strong>de</strong>détermination <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale appliquée aux équipem<strong>en</strong>ts collectifs ».Les investigations du CERFI sur le thème <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, qui ont eulieu principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 1971 et 1975, ont été multiples. Elles ont porté plus spécifiquem<strong>en</strong>t, commeterrain d’application pratique, sur le territoire <strong>de</strong>s Villes Nouvelles.La démarche financée par le ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t a pris quatre formes 82 :- Un premier contrat <strong>de</strong> recherche a concerné le domaine spécialisé <strong>de</strong> la psychiatrie et <strong>de</strong>« l’hygiène m<strong>en</strong>tale », intitulé: « Programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dans les <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s – les équipem<strong>en</strong>ts d’hygiène m<strong>en</strong>tale » 83 .- Un <strong>de</strong>uxième contrat intitulé « Programmation et promotion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs » visantà prolonger le précéd<strong>en</strong>t par une réflexion plus générale sur la fonction <strong>de</strong> programmeur <strong>en</strong> VilleNouvelle, sur ses «motivations profon<strong>de</strong>s » et sur les possibilités <strong>de</strong> prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale dans un processus innovant.- Un troisième contrat <strong>de</strong> recherche, s’inscrivant dans le cadre d’un appel d’offre lancé par laDGRST, a concerné une démarche théorique portant sur la «Généalogie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs », recherche m<strong>en</strong>ée sous la direction sci<strong>en</strong>tifique <strong>de</strong> Michel Foucault.- Pour couronner le tout, le CERFI est interv<strong>en</strong>u dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration du VII ème Plan78 « La finalité globale <strong>de</strong> la réflexion concertée sur les équipem<strong>en</strong>ts collectifs est <strong>de</strong> parv<strong>en</strong>ir à une organisationcoordonnée <strong>de</strong>s services dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Les normes actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> usage et les programmes types seront doncl’objet d’une analyse critique qui <strong>de</strong>vrait permettre d’élaborer <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s propositions d’organisation interne <strong>de</strong>s diverséquipem<strong>en</strong>ts mieux adaptés a ce fonctionnem<strong>en</strong>t intégré, ainsi que <strong>de</strong>s schémas d’articulation spatiale spécifiques à la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil. » Anne Hublin, « Les équipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil – Noted’ori<strong>en</strong>tation pour les groupes <strong>de</strong> réflexion » Mission d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil, Avril 1972, p 2.79 Ibid., p8.80 Anne Querri<strong>en</strong> nous a raconté comm<strong>en</strong>t elle avait reçue par Michel Conan au démarrage <strong>de</strong> cette expéri<strong>en</strong>ce. Voirinterview <strong>en</strong> annexe 02, p97-98.81 Recherches, numéro spécial « Programmation, Architecture et Psychiatrie », 1967 .82 Ces élém<strong>en</strong>ts sont répertoriés dans un texte, « Prés<strong>en</strong>tation du CERFI », dactyl. s.d. (probablem<strong>en</strong>t 1973), [AD Essonne,1523W630].83 CERFI, « La programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dans les Villes Nouvelles. Les équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale » Conv<strong>en</strong>tion d’étu<strong>de</strong> <strong>en</strong>tre le CERFI et la Direction <strong>de</strong> l’Aménagem<strong>en</strong>t Foncier et <strong>de</strong> l’Urbanisme (Ministère <strong>de</strong>l’Equipem<strong>en</strong>t) - 4 mai 1971.30


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIA cette sollicitation par le ministère <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t sont v<strong>en</strong>us s’ajouter plusieurs contrats passés avecles missions d’aménagem<strong>en</strong>t et les EPA <strong>de</strong> Evry, <strong>de</strong> Marne-la-Vallée et <strong>de</strong> Melun-Sénart pour laprogrammation d’équipem<strong>en</strong>ts d’hygiène m<strong>en</strong>tale et d’équipem<strong>en</strong>ts socioculturels.Les <strong>de</strong>ux terrains privilégiés, Evry et Marne-la-Vallée, qui ont servi initialem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> support concret à lathéorisation, ont donné lieu à différ<strong>en</strong>ts contrats:- Projet <strong>de</strong> contrat pour l’établissem<strong>en</strong>t d’un « programme général <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry »- Contrat pour la programmation d’un « c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> jour pour <strong>en</strong>fants » intégré dans l’Agora d’Evry- Contrat pour la programmation d’un hôpital <strong>de</strong> jour rattaché à l’hôpital psychiatrique <strong>de</strong> Lagny etintégré dans le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> vie <strong>en</strong>fantine <strong>de</strong> l’Arche-Guédon à Marne-la-Vallée.A ces missions initiales ont succédé trois autres interv<strong>en</strong>tions :- Etablissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1974 du programme du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Petite Enfance Désirée Clary à Melun-Sénart (Savigny-le Temple).- T<strong>en</strong>tative à Marne-la-Vallée <strong>de</strong> définition d’un programme d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs à partir d’uneexpéri<strong>en</strong>ce d’animation dans la ferme du Buisson.- A Marne-la-Vallée <strong>en</strong>core, interv<strong>en</strong>tion dans la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dusecteur I, quartier du Luzard <strong>en</strong> 1976-77Que ce soit sur le plan <strong>de</strong> la réflexion générale ou sur le plan <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces concrètes <strong>de</strong>programmation, l’importance accordée à la démarche interinstitutionnelle et aux démarches <strong>de</strong>concertation, <strong>de</strong> « programmation collective » sont une constance du discours et <strong>de</strong> l’action du CERFI<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Ce discours sur la concertation et sur la transversalité va <strong>en</strong> fait croiser et <strong>en</strong>richir celuisur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.Une lecture critique <strong>de</strong> l’idéologie <strong>de</strong> la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsAu sein <strong>de</strong> la recherche m<strong>en</strong>ée par le CERFI sur la généalogie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs est réaliséeune lecture critique <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong>s six Plans d’après-guerre <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>t 84 . L’approchevise à mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce ce que le CERFI appelle les couples ou « séries différ<strong>en</strong>tielles » qui structur<strong>en</strong>tsuivant une logique d’opposition <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux termes, les ori<strong>en</strong>tations idéologiques définies dans les Planssuccessifs.En particulier le CERFI pointe l’apparition <strong>de</strong> la notion d’équipem<strong>en</strong>t collectif définie dans le Plan IVcomme alternative aux satisfactions futiles et individuelles qu’<strong>en</strong>courage une société <strong>de</strong> consommation àl’américaine. Dans un contexte d’expansion économique et d’éclaircissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’horizon politique etsocial avec la fin <strong>de</strong> la guerre d’Algérie, l’équipem<strong>en</strong>t collectif apparaît comme un « bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>consommation collective » répondant à <strong>de</strong>s besoins objectifs au même titre que les bi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>consommation individuelle.Le CERFI analyse <strong>en</strong>suite ce qui définit dans l’énoncé du VI ème Plan les conditions d’intégration <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts. Sont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> particulier la notion <strong>de</strong> « fonction collective » qui se substitue àcelle d’équipem<strong>en</strong>t collectif et permet du coup <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s clôtures traditionnelles <strong>de</strong>sprogrammes, ainsi que la notion <strong>de</strong> « cadre <strong>de</strong> vie » qui r<strong>en</strong>voie à une approche globale <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong>charge, ce que le CERFI nomme un « besoin global qualitatif » par opposition aux besoins ordinaires« quantitatifs ».Que ce soit sous la forme <strong>de</strong> politiques spécialisées m<strong>en</strong>ées par <strong>de</strong>s administrations cloisonnées ousous la forme d’une idéologie socioculturelle globalisante, la critique <strong>de</strong> la planification faite par le CERFIrepose sur la mise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> besoin, sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du objectif, qui instaure une coupure<strong>en</strong>tre les usagers et les équipem<strong>en</strong>ts, critique proche <strong>de</strong> celle formulée <strong>en</strong> 68 par Francis Jeanson 85 .Comme pour ce <strong>de</strong>rnier, l’alternative est celle d’une dynamique <strong>en</strong>gagée par <strong>de</strong>s équipes mobilisées surle terrain.Le promoteur institutionnel comme instance <strong>de</strong> concertationLa recherche financée <strong>en</strong> 1970-71 par le ministère <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vait comporter <strong>de</strong>ux volets, uneapproche générale <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> programmeur <strong>en</strong> Ville Nouvelle suivie d’une application« spécialisée » autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « promoteur institutionnel d’hygiène m<strong>en</strong>tale ».84 CERFI, « Généalogie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs – première synthèse », ed. Copedith, Paris 1973.85 Francis Jeanson, « Rapport sur la définition d’une Maison <strong>de</strong> la Culture ». Texte dactyl., 1968 [Docum<strong>en</strong>tation du DEP].31


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIComme on peut le constater, l’objectif large <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> est très proche <strong>de</strong> celui visé par la réflexionm<strong>en</strong>ée au Vaudreuil :« D’une façon générale, le prés<strong>en</strong>t contrat était conçu à l’origine comme l’introduction à une rechercheméthodologique sur l’appréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs, première phase quiviserait à expliciter les fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts théoriques <strong>de</strong> ce que nous avons désigné et pratiqué sousl’appellation <strong>de</strong> « Programmation institutionnelle » 86 .Mais là où l’équipe du Vaudreuil se limite à une démarche consultative visant à infléchir à la marge leprocessus décisionnel institutionnel, le CERFI se propose <strong>de</strong> modifier plus radicalem<strong>en</strong>t et concrètem<strong>en</strong>tle processus <strong>de</strong> planification.La démarche qui s’attaque «au niveau profondém<strong>en</strong>t inconsci<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’institution administrative » 87 vise àdégager les conditions concrète d’une interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> programmation institutionnelle, ce que F. Guattarirésume ainsi:« -Comm<strong>en</strong>t faire pour que la programmation d’une <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, qui pourrait être à la pointe <strong>de</strong>l’innovation, ne se fon<strong>de</strong> pas sur <strong>de</strong>s formules déjà périmées <strong>de</strong>puis 10 ou 15 ans ?- Comm<strong>en</strong>t vous, programmistes, pouvez-vous être branchés sur <strong>de</strong>s interlocuteurs réels ? » 88La démarche du CERFI repose sur un double choix : d’une part le choix du terrain <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>scomme terrain propice à l’expérim<strong>en</strong>tation et d’autre par le choix <strong>de</strong> l’hygiène m<strong>en</strong>tale comme champd’interv<strong>en</strong>tion privilégié à partir duquel peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong>sprincipes <strong>de</strong> programmation susceptibles d’être exploités dans d’autres domaines 89 .Pour approfondi les motivations communes <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes Villes Nouvelles <strong>en</strong> s’attachant àdégager <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue « l’idéologie <strong>de</strong> la Ville Nouvelle » et pour cerner les possibilités <strong>de</strong>programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts d’hygiène m<strong>en</strong>tale, un cycle <strong>de</strong> réunions interdisciplinaires est organiséavec les différ<strong>en</strong>ts programmateurs <strong>de</strong>s Villes Nouvelles (réunions organisées <strong>en</strong> 71-72 à l’EcoleFreudi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> Paris 90 ). Ces réunions animées pour le CERFI par F. Guattari, par Fourquet, H. Maury etL. Mozère, sont l’occasion d’expliciter les critères, les « grilles d’interprétations » dont se serv<strong>en</strong>t lesprogrammeurs pour définir leurs marges <strong>de</strong> liberté par rapport aux normes nationales. Elles s’intéress<strong>en</strong>taussi aux conflits, aux t<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts corps <strong>de</strong> métier qui compos<strong>en</strong>t les équipespluridisciplinaires. Dans son appréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> programmation <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif <strong>en</strong>Ville Nouvelle, le CERFI valorise le dispositif <strong>de</strong>s équipes pluridisciplinaires permettant « une planificationglobale et à long terme du un territoire donné » 91 , il valorise aussi la démarche <strong>de</strong> contestation <strong>de</strong>snormes quantitatives et d’introduction <strong>de</strong> critères qualitatifs déjà <strong>en</strong>treprise dans le domaine <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts éducatifs et socio-culturels.La réflexion est m<strong>en</strong>ée à partir <strong>de</strong>s cas concrets <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, <strong>de</strong> Evry et <strong>de</strong> Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>Yvelines. M. Salesse expose le 23/11/1971 le cas <strong>de</strong> Marne-la-Vallée et la politique d’intégration <strong>de</strong>s86CERFI, « La programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dans les Villes Nouvelles. Les équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale » Conv<strong>en</strong>tion d’étu<strong>de</strong> <strong>en</strong>tre le CERFI et la Direction <strong>de</strong> l’Aménagem<strong>en</strong>t Foncier et <strong>de</strong> l’Urbanisme (Ministère <strong>de</strong>l’Equipem<strong>en</strong>t) - 4 mai 1971. Introduction, p2.87 Ibid., p58.88 CERFI, Programmation, <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale, Compte-r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion du mardi 25 janvier 1972 t<strong>en</strong>ue àl’Ecole Freudi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> Paris, «Exposé <strong>de</strong> ma<strong>de</strong>moiselle Bacot sur le <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines ». [ADEssonne, 1523W630]89 « Deux voies se proposai<strong>en</strong>t pour les abor<strong>de</strong>r :- Soit que nous pr<strong>en</strong>ions les problèmes dans leur plus gran<strong>de</strong> ext<strong>en</strong>sion <strong>en</strong> y intégrant les questions <strong>de</strong>Neuropsychiatrie Infantile, les problèmes d’hygiène scolaire et d’animation <strong>de</strong> la cité, etc… (comm<strong>en</strong>t vivre dansune <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ? etc…)- Soit que nous délimitions notre objet à la psychiatrie et à l’Hygiène M<strong>en</strong>tale « adulte » <strong>en</strong> n’<strong>en</strong>visageant qu’à titre<strong>de</strong> prolongem<strong>en</strong>ts annexes ses rapports avec l’hôpital général, les équipem<strong>en</strong>ts culturels, sportifs, etc…Nous vous proposons la secon<strong>de</strong> voie, peut-être moins captivante, mais pourtant déjà fort ambitieuse. Il nous sembleurg<strong>en</strong>t d’essayer <strong>de</strong> marquer <strong>de</strong>s points sur le terrain concret et <strong>de</strong> ne pas nous cont<strong>en</strong>ter d’élaborations tropgénérales. Il faut faire la preuve que le dialogue est possible, que dans un secteur délimité, on peut infléchir lesprojets existants, qu’il n’y a pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>stin irrémédiable qui fasse que toujours on construise <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, audépart périmés <strong>de</strong> vingt ans ou plus»Félix Guattari, in Recherches, « Programmation <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale », CR <strong>de</strong> la réunion du 26 octobre1971 t<strong>en</strong>ue à l’Ecole Freudi<strong>en</strong>ne – Paris, [AD Essone, 1523W630], p2-3.90 Plusieurs comptes-r<strong>en</strong>dus <strong>de</strong> ces réunions sont conservés dans les archives <strong>de</strong> l’EPEVRY [AD Essonne, 1523W630].91 CERFI, «Programmation <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale », CR <strong>de</strong> la réunion du 26 octobre 1971 t<strong>en</strong>ue à l’EcoleFreudi<strong>en</strong>ne, op. cit. p 3-4.32


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIéquipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>gagée par l’EPAMARNE. Mlle Bacot expose le cas <strong>de</strong> Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines le25/01/1972 . Ces exposés font ressortir la nécessité <strong>de</strong> création d’une instance <strong>de</strong> médiation et <strong>de</strong>coordination, pour traiter l’articulation <strong>en</strong>tre la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale et la programmation, pour traiter aussiles multiples problèmes administratifs et financiers posés par le caractère intercommunal, voireinterdépartem<strong>en</strong>tal (dans le cas <strong>de</strong> MARNE-LA-VALLEE) <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.L’analyse par le CERFI <strong>de</strong>s conditions d’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s programmateurs <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> introduit unvocabulaire et <strong>de</strong>s notions psychologiques ; elle repose sur la distinction <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux types d’objets <strong>de</strong>sprogrammeurs :− les « objets <strong>de</strong> travail » issus d’un découpage, fonction d’une division dutravail et <strong>de</strong> la division d’un territoire− les « objets érotiques » r<strong>en</strong>voyant à la subjectivité <strong>de</strong>s programmeurs et àleur désir.Autour <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pôles, l’étu<strong>de</strong> met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce une série d’oppositions (principe <strong>de</strong>s couplesdiffér<strong>en</strong>tiels comparable à celui utilisé pour analyser le discours <strong>de</strong>s Plans).− L’opposition architectes-urbanistes et programmateurs:« L’opposition architectes / programmeurs semble jouer un rôle important : elle est marquée parl’imaginaire et l’illimité du côté <strong>de</strong>s architectes/urbanistes, la prise sur le réel, l’efficacité et lacastration du côté <strong>de</strong>s programmeurs » 92 .− L’opposition quantitatif (aspect financier, normes) / qualitatif (formes urbaines et architecturales).− L’opposition activités (domaine du privé, du non normalisable) / équipem<strong>en</strong>ts (« le normalisable, l<strong>en</strong>écessaire et le maîtrisable, contrainte <strong>de</strong> la tâche à accomplir pour le programmeur »).L’équipem<strong>en</strong>t intégré comme « objet érotique » dérivant d’un autre « objet érotique » qui est le « c<strong>en</strong>tre »est abordé ici comme production qui répond surtout à la dialectique <strong>de</strong>s équipes d’aménageurs, produitassocié au « mythe <strong>de</strong> l’unité », à la mise <strong>en</strong> place « d’un narcissisme <strong>de</strong> groupe » qui vise à surmonterles divisions, les t<strong>en</strong>sions et les <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> pouvoir auxquels sont soumis les équipes. Il s’agit <strong>de</strong> sebattre, <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s ruses, <strong>de</strong>s biais, <strong>de</strong> mobiliser une gran<strong>de</strong> quantité d’énergie pour convaincre oucontourner les administrations récalcitrantes.C’est le produit <strong>de</strong> la dialectique <strong>en</strong>tre «conserver » c'est à dire partir <strong>de</strong>s besoins supposés <strong>de</strong>shabitants et innover, promouvoir une vie future, ce qui suppose <strong>de</strong> permettre d’<strong>en</strong>courager <strong>de</strong> nouveauxmo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> ne pas figer dans <strong>de</strong>s formes rigi<strong>de</strong>s.L’étu<strong>de</strong> du CERFI souligne ainsi le li<strong>en</strong> très fort existant <strong>en</strong>tre la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsintégrés, l’effort <strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>ce, la recherche d’unité, la vision communautaire et la situation <strong>de</strong>s équipesd’aménageurs, leur isolem<strong>en</strong>t, leur démarche d’affirmation face aux différ<strong>en</strong>tes instances politiques etadministratives, ministères, communes, SAN.Face à cette logique interne qui conduit à une forme d’auto-alim<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation<strong>de</strong>s EPA à partir <strong>de</strong>s normes existantes, la réflexion m<strong>en</strong>ée sur le domaine <strong>de</strong> la psychiatrie conduit leCERFI à préconiser la création d’une <strong>nouvelle</strong> instance qui soit à la fois une instance <strong>de</strong> médiation et <strong>de</strong>concertation vis-à-vis <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> réelle et une instance <strong>de</strong> coordination. Cette instance, ce« collectif » pour utiliser un terme très prisé à l’époque, pr<strong>en</strong>d le nom <strong>de</strong> « promoteur institutionnel ».« En résumé, cette première phase a permis, à la suite <strong>de</strong> nombreux tâtonnem<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> dégager uncertain nombre <strong>de</strong> conditions d’une interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> programmation institutionnelle, parmi lesquelles <strong>en</strong>particulier :− connexion <strong>de</strong> l’équipe interv<strong>en</strong>ante à un réseau <strong>de</strong> personnes et d’institutionsimplantées dans la pratique concernée− formation d’un lieu d’interlocution, point d’accueil et <strong>de</strong> redistribution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s quifon<strong>de</strong>ront l’interv<strong>en</strong>tion » 9392 CERFI, Programmation, <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale, Compte-r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion du mardi 25 janvier 1972 t<strong>en</strong>ue àl’Ecole Freudi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> Paris, op. cit., p12.93 CERFI, « La programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dans les Villes Nouvelles. Les équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale », op. cit., p3.33


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa converg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la doctrine psychiatrique <strong>de</strong> secteur et la formule <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t intégré :La démarche programmatique initiale sur le terrain <strong>de</strong> l’hygiène m<strong>en</strong>tale consiste à développer la« doctrine <strong>de</strong> secteur ». Cette doctrine repose sur un certain nombre <strong>de</strong> principes et <strong>de</strong> notions quiinterfér<strong>en</strong>t avec le discours <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré :Le premier principe est celui du prima <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> soins sur le découpage <strong>de</strong>s institutions et sur « lebéton » 94 . Cette primauté <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> soins rejoint le discours sur la pré-animationdéveloppé dans le champ <strong>de</strong> l’action culturelleLe <strong>de</strong>uxième principe est celui d’une nécessaire diversification <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong> charge <strong>de</strong>s pati<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>la nécessité <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s structures extrahospitalières. La conception <strong>de</strong> ces structures interfèreavec celle <strong>de</strong>s autres structures sanitaires et sociales, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> PMI, c<strong>en</strong>tre social, crèches. Cetteconception va dans le s<strong>en</strong>s du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces structures et <strong>de</strong> leur coordination 95Il s’agit <strong>en</strong> fait d’une t<strong>en</strong>sion à introduire <strong>en</strong>tre la conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s prises <strong>en</strong> charge dans l’hôpital et leurdispersion dans la <strong>ville</strong>, au plus près <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s habitants. Cette t<strong>en</strong>sion conduitau troisième terme interférant avec le discours sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés, la notion <strong>de</strong> réseau.La démarche <strong>de</strong> rapprochem<strong>en</strong>t du CERFI avec les principes initiaux d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sse construit au départ à partir du projet concret d’hôpital à Evry. La réflexion sur la mise <strong>en</strong> place d’un<strong>en</strong>ouvelle instance <strong>de</strong> concertation et sur la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> structures extrahospitalières se réfère àl’expéri<strong>en</strong>ce d’une action inter-secteur développée par le docteur Bonnafé <strong>en</strong>tre Corbeil et Evry. Pr<strong>en</strong>antpour modèle cette expéri<strong>en</strong>ce mise <strong>en</strong> place dans le contexte d’une agglomération déjà très urbanisée etstructurée autour <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Corbeil, le CERFI s’interroge sur les possibilités <strong>de</strong> transposition aucontexte <strong>de</strong> Marne-la-Vallée caractérisé par une gran<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s communes et par une abs<strong>en</strong>ced’interlocuteur c'est-à-dire quasim<strong>en</strong>t la page blanche. La question est <strong>de</strong> savoir comm<strong>en</strong>t occuper leterrain pour empêcher la reconduction du système traditionnel <strong>de</strong> psychiatrie hospitalière. Le débat sepolarise <strong>en</strong>tre les partisans pragmatiques d’une définition à priori d’une structure et d’un lieuextrahospitaliers à planifier, un «c<strong>en</strong>tre polyval<strong>en</strong>t <strong>de</strong> santé m<strong>en</strong>tale » qui puisse s’inscrire dans lalogique <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s administrations (Guattari) et les partisans <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place avant toutd’équipes développant <strong>de</strong>s pratiques alternatives à l’<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t hospitalier (Bonnafé et Fourquet) 96 . Laposition pragmatique déf<strong>en</strong>due par Guattari conduit le CERFI à collaborer avec l’EPEVRY et avecl’EPAMARNE pour la programmation <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres polyval<strong>en</strong>ts d’hygiène m<strong>en</strong>tale 97 .94 « L’équipe médico-sociale <strong>de</strong> secteur apparaît comme la cellule productive <strong>de</strong> soins autour <strong>de</strong> laquelle s’ordonnel’<strong>en</strong>semble du dispositif matériel et institutionnel <strong>de</strong> l’hygiène m<strong>en</strong>tale. Le travail <strong>de</strong> l’équipe au sein du milieu social réelprécè<strong>de</strong> la représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> ce travail <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> statuts et <strong>de</strong> tutelles, <strong>de</strong> délimitations administratives, <strong>de</strong>subordinations hiérarchiques, <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces exclusives, etc. La population est sujet à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> thérapeutique, avantd’être objet <strong>de</strong> découpages administratifs et <strong>de</strong> partages <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces. La gamme <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> secteurs ne peutpas correspondre à une représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s « besoins <strong>de</strong> la population, ne se définit pas par rapport à cette extérioritéabstraite. C’est autour <strong>de</strong> l’équipe, « équipem<strong>en</strong>t collectif » producteur <strong>de</strong> soins, que s’ag<strong>en</strong>ce le processus <strong>de</strong>programmation comme production d’institutions» CERFI, « Programme général provisoire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry », texte dactyl., février 1973. [AD Essonne 1523W630].95 « (…) est-il possible, grâce à cette instance administrative interministérielle qu’est l’établissem<strong>en</strong>t public, d’imaginer <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts échappant au strict cloisonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s compét<strong>en</strong>ces ? Voilà le g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> questions dont on pourrait discuter etqui d’ailleurs avait été déjà abordée : comm<strong>en</strong>t faire qu’il y ait le minimum <strong>de</strong> m² spécifiquem<strong>en</strong>t affectés à la santé m<strong>en</strong>tale ?Comm<strong>en</strong>t faire que ces m² thérapeutiques soi<strong>en</strong>t placés dans un CES, un foyer <strong>de</strong> jeunes travailleurs ou pourquoi pas dansun supermarché. J’imaginerai bi<strong>en</strong> qu’au lieu <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contrer <strong>de</strong>s casseroles on tombe sur un infirmier ; <strong>en</strong>core faudrait-il, pourqu’existe un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> santé m<strong>en</strong>tale dans un supermarché qu’on l’ait prévu dans la phase <strong>de</strong> programmation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ». M. Fourquet in « Programmation, <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et hygiène m<strong>en</strong>tale », CR <strong>de</strong> laréunion t<strong>en</strong>ue le 01 mars 1972 [AD Essonne, 1523W630]96 « M. Guattari : Est-ce que tu ne crois pas tout <strong>de</strong> même qu’on <strong>de</strong>vrait pr<strong>en</strong>dre le risque <strong>de</strong> définir un c<strong>en</strong>tre polyval<strong>en</strong>t <strong>de</strong>santé m<strong>en</strong>tale par un certain nombre <strong>de</strong> caractéristiques : sa polyval<strong>en</strong>ce, sa taille qui ne <strong>de</strong>vra pas être trop gran<strong>de</strong>, sonmo<strong>de</strong> d’implantation et surtout un rapport <strong>en</strong>tre le nombre <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres et la population concernée (…)Docteur Bonnafé : Je mainti<strong>en</strong>s que si on se replie vers une version mo<strong>de</strong>rniste du thème « <strong>de</strong>s pierres avant <strong>de</strong>shommes », on sera refait. »CERFI, Programmation, <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale, Compte-r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion du mercredi 1 er mars 1972 t<strong>en</strong>ue àl’Hôpital H. Rousselle, salle Magnan, p11 [AD Essonne, 1523W630].97 « M. Guattari : Je voudrais qu’on arrive à définir un système <strong>de</strong> normes dans lequel <strong>en</strong>trerait aussi bi<strong>en</strong> la quantité <strong>de</strong>bureaux que <strong>de</strong> cantines ou <strong>de</strong> garages, et qu’à ce mom<strong>en</strong>t là on ait une <strong>en</strong>tité dont l’unicité soit <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> compte l’équipequi se projette sur ces espaces. Si on ne définit pas cette <strong>en</strong>tité, on aura beau <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s espaces on ne les aura pas,et si on les a, il n’y aura ri<strong>en</strong> <strong>de</strong>dans, aucune structure administrative par exemple (…) »CERFI, Programmation, <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et hygiène m<strong>en</strong>tale, Compte-r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion du mercredi 1 er mars 1972, op. cit.,p14.34


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IICette position est formalisée par une proposition <strong>de</strong> « Programme Général <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts d’hygiènem<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry » établie <strong>en</strong> 1972 98 .Le projet proposé à Lalan<strong>de</strong> <strong>en</strong> mars 1973 99 formalise les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre la doctrine <strong>de</strong> secteur et le conceptd’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts :- principe <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s soins dans le milieu urbain- nécessité <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s structures extra-hospitalières conduisant à « un réseaud’équipem<strong>en</strong>ts intégrés dans le tissu urbain »- principe d’ouverture sur la <strong>ville</strong> et donc d’interconnexion avec d’autres activités <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsd’hygiène m<strong>en</strong>tale, l’idée étant que ces équipem<strong>en</strong>ts particip<strong>en</strong>t à l’animation urbaine: « leséquipem<strong>en</strong>ts d’hygiène m<strong>en</strong>tale s’intègr<strong>en</strong>t avec les autres équipem<strong>en</strong>ts collectifs ; les « m²d’hygiène m<strong>en</strong>tale » sont mêlés souv<strong>en</strong>t aux «m² sociaux » <strong>de</strong> toute nature : équipem<strong>en</strong>tsscolaires et universitaires, sanitaires, sociaux, culturels, etc… Ceci n’est qu’une t<strong>en</strong>dance, maiselle découle du principe <strong>de</strong> base qui refuse <strong>de</strong> rejeter la folie dans les murs <strong>de</strong> l’asile ou <strong>de</strong> sesmo<strong>de</strong>rnes avatars ».La prestation proposée par le CERFI pour la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry comporte trois volets, la mise au pointd’un programme général, une assistance technique auprès <strong>de</strong> l’EPA pour le suivi financier etadministratif <strong>de</strong>s dossiers et <strong>en</strong>fin la constitution d’un groupe <strong>de</strong> travail perman<strong>en</strong>t.Ce groupe <strong>de</strong> travail regroupant <strong>de</strong>s pratici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l’hygiène m<strong>en</strong>tale, <strong>de</strong>s financiers, <strong>de</strong>s collectivitéslocales, serait le promoteur institutionnel, instance transversale qui pr<strong>en</strong>drait la forme d’une associationloi 1901 et qui aurait à charge <strong>de</strong> définir le programme et aussi les conditions <strong>de</strong> financem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong>gestion ultérieure <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.Cette démarche globale proposée par le CERFI n’aura pas <strong>de</strong> suite dans son intégralité. Elle va seheurter à l’opposition d’un certain nombre <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins et à l’opposition <strong>de</strong> la DDASS quand à lacréation d’une <strong>nouvelle</strong> instance <strong>de</strong> concertation.Elle va déboucher néanmoins concrètem<strong>en</strong>t sur la programmation <strong>en</strong> 1972 d’un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> jour pour<strong>en</strong>fants au sein <strong>de</strong> la « maison <strong>de</strong> la famille » qui correspond à la partie médico-sociale <strong>de</strong> l’AGORA 100 .Les interlocuteurs du CERFI à l’EPEVRY sont alors principalem<strong>en</strong>t Mlle <strong>de</strong> Clapier <strong>en</strong> charge <strong>de</strong> laprogrammation <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> la famille dans l’Agora, Mlle Demur, M. Raynaud et A. Darmagnac.Les t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong> généralisation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong>A la suite <strong>de</strong>s premières expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> programmation concertée dans le domaine <strong>de</strong> la santé m<strong>en</strong>tale(<strong>de</strong> 1970 à 1973), l’implication du CERFI <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> t<strong>en</strong>d par la suite à s’élargir à une activité <strong>de</strong>programmation plus générale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Ce changem<strong>en</strong>t correspond aussi àl’implication d’autres acteurs au sein du CERFI. Aux acteurs initiaux dont la démarche est très attachéeau domaine <strong>de</strong> la psychiatrie et à l’<strong>en</strong>jeu théorique et politique (F. Guattari, F. Fourquet, H. Maury, A.Querri<strong>en</strong>), s’ajout<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s têtes telles que Ariane Cotl<strong>en</strong>ko et Gaétane Lamarche-Va<strong>de</strong>l, anci<strong>en</strong>smembres du GIP (Groupe Interv<strong>en</strong>tion Prison <strong>de</strong> M. Foucault) ou Georges Grass, psychologue à laclinique <strong>de</strong> La Bor<strong>de</strong> qui s’efforc<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faire leur place au sein du CERFI <strong>en</strong> développant une démarcheplus opérationnelle.Cette <strong>de</strong>uxième génération d’interv<strong>en</strong>ants du CERFI se met <strong>en</strong> piste à l’occasion <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t intégré du C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Vie Enfantine <strong>de</strong> l’Arche-Guédon. A cette occasion, elle r<strong>en</strong>contre lesarchitectes <strong>de</strong> l’Abac, Raoul Pastrana, Marina Pastrana, Dominique Girard et Daniel Bourdon lesquelsavai<strong>en</strong>t travaillé avec Françoise L<strong>en</strong>oble-Predine à la formalisation architecturale <strong>en</strong> 1972 d’unprogramme <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Petite Enfance modèle.Deux ori<strong>en</strong>tations dans l’action <strong>de</strong> programmation sont alors t<strong>en</strong>tées par le CERFI <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.La première sur le thème concertation et animation met l’acc<strong>en</strong>t sur la nécessité <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> placed’une équipe d’animation à même d’<strong>en</strong>gager un processus « d’autoprogrammation » pour repr<strong>en</strong>dre leterme utilisé par A. Querri<strong>en</strong> dans son article publié <strong>en</strong> 1978 dans Technique et Architecture. Cettedémarche <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> place d’un « collectif d’animation d’un équipem<strong>en</strong>t » proche finalem<strong>en</strong>t du principe98 CERFI, « Programme Général <strong>de</strong>s Equipem<strong>en</strong>ts d’Hygiène M<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry – Projet <strong>de</strong>contrat d’étu<strong>de</strong>s <strong>en</strong>tre l’Etablissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry et le CERFI », texte dactyl. 2 mars 1972 [ADEssonne, 1523W630].99 CERFI, courrier à M. Lalan<strong>de</strong> le 09 mars 1973, [AD Essonne, 1523W630].100 CERFI (Lion Murard), « Projet d’une gestion intégrée pour les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance dans l’AGORA », texte dactyl.08/12/72 [AD Essonne 1523W630].35


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II<strong>de</strong> pré-animation, va être t<strong>en</strong>tée sans succès à Marne-la-Vallée à partir <strong>de</strong> ce qui est <strong>en</strong>core à l’époquela friche <strong>de</strong> la ferme Du Buisson. Elle ne parvi<strong>en</strong>dra pas à déboucher sur une expéri<strong>en</strong>ce concrète <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong>. C’est finalem<strong>en</strong>t dans le quartier <strong>de</strong> l’Alma Gare à Roubaix que Georges Grass va pouvoirdévelopper et populariser <strong>en</strong> 1976 avec le concours <strong>de</strong>s architectes <strong>de</strong> l’Abac, , une démarche <strong>de</strong>concertation avec les habitants pour la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs par le biais d’unAtelier Populaire d’Urbanisme 101 . Cette démarche qui débouche sur la conception d’équipem<strong>en</strong>ts intégrésva contribuer à populariser notamm<strong>en</strong>t au niveau <strong>de</strong>s politiques le principe <strong>de</strong> concertation avec leshabitants (l’Atelier Populaire d’Urbanisme qui r<strong>en</strong>tre dans la panoplie <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> la<strong>ville</strong>).A côté <strong>de</strong> cette démarche d’animation tournée vers les usagers, sont poursuivies <strong>de</strong>s démarches danslesquelles la concertation pr<strong>en</strong>d une tournure plus technique et plus spécialisée. C’est dans cettedirection qu’Ariane Cotl<strong>en</strong>ko va travailler <strong>en</strong> 1974 à l’établissem<strong>en</strong>t du programme du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la PetiteEnfance Désirée Clary à Melun-Sénart. Si Le CERFI est au départ contacté, comme nous l’a indiquéJacques Lécureuil 102 , parce qu’il est prévu d’intégrer dans l’équipem<strong>en</strong>t, sur le modèle d’Evry et <strong>de</strong>Marne-la-Vallée, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> suivi médico-psychologique (c<strong>en</strong>tre d’action médico-social précoce)assurant une action <strong>de</strong> prév<strong>en</strong>tion et <strong>de</strong> dépistage précoce <strong>de</strong>s troubles psychologiques, c’est bi<strong>en</strong> aufinal sur la prestation <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la programmation d’un équipem<strong>en</strong>t intégré pour la petite <strong>en</strong>fancequ’intervi<strong>en</strong>t A. Cotl<strong>en</strong>ko 103 .La phase d’élaboration du programme va reposer sur l’activité d’un groupe <strong>de</strong> travail réunissant lesdiffér<strong>en</strong>tes administrations concernées et les collectivités. L’objectif principal <strong>de</strong> la démarche et sonoriginalité est la constitution, suivant le principe du «promoteur institutionnel » d’un groupe pér<strong>en</strong>necapable d’accompagner et <strong>de</strong> sout<strong>en</strong>ir le projet dans toutes ses phases <strong>de</strong> réalisation puis <strong>de</strong>fonctionnem<strong>en</strong>t. Ce « collectif » répond à l’idée d’une «intégration progressive » seule à même <strong>de</strong>surmonter tous les problèmes posés par la globalisation <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong> charge <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant (statuts <strong>en</strong>formations <strong>de</strong>s personnels, habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, etc.).Le bilan <strong>de</strong> cette concertation <strong>en</strong>gagée par le CERFI à Melun-Sénart tel que l’analyse <strong>en</strong> 1978 TouhamiB<strong>en</strong>cheikh est globalem<strong>en</strong>t négatif 104 . La recherche d’un cons<strong>en</strong>sus autour <strong>de</strong> l’objectif d’intégration vase heurter à la réalité <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> chaque institution.Le prima accordé à l’innovation et à la recherche d’une dynamique <strong>de</strong> groupe interinstitutionnellesout<strong>en</strong>ant cette innovation n’est pas sans effet pervers, conduisant à une dichotomie <strong>en</strong>tre le plan <strong>de</strong>sidées, du débat et celui <strong>de</strong> la réalité intangible <strong>de</strong>s contraintes normatives individuelles <strong>de</strong> chaqueinstitution. La recherche d’un cons<strong>en</strong>sus inhér<strong>en</strong>te à la métho<strong>de</strong> du groupe <strong>de</strong> travail va <strong>en</strong>traîner <strong>de</strong>sajustem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> concertation (principes <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres sélectives). A force <strong>de</strong> resserrer lesacteurs <strong>de</strong> la concertation, le groupe <strong>de</strong> travail limité aux seules administrations pr<strong>en</strong>d un caractèrebureaucratique. Au final la démarche sert surtout <strong>de</strong> révélateur <strong>de</strong> l’irréductibilité <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> chaqueinstitution « tout semble s’être déroulé comme si l’on était parti <strong>de</strong> ce que l’on voulait réaliser (continuitépédagogique, intégration institutionnelle, disparition <strong>de</strong>s ruptures crèche-maternelle-CLAE-primaire) pourarriver à ce qui existait vraim<strong>en</strong>t : les normes » 105 . La confrontation apparaît <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue commeune épreuve <strong>de</strong> réalité, une déconstruction du mythe dont le seul gain tangible est l’obt<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> manièresimultanée par l’EPA <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> chaque équipem<strong>en</strong>t concerné par le regroupem<strong>en</strong>t.Poursuivant un registre spécialisé similaire, A. Cotl<strong>en</strong>ko va être impliquée dans le processus <strong>de</strong>programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts du quartier du Luzard <strong>en</strong> 1976. Cette démarche complexe sur laquell<strong>en</strong>ous rev<strong>en</strong>ons plus loin, va réunir dans un processus <strong>de</strong> concertation ambitieux les principaux bureauxd’étu<strong>de</strong>s impliqués dans la réflexion sur la programmation et sur la coordination <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs à savoir la SCOOPER, le CERFI, Quaternaire Education, le Groupe <strong>de</strong> Sociologie Urbaine(GSU), l’Ag<strong>en</strong>ce Nationale pour le Développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Education Perman<strong>en</strong>te (ADEP).Une « méthodologie <strong>de</strong> programmation » très précise est élaborée pour ce travail collectif 106 , très inspirée<strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce du Vaudreuil. Au sein <strong>de</strong> ce qui est défini comme une « structure d’étu<strong>de</strong> ouverte » 107101 Voir à ce sujet « alma-gare : un autre mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts » in TA, n° 318, 1978, p90-93.102 Jacques Lécureuil, interview par A. Korganow, annexe 02.103 CERFI, « Complexe Intégré <strong>de</strong> l’Enfance Désirée Clary », EPA <strong>de</strong> Melun-Sénart (EPAMS), octobre 1974 [archivesJacques Lécureuil].104 B<strong>en</strong>cheikh Touhami, « Conception et réalisation d’un <strong>en</strong>semble intégré », Mémoire sout<strong>en</strong>u dans le cadre du III èmecycle <strong>de</strong> Sociologie <strong>de</strong> l’Institut d’Etu<strong>de</strong>s Politiques <strong>de</strong> Paris, nov. 1978.105 B<strong>en</strong>cheikh Touhami, Op. Cit.106EPAMARNE, « Méthodologie <strong>de</strong> programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier 2» ; Texte dactylo, sd. [archivesEPAMARNE]107 EPAMARNE, « Programme <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts – C<strong>en</strong>tre du Luzard », Note dactyl. juin 1976. [archives EPAMARNE]36


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIalternant les phases <strong>de</strong> travail isolé <strong>de</strong>s participants spécialistes et les cessions d’étu<strong>de</strong> commune, leCERFI <strong>en</strong> la personne d’Ariane Cotl<strong>en</strong>ko intervi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que spécialiste <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance et du suivimédico-social, dans la continuité <strong>de</strong> son interv<strong>en</strong>tion pour le C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> vie <strong>en</strong>fantine <strong>de</strong> l’Arche-Guédon.La réflexion commune <strong>en</strong>tre bureaux d’étu<strong>de</strong>s fait ressortir les principes programmatiques que chacun apu élaborer au cours <strong>de</strong> ses premières expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> programmation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Ainsi vont êtrerepris les principes d’organisation par pôle et les principes <strong>de</strong> spatialisation mis au point par laSCOOPER au Vaudreuil (tableaux à double <strong>en</strong>trée et graphes pour définir et spatialiser les relations<strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tités programmatiques) 108L’apport du CERFI à la réflexion commune m<strong>en</strong>ée aux Luzards se situe quant à lui principalem<strong>en</strong>t dansla construction théorique et opérationnelle <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau, (avec ses corollaires, les notions <strong>de</strong>tête <strong>de</strong> réseau et <strong>de</strong> relais) 109 . A l’appui <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la psychiatrie <strong>de</strong> secteur, c’est finalem<strong>en</strong>t surl’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette notion <strong>de</strong> réseau, plus que sur le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>concertation, que l’apport du CERFI à l’activité <strong>de</strong> programmation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> apparaît la plustangible.II.1.4 – La concertation à l’ère <strong>de</strong>s syndicats d’agglomérationL’évolution <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs est <strong>en</strong> prise direct sur l’évolution <strong>de</strong>srapports <strong>de</strong> force <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes instances décisionnelles <strong>en</strong> charge <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Ladim<strong>en</strong>sion idéologique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts voués à l’animation urbaine les r<strong>en</strong>d particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblesà cette variable.Cette évolution se résume t’elle à un basculem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s EPA partisans et producteurs <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés et <strong>de</strong>s collectivités, communes et SAN aspirant à <strong>de</strong>s formes plus classiquesd’équipem<strong>en</strong>t ?Comme nous l’avons souligné dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t sur la mobilisation <strong>de</strong>s acteurs,l’investissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s collectivités locales est très variable suivant les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, suivant lapuissance <strong>de</strong>s EPA et ne se résume pas à un investissem<strong>en</strong>t « contre » les équipem<strong>en</strong>ts intégrés etcontre la programmation.La question posée ici <strong>en</strong> fait est double. Quelle activité <strong>de</strong> programmation expérim<strong>en</strong>tale ou complexe apu se maint<strong>en</strong>ir dans les EPA et quels ont pu être les transferts <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces et <strong>de</strong> savoir-faire sur laprogrammation <strong>en</strong>tre les EPA et les collectivités ?Par rapport aux trois gran<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’histoire politique <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, la pério<strong>de</strong> 1969-77correspondant à la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s EPA et au règne sans partage <strong>de</strong> ceux-ci sur les décisionsd’aménagem<strong>en</strong>t face à <strong>de</strong>s communes petites et sans moy<strong>en</strong>s, la pério<strong>de</strong> 1977-83 correspondant aubasculem<strong>en</strong>t politique <strong>de</strong> nombreuses communes (municipales <strong>de</strong> 1977) et à la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>sSyndicats Communautaires d’Aménagem<strong>en</strong>t (SCA) qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t selon les Villes Nouvelles plus oumoins d’importance, la pério<strong>de</strong> <strong>en</strong>fin postérieure à 1983 correspondant au changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> régimeintercommunal (Loi Rocard) <strong>de</strong>s Villes Nouvelles avec la création <strong>de</strong>s Syndicats d’Aménagem<strong>en</strong>t (SAN)et à la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong>s communes, les témoignages que nous ont apporté les acteurs ayantexercé au sein <strong>de</strong>s EPA une activité <strong>de</strong> programmation et <strong>de</strong> montage <strong>de</strong>s opérations <strong>en</strong> tant quemaîtrise d’ouvrage déléguée ont dressé un tableau peu reluisant <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.Le témoignage <strong>de</strong> G<strong>en</strong>eviève Machu sur l’impact <strong>de</strong> l’évolution administrative et politique à Marne-la-Vallée (voir annexe 2) est particulièrem<strong>en</strong>t éloqu<strong>en</strong>t. Il montre <strong>de</strong>ux choses :- la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s instances <strong>de</strong> programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, équipes <strong>de</strong>technici<strong>en</strong>s au sein <strong>de</strong>s syndicats intercommunaux (SCA puis SAN) et équipes <strong>de</strong> technici<strong>en</strong>sau sein <strong>de</strong>s services techniques <strong>de</strong>s communes. Ces technici<strong>en</strong>s qui hérit<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s prérogatives <strong>de</strong>s Etablissem<strong>en</strong>ts Publics ne vont pas forcém<strong>en</strong>t hériter du savoir-faire et duréseau d’interlocuteurs développés par les équipes <strong>de</strong>s EPA.108 SCOOPER, «Elém<strong>en</strong>ts pour la mise à jour d’une organisation spatiale du c<strong>en</strong>tre du quartier <strong>de</strong>s Luzards », textedactylo., 18 juin 1976. [EPAMARNE– G. Machu]109 A. Bar<strong>en</strong>ton (Quaternaire Education), Y. Charreyre (APIAUL), A. Cotl<strong>en</strong>ko (CERFI), « Note sur la programmation du pôle<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre du quartier <strong>de</strong>s Luzards », texte dactyl. s.d. [EPAMARNE – G. Machu]37


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II- Les t<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>tre SAN et communes, l’équilibre fragile à trouver plac<strong>en</strong>t les EPA dans uneposition délicate et leur impose une neutralité, ce qui condamne les démarches <strong>en</strong> direction <strong>de</strong>sutilisateurs et les démarches <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s normes.La montée <strong>en</strong> puissance à partir <strong>de</strong> la loi Boscher <strong>de</strong>s communautés d’agglomération conduit à unrééquilibrage <strong>de</strong>s prérogatives <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> ces institutions et au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s EPA. L’<strong>en</strong>jeu d’animation<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> par sa dim<strong>en</strong>sion politique et idéologique est un <strong>de</strong>s premiers domaine <strong>de</strong>compét<strong>en</strong>ce qui bascule <strong>de</strong>s EPA vers les SCA. Or les groupes <strong>de</strong> travail dont l’objectif est <strong>de</strong> mieuxcerner les besoins <strong>de</strong>s habitants, futurs utilisateurs <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, relèv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> lapolitique d’animation.Dans le cadre <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs, un certain nombre <strong>de</strong> SCA vont ainsimettre <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s commissions et <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail au sein <strong>de</strong>squelles les ori<strong>en</strong>tations <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts, les modalités <strong>de</strong> leur regroupem<strong>en</strong>t seront débattues. Ce mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>compét<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière d’animation et <strong>de</strong> concertation au profit <strong>de</strong>s SCA a bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t été initié par lesEPA.L’opération du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> St Bonnet comme modèle <strong>de</strong> concertationCe mouvem<strong>en</strong>t a été très net à l’Isle-d’Abeau où sous l’impulsion <strong>de</strong> l’EPA (EPIDA), le SCA (SCANIDA)s’est structuré <strong>en</strong> commissions perman<strong>en</strong>tes spécialisées dans les différ<strong>en</strong>ts domaines administratifs(commission <strong>de</strong>s Finances, <strong>de</strong>s Affaires Sociales, <strong>de</strong> la Santé, <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la culture). Aces commissions spécialisées se sont ajoutés d’une part <strong>de</strong>s groupes d’intercommissions assurant lacoordination <strong>de</strong>s actions et <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail transversaux portant sur <strong>de</strong>s projet particuliers etassociant les membres <strong>de</strong>s commissions du SCANIDA, aux professionnels <strong>de</strong> l’EPIDA, ainsi qu’à <strong>de</strong>sacteurs associatifs et <strong>de</strong>s professionnels 110 . En particulier sont associés <strong>de</strong> manière privilégiée <strong>de</strong>uxstructures, d’une part l’Isle-d’Abeau Animation qui est l’équipe d’animation dép<strong>en</strong>dant du SCA et d’autrepart la Mission d’éducation perman<strong>en</strong>te faisant le li<strong>en</strong> avec le ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale, trèsinvesti comme on l’a vu dans l’expérim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Cette organisation mise <strong>en</strong> place dès 1974, s’appuie sur la volonté <strong>de</strong> l’EPIDA, <strong>de</strong> légitimer sesdécisions face à <strong>de</strong>s communes <strong>en</strong>core rurale, avec peu d’élites.La série <strong>de</strong>s trois opérations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés à Villefontaine, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Serv<strong>en</strong>oble, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>sRoches et c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> St Bonnet a servi <strong>de</strong> support privilégié pour le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces groupes <strong>de</strong>travail. C’est principalem<strong>en</strong>t à l’occasion <strong>de</strong> la programmation et du quartier <strong>de</strong> St Bonnet au milieu <strong>de</strong>sannées 70 que le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces commissions s’est affirmé et que le SCANIDA a pris <strong>de</strong>l’assurance. Cette montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong>s commissions du SCANIDA peut s’expliquer au moins partrois facteurs :- Le premier facteur est l’implication dans les commissions du SCANIDA d’élus plusexpérim<strong>en</strong>tés v<strong>en</strong>us <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Bourgoing (L’Isle-d’Abeau dans son périmètre ét<strong>en</strong>duallait jusqu’à Bourgoing)- Le <strong>de</strong>uxième facteur est l’arrivée <strong>de</strong> la gauche au pouvoir <strong>en</strong> 1977, et l’arrivée <strong>de</strong>s premiers élusissus directem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (v<strong>en</strong>us <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s quartiers neufs <strong>de</strong>Villefontaine)- Le troisième facteur <strong>en</strong>fin et non <strong>de</strong>s moindres est le rôle <strong>en</strong>traînant <strong>de</strong> la mobilisation ayant eulieu autour du concours d’urbanisme <strong>de</strong> St Bonnet avec la t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s commissions <strong>de</strong> Jury danslesquelles se sont impliqués les élus et avec la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> Paul Delouvrier pour prési<strong>de</strong>r le Jury.Ce mouvem<strong>en</strong>t d’émancipation <strong>de</strong>s commissions du SCANIDA n’ira pas sans quelques t<strong>en</strong>sions avecl’EPIDA, notamm<strong>en</strong>t à l’occasion du concours pour l’équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> St Bonnet, à la foiséquipem<strong>en</strong>t social, éducatif et culturel.Le désaccord porte <strong>en</strong> premier lieu sur le type d’intégration à préconiser. Le Groupe <strong>de</strong> SociologieUrbaine (GSU) ayant travaillé avec l’EPIDA avait préconisé pour ce c<strong>en</strong>tre un éclatem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts et une répartition judicieuse le long <strong>de</strong>s espaces publics et ce pour éviter que les macroéquipem<strong>en</strong>tsne soi<strong>en</strong>t accaparés par une classe dominante. A l’inverse le présid<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lacommission <strong>de</strong>s Affaires sociales, J.P. Luillier, élu communiste <strong>de</strong> Villefontaine a fait p<strong>en</strong>cher la balance<strong>en</strong> faveur d’un méga-équipem<strong>en</strong>t, figure mo<strong>de</strong>rne d’une maison ou d’un palais du peuple.110 Les compte-r<strong>en</strong>dus <strong>de</strong> ces commissions sont conservés aux archives du SCANIDA [SAN IDA, 35W20]38


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIPar la suite, le choix du lauréat du concours pour l’équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral du quartier <strong>de</strong> St Bonnet a donnélieu à un épiso<strong>de</strong> assez t<strong>en</strong>du <strong>en</strong>tre l’EPIDA et le SCANIDA alors même que cette opération estexplicitem<strong>en</strong>t désignée comme l’occasion d’une redéfinition <strong>de</strong>s rapports <strong>en</strong>tre ces <strong>de</strong>ux organismes.Les lettres successives du présid<strong>en</strong>t du SCANIDA et Maire <strong>de</strong> Villefontaine, Serge Mauroit au DirecteurGénéral <strong>de</strong> l’EPIDA ne laiss<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> doute sur la volonté d’affirmation du SCANIDA comme maîtred’ouvrage souverain. 111L’équipem<strong>en</strong>t intégré, <strong>de</strong> par sa complexité, ses <strong>en</strong>jeux multiples, peut jouer son rôle <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong>maturation politique pour les acteurs locaux. Un <strong>de</strong>s effets induits <strong>de</strong> cette implication du SCA <strong>de</strong> l’Isled’Abeaudans le processus <strong>de</strong> planification/concertation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> ST Bonnet est la prés<strong>en</strong>ced’archives importantes sur cette opération dans le service docum<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’actuelle SAN, alorsqu’elles sont quasi inexistantes à l’EPIDA, ce qui traduit bi<strong>en</strong> la limitation <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier au strictopérationnel.Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> prévision et <strong>de</strong> programmation, les c<strong>en</strong>tres intégrés ont focalisé à l’Isle-d’Abeaul’effort <strong>de</strong> création collective d’une vie sociale mobilisant l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s acteurs politiques etprofessionnels, ce que traduit l’ouvrage collectif réalisé <strong>en</strong> 1980-81 sur la maison pour Tous <strong>de</strong>sRoches 112 . Dans cet ouvrage foisonnant sont exposées toutes les démarches <strong>en</strong>treprises pourdynamiser la vie sociale, démarches <strong>de</strong>s acteurs sociaux auprès <strong>de</strong>s habitants mais aussi démarches<strong>de</strong> recherche telle que celle m<strong>en</strong>ée par le Groupe <strong>de</strong> Sociologie Urbaine <strong>de</strong> Lyon ou bi<strong>en</strong> celle <strong>en</strong>treprisepar Jeanne Hominal, sociologue du CRESAL <strong>de</strong> St Eti<strong>en</strong>ne sur « les femmes et les équipem<strong>en</strong>ts ». Lacoordination et la concertation comme <strong>en</strong>jeux d’une « démocratie locale » sont au cœur du propos <strong>de</strong>l’ouvrage qui multiplie les graphes et tableaux exposant la place <strong>de</strong> chacun dans le dispositif <strong>de</strong>structuration <strong>de</strong> l’animation [voir Planche 03]. Le dispositif mis <strong>en</strong> place pour la réflexion sur larestructuration <strong>de</strong> St Bonnet apparaît bi<strong>en</strong> à l’occasion comme l’aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> prise<strong>en</strong> main du <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par ses habitants, ses élus et ses acteurs professionnels : « Laréflexion sur la structuration <strong>de</strong> St Bonnet <strong>en</strong> est l’un <strong>de</strong>s aboutissem<strong>en</strong>ts comme le montre le schémap278, la collectivité locale mettra <strong>en</strong> place une structure <strong>de</strong> concertation-débat qui regrouperal’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> ce que nous pouvons appeler les forces sociales, politiques, syndicales, mutualistes,associatives… qui <strong>de</strong> part sa couverture <strong>de</strong> la réalité sociale permet d’une part <strong>de</strong> mieux appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r lesfaits sociaux et <strong>de</strong> faire interv<strong>en</strong>ir et travailler le maximum <strong>de</strong> personnes <strong>en</strong>sembles. La prévision nerestera plus alors le fait <strong>de</strong> l’aménageur (EPIDA) mais sera liée aux évaluations <strong>de</strong>s phénomènessociaux qui se développ<strong>en</strong>t pour rechercher une meilleure adéquation possible <strong>en</strong>tre les besoins <strong>de</strong>sindividus ou groupes et le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> » 113 .L’organisation d’une démarche <strong>de</strong> concertation par le SCA n’a pas eu lieu qu’à l’Isle-d’Abeau. Ce fut lecas aussi à Evry, à l’occasion <strong>de</strong> la programmation du quartier <strong>de</strong>s Aunettes, où le présid<strong>en</strong>t du SCA,Jacques Guyard avait souhaité mettre <strong>en</strong> place un « atelier populaire d’urbanisme ». Cette démarcheétait moins technique qu’à l’Isle-d’Abeau et plus tournée vers la participation <strong>de</strong>s habitants. Même si,comme nous l’a expliqué H.L. Jarrige, les personnes impliquées dans le processus étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s militantsassociatifs d’autres quartiers, c’est-à-dire baignant dans « l’idéologie socioculturelle », la démarche n’apas été sans intérêt, elle a condut à définir un parti d’urbanisme original à partir d’une démarchecomparative développée avec le quartier voisin <strong>de</strong>s Epinettes fraîchem<strong>en</strong>t réalisé 114 .Cette démarche est restée néanmoins très exceptionnelle à Evry, ailleurs, comme nous l’a expliqué H.L.Jarrige, c’était le Maire avec son conseil municipal qui décidai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s procédures et <strong>de</strong>s programmes.Au bout du compte, force est <strong>de</strong> constater que cette évolution qui a eu pour effet d’<strong>en</strong>traînerl’appauvrissem<strong>en</strong>t puis la disparition <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs au sein111 Le choix du lauréat déterminé à l’issu d’une consultation <strong>en</strong> trois tours a donné lieu à un cont<strong>en</strong>tieux porté <strong>de</strong>vant letribunal par un <strong>de</strong>s candidats (choisi par le Jury à l’issue <strong>de</strong>s trois tours mais refusé par le SCANIDA qui a ret<strong>en</strong>u le lauréat du1 er tour). Les traces <strong>de</strong> cette t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>tre le SCANIDA et l’EPIDA ne manqu<strong>en</strong>t pas: « Convaincu que vous aurez à cœur <strong>de</strong>profiter <strong>de</strong> cette très importante opération pour établir un nouveau type <strong>de</strong> relation <strong>en</strong>tre l’établissem<strong>en</strong>t public et les élus,… » Courrier du présid<strong>en</strong>t du SCANIDA au Directeur Général <strong>de</strong> l’EPIDA le 13 nov. 1981 [SAN IDA, 35W20]« J’espère monsieur le Directeur Général, que la prés<strong>en</strong>te lettre, n’appellera <strong>de</strong> votre part aucune objection. Je suispersuadé que vos services mettront un zèle particulier à respecter la décision du Maître d’ouvrage et que le mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du,s’il y a eu mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du , sera définitivem<strong>en</strong>t dissipé » Courrier du présid<strong>en</strong>t du SCANIDA au Directeur Général <strong>de</strong> l’EPIDA le 5avril 1982 [SAN IDA, 35W20]112 Latimier Didier (ouvrage collectif), « De l’impact d’un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quartier dans la réalisation <strong>de</strong> la viecollective… La Maison Pour Tous <strong>de</strong>s Roches dans le 1 er quartier <strong>de</strong> la Ville Nouvelle L’Isle-d’Abeau –Villefontaine (Isère) » SCANIDA, juin 1981. [SAN IDA]113 Latimier Didier (ouvrage collectif), op. cit., p224.114 H.L. Jarrige, interview le 22 octobre 2004, annexe 02, p 41.39


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II<strong>de</strong>s EPA n’a pas été relayée <strong>de</strong> manière constante et soli<strong>de</strong> par une activité structurée et pér<strong>en</strong>ne dansles SAN.40


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIII.2 – L’INVENTION DE PROGRAMMES COMPLEXES EN VILLE NOUVELLE:L’<strong>en</strong>jeu d’innovation programmatique sous-t<strong>en</strong>du par le processus d’intégration <strong>de</strong>s programmes et <strong>de</strong>sservices conduit à s’interroger sur les figures <strong>nouvelle</strong>s ou les figures dérivées d’équipem<strong>en</strong>t intégréayant pu être produites <strong>en</strong> Ville Nouvelle.De façon théorique, le procédé <strong>de</strong> décomposition/recomposition <strong>de</strong>s programmes a vocation <strong>en</strong> effet àproduire <strong>de</strong> nouveaux assemblages et donc <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s figures d’équipem<strong>en</strong>t, répondant non plus à un<strong>en</strong>orme et à <strong>de</strong>s ratios définis au niveau national (les fameuses grilles tant décriées) mais à une réalité <strong>de</strong>terrain et aux usages supposés <strong>de</strong>s habitants.Au <strong>de</strong>là l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs conduit à une réflexion sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production<strong>de</strong>s projets architecturaux, sur l’interaction et les allers et retours <strong>en</strong>tre projet et programme, surl’importance d’une approche collective et pluridisciplinaire <strong>de</strong>s projets. L’équipem<strong>en</strong>t socio-culturelintégré comme lieu c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> la vie publique est un lieu <strong>de</strong> débat qui interroge le processus même <strong>de</strong> laconception architecturale. Cette réflexion s’articule, si on se réfère à <strong>de</strong>s architectes comme JosephBelmont ou Pierre Riboulet avec une théorie <strong>de</strong> la pratique spécifique (pour un urbanisme et unearchitecture « collective ») 115 . A l’horizon <strong>de</strong> cette démarche, on trouve le projet d’un équipem<strong>en</strong>trévolutionnaire, un équipem<strong>en</strong>t «inédit » ultime avatar du «cond<strong>en</strong>sateur social » dont l’objectif estl’avènem<strong>en</strong>t d’une <strong>nouvelle</strong> culture urbaine non oppressive 116 .Cette pot<strong>en</strong>tialité <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré recouvre <strong>en</strong> fait <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>jeux distincts :- Le premier concerne le nombre et la nature <strong>de</strong>s programmes regroupés <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>l’échelle urbaine à laquelle s’adresse l’équipem<strong>en</strong>t.- Le second concerne la possibilité <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s <strong>en</strong>tités <strong>nouvelle</strong>s élaborées à partir dutravail <strong>de</strong> décomposition/recomposition <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme opérées dans leprocessus d’intégration (une logique <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t suivant <strong>de</strong>s unités fonctionnelles etnon plus suivant <strong>de</strong>s découpages traditionnels).Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, force est <strong>de</strong> constater que le processus conduit <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> à l’élaborationd’<strong>en</strong>tités correspondant à un nombre limité <strong>de</strong> figures d’équipem<strong>en</strong>ts dérivées <strong>de</strong>s modèles initiaux,figures auxquelles sont associés au mieux quelques élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme atypiques.Cette restriction peut s’expliquer d’abord par la difficulté d’association et <strong>de</strong> synchronisation <strong>de</strong>sfinancem<strong>en</strong>ts v<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes administrations.Par ailleurs, le nombre d’élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme se prêtant facilem<strong>en</strong>t au travail <strong>de</strong> combinaison et <strong>de</strong>mise <strong>en</strong> commun est finalem<strong>en</strong>t assez limité: le restaurant scolaire, les équipem<strong>en</strong>ts sportifs, lesateliers <strong>de</strong> travaux manuels (ateliers scolaires et ateliers <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong>s jeunes), la bibliothèque, lasalle polyval<strong>en</strong>te à la fois salle <strong>de</strong> spectacle et salle <strong>de</strong> réunion et pour finir ce lieu c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> convivialitéque doit être le hall commun aux différ<strong>en</strong>tes activités.Si l’on se réfère au seul critère du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s programmes, l’év<strong>en</strong>tail d’objets à étudier pourraitêtre évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t plus large mais il finirait par perdre s<strong>en</strong>s par rapport à la notion historique d’intégration.Nous sommes donc limités ici aux figures d’équipem<strong>en</strong>ts pour lesquelles le terme « intégré » a étéutilisé par les aménageurs.Cep<strong>en</strong>dant, ou pourra constater que la logique <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tsprogrammes initiée par la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t socioculturel intégré esquisse différ<strong>en</strong>tes facettes <strong>de</strong>la notion contemporaine <strong>de</strong> « programme complexe » telle qu’elle se développe aujourd’hui à travers <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> <strong>en</strong>vergure telle que les universités, les parcs ou les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> loisirs.II.2.1 – L’exploitation <strong>de</strong>s figures initiales.115 Voir à ce sujet l’article <strong>de</strong> J. Belmont in Pour, « Des équipem<strong>en</strong>ts éducatifs et culturels intégrés », n°23/24, octobre 1971et le texte <strong>de</strong> Pierre Riboulet, (dans le cadre <strong>de</strong>s travaux du « Groupe <strong>de</strong> réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs » <strong>de</strong>la mission d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Ville Nouvelle du Vaudreuil) « Une architecture pour les équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs - Liberté <strong>de</strong>conception et normes obligatoires », séance du 18 septembre 1969. Texte dactylo. [IFA : fond ATM 162 IFA 1540].116 Mission d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Ville Nouvelle du Vaudreuil, groupe « politique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts », Pierre Riboulet, « Un équipem<strong>en</strong>tinédit ». Rapport dactylo. daté du 23/10/1970, p2 [IFA : fond atelier <strong>de</strong> Montrouge, 162ifa1547].41


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa formule initiale <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré repose sur <strong>de</strong>ux « figures » <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmesorganisés autour d’un équipem<strong>en</strong>t scolaire :– Le C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel développé à partir d’un collège– Le C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance qui s’organise autour <strong>de</strong>s écoles primaires et maternelleset qui a parfois été nommé « C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel du 1 er <strong>de</strong>gré ».Ces <strong>de</strong>ux figures, qui sont celles déclinées dans les modèles inauguraux <strong>de</strong> Yerres, <strong>de</strong> Istres et <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble, vont être exploitées dans l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s neuf Villes Nouvelles, surtout lors <strong>de</strong> la premièrevague <strong>de</strong> planification d’équipem<strong>en</strong>ts (correspondant au VI ème Plan, c’est-à-dire 1970-74).D’emblée, les équipem<strong>en</strong>ts intégrés sont généralem<strong>en</strong>t considérés selon les trois niveaux classiques <strong>de</strong>l’aménagem<strong>en</strong>t reconduit par l’IAURP:— Ville : c<strong>en</strong>tre culturel— Quartier : maison <strong>de</strong> quartier + CES— Voisinage : maison <strong>de</strong> voisinage + écoleLeur utilisation réunit <strong>de</strong>ux préoccupations majeures <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, d’une part l’<strong>en</strong>jeu d’animation<strong>de</strong>s quartiers neufs et d’autre part l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> mutation du système éducatif à travers les problématiques<strong>de</strong> « l’école ouverte » et <strong>de</strong> « l’éducation perman<strong>en</strong>te ».Au croisem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>jeux d’innovation sociale, l’équipem<strong>en</strong>t intégré dans sa version initialedonne lieu à une véritable inflation <strong>de</strong> démarches expérim<strong>en</strong>tales, aussi bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s équipesd’aménageurs que <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> l’éducation (inspecteurs, <strong>en</strong>seignants, animateurs),<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong> extérieurs (CERFI et Quaternaire Education), et <strong>de</strong> la part d’associations.Il faut souligner à ce sujet que la coordination <strong>de</strong>s services autour <strong>de</strong> l’école est à l’époque <strong>en</strong>couragéeaussi au niveau international, notamm<strong>en</strong>t par l’OCDE sur le thème <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t communautaire etsur le thème <strong>de</strong> l’éducation perman<strong>en</strong>te 117 . Dans cet esprit une mission spécifique sur le terrain <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s va être confiée par l’Education Nationale à Bertrand Schwarz <strong>en</strong> 1974 (groupe « Actions <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> ») 118 .Le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance, objet expérim<strong>en</strong>tal par excell<strong>en</strong>ceDans ce registre <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t scolaire élargi, les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance (CPE) et lesc<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance organisés autour d’école élém<strong>en</strong>taires ou préélém<strong>en</strong>taires ont été certainem<strong>en</strong>tles objets les plus investis sur le thème <strong>de</strong> l’innovation sociale.Systématiquem<strong>en</strong>t implantés dans les premières opérations d’urbanisation (à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelinesdans le quartier <strong>de</strong>s 7 mares, dans le germe <strong>de</strong> <strong>ville</strong> du Vaudreuil, à Vitrolles, à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, àMarne-la-Vallée dans le quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon, à Sénart), ces c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance s’impos<strong>en</strong>tclairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> comme le type innovant par excell<strong>en</strong>ce d’équipem<strong>en</strong>t collectif.Cet investissem<strong>en</strong>t est sout<strong>en</strong>u comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t par l’association « Pour<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la Petite Enfance » <strong>de</strong> Françoise L<strong>en</strong>oble-Predine. L’élaboration d’un projet modèle <strong>de</strong>c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance industrialisé, exposé à l’Institut National Pédagogique <strong>en</strong> 1971 puis au Salon <strong>de</strong>l’Enfance <strong>en</strong> 1972, visait à la normalisation et la popularisation du procédé [voir Planche 18]. Comme lesouligne un article paru dans la revue « Femme Pratique » <strong>en</strong> 1972, le succès r<strong>en</strong>contré par la formulecorrespond aussi à un phénomène <strong>de</strong> société qui est l’implication d’un nombre grandissant <strong>de</strong> femmesdans la vie active et la nécessité <strong>de</strong> regrouper tous les services pour faciliter la vie <strong>de</strong>s mères quidorénavant travaill<strong>en</strong>t.L’action <strong>de</strong> Françoise L<strong>en</strong>oble-Prédine est relayée par les initiatives du SGGCVN, celle <strong>de</strong>s missions et<strong>de</strong>s EPA <strong>en</strong> liaison avec <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong>s tels que Quaternaire Education ou avec <strong>de</strong>s117 Sur le thème <strong>de</strong> la « coordination <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires et communautaires », une démarche <strong>de</strong> réflexion a été m<strong>en</strong>éepar l’OCDE. G. Le Boterf, membre <strong>de</strong> Quaternaire Education a étudié dans ce cadre le cas du CEC <strong>de</strong> Istres. Voir G. Le Boterf,Co-ordination of School an Community Facilities - Case Study : C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel d’Istres France,OCDE, Symposium <strong>de</strong> Skokloser, Swed<strong>en</strong>, 1976 [IFA, 162ifa1314/3] et aussi Techniques et Architecture,« Equipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> quartier », n°318. Février. 1978.118 SGCVN (J.E. Roullier), « Note à l’att<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> messieurs les directeurs <strong>de</strong>s établissem<strong>en</strong>ts publics d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et <strong>de</strong> monsieur le directeur <strong>de</strong> la mission interministérielle pour l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Fos-Etang<strong>de</strong> Berre », note dactyl., mars 1974 [AM Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq].42


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIuniversitaires : colloque organisé sur le sujet à Marseille les 20 et 21 février 1974 119 , étu<strong>de</strong> comparativeapprofondie m<strong>en</strong>ée par Armelle Baraton (Quaternaire Education) et par Anne-Marie H<strong>en</strong>riot(programmatrice <strong>de</strong> l’EPAREB) sur trois c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance (Marne-la-Vallée, Vill<strong>en</strong>euve-d’Ascq etVitrolles), <strong>en</strong>fin ouvrage réalisé par le SGGCVN sur l’architecture <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> 120Voué à assurer la prise <strong>en</strong> charge <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants <strong>de</strong> 0 à 7 ans (pour les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance), voiremême <strong>de</strong> 0 à 12 ans, le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le réceptacle <strong>de</strong>s initiatives expérim<strong>en</strong>tales tousazimuts (régimes diététiques, prises <strong>en</strong> charge psychologique, etc…). Ce surinvestissem<strong>en</strong>t et lavolonté <strong>de</strong> prise <strong>en</strong> charge globale finiss<strong>en</strong>t par produire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts lourds et difficiles à gérer.C’est ce qui ressort notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la journée organisée à Marseille sur le sujet.La maison <strong>de</strong> quartier avec ou sans collègeSuivant les modèles <strong>de</strong> Yerres, Istres et Gr<strong>en</strong>oble, le c<strong>en</strong>tre éducatif et culturel apparaît <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>comme un dispositif associant d’abord un collège et une maison <strong>de</strong> quartier.C’est ainsi qu’il est programmé par exemple dans le concours d’Evry I à travers la figure du « c<strong>en</strong>tresocio-éducatif ». Le Vaudreuil va avoir aussi son CEC, <strong>de</strong> même que le quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon àMarne-la-vallée. A Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, on trouve une variante avec la mise <strong>en</strong> place d’un regroupem<strong>en</strong>tLycée/Maison <strong>de</strong> quartier.La maison <strong>de</strong> quartier ou « maison pour tous » correspond <strong>en</strong> fait à une figure antérieure <strong>de</strong>regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> programmes. L’affirmation <strong>de</strong> cet équipem<strong>en</strong>t hybri<strong>de</strong> dont le noyau est formé parl’association d’une MJC et d’un c<strong>en</strong>tre social (auxquels s’ajoute souv<strong>en</strong>t un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> PMI) découled’une problématique rattachée à la notion <strong>de</strong> socioculturel déjà anci<strong>en</strong>ne (figure mythique <strong>de</strong> la maisonpour tous <strong>de</strong> la rue Mouffetard, réflexion m<strong>en</strong>ée dans le cadre du Haut comité à la vie dans les grands<strong>en</strong>sembles et premiers projets <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres socio-culturels dans les grands <strong>en</strong>sembles au début <strong>de</strong>sannées 60) 121 . Le c<strong>en</strong>tre Prémol à Gr<strong>en</strong>oble dans le village Olympique conçu <strong>en</strong> 1966, regroupant unc<strong>en</strong>tre social, une maison <strong>de</strong>s jeunes, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> PMI, une halte gar<strong>de</strong>rie et une «maison <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>fance » est une référ<strong>en</strong>ce connue <strong>en</strong> la matière. Ce c<strong>en</strong>tre qui fait l’objet d’une « note d’information »établie par D<strong>en</strong>ise Ragu <strong>en</strong> 1969 122 regroupe et associe tous les services collectifs nécessaires auxnouveaux habitants, à l’exception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires (cette configuration fait figure à l’époque <strong>de</strong>galop d’essai annonçant la politique globale plus ambitieuse développée dans le quartier voisin <strong>de</strong> laVill<strong>en</strong>euve).L’association <strong>de</strong> la maison du quartier avec un collège permet la mise <strong>en</strong> commun <strong>de</strong> locauxextrascolaires les plus porteurs <strong>en</strong> terme d’animation, que ce soit, côté maison <strong>de</strong> quartier, les ateliers<strong>de</strong> travaux manuels, les salles <strong>de</strong> musique et <strong>de</strong> spectacle, et côté collège le restaurant scolaire, lasalle <strong>de</strong> sport, la bibliothèque.Cette association constitue aussi au départ le dispositif <strong>de</strong> base <strong>en</strong> phase avec les objectifsurbanistiques <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong> points <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité à l’échelle du quartier.Très rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant, les difficultés <strong>de</strong> gestion et les problèmes <strong>de</strong> compatibilité <strong>en</strong>tre le corps<strong>en</strong>seignant <strong>de</strong> l’Education Nationale et les autres professionnels vont <strong>en</strong>traîner l’abandon <strong>de</strong> la formuled’association du collège et <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier.La maison <strong>de</strong> quartier, comme regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> services, sanitaires, sociaux et culturels va par contrese maint<strong>en</strong>ir et s’imposer <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> comme un montage <strong>de</strong> base relativem<strong>en</strong>t stable.Au final, cette maison <strong>de</strong> quartier ou maison pour tous d’un côté, et le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>de</strong> l’autrereprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> les <strong>de</strong>ux figures les plus exploitées <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré. Associées119 MIAFEB (Mission Interministérielle d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Fos-Etang <strong>de</strong> Berre), « Réunion à Marseille les 20 et 21février 1974 au sujet <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance », texte dactyl. Mars 1974 [AM Villeuneuve d’Ascq].120 SGGCVN, Huit c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> , « Les dossiers <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s », SGGCVN, 1978Voir aussi : Norvez Alain, Mackiewicz Marie-Pierre, Pioli David, Rollet Catherine Petite <strong>en</strong>fance <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Construction et régulation du champ <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines. CNAF, contrat <strong>de</strong>recherche 96-408. Laboratoire Printemps Décembre 1998.121 Voir à ce sujet « Equipem<strong>en</strong>t pour l’homme », Urbanisme, n°90-91, 1965.122 D<strong>en</strong>ise Ragu, « Le c<strong>en</strong>tre socio-culturel Prémol du village Olympique », note d’information IAURP, 1969.43


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIdans un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier tel que celui <strong>de</strong> l’Arche-Guédon à Marne-la-Vallée ou celui <strong>de</strong>s 7 mares à StQu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, elles polaris<strong>en</strong>t les <strong>de</strong>ux axes <strong>de</strong> recherche liées à l’intégration : la maison <strong>de</strong>quartier est au c<strong>en</strong>tre du dispositif d’intégration urbaine et du dispositif d’interpénétration <strong>en</strong>tre espacepublic et espace <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t, la maison l’<strong>en</strong>fance est quant à elle le support privilégié <strong>de</strong>srecherches sur le projet éducatif et <strong>de</strong>s procédures expérim<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong> participation.II.2.2 - Quelle diversification <strong>en</strong> Ville Nouvelle ?Le procédé d’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> nouveaux programmes, procédé technique ou effortimaginationLa formule <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s programmes, <strong>de</strong> leur association est sous-t<strong>en</strong>due par la volonté <strong>de</strong>dépasser les normes traditionnelles <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts spécialisés. L’objectif est bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> générer d<strong>en</strong>ouvelles <strong>en</strong>tités, <strong>de</strong> nouveaux lieux plus stimulants et plus accueillants qui répond<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s besoinsnouveaux. C’est dans cet esprit que le « processus d’intégration » est id<strong>en</strong>tifié par Rose Bergouignan etSimone Martin comme un « effort d’imagination » 123 .C’est d’abord le travail rationnel <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong>s programmes <strong>en</strong> <strong>en</strong>tités plus primaires, lesfonctions, qui doit conduire à opérer <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts optimisés par <strong>de</strong>là la clôture traditionnelle <strong>de</strong>sprogrammes et à rechercher <strong>de</strong>s assemblages nouveaux, à créer <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts « inédits » pourrepr<strong>en</strong>dre le terme utilisé au Vaudreuil. Cette manipulation technique, qui a pu être mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>manière très systématique à partir du CEC <strong>de</strong> Istres, peut s’appuyer sur la distinction opérée parl’ARESC (et reprise notamm<strong>en</strong>t par l’EPAMARNE) <strong>en</strong>tre trois types <strong>de</strong> locaux :- les locaux « propres » c’est-à-dire spécialisés pour une seule activité- les locaux « banalisables » c'est-à-dire pouvant être utilisés par différ<strong>en</strong>tes populations etpour différ<strong>en</strong>tes activités- les locaux susceptibles d’être extraits du programme pour constituer <strong>de</strong> nouveauxéquipem<strong>en</strong>tsA Marne la Vallée où la doctrine <strong>de</strong> l’intégration a été adoptée dans son intégralité dès le départ sur labase <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> programmation m<strong>en</strong>ées par l’ARESC 124 , la recherche <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s figuresd’équipem<strong>en</strong>t repose tout d’abord sur l’id<strong>en</strong>tification d’un certain nombre <strong>de</strong> locaux « intégrables » c'està-direpouvant être banalisés [voir FIG. 13.1 et 13.2]. Ce sont ces locaux « extraits <strong>de</strong>s programmestraditionnels », qui sont susceptibles <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong> nouveaux lieux et <strong>de</strong> nouveaux services où vont secroiser les populations <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes institutions concernées et qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t constituer le cœur <strong>de</strong>snouveaux quartiers. Il <strong>en</strong> est ainsi <strong>de</strong> la « maison <strong>de</strong>s Arts ménagers » préconisée par l’ARESC pour lequartier 5 <strong>de</strong> Noisiel, <strong>nouvelle</strong> institution (qui s’appellera ultérieurem<strong>en</strong>t la maison du temps libre)regroupant comme on l’a vu les ateliers d’un CES, d’un CET et d’une MJC 125 .De façon moins technique et plus imaginative, le principe d’innovation programmatique repose aussi surl’application du procédé d’association à d’autres élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme que les locaux socio-culturelstraditionnellem<strong>en</strong>t impliqués.Cette quête <strong>de</strong> nouveaux programmes susceptibles <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s synergies au sein <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés, qui revêt aussi une dim<strong>en</strong>sion opportuniste, va être particulièrem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tedans la constitution <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t principal <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains d’Agglomération.On la retrouve aussi sous <strong>de</strong>s formes plus ténues dans <strong>de</strong>s formes dérivées d’intégration telles quel’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fermes, la programmation <strong>de</strong>s parcs urbains et <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> loisirs qui regroup<strong>en</strong>tplusieurs activités autour <strong>de</strong>s thématiques <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong>core pour la« maison du corps et <strong>de</strong> l’eau » imaginée dans le cadre <strong>de</strong> la programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>sLuzards à Marne-la-vallée.123 Rose Bergouignan et Simone Martin, , Atelier d’Urbanisme et d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble (AUAG), Les équipem<strong>en</strong>tsintégrés. Op. cit.124 ARESC, « Propositions <strong>de</strong> programme pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socio-culturels du quartier 5 (secteurII) » Op. cit., p34.125 Ibid.44


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa figure <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t unique du c<strong>en</strong>tre d’agglomérationA l’échelle du c<strong>en</strong>tre d’agglomération ou c<strong>en</strong>tre urbain régional, un nouveau modèle s’est très vites’imposé, celui <strong>de</strong> l’Agora, directem<strong>en</strong>t inspiré du modèle hollandais mis au point par l’architecte VanKlinger<strong>en</strong> pour les « <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s » construites sur les pol<strong>de</strong>rs (voir chapitre suivant).L’Agora, le forum, ou la piazza, associant activités commerciales, activités culturelles, administratives,sociales, éducatives et sportives, dont l’<strong>en</strong>jeu n’est plus l’articulation avec l’espace éducatif mais plutôtl’articulation avec l’espace commercial, s’impos<strong>en</strong>t comme une figure <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré propre à la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Le modèle introduit <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s variables dans la définition <strong>de</strong> la doctrine <strong>de</strong> l’intégration, celle du pôled’intégration d’une part et celle <strong>de</strong> l’échelle urbaine <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t d’autre part. Alors que les troisprototypes initiaux <strong>de</strong> Yerres, Istres et Gr<strong>en</strong>oble sont tous c<strong>en</strong>trés sur la définition <strong>de</strong> nouveauxéquipem<strong>en</strong>ts scolaires, l’Agora d’Evry, propose un regroupem<strong>en</strong>t d’activité dont le moteur et le référ<strong>en</strong>tn’est pas l’école mais le commerce. Il s’agit <strong>en</strong> fait comme nous le verrons plus loin d’un «pôled’intégration » paradoxal puisque l’<strong>en</strong>jeu est <strong>de</strong> constituer un « lieu public » coexistant avec l’espacecommercial tout puissant (c<strong>en</strong>tre commercial et équipem<strong>en</strong>ts ludiques commerciaux) sans pour autantlui être inféodé.Si l’Agora d’Evry constitue une expéri<strong>en</strong>ce inclassable, riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t comme nous le verrons surla conception <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité développée <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et sur les rapports <strong>en</strong>tre logique commercialeet logique d’animation sociale, notre démarche « panoramique » sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s neuf <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>snous a permis <strong>de</strong> constater combi<strong>en</strong> cette figure <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral, loin d’être une figureatypique, mise <strong>en</strong> œuvre seulem<strong>en</strong>t par une ou <strong>de</strong>ux <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne a constitué<strong>en</strong> fait, même si elle n’a pas toujours abouti à une réalisation, un exercice <strong>en</strong>visagé <strong>de</strong> manière assezsystématique.Des variantes <strong>de</strong> cet équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral sont <strong>en</strong> effet imaginées dans la plupart <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, àCergy-Pontoise avec le C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel, à Marne-la-Vallée avec le projet <strong>de</strong> la Piazza, auVaudreuil avec un projet <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel, à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq avec le projet d’un« Ensemble <strong>de</strong> loisirs » et à l’Isle-d’Abeau avec un c<strong>en</strong>tre social, culturel et socio-éducatif (c<strong>en</strong>treSimone Signoret) programmé pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> St Bonnet (Villefontaine).Dans la plupart <strong>de</strong>s cas et à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’Agora, ces équipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux sont conçus <strong>en</strong><strong>de</strong>hors du commerce, voire <strong>en</strong> opposition avec lui.Ainsi au Vaudreuil, le projet initial <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel valorise surtout une dim<strong>en</strong>sionexpérim<strong>en</strong>tale et une dim<strong>en</strong>sion pédagogique par rapport à la population (une « pédagogie <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> ») :Il s’agit <strong>de</strong> « permettre aussitôt que possible l’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s habitants dans le processus d’évolution<strong>de</strong> leur cadre <strong>de</strong> vie, après la phase nécessairem<strong>en</strong>t artificielle du démarrage grâce à un <strong>en</strong>sembled’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>de</strong> caractère expérim<strong>en</strong>tal à mettre <strong>en</strong> œuvre dès 1975 » 126 . Le C<strong>en</strong>treAdministratif et Culturel intègre cette « maison <strong>de</strong> l’urbanisme » que A. Girard appelait <strong>de</strong> ses vœux etqui doit permettre à l’habitant <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir acteur du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> comme objet culturelprincipal 127 .A l’exception <strong>de</strong> Evry et <strong>de</strong> Cergy, ces visées ambitieuses ont toutes plus ou moins à chaque foiséchoué, confrontées à la difficulté <strong>de</strong> rassembler les moy<strong>en</strong>s financiers nécessaires à leur réalisation, etaux aléas à la fois politiques et financiers d’un phasage très étalé dans le temps. Parmi les échecscomplets, on peut citer la Piazza <strong>de</strong> Marne-la-vallée ou le CAC du Vaudreuil, l’exemple du projetinachevé est celui du c<strong>en</strong>tre Simone Signoret à Villefontaine. Les <strong>de</strong>rniers élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme<strong>de</strong>vant être « intégrés » dans le projet (salle <strong>de</strong> spectacle, salle <strong>de</strong> cinéma) ont été finalem<strong>en</strong>t réalisésailleurs <strong>de</strong> manière autonome.La formule allégée <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> loisirs et <strong>de</strong>s LCR avec les groupesscolairesLe développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la critique d’une politique systématique <strong>de</strong> création <strong>de</strong> groséquipem<strong>en</strong>ts intégrés et le développem<strong>en</strong>t concomitant d’un discours sur le réseau c’est-à-dire sur lanécessité d’aménager au niveau du voisinage <strong>de</strong>s relais aux équipem<strong>en</strong>ts principaux (voir chapitre126 Ville Nouvelle du Vaudreuil – Mission d’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Ville Nouvelle, C.A.C. – C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel. Ministère<strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t – Région <strong>de</strong> Haute Normandie, s.d., p2.127A. Girard, introduction à L’action culturelle dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s : réflexions préalables à uneprogrammation. Op. cit.45


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIsuivant) favorise la politique d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s LCR et <strong>de</strong>s CLAE (C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> Loisirs Associés àl’Ecole).Cette politique s’appuie sur <strong>de</strong>ux textes officiels, l’un qui r<strong>en</strong>d obligatoire à partir <strong>de</strong> 1977 le financem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> LCR par les promoteurs immobiliers au prorata <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts locatifs construits et unecirculaire parue <strong>en</strong> 1973 recommandant la réalisation <strong>de</strong> CLAE associés à l’école, sur le thème <strong>de</strong>« l’ouverture <strong>de</strong> l’école ».Deux étu<strong>de</strong>s réalisées au début <strong>de</strong>s années 80, respectivem<strong>en</strong>t par l’IAURIF (D<strong>en</strong>ise Ragu <strong>en</strong>core) 128 etpar le CREPAH <strong>en</strong> liaison avec l’UNFOHLM 129 , montr<strong>en</strong>t que la problématique <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong>s LCRest <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u un élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> réflexion important et porteur d’une dim<strong>en</strong>sion innovante au sein <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s (qui assum<strong>en</strong>t là à nouveau leur vocation <strong>de</strong> banc d’essai). Le sujet t<strong>en</strong>d à se substituer dansle domaine socioculturel au questionnem<strong>en</strong>t sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés.En matière <strong>de</strong> LCR, les EPA ont une totale liberté d’action, ce qui leur permet d’élaborer leur proprecahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre, lequel inclut un questionnem<strong>en</strong>t sur les missions <strong>de</strong>s LCR, surleur localisation et sur le traitem<strong>en</strong>t architectural. En particulier la question du positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cesLCR par rapport aux autres équipem<strong>en</strong>ts collectifs, comme <strong>en</strong>tités intégrées, juxtaposées ou isolées,est un point <strong>de</strong> débat important.Au départ le LCR est une surface banalisée, un espace à tout faire éminemm<strong>en</strong>t intégrable. Cettecapacité d’intégration intervi<strong>en</strong>t à plusieurs niveaux :Au niveau financier d’abords, le LCR est défini comme un ratio par m² <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>t locatif construit dupar les promoteurs (obligatoire à partir <strong>de</strong> 1977). Plus qu’un objet clairem<strong>en</strong>t circonscrit, c’est avant toutune ressource financière qui peut être utilisée par les EPA <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tes manières.Ce statut flou du LCR, cette liberté d’utilisation du financem<strong>en</strong>t qu’il représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> font un outil privilégié<strong>de</strong> finalisation <strong>de</strong>s opérations:- Soit qu’il serve pour compléter d’autres financem<strong>en</strong>ts dans la réalisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés.Le financem<strong>en</strong>t LCR permet notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> financer les espaces partagés <strong>en</strong>tre équipem<strong>en</strong>ts.- Soit qu’il soit intégré comme partie complém<strong>en</strong>taire d’un équipem<strong>en</strong>t, c<strong>en</strong>tre social ou école,contribuant ainsi à <strong>en</strong>richir le champ d’activité <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.Dans un <strong>de</strong> ses premiers travaux, « Étu<strong>de</strong> sur la programmation <strong>de</strong>s Groupes scolaires », QuaternaireEducation préconise ainsi l’utilisation <strong>de</strong>s LCR comme un moy<strong>en</strong> pour l’école <strong>de</strong> faire face aux <strong>nouvelle</strong>sexig<strong>en</strong>ces pédagogiques (notamm<strong>en</strong>t l’organisation du tiers temps pédagogique) tout <strong>en</strong> répondant auximpératifs d’un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage.Il est intéressant <strong>de</strong> noter que dans le cas <strong>de</strong> Marne-la-vallée (voir chapitre suivant), le li<strong>en</strong> privilégié <strong>en</strong>treles équipem<strong>en</strong>ts scolaires et les équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels –li<strong>en</strong> fondam<strong>en</strong>tal dans la réflexion sur leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés- va se déplacer <strong>en</strong>tre la première et la <strong>de</strong>uxième génération d’équipem<strong>en</strong>ts. Durantla première génération, l’<strong>en</strong>jeu concerne surtout la programmation <strong>de</strong>s gros équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> quartier,mais cette réflexion s’affaiblira au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième génération et c’est alors que le rapport <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts scolaires et les équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels marquera davantage la programmation <strong>de</strong>spetits équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage.La maison <strong>de</strong> quartier comme base d’un assemblage « à la carte », l’exemple <strong>de</strong> CergypontoiseLa production <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> quartier à Cergy-Pontoise prés<strong>en</strong>te l’intérêt d’être une productionrelativem<strong>en</strong>t stable dans sa programmation <strong>de</strong>puis les années 70 jusqu’aux années 90.Pour chaque nouveau quartier, dans chaque nouveau c<strong>en</strong>tre est planifiée une maison <strong>de</strong> quartier suivant<strong>de</strong>s configurations assez similaires. Cela comm<strong>en</strong>ce avec la MQ <strong>de</strong>s Touleuses et celle <strong>de</strong>s Linan<strong>de</strong>s,se poursuit à Eragny (MQ <strong>de</strong> la Challe), Jouy-le-Moutier (MQ <strong>de</strong>s Eguérets), la MQ du Puiseux <strong>de</strong>v<strong>en</strong>uCergy-St Christophe, Vauréal (MQ <strong>de</strong>s Toupets), Courdimanche et pour finir Cergy-le-Haut.128 IAURIF-EPEVRY -EPAMS, « Les locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s d’Ile <strong>de</strong> France », étu<strong>de</strong>réalisée par D<strong>en</strong>ise Ragu avec AM Romera et M. Kriz <strong>en</strong> novembre 1979, IAURIF février 1980.129 UNFOHLM-CREPAH, « Les locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels », étu<strong>de</strong> réalisée pour le ministère <strong>de</strong> l’Environnem<strong>en</strong>t et duCadre <strong>de</strong> Vie et pour le Groupe C<strong>en</strong>tral <strong>de</strong>s Villes Nouvelles, juin 1980.46


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa maison <strong>de</strong> quartier est pour les aménageurs <strong>de</strong> Cergy-Pontoise avant tout un équipem<strong>en</strong>t sanitaire etsocial regroupant un c<strong>en</strong>tre social, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> PI, une crèche, et une halte gar<strong>de</strong>rie. Il s’agit bi<strong>en</strong> d’unéquipem<strong>en</strong>t multifonctionnel mais regroupant <strong>de</strong>s programmes qui dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t tous d’administrationsproches (CAF et DDASS), ce qui assure une pér<strong>en</strong>nité et une stabilité dans l’assemblage financier et cequi permet aussi <strong>de</strong> faire jouer un certain nombre <strong>de</strong> dispositions administratives favorables (notamm<strong>en</strong>tla cession gratuite du terrain lorsqu’il s’agit d’un équipem<strong>en</strong>t sanitaire ou social selon la circulaire duMinistère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t datée du 14 juin 1968).La définition <strong>de</strong> cet assemblage comme « maison <strong>de</strong> quartier » est issue du débat <strong>de</strong>s années 60 sur laconcurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre MJC et c<strong>en</strong>tre social. A Cergy-Pontoise, l’alternative a été tranchée <strong>en</strong> faveur duc<strong>en</strong>tre social qui va constituer systématiquem<strong>en</strong>t la base <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier (à l’inverse <strong>de</strong> StQu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines ou <strong>de</strong> Marne-la-Vallée où la FRMJC d’Ile <strong>de</strong> France a été sollicitée).Cep<strong>en</strong>dant, dès l’origine la planification <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier ne se limite pas aux seuls équipem<strong>en</strong>tssanitaires et sociaux. Un principe d’association <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier avec <strong>de</strong>s programmescomplém<strong>en</strong>taires va être systématiquem<strong>en</strong>t recherché et rev<strong>en</strong>diqué. Bibliothèque, ateliers, gymnase,salle polyval<strong>en</strong>te, ant<strong>en</strong>ne du conservatoire <strong>de</strong> Musique sont <strong>de</strong>s programmes qui vont êtresystématiquem<strong>en</strong>t associés à la planification <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier et qui les rattach<strong>en</strong>t dans leurconception à l’esprit <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés :« Au c<strong>en</strong>tre social <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguérets a été associée une MJC. Au c<strong>en</strong>tre social <strong>de</strong>la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Cergy-Puiseux sont associés un gymnase, une ant<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> conservatoire <strong>de</strong>musique et <strong>de</strong>s ateliers sci<strong>en</strong>tifiques. Dans le même souci <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> complém<strong>en</strong>tarités, au c<strong>en</strong>tresocial <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets, il est apparu souhaitable d’associer d’une part, une gran<strong>de</strong>salle Polyval<strong>en</strong>te <strong>de</strong> 220m² avec 40m² d’annexes techniques et d’autre part, trois grands ateliers socioéducatifsd’une surface totale <strong>de</strong> 140m² et qui seront affectés à <strong>de</strong>s activités spécialisées que leslocaux du c<strong>en</strong>tre social ne pourrai<strong>en</strong>t accueillir » 130 .Cet élargissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier est conforme <strong>en</strong> fait à la définition du c<strong>en</strong>tre« socioculturel » établi par l’ALFA <strong>en</strong> 1972. Fait significatif, c’est l’ALFA, association émanant <strong>de</strong> laSCIC qui va gérer dans un premier temps la plupart <strong>de</strong> ces maisons <strong>de</strong> quartier qui sont plus prochesdans leur programme et leurs objectifs <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts d’éducation populaire <strong>de</strong>s années 60 que <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés ambitieux <strong>de</strong>s années 70 131 .Ces regroupem<strong>en</strong>ts particip<strong>en</strong>t d’une recherche <strong>de</strong> singularisation <strong>de</strong>s id<strong>en</strong>tités <strong>de</strong> chaque quartier etd’une volonté d’<strong>en</strong>courager un brassage <strong>de</strong>s populations <strong>en</strong>tre les riverains et les habitants <strong>de</strong>s autresquartiers. Ils constitu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles dans lesquels est recherché une certaine intégration. Par là est<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du la recherche <strong>de</strong> complém<strong>en</strong>tarité et la possibilité <strong>de</strong> mutualiser certains locaux, <strong>en</strong> particulierles locaux d’accueil et <strong>de</strong> service (vestiaires et sanitaires, régie) .Ce qui est assez remarquable à Cergy-Pontoise c’est la stabilité et la pér<strong>en</strong>nité <strong>de</strong> ce principe, défini audépart par l’EPA (par <strong>de</strong>s programmateurs tels que J.C. M<strong>en</strong>ighetti) et repris <strong>en</strong>suite par le SAN <strong>de</strong>Cergy-Pontoise.La difficulté <strong>de</strong> ces associations ti<strong>en</strong>t surtout dans la coordination <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre lesadministrations <strong>de</strong> tutelle. C’est souv<strong>en</strong>t selon les difficultés ou les opportunités que sont constitués lesregroupem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme (ainsi la bibliothèque initialem<strong>en</strong>t prévue associée à la maison <strong>de</strong> quartierdu Puiseux sera elle dissociée pour cause <strong>de</strong> financem<strong>en</strong>t différé).Dans la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise financière <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 70 et début <strong>de</strong>s années 80, l’EPA puis le SANdispos<strong>en</strong>t d’une faible latitu<strong>de</strong> pour sout<strong>en</strong>ir financièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts ambitieux. Un <strong>de</strong>smoy<strong>en</strong>s privilégiés pour étoffer les maisons <strong>de</strong> quartier et leur faire répondre à leur mission d’animationglobale est d’utiliser les financem<strong>en</strong>ts LCR dégagés par la construction <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts dans les ZACpour réaliser <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme complém<strong>en</strong>taires.C’est le cas par exemple pour la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets où les 1800 logem<strong>en</strong>ts prévus dans lecadre <strong>de</strong> la ZAC permett<strong>en</strong>t à l’EPA <strong>de</strong> récolter le financem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 1350m² <strong>de</strong> LCR à raison <strong>de</strong> 0,75 m²par logem<strong>en</strong>t construit (ce financem<strong>en</strong>t est malgré tout assez faible). C’est grâce à cette procédure quel’EPA peut financer une salle polyval<strong>en</strong>te avec ses annexes (260m²) et <strong>de</strong>s ateliers (140m²) <strong>en</strong>130 Ville Nouvelle <strong>de</strong> Cergy-Pontoise, Maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets (ZAC <strong>de</strong>s Toupets) Dossier Programme juillet1981. Equipem<strong>en</strong>t sanitaire et social – Deman<strong>de</strong> <strong>de</strong> subv<strong>en</strong>tion d’équipem<strong>en</strong>t – Région Ile <strong>de</strong> France – Départem<strong>en</strong>t du Vald’Oise. [AD Val d’Oise, 1359W75].131 ALFA, «Les maisons <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Cergy et l’Ant<strong>en</strong>ne d’Accueil – 1988-1989 ». Brochure établie par ALFADéveloppem<strong>en</strong>t et Communication sociale.47


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIcomplém<strong>en</strong>t du programme sanitaire et social <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier. Grâce à ces financem<strong>en</strong>ts,l’EPA peut financer aussi la réalisation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux LCR <strong>de</strong> 200m² v<strong>en</strong>ant compléter le réseau d’équipem<strong>en</strong>td’animation sur le quartier.Ce principe d’association dans une visée socioculturelle a toujours été reconduit. La planification réc<strong>en</strong>tedu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Cergy le Haut perpétue ce même principe d’association et <strong>de</strong> synergie <strong>en</strong>tre lesfonctions. Un certain nombre d’équipem<strong>en</strong>ts culturels (bibliothèque, salle polyval<strong>en</strong>te, café/info) ont étéainsi programmés <strong>en</strong> liaison avec une maison <strong>de</strong> quartier comme un <strong>en</strong>semble coordonné sousl’appellation <strong>de</strong> « c<strong>en</strong>tre culturel intégré ». Ce programme établi par le bureau d’étu<strong>de</strong> ABCD <strong>en</strong> 1992 132 a<strong>de</strong>puis beaucoup évolué mais il est <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> réalisation.Même si on est loin <strong>de</strong>s démarches idéalistes <strong>de</strong>s années 70, une volonté perdure manifestem<strong>en</strong>t pourrépondre à une réalité urbaine propre à la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> : « Nulle part ailleurs qu’<strong>en</strong> VilleNouvelle, la précarité et la fragilité <strong>de</strong>s réflexions traditionnelles sur les équipem<strong>en</strong>ts culturelsn’apparaiss<strong>en</strong>t aussi clairem<strong>en</strong>t (…) » 133 .Une figure paradoxale <strong>de</strong> l’intégration, la ferme.L’histoire <strong>de</strong>s fermes <strong>en</strong> Villes Nouvelles mériterait une étu<strong>de</strong> <strong>en</strong> soi. Elle comm<strong>en</strong>ce à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>Yvelines avec la Comman<strong>de</strong>rie <strong>de</strong>s Templiers située sur la commune <strong>de</strong> Trappes et elle se poursuit àEvry avec la ferme du Bois Briard, à Marne-la-Vallée avec la ferme du Buisson, au Vaudreuil (ferme <strong>de</strong> lasalle) ou <strong>en</strong>core à Vitrolles (domaine <strong>de</strong> Font blanche).La question <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> ces fermes a agité longtemps les esprits <strong>de</strong>s aménageurs. Elle constitue<strong>en</strong>core aujourd’hui une matière à réflexion 134 et le sort <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ces fermes n’est toujours pas fixé.Car la ferme <strong>en</strong> Ville Nouvelle, avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un patrimoine, c’est au départ un objet un peu<strong>en</strong>combrant dont on ne sait pas trop quoi faire. Conservée, la ferme <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors la ferme à toutfaire, réceptacle <strong>de</strong> toutes les activités informelles <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> naissante, lieu d’exposition <strong>de</strong>sprojets <strong>de</strong> l’EPA, siège <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> pré-animation et lieu <strong>de</strong> projection <strong>de</strong>s fantasmes <strong>de</strong> viecommunautaire façon Larzac. C’est à ce titre que l’histoire <strong>de</strong> ces fermes croise l’histoire <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts socio-culturels dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.La ferme répond au discours <strong>de</strong>s promoteurs et acteurs <strong>de</strong> l’animation <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> déf<strong>en</strong>dant le primat <strong>de</strong> l’animation sur l’équipem<strong>en</strong>t. Ce discours très prés<strong>en</strong>tdans les années 70 préconise <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts provisoires et/oupolyval<strong>en</strong>t <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant que les besoins <strong>de</strong>s habitants se <strong>de</strong>ssin<strong>en</strong>t plus précisém<strong>en</strong>t.A l’extrême la ferme, comme les premières friches industrielles qui font leur apparition <strong>en</strong> Europe vers lemilieu <strong>de</strong>s années 70, <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le support d’une politique alternative <strong>de</strong> l’animation (c’est l’approche t<strong>en</strong>téepar le CERFI à la ferme Du Buisson).Parallèlem<strong>en</strong>t la ferme s’inscrit aussi dans la stratégie <strong>de</strong>s aménageurs <strong>de</strong> ne pas faire table rasecomme l’avait fait l’urbanisation <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles. La ferme <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors le lieu <strong>de</strong>s « racines »,elle est le support matériel <strong>de</strong> la continuité avec le territoire rural sur lequel s’implante la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> etelle participe au même titre que les toponymes anci<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la quête d’un <strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s sans histoire. On peut rappeler à ce sujet que déjà le c<strong>en</strong>tre Prémol à Gr<strong>en</strong>oble, dont nousavons parlé précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, avait repris partiellem<strong>en</strong>t les locaux d’une anci<strong>en</strong>ne ferme.La « maison <strong>de</strong>s racines » ouverte à Evry dans la ferme du Bois Briard <strong>en</strong> 1976 à l’initiative <strong>de</strong>« L’association pour la Création Populaire » fait un peu la synthèse <strong>de</strong> tout cela [voir FIG. 20.1].Comme nous l’a confirmé André Darmagnac, cette ferme a joué <strong>en</strong> fait à Evry un rôle complém<strong>en</strong>taire àcelui <strong>de</strong> l’Agora. Suivant la volonté même du directeur <strong>de</strong> l’EPA, Lalan<strong>de</strong>, la politique d’animation <strong>de</strong> la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> reposait sur ce binôme 135 : « Alors la ferme avait été achetée <strong>en</strong> 1971. Il voulait l’utiliserpour faire contrepoids avec les constructions <strong>nouvelle</strong>s que l’on construisait par ailleurs, parce que ilétait convaincu que <strong>en</strong> faisant toutes ces constructions mo<strong>de</strong>rnises on choquait énormém<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>set que on leur <strong>en</strong>levait leurs repères et que pour les sécuriser un peu il fallait quelque chose <strong>de</strong> fort quirappelle leur passé. Et ce quelque chose <strong>de</strong> fort ferait un duo avec l’Agora, un pôle mo<strong>de</strong>rne et un pôletraditionnel pas loin l’un <strong>de</strong> l’autre. Il fallait trouver <strong>de</strong>s activités du niveau <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> à132 ABCD, «Cergy - C<strong>en</strong>tre culturel intégré. Programmation architecturale ». texte dactyl. 10 juillet 1992 [EPA Cergy].133 Ibid., p4.134 LEDOUX (Stéphanie), Les fermes du Val d'Europe, rapport <strong>de</strong> recherche pour L’EPAFRANCE, sous la dir. <strong>de</strong> BertrandOusset (directeur adjoint EPAMarne-EPAFrance), Noisiel, septembre 1998, 1 doss., 5 fasc. [MV B8839(1-5)]135 André Darmagnac, interview le 16/01/2004, annexe 02, p36-37.48


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IImettre dans le Bois Briard. Lalan<strong>de</strong> était toujours à me talonner, « trouvez moi quelque chose » parcequ’il avait très peur que la ferme soit accaparée par les élus <strong>de</strong> Courcouronne. Il avait très peur que ça<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>ne la salle <strong>de</strong>s mariages et <strong>de</strong>s baptêmes et <strong>de</strong>s cérémonies familiales, qu’elle soit accaparéepour <strong>de</strong>s utilisations <strong>de</strong> niveau quartier.Donc, elle a servi d’abord comme lieu d’exposition <strong>de</strong>s projets, maquettes, plans etc. Elle a accueilliEvry Animation et puis Evry Animation a <strong>en</strong>fanté tout une série d’associations, Evry Accueil, parexemple. Donc toutes ces associations là ont occupé <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie la ferme du Bois Briard soit poury avoir leurs bureaux, soit pour y organiser <strong>de</strong>s activités. Par exemple Lalan<strong>de</strong> a fortem<strong>en</strong>t fait pressionpour qu’il y ait un événem<strong>en</strong>t qui se passe dès le début <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> l’animation au BoisBriard. Evry Animation a loué un cirque, une énorme t<strong>en</strong>te qui pr<strong>en</strong>ait presque toute la cour et p<strong>en</strong>dantune semaine il y eu <strong>de</strong>s spectacles.Il y eu d’autres choses aussi , les bâtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> France se sont installés dans une partie, la MEP à sanaissance s’y est installée, la bibliothèque <strong>de</strong> l’Agora a comm<strong>en</strong>cé à fonctionner au Bois Briard et puis ily a eu la Maison <strong>de</strong>s Racines.La Maison <strong>de</strong>s Racines a eu une vie relativem<strong>en</strong>t courte mais là on s<strong>en</strong>tait vraim<strong>en</strong>t que le projet <strong>de</strong> faired’Evry un pôle <strong>de</strong> vie sociale pr<strong>en</strong>ait. P<strong>en</strong>dant cinq ans on a vraim<strong>en</strong>t eu l’impression que ça avait pris.Pour faire fonctionner le dipôle dont Lalan<strong>de</strong> avait rêvé, l’équipe d’Evry Animation installée à l’Agoraorganisait <strong>de</strong>s manifestations sur les <strong>de</strong>ux sites ».Parmi les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Province ayant le plus valorisé leur patrimoine <strong>de</strong> fermes, on reti<strong>en</strong>dra plusparticulièrem<strong>en</strong>t le cas <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq [voir FIG. 20.3]. Cette <strong>de</strong>rnière a <strong>en</strong> effet développé uneréflexion d’<strong>en</strong>semble sur le s<strong>en</strong>s à la fois urbanistique et programmatique à donner à ces fermes. Leurposition <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> transition <strong>en</strong>tre la <strong>ville</strong> et la nature, et leurs affectations multiples tournées versactivités socioculturelles (avec le discours qui l’accompagne) <strong>en</strong> font <strong>de</strong>s formes dérivées d’équipem<strong>en</strong>tsintégrés :« La localisation <strong>de</strong> ces fermes sur le site <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ajoute à l’intérêt suscité par leur caractèrearchitectural ; presque toutes sont situées au contact du marais, qui doit être aménagé <strong>en</strong> un vaste parcurbain <strong>de</strong> 200 hectares à vocation métropolitaine. La dispersion <strong>de</strong> l’habitat dans cette zone et le partid’aménagem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>u pour Lille-Est, qui juxtapose <strong>de</strong>s quartiers individualisés et diversifiés à un parcurbain, font que ces formes constitu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t une excell<strong>en</strong>te transition géographique <strong>en</strong>tre lesquartiers résid<strong>en</strong>tiel et la zone <strong>de</strong> récréation.Le principe <strong>de</strong> la conservation <strong>de</strong> ces fermes fut donc ret<strong>en</strong>u. Restait à résoudre le problème <strong>de</strong> leur<strong>de</strong>stination. Dans ce domaine, il fallait innover. Un parti d’utilisation fut alors ret<strong>en</strong>u : la mise à ladisposition <strong>de</strong> la collectivité <strong>de</strong> ces bâtim<strong>en</strong>ts.Le patrimoine bâti qu’elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et leur implantation dans le périmètre <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> les r<strong>en</strong>daptes <strong>en</strong> effet à accueillir <strong>de</strong>s activités culturelles et <strong>de</strong> loisirs : les fermes préservées seront <strong>de</strong>sélém<strong>en</strong>ts d’animation <strong>de</strong>s quartiers et <strong>de</strong>s lieux d’implantation d’équipem<strong>en</strong>ts nécessaires à la bonneexploitation <strong>de</strong>s espaces verts » 136 .Cette politique <strong>de</strong> reconversion <strong>de</strong>s fermes reçoit les souti<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s fonds interministériels et notamm<strong>en</strong>tdu FIAT (Fond Interministériel pour l’Aménagem<strong>en</strong>t du Territoire) ainsi que le souti<strong>en</strong> du ministère <strong>de</strong>sAffaires Culturelles à travers le FIC (Fond ‘Interv<strong>en</strong>tion Culturelle).La politique <strong>de</strong> reconversion <strong>de</strong>s fermes <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq va pouvoir décliner ainsi les différ<strong>en</strong>tesformes d’occupation plus ou moins idéalisées par l’idéologie <strong>de</strong> l’animation.Ainsi dans le registre <strong>de</strong> la participation la ferme Decooninck va-t-elle accueillir un groupe « d’amis »d’horizons divers (architecte, peintre, technici<strong>en</strong>s) qui va développer <strong>de</strong> manière «spontanée » uneactivité d’animation culturelle et une activité d’ateliers d’amateurs subv<strong>en</strong>tionnés par le FIC dans le cadredu programme <strong>de</strong> pré-animation <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Répondant à la fois aux objectifs éducatifs et culturels <strong>de</strong> l’animation et aux objectifs <strong>de</strong> conservation<strong>de</strong>s traditions rurales, la ferme <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> réactualise par ailleurs les énoncés développés par leMusée National <strong>de</strong>s Arts et Traditions Populaires à partir <strong>de</strong>s années 30 sur le rôle social <strong>de</strong>s muséesdu terroir couplés aux foyers communaux 137 . Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq prévoit ainsi <strong>de</strong> réaménager une <strong>de</strong> ces136 EPA <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, « Les fermes dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Lille-Est (Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq) », brochure, 1975,p4.137 Voir A. Korganow, « L’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel, trajectoire architecturale d’un type contrarié d’édificepublic à l’ère <strong>de</strong>s loisirs (1936 - 1975) ».Th. <strong>de</strong> 3ème cycle <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Paris 8, mai 2003, p85-9049


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIfermes (ferme Papin-m<strong>en</strong>u) <strong>en</strong> Musée du Terroir, prête à accueillir sur le modèle du musée <strong>de</strong> plein air<strong>de</strong> Skans<strong>en</strong> à Stockholm, vaches, moutons et machines agricoles 138 <strong>en</strong> plein cœur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>.Dès lors ri<strong>en</strong> d’étonnant à ce que ces fermes constitu<strong>en</strong>t le vecteur privilégié du succès <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong><strong>de</strong> la refonte <strong>de</strong> l’énoncé du musée populaire effectuée les années 60 par Georges–H<strong>en</strong>ri Rivière àtravers la figure innovante <strong>de</strong> l’écomusée ou « musée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ».Au final, si un bon nombre <strong>de</strong> fermes ont eu un rôle socio-culturel important au démarrage <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, très peu finalem<strong>en</strong>t ont été aménagées et exploitées suivant la formule d’un pôle multifonctionnelintégré. On peut citer le cas du c<strong>en</strong>tre éducatif, socio-éducatif et sportif <strong>de</strong> la « ferme <strong>de</strong> lachasse » sur la commune <strong>de</strong> Lieu Saint dans l’Agglomération Nouvelle <strong>de</strong> Sénart qui regroupe autourd’un groupe scolaire un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> loisirs (CLAE), <strong>de</strong>s terrains et locaux sportifs et un c<strong>en</strong>tre d’accueil<strong>de</strong>s nouveaux habitants.La ferme a surtout été le théâtre privilégié <strong>de</strong> la transition <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux visions <strong>de</strong> l’espace culturel : <strong>de</strong>l’espace banalisé, polyval<strong>en</strong>t associé à <strong>de</strong>s services divers à l’espace spécialisé gardant une dim<strong>en</strong>sionmultifonctionnelle mais privilégiant les notions <strong>de</strong> création, <strong>de</strong> diffusion culturelle et <strong>de</strong> patrimoine. Lesexemples les plus éloqu<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue sont probablem<strong>en</strong>t celui <strong>de</strong> la ferme du Buisson et celuidu domaine <strong>de</strong> Font Blanche à Vitrolles. Ce <strong>de</strong>rnier qui regroupait dans une visée d’interpénétration unc<strong>en</strong>tre d’artisanat, un c<strong>en</strong>tre d’animation audio-visuelle, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> recherche appliquées (« C<strong>en</strong>tred’étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> promotion et <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> création d’une ethnographie régionale »), le c<strong>en</strong>tred’animation régionale autour <strong>de</strong>s arts et traditions populaires et <strong>en</strong>fin <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres avait audépart une visée franchem<strong>en</strong>t d’animation globale avant <strong>de</strong> se rec<strong>en</strong>trer sur l’activité culturelle [voir FIG.20.3] 139 .La nature génératrice <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>ts d’activités et <strong>de</strong> programmes innovants:Même si le terme d’équipem<strong>en</strong>t intégré n’a pas toujours été utilisé <strong>en</strong> l’espèce, il nous sembleincontournable <strong>de</strong> consacrer dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> un paragraphe sur les équipem<strong>en</strong>ts attachés àla pratique <strong>de</strong> la nature <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.D’abord pour constater l’importance prise <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par la formulation du parc urbain commeéquipem<strong>en</strong>t collectif défini, programmé et circonscrit, à l’opposé <strong>de</strong>s espaces verts sans affectation etsans forme qui caractérisai<strong>en</strong>t la plupart <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles.Cette <strong>nouvelle</strong> figure programmatique qui est apparue nettem<strong>en</strong>t dans le projet <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble sous l’impulsion <strong>de</strong> l’AUA va <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un élém<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> œuvre dans les<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Si le parc urbain suscite le développem<strong>en</strong>t d’autres compét<strong>en</strong>ces que celles <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts bâtis,celle <strong>de</strong>s paysagistes et celle <strong>de</strong>s ingénieurs, l’originalité <strong>de</strong> sa conception <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> est qu’ell<strong>en</strong>e se limite pas à <strong>de</strong>s aménagem<strong>en</strong>ts extérieurs. Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t le parc accueille <strong>en</strong> son sein d’autreséquipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> recherchant <strong>de</strong>s synergies (c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance, équipem<strong>en</strong>ts sportifs), à l’instar<strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains.Cette conception du parc comme équipem<strong>en</strong>t voire comme regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts explique <strong>en</strong>particulier pourquoi les programmateurs ont été am<strong>en</strong>és à travailler sur ce sujet <strong>en</strong> liaison avec lespaysagistes au sein <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>s EPA 140 .Il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même pour les bases <strong>de</strong> loisirs financées directem<strong>en</strong>t par la région qui sont aussi conçuescomme <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts complexes d’activités sollicitant plusieurs administrations et sollicitant uneaction interministérielle <strong>de</strong> la Préfecture. La base <strong>de</strong> loisirs a été <strong>en</strong> quelque sorte l’équipem<strong>en</strong>t intégrédéveloppé par le service <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dirigé par Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r lequel était trèsimpliqué comme on l’a vu dans les différ<strong>en</strong>tes instances <strong>de</strong> réflexions sur le sujet.« Dans les conceptions actuelles, les bases <strong>de</strong> loisirs ne sont pas seulem<strong>en</strong>t considérées comme <strong>de</strong>scomplexes d’équipem<strong>en</strong>ts juxtaposés ; leur raison d’être et leur efficacité dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t étroitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>138 EPA <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, « Les fermes dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Lille-Est (Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq) », brochure, 1975,p20.139 « Chacun <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres Font Blanche a un objectif propre mais ils particip<strong>en</strong>t à une œuvre commune : créer uneanimation globale, spécifique et originale au sein <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et <strong>de</strong> la région. » in EPAREB, « Vitrolles - Lesétu<strong>de</strong>s d’aménagem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre urbain du Griffon », plaquette <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> la Ville Nouvelle. Salon, Edité parl’imprimerie AMIGON, sd.140 Voir interview <strong>de</strong> H.L. Jarrige (annexe 02, p 40)50


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIl’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur espace. Aussi accor<strong>de</strong>-t-on une importance très gran<strong>de</strong> au site, à l’architecture,aux espaces verts et aux forêts qui doiv<strong>en</strong>t vivre <strong>en</strong> symbiose avec les bases régionales <strong>de</strong> loisirs» 141 .Le rôle fédérateur du parc urbain et/ou <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> loisirs, comme supports d’une approche globale vaaller <strong>en</strong> s’acc<strong>en</strong>tuant avec le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la s<strong>en</strong>sibilité pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et pour la nature. Bi<strong>en</strong>souv<strong>en</strong>t ce sont ces <strong>en</strong>tités qui vont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s activités culturelles et <strong>de</strong> loisirs<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, conditionnant ainsi la localisation et le regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s autres équipem<strong>en</strong>ts.La logique d’association <strong>de</strong>s programmes liés aux pratiques du corps peut trouver aussi une forme plusarchitecturale. En 1980, M<strong>en</strong>ighetti formalise pour le compte <strong>de</strong> l’EPAMARNE un rapport sur leprogramme architectural d’un équipem<strong>en</strong>t qu’il appelle « la Maison du Corps et <strong>de</strong> l’Eau ». Le programmequi doit être implanté au c<strong>en</strong>tre du quartier <strong>de</strong>s Luzards (voir chapitre suivant) inclut : un COSOM 1500,une piscine, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> bricolage, un programme d’équipem<strong>en</strong>ts privés compr<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>s commerces,un squash, un sauna, et un parking public <strong>de</strong> 100 places.L’aspect novateur <strong>de</strong> la Maison du corps et <strong>de</strong> l’eau s’affirme dans le docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> programmation r<strong>en</strong>du<strong>en</strong> novembre 1980. Faisant référ<strong>en</strong>ce au précéd<strong>en</strong>t antique <strong>de</strong>s thermes <strong>de</strong> Carthage, la programmation<strong>de</strong> la piscine pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s possibilités d’activités sportives, <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te et <strong>de</strong> loisirs. En effet, lapiscine est <strong>en</strong>visagée comme élém<strong>en</strong>t principal d’un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> services spécialisés dans la dét<strong>en</strong>te,l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> corporel et le loisir [voir FIG. 06.4]. Pour retrouver l’ambiance <strong>de</strong>s thermes romains, leprogramme qui prévoit une végétation intérieure abondante, <strong>de</strong>s jeux (nacelles, cor<strong>de</strong>s, objetsflottants…), la création <strong>de</strong> « plages » (lieux <strong>de</strong> stationnem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong> circulation), aussi que les lieux <strong>de</strong>loisirs (ping-pong, balançoires, etc.) Les plages doiv<strong>en</strong>t se prolonger à l’extérieur sous la forme <strong>de</strong>solariums abrités <strong>de</strong>s v<strong>en</strong>ts 142 .Précurseur finalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nos actuels c<strong>en</strong>tres nautiques qui ont supplanté les médiathèques dans lecœur <strong>de</strong>s communes, l’énoncé <strong>de</strong> la Maison du corps <strong>de</strong> l’eau que l’on va retrouver sous une formesimilaire dans le concours du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines (voir infra.) manifeste <strong>de</strong>ux choses.D’une part il manifeste une s<strong>en</strong>sibilité grandissante dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t naturel <strong>en</strong>particulier à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’eau et aux activités <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te physique qui lui sont attachées, commesupport premier du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sociabilité.D’autre part J.C. M<strong>en</strong>ighetti, <strong>en</strong> faisant référ<strong>en</strong>ce aux termes romains, apporte une dim<strong>en</strong>sion <strong>nouvelle</strong> auprincipe d’inv<strong>en</strong>tion programmatique, celle <strong>de</strong> la résonance symbolique et historique. Procédé <strong>de</strong>légitimation ou volonté <strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouer, par <strong>de</strong>là les programmes normalisés avec <strong>de</strong>s types d’édifices publics<strong>en</strong>racinés dans l’histoire (sur les pas d’Aldo Rossi), la décomposition et l’assemblage <strong>de</strong>s programmespermettrait alors <strong>de</strong> retrouver l’évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> terme d’usage et <strong>en</strong> terme architectural d’un lieu mythique <strong>de</strong>la <strong>ville</strong> latine.Tableau <strong>de</strong>s figures programmatiques <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> Ville <strong>nouvelle</strong>Echelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Ville NouvelleEchelle IntercommunaleEchelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartierEchelle communale– Agora, forum (ou Piazza)– C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel– Ferme– Parc urbain– Base <strong>de</strong> loisirs– Maison pour tous ou maison <strong>de</strong> quartier– Maison <strong>de</strong> quartier/bibliothèque– Collège / Maison <strong>de</strong> quartier ou C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel141 Préfecture <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, « La Région Parisi<strong>en</strong>ne, 4 années d’aménagem<strong>en</strong>t et d’équipem<strong>en</strong>t 1969 –1972 ». Op. cit.,142 J.-C. M<strong>en</strong>ighetti, Maison du Corps et <strong>de</strong> l’Eau thermes, Programme Qualitatif, nov. 1980, [EPAMARNE 67W9].51


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II(CEC)– Lycée / Maison <strong>de</strong> quartier– « Maison du temps libre »– « Maison du corps et <strong>de</strong> l’eau »Echelle du voisinage– Ecole / LCR– Groupe scolaire / c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> loisirs (CLAE)– C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Enfance ou C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Petite Enfance (CPE)ou C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel du 1 er <strong>de</strong>gré52


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIII.3 – DE L’EQUIPEMENT INTEGRE UNIQUE AU RESEAU D’EQUIPEMENTS. L’EXPERIENCE DEPROGRAMMATION GLOBALE A MARNE-LA-VALLEEConcernant le rôle <strong>de</strong>s Villes Nouvelles dans l’adaptation <strong>de</strong> la formule programmatique <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>tintégré, Marne-la-Vallée prés<strong>en</strong>te un double intérêt, celui d’avoir donné lieu à la création au sein <strong>de</strong> l’EPAd’un service spécifique voué à la réflexion sur la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs et celuiconcomitant d’avoir donné lieu à une politique <strong>de</strong> programmation qui s’est inscrite dans la durée. SelonEric Boyer, programmateur à l’EPAMARNE qui a consacré une thèse sur le sujet, l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>programmation à Marne-la-Vallée est significative parce qu’elle est « certainem<strong>en</strong>t la plus longue dans lamesure où l’équipe <strong>de</strong> programmation a pu, grâce à son organisation et à l’ouverture d’esprit du directeurgénéral, s’intégrer valablem<strong>en</strong>t au travail <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’urbanisme 143 . »II.3.1 - La création d’un service <strong>de</strong> programmationMarne-la-Vallée, qui fait partie avec Melun-Sénart <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième vague <strong>de</strong> lancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s parisi<strong>en</strong>nes est <strong>de</strong> loin la plus gran<strong>de</strong> et la plus complexe <strong>de</strong>s Villes Nouvelles parisi<strong>en</strong>nes(elle a une échelle territoriale plus gran<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong> Paris et elle regroupe un beaucoup plus grandnombre <strong>de</strong> communes que les autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s).Le rôle régional <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong>, à la situation privilégiée à mains égards, est le premier point à l’ordre dujour pour les programmateurs à l’IAURP qui <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les étu<strong>de</strong>s sur territoire <strong>en</strong>tre 1967 et 1970.Marne-la-Vallée bénéficie non seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> terraindisponible pour son développem<strong>en</strong>t, mais aussi <strong>de</strong> sa conception originale linéaire <strong>en</strong> chapeletspermettant <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r le caractère <strong>de</strong>s vastes espaces naturels intégrés au plan d’aménagem<strong>en</strong>t[voir FIG. 04.1].Quatre zones sont ainsi organisées autour d’une ext<strong>en</strong>sion du RER A -épine dorsale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>- avec<strong>de</strong>ux autoroutes situées aux bords du territoire. Divisées <strong>en</strong> unités urbaines, adaptés aux morphologiesparticulières du chaque site, ces zones ont été <strong>en</strong>visagées comme <strong>de</strong>vant offrir chacune « un cadre <strong>de</strong>vie sociale organisé » aux habitants 144 .C’est dans ce cadre d’une <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> vaste et polyc<strong>en</strong>trique qu’on doit situer la première conception<strong>de</strong>s quartiers, incluant <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> quartier localisés <strong>en</strong> « grappes ». Cette notion urbanistique<strong>de</strong> « grappe » articulée avec une réflexion sociologique sur l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> l’éducation perman<strong>en</strong>te sont <strong>de</strong>uxconsidérations fondam<strong>en</strong>tales dans la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts à Marne-la-Vallée. Celles-ciori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les aménageurs, à la fois vers la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré et dans un même temps versune organisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> réseau. Cette double ori<strong>en</strong>tation aura <strong>de</strong>s implications importantespour la manière dont ont été p<strong>en</strong>sés les équipem<strong>en</strong>ts intégrés à Marne-la-Vallée.Dans un premier temps, la Mission d’Étu<strong>de</strong> et d’Aménagem<strong>en</strong>t (MEA), confiée à Pierre Carle, <strong>en</strong>tame laplanification <strong>de</strong>s Secteurs 1 et 2. Carle a mis <strong>en</strong> place une petite équipe pluridisciplinaire pour<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre la programmation <strong>de</strong>s premières opérations et <strong>de</strong> leur équipem<strong>en</strong>t. Dans les étu<strong>de</strong>sinitiales, on voit mettre <strong>en</strong> œuvre plusieurs principes qui joueront un rôle fondateur dans l’élaboration <strong>de</strong>la première génération <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs à Marne-la-Vallée.L’impulsion théorique <strong>de</strong> l’ARESC143 J. M. Boyer, La Programmation urbaine et architecturale : L’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, Th. <strong>de</strong> 3 e cycle,sous la Direction <strong>de</strong> F. A. Isambert, École <strong>de</strong> Hautes Étu<strong>de</strong>s <strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces Sociales, 1997, p. 198.144 Le parti d’aménagem<strong>en</strong>t régional repose sur les grands principes suivants :— un développem<strong>en</strong>t linéaire articulé autour du RER ;— une urbanisation discontinue formée d’unités urbaines successives et autonomes ;— un c<strong>en</strong>tre urbain régional situé au contact <strong>de</strong> la zone agglomérée ;— une diversité et une complém<strong>en</strong>tarité <strong>de</strong>s structures d’accueil au niveau <strong>de</strong>s unités urbaines ;— un système <strong>de</strong> communications urbaines et interurbaines privilégiant les transports <strong>en</strong> communin « 2 – L’axe d’urbanisation <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la Vallée <strong>de</strong> la Marne », Cahiers <strong>de</strong> l’Institut d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme<strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, n o 21, octobre 1970, p. 21.53


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIEn juillet 1969, la MEA publie un rapport sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts à Noisy-le-Grand 145 . L’équiperassemblée par Carle compr<strong>en</strong>d : G<strong>en</strong>eviève Le Cœur (sociologue), Maurice Salesse (géographeprogrammateur),et Thierry Gruber (architecte-urbaniste). Cette équipe cherche à incorporer, au niveau <strong>de</strong>la ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est, 4.000 nouveaux logem<strong>en</strong>ts HLM (<strong>en</strong>viron 17.000 habitants) dans une communeexistante <strong>de</strong> 27.000 habitants. Pour arriver à « une organisation plus rationnelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier » età « une meilleure utilisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage », l’équipe délimite <strong>de</strong>ux principesd’intégration importants :— La réinsertion au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s fonctions scolaires et leur ouverture sur l’extérieur ;— L’imbrication <strong>de</strong> fonctions pour favoriser la constitution d’un noyau socio-culturel.En esquissant les stratégies possibles <strong>de</strong> cette intégration, l’équipe précise ainsi que le projet« implique le recours à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pédagogiques <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t <strong>nouvelle</strong>s. »Lors d’une réunion, le 8 octobre 1969 146 , <strong>en</strong>tre l’équipe <strong>de</strong> la MEA et les représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong>s ministèresconcernés – Messieurs Girard et Lefebvre pour la Culture, A<strong>de</strong>r pour l’Éducation Nationale, Ver<strong>de</strong>t pourla Jeunesse et les Sports, Belmont et Lesueur pour l’Association pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel – lesori<strong>en</strong>tations <strong>en</strong> matière d’intégration sont r<strong>en</strong>forcées.La création d’une équipe chargée <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> est évoquée, ainsique la procédure pour l’obt<strong>en</strong>tion, auprès du ministère <strong>de</strong> l’Éducation nationale, d’un statut expérim<strong>en</strong>tal<strong>en</strong> éducation. C’est à la suite <strong>de</strong> cette réunion que Marne-la-Vallée confie fin 1969, les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s troispremiers quartiers opérationnels à l’Atelier <strong>de</strong> Recherche sur l’Environnem<strong>en</strong>t Scolaire et Culturel(l’ARESC).Entre 1969 et 1970, l’ARESC établit <strong>de</strong>s propositions pour Noisy-Est, Noisiel-Torcy (Arche Guédon), etChamps-Noisiel (Luzard) 147 <strong>en</strong> développant les implications programmatiques et urbanistiques <strong>de</strong> laformule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c’est-à-dire avec le double principe d’une intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>tre eux et <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts dans la trame urbaine 148 : l’ARESC esquisse ainsi uneanimation à partir <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires <strong>en</strong> liaison avec les foyers <strong>de</strong> Jeunes Travailleurs, MJC,<strong>en</strong>sembles sportifs et services communs (restauration, services médico-sociaux, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>docum<strong>en</strong>tation-bibliothèque, zone d’accueil, etc.).Il faut souligner que d’emblée aucun <strong>de</strong> ces regroupem<strong>en</strong>ts d’équipem<strong>en</strong>ts, n’est considéré comme objetisolé. Chaque c<strong>en</strong>tre est <strong>en</strong>visagé à partir d’une animation continue <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. À Noisy-Est, l’ARESCprojette l’animation <strong>en</strong>tre Noisy-Est et le c<strong>en</strong>tre commercial; au Quartier 5 (l’Arche Guédon) est<strong>en</strong>visagée la création d’un relais <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts incluant l’anci<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Torcy, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>voisinage CET, le nouveau c<strong>en</strong>tre du quartier et le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Noisiel; au Quartier 2 (Luzard), est<strong>en</strong>visagée la création d’une trame fine et régulière d’équipem<strong>en</strong>ts légers <strong>en</strong> vue d’animer le quartier.Les plans <strong>de</strong> ces projets montr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s figures qui, dans un premier temps, seront explorées à <strong>de</strong>s<strong>de</strong>grés différ<strong>en</strong>ts à Marne-la-Vallée : à Noisy-Est et à l’Arche Guédon les équipem<strong>en</strong>ts intégrés neressembl<strong>en</strong>t plus à un bâtim<strong>en</strong>t mais plutôt à un <strong>en</strong>semble urbain. Ainsi la conception urbaine fonctionnecomme conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés et remplace finalem<strong>en</strong>t la conception architecturale ellemême.De même pour le C<strong>en</strong>tre Urbain Régional localisé à Noisy-le-Grand et prévu par le schéma directeur <strong>de</strong>la Région parisi<strong>en</strong>ne, l’équipe <strong>en</strong> charge <strong>de</strong> ce sujet à l’EPA -emm<strong>en</strong>ée par l’ingénieur J. P. Baietto, legéographe programmateur M. Lemaistre et l’architecte urbaniste A. Zubl<strong>en</strong>a- cherche surtout à éviter le145 Mission d’Étu<strong>de</strong>s et d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Vallée <strong>de</strong> la Marne, P. Carle (dir.), Commune <strong>de</strong> Noisy-le-Grand et OpérationFFF-Emmaüs : Projet d’étu<strong>de</strong> pour une intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, Juillet 1969, [EPAMARNE 71W12].146 Préfecture <strong>de</strong> la Région parisi<strong>en</strong>ne, Mission d’Étu<strong>de</strong>s et d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Vallée <strong>de</strong> la Marne, Réunion sur leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés 8 oct. 69, [EPAMARNE 17/VM/08].147 ARESC, Propositions pour les Équipem<strong>en</strong>ts Scolaires, Culturels et Sociaux <strong>de</strong> la ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est, Paris, décembre1969, [EPAMARNE 71W11] ; ARESC, Note sur les Équipem<strong>en</strong>ts du Quartier 5 (Secteur II) <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> la Vallée<strong>de</strong> la Marne, Paris, mars 1970, [EPAMARNE 10/VM/08] ; ARESC, Ville Nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée : Propositions <strong>de</strong>programme pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socio-culturels du Quartier 2 (secteur II), Deuxième phase, juin1970, [EPAMARNE 11/VM/08].148 Dans un article, « Réflexions sur l’intégration <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts », datant <strong>de</strong> 1971, Jeanne Chabanne et Philippe Cougnotexpos<strong>en</strong>t à partir <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> Yerres, Istres et Gr<strong>en</strong>oble, cette théorie <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts niveaux d’intégration qui fait <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble l’aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la formule avec une intégration à la fois urbaine et fonctionnelle et qui repose sur une approcheglobale <strong>de</strong> l’animation permettant <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser simultaném<strong>en</strong>t les fins et les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s « concepts <strong>de</strong> société, <strong>de</strong> culture etd’éducation ». J. Chabanne et P. Cougnot, « Réflexions sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts », in Urbanisme, n o 125, 40 eannée, 1971, p. 17-23.54


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIdépérissem<strong>en</strong>t par congestion ou l’hyperc<strong>en</strong>tralité qui conduirait à un marginalisation <strong>de</strong> certainesactivités. L’équipe préconise l’adoption d’une organisation polynucléaire avec trois pôles <strong>de</strong>développem<strong>en</strong>t, chacun servi par le RER. Cette stratégie implique que le c<strong>en</strong>tre urbain n’est pasautonome, mais plutôt un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> noyaux <strong>en</strong> liaison. L’image d’une <strong>ville</strong> <strong>en</strong> chapelets continued’être une image forte. Le premier pôle prévoit d’accueillir les élém<strong>en</strong>ts du rayonnem<strong>en</strong>t régional, le<strong>de</strong>uxième pôle prévoit d’avoir une fonction plus locale, une université, et le troisième—la ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est—prévoit d’être un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier.L’affirmation <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s Services CollectifsEn 1970, l’équipe <strong>de</strong> programmation au sein <strong>de</strong> la MEA, s’élargit. Bertrand Ousset est recruté pourpr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge spécifiquem<strong>en</strong>t la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés, tandis que dans lemême temps Philippe Jarry et l’association TRAME début<strong>en</strong>t la politique <strong>de</strong> pré-animation culturelle.Dans un premier temps, B. Ousset observe que la réflexion sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts est surtoutprise <strong>en</strong> main par les architectes-urbanistes, mais que ce processus manque une réflexion plus large surla programmation et le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s institutions.A contrario, sa réflexion sur l’importance <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés va valoriser les thèmes <strong>de</strong> l’animationglobale et <strong>de</strong> l’innovation sociale. Bertrand Ousset s’intéresse <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue à l’exemple du CEC <strong>de</strong>Istres qui regroupe trois pôles majeurs d’équipem<strong>en</strong>ts : pôle éducatif ; pôle <strong>de</strong>stiné aux adultes et pôlesocio-culturel. Il remarque aussi que l’éducation perman<strong>en</strong>te est le dénominateur commun <strong>de</strong> cecomplexe d’équipem<strong>en</strong>ts, ce qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra une idée-clé dans l’évolution <strong>de</strong> la politique et la pratique <strong>de</strong>la programmation à Marne-la-Vallée 149 .Ousset id<strong>en</strong>tifie ainsi trois volontés qui s’inscriv<strong>en</strong>t dans la continuité <strong>de</strong>s préconisations <strong>de</strong> l’ARESC :1. Revaloriser la fonction primaire d’animation <strong>de</strong> certains équipem<strong>en</strong>ts ;2. Constituer <strong>de</strong>s pôles forts d’animation au niveau <strong>de</strong>s quartiers ;3. Constituer <strong>de</strong>s réseaux complexes d’animation au sein <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, comportant différ<strong>en</strong>ts relais :Voisinage ; Quartier ; Secteur ; Ville Nouvelle 150 .En 1971, Ousset formalise dans un texte <strong>de</strong> cadrage, la conception <strong>de</strong> la MEA <strong>en</strong> matière d’intégration<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> « la création d’une vie sociale animée ». Il id<strong>en</strong>tifie les moy<strong>en</strong>s concourant à ce but : « la mise<strong>en</strong> place <strong>de</strong> structures d’accueil et <strong>de</strong> pré-animation, comme la définition d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>stinés àpromouvoir l’éducation perman<strong>en</strong>te ». Les équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>trés sur l’éducation perman<strong>en</strong>te permett<strong>en</strong>t« à la fois le brassage <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes catégories sociales et <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes classes d’âge, etl’animation sociale nécessaire à la vie d’un c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong> 151 . »Partant <strong>de</strong> la critique <strong>de</strong>s normes rigi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la logique d’industrialisation régissant les programmesd’équipem<strong>en</strong>ts, Ousset a développé par la suite, le principe plus général selon lequel chaque équipem<strong>en</strong>trequiert une programmation spécifique, c’est-à-dire « une réflexion avec démarche d’innovationpossible » 152 . Cette ori<strong>en</strong>tation aboutit à la création d’une Direction <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s ServicesCollectifs (DSC), service singulier dans l’univers <strong>de</strong>s Villes Nouvelles qui fait écho aux structures mises<strong>en</strong> place à l’IAURP.Le mouvem<strong>en</strong>t d’affirmation <strong>de</strong> la DSC par rapport à la discipline urbanistique est <strong>en</strong> fait double. Il s’agitbi<strong>en</strong> d’abord <strong>de</strong> l’acc<strong>en</strong>t mis sur la notion <strong>de</strong> service avec toute une démarche sociologique surl’appréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s habitants et sur l’organisation <strong>de</strong> synergies <strong>en</strong>tre acteurs sociaux,éducatifs et culturels 153 . La DSC « fait contrepoids au service <strong>de</strong> l’urbanisme et aux services techniqueset commerciaux » et elle « dépasse la rivalité <strong>en</strong>tre programmateurs et architectes-urbanistes » à traversles pratiques <strong>de</strong> travail pluridisciplinaire 154 .Mais il s’agit aussi <strong>de</strong> la valorisation du rôle <strong>de</strong> l’ingénieur pour superviser la réalisation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts. Le rôle <strong>de</strong> maître d’ouvrage délégué qui lui revi<strong>en</strong>t conduit à la définition d’une ingénierie149 B. Ousset, Note sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, juin 1971, [EPAMARNE 732w20].150 B. Ousset, Étu<strong>de</strong> pour une intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts dans trois quartiers <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> la Vallée <strong>de</strong> laMarne, 11 juin 1970, [EPAMARNE 732w20].151 B. Ousset, Note sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, op. cit.152 Ibid.153 Voir interview, annexe 02, p45.154 Boyer, op. cit., p. 202-203.55


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIspécifique répondant à <strong>de</strong>s impératifs <strong>de</strong> production considérables (coûts, délais, montage <strong>de</strong>s dossiers)compte t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> 155 .II.3.2 - L’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> Quaternaire ÉducationÉtant donné l’importance que la MEA accor<strong>de</strong> à la vie scolaire, surtout à l’idée d’un « CES, pivot duquartier », les responsables ont cherché à aller plus loin dans cette réflexion. Il était, au début, difficile<strong>de</strong> trouver le financem<strong>en</strong>t pour une étu<strong>de</strong> sur le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s CES. L’IAURP, qui l’a finalem<strong>en</strong>tfinancé, a exigé la participation <strong>de</strong> plusieurs <strong>ville</strong>s. C’est pourquoi le projet a impliqué Marne-la-Vallée,Trappes et Évry.Le bureau d’étu<strong>de</strong> Quaternaire Éducation a été ret<strong>en</strong>u—il avait été indiqué par Jean A<strong>de</strong>r—pour<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre cette étu<strong>de</strong> 156 . Dès lors, comme l’a souligné Bertrand Ousset, Quaternaire Education s’estimposé comme un part<strong>en</strong>aire important <strong>de</strong> la MEA (puis <strong>de</strong> l’EPAMARNE) dans l’approche <strong>de</strong>sproblèmes éducatifs et sociaux 157 .Ce premier contrat est <strong>en</strong> effet le début d’une longue série: nous avons repéré plus <strong>de</strong> 30 étu<strong>de</strong>s et notesréalisées par Quaternaire pour Marne-la-Vallée. En ce qui concerne les activités dans les autres VillesNouvelles, Quaternaire a aussi travaillé sur le prototype <strong>de</strong> Vaudreuil (logem<strong>en</strong>t), sur la définition <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> formation du quartier du Puiseux à Cergy-Pontoise et sur le C<strong>en</strong>tre Éducatif et Cultureld’Istres. En outre, il a fait une étu<strong>de</strong> sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance pour le compte du GCVN.Quaternaire Éducation a été fondé <strong>en</strong> 1970, au sein d’un bureau d’informatique, par <strong>de</strong>ux ingénieurs <strong>de</strong>sMines travaillant sur la formation et l’éducation : Pierre Caspar et François Viallet. L’idée principale étaitle développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ingénierie <strong>de</strong> la formation, c’est-à-dire le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s rigoureusespour traiter les systèmes <strong>de</strong> formation ou pour concevoir le système <strong>de</strong> formation 158 .Deux acteurs sont particulièrem<strong>en</strong>t importants dans cette histoire. Il s’agit d’abord <strong>de</strong> Guy Le Boterf quifaisait partie d’un mouvem<strong>en</strong>t d’Éducation Populaire—Culture et Développem<strong>en</strong>t—lié à Peuple et Culture.Guy Le Boterf s’est surtout investi dans l’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts scolaires et <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre intégré (voir interview <strong>en</strong> annexe). A sa suite, ArmelleBaraton, psychopédagogue, s’est investie dans la réflexion sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance et dans laréflexion sur la notion <strong>de</strong> réseau d’équipem<strong>en</strong>ts.Dans un premier temps, Quaternaire est missionné à Marne-la-Vallée pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> groupes scolaires,quatre établissem<strong>en</strong>ts programmés <strong>en</strong> 1972 puis sept <strong>en</strong> 1973. Le bureau d’étu<strong>de</strong> étudie aussi lefonctionnem<strong>en</strong>t pédagogique et technique <strong>de</strong>s CES 900 <strong>de</strong> la ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est et du quartier 5 159 . Cespremières étu<strong>de</strong>s montr<strong>en</strong>t un intérêt pour la relation <strong>en</strong>tre l’institution, l’<strong>en</strong>veloppe bâtie et les attitu<strong>de</strong>ssociales et psychologiques. Elles s’appui<strong>en</strong>t sur les travaux <strong>de</strong> M. Foucault qui sont aussi repris pard’autres bureaux d’étu<strong>de</strong>, notamm<strong>en</strong>t le CERFI.Une approche sélective <strong>de</strong> l’intégrationFace à la complexité du processus <strong>de</strong> programmation, <strong>en</strong> particulier celui <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés,impliquant une gran<strong>de</strong> diversité d’acteurs, Quaternaire Education s’efforce <strong>de</strong> trouver une métho<strong>de</strong> et unlangage communs, c’est-à-dire <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> place <strong>de</strong>s méthodologies <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong>communication 160 . De façon similaire aux métho<strong>de</strong>s utilisées par la SCOOPER au Vaudreuil, les travaux<strong>de</strong> Quaternaire font appel à un <strong>en</strong>semble d’outils spécifiques, graphes, tableaux, « matrices »,permettant <strong>de</strong> figurer et <strong>de</strong> préciser la nature <strong>de</strong>s relations fonctionnelles et spatiales à mettre <strong>en</strong> œuvre<strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tités concernées par l’intégration [voir Planche 02] .L’étu<strong>de</strong> sur le CES 900 du quartier 5 (L’Arche Guédon) a servi à ce sujet <strong>de</strong> banc d’essai. Unecollaboration étroite <strong>en</strong>tre le bureau d’étu<strong>de</strong> et les membres <strong>de</strong> la MEA, B. Ousset le programmateur et155 Voir interview <strong>de</strong> G<strong>en</strong>eviève Machu, annexe 02, p51.156 R. Bergouignan et S. Martin, Ville Nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée : Annexes, Gr<strong>en</strong>oble, L’Ag<strong>en</strong>ce d’Urbanisme <strong>de</strong>l’Agglomération Gr<strong>en</strong>obloise, 20 Octobre 1972, pp. 3-5.157 Interview <strong>de</strong> B. Ousset, annexe 02, p45.158 Voir interview <strong>de</strong> G. Le Boterf, annexe 02, p92159 R. Bergouignan et S. Martin, « Annexe II, Bibliographie », Ville Nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée : Annexes, op. cit., p. 2.160 G. Le Boterf, Interview, op. cit. ; G. Le Boterf et J. A<strong>de</strong>r, « La programmation architecturale d'une institution éducative »,Formation et prévision : prévoir la formation et organiser l’espace éducatif, Paris, Les Éditions E.S.F., 1975, pp. 73-97.56


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIMichel Macary l’architecte, a été ess<strong>en</strong>tielle dans le déroulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et dans la définition d’uneconception globale d’intégration à partir <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’éducation perman<strong>en</strong>te 161 .Car si le processus <strong>de</strong> programmation suit un trajet <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u courant à l’époque : d’abord ladécomposition programmatique, <strong>en</strong>suite l’analyse fonctionnelle, et <strong>en</strong>fin une recompositionprogrammatique 162 , la manière dont Quaternaire Education a abordé ce processus est néanmoinsparticulière.Dans l’analyse <strong>de</strong>s institutions à intégrer, Le Boterf opère une distinction <strong>en</strong>tre fonctions « internes » etfonctions « externes » [voir FIG. 02.1]. Ces <strong>de</strong>rnières sont les seules à prés<strong>en</strong>ter, selon les critères dupublic concerné et du cont<strong>en</strong>u proposé, un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> conception globale d’animation et d’éducationperman<strong>en</strong>te. A une analyse fonctionnelle effectuée <strong>de</strong> manière systématique fonction par fonctionm<strong>en</strong>ant à la rigidité d’une « structure structurante », Le Boterf préfère une approche sélective <strong>de</strong>l’intégration qui id<strong>en</strong>tifie au regard <strong>de</strong>s objectifs d’éducation perman<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s « fonctions externesdominantes » comme facteurs actifs d’intégration à partir <strong>de</strong>squels sont recomposés les unitésfonctionnelles 163 .Une forme dominanteAu <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> l’intégration, tous les travaux <strong>de</strong> Quaternaire Education développeront leprincipe énoncé par B. Ousset selon lequel chaque équipem<strong>en</strong>t nécessite une programmationspécifique. Mais au départ <strong>de</strong> toutes les étu<strong>de</strong>s, tant sur les groupes scolaires que sur les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>fance, il y a l’idée <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong> charge globale <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant. C’est à partir <strong>de</strong> lapsychologie <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant que Quaternaire comm<strong>en</strong>ce à esquisser la conception d’<strong>en</strong>semble du groupescolaire. Cette primauté conduira le bureau d’étu<strong>de</strong> à privilégier une certaine organisation spatiale:Nous sommes partisans – chaque fois que la superficie du terrain le permet […] – <strong>de</strong> lastructure pavillonnaire, <strong>de</strong> l’école village constitué d’une série <strong>de</strong> petites maisons à lafois semblables et différ<strong>en</strong>tes, qui nous paraît composer un <strong>en</strong>semble que l’<strong>en</strong>fant estplus à même <strong>de</strong> ress<strong>en</strong>tir comme si<strong>en</strong>. Par ailleurs, les pavillons se prêt<strong>en</strong>t à une plusgran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> combinaisons 164 .Ces principes esthétiques seront fondam<strong>en</strong>taux dans l’élaboration formelle <strong>de</strong>s groupes scolairesintégrés avec équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage.II.3.3 – Une première génération d’équipem<strong>en</strong>ts intégrésLa discipline <strong>de</strong> programmation telle que théorisée par B. Ousset se met <strong>en</strong> place à partir <strong>de</strong> laprogrammation <strong>de</strong>s trois premières opérations d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés. Il s’agit d’un processus d'analysepuis <strong>de</strong> synthèse, repris <strong>en</strong> plusieurs étapes. L’échange <strong>en</strong>tre l’EPA et les bureaux d’étu<strong>de</strong>s a lieu àchaque étape du processus : pré-programmation, avant-projet, et avant-projet détaillé. L’objectif <strong>de</strong> l’EPAest d’arriver simultaném<strong>en</strong>t à l’élaboration d’un programme final, à la localisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et àl’articulation du plan-masse.L’opération <strong>de</strong> Noisy-Est, traduction <strong>de</strong>s théories officiellesPremière du g<strong>en</strong>re à Marne-la-Vallée, l’opération <strong>de</strong> Noisy-Est regroupe logem<strong>en</strong>ts, bureaux,commerces, c<strong>en</strong>tre socio-éducatif et sportif autour d’un CES, d’un lycée et d’un CET. Le rapport d’étu<strong>de</strong>161 Quaternaire Éducation, Programmation pédagogique et technique du C.E.S. 900 intégré au Quartier V <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, Paris, 1/12/1972 [EPAMARNE 1335/MV/08.SC]. Voir aussi, Quaternaire Éducation, « Note <strong>de</strong> synthèse sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>programmation du CES 900 du Quartier V », texte dactyl. s.d. [EPAMarne 1335/MV/08.SC] ; G. Le Boterf, « L’Intégrationfonctionnelle et architecturale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs », in Éducation Perman<strong>en</strong>te, n o 20, sept.–oct. 1973, pp. 85-107.162 L’étu<strong>de</strong> distingue classiquem<strong>en</strong>t l’intégration fonctionnelle <strong>de</strong> l’intégration architecturale. L’intégration fonctionnelle « estrecherchée indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s problèmes architecturaux » et « se situe davantage au niveau <strong>de</strong>s institutions. » Parcontre, l’intégration architecturale « se situe au niveau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts » et est « à la fois fonctionnelle et architecturale » inProgrammation pédagogique et technique du C.E.S. 900, op. cit., p. 82 ; voir aussi Le Boterf, « L’Intégration fonctionnelle etarchitecturale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs », op. cit., p. 88.163 Le Boterf, « L’Intégration fonctionnelle et architecturale <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs », op. cit., p. 92-93.164 Quaternaire Éducation, Conception d’une école : Note <strong>de</strong> synthèse, Paris, Quaternaire Éducation, février 1973, pp. 14-15,[CDU 29398].57


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIinitial établi par l’ARESC <strong>en</strong> décembre 1969 désigne l’opération comme une expéri<strong>en</strong>ce pilote posant lesprincipes <strong>de</strong> base du procédé d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts [voir FIG. 13.1].- D’abord dans le choix <strong>de</strong>s programmes, le rapport s’appuie sur le principe d’une organisation« pyramidale » tel qu’il est sout<strong>en</strong>u par le Secrétariat d’État à Jeunesse et aux Sports. Cela veut direque l’implantation <strong>de</strong> chaque élém<strong>en</strong>t doit répondre non seulem<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t immédiat, maisaussi aux rapports avec d’autres équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diverses portées.- Le rapport précise <strong>en</strong>suite que les principes d’urbanisme doiv<strong>en</strong>t « dégager <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles ou unitésqui <strong>de</strong>vront être traitées comme telles, tant au niveau <strong>de</strong> la conception que <strong>de</strong> la gestion » 165 . Cett<strong>en</strong>otion d’unité tant urbanistique que fonctionnelle doit pouvoir opérer aux différ<strong>en</strong>tes échelles <strong>de</strong> la<strong>ville</strong>.- Les « <strong>en</strong>sembles » inclu<strong>en</strong>t à chaque fois <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires. Le scolaire, la vie et la <strong>ville</strong>sont p<strong>en</strong>sés <strong>en</strong>semble : « La continuité <strong>de</strong> l’éducation doit s’instaurer <strong>en</strong>tre l’école et la formationcontinue tout au long <strong>de</strong> la vie. […] On t<strong>en</strong>d alors vers la complém<strong>en</strong>tarité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsscolaires, socio-culturels, « l’éducation populaire » cessant d’être la par<strong>en</strong>te pauvre—pauvre <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>s et <strong>en</strong> efficacité 166 ».- Enfin la métho<strong>de</strong> d’intégration conduit à id<strong>en</strong>tifier et à retravailler les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme les plusdirectem<strong>en</strong>t concernés par l’intégration :« Le principe d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts qui domine est celle du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s servicescommuns autour <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires et culturels à proximité d’une « unité c<strong>en</strong>trale »constituant « un complexe d’animation à l’échelle du quartier ». Un partage <strong>de</strong>s locaux inclut larestauration, le service médico-social, le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>tation-bibliothèque, la zone d’accueil. LaMJC et l’<strong>en</strong>semble sportif sont proposés comme équipem<strong>en</strong>ts éclatés ; la MJC avec les ateliersrépartis dans l’<strong>en</strong>semble du quartier et l’<strong>en</strong>semble sportif organisé <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux pôles, l’un <strong>en</strong> plein air etl’autre couvert » 167 .L’esprit dans lequel l’intégration est abordée ici est clair : sur le modèle gr<strong>en</strong>oblois, l’objectif estl’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux et dans la trame urbaine. Le c<strong>en</strong>tre se définit selon troiscaractéristiques : fonctions multiples ; équipem<strong>en</strong>ts intégrés ; espaces imbriqués.L’Arche Guédon, un effort d’innovation <strong>de</strong> tous les acteursSitué dans la Z.A.C. <strong>de</strong> Champs-Noisiel-Torcy (secteur 2), le Quartier 5 nommé quartier <strong>de</strong> l’Arche-Guédon relie les villages existants <strong>de</strong> Noisiel et Torcy. Il doit accueillir 800 logem<strong>en</strong>ts, un parc urbain etun c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier. La programmation <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier est lancée au début <strong>de</strong>s années 70 à partir <strong>de</strong>spremières étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’ARESC qui préconis<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>tité regroupant zone d’habitation, CES, CEA, FJT,MJC, équipem<strong>en</strong>ts sportifs, et services communs (bibliothèque+c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>tation, servicemédico-social, restauration, salle <strong>de</strong> jeux).Comme pour Noisy-Est, l’Arche Guédon est investi du rôle <strong>de</strong> terrain d’innovation et doit servir <strong>de</strong> test.L’opération est le premier support <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place d’un processus complexe <strong>de</strong> programmationassociant <strong>de</strong> multiples acteurs professionnel. Arrivé au sein <strong>de</strong> l’EPA <strong>en</strong> 1970 pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge leschéma d’urbanisme du secteur 2, Michel Macary va favoriser <strong>en</strong> tant qu’architecte coordonnateur dusecteur, cette implication <strong>de</strong> multiples part<strong>en</strong>aires extérieurs.La programmation suit plusieurs étapes. D’abord, Marne-la-Vallée <strong>en</strong>gage, à partir <strong>de</strong> 1970, plusieursbureaux d’étu<strong>de</strong>s spécialisés : l’ADC pour les équipem<strong>en</strong>ts publics ; Larry Smith pour les équipem<strong>en</strong>tscommerciaux ; SERETES pour les bureaux. Ces étu<strong>de</strong>s permett<strong>en</strong>t à la MEA <strong>de</strong> développer un premierschéma <strong>de</strong> plan-masse <strong>en</strong> 1971. Ensuite les étu<strong>de</strong>s d’avant-projet sont lancées : Quaternaire Educationplanche sur la conception d’un service collectif à partir d’une pédagogie ouverte et sur l’intégration d’unematernelle et d’une crèche ; l’association TRAME sur l’animation globale ; le paysagiste Bernard Lassussur l’ambiance lumineuse ; et l’AIPA France sur une simulation visuelle du nouveau c<strong>en</strong>tre 168 . Ces étu<strong>de</strong>sconduis<strong>en</strong>t à une id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong>s sous-<strong>en</strong>sembles et à l’élaboration du plan-masse.165 ARESC, Propositions pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, culturels et sociaux <strong>de</strong> la ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est, op. cit.166 EPAMARNE, « La ZAC <strong>de</strong> Noisy-Est : Programme <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts ». Sommaire, mai 1970, pp. 3-3bis, [EPAMARNE71w11].167 Ibid.168 MEA <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, C<strong>en</strong>tre du Quartier 5 Noisiel Torcy : Docum<strong>en</strong>t Provisoire, Mai 1972, pp. 17-19, EPAMarne28w1370 ; C. <strong>de</strong> Chéné, « Chapitre II. Des Étu<strong>de</strong>s pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche Guédon », Le Quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon, ZAC<strong>de</strong> Champs-Noisiel-Torcy (secteur2), rapport <strong>de</strong> stage, 1981, EPAMarne 3809/MV/2.58


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIÀ partir <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s, l’EPA <strong>en</strong>tame la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts pour l’avant-projet détaillé. Ence qui concerne les équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels, les programmateurs réserv<strong>en</strong>t à la Maison <strong>de</strong> TempsLibre le rôle principal dans l’animation du secteur II, développant la composante d’une importante sallepolyval<strong>en</strong>te. En 1974, sur proposition <strong>de</strong> l’EPA, la SCA désigne les architectes <strong>de</strong> cet <strong>en</strong>semble :Riboulet, Veret, et Thurnauer, <strong>en</strong>gagés <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> conception du CEC <strong>de</strong> Istres.En même temps, plusieurs étu<strong>de</strong>s sont <strong>en</strong>treprises sur un <strong>de</strong>uxième sous-<strong>en</strong>semble, le C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> VieEnfantine : l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Quaternaire Éducation sur les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance est déjà achevée ; on lapoursuit avec celle du CERFI sur les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> santé pour <strong>en</strong>fants (hôpital du jour) ; puis aveccelle du SOREPA sur un modèle <strong>de</strong> gestion pour l’<strong>en</strong>semble du c<strong>en</strong>tre 169 . L’EPA <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aussi àFrançoise L<strong>en</strong>oble-Prédire d’établir le programme pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> vie <strong>en</strong>fantine qui n’est pas achevé.En 1974, les objectifs et la structure du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche Guédon sont définitivem<strong>en</strong>t délimités. Laconception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> leurs relations est fondée sur trois sous-<strong>en</strong>sembles :— C.E.S. avec pédagogie ouverte ;— Maison du Temps Libre et Salle polyval<strong>en</strong>te associées à une halle ouverte ;— C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Vie Enfantine liant les problèmes <strong>de</strong> pédagogie et <strong>de</strong> santé 170 .Le c<strong>en</strong>tre se structure autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux axes piétonniers et perp<strong>en</strong>diculaires, avec un espace privilégié aucarrefour : la place couverte, désignée comme lieu <strong>de</strong>s r<strong>en</strong>contres et reliant les principaux équipem<strong>en</strong>tscollectifs. [voir FIG. 15.2]En 1975, l’EPA met <strong>en</strong> place une équipe pluridisciplinaire pour compléter les étu<strong>de</strong>s et effectuer laréalisation. Le Ministère <strong>de</strong>s Affaires culturelles ayant jugé la salle polyval<strong>en</strong>te trop vaste, lesresponsables recomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t la programmation <strong>de</strong> la Maison du Temps Libre. La révision du programme<strong>en</strong> 1975 prévoit une salle plus mo<strong>de</strong>ste et le plan-masse est finalisé [voir FIG. 13.3]. L’École NationaleSupérieure <strong>de</strong>s Arts et Métiers effectue, au cours <strong>de</strong>s années 75-76, une étu<strong>de</strong> aérodynamique sur lec<strong>en</strong>tre du quartier qui <strong>en</strong>cadre les <strong>de</strong>rniers réglages du projet.Outre le rôle <strong>de</strong> support <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t d’activités <strong>de</strong> programmation et <strong>de</strong> conceptionpluridisciplinaires, l’opération du c<strong>en</strong>tre du quartier 5 participe aussi d’une conception globale <strong>de</strong>l’animation à l’échelle du quartier. L’animation doit se constituer par « la mise <strong>en</strong> place progressive d’unréseau d’équipem<strong>en</strong>ts sur l’<strong>en</strong>semble du quartier » suivant une organisation <strong>en</strong> « grappesd’équipem<strong>en</strong>ts » 171 . [voir FIG. 04.2].Même si, lors <strong>de</strong> la conception du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche Guédon, l’objectif du réseau reste au niveau <strong>de</strong>sint<strong>en</strong>tions on voit que cette notion associée à celle d’intégration est d’emblée bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te, confortéepar l’image <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>en</strong> chapelets reliés, image constitutive <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tité <strong>de</strong> Marne-la-Vallée.La Piazza, un projet à partTroisième opus <strong>de</strong> la première génération d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés, la Piazza se distingue par son échelle<strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre d’agglomération et par la volonté d’associer les équipem<strong>en</strong>ts collectifs et les équipem<strong>en</strong>tscommerciaux, sur le modèle <strong>de</strong> l’Agora d’Evry. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1970 sur le C<strong>en</strong>tre Urbain Régional prévoit <strong>en</strong>effet d’inclure dans le premier pôle du Secteur 1—le cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong>—une multiplicité <strong>de</strong> fonctions :commerces, bureaux, accueil, c<strong>en</strong>tre culturel, équipem<strong>en</strong>ts universitaires, sports et loisirs.Dans un premier temps, dès 1971, l’équipe s’attache à définir les contours d’un pôle socio-culturelorganisé autour d’une place couverte dénommée <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce à l’Agora, la Piazza 172 . L’équipe, quitravaille <strong>en</strong> contact avec Évry et l’IAURP, compr<strong>en</strong>d <strong>de</strong>ux architectes, Aymeric Zubl<strong>en</strong>a et ThierryGruber, lesquels esquiss<strong>en</strong>t plusieurs hypothèses à partir d’une programmation « théorique » 173 .L’interv<strong>en</strong>tion d’un bureau d’étu<strong>de</strong>s, le SACEC, et <strong>de</strong> Philippe Jarry conduit aux ajustem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s planset du programme. Le SACEC <strong>en</strong>tame une campagne int<strong>en</strong>se d’interviews avec <strong>de</strong>s résid<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Vallée<strong>de</strong> la Marne pour essayer <strong>de</strong> dégager un programme d’équipem<strong>en</strong>ts. Un premier schéma <strong>de</strong> localisation,169 Quaternaire Éducation, C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> vie <strong>en</strong>fantine, Paris, juin 1973 ; CERFI, Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> programmation du C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> SantéM<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> Noisiel, juin 1973 ; CERFI, Dossier programme <strong>de</strong> l’hôpital du jour <strong>de</strong> l’Arche Guédon, juin 1974 ; SOREPA,Modèle <strong>de</strong> gestion pour les équipem<strong>en</strong>ts publics <strong>de</strong> l’Arche Guédon, 1975.170 « Le Quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon », in Techniques et Architecture, n o 301, nov.–déc. 1974, pp. 80-82.171 MEA <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, C<strong>en</strong>tre du Quartier 5, Noisiel Torcy : Docum<strong>en</strong>t provisoire, op. cit., pp. 5-6.172 Pour une <strong>de</strong>scription <strong>en</strong> détail <strong>de</strong> ce processus, voir A. Zubl<strong>en</strong>a, Piazza, Marne-la-Vallée : Analyse d’un processus,BERU/EPAMarne/Secrétariat <strong>de</strong> la Culture, fév. 1977 [EPAMARNE MV 2132 (1-2)].173 Voir les carnets <strong>de</strong> Zubl<strong>en</strong>a et Gruber, [EPAMARNE 109 Fi 2].59


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIqui ne pr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> compte les fonctions scolaires déléguées à Noisy-Est, est proposé <strong>en</strong> novembre1971 174 .Mais la réflexion s’ori<strong>en</strong>te très tôt vers l’<strong>en</strong>jeu architectural et urbain plutôt que vers le programme luimême,ce qui conduit à fixer assez tôt une image du projet qui s’avérera plus tard être un obstacle.Bertrand Ousset, dès son arrivée, se trouve <strong>en</strong> désaccord avec les options déjà prises dans ledéveloppem<strong>en</strong>t initial du C<strong>en</strong>tre Urbain Régional, la conc<strong>en</strong>tration très forte d’activité, le prima <strong>de</strong>l’approche architecturale et l’urbanisme <strong>de</strong> dalle. Il confie alors à une <strong>nouvelle</strong> recrue, Isabelle Chartier, lesoin <strong>de</strong> traiter le volet programmatique <strong>de</strong> la Piazza.S’appuyant sur sa formation psychanalytique, I. Chartier va s’efforcer <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> place un vasteprocessus <strong>de</strong> concertation par lequel elle t<strong>en</strong>te d’impliquer les élus et les administrations 175 .L’année 1973 marque le mom<strong>en</strong>t où l’équipe va notamm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contrer les ministères concernés pourdéfinir la manière dont on va procé<strong>de</strong>r. Il s’agit moins pour l’équipe <strong>de</strong> développer un programme qued’arrêter les principes d’intégration et une liste <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts souhaitables à inclure. Deux architectessont alors désignés pour élaborer le projet, Kohn et Levy (Kohn est connu pour sa réflexion sociologiquesur l’architecture et il a acquis une partie <strong>de</strong> son expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> In<strong>de</strong>).Voulant conforter la théorisation <strong>de</strong> la démarche et sa légitimation, A. Zubl<strong>en</strong>a et I. Chartier qui sont loin<strong>de</strong> faire l’unanimité dans leur approche, font appel au bureau d’étu<strong>de</strong> le BERU <strong>en</strong> vue d’effectuer uneexpertise sur les étapes antérieures <strong>de</strong> programmation et d’arrêter les gran<strong>de</strong>s lignes du programme 176 .En 1974, les principes d’intégration pour la Piazza sont ainsi précisés.Il s’agit d’abord d’« éclater » plusieurs programmes, le C<strong>en</strong>tre d’Animation Culturelle, le disp<strong>en</strong>sairepolyval<strong>en</strong>t, le c<strong>en</strong>tre social et la Maison <strong>de</strong>s Jeunes.Par ailleurs, plusieurs regroupem<strong>en</strong>ts d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés sont <strong>en</strong>visagés :1. Pôle service-information : C.I.O., C.I.J., élém<strong>en</strong>ts du C<strong>en</strong>tre social, l’A.N.P.E., C.I.V.N.2. Élém<strong>en</strong>ts du C.A.C., élém<strong>en</strong>ts du C<strong>en</strong>tre social, une partie <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong>s Jeunes et haltegar<strong>de</strong>rie177 .3. Bibliothèque et C.D.P.4. C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> soins avec <strong>de</strong>ux sections du disp<strong>en</strong>saire.Enfin l’organisation repose sur la participation du cheminem<strong>en</strong>t piétonnier à la vie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts 178 . Àpartir <strong>de</strong> ce troisième principe, la figure initiale <strong>de</strong> la place évolue vers celle d’un espace linéaire couvert.Les docum<strong>en</strong>ts d’avant-projet datés <strong>de</strong> 1976 et 1977, montr<strong>en</strong>t la transformation <strong>de</strong> la Piazza <strong>en</strong> unesérie <strong>de</strong> placettes le long d’un axe piétonnier, chacune <strong>de</strong>s placettes regroupant les activités selon leursdomaines propres–culture, livre et lecture, accueil, santé, … Là <strong>en</strong>core l’image générale du c<strong>en</strong>treintégré prédomine sur le détail <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.II.3.3 – L’exploitation <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau au LuzardLa remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s super-équipem<strong>en</strong>tsL’attraction démographique <strong>de</strong> la capitale <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t négative à partir <strong>de</strong> 1975, modifiant le regard sur lesVilles Nouvelles dans les priorités <strong>de</strong> l’État. Les Villes Nouvelles sont marginalisées dans la révision duschéma directeur <strong>de</strong> la Région parisi<strong>en</strong>ne et elles ne sont intégrées qu’in extremis parmi lesprogrammes d’actions prioritaires du VII e plan (1976-1980). C’est dans un contexte à la fois <strong>de</strong> restrictionet <strong>de</strong> poursuite <strong>de</strong> la planification que les collectivités, communes et Syndicats Communautairesd’Aménagem<strong>en</strong>t (SCA) pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une importance croissante dans la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.174 SACEC (B. Levy, F. Weill, J. Pernelle, O. Espagne, J.L. Brunet), Programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts Socio-culturels et <strong>de</strong>loisirs du c<strong>en</strong>tre urbain régional <strong>de</strong> Noisy-le-Grand, Tome 1 : Analyses, sept. 1971 ; Tome 2 : Synthèses, nov. 1971 ;Annexe : Schémas, nov. 1971, [EPAMA RNE 83/VM/08/1-3].175 B. Ousset, Interview, op. cit.176 A. Zubl<strong>en</strong>a, Interview avec A. Korganow, le 19 février 2004, annexe 02.177 La réflexion, <strong>en</strong> 1976, sur l’idée d’un réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs et culturels prévoit <strong>de</strong>ux équipem<strong>en</strong>ts dansla Piazza : d’abord, les salles <strong>de</strong> spectacles et, <strong>en</strong>suite, les locaux d’animation du CAC. Une double gestion est <strong>en</strong>visagéepour cet <strong>en</strong>semble : une gestion « c<strong>en</strong>tre d’animation culturelle » et une gestion « maison <strong>de</strong> quartier » in Groupe <strong>de</strong>Réflexion sur les Équipem<strong>en</strong>ts publics <strong>de</strong> Noisy-le-Grand, Mém<strong>en</strong>to <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong>s 9, 10, & 30 septembre 1976, 5octobre, 1976 [EPAMARNE 10W1009].178 EPAMARNE, C<strong>en</strong>tre Urbain Région, Noisy-le-Grand, La Piazza, Mai 1974, pp. 8-9 [EPAMARNE 10W1059].60


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIEn 1976, l’EPA poursuit son action sur la lancée <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> la première générationd’équipem<strong>en</strong>ts. Le passage à la phase <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> cette première génération, a exigé que l’EPAtransforme son approche. La petite équipe pluridisciplinaire rassemblée par Pierre Carle (Villey, Pinaud,Baietto, Yoncourt, Cessieux, Schaeffer, Lemaistre, et les architectes Gruber, Macary et Zubl<strong>en</strong>a) s’estadaptée et étoffée 179 , l’EPA a dû chercher <strong>de</strong> nouveaux membres capables <strong>de</strong> piloter la réalisation <strong>de</strong>sbâtim<strong>en</strong>ts à un rythme croissant 180 .C’est à ce mom<strong>en</strong>t que le service <strong>de</strong> programmation pr<strong>en</strong>d son autonomie <strong>en</strong> tant que service etdéveloppe son approche spécifique. C’est à ce mom<strong>en</strong>t qu’est recruté par exemple G<strong>en</strong>eviève Machu,sociologie <strong>de</strong> formation qui avait participé au processus géant <strong>de</strong> concertation <strong>en</strong>gagé au Vaudreuil dontnous avons parlé précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t 181 .L’importance <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s nouveaux habitants se manifeste par le rejet <strong>de</strong> la première générationd’équipem<strong>en</strong>ts. L‘Arche Guédon a déjà eu du mal à démarrer parce que c’est un quartier relativem<strong>en</strong>tpériphérique, éloigné <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> RER. De plus, il est achevé juste après le changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> pouvoir.À son inauguration, les élus accueill<strong>en</strong>t la réalisation avec <strong>de</strong>s critiques acerbes et décid<strong>en</strong>t d’élire Torcycomme véritable c<strong>en</strong>tre du quartier. La Maison du Temps Libre, fortem<strong>en</strong>t rejetée, reconstituerelativem<strong>en</strong>t vite les barrières institutionnelles. Les équipem<strong>en</strong>ts réalisés paraîtront finalem<strong>en</strong>tsurdim<strong>en</strong>sionnés par rapport au rayonnem<strong>en</strong>t réduit d’un c<strong>en</strong>tre vidé <strong>de</strong> ses services commerciaux etavec <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts culturels réduits.Le C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Vie Enfantine, lancé un peu plus tard, connaît un meilleur sort, même si le partage <strong>de</strong>slocaux a été vécu comme une contrainte énorme 182 . A la même époque, il se produit un mouvem<strong>en</strong>t plusgénéral <strong>de</strong> réaction parmi les <strong>en</strong>seignants qui ont « <strong>de</strong>s difficultés dans <strong>de</strong>s écoles conçues pour les<strong>en</strong>fants et non pour les adultes » 183 .En ce qui concerne la Piazza <strong>en</strong>fin, le projet ne parvi<strong>en</strong>t pas à démarrer face à la récession économique,à la rétic<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s habitants, à l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> volonté au niveau administratif et à l’abs<strong>en</strong>ce du souti<strong>en</strong>financier <strong>de</strong>s ministères impliqués. Le coup <strong>de</strong> grâce est donné <strong>en</strong> 1978 par la <strong>nouvelle</strong> municipalitécommuniste. Une t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> ressusciter le C<strong>en</strong>tre d’Animation Culturelle a bi<strong>en</strong> lieu <strong>en</strong> 1983, avec unnouvel avant-projet élaboré par Jacques Levy, mais cela non plus ne verra pas le jour. L’échec <strong>de</strong> laPiazza, tout comme celui <strong>de</strong> la première version <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre culturel à Cergy-Pontoise ou celui du c<strong>en</strong>treadministratif et culturel du Vaudreuil, illustr<strong>en</strong>t la remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong> la viabilité et <strong>de</strong> l’attrait <strong>de</strong>s groséquipem<strong>en</strong>ts intégrés jugés trop lourds et inadaptés.C’est dans ce contexte <strong>de</strong> restriction <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts, <strong>de</strong> montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong>s collectivités qui sepréoccup<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s difficultés r<strong>en</strong>contrés par la première générationd’équipem<strong>en</strong>ts intégrés que s’impose la notion <strong>de</strong> réseau comme moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> poursuivre l’approcheglobale <strong>de</strong> l’animation et <strong>de</strong> poursuivre l’innovation et la recherche <strong>de</strong> polyval<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s structures.Cette évolution se manifeste à Marne-la-Vallée lors <strong>de</strong> la conception <strong>en</strong> 1976 du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s Luzards,élém<strong>en</strong>t principal <strong>de</strong> planification du secteur 2 au cours du VII e Plan. Elle se manifeste aussi dansd’autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. C’est le cas par exemple à Cergy-Pontoise lors <strong>de</strong> la programmation du quartierdu Puiseux, laquelle programmation est élaborée par Quaternaire Education:Il n’est pas forcém<strong>en</strong>t besoin <strong>de</strong> construire d’innombrables mètres-carrés, il est beaucoup plusimportant <strong>de</strong> créer les conditions d’intercommunicabilité <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s services, il est plusimportant d’imaginer les « passerelles », les équipem<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires, il est indiscutablem<strong>en</strong>tpréférable <strong>de</strong> programmer mo<strong>de</strong>stem<strong>en</strong>t mais simultaném<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble du réseau […] 184 .En même temps, la réflexion urbanistique évolue. L’expéri<strong>en</strong>ce du Luzard, c’est aussi un positionnem<strong>en</strong>tvis-à-vis d’une vision repoussoir <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré, celle d’un super-équipem<strong>en</strong>t regroupant dans un<strong>en</strong>semble homogène plusieurs programmes. À l’opposé <strong>de</strong> l’intégration qui vise à « rassembler <strong>en</strong> unmême espace bâti le maximum <strong>de</strong> services et d’activités, ce qui crée une animation interne dans un179 B. Elissa<strong>de</strong> et C. Martinet, Marne-la-Vallée : Une vision optimiste du futur, Paris, Moniteur, 1991, p. 75.180 J. M. Boyer, op. cit., p. 202.181 G. Machu, Interview, op. cit.182 B. Ousset, Interview, op. cit.183 J. M. Boyer, op. cit., p. 216.184 Quaternaire Éducation et EPSA, Puiseux, quartier à vocation éducative – Proposition pour un réseau d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>formation, texte dactyl., 01/01/1977, p4. [EPA Cergy].61


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIespace fermé » 185 , la <strong>nouvelle</strong> approche met l’acc<strong>en</strong>t sur la t<strong>en</strong>sion nécessaire <strong>en</strong>tre l’autonomie <strong>de</strong>chaque équipem<strong>en</strong>t (architecturale et programmatique) et son interrelation avec un espace urbaincommun. Cette position qui va <strong>de</strong> pair avec le rejet <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> dalle associé très souv<strong>en</strong>t àl’équipem<strong>en</strong>t intégré [voir FIG. 05.1] valorise les notions <strong>nouvelle</strong>s d’ « espace public » et <strong>de</strong>« scénographie urbaine » 186 .L’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau:Jusqu’ici, la notion <strong>de</strong> réseau est prés<strong>en</strong>te dans la réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts intégrés à Marne-la-Vallée comme du reste aussi au Vaudreuil, mais cela reste une notion peu explicitée. Des étu<strong>de</strong>s faitespar Quaternaire Éducation intègr<strong>en</strong>t, déjà <strong>en</strong> 1972, la notion <strong>de</strong> réseau : réseau <strong>de</strong> lecture publique,réseau docum<strong>en</strong>taire, réseau d’équipem<strong>en</strong>ts pour l’<strong>en</strong>fance, réseau d’information…En outre, lesbibliothécaires qui travaill<strong>en</strong>t au sein <strong>de</strong>s équipes pluridisciplinaires à Marne-la-Vallée port<strong>en</strong>t dès 1973leur réflexion sur un réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la lecture publique.Philippe Jarry et le groupe TRAME vont avoir un rôle important dans l’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’idée d’unréseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts à partir d’une réflexion sur l’animation culturelle. Cette notion implique pour euxune mobilité et un pragmatisme, car le réseau prés<strong>en</strong>te une structure sans hiérarchie, aisém<strong>en</strong>text<strong>en</strong>sible ou rétractile, avec une multiplicité <strong>de</strong> points <strong>de</strong> passage et une d<strong>en</strong>sité <strong>de</strong>s échanges, offrantainsi une souplesse <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t 187 . Cette conception du réseau, inspirée par lestravaux théoriques <strong>de</strong> Gilles Deleuze et Michel Guattari aura une certaine influ<strong>en</strong>ce dans laprogrammation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième génération à Marne-la-Vallée. Elle se confronte à uneapproche plus hiérarchique du réseau découlant <strong>de</strong> la logique d’organisation pyramidale <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts suivant l’échelle urbaine à laquelle ils se rapport<strong>en</strong>t. Les étu<strong>de</strong>s initiales <strong>de</strong> l’ARESC sur laprogrammation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts dans le secteur 2 prévoyai<strong>en</strong>t déjà la création d’une trame fine etrégulière d’équipem<strong>en</strong>ts légers <strong>en</strong> vue d’animer le quartier.Ce qui est affirmé dans la réflexion m<strong>en</strong>ée au Luzard c’est l’articulation <strong>en</strong>tre cette vision formelle dumaillage <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et l’approche sociologique <strong>de</strong>s rapports sociaux. Si la volonté <strong>de</strong> regrouper leséquipem<strong>en</strong>ts selon <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> vie sociale reste constante, le regard sur les précéd<strong>en</strong>ts mythiquesa beaucoup évolué. L’intégration réalisée à Yerres et à Gr<strong>en</strong>oble est mise <strong>en</strong> question à partir d’unecritique <strong>de</strong> « l’idéologie unitariste qui nie ou masque la réalité <strong>de</strong>s clivages sociaux caractéristiques <strong>de</strong> lasociété française » 188 .L’affirmation du réseau s’articule ainsi avec <strong>de</strong> nouveaux objectifs <strong>de</strong> vie sociale, laissant la place àl’aspiration pour <strong>de</strong>s groupes à se différ<strong>en</strong>tier, à s’opposer, et à s’approprier complètem<strong>en</strong>t un lieu:— Autonomie : fournir aux habitants un cadre <strong>de</strong> vie leur permettant le maximum d’autonomie ;— Intégrité : possibilité, tant pour les individus que pour les groupes, d’assurer leur id<strong>en</strong>titépropre sans être soumis aux contraintes <strong>de</strong> désagrégation que peuv<strong>en</strong>t induire le découpageet l’émiettem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s activités proposées.La méthodologie <strong>de</strong> programmation au LuzardTout comme pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche Guédon, la programmation et la conception du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier<strong>de</strong>s Luzards vont réunir dans une démarche pluridisciplinaire ambitieuse <strong>de</strong> multiples acteurs. Unprocessus <strong>de</strong> concertation est ainsi mis <strong>en</strong> place confrontant les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s principaux bureauxd’étu<strong>de</strong>s impliqués à l’époque dans la réflexion sur la programmation et sur la coordination <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts collectifs, à savoir l’APIAUL, la SCOOPER, le CERFI, Quaternaire Éducation, le Groupe <strong>de</strong>Sociologie Urbaine (GSU), l’Ag<strong>en</strong>ce Nationale pour le Développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Éducation Perman<strong>en</strong>te(ADEP).185 A. Baraton, Y. Charreyre, A. Cotl<strong>en</strong>ko, F. Novati, E. Pierre, Le Pôle <strong>de</strong> R<strong>en</strong>contre, janvier 1977, [EPAMARNE -archives G.Machu].186 Ibid.187 M. Peraldi, Le Temps <strong>de</strong>s Rites : L’action culturelle <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, C.E.R.F.I.S.E., pp. 39-40.188 Barthez, « À propos <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s supports du c<strong>en</strong>tre », in Programmation du C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Quartier <strong>de</strong>sLuzards : Note préparatoire à la Réunion du 31 mars 1976, Noisiel, le 23 mars 1976, [EPAMARNE - archives G. Machu].62


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa « méthodologie <strong>de</strong> programmation » du c<strong>en</strong>tre, qui fait l’objet d’une réflexion spécifique 189 , se veut unestructure d’étu<strong>de</strong> ouverte impliquant non seulem<strong>en</strong>t la participation <strong>de</strong> ces bureaux d’étu<strong>de</strong>s spécialisésmais aussi celle <strong>de</strong>s usagers, <strong>de</strong>s animateurs, du personnel <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts urbains aussi bi<strong>en</strong> que<strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong>s administrations et <strong>de</strong>s associations.La démarche consiste à alterner <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong> travail isolé <strong>de</strong>s spécialistes et <strong>de</strong>s phases d’étu<strong>de</strong>scommunes. La programmation se déroule ainsi <strong>en</strong> trois temps :1. Délimitation <strong>de</strong>s domaines et discussion sur le cadre méthodologique ;2. Analyse et propositions <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t d’unités fonctionnelles à travers l’outil <strong>de</strong>s matrices etmise au point d’une proposition d’organigramme ;3. Proposition technique <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts regroupem<strong>en</strong>ts et élaboration du plan-masse.Plusieurs domaines d’étu<strong>de</strong> spécialisés sont id<strong>en</strong>tifiés, rev<strong>en</strong>ant aux uns et aux autres, éducationperman<strong>en</strong>te, petite <strong>en</strong>fance et <strong>en</strong>fance, adolesc<strong>en</strong>ce et pré-adolesc<strong>en</strong>ce, domaine médico-social, loisirs,services administratifs, services collectifs privés et habitat. Par ailleurs les problématiques <strong>de</strong>regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s services vont donner lieu à <strong>de</strong>s travaux collectifs associant les membres <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tsbureaux d’étu<strong>de</strong>.En ce qui concerne la localisation <strong>de</strong>s fonctions, la SCOOPER va pouvoir repr<strong>en</strong>dre le systèmed’analyse fonctionnelle élaboré au Vaudreuil permettant d’élaborer une organisation spatiale du c<strong>en</strong>tre.La décomposition programmatique s’effectue à partir <strong>de</strong> matrices définissant les critères <strong>de</strong>regroupem<strong>en</strong>t fonctionnel (répulsion, indiffér<strong>en</strong>ce, proximité, contiguïté) et les critères perceptifs(répulsion, indiffér<strong>en</strong>ce, même espace urbain, participation visuelle simultanée, intégration).L’id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s relations et <strong>de</strong>s sous-<strong>en</strong>sembles s’effectue <strong>en</strong> étudiant le nombre et lestypes <strong>de</strong> relations <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts composants fonctionnels [voir FIG. 01.3 et 01.4]. Ces étu<strong>de</strong>sconduis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin à une structure <strong>de</strong>s liaisons id<strong>en</strong>tifiant <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong> relations : forte proportion <strong>de</strong>liaisons positives et forte proportion d’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> liaisons 190 . Ces bilans souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’élaboration d’unorganigramme fonctionnel.Au final, les étu<strong>de</strong>s initiales <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong> permett<strong>en</strong>t d’esquisser <strong>en</strong> mars 1976 une hypothèsepréliminaire <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t au niveau du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier. Le c<strong>en</strong>tre inclura non seulem<strong>en</strong>t un pôle <strong>de</strong>r<strong>en</strong>contre, mais aussi un pôle d’informations, une maison <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirset quelques commerces.La complexité du processus <strong>de</strong> programmation ainsi défini <strong>en</strong>traîne pour l’EPA un travail difficile <strong>de</strong>coordination et <strong>de</strong> pilotage, chaque bureau d’étu<strong>de</strong> travaillant selon ses habitu<strong>de</strong>s et sa spécificité. Cettemétho<strong>de</strong> assez lour<strong>de</strong> est contestée que ce soit par les urbanistes <strong>de</strong> l’EPA qui se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t exclus <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s préalables ou par certains membres du GCVN. Est mis <strong>en</strong> cause la logique consistant à payerpour la programmation d’un c<strong>en</strong>tre urbain, une pléthore <strong>de</strong> sociologues qui <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sd’ordre pédagogique ou psychosociologique plutôt que <strong>de</strong>s urbanistes mieux à même <strong>de</strong> répondre aux<strong>en</strong>jeux opérationnels 191 .Comme pour répondre à cette critique et <strong>de</strong> manière complém<strong>en</strong>taire au travail <strong>de</strong> programmation, M.Macary va lancer une consultation d’urbanistes sous la forme d’un concours d’idée. Cette consultationqui sollicite <strong>de</strong>s jeunes pratici<strong>en</strong>s ayant déjà une certaine expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, Ch. DePortzamparc et A. Grumbach ; B. Trilles et D. Montassut ; G. P<strong>en</strong>creac’h et Cl. Vasconi 192 , infléchit leregard porté sur le rapport <strong>en</strong>tre les équipem<strong>en</strong>ts et l’espace public. En particulier CL. Vasconi etP<strong>en</strong>creac’h apport<strong>en</strong>t une critique significative <strong>de</strong> la première génération <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> sefondant sur leur expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Cergy-Préfecture. Michel Macary et Monique Sibel vont élaborer le planmassedu Luzard principalem<strong>en</strong>t à partir <strong>de</strong> leur projet. Car après cette interv<strong>en</strong>tion préliminaire, lesarchitectes-urbanistes <strong>de</strong> l’EPA repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les r<strong>en</strong>nes, ne sollicitant à nouveau <strong>de</strong>s architectesurbanistesextérieurs qu’à la toute fin du processus <strong>de</strong> conception.189 EPAMARNE, Méthodologie <strong>de</strong> programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier 2, texte dactyl., Noisiel s.d. [EPAMARNE - archives G.Machu].190 SCOOPER, Élém<strong>en</strong>ts pour la mise à jour d’une organisation spatiale du c<strong>en</strong>tre du Quartier <strong>de</strong>s Luzards, Rou<strong>en</strong>, 18 juin1976, [EPAMARNE - archives G. Machu].191 J. M. Boyer, op. cit., p. 288-289.192 M. Macary, Note méthodologique concernant les étu<strong>de</strong>s architecturales d’avant-projet du c<strong>en</strong>tre urbain du Luzard, textedactyl., EPAMARNE Noisiel, le 19 janvier 1976, [EPAMARNE - archives G. Machu].63


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIAu bout du compte les problèmes <strong>de</strong> pilotage et <strong>de</strong> coordination du processus <strong>de</strong> programmationdiminu<strong>en</strong>t la légitimité <strong>de</strong>s conclusions et <strong>de</strong>s choix proposés qui, <strong>en</strong> outre, se trouv<strong>en</strong>t confrontés auxlogiques traditionnelles <strong>de</strong> financem<strong>en</strong>t.Le processus aura servi tout <strong>de</strong> même à s<strong>en</strong>sibiliser les acteurs aux questions sociales. Les travauxmett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce « la double dim<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> l’urbanisation : une mise <strong>en</strong> forme morphologique, etsurtout une population différ<strong>en</strong>ciée dont les pratiques sociales sont variables et sur lesquelles serépercut<strong>en</strong>t les partis formels avec, <strong>en</strong> <strong>de</strong>rnière instance, le poids <strong>de</strong>s décisions politiques dans ladistribution et la mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s services » 193 .Illustration <strong>de</strong> cette s<strong>en</strong>sibilisation, le SCA du Val Maubué va sout<strong>en</strong>ir administrativem<strong>en</strong>t la logique <strong>de</strong>réseau, <strong>en</strong> passant <strong>en</strong> 1978 un accord avec la Fédération <strong>de</strong>s MJC <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne pour ladéfinition d’une politique coordonnée d’animation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes maisons <strong>de</strong> quartier et pour lerecrutem<strong>en</strong>t et l’emploi <strong>de</strong> tous les directeurs <strong>de</strong> ces établissem<strong>en</strong>ts 194 .En outre, les bureaux d’étu<strong>de</strong>s, qui se sont côtoyés et mélangés dans le processus <strong>de</strong> programmationdu Luzard, ont développé une capacité à travailler <strong>en</strong>semble. Au mom<strong>en</strong>t où les équipes sociologiquesdisparaiss<strong>en</strong>t dans les autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, ces bureaux d’étu<strong>de</strong> sont maint<strong>en</strong>us, r<strong>en</strong>forcés et intégrésau travail quotidi<strong>en</strong> à Marne-la-Vallée.L’organisation spatiale du réseauLa définition précise du réseau et la délimitation <strong>de</strong> ses composantes est esquissée pour le Luzard audébut <strong>de</strong> 1977 195 . Les notions <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> réseau, <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> pont, <strong>de</strong> relais sont exploitées dans uneconception hiérarchisée du réseau qui s’accor<strong>de</strong> avec les niveaux d’organisation urbaine, voisinage,quartier, c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong>.La « tête <strong>de</strong> réseau » est, plus ou moins, un équipem<strong>en</strong>t important et c<strong>en</strong>tralisé tandis que le « relais »peut être un équipem<strong>en</strong>t normatif <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion réduite ou un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage.Les équipem<strong>en</strong>ts secondaires dont la réalisation simultanée et coordonnée avec les équipem<strong>en</strong>tsc<strong>en</strong>traux constitue le véritable <strong>en</strong>jeu novateur du réseau peuv<strong>en</strong>t servir <strong>de</strong> relais à plusieurs équipem<strong>en</strong>tsc<strong>en</strong>traux et sont conçus selon <strong>de</strong>ux plans d’animation 196 . D’abord comme « réseau plein » avec <strong>de</strong>sactivités préalablem<strong>en</strong>t organisées, puis comme « réseau vi<strong>de</strong> », s<strong>en</strong>sé plus dynamique, qui permet auxgroupes <strong>de</strong> définir leurs activités 197 .Plus tardive, la notion <strong>de</strong> « tête <strong>de</strong> pont » qualifie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts conçus comme <strong>de</strong>s annexes aux« têtes <strong>de</strong> relais » sur le terrain 198 .Le réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels réalisé in fine au Luzard compr<strong>en</strong>d :— Tête <strong>de</strong> relais : La Maison Pour Tous du Luzard [voir FIG. 06.1 et 06.2];— Têtes <strong>de</strong> pont (équipem<strong>en</strong>ts annexes <strong>de</strong> la MPT) : La Maison Pour Tous <strong>de</strong> Deux Parcs [voirFIG. 06.5 et 06.6] et la Ludothèque (anci<strong>en</strong> LCR <strong>de</strong> l’Allé <strong>de</strong>s Bois)— 4 LCR associés aux groupes scolaires [voir Planche 07]: Bois <strong>de</strong> la Grange; le Luzard ;Tilleuls; Totems;— 1 Relais socio-culturel à proximité du groupe scolaire : Allée forestière— 2 LCR associés aux logem<strong>en</strong>ts : Square <strong>de</strong>s Trophées; Tour verte 199 .Les niveaux <strong>de</strong> rayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts correspondant à leur emplacem<strong>en</strong>t urbain sont au nombre<strong>de</strong> 4 :193 J. M. Boyer, op. cit. p. 289-290.194 Fédération Régionale <strong>de</strong>s MJC <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, Bilan <strong>de</strong>s réflexions et projet pédagogique pour l’année 1979, textedactyl. [archives EPAMARNE].195 EPAMARNE, « Méthodologie <strong>de</strong> programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier 2 », texte dactyl. s.d., [EPAMARNE - archives G.Machu].196 A. Baraton, et. al., op. cit.197 EPAMARNE, « C.L.A.E., Note sur leur fonctionnem<strong>en</strong>t », texte dactyl., Noisiel, s.d. [EPAMARNE - archives G. Machu].198 EPAMARNE, Prés<strong>en</strong>tation du projet <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts culturels et socioculturel du Val Maubuée, Noisiel, le 25mars 1980, [EPAMARNE - archives G. Machu].199 Cette liste reflète les informations trouvées le 20 octobre 2004 sur le site Internet, http://www.<strong>ville</strong>noisiel.fr.vivre/animation/animation11.htm,.Il n’y a aucune référ<strong>en</strong>ce aux CLAE ou à la MJC <strong>de</strong> la Ferme du Buisson. Le LCRdu square <strong>de</strong>s Trophées est un LCR « sorti d’immeuble », ce qui n’est pas le cas du LCR <strong>de</strong> la Tour verte.64


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II- A l’échelon supérieur, la tête <strong>de</strong> ce réseau, la Maison Pour Tous du Luzard, se trouve <strong>en</strong> plein c<strong>en</strong>tredu quartier, à proximité du RER, <strong>de</strong>s autres têtes <strong>de</strong> relais, <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s bureaux, etc. Lerayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> services est le plus important du quartier.- A un <strong>de</strong>uxième échelon, les têtes <strong>de</strong> ponts sont elles aussi regroupées autour du groupe scolaire <strong>de</strong>l‘Allée <strong>de</strong>s Bois [voir FIG. 06.6 ]. Sur un côté <strong>de</strong> l’axe piétonnier, sont situés une école primaire etle terrain <strong>de</strong> sports. Sur l’autre côté sont localisés l’école maternelle, une ludothèque (anci<strong>en</strong> LCR),une MPT annexe+crèche, <strong>de</strong>s locaux commerciaux et un COSEC.- À une troisième échelle <strong>de</strong> rayonnem<strong>en</strong>t, le Relais socio-culturel <strong>de</strong> l’Allée forestière se situe près<strong>de</strong> la place Pablo Picasso, très loin du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier mais pas trop loin d’un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong>commerçes. Au début, on a <strong>en</strong>visagé un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage important, 420m 2 , localisé auc<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la place 200 . Ce projet a été finalem<strong>en</strong>t rejeté par les résid<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tourant laPlace elle-même, résid<strong>en</strong>ts hostiles à cet emplacem<strong>en</strong>t à cause <strong>de</strong>s nuisances <strong>de</strong> voisinage, <strong>de</strong>sbruits, etc. 201 Une étu<strong>de</strong> d’emplacem<strong>en</strong>ts alternatifs conduit finalem<strong>en</strong>t les résid<strong>en</strong>ts à choisir <strong>de</strong>localiser le LCR le long <strong>de</strong> l’Allée Forestière, près <strong>de</strong> l’école. Le LCR réalisé est plus mo<strong>de</strong>ste, maisaujourd’hui, il fait partie d’un regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage assez important: le long ducôté nord <strong>de</strong> l’Allée se situ<strong>en</strong>t le Groupe scolaire et le Relais socio-culturel. En face <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxbâtim<strong>en</strong>ts, au côté sud <strong>de</strong> l’Allée, se trouv<strong>en</strong>t un Conservatoire <strong>de</strong> musique et un C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> loisirs.- Enfin à un <strong>de</strong>rnier niveau d’importance, les autres LCR se trouv<strong>en</strong>t regroupés avec les groupesscolaires <strong>en</strong> pleine zone <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts. Les LCR <strong>de</strong>s Groupes scolaires du Luzard, <strong>de</strong>s Totems et<strong>de</strong>s Tilleuls ne sont pas trop éloignés du c<strong>en</strong>tre du quartier. Mais le LCR <strong>de</strong> Bois <strong>de</strong> la Grange, quia une petite supérette à proximité, semble très coupé <strong>de</strong>s activités du c<strong>en</strong>tre, l’av<strong>en</strong>ue PierreM<strong>en</strong>dés France formant une véritable frontière. Dans ce sous-quartier isolé, ce LCR, qui donne nonseulem<strong>en</strong>t sur la place d’accueil que partage l’<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> l’école au sud, mais aussi sur un jardin quepartag<strong>en</strong>t les logem<strong>en</strong>ts au nord, est actuellem<strong>en</strong>t vacant.La démarche <strong>de</strong> programmation d’un réseau d’équipem<strong>en</strong>ts consacre aussi un effort <strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>ce pourarticuler sur le territoire <strong>de</strong>s collectivités l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, y compris ceux déjà programmésou réalisés, effort <strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>ce auquel s’attell<strong>en</strong>t les collectivités.Ainsi, <strong>en</strong> 1976, la commune <strong>de</strong> Noisy-le-Grand lance sa propre réflexion sur un réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tssocio-éducatifs et culturels. Un premier rapport, r<strong>en</strong>du <strong>en</strong> mars 1977, définit les conditions d’unecomplém<strong>en</strong>tarité étroite <strong>en</strong>tre les locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels (LCR) existants ou projetés et leséquipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux ou <strong>de</strong> quartier. Les locaux secondaires proposés sont mis <strong>en</strong> relais avec laMaison <strong>de</strong> Quartier <strong>de</strong> Champy ou le C<strong>en</strong>tre d’Animation Culturel projeté à Noisy-Le-Grand 202 . Un<strong>de</strong>uxième rapport r<strong>en</strong>du <strong>en</strong> 1978, explicite le rôle <strong>de</strong> la Piazza dans l’animation <strong>de</strong> ce réseau. Il r<strong>en</strong>forcele parti d’un c<strong>en</strong>tre urbain réparti <strong>en</strong> trois lieux, parti qui intègre aussi le c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> <strong>de</strong> Noisy-le-Grand,affirmant fortem<strong>en</strong>t les objectifs d’aménagem<strong>en</strong>t déjà établis pour la Piazza 203 . Finalem<strong>en</strong>t, les <strong>nouvelle</strong>sréflexions serv<strong>en</strong>t à ré-<strong>en</strong>cadrer les conditions existantes et les principes déjà décidés pour le C<strong>en</strong>treUrbain Régional.De même <strong>en</strong> 1980, le Val Maubuée finalise sa prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> l’animation pour la totalité du Secteur2 à partir d’une étu<strong>de</strong> réalisée par la SOREPA. Le réseau est <strong>en</strong>visagé sur le plan fonctionnel, sur le planspatial et sur le plan institutionnel. L’étu<strong>de</strong> examine les conditions <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>réseau et fait un bilan <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts existants, <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> programmation ou projetés. Il décrit lamanière dont un réseau culturel peut fonctionner dans le Secteur 2 à partir <strong>de</strong>s possibilités offertes par laMaison du Temps Libre du quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon, l’Auditorium du Luzard et (comme hypothèse)une gran<strong>de</strong> salle <strong>de</strong> spectacle à la ferme du Buisson. Ici, le réseau arrive plus tôt dans le processus etsert à ré-inscrire la réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts dans une <strong>nouvelle</strong> logique <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t 204 .En ce qui concerne la possibilité d’une coordination inter-secteurs, <strong>en</strong>tre décembre 1979 et septembre1980, une association et une équipe <strong>de</strong> préfiguration culturelle s’établiss<strong>en</strong>t à Marne-la-Vallée et200 Voir le dossier [EPAMARNE 206W14] pour les informations portant sur le projet prévu pour la place Pablo Picasso.201 « Compte r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion d’accueil <strong>de</strong>s habitants du quartier Picasso (L2 ) », au LCR <strong>de</strong> l’Herbier, texte dactyl. 4novembre 1983 [EPAMARNE 772W3].202 Voir EPAMARNE, Réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs et culturels, mars 1977, [EPAMARNE 17W1182] ; et lerapport, « Réseau <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels et socio-éducatifs », mars 1977, [EPAMARNE 54W1915].203 EPAMARNE, « La Piazza dans l’organisation <strong>de</strong>s réseaux d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs », texte dactyl., Noisiel, mai 1978,[EPAMARNE 10W1059].204 EPAMARNE « Prés<strong>en</strong>tation du projet <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts culturels et socio-culturels du Val Maubuée », Noisiel,le 25 mars 1980, [EPAMARNE - archives G. Machu].65


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une réflexion sur l’action culturelle <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux secteurs du Val Maubué et <strong>de</strong> Noisy-le-Grand. Leurs activités les conduis<strong>en</strong>t à explorer l’idée d’un c<strong>en</strong>tre d’action culturel éclaté, idéeformalisée <strong>en</strong> 1981. L’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Noisy-le-Grand est désigné pour accueillir <strong>de</strong>s spectacles (avantprojet<strong>de</strong> J. Levy <strong>en</strong> 1983) tandis qu’au Val Maubuée, on <strong>en</strong>visage la création d’un <strong>en</strong>semble d’ateliers <strong>de</strong>création et d’animation à la Ferme du Buisson 205 . Devant l’incapacité à réaliser les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> laPiazza, la Ferme du Buisson, dans la logique <strong>de</strong> réseau, se transformera petit à petit <strong>en</strong> équipem<strong>en</strong>tculturel principal qui accueille aujourd’hui les locaux <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> création, y comprit un théâtr<strong>en</strong>ational.L’importance stratégique <strong>de</strong>s relaisL’organisation spatiale du réseau consacre on l’a dit l’importance <strong>de</strong>s petits équipem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> particulierles LCR, comme nouveau point <strong>de</strong> départ à partir duquel se construit la politique globale d’animation 206 .La programmation <strong>de</strong>s relais, c’est-à-dire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage, comm<strong>en</strong>ce dès 1976. C’est icique le Luzard se différ<strong>en</strong>cie et à se distancie vis-à-vis <strong>de</strong> l’Arche Guédon. Au lieu <strong>de</strong> regrouper toutes lesactivités d’un quartier dans un seul équipem<strong>en</strong>t qui peut t<strong>en</strong>ir à l’écart certaines populations, on préfèreune variété d’équipem<strong>en</strong>ts permettant une diversité <strong>de</strong> points d’<strong>en</strong>trée, principe fondam<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> laréflexion sur l’éducation perman<strong>en</strong>te. Aussi, les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage sont-ils investis d’un rôle trèsimportant dans le réseau. Les Bureaux d’étu<strong>de</strong>s les considèr<strong>en</strong>t comme « le[s] lieu[x] privilégié[s] où<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t se dérouler un grand nombre d’activités 207 . »Proches <strong>de</strong> l’habitat, ces équipem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant pas tout faire. Aussi, le rapport <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts du c<strong>en</strong>tre et l’animation <strong>de</strong> voisinage doit-il rester très lié. En même temps, il faut permettreaux habitants <strong>de</strong> participer à la définition <strong>de</strong>s activités, ce qui souligne l’importance d’un réseau « vi<strong>de</strong> »permettant <strong>de</strong> valoriser la diversité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts. En général, les Locaux collectifs résid<strong>en</strong>tielspeuv<strong>en</strong>t héberger une gamme d’activités variée compr<strong>en</strong>ant les activités médico-sociales, socioculturelles,socio-éducatives ainsi que la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants. B. Ousset nous a rappelé l’importance <strong>de</strong>sLCR à Marne-la-Vallée qui ont permis la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> tout un système <strong>de</strong> réunions d’accueil :« c’est ici qu’on a créé le tissu social réellem<strong>en</strong>t » 208 .Si la spécificité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage doit être définie <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> l’habitat, <strong>de</strong> la population,<strong>de</strong> la localisation, etc., <strong>de</strong>ux échelles <strong>de</strong> LCR prédomin<strong>en</strong>t néanmoins au Luzard.Le premier type <strong>de</strong> LCR d’une surface <strong>de</strong> 80 m2, est dispersé dans les zones <strong>de</strong>s habitats collectifs, laplupart du temps sous forme <strong>de</strong> local <strong>en</strong> pied d’immeuble 209 . Il est prévu par ailleurs un <strong>de</strong>uxième type <strong>de</strong>LCR <strong>de</strong> 300 m2, « sorti d’immeuble ». Celui-ci doit être <strong>en</strong> mesure « <strong>de</strong> créer avec l’école une unitéd’animation du quartier ». Ces unités peuv<strong>en</strong>t être localisées auprès <strong>de</strong> tous les types d’habitats, surtoutles logem<strong>en</strong>ts collectifs. Les LCR près <strong>de</strong> zones d’habitat individuel se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong> proximité <strong>de</strong> terrains<strong>de</strong> sports et constitu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> loisirs pour les <strong>en</strong>fants et les prom<strong>en</strong>eurs. Les LCR <strong>de</strong>s habitatséloignés <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> quartier sont un peu plus grands. En liaison avec les habitats semi-collectifs,les LCR sont associés à l’école et à un gymnase.Pour ces LCR <strong>de</strong> 300m² <strong>en</strong>viron, on voit donc que la nécessité du regroupem<strong>en</strong>t se fait <strong>en</strong>core s<strong>en</strong>tir.Dans le quartier du Luzard, le LCR à proximité <strong>de</strong> l’école et le CLAE sont les <strong>de</strong>ux types d’équipem<strong>en</strong>ts<strong>de</strong> voisinage les plus utilisés. Les objectifs et principes d’interaction lié à l’éducation perman<strong>en</strong>tecontinu<strong>en</strong>t à faire s<strong>en</strong>tir leur prés<strong>en</strong>ce dans ces dispositifs.205 Association <strong>de</strong> Préfiguration Culturelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, « Docum<strong>en</strong>t d’analyse et d’ori<strong>en</strong>tation (Décembre 1979-Septembre 1980) : C<strong>en</strong>tre d’Action Culturelle, Première Proposition d’équipem<strong>en</strong>t Pour un c<strong>en</strong>tre d’action culturelle éclaté àMarne-la-Vallée », texte dactyl. Noisiel s.d., [EPAMARNE 10w1016] ; G. Au<strong>de</strong>bert, Note <strong>de</strong> Travail, Noisiel, le 15 septembre1981, [EPAMARNE 10w1016].206 « On a réfléchi <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> réseau, cela a donné lieu plus tardivem<strong>en</strong>t à la publication <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> réseaux quel’on a fait approuver par les élus qui visai<strong>en</strong>t à définir sur le Val Maubuée la vision interne <strong>de</strong> réseaux d’équipem<strong>en</strong>ts,comm<strong>en</strong>t ça marchait, comm<strong>en</strong>t on articulait le réseau scolaire, le réseau socio-culturel puis le réseau culturel. On avaitmis <strong>en</strong> place une politique <strong>de</strong>s locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels, point <strong>de</strong> départ pour la vie sociale, si je puis dire, ou <strong>de</strong>l’animation. Les promoteurs contribuai<strong>en</strong>t au départ par un versem<strong>en</strong>t à l’animation <strong>de</strong> ces locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels.Grâce à cette contribution, on avait mis <strong>en</strong> place une équipe qui gérait un réseau d’équipem<strong>en</strong>ts d’abord <strong>de</strong>s LCR, à partir<strong>de</strong>squels on a mis <strong>en</strong> place une politique <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> quartier. Tout cela s’est fait avant ladéc<strong>en</strong>tralisation ». B. Ousset, Interview, op. cit., p46.207 G. Machu, Programme d’Équipem<strong>en</strong>ts du Quartier du Luzard : Propositions <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t pour les unités <strong>de</strong>voisinage, EPAMARNE, 1 er juin 1976, p. 3, [EPAMARNE - archives G. Machu].208 B. Ousset, Interview, op. cit., p46.209 EPAMARNE, L.C.R. du Quartier II, Noisiel, le 7 janvier 1977, [EPAMARNE - archives G. Machu].66


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa nécessité du regroupem<strong>en</strong>t, pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre et tête <strong>de</strong> réseauDans la troisième phase <strong>de</strong> la programmation du c<strong>en</strong>tre du Luzard, l’équipe d’EPAMARNE développe laproposition technique <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts programmes.La notion urbanistique <strong>de</strong> « pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre » mise <strong>en</strong> avant r<strong>en</strong>voie moins à un équipem<strong>en</strong>t qu’à unespace urbain, «un espace urbain à localisation c<strong>en</strong>trale dans lequel se trouv<strong>en</strong>t regroupés, sansintégration, un certain nombre <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> réseau. » 210Les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>vant être id<strong>en</strong>tifiables comme « têtes », les programmateurs insist<strong>en</strong>t sur le fait quele pôle ne doit surtout pas être perçu comme un équipem<strong>en</strong>t intégré. Cep<strong>en</strong>dant, <strong>de</strong>s liaisons <strong>de</strong>proximité ou <strong>de</strong>s liaisons visuelles apparaiss<strong>en</strong>t souhaitables pour favoriser le passage <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts. La nécessité, dérivée du principe d’intégration, <strong>de</strong> regrouper physiquem<strong>en</strong>t leséquipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> favoriser les interactions <strong>en</strong>tre ceux-ci perdure.En 1978, les fonctions du pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre inclu<strong>en</strong>t : bibliothèque, médiathèque, espace musique,espace théâtral, atelier d’<strong>en</strong>fants, atelier bricolage, salles <strong>de</strong> sport, piscine 211 .La répartition spatiale <strong>de</strong> ces fonctions donne lieu <strong>en</strong> fait à <strong>de</strong>ux regroupem<strong>en</strong>ts principaux: un <strong>en</strong>sembleMaison du Temps Libre+Auditorium+Maison <strong>de</strong> Musique et un <strong>en</strong>semble Gymnase+Piscine.Ces assemblages à la fois urbains et architecturaux, traités sous forme d’îlots, doiv<strong>en</strong>t concilierl’autonomie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et le développem<strong>en</strong>t d’une synergie <strong>en</strong>tre les activités. La volonté d’uneid<strong>en</strong>tité individuelle <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts dans ces sous-<strong>en</strong>sembles crée une situation où les problèmes liés aufinancem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t être traités, élém<strong>en</strong>t par élém<strong>en</strong>t, tranche par tranche, ce qui permet <strong>de</strong>smodulations ou changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmes mais aussi <strong>de</strong> façon plus négative l’abandon pur et simple<strong>de</strong> certains élém<strong>en</strong>ts et la dénaturation <strong>de</strong>s projets.En ce qui concerne l’îlot sud, un changem<strong>en</strong>t significatif a été la transformation <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> Musique<strong>en</strong> École Nationale <strong>de</strong> Musique. Même si cela change les rythmes et les usages prévus pour le sous<strong>en</strong>semble,le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> chaque élém<strong>en</strong>t comme tête <strong>de</strong> réseau perdure:— La Maison Pour Tous s’inscrit dans un réseau socio-culturel. Elle inclut : un espace <strong>de</strong>r<strong>en</strong>contre et d’accueil, <strong>de</strong>s ant<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> services sociaux du quartier, <strong>de</strong>s ateliers.— L’École <strong>de</strong> Musique s’inscrit dans un réseau culturel incluant le relais socio-culturel <strong>de</strong>sTrophées et l’ant<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la Ferme du Buisson.— L’Auditorium s’inscrit dans un réseau <strong>de</strong> salles <strong>de</strong> volumes et <strong>de</strong> spécificités diverses. Ils’agit d’un accueil <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong>s quartiers organisées par les communes, la SCA,les Maisons Pour Tous, ainsi que <strong>de</strong>s activités d’échelle au Val Maubuée organisées par lacoordination <strong>de</strong> l’animation ou le CAC 212 .Ces objectifs <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’autonomie sont <strong>de</strong>s facteurs importants <strong>de</strong> la consultationarchitecturale <strong>de</strong> novembre 1972 pour l’<strong>en</strong>semble Maison du Temps Libre+Auditorium+Maison <strong>de</strong>Musique. Les projets <strong>de</strong>s trois équipes d’architectes ret<strong>en</strong>ues, Orzoni-Simon, Dubois et Buffi, affirm<strong>en</strong>tle parti architectural explicité par les programmateurs <strong>en</strong> donnant une id<strong>en</strong>tité propre aux principauxéquipem<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong> respectant l’unité du projet. Le projet <strong>de</strong> Orzoni-Simon est finalem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 1983après plusieurs révisions. Il crée un <strong>en</strong>semble cohér<strong>en</strong>t <strong>en</strong> délimitant un espace urbain dans lequelchaque composant est id<strong>en</strong>tifiable sans qu’aucun ne domine la composition. En ce qui concernel’organisation spatiale et le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tités, l’intégration comprise commepossibilité <strong>de</strong> mutualisation <strong>de</strong> certains locaux et d’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> lieux spécifiques est très limitée. Elleperdure néanmoins au niveau du positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’auditorium, <strong>en</strong>tre l’école <strong>de</strong> Musique et la Maisonpour Tous et dans la répartition <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts autour d’une cour commune.En ce qui concerne l’îlot Nord, le service <strong>de</strong> programmation DSC avait chargé <strong>en</strong> juillet 1979 Jean-Clau<strong>de</strong>M<strong>en</strong>ighetti <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sportifs (piscine, gymnase, annexes) <strong>de</strong> l’îlot nord duc<strong>en</strong>tre avec pour objectif <strong>de</strong> définir un <strong>en</strong>semble original compr<strong>en</strong>ant les équipem<strong>en</strong>ts publics et privés.210 A. Baraton, et. al., op. cit.211 EPAMARNE, « Programme <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts : C<strong>en</strong>tre du Luzard », texte dactyl., Noisiel 1978, [EPAMARNE 116W9].212 EPAMARNE, P.C. Dossier I : Général docum<strong>en</strong>ts - Programme du Pôle <strong>de</strong> R<strong>en</strong>contre Îlot Sud <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts Publicsdu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Quartier du Luzard : Maison Pour Tous, École <strong>de</strong> Musique, Auditorium, texte dactyl., Noisiel 1983, [EPAMARNE219W47].67


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILe résultat du travail d’assemblage effectué par le programmateur « historique » <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsintégrés <strong>de</strong> Cergy-Pontoise, s’est traduit par l’énoncé d’une « maison du corps et <strong>de</strong> l’eau » se référantdans sa conception unitaire aux termes romains. A travers cette formulation que nous avons décriteprécé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, on peut constater qu’un autre trait du procédé d’intégration perdure au Luzard, celui <strong>de</strong>l’inv<strong>en</strong>tion programmatique.Malheureusem<strong>en</strong>t, le financem<strong>en</strong>t pour la piscine, pièce maîtresse du dispositif n’a pu être trouvé parceque, comme nous l’a expliqué G. Machu, celui <strong>de</strong> la piscine <strong>de</strong> l’Arche-Guédon avait déjà épuisé tousles crédits disponibles. Au final seul le gymnase a été réalisé, par les architectes Nouvel, Lez<strong>en</strong>es, etColombier.En définitive, même si la rhétorique <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième génération d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>s’efforce <strong>de</strong> s’écarter d’une image dévaluée <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés comme équipem<strong>en</strong>ts lourds nelaissant pas <strong>de</strong> place à l’expression <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ces, l’expéri<strong>en</strong>ce du Luzard montre que lesquestionnem<strong>en</strong>ts et les procédés <strong>de</strong> programmation attachés à la formule <strong>de</strong> l’intégration loin <strong>de</strong>s’arrêter net <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> s’articul<strong>en</strong>t avec <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s approches <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscollectifs.Cette continuité n’est autre <strong>en</strong> fait que celle <strong>de</strong> l’approche sociologique <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> l’animation et<strong>de</strong> l’interaction <strong>ville</strong>-équipem<strong>en</strong>t qui trouve dans la programmation du réseau socioculturel du Luzardl’occasion d’affiner ses analyses.Aujourd’hui on peut constater que ce réseau perdure. Même si un bâtim<strong>en</strong>t a été affecté à <strong>de</strong>s usagesdiffér<strong>en</strong>ts (le LCR <strong>de</strong> l’Allée <strong>de</strong>s Bois est maint<strong>en</strong>ant affecté à une Ludothèque qui est une annexe <strong>de</strong> laMPT du Luzard), même si un autre est vi<strong>de</strong> (le LCR <strong>de</strong> Bois <strong>de</strong> la Grange), la plupart <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tscontinu<strong>en</strong>t à fonctionner comme équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels.Il nous reste à examiner maint<strong>en</strong>ant quels phénomènes comparables d’évolution à partir <strong>de</strong>s principesinitiaux d’intégration ont pu opérer au niveau <strong>de</strong>s formes urbaines et architecturales68


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIICHAPITRE IIIL’INTEGRATION ET L’ARCHITECTURATION DES CENTRES69


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIAutour <strong>de</strong> la notion d’intégration, plusieurs thématiques spatiales ont été développées <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Celles-ci recoup<strong>en</strong>t d’autres champs <strong>de</strong> questionnem<strong>en</strong>t tels que celui sur la constitution <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres,celui sur l’architecture scolaire ou celui sur l’architecture urbaine.La thématique dominante au début <strong>de</strong>s années 70, qui s’articule avec l’objectif d’adaptation aux besoins<strong>de</strong>s utilisateurs et <strong>de</strong> plein emploi <strong>de</strong>s locaux, est celle <strong>de</strong> l’espace polyval<strong>en</strong>t et évolutif, avec sescorollaires, les notions <strong>de</strong> trame, <strong>de</strong> modules, <strong>de</strong> système et <strong>de</strong> « conception collective » 213 .L’autre grand thème, qui nous apparaît aujourd’hui plus riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, est celui <strong>de</strong>s relationséquipem<strong>en</strong>t collectif / espace public. C’est cette approche que nous nous sommes efforcésd’approfondir.Trois <strong>en</strong>jeux principaux peuv<strong>en</strong>t être distingués à ce sujet: le rôle <strong>de</strong> la formule d’intégration <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts dans la structuration <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres, l’affrontem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux modèles, l’un commercial etl’autre socioculturel dans la production d’un espace public protégé c<strong>en</strong>tral, et <strong>en</strong>fin la question <strong>de</strong>l’expressivité d’une architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré face aux exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> polyval<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong>banalisation <strong>de</strong>s espaces.III.1 – L’EQUIPEMENT INTEGRE ET L’ENJEU DU CENTRELa production <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres urbains, <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres « animés » est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u dans les années 60 un <strong>en</strong>jeu majeur<strong>de</strong> planification urbaine. En réaction aux <strong>de</strong>ux maux principaux id<strong>en</strong>tifiés <strong>de</strong> la banlieue, la dispersionanarchique <strong>de</strong>s activités <strong>en</strong>couragée par le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’automobile et la réalisation <strong>de</strong> grands<strong>en</strong>sembles sous-équipés et mal localisés, il constitue l’objectif explicite <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s.Cet <strong>en</strong>jeu du c<strong>en</strong>tre se manifeste clairem<strong>en</strong>t dans les préconisations <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s duVI ème Plan 214 . Il se manifeste aussi dans <strong>de</strong> nombreuses publications et dans les multiples colloques surle sujet. On reti<strong>en</strong>dra <strong>en</strong> particulier le colloque sur les c<strong>en</strong>tres urbains organisé par le Bureau <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s et le ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> juillet 1969, le colloque sur les c<strong>en</strong>tres et lac<strong>en</strong>tralité dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s organisé à Londres par l’Institut Français du Royaume Uni <strong>en</strong> 1972, lecolloque sur les c<strong>en</strong>tres urbains <strong>en</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s organisé par le SGGCVN <strong>en</strong> 1979 ou plus récemm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core le recueil <strong>de</strong>s travaux du « Groupe <strong>de</strong> réflexion sur la C<strong>en</strong>tralité » paru <strong>en</strong> 1996 215 .La question <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> œuvre du c<strong>en</strong>tre se manifeste aussi à travers la succession <strong>de</strong> grandsconcours d’urbanisme organisés dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Ces grands concours qui sont pour la plupartlargem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>tés dans Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP ont vocation à marquer les étapes importantesdans l’évolution <strong>de</strong>s principes d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Ils manifest<strong>en</strong>t la volonté d’associerétroitem<strong>en</strong>t l’évolution <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et l’évolution <strong>de</strong>s théories urbaines et architecturales 216 .C’est sur la base <strong>de</strong> ces manifestations, colloques et concours, que nous avons abordé la question <strong>de</strong>l’articulation <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts principes urbanistiques <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres et la préconisation<strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong>s programmes.213 Voir à ce sujet, J. Belmont in Pour, « Des équipem<strong>en</strong>ts éducatifs et culturels intégrés », n°23/24, octobre 1971 et aussiPierre Riboulet, (dans le cadre <strong>de</strong>s travaux du « Groupe <strong>de</strong> réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs » <strong>de</strong> la missiond’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Ville Nouvelle du Vaudreuil) « Une architecture pour les équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs - Liberté <strong>de</strong> conceptionet normes obligatoires », séance du 18 septembre 1969. Texte dactyl. [IFA : fond ATM 162 IFA 1540].214 Voir à ce sujet : « Le VI ème Plan et la promotion <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres », extrait du rapport <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s sur lesori<strong>en</strong>tations souhaitables <strong>de</strong> la politique urbaine au cours du VI ème Plan (2 e fascicule, propositions détaillées), in Urbanisme,n° 120-121, 1970, p132-133.215 « Villes <strong>nouvelle</strong>s, c<strong>en</strong>tres nouveaux » Mémoire <strong>de</strong>s travaux du Groupe <strong>de</strong> Réflexion sur la C<strong>en</strong>tralité – Recueil d’articles.Ed. Association Française <strong>de</strong>s Villes Nouvelles, 1996. [MV 370/11/VN]216 « Les grands concours lancés dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sont riches d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts d’une part parce qu’ils permett<strong>en</strong>t<strong>de</strong> connaître la façon dont a été posé un problème global sur le plan du programme normatif et <strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tations qualitativesce qui est une source <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce pour les aménageurs et les concepteurs, d’autre part par les projets concurr<strong>en</strong>ts euxmêmesqui marqu<strong>en</strong>t une étape dans les t<strong>en</strong>dances <strong>de</strong> l’architecture et <strong>de</strong> l’urbanisme contemporain », Michel Rousselot in« le concours <strong>de</strong>s Coteaux <strong>de</strong> Maubuée », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, vol 39, mai 1975.70


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILa notion d’intégration est d’emblée associée à la problématique du c<strong>en</strong>tre comme terme antithétique àceux <strong>de</strong> zoning et <strong>de</strong> ségrégation <strong>de</strong>s fonctions dérivés <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> la Charte d’Athènes et aussicomme terme antithétique au modèle américain <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> diffuse.Utilisé très tôt <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, <strong>en</strong> particulier pour l’aménagem<strong>en</strong>t d’Evry, l’intégration a donc d’abord uneacceptation urbanistique: « L’idée dominante était donc <strong>de</strong> réaliser un c<strong>en</strong>tre. Fallait-il un c<strong>en</strong>tre intégréou bi<strong>en</strong> dilué ? Nous avons choisi <strong>de</strong> faire un c<strong>en</strong>tre latin très intégré aux quartiers d’habitation » 217 .Entre cette notion urbanistique d’intégration, ce qu’elle recouvre comme principes d’aménagem<strong>en</strong>t et laformule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré, les équipes d’aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s ont du opérer un certainnombre d’ajustem<strong>en</strong>ts et d’interprétations que nous nous proposons d’examiner.III.1.1 – La place <strong>de</strong> l’intégration au sein <strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tations urbanistiques initialesdéveloppées pour les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sLa notion d’intégration s’affirme dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise mais aussi <strong>de</strong> redécouverte <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tresanci<strong>en</strong>s. Le problème du <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> la conc<strong>en</strong>tration d’activité se pose avec force face au développem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> télécommunication. En particulier se pose le problème du<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> loisirs <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong>. Quelle animation peut être maint<strong>en</strong>ue et développée dansle c<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors du commerce ?En regard <strong>de</strong> ces questionnem<strong>en</strong>ts, un certain nombre d’élém<strong>en</strong>ts récurr<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ligne <strong>de</strong> comptedans l’approche <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Ces élém<strong>en</strong>ts sont débattus lors du colloque « C<strong>en</strong>tresurbains » <strong>de</strong> juillet 1969, <strong>en</strong> particulier au sein du groupe <strong>de</strong> travail « Cergy-Pontoise », qui examinecomme support concret <strong>de</strong> la réflexion, les principes d’élaboration du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>,comparé notamm<strong>en</strong>t aux principes exploités à Evry.Le mot clé dominant d’ « intégration » tel qu’il apparaît lors du colloque « C<strong>en</strong>tres Urbains » <strong>de</strong> juillet1969 intervi<strong>en</strong>t à plusieurs niveaux :- l’intégration du c<strong>en</strong>tre commercial au c<strong>en</strong>tre urbain- l’intégration du c<strong>en</strong>tre urbain <strong>en</strong> lui-même qui correspond à un <strong>en</strong>jeu d’unité par rapport àune simple juxtaposition <strong>de</strong>s fonctions et aussi à un <strong>en</strong>jeu d’ouverture systématique <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts sur un espace piéton protégé.- L’intégration du c<strong>en</strong>tre urbain à la <strong>ville</strong> elle-même pour éviter « une paupérisation du reste <strong>de</strong>la <strong>ville</strong> par rapport au c<strong>en</strong>tre urbain ».Le propos sur l’intégration s’ordonne <strong>en</strong> fait suivant trois thématiques principales. La première porte surla nécessité du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fonctions et sur la nécessité <strong>de</strong> la d<strong>en</strong>sité, la <strong>de</strong>uxième porte sur laquestion <strong>de</strong> l’évolutivité <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres, la troisième porte <strong>en</strong>fin sur la hiérarchie et la diversification <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tres au sein <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Le regroupem<strong>en</strong>t et la d<strong>en</strong>sitéTrois argum<strong>en</strong>ts principaux sont attachés aux principes <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fonctions et <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>td’une d<strong>en</strong>sité importante dans les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s :- Face à la logique <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t ext<strong>en</strong>sif <strong>de</strong> la banlieue « à l’américaine » sur la base <strong>de</strong><strong>de</strong>ux élém<strong>en</strong>ts, le pavillon individuel et la « boite commerciale », la création <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>en</strong><strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> s’appuie sur le positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> grands équipem<strong>en</strong>tsstructurants ayant un rôle id<strong>en</strong>titaire et un rôle <strong>de</strong> pôle <strong>de</strong> rassemblem<strong>en</strong>t très forts dansla <strong>ville</strong> traditionnelle française à savoir la Préfecture (Cergy, Evry) et l’Université (Cergy, Evry,Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, Marne-la-Vallée…). Quant au c<strong>en</strong>tre commercial, sa prise <strong>en</strong>compte dans la constitution <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité est un sujet important que nous abordons dansle chapitre suivant (III.2). Le modèle américain du shopping c<strong>en</strong>ter, ainsi que la question dudéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité à partir d’initiatives et <strong>de</strong> capitaux privés sont <strong>de</strong>s thèmesprivilégiés <strong>de</strong> méditation pour les aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s françaises. Il s’agit217 Texte <strong>de</strong> Lalan<strong>de</strong> sur la conception d’Evry in Ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t - Direction <strong>de</strong> l’Aménagem<strong>en</strong>tfoncier et <strong>de</strong> l’Urbanisme - Bureau <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, Colloque « C<strong>en</strong>tres Urbains ». Texte <strong>de</strong>s confér<strong>en</strong>ces et débats.2-3-4 juillet 1969.71


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIId’échapper au caractère social <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles pour initier une dynamiqued’investissem<strong>en</strong>t privé. La question du positionnem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre commercial, <strong>de</strong>l’organisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssertes et du stationnem<strong>en</strong>t, la nécessité d’aller vite pour que le c<strong>en</strong>trecommercial s’installe bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et non pas à côté sont <strong>de</strong>s données majeures <strong>de</strong>la constitution <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. L’influ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> la matière <strong>de</strong>s théoriesaméricaines et <strong>de</strong> celles <strong>en</strong> particulier <strong>de</strong> l’urbaniste et spécialiste <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>trescommerciaux Victor Gru<strong>en</strong> sont très fortes, son interv<strong>en</strong>tion au colloque <strong>de</strong> 1969 sur lesprincipes d’urbanisation <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s américaines à partir exclusivem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> capitauxprivés apporte un éclairage nouveau par rapport aux principes d’aménagem<strong>en</strong>t découlant <strong>de</strong>la planification étatique <strong>de</strong>s quartiers <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>t social <strong>en</strong> France 218 .- La question <strong>de</strong> la d<strong>en</strong>sification du bâti et <strong>de</strong> la forme urbaine est aussi une donnéeperman<strong>en</strong>te. Suivant le modèle <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s europé<strong>en</strong>s définis par opposition aumodèle américain <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> diffuse, il s’agit d’intégrer un habitat au c<strong>en</strong>tre c’est-à-dired’associer le regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s commerces avec un habitat collectif d<strong>en</strong>se<strong>en</strong> superposant les fonctions, comme le font les immeubles urbains traditionnels avec leurlocaux d’activité à rez-<strong>de</strong>-chaussée. La recherche d’intégration physique <strong>de</strong>s activités dansl’habitat du c<strong>en</strong>tre s’applique aussi au c<strong>en</strong>tre commercial. Il s’agit <strong>de</strong> le relier à l’habitat pourpalier à la faiblesse <strong>de</strong> son architecture et aussi pour faire bénéficier à l’<strong>en</strong>semble du c<strong>en</strong>tre<strong>de</strong> son pouvoir attractif.- La question <strong>de</strong>s infrastructures, <strong>de</strong> l’accessibilité <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres par les transports <strong>en</strong> communet par l’automobile (réseau et stationnem<strong>en</strong>t) est le corollaire dans la conception <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s activités. La séparation <strong>de</strong>s flux piéton etautomobile est un préalable systématique à la conception <strong>de</strong>s premiers c<strong>en</strong>tres <strong>en</strong><strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Pour les équipes <strong>de</strong>s EPA, le fait <strong>de</strong> privilégier les liaisons piétonnes pourrelier <strong>en</strong>tre eux les équipem<strong>en</strong>ts correspond au choix « culturel » <strong>de</strong> la « rue » àl’Europé<strong>en</strong>ne par opposition au modèle américain du tout voiture. C’est à partir <strong>de</strong> cetespace piéton protégé rassembleur que s’affirme la notion d’ « espace public » associée à lanotion urbanistique d’intégration.L’intégration comme capacité d’évolution <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tresLa question du temps et <strong>de</strong> l’évolution dans le temps <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> est une <strong>de</strong>s données qui distingue le plusl’approche <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la planification <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles. L’organisation <strong>de</strong> lac<strong>en</strong>tralité, la hiérarchisation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres mais aussi la conception évolutive d’une structure urbaine etd’une structure du bâti sont étroitem<strong>en</strong>t liés à cette prise <strong>en</strong> compte du facteur temps dans laplanification urbaine.Cette notion d’évolutivité du c<strong>en</strong>tre est prise <strong>en</strong> compte à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers par les différ<strong>en</strong>tes équipesd’aménageurs. Elle est particulièrem<strong>en</strong>t argum<strong>en</strong>tée par l’équipe du Vaudreuil qui y apporte unedim<strong>en</strong>sion politique et sociale. Contre une conception figée du c<strong>en</strong>tre comme recette mêlant suivant unsavant dosage, habitat, équipem<strong>en</strong>ts et commerces, l’équipe du Vaudreuil emm<strong>en</strong>ée par Lacaze déf<strong>en</strong>dle principe d’un dispositif moins hiérarchique (<strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre et la périphérie), moins déterminé et moinslocalisé : « Pr<strong>en</strong>ez un dosage précis <strong>de</strong> chaque fonction c<strong>en</strong>trale, ajoutez la quantité nécessaire <strong>de</strong>places <strong>de</strong> parking et une <strong>de</strong>sserte <strong>en</strong> transport <strong>en</strong> commun, <strong>en</strong>veloppez le tout dans un plan massesans oublier <strong>de</strong> placer soigneusem<strong>en</strong>t un « magnet » à chaque bout du grand axe, coulez le tout dansdu béton et arrosez un peu <strong>de</strong> musique douce, <strong>de</strong> fleurs et <strong>de</strong> publicité. La c<strong>en</strong>tralité ne peutqu’apparaître. Le point faible <strong>de</strong> cette démarche paraît se trouver dans l’idée que le problème se poseuniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> combinaisons architecturales ou urbanistiques. Or, <strong>de</strong> par sa nature même, lec<strong>en</strong>tre d’une <strong>ville</strong> est le lieu privilégié <strong>de</strong>s conflits, <strong>de</strong>s concurr<strong>en</strong>ces qui sont la vie <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> et <strong>de</strong> lacollectivité qui l’habite. La c<strong>en</strong>tralité implique une possibilité perman<strong>en</strong>te <strong>de</strong> modification d’élém<strong>en</strong>ts dudécor, <strong>de</strong> création ou d’ext<strong>en</strong>sion d’activités, l’<strong>en</strong>semble échappant <strong>de</strong> toute évid<strong>en</strong>ce à une planificationrigoureuse» 219 .Cette approche s’appuie principalem<strong>en</strong>t sur trois notions :218 Interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> H. Victor Gru<strong>en</strong> au colloque « C<strong>en</strong>tres urbains » , op. cit.219 J.P. Lacaze, G. Thurnauer, C. Harris, “Recherche et stratégie <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> oeuvre d’une stratégie <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité dans la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> du Vaudreuil” in Colloque sur les c<strong>en</strong>tres et la c<strong>en</strong>tralité dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, Institut Françaisdu Royaume Uni, Londres, 13-14 octobre 1972.72


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III- la notion <strong>de</strong> « structure urbaine » comme support <strong>de</strong> l’évolution du cadre bâti,- la notion <strong>de</strong> réseau comme alternative à la conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts dans un c<strong>en</strong>treunique et comme alternative à une organisation hiérarchique <strong>de</strong>s fonctions <strong>en</strong>tre les quartiers etle c<strong>en</strong>tre principal,- <strong>en</strong>fin la notion <strong>de</strong> participation qui implique un processus <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t danslequel la population intervi<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> particulier dans le processus <strong>de</strong> localisation et <strong>de</strong>développem<strong>en</strong>t du ou <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres.Sur le modèle <strong>de</strong> l’organisation parcellaire <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> traditionnelle, l’intégration associée à l’évolutivitér<strong>en</strong>voie donc surtout à une capacité d’accueil d’activités diverses par une structure bâtie. La notiond’intégration est directem<strong>en</strong>t associée dans cette optique, comme nous le montrons plus loin, auxnotions <strong>de</strong> sol artificiel, <strong>de</strong> dalle et <strong>de</strong> mégastructure.L’intégration et la diversification <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tresLa stratégie <strong>de</strong> singularisation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres est au cœur <strong>de</strong>s préoccupations <strong>de</strong>s équipesd’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (<strong>de</strong>s neuf <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s labellisées mais aussi <strong>de</strong>s autres tellesque Créteil, La Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble, etc. 220 ). « Chaque <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> est spécifique » souligne R.Hirsch <strong>en</strong> préambule <strong>de</strong> son exposé sur le traitem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre à Cergy-Pontoise dans le colloque <strong>de</strong>1969 sur les c<strong>en</strong>tres urbains 221 .Cet <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> singularisation qui concerne les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>en</strong>tre elles mais aussi les différ<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>tresau sein d’une même <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> passe d’abord par la quête <strong>de</strong> nouveaux équipem<strong>en</strong>ts et par <strong>de</strong>sregroupem<strong>en</strong>ts « inédits »: il s’agit <strong>de</strong> « doter chaque gran<strong>de</strong> masse urbaine d’un c<strong>en</strong>tre secondaire qui,conformém<strong>en</strong>t à la morphologie du site, <strong>en</strong> affirme la cohésion et la relative indép<strong>en</strong>dance par rapport àl’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> (et prés<strong>en</strong>te par ailleurs <strong>de</strong> gros avantages pour la stratégie <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t), ona voulu saisir l’occasion d’<strong>en</strong>richir et <strong>de</strong> « personnaliser » certains c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> proximité afin <strong>de</strong> créer unestructure urbaine qui ne soit pas simplem<strong>en</strong>t hiérarchique, donc simpliste (Cf. « une <strong>ville</strong> n’est pas unarbre » <strong>de</strong> Christopher Alexan<strong>de</strong>r) » 222 .L’alternative pour traiter la c<strong>en</strong>tralité principale <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong>tre un c<strong>en</strong>tre dominant ou plusieursc<strong>en</strong>tres, question reliée à la précéd<strong>en</strong>te (ce choix participe <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong> chaque <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>)donne lieu à trois approches. La première consiste à favoriser un c<strong>en</strong>tre principal unique, un « cœur <strong>de</strong><strong>ville</strong> » (c’est la solution ret<strong>en</strong>ue à Evry), la <strong>de</strong>uxième consiste à planifier <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>tres principaux <strong>en</strong>s’appuyant sur le facteur temps. Le premier c<strong>en</strong>tre (c<strong>en</strong>tre secondaire) est adapté au démarrage <strong>de</strong> la<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> dans son échelle, sa conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s services, le <strong>de</strong>uxième c<strong>en</strong>tre différé (futur c<strong>en</strong>treprincipal) est <strong>de</strong>stiné à répondre à la réalité future <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Cette approche dédoublée duc<strong>en</strong>tre est celle qui a été ret<strong>en</strong>ue à Cergy-Pontoise, à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines et aussi à l’Ile d’Abeau. Latroisième attitu<strong>de</strong> consiste à prôner un polyc<strong>en</strong>trisme plus radical. C’est la position déf<strong>en</strong>due auVaudreuil avec les notions <strong>de</strong> réseau et <strong>de</strong> « nodules » ou à Marne-la-Vallée avec l’organisation linéairele long du RER <strong>en</strong> quatre c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> secteurs.Ce sont donc quatre et non trois niveaux <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, la notion <strong>de</strong>c<strong>en</strong>tre secondaire ou c<strong>en</strong>tre provisoire ou c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> secteur vi<strong>en</strong>t s’ajouter à la hiérarchie classique,c<strong>en</strong>tre principal ou « régional », c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier et c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> voisinage. Si l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration etd’intégration <strong>de</strong>s fonctions intervi<strong>en</strong>t à priori aux différ<strong>en</strong>ts niveaux comme ce fut le cas à Evry, que cesoit pour mettre <strong>en</strong> place d’emblée un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> très attractif ou pour développer <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>quartier 223 , c’est autour du niveau intermédiaire <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre secondaire ou <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> secteur que le220 Le numéro 120-121 <strong>de</strong> la revue Urbanisme, déjà cité intitulé « C<strong>en</strong>tres », montre que la question peut être abordée dansd’autres opérations telles que la restructuration d’Arg<strong>en</strong>teuil, la Part-Dieu à Lyon ou <strong>en</strong>core Rou<strong>en</strong> Saint-Sever.221 Ministère <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t et du Logem<strong>en</strong>t - Direction <strong>de</strong> l’Aménagem<strong>en</strong>t foncier et <strong>de</strong> l’Urbanisme - Bureau <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, Colloque « C<strong>en</strong>tres Urbains ». Texte <strong>de</strong>s confér<strong>en</strong>ces et débats. 2-3-4 juillet 1969. [Médiathèque du Val <strong>de</strong>Reuil]222 Clau<strong>de</strong> Vignaud (EPIDA), « Quels c<strong>en</strong>tres pour l’Isle d’Abeau ? ». Texte dactylo. mai 1979, p 3. In « Les Dossiers <strong>de</strong>sVilles Nouvelles. C<strong>en</strong>tres urbains <strong>en</strong> Villes Nouvelles ». SGGCVN, 19 juin 1979.223 « Dans une urbanisation aussi éclatée, composée <strong>de</strong> surcroît à plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> maisons individuelles, la notion <strong>de</strong>« c<strong>en</strong>tre » qui avait pu être contestée ailleurs (par exemple dans une expéri<strong>en</strong>ce aussi intéressante que le Vaudreuil)repr<strong>en</strong>d toute sa signification ici (…) Pour comp<strong>en</strong>ser le morcellem<strong>en</strong>t du tissu urbain et la faible d<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble,on a donc choisi à l’Isle d’Abeau <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>trer le plus possible ce que l’on nomme « les équipem<strong>en</strong>ts » dans lesc<strong>en</strong>tres ». Clau<strong>de</strong> Vignaud (EPIDA), texte dactylo, mai 1979, extrait <strong>de</strong> Les Dossiers <strong>de</strong>s Villes Nouvelles – C<strong>en</strong>tresUrbains <strong>en</strong> Villes Nouvelles, SGGCVN, colloque du 19 juin 1979.73


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIprincipe apparaît le plus développé associant un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> proximité à l’échelle du quartier et un <strong>en</strong>jeud’animation à l’échelle <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.III.1.2 – De l’intégration <strong>de</strong>s fonctions à la notion synthétique <strong>de</strong> « c<strong>en</strong>tre intégré »Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>trer les services et les activités et <strong>de</strong> les rattacher à l’habitat, l’utilisation<strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « c<strong>en</strong>tre intégré » va correspondre à une volonté d’optimiser la répartition <strong>de</strong>s fonctionsautour d’un espace extérieur protégé et contrôlé dénommé espace public. Cette notion <strong>de</strong> « c<strong>en</strong>treintégré » pr<strong>en</strong>d valeur <strong>de</strong> synthèse <strong>en</strong>tre les aspirations urbanistiques et les aspirations d’animation etd’éducation. Intégration <strong>de</strong>s services et structuration <strong>de</strong> l’espace public, tel est l’<strong>en</strong>jeu.La démarche correspond initialem<strong>en</strong>t à l’application la plus complète <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’intégration sur lemodèle <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble. La métho<strong>de</strong> <strong>en</strong>traîne l’éclatem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s objets-équipem<strong>en</strong>ts et larecomposition autour <strong>de</strong>s espaces piétons protégés <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmes. Ladécomposition <strong>de</strong>s programmes s’accor<strong>de</strong> avec la volonté <strong>de</strong> traiter un bâti continu et un continuumspatial, elle permet <strong>de</strong> mieux localiser les activités non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre elles mais aussi par rapport ausite <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong> leur pot<strong>en</strong>tiel « d’animation » c’est à dire <strong>de</strong> leur capacité à accueillir et àréunir <strong>de</strong>s populations différ<strong>en</strong>tes. C’est un <strong>de</strong>s principaux intérêts <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>: positionner lesdiffér<strong>en</strong>ts locaux non pas <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> leur programme d’origine mais <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> critères urbains outerritoriaux et <strong>en</strong> fonction d’affinités avec d’autres (selon les critères définis pour la localisation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts du Vaudreuil : induction, répulsion, attraction – voir Planche 01).La démarche d’optimisation <strong>de</strong> la localisation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes fonctions s’organise <strong>en</strong> général suivant<strong>de</strong>ux pôles, le pôle urbain, celui <strong>de</strong> l’espace public animé et le pôle calme <strong>de</strong> la nature, celui du parc.L’affirmation dans les Villes Nouvelles, à partir <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble, du parcurbain comme nouvel équipem<strong>en</strong>t à part <strong>en</strong>tière vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>richir cette problématique <strong>de</strong> la localisation <strong>de</strong>sfonctions. Les locaux susceptibles d’être fréqu<strong>en</strong>tés par plusieurs types <strong>de</strong> populations sont placéspréfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le long <strong>de</strong>s cheminem<strong>en</strong>ts principaux c'est à dire tournés vers la rue, tandis que leslocaux réservés à une utilisation exclusive par un certain type <strong>de</strong> population sont placés <strong>en</strong> retrait,tournés vers le parc.Tout une gradation peut ainsi être mise <strong>en</strong> place, très bi<strong>en</strong> explicitée dans les schémas <strong>de</strong>« v<strong>en</strong>tilation » <strong>de</strong>s locaux du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Noisy Est et du c<strong>en</strong>tre du quartier 5 <strong>de</strong> Noisiel -futur c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon- à Marne la vallée [voir FIG. 13.1 et 13.2]. Ce sont les locaux « extraits <strong>de</strong>sprogrammes traditionnels » c'est à dire les locaux résultant du processus d’intégration, susceptibles <strong>de</strong>constituer <strong>de</strong> nouveaux lieux et <strong>de</strong> nouveaux services où vont se croiser les populations <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tesinstitutions concernées qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t constituer le cœur <strong>de</strong> ces nouveaux quartiers. Il <strong>en</strong> est ainsi <strong>de</strong> la« maison <strong>de</strong>s Arts ménagers » (future «Maison du temps libre ») préconisée par l’ARESC pour lequartier 5 <strong>de</strong> Noisiel, <strong>nouvelle</strong> institution regroupant comme on l’a vu les ateliers d’un CES, d’un CET etd’une MJC 224 .Ce double mouvem<strong>en</strong>t d’intégration caractérise les « c<strong>en</strong>tres intégrés » tels qu’ils sont mis <strong>en</strong> œuvredans plusieurs <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche-Guédon à Marne-la-Vallée, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s 7 mares à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Roches et c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier Serv<strong>en</strong>oble à l’Isle-d’Abeau 225 -voir Planche 13).Le dispositif <strong>de</strong> « c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> voisinage » étudié par l’architecte Gérard Vinc<strong>en</strong>t à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>Yvelines 226 , dont le premier opus exemplaire est celui du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s 7 mares à Elancourt-Maurepas, compr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> ces <strong>de</strong>ux temps <strong>de</strong> l’intégration :- un regroupem<strong>en</strong>t dans <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts inédits <strong>de</strong> plusieurs programmes (maison <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>fance, maison pour tous)- un regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces nouveaux équipem<strong>en</strong>ts autour d’un espace urbain protégé <strong>en</strong>favorisant l’ouverture et l’expansion <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts sur cet « espace public », que ce224 ARESC, « Propositions <strong>de</strong> programme pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaires, sportifs et socio-culturels du quartier 5 (secteurII) ». Op. cit., p34.225 Voir à ce sujet : « L’Isl e d’Abeau Ville Nouvelle, St Bonnet le Lac Consultation d’Urbanisme », EPIDA, 26 sept.1974.226 Gérard Vinc<strong>en</strong>t, Etu<strong>de</strong> Saint-Qu<strong>en</strong>tin. « 1- création d’un tissu urbain ; 2- repérage <strong>de</strong>s innovations d’équipem<strong>en</strong>tscollectifs à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines ». 2 fascicules (doc. Provisoire), janvier 1979.74


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIsoit au niveau <strong>de</strong>s halls d’accueil, soit au niveau <strong>de</strong> certains locaux (ouverture <strong>de</strong>s ateliers,du restaurant ou <strong>de</strong> la salle polyval<strong>en</strong>te).Fabriquer un espace public protégéTout comme dans le cas <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong> l’Arlequin à Gr<strong>en</strong>oble, la formule du c<strong>en</strong>treintégré <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le vecteur <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> tout un travail <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> l’espace piéton. C’est lecas <strong>en</strong> particulier dans le projet du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’Arche-Guédon ou dans celui du quartier <strong>de</strong>s 7 mares.C’est la constitution <strong>de</strong> ce savoir-faire que repère Gérard Vinc<strong>en</strong>t à Evry puis à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines:« On voit donc comm<strong>en</strong>t la notion <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> voisinage a reçu différ<strong>en</strong>tes acceptions, jusqu’à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>irune somme d’expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> micro-urbanisme variant la relation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage auxespaces publics <strong>de</strong> la simple ouverture à l’éclatem<strong>en</strong>t. Ce type <strong>de</strong> programmation s’est précisé dans les<strong>en</strong>s d’une prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> l’espace public, <strong>de</strong> son aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> détail et du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>svirtualités ouvertes par l’association <strong>de</strong> l’espace public et <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t» 227 .Plus que l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> gestion collective d’un équipem<strong>en</strong>t regroupant et associant plusieurs programmes,ce sont les flux, les déplacem<strong>en</strong>ts générés par l’éclatem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s programmes et leur répartition au seindu c<strong>en</strong>tre qui finiss<strong>en</strong>t par être surtout valorisés dans l’approche urbaine <strong>de</strong> l’intégration. Dans cetteoptique la notion d’ « espace public » qui s’affirme <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> peut recouvrir à la fois l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong>traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace extérieur et l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs 228 . C’est laconception qui est déf<strong>en</strong>due par l’équipe UCY lors du concours d’Evry I comme nous le verrons plus loin.Comme le fait remarquer H<strong>en</strong>ri Raymond dans son étu<strong>de</strong> sur les lieux urbains et les équipem<strong>en</strong>ts socioculturels,la pério<strong>de</strong> 60-70 est marquée par le prima accordé à la fonction <strong>de</strong> sociabilité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tssocio-culturels par rapport aux activités (aux services) qu’ils peuv<strong>en</strong>t abriter 229 .La quête <strong>de</strong> la sociabilité, <strong>de</strong> l’espace public « animé » et du « brassage social » réunit et confronte lap<strong>en</strong>sée mo<strong>de</strong>rne sur la complexité <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, sur l’urbanité et la doctrine issue <strong>de</strong> l’éducation populairedu regroupem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>s activités éducatives et culturelles. La conception <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>tsocio-culturel intégré s’articule avec les t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> toutes pièces un espace public « animé »,alchimie mo<strong>de</strong>rne t<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> remplacer le l<strong>en</strong>t processus <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s anci<strong>en</strong>nes (suivant le principe du« cond<strong>en</strong>sateur social »).Comm<strong>en</strong>t accélérer les choses dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s et créer une situation propice d’emblée,« comm<strong>en</strong>t accélérer et favoriser le processus qui donnera une vie collective, une « culture » propre àcette création qui rompt brutalem<strong>en</strong>t avec le l<strong>en</strong>t développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> ? » 230 .Tel est l’argum<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral invoqué par l’architecte hollandais Van Klinger<strong>en</strong> pour justifier la création <strong>de</strong>« places <strong>de</strong> villages couvertes » ou « Agoras » dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong>s nouveaux pol<strong>de</strong>rs (voirinfra.).La paternité <strong>de</strong> l’idée d’une structure artificielle, structure hybri<strong>de</strong>, à la fois architecture et support d’unnouvel espace public propice au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sociabilité, une structure communautaire et unestructure évolutive pouvant être d<strong>en</strong>sifiée, est traditionnellem<strong>en</strong>t attribuée <strong>en</strong> France à Le Corbusier.L’unité radieuse <strong>de</strong> Marseille avec sa rue intérieure commerçante, son école et son théâtre <strong>de</strong> plein air<strong>en</strong> toiture est la référ<strong>en</strong>ce inaugurale.L’espace <strong>de</strong> sociabilité mis <strong>en</strong> place dans l’unité radieuse ne repr<strong>en</strong>d pas les co<strong>de</strong>s et les hiérarchies dutissu urbain traditionnel. C’est un espace nouveau, <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s morphologies traditionnelles, pourlequel la référ<strong>en</strong>ce aux espaces <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> traditionnelle (la rue) est du registre <strong>de</strong> la métaphore. C’est unespace exclusivem<strong>en</strong>t piéton et c’est un espace architectural. Il <strong>en</strong> est finalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> même pour lespropositions <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres et <strong>de</strong> dispositifs propices à l’éclosion d’une vie sociale issus <strong>de</strong> la contestationpar le Team X <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces néfastes <strong>de</strong> la Charte d’Athènes, lesquels font référ<strong>en</strong>ce à l’animation<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s traditionnelles, aux formes traditionnelles <strong>de</strong> l’espace public, rues et places sans <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>dreles caractères structurels.227 Ibid., p8. Il n’est pas inintéressant <strong>de</strong> souligner que les premiers c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> voisinage <strong>de</strong> Saint-Qu<strong>en</strong>tin ont été étudiésavec A. Jager <strong>de</strong> la FFMJC qui s’est illustré dans les années 60 par la promotion d’une architecture <strong>de</strong> la MJC (il dirigeait lebureau technique <strong>de</strong> la FFMJC).228 Sur la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong> la notion d’espace public on se réfèrera utilem<strong>en</strong>t à Raut<strong>en</strong>berg Michel et al. « L’espacepublic <strong>en</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s – Evolution <strong>de</strong> la notion d’espaces publics à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq et Vitrolles, Rives <strong>de</strong>l’Etang-<strong>de</strong>-Berre », Programme interministériel d’histoire et d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s françaises, Atelier IV,Laboratoire CLERSE/IFRESI, Lille, juin 2004.229 H<strong>en</strong>ri Raymond, Espace urbain et équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels, op. cit.230 L’action culturelle dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s - Réflexions préalables à une programmation. Op. cit., p16.75


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIL’équipe Candilis-Josic-Woods lauréate <strong>en</strong> 1961 du concours d’ext<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> Toulouse (ZUP <strong>de</strong>Toulouse Le Mirail), avait mis ainsi l’acc<strong>en</strong>t sur la nécessité <strong>de</strong> réhabiliter la rue comme espace principalet c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> sociabilité ; une « rue c<strong>en</strong>tre » reliant <strong>en</strong>tre eux les immeubles collectifs est ainsi proposéecomme « zone <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration d’activité et <strong>de</strong> d<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> la vie collective » 231 .A partir du milieu <strong>de</strong>s années soixante, les opérations d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs vont être étroitem<strong>en</strong>tassociées à ces dispositifs <strong>de</strong> rues ou <strong>de</strong> places idéalisés. L’importance accordée à la définition <strong>de</strong>l’espace public piéton, extérieur ou couvert, est une donnée c<strong>en</strong>trale <strong>de</strong>s projets, que ce soit à Istres, àla Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble ou dans les projets d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>de</strong>s Villes Nouvelles. A Gr<strong>en</strong>obleles nouveaux équipem<strong>en</strong>ts expérim<strong>en</strong>taux du quartier <strong>de</strong> l’Arlequin, CES/Maison <strong>de</strong> quartier et écoleprimaire/Maison <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance sont implantés le long <strong>de</strong> la «galerie <strong>de</strong> l’Arlequin », faisant <strong>de</strong> cette« rue » l’espace communautaire traversant et irriguant les équipem<strong>en</strong>ts (cette position spécifique <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t s’appréh<strong>en</strong><strong>de</strong> tout d’abord au niveau <strong>de</strong> la coupe. L’équipem<strong>en</strong>t est situé à l’interface <strong>de</strong> larue intérieure et du parc, <strong>en</strong> pied <strong>de</strong>s immeubles <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>t).Le rejet systématique <strong>de</strong> l’automobile <strong>en</strong> périphérie <strong>de</strong>s opérations 232 , la mise à l’écart <strong>de</strong>s voiries <strong>de</strong>transit est un préalable qui permet <strong>de</strong> supprimer la limite physique et les effets <strong>de</strong> seuil <strong>en</strong>tre l’espacepublic et l’espace intérieur <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs. Cette démarche répond à la volonté d’atténuer labarrière psychologique dans l’accès aux institutions culturelles et éducatives et <strong>de</strong> faire que les activitéssocioculturelles fass<strong>en</strong>t partie intégrante <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> la vie quotidi<strong>en</strong>ne. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> conceptionglobale d’une <strong>en</strong>tité urbaine, un c<strong>en</strong>tre, dispersant les établissem<strong>en</strong>ts traditionnels sur plusieurs lieuxcontribue à faire disparaître la distinction <strong>en</strong>tre espace public extérieur et espace <strong>de</strong> circulation intérieure<strong>de</strong>s édifices. Dès lors que les accueils <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sont regroupés et banalisés, on peut traiterl’<strong>en</strong>semble comme un grand espace public communautaire, un intérieur-extérieur, une gran<strong>de</strong>superstructure «socioculturelle » plus ou moins privative pour les services qui l’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t 233 .Le jeu <strong>de</strong>s parcours intérieurs et extérieurs est une constante <strong>de</strong> ces dispositifs et l’idée qu’on trouvedéclinée dans la plupart <strong>de</strong>s opérations regroupant plusieurs programmes est que les parcourspublics travers<strong>en</strong>t les équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels: « outre les aspects positifs <strong>de</strong>l’intégration au niveau <strong>de</strong>s services, un espace « semi-public » est ainsi créé, intégrant espacesintérieurs et espaces extérieurs et permettant au cheminem<strong>en</strong>t d’être à la fois un lieu <strong>de</strong> passage et unlieu d’animation et d’information » 234 .Ces <strong>de</strong>ux modalités d’interpénétration sont repérées par Gérard Vinc<strong>en</strong>t que ce soit à Evry (à propos <strong>de</strong>la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Courcouronnes) 235 ou à Saint Qu<strong>en</strong>tin (à propos <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> voisinage <strong>de</strong>Voisins le Bretonneux), d’une part la prolongation du traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace public dans le hall <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t, avec l’utilisation <strong>de</strong>s même matériaux, <strong>de</strong>s même aménagem<strong>en</strong>ts « urbains », d’autre partla possibilité d’une large ouverture <strong>de</strong> certains locaux, au premier rang <strong>de</strong>squels on trouve la sallepolyval<strong>en</strong>te sur l’espace public (principe que l’on retrouve dans l’agora d’Evry, à l’Arche-Guédon – voirPlanche 14).L’espace piéton protégé peut pr<strong>en</strong>dre plusieurs formes, celle ponctuelle <strong>de</strong> la halle, celle linéaire <strong>de</strong> larue intérieure, celle multidirectionnelle <strong>de</strong> la nappe. La recherche du continuum spatial telle qu’elle a puêtre développée antérieurem<strong>en</strong>t dans l’espace du hall/forum <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong>s MJC peuttrouver là sa plus gran<strong>de</strong> amplitu<strong>de</strong> architecturale <strong>en</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant la rue intérieure qui irrigue la totalité <strong>de</strong>l’opération. Ce phénomène d’ext<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> l’espace du hall/foyer <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel va donnerlieu à un travail <strong>de</strong> diversification et <strong>de</strong> complexification <strong>de</strong>s parcours.231 Prés<strong>en</strong>tation du concours dans Techniques et Architecture, n°2, 22 ème série, février 1962.232 Le principe <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong>s flux caractéristique <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> fonctionnelle se double dans les années 70 d’un rejet <strong>de</strong>l’automobile, objet polluant et <strong>en</strong>combrant, symbole <strong>de</strong>s excès <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> consommation et symbole <strong>de</strong>s nuisances queles Villes Nouvelles s’évertu<strong>en</strong>t à combattre.233 Le c<strong>en</strong>tre culturel et sportif du quartier Bellefontaine à Toulouse Le Mirail dont la conception par l’équipe Candilis -Josic - Woods débute <strong>en</strong> 1967 est un <strong>de</strong>s premiers projets à exploiter cette interpénétration <strong>en</strong>tre « rue intérieure » etprogrammes socio-culturels. De façon comparable, l’organisation intérieure du CES/Maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euves’inscrit dans le prolongem<strong>en</strong>t direct <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> la galerie <strong>de</strong> l’Arlequin.234 « Dossier d’étu<strong>de</strong>s préliminaires <strong>de</strong> la Piazza <strong>de</strong> Marne-la-Vallée », mai 1974, in Piazza - Marne-la-Vallée analysed’un processus, op. cit., p89.235 Lafrasse P., Vinc<strong>en</strong>t G., Inv<strong>en</strong>taire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructure <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ce locale - Repérage <strong>de</strong>stypes d’innovation. Plan construction. Secrétariat Général du Groupe C<strong>en</strong>tral <strong>de</strong>s Villes Nouvelles. Ville Nouvelle d’Evry,septembre 1977 (publiée dans les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURIF, vol 52, sept. 1978).76


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIAinsi dans le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> l’Arche-Guédon, on trouve un double système <strong>de</strong> circulation et unemultiplication <strong>de</strong>s possibilités d’accès suivant un principe que l’atelier <strong>de</strong> Montrouge avait mis <strong>en</strong> œuvreauparavant dans le CEC <strong>de</strong> Istres: « le fait que les bâtim<strong>en</strong>ts abritant les différ<strong>en</strong>ts programmes serassembl<strong>en</strong>t autour d’une halle couverte et qu’ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’imbriquer sous elle, a permis <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>sespaces « <strong>de</strong>dans-<strong>de</strong>hors » tels que la circulation au niveau 83 ou les espaces sous arca<strong>de</strong>s au niveau79.50, où l’usager est « <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors » <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts tout <strong>en</strong> étant « au <strong>de</strong>dans » <strong>de</strong> l’espace publiccouvert <strong>de</strong> la halle. Un autre aspect <strong>de</strong> notre démarche est <strong>de</strong> définir un maximum d’espaces publics àl’intérieur <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts programmes <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts (...) 236 »Ce principe qui répond aussi à une logique fonctionnelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte indép<strong>en</strong>dante <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tesfonctions <strong>en</strong>courage les jeux <strong>de</strong> terrains ou exploite le dénivelé <strong>en</strong>tre l’espace piéton c<strong>en</strong>tral sur dalle etle terrain naturel, afin <strong>de</strong> ménager <strong>de</strong>s liaisons <strong>de</strong> plain-pied, les continuités avec l’espace extérieur pourtous les niveaux et toutes les activités.On retrouve ce principe très souv<strong>en</strong>t décliné dans les maisons <strong>de</strong> quartier, notamm<strong>en</strong>t celles conçuespar Pierre V<strong>en</strong><strong>en</strong>cie, la Maison pour Tous du quartier <strong>de</strong>s 7 mares à St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines et le projettrès similaire <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier du quartier <strong>de</strong>s Eguérets à Jouy-le-Moutier. Dans ces <strong>de</strong>ux projetsun passage public traversant le bâtim<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>ux niveaux d’accès <strong>de</strong> plain-pied et une toiture terrasseaccessible permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s services [voir planche 22].Comme dans les MJC et les Maisons <strong>de</strong> la Culture, cet espace complexe <strong>de</strong> déambulation doitdonner à voir et <strong>en</strong>courager la découverte <strong>de</strong> toutes les activités (« un cheminem<strong>en</strong>tpiétonnier sur lequel les diverses activités s’ouvr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vitrine » 237 ). Ainsi <strong>de</strong>puis l’espace <strong>de</strong> la Halle duc<strong>en</strong>tre intégré du quartier <strong>de</strong> l’Arche-Guédon conçue par l’Atelier <strong>de</strong> Montouge, <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s baies vitréespermett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> découvrir l’espace <strong>de</strong> la piscine et celui du gymnase. Ce même <strong>de</strong>puis l’alléecommerçante du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s Roches à l’Isle d’Abeau on peut observer <strong>en</strong> contrebas l’activité du gymnase[voir FIG. 14.4].L’espace piéton couvert doit offrir <strong>de</strong> plus un pot<strong>en</strong>tiel d’ext<strong>en</strong>sion pour les activités qui sont regroupéesautour <strong>de</strong> lui. Dans le cas <strong>de</strong> l’Arche-Guédon, les concepteurs ont étudié précisém<strong>en</strong>t ces ext<strong>en</strong>sionspossibles et les ont formalisées dans une série <strong>de</strong> plans[voir FIG. 14.1].Pour parfaire cette diversification <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> déambulation, un travail <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> « séqu<strong>en</strong>cesvisuelles » va être perfectionné s’appliquant à éviter les «temps morts ». Le projet <strong>de</strong> la Piazza <strong>de</strong>Marne-la-Vallée distingue ainsi <strong>de</strong>s « noeuds d’activités, places reliées aux accueils <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts »,<strong>de</strong>s « lieux <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre, d’échange et d’animation » et <strong>de</strong>s « zones calmes et d’isolem<strong>en</strong>t » 238 .Suivant un principe déjà appliqué dans la galerie <strong>de</strong> l’Arlequin à la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble découpée <strong>en</strong>plusieurs sous <strong>en</strong>sembles, « zones <strong>de</strong> voisinage » ayant chacune un c<strong>en</strong>tre et <strong>de</strong>s « pôles d’attraction »secondaires 239 et à partir <strong>de</strong>s notions psychosociologiques <strong>de</strong> « pôle», <strong>de</strong> « t<strong>en</strong>sion », <strong>de</strong> seuil, <strong>de</strong>s« séqu<strong>en</strong>ces » spatiales sont définies et étudiées avec soin croisant un registre urbain (mobilier urbain)et un registre architectural <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>soleillem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>s ouvertures visuelles, <strong>de</strong>s opacités.Mais la volonté <strong>de</strong> matérialiser l’animation sociale par une animation architecturale <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>sespaces aux statuts et aux usages indécis ainsi que <strong>de</strong> multiples recoins. Toute cette rhétorique duparcours piéton va finalem<strong>en</strong>t muter <strong>en</strong> abandonnant progressivem<strong>en</strong>t les équipem<strong>en</strong>ts au profit du seulespace extérieur, « l’espace public » <strong>en</strong> qui tous les espoirs d’animation seront reportés.III.1.3 – L’évolution <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> la notion d’intégration à travers la succession <strong>de</strong>sgrands concours d’urbanisme lancés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.La série <strong>de</strong>s grands concours <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne publiés par l’IAURP comm<strong>en</strong>ce avec le concours<strong>de</strong> Villetaneuse, concours sur un territoire extérieur aux <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s mais inaugural à plus d’un titre(au niveau <strong>de</strong>s principes comme au niveau <strong>de</strong>s acteurs) 240 , elle se poursuit avec le concours d’Evry I <strong>en</strong>236 « Notice <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sportifs et <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels ». Atelier <strong>de</strong> Montrouge Notedactylo., 21 octobre 1974. [IFA, fond Atelier <strong>de</strong> Montrouge 162Ifa1021/1]237 Théâtre <strong>de</strong> la cité - Atelier d’Urbanisme et d’Architecture, op. cit., p 7.238 « Dossier d’étu<strong>de</strong>s préliminaires <strong>de</strong> la Piazza <strong>de</strong> Marne-la-Vallée », mai 1974, in Piazza - Marne-la-Vallée analysed’un processus, op. cit., p88.239 Voir A. Korganow, Thèse, op. cit.240 Ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale et District <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, « Concours d’idée pour l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la plaine<strong>de</strong> Villetaneuse, Deuil-la-Barre, Montmagny comportant un <strong>en</strong>semble urbain et universitaire », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP,n°21, mai 1966.77


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III1973, le concours <strong>de</strong>s coteaux du Val Maubuée <strong>en</strong> 1974, le concours <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> <strong>ville</strong> à Jouy leMoutier <strong>en</strong> 1977 et <strong>en</strong>fin le concours « cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> » <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines <strong>en</strong> 1981. Hormis leconcours <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> <strong>ville</strong> à Jouy le Moutier, ces concours successifs accord<strong>en</strong>t tous une placeimportante au traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts dans l’organisation urbaine. A travers leur énoncé successifpeut se lire l’évolution <strong>de</strong> l’impact du principe d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.A ces concours organisés dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, il faudrait ajouter les grandsconcours lancés dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Province tels que le concours du germe <strong>de</strong> <strong>ville</strong> auVaudreuil (programme expérim<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> 5000 logem<strong>en</strong>ts + équipem<strong>en</strong>ts) lancé <strong>en</strong> 1971 ou <strong>en</strong>core la« consultation d’urbanisme pour St Bonnet-le-Lac » lancée à l’Isle-d’Abeau <strong>en</strong> juillet 1974.Villetaneuse ou la mise <strong>en</strong> place du discours urbanistique sur l’intégrationOrganisé <strong>en</strong> mai 1966, conjointem<strong>en</strong>t par le ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale et le District <strong>de</strong> la RégionParisi<strong>en</strong>ne, le «concours d’idée pour l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la plaine <strong>de</strong> Villetaneuse, Deuil la Barre etMontmagny comportant un <strong>en</strong>semble urbain et universitaire » place d’emblée la question <strong>de</strong> l’imbricationet <strong>de</strong> l’utilisation conjointe <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires et « civils » comme un <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux principauxd’organisation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains. La place faite à la notion d’intégration est déjà très importante dansle concours <strong>de</strong> Villetaneuse <strong>en</strong> 1966, ce qui atteste <strong>de</strong> la valeur urbanistique <strong>de</strong> la notion, avant mêmequ’elle soit mise <strong>en</strong> valeur dans le domaine <strong>de</strong> l’action sociale, éducative et culturelle.La plupart <strong>de</strong>s principes d’organisation urbaine développés dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sont déjà prés<strong>en</strong>tsdans ce concours, que ce soit l’importance structurelle apportée au parc urbain, l’importance <strong>de</strong>stransports <strong>en</strong> commun, l’organisation <strong>de</strong>s cheminem<strong>en</strong>ts piéton, l’imbrication <strong>de</strong>s programmes dans lec<strong>en</strong>tre ou <strong>en</strong>core l’importance accordée aux capacités d’évolution et d’ext<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s aménagem<strong>en</strong>ts.La nécessité d’intégrer l’université à la <strong>ville</strong>, le thème du sol artificiel, <strong>de</strong> la plate forme mégastructurelleréunissant la <strong>ville</strong> et l’université tels qu’ils ont pu être formalisés au début <strong>de</strong>s années 60 par lesarchitectes du team X sont mis <strong>en</strong> avant dès l’énoncé du programme [voir FIG. 08.1] . Le « tissuuniversitaire » est ainsi défini <strong>en</strong> <strong>de</strong>s termes illustrant un exemple parfait d’énoncé <strong>de</strong> l’utopiemégastructurelle qui accompagne la notion d’intégration urbaine : « Une plate-forme unique et continueconstruite par <strong>de</strong>s procédés industriels <strong>de</strong> préfabrication lour<strong>de</strong>, couvre la totalité <strong>de</strong>s surfaces affectéesà l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ainsi que la zone c<strong>en</strong>trale. Ce sol artificiel r<strong>en</strong>ferme les réseaux, arrivées et départs <strong>de</strong>flui<strong>de</strong>s, galeries techniques, dépôts, etc.. Le niveau sous cette dalle est affecté à la circulation et austationnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s voitures. Les bâtim<strong>en</strong>ts universitaires proprem<strong>en</strong>t dits sont <strong>de</strong>s constructions<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t préfabriquées et transformables édifiées sur cette plate-forme et susceptibles <strong>de</strong> suivre <strong>de</strong>sprogrammes d’utilisation <strong>en</strong> évolution constante (…) 241 .Un certain nombre <strong>de</strong>s participant à ce concours vont participer ultérieurem<strong>en</strong>t à l’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, tel l’ingénieur Jean-Paul Baietto qui fait partie <strong>de</strong> l’équipe lauréate emm<strong>en</strong>ée par Adri<strong>en</strong>Fainsilber et qui va intégrer par la suite l’équipe <strong>de</strong> Marne-la-Vallée ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong> l’architecte FrançoisRaymond qui va intégrer par la suite l’équipe d’Evry. Fait significatif, confirmant l’approchemégastructurelle <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux d’intégration et <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité, c’est l’association architecte-urbaniste etingénieur qui prédomine dans les équipes primées.Evry I ou l’apogée <strong>de</strong> la doctrine sociale <strong>de</strong> l’intégration <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>:Lancé <strong>en</strong> 1971, le concours d’Evry I fait une gran<strong>de</strong> place à la question du traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tspublics.Cet acc<strong>en</strong>t mis sur la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts se traduit d’abord par la notion <strong>de</strong> « concours global » :« il ne portait pas seulem<strong>en</strong>t sur la construction <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> bureaux mais, mais sur un<strong>en</strong>semble urbain intégrant les logem<strong>en</strong>ts, les commerces et les équipem<strong>en</strong>ts collectifs (écoles,<strong>en</strong>sembles sportifs, bureaux, etc.) » 242 .Il se traduit <strong>en</strong>suite explicitem<strong>en</strong>t par la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> définition d’ori<strong>en</strong>tations <strong>de</strong> recherche concernantles équipem<strong>en</strong>ts et plus précisém<strong>en</strong>t par la recommandation d’exploitation <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>tintégré: « Le règlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>mandait une recherche particulière sur la conception et « l’intégration » <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts publics sous la forme d’<strong>en</strong>sembles immobiliers uniques insérés dans le tissu urbain » 243 .L’approche sociale <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>jeu d’intégration se traduit aussi par l’exig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> définition d’une politiqued’animation au sein <strong>de</strong>s nouveaux quartiers créés.241 Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°21, op. cit.242 « Evry I, concours d’aménagem<strong>en</strong>t urbain », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°31, avril 1973, p14.243 Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°31, p14.78


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIISigne <strong>de</strong> l’importance accordée aux <strong>en</strong>jeux administratifs et sociaux <strong>de</strong> la formule, la concertation mise<strong>en</strong> avant dans l’organisation du concours (<strong>en</strong>tre le premier <strong>de</strong>gré et le <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>gré) est tournée versle dialogue avec les administrations c<strong>en</strong>trales : « De multiples séances <strong>de</strong> travail ont eu lieu avec lesministères <strong>de</strong> tutelle <strong>de</strong>s divers équipem<strong>en</strong>ts. A cet effet un test volumétrique <strong>de</strong>vait permettred’expliquer ce que, dans une perspective très réaliste, pourrait être l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts à la viedu quartier et quelles dispositions simples (juxtaposition <strong>en</strong> particulier) permettrai<strong>en</strong>t une gestiontraditionnelle <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant qu’une réforme profon<strong>de</strong> ne conduise à une « gestionintégrée » » 244 .On retrouvera dans la commission technique du concours traitant spécifiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts collectifs les noms <strong>de</strong> Jean Pellerano (secrétaire <strong>de</strong> la commission interministérielle <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts intégrés) et <strong>de</strong> D<strong>en</strong>ise Ragu (Spécialiste <strong>de</strong> ces questions à l’IAURP).L’organisation <strong>de</strong> la trame urbaine préconisée dans le programme du concours doit être structurée parune artère urbaine principale, le Grand Boulevard. Cet axe piéton, «propice à la flânerie » doit êtrerythmé par <strong>de</strong>s « pôles » regroupant les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> quartier. Ces pôles associ<strong>en</strong>t <strong>de</strong> manière dualeet similaire à la configuration du c<strong>en</strong>tre urbain régional (CUR) d’une part <strong>de</strong>s commerces et <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tres socioculturels ou socio-éducatifs. Ces <strong>de</strong>rniers correspond<strong>en</strong>t peu ou prou dans leur programmeaux C<strong>en</strong>tres Educatif et Culturels expérim<strong>en</strong>tés à Yerres et à Gr<strong>en</strong>oble dont ils repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t toutes lescomposantes (collège d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire, restauration, salle <strong>de</strong> spectacle, MJC avec sesateliers,…). La continuité d’animation <strong>en</strong>tre ces pôles est assurée par l’implantation d’équipem<strong>en</strong>tssecondaires le long du Grand Boulevard, tels que <strong>de</strong>s LCR, <strong>de</strong>s bureaux et <strong>de</strong>s locaux artisanaux. Cetteorganisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts est étroitem<strong>en</strong>t liée à l’organisation <strong>de</strong>s réseaux viaires avec uneséparation <strong>de</strong>s flux et l’organisation d’un cheminem<strong>en</strong>t piéton continu.Le rôle structurant et animant <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif par rapport à l’espace urbainest clairem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sé par le programme du concours <strong>de</strong> manière bipolaire avec côté<strong>ville</strong>, <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres socio-éducatifs intégrés comme pièces maîtresses <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>c<strong>en</strong>tralité et côté jardin <strong>de</strong>s parcs, comme élém<strong>en</strong>ts répondant aux préoccupations<strong>nouvelle</strong>s d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et comme élém<strong>en</strong>ts fédérant tout un <strong>en</strong>semble d’équipem<strong>en</strong>tssecondaires (c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance, gymnases, terrains <strong>de</strong> sport).Le c<strong>en</strong>tre socio-éducatif côté <strong>ville</strong>, le parc côté nature s’impos<strong>en</strong>t donc comme les<strong>de</strong>ux formes programmatiques majeures et innovantes <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, commeles <strong>de</strong>ux « pôles intégrateurs » et c’est du reste ces <strong>de</strong>ux composantes privilégiées que l’ontretrouvera dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gérard Vinc<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> Paulette Lafrasse sur les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> superstructured’Evry.Par rapport à ces exig<strong>en</strong>ces, les réponses exploit<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t le principe d’interdép<strong>en</strong>dance <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés et l’espace piétonnier : « les équipem<strong>en</strong>ts collectifs et les pôles d’activité doiv<strong>en</strong>têtre conçus comme le prolongem<strong>en</strong>t couvert et clos <strong>de</strong> l’espace urbain » 245 . Trois thématiquesprincipales sont exploitées qui ne sont pas nécessairem<strong>en</strong>t toutes compatibles <strong>en</strong>tre elles:- la décomposition <strong>de</strong>s programmes <strong>en</strong> fonctions et la réorganisation <strong>de</strong> ces fonctions le long<strong>de</strong>s espaces piétonniers- le principe d’une structure évolutive capable d’accueillir dans le temps les différ<strong>en</strong>tesactivités. Le projet d’UCY nomme cela une « structure d’accueil » longeant l’espace piéton.Le projet d’EUREVRY <strong>en</strong> fait lui la matrice même <strong>de</strong> l’espace urbain, défini comme espacecapable et comme méga-équipem<strong>en</strong>t intégré (la « Mégatrame »).- Conformém<strong>en</strong>t à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du programme, la plupart <strong>de</strong>s équipes mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant lapossibilité du choix <strong>en</strong>tre un fonctionnem<strong>en</strong>t intégré <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et un fonctionnem<strong>en</strong>ttraditionnel. Cette alternative répond aux incertitu<strong>de</strong>s concernant les possibilités <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong> ces établissem<strong>en</strong>t. L’équipe UCY offre sur ce plan la réponse la plus détaillée <strong>en</strong>concevant une organisation spatiale qui permette trois formes <strong>de</strong> gestion, gestion séparée<strong>de</strong>s services, gestion « associée » où tous les établissem<strong>en</strong>ts collabor<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong>s servicescommuns et <strong>en</strong>fin gestion « intégrée » avec une direction générale unique.L’<strong>en</strong>jeu explicite et directif d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts conduit les équipes <strong>en</strong> lice à se munir <strong>de</strong>spécialistes <strong>en</strong> la matière. De manière significative, les <strong>de</strong>ux équipes <strong>en</strong>tre lesquelles le choix final a été244 Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°31, p19.245 Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°31, exposé du projet UCY, p57.79


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIItranché étai<strong>en</strong>t chacune pourvues d’appuis soli<strong>de</strong>s dans le domaine <strong>de</strong> la programmation et dans celui<strong>de</strong> la coordination <strong>de</strong>s services. Du côté du projet EUREVRY, l’AUA s’est adjoint pour traiter cettequestion, les services d’une équipe gr<strong>en</strong>obloise, le GAP, Groupe d’Architecture et Pédagogie <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble. Quant à l’équipe lauréate <strong>de</strong> l’UCY, le souti<strong>en</strong> est <strong>en</strong>core plus significatif au point que l’on peuttabler sans risque sur le rôle important <strong>de</strong> ce souti<strong>en</strong> dans le succès <strong>de</strong> l’équipe. Vont ainsi apporter leurconcours Jean A<strong>de</strong>r <strong>en</strong> tant pédagogue spécialisé dans la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires et<strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés, et la SCOOPER pour les étu<strong>de</strong>s socio-économiques (avec Gérard Héliot). Acela il faut ajouter l’implication <strong>de</strong> la SCAU dont les membres (Autran, Greber, Macary et Zubl<strong>en</strong>a) sontpar ailleurs impliqués dans l’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong> Marne-la-Vallée 246 . Si l’on ti<strong>en</strong>t compte du fait que GérardThurnauer était membre du Jury ainsi que Joseph Belmont (qui fait partie à l’époque avec Jean A<strong>de</strong>r etPierre Riboulet, comme on l’a vu précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, du bureau d’étu<strong>de</strong> l’AREA créé par Paul Chaslin etAugustin Girard) on peut raisonnablem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser que le volet «équipem<strong>en</strong>ts intégrés » <strong>de</strong> l’équipelauréate était particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> phase avec les att<strong>en</strong>tes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs !Comme on pouvait s’y att<strong>en</strong>dre, l’équipe du projet UCY est id<strong>en</strong>tifiée comme l’équipe accordant le plusd’importance à ces questions non seulem<strong>en</strong>t pour la stature <strong>de</strong> la composante sci<strong>en</strong>ces humaines <strong>de</strong>son équipe mais aussi pour le r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t d’approche <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la forme urbaine, p<strong>en</strong>sée nonplus à partir du plein c’est-à-dire du logem<strong>en</strong>t mais au contraire à partir du vi<strong>de</strong> c’est-à-dire <strong>de</strong>s espacesurbains et <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts. L’UCY « déclare s’intéresser avant tout à la sculpture <strong>en</strong> creux <strong>de</strong> l’espace<strong>de</strong> la vie urbaine qu’il nomme « espace public » <strong>en</strong> donnant à ce terme un s<strong>en</strong>s très large puisque leséquipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> font partie intégrante. Ils sont considérés comme le prolongem<strong>en</strong>t couvert et clos, àusage plus ou moins spécialisé <strong>de</strong>s espaces publics extérieurs » 247 .Cette puissance <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> l’équipe UCY se manifeste au niveau <strong>de</strong> l’organisation urbanistique <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts, elle se manifeste aussi dans l’architecturation <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> particulier dans ladéfinition <strong>de</strong>s espaces scolaires. On retrouve à ce niveau les préconisations <strong>de</strong> Jean A<strong>de</strong>r faites pour leséquipem<strong>en</strong>ts du quartier <strong>de</strong> l’Arlequin à la Vill<strong>en</strong>euve et pour le CEC d’Istres, <strong>en</strong> particulier l’organisationdu collège <strong>en</strong> « maisons » qui sont autant d’unités <strong>de</strong> vie sociale associant aux salles <strong>de</strong> classes <strong>de</strong>sespaces <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> vie (coins réunion, docum<strong>en</strong>tation, etc.).Autour du projet UCY se noue ainsi sur le sujet <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés un li<strong>en</strong> <strong>de</strong> personnes <strong>en</strong>treMacary, A<strong>de</strong>r et Héliot et un li<strong>en</strong> théorique <strong>en</strong>tre l’expéri<strong>en</strong>ce du Vaudreuil, celle d’Evry et celle <strong>de</strong>Marne-la-Vallée. On retrouvera d’ailleurs A<strong>de</strong>r et la SCOOPER impliqués dans la programmation <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts à L’Arche-Guédon puis au Luzard. Les graphes et les tableaux à double <strong>en</strong>trée établis parla SCOOPER pour l’organisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts au Vaudreuil qui sont la signature la plus manifeste<strong>de</strong> la formule initiale <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré, sont exploités significativem<strong>en</strong>t dans le dossier <strong>de</strong>concours d’UCY pour Evry I comme ils le seront plus tard dans la planification du quartier <strong>de</strong>s Luzards[voir Planche 01].Des concours proches <strong>de</strong> celui d’Evry, le germe <strong>de</strong> Ville au Vaudreuil et le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ST Bonnet le Lac à l’Isle d’Abeau.Ces <strong>de</strong>ux concours ambitieux particip<strong>en</strong>t d’une démarche similaire à celle d’Evry I, que ce soit dans ladéfinition <strong>de</strong>s objectifs (concours global accordant une gran<strong>de</strong> importance à la définition <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts, recommandations sur l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, etc.) ou dans les modalitésd’organisation <strong>de</strong> la consultation (type d’équipes consultées, phases successives et importance <strong>de</strong>scommissions comme vecteur <strong>de</strong> mobilisation et <strong>de</strong> confrontation <strong>de</strong> tous les acteurs <strong>en</strong>gagés dansl’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s).Lancé <strong>en</strong> juillet 1974, le concours <strong>de</strong> St Bonnet est très proche dans sa procédure <strong>de</strong> celui d’Evry(concours associant concepteurs et promoteurs, organisation <strong>en</strong> plusieurs phases).Comme dans les concours précéd<strong>en</strong>ts, la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts ti<strong>en</strong>t une gran<strong>de</strong> place avec undiscours similaire sur l’utilité <strong>de</strong> leur intégration. Cette conception s’accompagne d’un discourssociologique sur le r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong> la vie sociale : « La conception du rôle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts passe, pourles concurr<strong>en</strong>ts, par la définition du «style <strong>de</strong> vie » auquel correspondra le type <strong>de</strong> <strong>ville</strong> proposé.Imaginant le programme <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts év<strong>en</strong>tuels et les liaisons nécessaires pour animer le quartier246 M. Macary nous a confirmé dans l’interview qu’il nous a accordé avoir travaillé plus particulièrem<strong>en</strong>t dans le cadre duconcours sur la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et il a souligné le li<strong>en</strong> privilégié noué à l’occasion d’Evry I avec G. Héliot et avec J.A<strong>de</strong>r.247 Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, n°31, « Analyse comparée <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts projets », p8380


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III<strong>de</strong> St Bonnet et susciter un décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> systèmes relationnels, les concepteurs <strong>de</strong>vrai<strong>en</strong>t se fixercomme objectif l’adaptation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts à <strong>de</strong> nouveaux besoins fonctionnels et la mise <strong>en</strong> relation<strong>de</strong> leurs usagers » 248 .L’originalité du concours est certainem<strong>en</strong>t la désignation du c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong> comme étant l’<strong>en</strong>jeu principal etla réflexion sur l’organisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux qui l’accompagne. A la suite <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces<strong>de</strong> Cergy, d’Evry et <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, la réflexion porte sur la manière <strong>de</strong> « démarrer » le c<strong>en</strong>tre et surses possibilités d’évolution ainsi que sur les relations <strong>en</strong>tre ces différ<strong>en</strong>tes composantes privées etpubliques, <strong>en</strong> particulier la place faite au commerce.Le tournant du val Maubuée ou la confrontation <strong>en</strong>tre le discours social <strong>de</strong>l’intégration et l’évolution du discours architectural et urbain.L’originalité du concours <strong>de</strong>s coteaux du val Maubuée qui s’est déroulé sur une longue pério<strong>de</strong> (<strong>de</strong> février1973 à janvier 75) ti<strong>en</strong>t d’abord dans son déroulem<strong>en</strong>t puisqu’il compr<strong>en</strong>ait plusieurs phases opérant unedistinction assez nette <strong>en</strong>tre l’approche architecturale et l’approche urbanistique et qu’il était organisé <strong>de</strong>manière à permettre l’expression <strong>de</strong> jeunes architectes. Une première phase portait <strong>en</strong> effet sur la celluleet l’immeuble (<strong>en</strong> tant que procédé constructif), une <strong>de</strong>uxième sur l’organisation générale <strong>de</strong>s quartiersavec leurs équipem<strong>en</strong>ts, une troisième <strong>en</strong>fin sur la mise au point définitive <strong>de</strong>s projets avecl’EPAMARNE. Contrairem<strong>en</strong>t aux concours d’Evry, du Vaudreuil et <strong>de</strong> St Bonnet, les équipes appeléesà concourir dans un premier temps ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas les promoteurs. Ceux-ci sont sollicités dans unsecond temps.L’originalité ti<strong>en</strong>t aussi dans le caractère directif du concours avec la définition d’un certain nombred’objectifs auxquels se doiv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> répondre les équipes. Parmi ceux-ci l’intégration <strong>en</strong> tant que remise<strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong>s fonctions urbaines figure <strong>en</strong> bonne place. Le mélange <strong>de</strong>sfonctions urbaines suppose « la flexibilité et la capacité d’évolution <strong>de</strong>s structures construites ».D’autres notions telle que celle <strong>de</strong> « paysage global » et <strong>de</strong> « paysage urbain » comme « facteurd’id<strong>en</strong>tification et d’appropriation par les habitants » font leur apparition 249 .L’énoncé <strong>de</strong>s objectifs sociaux et culturels est finalem<strong>en</strong>t assez succin. Il comporte trois termes, leséquipem<strong>en</strong>ts, la vie du quartier et l’animation du quartier.L’association <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux et vis-à-vis <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts fait partie <strong>de</strong>s recommandations« L’association <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux et vis-à-vis <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts (intégration ou juxtaposition)<strong>de</strong>vait être conçue comme un réseau à la taille du quartier, t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong>s aspects fonctionnels etadministratifs, <strong>de</strong> leur articulation avec les cheminem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> leur fonction d’animation ».On notera que l’énoncé du concours fait référ<strong>en</strong>ce à la notion <strong>de</strong> réseau ainsi qu’à la vie <strong>de</strong>s « groupessociaux particuliers » qui doiv<strong>en</strong>t trouver <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts adaptés. Sous-jac<strong>en</strong>t, il y a l’idée dérivée <strong>de</strong>sthéories du Vaudreuil que l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts n’est qu’une modalité parmi d’autre <strong>de</strong>l’organisation et <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts dans un quartier ou un secteur urbain.On notera <strong>en</strong>fin que la politique d’animation et les moy<strong>en</strong>s que compte y consacrer l’équipe candidatefont partie <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> sélection.Les directives du programme <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième phase du concours repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t et détaill<strong>en</strong>t ces objectifs.L’objectif visé est celui « d’une organisation <strong>de</strong>s locaux offrant <strong>de</strong>s possibilités <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong>fonctionnem<strong>en</strong>t par rapport à un équipem<strong>en</strong>t traditionnel. L’acc<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vait être mis sur les équipem<strong>en</strong>tsd’animation du quartier, sur les loisirs, sur l’action éducative continue, sur la r<strong>en</strong>contre favorisant lacoordination d’activités m<strong>en</strong>ées habituellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> parallèle » 250 . L’utilisation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes formulesd’équipem<strong>en</strong>ts intégrés est explicitem<strong>en</strong>t recommandée (CLAE, C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance, CEC et maison <strong>de</strong>quartier). Les li<strong>en</strong>s avec les espaces naturels et notamm<strong>en</strong>t les plans d’eau sont aussi <strong>en</strong>couragés. Leprogramme prévoit ainsi la création d’une « maison du bord <strong>de</strong> l’eau ».Cet énoncé du concours du val Maubuée s’inscrit donc <strong>en</strong> droite ligne <strong>de</strong> celui d’Evry I. S’y manifesteclairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>ts l’approche développée par Michel Macary <strong>en</strong> liaison avec JeanA<strong>de</strong>r et Gérard Héliot à l’Arche-Guédon puis à Evry I 251 .Ainsi, la première phase du concours portait <strong>en</strong> fait non seulem<strong>en</strong>t sur la cellule et le procédé constructif<strong>de</strong> l’immeuble mais aussi sur la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires. Implicitem<strong>en</strong>t dans l’énoncé248 « L’Isle d’Abeau Ville Nouvelle, St Bonnet le Lac, consultation d’urbanisme » EPIDA 26 sept 1974, chap. 5,« Objectifs Qualitatifs » [MV 2079/11.VN]249 « le concours <strong>de</strong>s Coteaux <strong>de</strong> Maubuée », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, vol 39, mai 1975, p8-9.250 « le concours <strong>de</strong>s Coteaux <strong>de</strong> Maubuée », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, vol 39, mai 1975, p27.251 Voir <strong>en</strong> annexe, interview <strong>de</strong> M. Macary par A. Korganow le 19/03/200481


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIl’équipem<strong>en</strong>t scolaire et l’immeuble <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts sont associés dans une même démarche d’élaborationd’un système constructif : « Il fallait expliquer, à partir d’un procédé constructif, le principe directeur <strong>de</strong>génération <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> cellule d’habitat, et <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires. Si les procédés étai<strong>en</strong>tdiffér<strong>en</strong>ts pour la cellule et les équipem<strong>en</strong>ts, il était <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> préciser chacun d’<strong>en</strong>tre eux.S’attachant <strong>de</strong> plus près à l’organisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts par rapport à l’habitat, les concurr<strong>en</strong>ts<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite éprouver, théorie et graphique à l’appui, le bon fonctionnem<strong>en</strong>t et la plasticité <strong>de</strong> leurprocédé constructif appliqué à la liaison logem<strong>en</strong>t-équipem<strong>en</strong>ts » 252 .Dès lors ri<strong>en</strong> d’étonnant à ce que les systèmes modulaires et combinatoires plus ou moins proliférantssoi<strong>en</strong>t prédominants dans les réponses. L’intégration est surtout p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t au système générateur <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts plus qu’aux interactions <strong>en</strong>tre équipem<strong>en</strong>ts. Lediscours sur la nécessaire évolutivité dans le temps <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t sert <strong>de</strong> justification.Par rapport à ce tableau du concours du Val Maubuée finalem<strong>en</strong>t très proche <strong>de</strong> celui d’Evry I, <strong>de</strong>uxévolutions significatives font néanmoins leur apparition qui marqu<strong>en</strong>t le point <strong>de</strong> départ d’une <strong>nouvelle</strong>génération d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Tout d’abord au niveau <strong>de</strong> l’énoncé du concours du Val Maubuée, l’évolution la plus significative concernela conception <strong>de</strong> la concertation : ce n’est pas ou ce n’est plus la concertation avec les différ<strong>en</strong>tesadministrations c<strong>en</strong>trales qui est préconisée mais la concertation avec les élus locaux. L’<strong>en</strong>jeu vis-à-vis<strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts n’est plus la coordination <strong>en</strong>tre administrations mais la compatibilité <strong>en</strong>tre lesexig<strong>en</strong>ces architecturales et urbaines d’un côté et les exig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’autre.Plus que dans l’énoncé du concours, c’est <strong>en</strong> fait dans la singularité <strong>de</strong> la réponse <strong>de</strong> quelques équipes,<strong>en</strong> particulier celle <strong>de</strong> l’équipe d’Eupalinos Corner, saluée <strong>en</strong> son temps et largem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>tée, quese situe le changem<strong>en</strong>t par rapport au concours d’Evry I. La conception <strong>de</strong> l’intégration associée auxsystèmes informels, à la mégastructure, est dénoncée par cette équipe qui prône le recours à <strong>de</strong>sformes urbaines traditionnelles.L’équipem<strong>en</strong>t collectif retrouve dans ces conditions une autonomie et une visibilité. Paradoxalem<strong>en</strong>tc’est la seule équipe qui, dans son souci <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tier et <strong>de</strong> formaliser va proposer un dispositifsusceptible d’assurer <strong>de</strong>s liaisons inter-équipem<strong>en</strong>ts, ce que l’équipe a nommé « la galerie <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts ». Le projet d’Eupalinos Corner marque <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue le début d’une pério<strong>de</strong> singulièredans la trajectoire <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> qui est celle du détachem<strong>en</strong>t parrapport aux formes urbaines mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> la dalle, <strong>de</strong> la mégastructure au profit d’une confrontation avecles formes traditionnelles <strong>de</strong> structuration urbaine, <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> l’espace public et <strong>de</strong> l’édifice public.Le rejet <strong>de</strong> l’intégration comme notion urbanistique dans le concours du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong><strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> YvelinesQue reste t’il <strong>de</strong> la notion d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts au mom<strong>en</strong>t du concours <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong>1981?.Un pré-projet initial établi par l’IAURIF donne le ton <strong>en</strong> promouvant le retour aux formes urbainestraditionnelles suivant un énoncé exemplaire comme avait pu l’être <strong>en</strong> son temps celui <strong>de</strong> Villetaneuse.Tout y est, retour à la trame urbaine et au découpage parcellaire, exploitation <strong>de</strong> la notion d’îlot et <strong>de</strong> lanotion <strong>de</strong> corps <strong>de</strong> règles déterminant les conditions <strong>de</strong> constructibilité dans chaque îlot, le marquage duc<strong>en</strong>tre par <strong>de</strong>s portes et <strong>de</strong>s fronts urbains : « pourquoi ne pourrait-on pas créer un tissu urbain nouveau<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong> reproduisant les processus même qui créé puis fait évoluer tous les tissus urbains<strong>de</strong>puis leur origine. » 253L’intégration apparaît ainsi à contrario clairem<strong>en</strong>t rejetée car attachée à une conception architecturale ettechnique <strong>de</strong> la structure urbaine, la mégastructure, à laquelle s’oppos<strong>en</strong>t les logiques <strong>de</strong> découpagetraditionnel <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, la parcelle et l’îlot.L’équipem<strong>en</strong>t collectif dans cette organisation urbaine ti<strong>en</strong>t une place moindre. Il n’y est même pas faitréfér<strong>en</strong>ce dans le couplet sur le marquage du c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong>. Au contraire l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> « l’espacepublic » ti<strong>en</strong>t une place c<strong>en</strong>trale, donnant lieu à une déclinaison détaillée : l’av<strong>en</strong>ue c<strong>en</strong>trale, la place duCarrousel, la Grand’Place, L’esplana<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Gare, les remparts, etc.Pourtant le thème d’une inv<strong>en</strong>tion programmatique ne disparaît pas totalem<strong>en</strong>t. Comme celaapparaissait déjà pour le concours <strong>de</strong>s coteaux <strong>de</strong> Maubuée mais <strong>de</strong> manière <strong>en</strong>core plus marquée,252 « le concours <strong>de</strong>s Coteaux <strong>de</strong> Maubuée », Les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, vol 39, mai 1975, p13.253 EPASQY, « Cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines » , Les cahiers <strong>de</strong> l’IAURIF, vol. 64, 1981, p11.82


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIcelui-ci se manifeste le plus au niveau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirs <strong>en</strong> liaison avec les zones naturelles(étang et base <strong>de</strong> loisirs). C’est dans ce domaine que l’on trouve <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>sassemblages inédits, telle cette maison du corps et <strong>de</strong> l’eau comparable à celle imaginée à Marne-la-Vallée ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s Arènes ou un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> jardinage...De même la préconisation <strong>de</strong> l’implantation d’un édifice public « contribuant à l’image« loisir » du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> » reste un <strong>en</strong>jeu fort du c<strong>en</strong>tre, <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’activité commerciale.Elle trouve une résolution dans la proposition d’une <strong>de</strong>s équipes (Cornet-Vernet-Nunez-Yanowski) <strong>de</strong>réaliser une gran<strong>de</strong> serre tropicale. Le principe <strong>de</strong> cette serre découle pour partie <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>sespaces publics couverts <strong>de</strong> type passage ou forum : comme pour l’Agora d’Evry ou la place <strong>de</strong>s Arts <strong>de</strong>Cergy, son implantation au c<strong>en</strong>tre doit v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> contrepoint du dispositif commercial : « Cet équipem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> loisirs doit v<strong>en</strong>ir compléter <strong>en</strong> première phase les équipem<strong>en</strong>ts commerciaux <strong>de</strong> la Grand’Place. Danscet esprit, le financem<strong>en</strong>t dégagé par la mise <strong>en</strong> promotion du programme immobilier <strong>de</strong> la Grand’Placepermettra l’étu<strong>de</strong> et la réalisation pour une mise <strong>en</strong> service simultanée <strong>de</strong> la serre tropicale parl’Etablissem<strong>en</strong>t Public » 254 .Mais l’heure est à la rupture et le comm<strong>en</strong>taire rapporté dans les Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP sur cetteproposition met franchem<strong>en</strong>t l’acc<strong>en</strong>t sur la par<strong>en</strong>té <strong>de</strong> cette proposition avec le type architecturalformalisé au XIX ème plus qu’avec les formes d’atrium expérim<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> : « L’Etablissem<strong>en</strong>tPublic d’Aménagem<strong>en</strong>t souhaite néanmoins <strong>en</strong> faire un véritable « jardin d’hiver » autre lieu <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> etnon simplem<strong>en</strong>t un atrium regroupant tous les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirs » 255 .254 Les cahiers <strong>de</strong> l’IAURIF, vol. 64, 1981, p6.255 Les cahiers <strong>de</strong> l’IAURIF, vol. 64, 1981, p6.83


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIIII.2 – AGORA VERSUS SHOPPING MALL: La conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux <strong>de</strong>sVilles Nouvelles face aux c<strong>en</strong>tres commerciauxCette partie <strong>de</strong> la recherche est consacrée à l’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s relations <strong>en</strong>tre les équipem<strong>en</strong>tsintégrés et les c<strong>en</strong>tres commerciaux régionaux dans le cadre <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres UrbainsRégionaux <strong>de</strong>s Villes Nouvelles. Il s’agit <strong>en</strong> particulier <strong>de</strong> montrer comm<strong>en</strong>t la formalisation <strong>de</strong>s modèlesarchitecturaux <strong>de</strong>s premiers est issue <strong>en</strong> partie <strong>de</strong> l’exist<strong>en</strong>ce au départ d’un modèle correspondant aux<strong>de</strong>rniers.L’analyse <strong>de</strong>s premières actions <strong>de</strong> l’Institut d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>nepour les questions relatives aux équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux doit nous permettre <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t cesquestions ont été divisées <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux : <strong>de</strong>ux fonctions et <strong>de</strong>ux types d’acteurs. A partir <strong>de</strong> là nousétudierons plus <strong>en</strong> détail dans ce chapitre les acteurs qui fur<strong>en</strong>t liés à l’équipem<strong>en</strong>t commercial afin <strong>de</strong>compr<strong>en</strong>dre leurs mo<strong>de</strong>s d’action, leurs cadres <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce et les modèles dont ils sont porteurs.Ensuite nous reconstituerons l’action <strong>de</strong> ces acteurs dans la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains Régionauxafin <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t cette action a pu alim<strong>en</strong>ter la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrésc<strong>en</strong>traux.III.2.1 - La double ori<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’IAURPLa question <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la région parisi<strong>en</strong>ne ne date pas <strong>de</strong> l’époque <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s mais est au contraire aussi vieille que l’accélération <strong>de</strong> l’urbanisation <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière à partirdu début du siècle.Dès l’après-guerre première guerre mondiale, alors que la France est <strong>en</strong> train <strong>de</strong> passer d’un pays rural àun pays urbain, l’ext<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> la banlieue parisi<strong>en</strong>ne se signale par son caractère désordonné et <strong>en</strong>particulier son sous-équipem<strong>en</strong>t chronique faute <strong>de</strong> l’exist<strong>en</strong>ce d’un urbanisme digne <strong>de</strong> ce nom. L’aprèssecon<strong>de</strong> guerre mondiale qui voit la naissance d’une véritable politique d’état <strong>en</strong> matière d’urbanismeavec l’établissem<strong>en</strong>t du PADOG pour la Région Parisi<strong>en</strong>ne ne parvi<strong>en</strong>t pourtant pas à contrôler ledéveloppem<strong>en</strong>t urbain ni à réduire ce sous-équipem<strong>en</strong>t. Lorsqu’une <strong>nouvelle</strong> équipe se met <strong>en</strong> place pourfaire passe la politique urbanistique à une autre échelle, une question c<strong>en</strong>trale se pose donc, celle <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t.Equipem<strong>en</strong>t commercial et équipem<strong>en</strong>t socio-culturelOn peut donc voir la politique <strong>de</strong> l’IAURP comme une réponse à ce défit qu’a exacerbé la construction<strong>de</strong>s Grands Ensembles. Qu’est <strong>en</strong> effet le SDAURP <strong>de</strong> 1965, sinon la programmation à gran<strong>de</strong> échelled’un vaste équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne ? Mais si dans les objectifs duSDAURP la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts est abordée comme problème principal, ell<strong>en</strong>’est pas pour autant approfondie :« Il indique les élém<strong>en</strong>ts majeurs d’équipem<strong>en</strong>t qui seront nécessaires pour que cesfonctions [transports, activités, loisirs] soi<strong>en</strong>t assurées conformém<strong>en</strong>t aux besoins. Mais ilne constitue pas un plan d’équipem<strong>en</strong>t, avec ce que cette expression impliqued’énumération exhaustive, <strong>de</strong> chiffrage rigoureux et d’échéancier précis. » 256Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s prévisions quantitatives difficiles à définir à l’échéance 2000, ce qui frappe lelecteur du SDAURP est l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> réflexion sur la notion d’équipem<strong>en</strong>t. Elle semble évid<strong>en</strong>te et ne faitl’objet d’aucune définition, ni développem<strong>en</strong>t. C’est à travers <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts annexes et progressivem<strong>en</strong>tque la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts doit être précisée. Il ne semble donc pas exister <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée unifiée àpropos <strong>de</strong> cette question. Au contraire, très tôt on assiste à sa fragm<strong>en</strong>tation <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts mo<strong>de</strong>sd’étu<strong>de</strong> qui va se traduire dans un affrontem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s modèles proposés.256 Schéma Directeur d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Paris, Paris, District <strong>de</strong> la Région <strong>de</strong> Paris, 1965, p.37. Néanmoins, un docum<strong>en</strong>t annexe est prévu. Nommé « Objectifs 1975 », il doit répercuter les besoins <strong>de</strong> l’époque et lesori<strong>en</strong>tations définies dans le SDAURP pour une planification à une échéance courte (dix ans).84


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIUn <strong>de</strong>s premiers docum<strong>en</strong>ts publiés <strong>en</strong> matière d’équipem<strong>en</strong>t est la «Programmation <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tresCommerciaux Régionaux et Intercommunaux <strong>en</strong> Région Parisi<strong>en</strong>ne » 257 qui définit une armaturecommerciale pour l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne basée sur un modèle particulier d’architecturecommerciale, le C<strong>en</strong>tre Commercial traduction littérale du Shopping C<strong>en</strong>ter américain, proposé à <strong>de</strong>uxéchelles, régionale et intercommunale. Dans ce docum<strong>en</strong>t, l’équipem<strong>en</strong>t commercial est explicitem<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>sé comme la locomotive indisp<strong>en</strong>sable <strong>de</strong> la restructuration et <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la RégionParisi<strong>en</strong>ne : ainsi la plupart <strong>de</strong> sites d’implantation <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres d’échelle régionale suiv<strong>en</strong>t la structuredéveloppée par le SDAURP et <strong>en</strong> particulier les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s programmées : Créteil, Noisy, Cergy,Evry, Trappes, Tigéry-Lieusaint, etc 258 .Face à cette prise <strong>en</strong> compte très tôt <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t commercial dans la mise <strong>en</strong> place du SDAURP et<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s Villes Nouvelles qui lui est attachée, la question <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière socioculturellesemble plus diffuse. Ainsi, l’IAURP ne produira pas <strong>de</strong> programmation du même type maiss’attachera plus tard (<strong>en</strong> 1969) et poussé par le SGGCVN à développer un programme d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>sexemples d’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce type <strong>en</strong> France et <strong>en</strong> Europe.Consultants contre missionsCette différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> régime <strong>en</strong>tre équipem<strong>en</strong>t commercial et équipem<strong>en</strong>t socio-culturel est r<strong>en</strong>forcée parle mo<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong> et donc les acteurs mobilisés. Ainsi afin <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus ponctuelles etplus précises <strong>de</strong>vant permettre la mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong> la programmation <strong>en</strong> équipem<strong>en</strong>ts commerciaux <strong>de</strong>1965, l’IAURP choisit <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong>s consultants américains qui ont été les principaux théorici<strong>en</strong>sdu modèle du Shopping C<strong>en</strong>ter dit « <strong>de</strong> troisième génération » 259 . Face à ces étu<strong>de</strong>s externes portant surl’armature commerciale, c’est <strong>en</strong> interne que la question <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel sera étudiée avec<strong>en</strong> particulier comme nous l’avons signalé la mission m<strong>en</strong>ée par D<strong>en</strong>ise Ragu et Jacques Lécureuil 260 .On voit donc que les réflexions sur <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts principaux <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s VillesNouvelles sont portées par <strong>de</strong>ux groupes d’acteurs différ<strong>en</strong>ts. D’un côté on recherche l’efficacité du côtédu savoir-faire américain, <strong>de</strong> l’autre on recherche les démarches expérim<strong>en</strong>tales <strong>en</strong> ori<strong>en</strong>tant son regardsur l’Europe.La dichotomie <strong>en</strong>tre commerce à l’américaine et socio-culturel à l’europé<strong>en</strong>ne va se poursuivre et ser<strong>en</strong>forcer lorsque la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>en</strong>tre dans sa phase opérationnelle.Ainsi la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux reste confié à <strong>de</strong>s acteurs externes et privés, lespromoteurs commerciaux, alors que celle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés est prise <strong>en</strong> charge par <strong>de</strong>s acteurspublics issus <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> l’IAURP, les Missions d’Aménagem<strong>en</strong>t puis Etablissem<strong>en</strong>t Publicd’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> chaque Ville Nouvelle.Cette division <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s grands équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux types d’acteurs bi<strong>en</strong>différ<strong>en</strong>ciés n’est pas équilibrée, bi<strong>en</strong> au contraire. Tout d’abord, les acteurs externes privés sont dès ledépart structurés et formalisés. Les consultants américains sont <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises existant <strong>de</strong>puis ledébut <strong>de</strong>s années 1950. Les promoteurs commerciaux français se constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le milieu <strong>de</strong>sannées 1950 et la fin <strong>de</strong>s années 1960. Les Missions sont par contre peu formalisées et peu structuréesau début <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s Villes Nouvelles. Surtout, ils sont porteurs <strong>de</strong> modèlesarchitecturaux dont la formalisation est très différ<strong>en</strong>te. D’un côté, avec les consultants et les promoteurs,nous trouvons un modèle <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre commercial très clairem<strong>en</strong>t défini dès le départ, celui du shoppingc<strong>en</strong>ter américain. De l’autre, avec les missions, nous trouvons au départ une abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> modèle pourl’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral.257 S. Goldberg & G. Edouard, Programmation <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux Régionaux et Intercommunaux <strong>en</strong> RégionParisi<strong>en</strong>ne, Paris, IAURP, 1965.258 Il est clair que la question du commerce <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t cruciale à cette époque. Les aménageurs voi<strong>en</strong>t la mise <strong>en</strong> placeprogressive d’équipem<strong>en</strong>ts commerciaux dans la Région Parisi<strong>en</strong>ne leur échapper totalem<strong>en</strong>t. On peut citer l’ouverture dès1963 aux portes du territoire <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry du premier hypermarché, celui <strong>de</strong> Sainte G<strong>en</strong>eviève <strong>de</strong>s Bois, puisl’ouverture <strong>en</strong> 1965 du premier C<strong>en</strong>tre Commercial Régional, Parly 2. Le fait <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong>s spécialistes procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> cetteinquiétu<strong>de</strong>, il faut réagir vite et fortem<strong>en</strong>t, d’où le souci d’efficacité qui gui<strong>de</strong> les décisions <strong>de</strong> l’IAURP.259 Au mom<strong>en</strong>t où la formule <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux régionaux est importée <strong>en</strong> France, ceux-ci ont déjà connu outre-Atlantique plusieurs évolutions successives. Le modèle dit <strong>de</strong> troisième génération comporte <strong>de</strong>ux grands magasins reliés<strong>en</strong>tre eux par un mail fermé dit mall et accompagné d’une architecture luxueuse. Voir à ce sujet, Anne Fournié,Planification et production <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux régionaux <strong>en</strong> France <strong>de</strong> 1965 à 1981, Thèse <strong>de</strong> doctorat <strong>de</strong>3 ème cycle, Université Paris XII, 1982, p. 27.260 Voir supra « Le rôle <strong>de</strong> l’IAURP ». L’équipem<strong>en</strong>t socio-culturel qui reste <strong>en</strong>core du domaine <strong>de</strong> l’action publique n’est passoumis aux mêmes impératifs que l’équipem<strong>en</strong>t commercial. D’où une approche plus expérim<strong>en</strong>tale.85


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIICe déséquilibre à la fois au niveau <strong>de</strong> la chronologie mais aussi au niveau <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong>sacteurs et <strong>de</strong>s modèles <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce conforte notre hypothèse <strong>de</strong> travail à savoir que la construction d’unmodèle pour l’équipem<strong>en</strong>t intégré du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> a été fortem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cée par le modèle dushopping c<strong>en</strong>ter.III.2.2 - Les acteurs <strong>de</strong> l’urbanisme commercial et leurs modèlesLes acteurs externes <strong>de</strong> cette petite pièce qu’a pu être la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts commerciaux<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains régionaux <strong>de</strong>s Villes Nouvelles fur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types : les consultants et lespromoteurs commerciaux.Les consultants : le cas Victor Gru<strong>en</strong>Pour répondre à la question préoccupante <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t commercial <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong> France, très tôtl’IAURP établit un plan <strong>de</strong>s implantations et fait appel à <strong>de</strong>s consultants. Ponctuellem<strong>en</strong>t nous trouvonsd’abord le cabinet d’étu<strong>de</strong> Larry Smith & Co qui étudie la faisabilité économique <strong>de</strong> certains c<strong>en</strong>tres 261 .Mais le consultant qui a eu un rôle très important dans la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s estVictor Gru<strong>en</strong>, un architecte et urbaniste spécialisé dans la question du commerce 262 . Il est employé dès1967 par l’IAURP pour travailler sur les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Réformer l’architecture commerciale: le shopping mallLe modèle du mall n’est pas né <strong>en</strong> un laps <strong>de</strong> temps très court mais au contraire est le fruit d’une longueévolution et <strong>de</strong> la réflexion <strong>de</strong> nombreux concepteurs. Il est notamm<strong>en</strong>t le produit du développem<strong>en</strong>tmassif <strong>de</strong> la suburbanisation aux Etats Unis qui aboutie dès le début du siècle à <strong>de</strong>s formesd’architecture commerciale particulières qui se développ<strong>en</strong>t le long <strong>de</strong>s axes routiers principaux. Dansl’<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux guerre, ces c<strong>en</strong>tres secondaires comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à sérieusem<strong>en</strong>t concurr<strong>en</strong>cer les c<strong>en</strong>tres<strong>ville</strong>s. Du coup les Grands Magasins c<strong>en</strong>traux s’efforc<strong>en</strong>t alors <strong>de</strong> suivre le mouvem<strong>en</strong>t. Ils r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>tconsidérablem<strong>en</strong>t le phénomène <strong>de</strong> déplacem<strong>en</strong>t du commerce vers la périphérie. L’importance <strong>de</strong> leurimage et leur puissance financière permet l’affirmation d’une formalisation plus élaborée <strong>de</strong> cesshoppings c<strong>en</strong>ters périphériques.Les formes d’architectures commerciales périphériques sont au départ très classiques, il s’agit d’uneforme mo<strong>de</strong>rnisée <strong>de</strong> la « main street » traditionnelle : <strong>de</strong>s commerces alignés le long <strong>de</strong> la route avecvitrine. Mais l’augm<strong>en</strong>tation du trafic automobile et la nécessité <strong>de</strong> parkings remet <strong>en</strong> cause ces formes.L’idée se développe dès lors <strong>de</strong> retourner les commerces vers un espace intérieur isolé <strong>de</strong> la circulationautomobile. Cette approche qui est à l’origine du shopping mall est issue <strong>de</strong> modèles vernaculaires déjàexistants mais aussi <strong>de</strong> recherche m<strong>en</strong>ées par certains concepteurs. On le voit, le mall est donc audépart un modèle réformiste. Parmi les différ<strong>en</strong>ts concepteurs qui développeront ce type <strong>de</strong> schéma,Victor Gru<strong>en</strong> se distinguera <strong>en</strong> particulier 263 .C’est <strong>en</strong> 1943 que Victor Gru<strong>en</strong> avec son associé Krummeck formule pour la première fois la figure dumall clôt à l’occasion d’un consultation lancée par la revue Architectural Forum. Il s’agit <strong>de</strong> réaliser unplan <strong>de</strong> rénovation urbaine pour la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> Syracuse qui doiv<strong>en</strong>t servir <strong>de</strong> modèle pour l’après-guerre,Gru<strong>en</strong> et Krummeck sont chargés <strong>de</strong> la conception du pôle commercial du c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong> 264 . D’un côté,dépassant la conception du simple bâtim<strong>en</strong>t, ils propos<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rep<strong>en</strong>ser l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> la hiérarchiecommerciale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. D’un autre côté, ils propos<strong>en</strong>t que le bâtim<strong>en</strong>t soit articulé autour d’un espacec<strong>en</strong>tral, un mall, plus réduit et totalem<strong>en</strong>t clôt qui pr<strong>en</strong>d la forme d’une rue intérieure. Une innovationnotable par rapport aux autres projets <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre commerciaux communautaires <strong>de</strong> la même pério<strong>de</strong> où261 Le cabinet américain possè<strong>de</strong> alors une section française qui répond aux besoins liés au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la promotioncommerciale alors <strong>en</strong> plein développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Larry Smith & Co : Larry Smith & Co., Etu<strong>de</strong> d’un c<strong>en</strong>trecommercial régional. Evry, 1968 (3 vol.) et Larry Smith & Co., Etu<strong>de</strong> d’un c<strong>en</strong>tre commercial régional. Marne-la-Vallée,1969-1975 (7 vol.).262 Victor Gru<strong>en</strong>, né Gru<strong>en</strong>baum, est un architecte vi<strong>en</strong>nois qui a fuit le nazisme pour s’installer aux USA où il a démarré un<strong>en</strong>ouvelle carrière. Il n’obti<strong>en</strong>dra sa lic<strong>en</strong>ce d’exercice que relativem<strong>en</strong>t tard, à la fin <strong>de</strong>s années 1940 mais très tôt il s’estspécialisé dans l’architecture commerciale. C’est dans cet branche qu’il obti<strong>en</strong>dra la reconnaissance qu’il recherche. Surcette pério<strong>de</strong> voir M. Jeffrey Hardwick, Mall Maker. Victor Gru<strong>en</strong>, Architect of an American Dream, Phila<strong>de</strong>lphia (P<strong>en</strong>n.),University of P<strong>en</strong>nsylvania Press, 2004, pp. 9-71.263 Sur la g<strong>en</strong>èse du Shopping Mall voir Richard Longstreth, City C<strong>en</strong>ter to Regional Mall: Architecture, the automobile andRetailing in Los Angeles, 1920-1950, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1997.264 « New Buildings for 194X », Architectural Forum n°78, mai 1943, pp. 69-189.86


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIcet espace c<strong>en</strong>tral est souv<strong>en</strong>t large, paysager et ouvert à l’air libre et qui se rapproche <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong>circulation traditionnels <strong>de</strong>s grands magasins. 265Par la suite Gru<strong>en</strong>, suivant l’évolution du commerce aux USA, conçoit <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus <strong>de</strong> projets <strong>de</strong>c<strong>en</strong>tres commerciaux périphériques. C’est lors d’un projet <strong>de</strong> ce type, <strong>en</strong> 1952 dans la banlieue <strong>de</strong>Houston 266 , que la figure du mall clôt va faire sa réapparition dans le travail <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong>. Surtout, c’est àcette occasion que ce <strong>de</strong>rnier r<strong>en</strong>contre un part<strong>en</strong>aire important qui va l’ai<strong>de</strong>r à théoriser le modèle dushopping mall : Larry Smith, consultant <strong>en</strong> matière d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> marché. Ils ne se quitteront plus <strong>de</strong>v<strong>en</strong>antrapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les <strong>de</strong>ux experts les plus connus <strong>en</strong> matière d’architecture commerciale. A Gru<strong>en</strong>, la partiearchitecturale et à Smith la partie économique. L’architecture développée par Gru<strong>en</strong> <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors trèsclairem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sée dès le départ <strong>en</strong> termes d’efficacité économique, <strong>de</strong> r<strong>en</strong>tabilité.Si ce c<strong>en</strong>tre commercial n’a jamais été réalisé, <strong>de</strong>ux autres grands c<strong>en</strong>tres élaborés par Gru<strong>en</strong> et Smithvont lui succé<strong>de</strong>r et seront autant <strong>de</strong> manifestes d’une <strong>nouvelle</strong> architecture commerciale. Il s’agitd’abord <strong>de</strong> Northland construit dans la banlieue <strong>de</strong> Chicago <strong>en</strong> 1954 puis <strong>de</strong> Southdale réalisé dans labanlieue <strong>de</strong> Minneapolis <strong>en</strong> 1956. Avec ces <strong>de</strong>ux projets, Gru<strong>en</strong> et Smith développ<strong>en</strong>t un travailthéorique : mettre au point un modèle architectural pour le c<strong>en</strong>tre commercial <strong>de</strong> banlieue résid<strong>en</strong>tielle(suburbs). Il connaîtront alors une célébrité immédiate.La planification urbaine : quand le mall remplace la rueLa collaboration Gru<strong>en</strong>/Larry Smith aboutit à la publication d’un ouvrage <strong>en</strong> 1960, Shopping Towns USA,répertoire <strong>de</strong>s réalisations et projets exemplaires mais aussi théorisation du modèle du shopping mallqui sera très vite considéré comme un classique <strong>de</strong> l’architecture commerciale [voir Planche 09]. Letravail théorique <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> et Smith est développé tant du point <strong>de</strong> vue programmatique qu’architectural.Or dans cet ouvrage, on se r<strong>en</strong>d compte que le modèle du shopping mall dépasse largem<strong>en</strong>t la simplequestion <strong>de</strong> l’architecture commerciale. Ainsi peut-on lire dans l’introduction :« Une bonne planification, néanmoins, développera <strong>de</strong>s attractions supplém<strong>en</strong>taires pourles consommateurs <strong>en</strong> r<strong>en</strong>contrant les autres besoins qui sont inhér<strong>en</strong>ts au climatpsychologique particulier <strong>de</strong> la banlieue. En offrant <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> sociabilisation et<strong>de</strong> récréation dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t piétonnier protégé, <strong>en</strong> incorporant <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsciviques et éducatifs, les c<strong>en</strong>tres commerciaux peuv<strong>en</strong>t remplir un vi<strong>de</strong>. Ils peuv<strong>en</strong>tprocurer le lieu nécessaire et l’opportunité d’une participation à la vie communautairemo<strong>de</strong>rne tels que l’agora <strong>de</strong> la Grèce Antique, la place du marché médiévale et nos placesurbaines l’ont fait dans le passé […]. Si le c<strong>en</strong>tre commercial <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un lieu qui répondnon seulem<strong>en</strong>t aux nécessités physiques <strong>de</strong>s banlieusards mais qui simultaném<strong>en</strong>t sertleurs besoins communautaires au niveau civique, culturel et social, il sera une <strong>de</strong>s plussignificatives contribution à l’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nos vies. » 267A l’objectif premier <strong>de</strong> l’espace linéaire fermé et climatisé du mall qui est <strong>en</strong> premier lieu p<strong>en</strong>sé commeune machine à v<strong>en</strong>dre, Gru<strong>en</strong> et Smith vont ajouter un objectif social et culturel qui, s’il est plusambitieux, fait <strong>de</strong> leur modèle un objet plus complexe mais aussi éminemm<strong>en</strong>t ambigu. Leur rêve d’unshopping c<strong>en</strong>ter <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u le c<strong>en</strong>tre communautaire <strong>de</strong>s nouveaux quartiers périphériques <strong>en</strong> pleindéveloppem<strong>en</strong>t, repose sur l’analogie <strong>en</strong>tre le mall et la main street, cette rue commerçante qui est,dans beaucoup <strong>de</strong> petites <strong>ville</strong>s américaines, le vrai espace <strong>de</strong> la sociabilité.Le mall apparaît ainsi comme une figure urbanistique répondant aux transformations <strong>de</strong> la civilisationcontemporaine et <strong>en</strong> particulier au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’automobile, une figure à même <strong>de</strong> s’appliquer nonseulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> périphérie mais aussi dans la rénovation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains confrontés au problème <strong>de</strong>l’automobile 268 .Victor Gru<strong>en</strong> a toujours développé une ambition urbanistique mais désormais cette ambition se nourrit dusuccès grandissant <strong>de</strong> la formule du mall <strong>en</strong> périphérie. L’action <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> permettant cet avènem<strong>en</strong>t dumall comme figure majeure <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité urbaine se porte à plusieurs niveaux.Tout d’abord, Victor Gru<strong>en</strong> va t<strong>en</strong>ter d’imposer le mall comme solution urbanistique lors <strong>de</strong> divers projets.On peut citer le projet <strong>de</strong> reconstruction du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Fort Worth au Texas <strong>en</strong> 1956 qui constituera un<strong>de</strong>s exemples les plus spectaculaires <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> l’ag<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la planification265 M. Jeffrey Hardwick, op. cit., pp. 72-90.266 Il s’agit du Montclair Shopping C<strong>en</strong>ter.267 Victor Gru<strong>en</strong> & Larry Smith, Shopping Towns USA. The Planning of Shopping C<strong>en</strong>ters, New York, ReinholdPublishing Co., 1960, p. 24.268 On retrouve dans la conclusion <strong>de</strong> l’ouvrage précité un projet jamais réalisé mais majeur dans l’œuvre <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> : larénovation du c<strong>en</strong>tre-<strong>ville</strong> <strong>de</strong> Fort Worth proposée <strong>en</strong> 1956. Il ne s’agit plus ici <strong>de</strong> réfléchir à un c<strong>en</strong>tre communautaire pour lesbanlieues résid<strong>en</strong>tielles mais à la transformation d’un c<strong>en</strong>tre traditionnel <strong>en</strong> déshér<strong>en</strong>ce.87


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIurbaine. Mais il s’agit aussi <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> shopping malls urbains comme « Midtown Plaza » àRochester dans l’Etat <strong>de</strong> New York <strong>en</strong> 1958. Au début <strong>de</strong>s années 1960, il proposera pourl’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Welfare Island à New York la construction d’un imm<strong>en</strong>se mall clôt pourvu d’unsystème <strong>de</strong> transport interne. Tous ces projets non réalisés ont comme particularité <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>terdiffér<strong>en</strong>tes variations sur le thème du mall <strong>en</strong> <strong>ville</strong> : la rue-mall avec Fort Worth, le shopping mall urbainavec Rochester ou le mall-infrastructure <strong>de</strong> Welfare Island 269 .Ensuite avec les années 1960, une conjoncture <strong>nouvelle</strong> se développe aux Etats Unis. L’activitéimmobilière connaît aux Etats Unis une croissance sout<strong>en</strong>ue qui permet à certaines sociétés <strong>de</strong> selancer dans la réalisation <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>en</strong>tières. Face aux limitations imposées par un marché <strong>de</strong> larénovation urbaine assez contrôlée, le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce nouveau marché urbanistique « privé », quirestera néanmoins limité, va r<strong>en</strong>contrer l’ambition théorique mêlée d’un pragmatisme économique sansfaille <strong>de</strong> l’ag<strong>en</strong>ce Victor Gru<strong>en</strong> International. Celle-ci s’impose comme un <strong>de</strong>s acteurs majeurs dans lascène urbanistique américaine <strong>en</strong> concevant à la réalisation une <strong>ville</strong>s <strong>en</strong> Californie aussitôt célébréecomme un modèle, Val<strong>en</strong>cia dans Orange County 270 . Dans cette <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, nous retrouvons unc<strong>en</strong>tre-<strong>ville</strong> conc<strong>en</strong>trant commerces et équipem<strong>en</strong>ts articulés autour d’une espace piétonnier qui a toutesles caractéristiques du mall 271 .Enfin, <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette activité urbanistique qui reste néanmoins limitée, Victor Gru<strong>en</strong> développeune activité théorique t<strong>en</strong>tant d’imposer le mall comme outil urbanistique. Déjà l’ouvrage Shopping TownsUSA se termine sur une ambition clairem<strong>en</strong>t affiché dans le titre du chapitre <strong>de</strong> conclusion qui prés<strong>en</strong>teles projets <strong>de</strong> Fort Worth et <strong>de</strong> Rochester : « influ<strong>en</strong>ce du concept <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>trescommerciaux dans d’autres terrains et dans les c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s. » 272 Cette ambition se porte à une autreéchelle avec la publication <strong>en</strong> 1964 d’un autre ouvrage dans lequel il développe sa réflexion urbanistique,Heart of Our Cities. Victor Gru<strong>en</strong> établit alors un li<strong>en</strong> direct <strong>en</strong>tre les possibilités qu’offr<strong>en</strong>t la formule dumall et les nécessités d’une rénovation <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> nombreuses <strong>ville</strong>s. L’ouvrage développe l’idéed’une piétonisation généralisée <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s afin <strong>de</strong> retrouver l’urbanité perdue. Cette piétonisationdoit permettre d’éloigner la voiture et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s rues et places débarrassées du trafic <strong>de</strong>s espacesrecevant un traitem<strong>en</strong>t particulier, un traitem<strong>en</strong>t paysager. Sans que cela soit explicitem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>técomme tel, le mall, espace linéaire piéton et paysager, apparaît comme la référ<strong>en</strong>ce constante. AinsiGru<strong>en</strong> propose-t-il une véritable « mallisation » <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres anci<strong>en</strong>s pour les sauver et une conception<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sur ce même modèle. Le mall apparaît ainsi comme le modèleurbanistique nouveau correspondant à la société <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s années 1960.Comme nous le voyons, Victor Gru<strong>en</strong> et Larry Smith s’affirm<strong>en</strong>t dans les années 1960 nonseulem<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong>s théorici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l’architecture commerciale qui ont affiné considérablem<strong>en</strong>t lemodèle du shopping c<strong>en</strong>ter mais aussi comme <strong>de</strong>s acteurs ayant une gran<strong>de</strong> expéri<strong>en</strong>ce dans laréalisation <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. C’est à ce double titre que leur nom apparait dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> casconcernant la question du commerce et l’urbanisme et les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s aux Etats Unis publiées danscahiers <strong>de</strong> l’IAURP 273 .Les <strong>de</strong>ux modèles opposés <strong>de</strong> promotion commerciale française: hypermarché avecgalerie marchan<strong>de</strong> contre c<strong>en</strong>tre commercial régional (CCR)Parallèlem<strong>en</strong>t à la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> et du modèle du mall dans les années 1960, d<strong>en</strong>ouveaux acteurs apparaiss<strong>en</strong>t au sein du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme français : les promoteurscommerciaux. Ces acteurs sont issus <strong>de</strong> ce que R<strong>en</strong>é Péron id<strong>en</strong>tifie comme la « secon<strong>de</strong>mo<strong>de</strong>rnisation du commerce français » 274 . Cette mo<strong>de</strong>rnisation est marquée par le retournem<strong>en</strong>t complet269 Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, comme le fait remarquer Reyner Banham, nous ne sommes pas loin <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> la mégastructure.Voir Reyner Banham, Megastructures. Urban Futures of the Rec<strong>en</strong>t Past, Londres, Thames and Hudson, 1976, p. 42 &pp. 74-76.270 Pour une prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> Val<strong>en</strong>cia par son concepteur, voir Victor Gru<strong>en</strong>, C<strong>en</strong>ters for the Urban Environm<strong>en</strong>t. Survival ofthe Cities, New York, Van Nostrand Reinhold, 1973, pp. 112-113.271 Larry Smith & Co participe aussi à l’av<strong>en</strong>ture <strong>de</strong> ces <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s privées aux Etats Unis. La firm développe <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> faisabilité pour la réalisation <strong>de</strong> Redwood Shores dans la baie <strong>de</strong> San Francisco.272 Victor Gru<strong>en</strong> & Larry Smith, op. cit., pp. 265-273.273 Voir « C<strong>en</strong>tre commercial périphérique aux USA : un exemple, Northland (Michigan) », Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP vol. 10, 1968 etla prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> Val<strong>en</strong>cia et <strong>de</strong> Redwood Shores dans « Urbanisme aux USA : Planification régionale <strong>de</strong>s métropoles, <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, aménagem<strong>en</strong>t et rénovation <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s », Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP vol. 15, 1969.274 Sur la mo<strong>de</strong>rnisation du commerce <strong>en</strong> France voir R<strong>en</strong>é Péron, La Fin <strong>de</strong>s vitrines. Des temples <strong>de</strong> la consommationaux usines à v<strong>en</strong>dre, Cachan, Editions <strong>de</strong> l’ENS – Cachan, 1993.88


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III<strong>en</strong> l’espace <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> la politique d’aménagem<strong>en</strong>t commerciale m<strong>en</strong>ée par l’Etat, au mom<strong>en</strong>t dupassage du IV ème au V ème plan. En 1963, on considère <strong>en</strong>core que l’évolution «à l’américaine » ducommerce ne concernera la France que dans un av<strong>en</strong>ir très lointain et que la création <strong>de</strong> c<strong>en</strong>trescommerciaux doit obéir à une certaine planification et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce doit <strong>en</strong>traîner le respect d<strong>en</strong>ormes et une restriction du droit d’établissem<strong>en</strong>t. En 1965, les commissions du V ème estim<strong>en</strong>t aucontraire que «les solutions dites à l’américaines peuv<strong>en</strong>t donc être maint<strong>en</strong>ant préconisées ». Demême est rejetée l’ «inspiration dirigiste » <strong>de</strong> l’urbanisme : « on ferait erreur <strong>en</strong> révoquant la libertéd’établissem<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong> imposant a priori une localisation. » On peut même lire que « l’animation <strong>de</strong>s<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s par le commerce a été fortem<strong>en</strong>t exagérée. En effet le commerce a ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t unevocation économique » 275 . Le commerce est désormais affranchi <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> la planificationurbaine, ce qui va compliquer singulièrem<strong>en</strong>t la tâche <strong>de</strong>s aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.En France, le mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation du commerce loin d’être univoque a emprunté <strong>de</strong>ux voiesdiffér<strong>en</strong>tes qui sont <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce et c’est cette concurr<strong>en</strong>ce qui va permettre <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie ladynamique complexe qui a alim<strong>en</strong>té le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains Régionaux <strong>en</strong> Ville Nouvelle.A partir du retour <strong>en</strong> 1953 <strong>de</strong> la libre concurr<strong>en</strong>ce, la secon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation va s’appuyer sur la vague du« discount » expérim<strong>en</strong>tée à petite échelle par divers indép<strong>en</strong>dants et notamm<strong>en</strong>t le premier d’<strong>en</strong>tre eux,Edouard Leclerc. Le phénomène passe à une autre échelle avec Fournier et Defforey qui ouvr<strong>en</strong>t lapremière gran<strong>de</strong> surface <strong>en</strong> 1963 à Sainte G<strong>en</strong>eviève-<strong>de</strong>s-Bois sous l’<strong>en</strong>seigne Carrefour. Cette formuleprivilégiant le « tout sous un même toit » couplée au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s sociétés assurant ladistribution est typiquem<strong>en</strong>t française, c’est la naissance du modèle <strong>de</strong> l’hypermarché. Si l’influ<strong>en</strong>ce dushopping c<strong>en</strong>ter américain est prés<strong>en</strong>te dans la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> ce nouveau modèle, elle est limitée àl’échelle et à l’ancrage périphérique du dispositif 276 .Par contre le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter est plus directem<strong>en</strong>t importé <strong>en</strong> France par d’autres acteurs,les sociétés <strong>de</strong> promotion commerciale. Ces sociétés sont issues du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>sgrands groupes financiers pour le secteur <strong>de</strong> l’immobilier. Ces grands groupes assur<strong>en</strong>t au départ lefinancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s premiers supermarchés <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille puis <strong>de</strong>s hypermarchés à travers <strong>de</strong>s sociétésciviles immobilières 277 . Mais surtout, ils vont chercher à <strong>en</strong>trer plus directem<strong>en</strong>t dans le marché <strong>de</strong>l’immobilier commercial <strong>en</strong> créant <strong>de</strong>s filières spécialisées dans la promotion commerciale. Ces filièresintéressées à <strong>de</strong>s opérations plus coûteuses mais générant pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong> profit sont attachéesà un modèle commercial élitiste. Elles ne t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> développer dans un premier temps un modèlepropre mais s’efforc<strong>en</strong>t d’importer <strong>en</strong> France le modèle américain du shopping c<strong>en</strong>ter et plusparticulièrem<strong>en</strong>t du Regional Shopping C<strong>en</strong>ter, traduit directem<strong>en</strong>t par l‘appellation <strong>de</strong> « C<strong>en</strong>treCommercial Régional » (CCR) et qui correspond aux USA à la troisième génération du g<strong>en</strong>re 278 .Nous le voyons, à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’hypermarché, la formule du CCR n’est pas autochtonemais importée, elle ne s’appuie pas sur l’évolution <strong>de</strong> la consommation mais sur l’évolution ducapitalisme financier <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> la législation nationale. Il s’agit d’un modèle théorique appliqué d’<strong>en</strong>haut alors que l’hypermarché est un modèle qui est issu <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>s distributeurs plus proche dumarché du commerce <strong>de</strong> détail.Inévitablem<strong>en</strong>t les <strong>de</strong>ux formules finiss<strong>en</strong>t par <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce. Du coup, les sociétés <strong>de</strong>distribution vont chercher à intégrer la formule du CCR <strong>en</strong> se substituant à un <strong>de</strong>s Grands Magasinscomme « locomotive » ou « magnet ». Mais le mariage n’est pas évid<strong>en</strong>t. L’image véhiculée par leshypermarchés s’oppose à l’image luxueuse que se doit <strong>de</strong> développer le CCR. Cette différ<strong>en</strong>ce d’imagequi les r<strong>en</strong>d difficilem<strong>en</strong>t compatibles correspond à <strong>de</strong>ux modèles économiques tout aussi opposés. Le275 Cette différ<strong>en</strong>ce est liée <strong>en</strong> particulier à la prés<strong>en</strong>ce à la tête du groupe « 3 » rédigeant le V ème Plan (« urbanismecommercial, commerce rural, c<strong>en</strong>tre commerciaux <strong>de</strong> gros ») <strong>de</strong> M. Fournier fondateur et présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Carrefour.276 Sur la naissance <strong>de</strong> l’hypermarché comme type architectural voir Solange Jungers, L’Architecture <strong>de</strong>s hypermarchés<strong>en</strong> Région Parisi<strong>en</strong>ne, 1961-2000, Thèse <strong>de</strong> doctorat, Université Paris 1, 2002 et Solange Jungers, « L’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>l’hypermarché » in G. Monnier & R. Klein, Les années ZUP, architectures <strong>de</strong> la croissance, 1960-1973, Paris, Picard,2002, pp. 155-167.277 Sur la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la naissance et du développem<strong>en</strong>t du système <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux voir AnneFournié, op. cit., pp. 54-82.278 Ainsi exige-t-il la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> grands magasins. En effet dans les grands shopping c<strong>en</strong>ter américains cette image <strong>de</strong> luxes’appuie ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s <strong>en</strong>seignes prestigieuses, <strong>de</strong>ux au minimum, fortem<strong>en</strong>t ancrées dansl’inconsci<strong>en</strong>t collectif qui sont c<strong>en</strong>sées attirer par leur réputation, le consommateur dans le mall et profiter aux <strong>nouvelle</strong>s<strong>en</strong>seignes qui sont spécialisées dans ce types <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre. On nomme ces <strong>en</strong>seignes prestigieuses, les locomotives (magnets<strong>en</strong> anglais), et ce sont normalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s grands magasins qui fur<strong>en</strong>t à l’origine prés<strong>en</strong>ts dans les c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s (Sears,Macy’s, etc.).89


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIbut <strong>de</strong> l’hypermarché est une r<strong>en</strong>tabilité maximum par la réduction <strong>de</strong>s coût, il s’agit donc d’un modèledont la réalisation suppose une dép<strong>en</strong>se minimale <strong>en</strong> aménagem<strong>en</strong>t architectural. Tout au contraire, lemodèle du CCR mise sur la qualité, la richesse et la d<strong>en</strong>sité <strong>de</strong>s services offerts pour attirer le chaland. Ilimpose donc un lourd investissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière d’aménagem<strong>en</strong>t architectural. Hypermarché et CCRs’oppos<strong>en</strong>t donc mutuellem<strong>en</strong>t et la doctrine <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> promotion commerciale jusqu’à la fin <strong>de</strong>sannées 1960 fut très claire : pas question d’intégrer <strong>de</strong>s hypermarchés dans leurs c<strong>en</strong>tres commerciaux.Les sociétés <strong>de</strong> distribution ont donc dû bâtir un modèle alternatif au CCR autour du seul hypermarché,un autre type <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre commercial. Par tâtonnem<strong>en</strong>ts successifs, <strong>en</strong> empruntant à la formule du CCRle mall commerçant mais <strong>en</strong> le reconfigurant, elles mett<strong>en</strong>t peu à peu <strong>en</strong> place un <strong>en</strong>semble dontl’efficacité contribua au succès <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’hypermarché. Au magasin hégémonique est ajoutéeune succession <strong>de</strong> boutiques correspondant à la même cli<strong>en</strong>tèle mais offrant <strong>de</strong>s servicescomplém<strong>en</strong>taires. Ainsi naît l’hypermarché - galerie marchan<strong>de</strong> qui se positionne comme une versionmoins prestigieuse mais beaucoup plus r<strong>en</strong>table du c<strong>en</strong>tre commercial. Afin <strong>de</strong> réaliser ce typed’opération, les sociétés <strong>de</strong> distribution vont se transformer <strong>en</strong> promoteurs-distributeurs éliminant par lamême occasion un intermédiaire supplém<strong>en</strong>taire –le promoteur commercial- fidèle à la doctrine duminimum d’intermédiaire. Le système législatif développé afin <strong>de</strong> permettre l’investissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s capitauxfinanciers dans le domaine <strong>de</strong> l’immobilier et la naissance <strong>de</strong> professionnels spécialisés a aussi servi audéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s filières promotion <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> distribution contribuant gran<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t à augm<strong>en</strong>terleur puissance naissante, bref à r<strong>en</strong>forcer le concurr<strong>en</strong>t principal <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> promotioncommerciale.L’alliance <strong>de</strong>s promoteurs <strong>de</strong> CCR avec les planificateurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sLes premières implantations <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres commerciaux régionaux <strong>en</strong> Ile <strong>de</strong> France vont d’abord se fairecontre le plan d’aménagem<strong>en</strong>t commercial <strong>de</strong> l’IAURP. Les logiques qui motiv<strong>en</strong>t la stratégie <strong>de</strong>spromoteurs commerciaux et celle <strong>de</strong>s planificateurs s’oppos<strong>en</strong>t. Si ces <strong>de</strong>rniers cherch<strong>en</strong>t à rééquilibrerle développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la région parisi<strong>en</strong>ne et <strong>en</strong> particulier son équipem<strong>en</strong>t commercial, au contraire lespremiers suiv<strong>en</strong>t et r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t les phénomènes <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration et les déséquilibres induits parl’urbanisation « spontanée ». Le promoteur commercial se tourne vers les bassins <strong>de</strong> populations lesplus solvables et les plus importantes. Symboliquem<strong>en</strong>t, le premier CCR, Parly 2, s’implante à l’ouest <strong>de</strong>Paris alors que les premières implantations proposées par le plan <strong>de</strong> l’IAURP <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t combler lesmanques <strong>de</strong> la banlieue Est moins riche et moins peuplée.Mais si dans un premier temps la stratégie suivie par la promotion commerciale est <strong>de</strong> s’opposer au plan<strong>de</strong> l’IAURP et donc <strong>de</strong> refuser la collaboration avec les aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, l’évolution rapi<strong>de</strong>du contexte dans lequel évolu<strong>en</strong>t ces sociétés va transformer très vite leurs positions. En fait, <strong>en</strong> unedéc<strong>en</strong>nie, le marché <strong>de</strong> la promotion commerciale va se trouver considérablem<strong>en</strong>t réduit. Deux raisonsprincipales expliqu<strong>en</strong>t cette évolution :- Tout d’abord le modèle du CCR s’avère inadapté au marché français. Dans sa configurationaméricaine, ce modèle nécessite une forte d<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> population à proximité. Or ledéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’urbanisation <strong>en</strong> périphérie <strong>de</strong> Paris ne se fait pas sur le modèle <strong>de</strong>ssuburbs américains, il est beaucoup plus lâche. De plus l’image <strong>de</strong> luxe qui est s<strong>en</strong>sée fairela force <strong>de</strong>s CCR doit être assurée par la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s Grands Magasins. Les t<strong>en</strong>tativeslimitées d’implantation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers <strong>en</strong> périphérie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>en</strong> général et <strong>de</strong>Paris <strong>en</strong> particulier vont s’avérer <strong>de</strong>s échecs cinglants. Manquant <strong>de</strong> liquidités pour <strong>en</strong>gagerun développem<strong>en</strong>t important, démarrant tardivem<strong>en</strong>t cette politique et concurr<strong>en</strong>césdurem<strong>en</strong>t par les hypermarchés, les Grands Magasins <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus exigeantsur la sécurité <strong>de</strong>s opérations avant <strong>de</strong> jeter l’éponge et <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la périphérie pour serec<strong>en</strong>trer sur les c<strong>en</strong>tres-<strong>ville</strong>s.- La <strong>de</strong>uxième raison est la concurr<strong>en</strong>ce du modèle <strong>de</strong> l’hypermarché avec galeriecommerçante qui s’est avéré dans <strong>de</strong> très nombreux cas une solution beaucoup plusintéressante. R<strong>en</strong>table très rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, il ne nécessite pas une population d<strong>en</strong>se et riche.Mis <strong>en</strong> œuvre par les sociétés <strong>de</strong> distribution elles-mêmes, il ne nécessite pas <strong>de</strong> montagecomplexe avec <strong>de</strong>s part<strong>en</strong>aires susceptibles <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir difficiles. Bi<strong>en</strong> que le CCR etl’hypermarché s’adress<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partie à <strong>de</strong>s populations différ<strong>en</strong>tes, une grosse part <strong>de</strong>scli<strong>en</strong>ts visés sont les mêmes et ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce sur <strong>de</strong> nombreuxterrains. Tant que les terrains sont onéreux et donc justifi<strong>en</strong>t la formule du CCR, cette90


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III<strong>de</strong>rnière n’est pas <strong>en</strong> danger mais lorsque les <strong>de</strong>ux modèles sont <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce pour lesmêmes terrains, alors le CCR est forcem<strong>en</strong>t perdant. Or les terrains réservés à la formule duCCR s’épuis<strong>en</strong>t très rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Une réori<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> la promotioncommerciale va s’avérer vite nécessaire.C’est ainsi que la promotion commerciale va rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France suivre un chemin particulier : aprèsles premières implantations sauvages, toutes les sociétés <strong>de</strong> ce secteurs vont chercher à se rapprocher<strong>de</strong>s aménageurs publics. Car <strong>en</strong> effet, ce sont sur les terrains qui doiv<strong>en</strong>t faire l’objet d’opérationsd’aménagem<strong>en</strong>t que le modèle du CCR peut être r<strong>en</strong>tabilisé et que le savoir-faire <strong>de</strong>s promoteurs peutopérer. Entraînant <strong>de</strong>s coûts important qu’aucun promoteur-distributeur n’est capable d’assumer, cesopérations <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> <strong>en</strong>vergure promett<strong>en</strong>t une cli<strong>en</strong>tèle future d’une d<strong>en</strong>sité inégalable ailleurs <strong>en</strong>banlieue et pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t d’un niveau <strong>de</strong> vie assez élevé.Cette dynamique fut <strong>en</strong>couragée par les aménageurs eux-mêmes. Ces <strong>de</strong>rniers suiv<strong>en</strong>t alors un doubleobjectif. Il s’agit <strong>en</strong> premier lieu <strong>de</strong> donner le plus rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t possible vie aux c<strong>en</strong>tres-<strong>ville</strong>s planifiés etconformém<strong>en</strong>t à l’idée que l’animation vi<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t du commerce, cela suppose d’ouvrir dès quepossible le CCR programmé <strong>en</strong> cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong>. Mais il s’agit aussi <strong>de</strong> polariser la population sur la <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong>, rôle que seul le CCR est <strong>en</strong> mesure d’assurer. Le développem<strong>en</strong>t rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hypermarchés <strong>en</strong>périphérie <strong>de</strong> Paris met <strong>en</strong> danger cette dynamique quelque peu fragile. Un cons<strong>en</strong>sus se prés<strong>en</strong>te donc<strong>de</strong> lui-même : « tous contre l’hypermarché » !La t<strong>en</strong>dance générale prés<strong>en</strong>tée ci-<strong>de</strong>ssus n’aboutie pas à la même stratégie pour chaque société <strong>de</strong>promotion commerciale. En raison <strong>de</strong> leur histoire propre ces <strong>de</strong>rnières fur<strong>en</strong>t parfois <strong>en</strong> contradiction lesunes avec les autres. Nous ne prés<strong>en</strong>terons ici brièvem<strong>en</strong>t que les trois sociétés qui ont été impliquéesdans la réalisation <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux prévus à Cergy, Evry et Noisy-le-Grand.La conversion <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres CommerciauxLa Société <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux est <strong>de</strong>puis les débuts <strong>de</strong> la promotion commerciale <strong>en</strong> France unacteur majeur <strong>de</strong> cette activité. Cette place ti<strong>en</strong>t à un double facteur. Tout d’abord, elle dispose d’unebase très soli<strong>de</strong> et très bi<strong>en</strong> implantée <strong>en</strong> France <strong>en</strong> étant une filiale <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> GestionImmobilière et Mobilière <strong>de</strong> Balkany, société fondée <strong>en</strong> 1920. Mais aussi, elle possè<strong>de</strong> un savoir-faireparticulier <strong>en</strong> la personne <strong>de</strong> son directeur Jean-Louis Solal. Durant ses étu<strong>de</strong>s universitaires aux USA<strong>de</strong> 1946 à 1954, celui-ci est r<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> contact avec Victor Gru<strong>en</strong> et il fut aussi le premier français a avoirintégré, <strong>en</strong> 1960, le Conseil International <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux (ICSC).L’implantation <strong>de</strong>s premiers c<strong>en</strong>tres commerciaux <strong>de</strong> la SCC à partir <strong>de</strong> 1962 279 se fait d’une manièrecomplètem<strong>en</strong>t sauvage. Elle ne fait l’objet d’aucune concertation avec les aménageurs. Bi<strong>en</strong> aucontraire, Jean Louis Solal affirme que le commerce n’a que faire <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t. C’est ainsiqu’aucun <strong>de</strong>s nouveaux c<strong>en</strong>tres commerciaux développés par la SCC ne s’inscrit dans le pland’aménagem<strong>en</strong>t commercial <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> l’IAURP publié <strong>en</strong> 1965. Solal ne compte quesur une stratégie opportuniste <strong>en</strong> matière d’implantation et sur la force du modèle du shopping c<strong>en</strong>ter àl’américaine pour faire fructifier les activités <strong>de</strong> la SCC 280 .Cep<strong>en</strong>dant dès le départ, Solal va r<strong>en</strong>contrer les difficultés majeures qui vont montrer les limites <strong>de</strong> cemodèle <strong>en</strong> France et l’obliger à évoluer. Le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter est une formule luxueuse <strong>de</strong>c<strong>en</strong>tre commercial et Solal ti<strong>en</strong>t à conserver cette image à ses réalisations, il est donc nécessaire pourla SCC d’attirer les Grands Magasins. De plus Solal cherche à conserver l’<strong>en</strong>tière maîtrise <strong>de</strong> la gestion<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux après leur livraison. Il s’agit pour lui d’avoir les mains libres pour pér<strong>en</strong>nisercette image <strong>de</strong> luxe <strong>en</strong> dépit <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong> l’évolution économique. Or dès l’opération <strong>de</strong> Parly 2, ilr<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés pour atteindre ces <strong>de</strong>ux objectifs.Mais l’élém<strong>en</strong>t qui va <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus limiter les ambitions <strong>de</strong> la SCC est sa stratégie d’implantationsauvage. Rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, Solal va toucher aux limites <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière <strong>en</strong> raison du développem<strong>en</strong>t dumodèle concurr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’hypermarché par les sociétés <strong>de</strong> distribution. A cause <strong>de</strong> ce concurr<strong>en</strong>t, dont lemontage est plus simple et donc plus rapi<strong>de</strong>, les emplacem<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>tables se raréfi<strong>en</strong>t très vite. Untournant aurait pu être la recherche d’un compromis <strong>en</strong>tre le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter et celui <strong>de</strong>l’hypermarché par la SCC, mais Jean-Louis Solal persiste dans le rejet <strong>de</strong> la formule inv<strong>en</strong>tée par les279 Le premier c<strong>en</strong>tre commercial réalisé par le groupe <strong>de</strong> Balkany est celui d’Elysée 2. Livré <strong>en</strong> 1962, il est <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste etest lié à une opération <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts. Après ce premier test concluant, le groupe déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer à la vitesse supérieure <strong>en</strong>réalisant le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Parly 2 dont la conception débute <strong>en</strong> 1965 qui va <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir une référ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> promotioncommerciale <strong>en</strong> France. Après la livraison <strong>de</strong> Parly 2 <strong>en</strong> 1969, <strong>de</strong>ux autres c<strong>en</strong>tres commerciaux sur le même modèle vontêtre construits dans la banlieue parisi<strong>en</strong>ne : Velizy 2 livré <strong>en</strong> 1972 et Rosny 2 livré <strong>en</strong> 1973.280 Voir « Interview <strong>de</strong> Jean-Louis Solal », Point <strong>de</strong> v<strong>en</strong>te n°91, décembre 1970.91


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIsociétés <strong>de</strong> distribution et dans l’idée d’une promotion commerciale ne se p<strong>en</strong>chant que sur <strong>de</strong>sopérations très importantes, complexes et luxueuses. Comm<strong>en</strong>t la SCC peut elle dépasser dans ce casles limites qu’elle r<strong>en</strong>contre ? Tout simplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> r<strong>en</strong>onçant à une <strong>de</strong>s options choisies dans le passé :tourner le dos aux planificateurs.Ce choix apparaît comme une évid<strong>en</strong>ce pour répondre aux exig<strong>en</strong>ces du modèle du shopping c<strong>en</strong>ter quia besoin d’emplacem<strong>en</strong>ts très r<strong>en</strong>tables et permettant une promotion complexe. Ce changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>stratégie n’<strong>en</strong>traîne pas au premier abord un changem<strong>en</strong>t d’attitu<strong>de</strong> fondam<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la SCC.C’est ainsi que lorsque la SCC participe à l’appel d’offre pour le c<strong>en</strong>tre commercial régional du c<strong>en</strong>treurbain <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> Cergy Pontoise, elle se prés<strong>en</strong>te comme l’expert par excell<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> laformule du shopping c<strong>en</strong>ter et t<strong>en</strong>te d’imposer son modèle sans écouter les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s aménageurs<strong>de</strong> l’EPA. Solal est sûr <strong>de</strong> sa victoire, n’a-t-il pas bâti déjà <strong>de</strong> nombreux c<strong>en</strong>tres commerciaux <strong>en</strong>viés etcélébrés par tous ? De plus, il sait qu’un <strong>de</strong>s principaux soucis <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s aménageurs est l’efficacitédu c<strong>en</strong>tre afin <strong>de</strong> donner le plus rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t vie et attractivité au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Ville Nouvelle et stopperl’étalem<strong>en</strong>t urbain <strong>de</strong> la banlieue parisi<strong>en</strong>ne.Mais Solal, comme il l’avouera plus tard, va tomber <strong>de</strong> haut. A l’expéri<strong>en</strong>ce incontestée <strong>de</strong> sa société vaêtre préférée la politique <strong>de</strong> négociation avec les aménageurs <strong>de</strong> la toute <strong>nouvelle</strong> SERETE –Aménagem<strong>en</strong>t. Un emplacem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> première importance vi<strong>en</strong>t d’échapper à la SCC qui se trouve alorsau pied du mur : <strong>de</strong>vant la raréfaction <strong>de</strong>s emplacem<strong>en</strong>ts seul un changem<strong>en</strong>t complet <strong>de</strong> stratégie estpossible. La réaction <strong>de</strong> Solal ne se fait pas att<strong>en</strong>dre et c’est une véritable volte-face : dénonciation <strong>de</strong>simplantations sauvages, plaidoirie pour la négociation avec les aménageurs 281 .Cette <strong>nouvelle</strong> stratégie ne tar<strong>de</strong> pas à r<strong>en</strong>contrer un écho favorable du côté <strong>de</strong>s aménageurs. C’est ainsique lorsque l’équipe <strong>de</strong> l’EPEvry éprouve rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les plus gran<strong>de</strong>s difficultés avec la société qu’ils ontchoisi pour réaliser leur C<strong>en</strong>tre Commercial Régional, la COREDIS, la SCC arrivée secon<strong>de</strong> à l’appeld’offre apparaît non seulem<strong>en</strong>t comme une alternative mais comme un secours évid<strong>en</strong>t. Une <strong>nouvelle</strong>SCC est née 282 .La tradition <strong>de</strong> médiation avec la planification <strong>de</strong> la Société d’Etu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tresd’Equipem<strong>en</strong>tFace à l’omniprés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SCC, la SEGECE est un acteur plus mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong> la promotion commerciale<strong>en</strong> France. Néanmoins, elle occupe une <strong>de</strong>uxième place à la fois sur le plan <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>neté mais aussisur celui <strong>de</strong>s réalisations. En fait la SEGECE est un acteur <strong>en</strong>core plus anci<strong>en</strong> que la SCC, elle est crée<strong>en</strong> 1956. Elle est même la première société à développer <strong>de</strong>s implantations <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres commerciauxpériphériques (à Rueil-Malmaison <strong>en</strong> 1958). Mais cette précocité est marquée par le contexte trèsparticulier <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, celle d’une maîtrise <strong>en</strong>core forte <strong>de</strong> l’urbanisation par l’Etat, celle <strong>de</strong> lapolitique <strong>de</strong>s ZUP. La SEGECE se prés<strong>en</strong>te très vite à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SCC plus tard comme unacteur qui agit <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t (SEM, CCI, groupes HLM, etc.) afin<strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux <strong>de</strong> proximité, donc <strong>de</strong> surface limitée.Nous voyons donc qu’à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SCC qui t<strong>en</strong>te l’importation du modèle du shopping c<strong>en</strong>ter etse prés<strong>en</strong>te comme un expert, la SEGECE se prés<strong>en</strong>te comme un opérateur jouant <strong>de</strong> lacomplém<strong>en</strong>tarité et totalem<strong>en</strong>t intégré dès le départ dans le jeu <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>France. Le rapport est donc inversé, la SEGECE a la confiance <strong>de</strong>s aménageurs, elle ne t<strong>en</strong>te pas <strong>de</strong>s’imposer par son expertise mais au contraire ce sont les aménageurs qui font appel à elle pour sescapacités <strong>de</strong> négociation.Si la SEGECE développe <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux <strong>en</strong> périphérie <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 50, elle ne selance dans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s opérations que vers le milieu <strong>de</strong>s années 60, à la même époque que la SCC.Mais là <strong>en</strong>core, la stratégie va être complètem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te. Alors que la SCC refuse <strong>de</strong> suivre le pland’implantation décidé <strong>en</strong> 1965 par l’IAURP, la SEGECE va être appelé par les aménageurs pour réaliser<strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux Régionaux qui sont programmés dans le plan.C’est le cas lors <strong>de</strong> la première opération <strong>de</strong> cette taille, Belle Epine à Rungis, qui débute <strong>en</strong> 1964 et quise termine <strong>en</strong> 1971. Ce sera <strong>en</strong>core le cas lors <strong>de</strong> l’opération <strong>de</strong> Créteil Soleil livré <strong>en</strong> 1974. Avec Créteil,281 Voir Jean-Louis Solal, « Où va l’urbanisme commercial ? », LSA n° 565, 22 janvier 1976, pp. 70-75. Sur l’évolution <strong>de</strong>l’approche <strong>de</strong> Jean-Louis Solal dans les années suivantes voir aussi « L’hyper locomotive du c<strong>en</strong>tre commercial <strong>de</strong> la 2 èmegénération. Interview <strong>de</strong> Jean-Louis Solal, Présid<strong>en</strong>t Directeur Général <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres commerciaux », LSA n°808,3 juillet 1981, pp. 11-13.282 Désormais la stratégie <strong>de</strong> la SCC va être la négociation systématique avec les aménageurs. Pour un bilan <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>Jean-Louis Solal voir « Mémoire et prospective d’un visionnaire : <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Jean-Louis Solal », Architecture Intérieure -CREE n°275, janvier-février 1997, pp. 38-43.92


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIla SEGECE se positionne comme un possible acteur majeur dans la réalisation <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong>programme. Il ne faut pas <strong>en</strong> effet oublier que Créteil est considéré dans le SDAU <strong>de</strong> 1965 comme uneVille Nouvelle au même titre que celle qui <strong>en</strong> conserveront le qualificatif. Tout semble sourire donc à laSEGECE : c’est un acteur reconnu par les aménageurs, qui a déjà réalisé une opération dans une <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> et qui est <strong>de</strong> plus au moins aussi anci<strong>en</strong> que la SCC dans le secteur. Pourtant, il manque àcette société un atout majeur, atout que la SCC possè<strong>de</strong> <strong>en</strong> maître, celui <strong>de</strong> la maîtrise du modèle dushopping c<strong>en</strong>ter. Cette société ne possè<strong>de</strong> pas à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SCC une capacité d’expertiseincontestable qui <strong>de</strong>vrait lui permettre d’attirer à elle les acteurs majeurs qui sont press<strong>en</strong>tis pour jouer lerôle <strong>de</strong> locomotive dans les C<strong>en</strong>tres Commerciaux Régionaux : les Grands Magasins. Les négociationsavec ces <strong>de</strong>rniers sont très dures pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Rungis, ils impos<strong>en</strong>t à la SEGECE <strong>de</strong> faire appel à<strong>de</strong>s experts américains qui alourdiss<strong>en</strong>t l’opération. Si les négociations sont moins difficile dans le casdu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Créteil, un <strong>de</strong>rnier facteur va <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> jeu et pousser la société à changer <strong>de</strong> direction. Ce<strong>de</strong>rnier facteur est le relatif échec <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> Rungis et <strong>de</strong> Créteil <strong>en</strong> ce qui concerne lar<strong>en</strong>tabilité. Très vite, du fait <strong>de</strong> l’urbanisation plus faible du Sud Est <strong>de</strong> Paris, d’un niveau <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>u pluslimité <strong>de</strong>s ménages <strong>de</strong> cette zone, les <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>tres commerciaux régionaux pourtant issus <strong>de</strong> laplanification <strong>de</strong> l’IAURP vont r<strong>en</strong>contrer <strong>de</strong>s difficultés importantes. Le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Créteil connaîtra <strong>en</strong>particulier <strong>de</strong> nombreux changem<strong>en</strong>ts successifs <strong>en</strong> ce qui concerne ses locomotives. Le bilan que laSEGECE peut faire au début <strong>de</strong>s années 1970 <strong>de</strong> son action dans le domaine <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tre CommerciauxRégionaux n’est donc pas vraim<strong>en</strong>t positif.En réponse, et à la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SCC, la SEGECE va changer non pas <strong>de</strong> stratégie mais <strong>de</strong> modèlearchitectural. En effet après l’opération <strong>de</strong> Créteil, la SEGECE cesse <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>trescommerciaux régionaux sur le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter et préfère se tourner vers les hypermarchéspour développer avec eux un nouveau modèle plus manipulable, moins lourd, et promis à un bel av<strong>en</strong>irdans le créneau <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux Intercommunaux, cette catégorie inférieure au C<strong>en</strong>treCommercial Régional. Désormais, il n’y plus qu’une seule locomotive qui est <strong>de</strong> plus un hypermarché,voire pas <strong>de</strong> locomotive du tout, ce qui sera le cas du c<strong>en</strong>tre qui sera ouvert à Noisy le Grand <strong>en</strong> 1978 283 .La stratégie d’ouverture <strong>de</strong> la SERETE – Aménagem<strong>en</strong>tComme son nom l’indique, cette société n’est pas une société autonome à l’origine mais une filialed’une société plus importante. Acteur tardif, la SERETE- Aménagem<strong>en</strong>t va <strong>de</strong>voir se constituer uneposition face aux <strong>de</strong>ux poids lourds du secteur que sont la SCC et la SEGECE. Or <strong>en</strong> construisant cetteposition, la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t va s’imposer comme un acteur majeur <strong>de</strong> la promotion commerciale<strong>en</strong> Ville Nouvelle.La SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t est la filiale tout à la fois <strong>de</strong> la SERETE, société mère spécialisée dansl’<strong>en</strong>gineering, et d’une <strong>de</strong>s filiales <strong>de</strong> cette société la SERETES spécialisée dans les étu<strong>de</strong>séconomiques et urbanistiques. Fondée <strong>en</strong> 1969, elle apparaît très tardivem<strong>en</strong>t sur le marché, alorsmême que la SCC et la SEGECE ont lancé <strong>de</strong>puis trois ans la réalisation <strong>de</strong> leurs premiers c<strong>en</strong>trescommerciaux régionaux et que les meilleurs emplacem<strong>en</strong>ts sont déjà attribués.C’est cette situation qui va donner naissance à la stratégie très particulière que va choisir la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t, celui <strong>de</strong> se spécialiser dans les opérations les plus complexes m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> collaborationavec les aménageurs. Plus <strong>en</strong>core que la SEGECE, la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t va s’ouvrir totalem<strong>en</strong>taux aménageurs. C’est cette politique qui va faire sa force. Une force qui transparaît dès son premiersuccès.En effet, alors qu’elle n’a <strong>en</strong>core réalisé aucune opération, elle obti<strong>en</strong>t un succès sans précéd<strong>en</strong>t <strong>en</strong>décrochant l’appel d’offre pour la réalisation du C<strong>en</strong>tre Commercial Régional <strong>de</strong> Cergy Pontoise. Toutejeune, elle triomphe <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>ne, expérim<strong>en</strong>tée et sure d’elle SCC. Les raisons <strong>de</strong> ce succès inatt<strong>en</strong>dusont bi<strong>en</strong> sûr à chercher du côté <strong>de</strong> l’ouverture sans précéd<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tée par la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>tauprès <strong>de</strong>s aménageurs. Il n’est pas proposé à ces <strong>de</strong>rniers un modèle rigi<strong>de</strong> mais au contraire unecapacité <strong>de</strong> négociation qui séduit.Mais au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette ouverture qui lui permet <strong>de</strong> remporter une victoire, la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t saittrès vite faire appel aux experts américains qui ont la confiance <strong>de</strong>s Grands Magasins et qui combl<strong>en</strong>tson manque d’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux tels Larry Smith et WilburSmith.La société se comporte alors comme un coordinateur plus qu’un vrai promoteur. Elle est le lieu même <strong>de</strong>la négociation <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux types d’acteurs. D’un côté les architectes <strong>de</strong> l’EPA, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce Clau<strong>de</strong>283 Sur l’opération <strong>de</strong> Créteil et la stratégie <strong>de</strong> la SEGECE voir le numéro spécial que lui consacre LSA : LSA n°502, 5septembre 1974. Voir <strong>en</strong> particulier « Une intégration totale à la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Interview <strong>de</strong> Pierre Mainsonneuve, Présid<strong>en</strong>t-Directeur Général <strong>de</strong> la SEGECE », pp. 24-28.93


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIVasconi et Georges P<strong>en</strong>creach, qui sont chargé <strong>de</strong> la conception du c<strong>en</strong>tre commercial, ce qui fait <strong>de</strong>l’opération <strong>de</strong> Cergy une situation exceptionnelle. Et <strong>de</strong> l’autre les experts américains.Cergy sera pour la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t plus qu’un acte <strong>de</strong> naissance, le lieu <strong>de</strong> l’expérim<strong>en</strong>tationd’un modèle nouveau, le c<strong>en</strong>tre commercial urbain, et d’une stratégie <strong>nouvelle</strong>, la coordination <strong>en</strong>treexperts pour la conception. C’est ainsi que l’on trouvera pas la suite la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t dans<strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> rénovation <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-<strong>ville</strong>, <strong>en</strong> particulier à Paris avec l’opération <strong>de</strong>s Halles 284 .III.2.3 - Les <strong>de</strong>ux temps <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains Régionaux (CUR)Après ce détour brossant le tableau <strong>de</strong>s acteurs, <strong>de</strong>s modèles et <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong> la promotioncommerciale, nous allons nous intéresser maint<strong>en</strong>ant au rôle direct qu’a pu avoir l’équipem<strong>en</strong>tcommercial dans la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains Régionaux <strong>de</strong>s Villes Nouvelles et <strong>en</strong> particulierdans la formalisation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés à l’échelle <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tre-<strong>ville</strong>.On peut distinguer sur ce point <strong>de</strong>ux temps qui correspond<strong>en</strong>t à l’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types d’acteursdiffér<strong>en</strong>ts. Le premier temps est celui <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>s consultants et <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> <strong>en</strong> particulier, unepério<strong>de</strong> durant laquelle la conception <strong>de</strong>s CUR <strong>de</strong>s Villes Nouvelles est <strong>en</strong>core celle <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s,l’IAURP conservant un poids relativem<strong>en</strong>t important. Le <strong>de</strong>uxième temps est celui <strong>de</strong> la phaseopérationnelle qui correspond à l’<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>s promoteur commerciaux mais aussi à uneautonomie <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Missions muées <strong>en</strong> Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t.Le bilan contrasté du passage <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> à l’IAURPLes circonstances qui ont présidé aux premiers contacts <strong>en</strong>tre Victor Gru<strong>en</strong> et l’IAURP ne sont pas trèsclaires. Il semble néanmoins que ce soit Jean Millier, Secrétaire Général <strong>de</strong> l’IAURP, qui ait sollicitéGru<strong>en</strong> 285 . A partir <strong>de</strong> novembre 1967, le cadre <strong>de</strong> la mission qui va lui être confiée est très vite constitué.L’IAURP fait appel à lui non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que consultant à propos <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>trescommerciaux mais aussi <strong>en</strong> tant qu’expert dans la question plus générale <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s.Dans le projet <strong>de</strong> conv<strong>en</strong>tion qui est soumis par Victor Gru<strong>en</strong> à l’IAURP avec sa première lettre, quatre<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s sont d’ores et déjà concernées : Evry, Trappes, Noisy-le-Grand et Cergy.En décembre, la Direction <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s prés<strong>en</strong>te l’exposé <strong>de</strong>s motifs justifiant l’emploi <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong>comme conseiller :« L’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s <strong>de</strong> Villes Nouvelles, notamm<strong>en</strong>t celui <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>trescommerciaux, <strong>en</strong> liaison avec l’accessibilité <strong>de</strong> ces c<strong>en</strong>tres et l’utilisation du sol<strong>en</strong>vironnant pose <strong>de</strong>s problèmes différ<strong>en</strong>ts dont la solution requiert une longueexpéri<strong>en</strong>ce.Or cette expéri<strong>en</strong>ce fait actuellem<strong>en</strong>t défaut <strong>en</strong> France, du fait que les C<strong>en</strong>tresCommerciaux importants et a fortiori au niveau régional n’exist<strong>en</strong>t pas.Aussi est-il souhaitable <strong>de</strong> faire appel aux conseils d’un expert étranger. Le choix s’estporté sur M. Victor Gru<strong>en</strong>, architecte, dont la réputation dans le domaine <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tresCommerciaux est sans égal et dont les vues correspond<strong>en</strong>t d’ailleurs à celles duschéma directeur.Le contrat proposé règle les modalités d’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> M. Victor Gru<strong>en</strong> qui pourraitassurer <strong>de</strong>s prestations personnelles, d’abord pour les quatre <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s dont lesétu<strong>de</strong>s sont les plus avancées (Cergy – Evry – Noisy-le-Grand – Trappes). Il seraitassisté par son personnel d’étu<strong>de</strong> pour la préparation <strong>de</strong> séances <strong>de</strong> travail à Paris etl’élaboration <strong>de</strong> propositions concrétisant les conclusions <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> travail. » 286284 Voir « Mon métier <strong>de</strong> promoteur. Interview <strong>de</strong> Michel Gui<strong>de</strong>t, Présid<strong>en</strong>t Directeur Général, SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t », LSAn°274, 7 septembre 1979, pp. 19-22.285 Dans une première lettre à Millier, Gru<strong>en</strong> indique que « <strong>de</strong> ces conversations est ressorti le souhait <strong>de</strong> votre organisation<strong>de</strong> faire appel aux services <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> International et aux mi<strong>en</strong>s personnellem<strong>en</strong>t comme conseiller à l’année […]programme dans le temps que je vous ai <strong>de</strong> prime abord indiqué durant le repas. » Il est plus que probable que ce repas aieu lieu à l’occasion d’un <strong>de</strong>s séjours <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> à Paris qui travaille alors pour <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> promotion commerciale surplusieurs <strong>de</strong> leurs projets <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres commerciaux. Lettre <strong>de</strong> V. Gru<strong>en</strong> à M. Miller, 10 novembre 1967 in « Correspondance »,dossier 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.286 « Exposé <strong>de</strong>s motifs », Dir. Des Etu<strong>de</strong>s et Recherches IAURP, 21 décembre 1967 in dossier 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> »,Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.94


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIICette mission concerne d’abord l’aménagem<strong>en</strong>t et la localisation <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres commerciaux primaires« qui constitueront le principal c<strong>en</strong>tre urbain <strong>de</strong> chaque <strong>nouvelle</strong> <strong>ville</strong> et dans lesquels toutes lesfonctions urbaines doiv<strong>en</strong>t être reliées et combinées <strong>en</strong>tre-elles (…) », elle concerne aussi les « autrescaractéristiques et facteurs qui sont d’importance vitale pour le fonctionnem<strong>en</strong>t correct <strong>de</strong> tous lesc<strong>en</strong>tres [commerciaux] » ; il faut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ici la conception même <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains 287 .La mission est organisée selon trois étapes : exam<strong>en</strong> <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts à l’ag<strong>en</strong>ce Victor Gru<strong>en</strong>International, puis «séances <strong>de</strong> travail avec l’équipe <strong>de</strong> l’IAURP ou dans l’un <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong>s VillesNouvelles » et <strong>en</strong>fin « élaboration <strong>de</strong> propositions schématiques, aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> travail,que le conseiller établira avec le concours <strong>de</strong> ses collaborateurs dans l’un <strong>de</strong> ses bureaux ». 8 séancespar an, <strong>de</strong> 2 à 3 jours chacune sont proposées, soit 16 jours par an.Très rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t, Millier met <strong>en</strong> branle la machine <strong>de</strong> l’IAURP afin que les premières séances <strong>de</strong> travailai<strong>en</strong>t lieu le plus tôt possible. Il sollicite <strong>en</strong> particulier André Lalan<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Mission d’Evry pour participerà la rémunération <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> et propose <strong>de</strong>s réunion pour fin janvier (24 Evry, 25 Cergy, 26 Trappes).Lalan<strong>de</strong> signale alors à Miller un possible conflit d’intérêt car Gru<strong>en</strong> est aussi « architecte-conseil etréalisateur <strong>de</strong>s Magasins du Printemps, intéressé à l’opération d’Evry ». Finalem<strong>en</strong>t les premièresréunions ont lieu aux dates fixées et le contrat est établi le 25 janvier 288 . A partir <strong>de</strong> février, FrançoisKosciusko-Morizet, Directeur Adjoint <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme à l’IAURP, <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t lecorrespondant <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> et organise les diverses séances <strong>de</strong> travail avec les Missions, séances qui ontlieu la plupart du temps dans les murs <strong>de</strong> l’IAURP.C’est ainsi que démarre une collaboration qui va profondém<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cer la g<strong>en</strong>èse <strong>de</strong>s Villes Nouvellesfrançaises, une collaboration qui va durer jusqu’<strong>en</strong> décembre 1971. Durant la première année, quatorzeséances <strong>de</strong> travail réunissant Gru<strong>en</strong> et les Missions ont eu lieu sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’IAURP 289 . Mais si lerythme <strong>de</strong> départ est très sout<strong>en</strong>u comme cela était prévu, il semble diminuer à la fin <strong>de</strong> l’année puisl’année suivante durant laquelle seules huit séances ont lieu 290 .On trouve une explication <strong>de</strong> cette diminution dans une lettre <strong>de</strong> Dellus au préfet Laure du mois <strong>de</strong>janvier 1970 et qui dresse le bilan <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> durant l’année 1969 :« Il paraît difficile <strong>de</strong> faire le bilan <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> M. Gru<strong>en</strong>. Une certaine rétic<strong>en</strong>ce<strong>de</strong>s équipes est apparue au cours <strong>de</strong> ses interv<strong>en</strong>tions, malgré cela la mission a eu<strong>de</strong>s effets très positifs notamm<strong>en</strong>t pour l’aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tresCommerciaux d’Evry et <strong>de</strong> Pontoise. J’ai égalem<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que les missionreproch<strong>en</strong>t à cette forme d’assistance <strong>de</strong> ne donner qu’un point <strong>de</strong> vue unique et partielsur le problème difficile <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres et que l’optique <strong>de</strong> M. VictorGru<strong>en</strong> reflète une t<strong>en</strong>dance très caractéristique du mo<strong>de</strong> d’urbanisation américain. Parcontre sa forte personnalité et sa longue expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> font à titre personnel unConseiller technique extrêmem<strong>en</strong>t précieux bi<strong>en</strong> que certaines missions considèr<strong>en</strong>tque M. Gru<strong>en</strong> a exprimé l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> sa p<strong>en</strong>sée et qu’il n’apporte plus d’idéesvraim<strong>en</strong>t <strong>nouvelle</strong>s. » 291Un écho <strong>de</strong> ces rétic<strong>en</strong>ces se trouve aussi dans l’ouvrage sur la conception du c<strong>en</strong>tre d’Evry qui serapublié quelques années plus tard par l’Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t. Mais <strong>en</strong> 1970, l’IAURPconserve sa confiance à Victor Gru<strong>en</strong> et cherche donc à profiter du r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son contrat pour <strong>en</strong>changer sa nature et r<strong>en</strong>dre sa collaboration plus flexible et moins suspecte aux yeux <strong>de</strong>s Missions :« La réputation internationale <strong>de</strong> M. Gru<strong>en</strong> et la gran<strong>de</strong> confiance que lui accord<strong>en</strong>t lespromoteurs commerciaux <strong>en</strong> font un intermédiaire indisp<strong>en</strong>sable et un excell<strong>en</strong>tinterlocuteur pour technici<strong>en</strong>s.C’est <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte <strong>de</strong> ces qualités et <strong>de</strong> cette situation que <strong>de</strong>vrait être <strong>en</strong>visagéle r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du contrat <strong>de</strong> M. Victor Gru<strong>en</strong>.287 « Projet <strong>de</strong> conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> conseil » in 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.288 « Contrat n°01/11-02/10-03/3 passé <strong>en</strong>tre l’Institut d’Aménagem<strong>en</strong>t et d’Urbanisme <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne et M. VictorGru<strong>en</strong> le 25 janvier 1968 « Mission <strong>de</strong> conseil technique » »289 24 (Evry), 25 (Cergy) et 26 (Trappes) janvier ; 6 (Evry), 7 (Cergy) et 8 (Trappes + Noisy) mai ; 8 (Trappes), 9 (Noisy) et 10(Cergy) juillet ; 3 (Noisy) et 4 (Cergy + Evry) octobre ; 16 (Trappes) et 17 (Noisy) décembre.290 25 février (Trappes) ; 27 et 28 mai (Noisy, Tigery, Evry) ; 8 et 9 juillet (Evry, Cergy) ; 4 septembre (Villetaneuse) ; 16octobre (Tigéry) ; 2 décembre (Noisy).291 Lettre <strong>de</strong> J. Dellus à Laure, 13 janvier 1970 in « Correspondance », dossier 4WIA / 31 « Victor Gru<strong>en</strong> - VN <strong>de</strong> Pontoise –Cergy, Evry et Trappes », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France, p. 2.95


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIDans une optique un peu différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> l’assistance technique aux Villes Nouvelles, M.Gru<strong>en</strong> pourrait être un <strong>de</strong>s experts conseiller <strong>de</strong> la Préfecture <strong>de</strong> Région, au même titreque M. Austett, et non plus seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’IAURP. Son interv<strong>en</strong>tion se ferait alorsdans le cadre du groupe technique <strong>de</strong>s Villes Nouvelles que vous avez réuni et quipourrait év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t accueillir d’autres experts internationaux. Ceci à mon s<strong>en</strong>sapparaîtrait comme plus positif aux mission qui ont la crainte, d’une part, <strong>de</strong> resterisolées, d’autre part, <strong>de</strong> se laisser <strong>en</strong>fermer dans une conception unique. » 292En décembre 1970, un nouveau contrat est signé sous le titre <strong>de</strong> «Mission <strong>de</strong> conseil pour lesproblèmes d’urbanisme » sous la responsabilité <strong>de</strong> Pierre Merlin, Directeur <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’IAURP.L’exposé <strong>de</strong>s motifs indique que Gru<strong>en</strong> sera chargé d’une « mission <strong>de</strong> conseil pour les problèmesd’urbanisme qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à la Préfecture <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, y compris les problèmes <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s Villes Nouvelles, la planification <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s et le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne. » 293Mais ce changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nature <strong>de</strong> la collaboration <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> avec l’IAURP ne suffit pas à <strong>en</strong>rayer ladégradation <strong>de</strong> la situation. La contestation <strong>de</strong> la légitimité <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> gagne l’Institut lui-même. Ainsi <strong>en</strong>mars 1971, J. Michel écrit au Préfet Laure pour <strong>de</strong> lui faire part du résultat <strong>de</strong> ses discussions avec lesMissions et EPA, l’APUR et Salmon-Legagneur : « [les] <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec M. Gru<strong>en</strong> n’intéressai<strong>en</strong>t plusgrand mon<strong>de</strong> ». Il lui propose alors <strong>de</strong> mettre fin à la mission <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> pour l’IAURP <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong>contrats ponctuels 294 . En juin 1971, Pierre Merlin, Directeur <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s, comm<strong>en</strong>te le <strong>de</strong>rnier rapport <strong>de</strong>Victor Gru<strong>en</strong> dans une lettre au Préfet Laure avec <strong>de</strong>s propos <strong>en</strong>core plus acerbes :« [Le rapport est] très léger et ne correspond ni au volume financier du contrat (d’ailleursexécuté <strong>en</strong> partie seulem<strong>en</strong>t, les Villes Nouvelles et GEP étant las d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre M. Gru<strong>en</strong>se répéter d’une séance à l’autre et refusant donc <strong>de</strong> le recevoir, ce qui n’a pas permisd’organiser les 12 journées <strong>de</strong> travail prévues). Je p<strong>en</strong>se donc qu’il faut faire cesser cetabus qui dure <strong>de</strong>puis quatre ans et ne pas r<strong>en</strong>ouveler ce contrat. » 295En décembre 1971, Victor Gru<strong>en</strong> donne une <strong>de</strong>rnière confér<strong>en</strong>ce à l’IAURP. Son contrat qui vi<strong>en</strong>t àéchéance n’est pas r<strong>en</strong>ouvelé à son grand dépit, il t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r l’IAURP <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> poursuivrecette collaboration, il se heurte à un refus poli mais net 296 .Si nous regardons l’évolution <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong>, nous voyons que la situation au sein <strong>de</strong> l’IAURP et<strong>de</strong>s missions a rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t évoluée <strong>en</strong> quatre ans. Au départ Gru<strong>en</strong> est employé comme un concepteur<strong>de</strong> r<strong>en</strong>om non seulem<strong>en</strong>t pour la conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux mais aussi dans la conception<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains <strong>en</strong> général. Puis peu à peu sa position semble se fragiliser alors que l’hostilité <strong>de</strong>sMissions puis finalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’IAURP grandie pour aboutir à la fin <strong>de</strong> son contrat <strong>en</strong> 1971. Comm<strong>en</strong>tcompr<strong>en</strong>dre cette évolution ? Regardons du côté <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> dans son travail <strong>de</strong>consultant pour la conception <strong>de</strong>s CUR <strong>de</strong>s Villes Nouvelles.L’action <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> dans la conception <strong>de</strong>s CURQuelle est la réalité <strong>de</strong> cette « t<strong>en</strong>dance très caractéristique du mo<strong>de</strong> d’urbanisation américain » dontVictor Gru<strong>en</strong> se ferait le représ<strong>en</strong>tant et qui serait la source <strong>de</strong> la rétic<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s Missions selon la lettre<strong>de</strong> Jean Dellus au Préfet Laure du début <strong>de</strong>s années 1970? On serait t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser que Victor Gru<strong>en</strong> aété le porte-voix univoque <strong>de</strong>s intérêts commerciaux, <strong>de</strong> la « boite à v<strong>en</strong>dre américaine » comme lanomme Michel Mottez 297 et d’une logique d’urbanisme ext<strong>en</strong>sif basé sur l’usage immodéré <strong>de</strong>l’automobile.En fait, il faut fortem<strong>en</strong>t nuancer cette idée comme le montre plusieurs <strong>de</strong> ses interv<strong>en</strong>tions auprès <strong>de</strong>l’IAURP et <strong>de</strong>s Missions. Tout d’abord, Gru<strong>en</strong> amorce durant la secon<strong>de</strong> moitié <strong>de</strong>s années 1960, un<strong>en</strong>ouvelle pério<strong>de</strong> dans sa carrière durant laquelle il critique <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus les défauts du modèle dushopping c<strong>en</strong>ter. Certes, il s’agit simplem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre « la liberté <strong>de</strong> critiquer [ses] « propres<strong>en</strong>fants » », mais cette critique ne se limite pas simplem<strong>en</strong>t au fait que les c<strong>en</strong>tres commerciaux292 Lettre <strong>de</strong> J. Dellus à Laure, op. cit., p. 2 sqq.293 dossier 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> - Mission <strong>de</strong> conseil pour les problèmes d’urbanisme », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives<strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.294 Note J. Michel à Laure, 8 mars 1971 in dossier 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> - Mission <strong>de</strong> conseil pour les problèmesd’urbanisme », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.295 Lettre <strong>de</strong> Pierre Merlin à Laure, 17 juin 1971 in dossier 4 WIA / 32 « Victor Gru<strong>en</strong> », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> laRégion Ile-<strong>de</strong>-France.296 Lettre <strong>de</strong> V. Gru<strong>en</strong> à Alduis, 17 décembre 1971 & lettre d’Alduis à V. Gru<strong>en</strong>, 27 décembre 1971 in 4 WIA / 32 « VictorGru<strong>en</strong> - Mission <strong>de</strong> conseil pour les problèmes d’urbanisme », Archives <strong>de</strong> l’IAURIF, Archives <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.297 Interview <strong>de</strong> M. Mottez, annexe 02, p30.96


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III« gaspill<strong>en</strong>t le terrain d’une manière alarmante » 298 . Ainsi, Gru<strong>en</strong> plai<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciauxplus d<strong>en</strong>ses, se développant <strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions, bref pour un modèle plus urbain 299 . Mais surtout VictorGru<strong>en</strong> est parfaitem<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>t « <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ces fondam<strong>en</strong>tales <strong>en</strong>tre les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>seuropé<strong>en</strong>nes – qui sont laissées à l’initiative publique – et les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s américaines – qui sontess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> nature privée » 300 . Et s’il critique l’ori<strong>en</strong>tation « sociologique » qui està la base <strong>de</strong> la création <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s europé<strong>en</strong>nes, il aussi très critique <strong>en</strong>vers le modèle libéralaméricain et ceci pour <strong>de</strong>s raisons très pragmatiques. C’est <strong>en</strong> particulier, le manque d’interv<strong>en</strong>tionpublique empêchant <strong>de</strong>s projets plus ambitieux qu’il montre du doigt et, appelé par le gouvernem<strong>en</strong>tfédéral à réfléchir sur ces questions, il se montre partisan <strong>de</strong> la promulgation <strong>de</strong> dispositifs législatifs quipermettrai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> combler ce manque. Comme on le voit, Victor Gru<strong>en</strong> est loin d’être le partisan unilatérald’un urbanisme d’inspiration américaine. Ce <strong>de</strong>rnier point est r<strong>en</strong>forcé par l’admiration constante <strong>de</strong>Gru<strong>en</strong> pour un certain nombre <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s europé<strong>en</strong>nes. Ainsi dans Shopping Towns USA, les<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> Harlow <strong>en</strong> Gran<strong>de</strong> Bretagne et Vaellingby <strong>en</strong> Suè<strong>de</strong>, étudiées aussi par l’IAURP, sontcitées <strong>en</strong> introduction comme représ<strong>en</strong>tant le standard urbanistique que doit atteindre le shoppingc<strong>en</strong>ter 301 . Cette admiration se doublera d’un <strong>en</strong>thousiasme certain pour le SDAU <strong>de</strong> 1965. Même aprèsavoir vu sa mission pour le compte <strong>de</strong> l’IAURP se clore <strong>en</strong> 1971, il continuera à faire l’éloge <strong>de</strong> lapolitique urbanistique m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> Région Parisi<strong>en</strong>ne :« En ce qui concerne l’organisation gouvernem<strong>en</strong>tale, la qualité et les buts du pland’<strong>en</strong>semble et les outils législatifs disponibles, cette <strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> planification est, <strong>de</strong>mon opinion, une <strong>de</strong>s plus ambitieuses et prometteuses du mon<strong>de</strong>. » 302Cette « t<strong>en</strong>dance » n’est donc pas aussi unilatérale que voudrait bi<strong>en</strong> le faire croire un regard superficiel.La conception <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité développée par Gru<strong>en</strong>, associant services privés et services publics acertainem<strong>en</strong>t alim<strong>en</strong>tée la réflexion <strong>de</strong>s aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s. Le projet qu’il élabore pour leCUR <strong>de</strong> Noisy-le-Grand <strong>en</strong> 1969 apparaît à cet égard significatif [voir FIG. 10.3], on y voit clairem<strong>en</strong>t unc<strong>en</strong>tre commercial représ<strong>en</strong>té non pas comme une boite fermée mais comme un dispositif <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ruesqui se raccord<strong>en</strong>t à un tissu urbain d<strong>en</strong>se.Néanmoins, on peut p<strong>en</strong>ser que la cause <strong>de</strong> l’opposition théorique qui se fait jour très tôt <strong>en</strong>tre Gru<strong>en</strong> etles Missions repose sur ce qui constitue la base <strong>de</strong> l’approche urbanistique <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> et qu’iln’abandonne pas malgré ses propres critiques grandissantes contre le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter : laposition dominante <strong>de</strong> la figure architecturale du mall dans les c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s nouveaux ou à rénover et leprima <strong>de</strong> la logique commerciale dans le dispositif d’animation. L’opposition porte <strong>en</strong> définitive non passur le principe d’association et <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s activités tant commerciales que sociales etculturelles mais sur le prima <strong>de</strong> la fonction et <strong>de</strong> la r<strong>en</strong>tabilité commerciale.Durant ses interv<strong>en</strong>tions sur les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s « principes développés dans le c<strong>en</strong>tre commercialrégional », (<strong>en</strong> particulier avec l’exemple <strong>de</strong> Val<strong>en</strong>cia), il montre que le cœur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> est occupé par« un mall <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> croix, bordé <strong>de</strong> magasins, fermé et climatisé ». De même lorsqu’il abor<strong>de</strong> laquestion <strong>de</strong> la rénovation urbaine, avec <strong>en</strong> particulier la projection d’un petit film qui détaille la rénovationdu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Fresno <strong>en</strong> Californie, le comm<strong>en</strong>taire sur « la part du volume global <strong>de</strong> v<strong>en</strong>te du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>la <strong>ville</strong> et les valeurs d’actifs [qui] se mir<strong>en</strong>t à baisser » est cité comme argum<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> larénovation. La transformation <strong>de</strong> Fulton Road, la rue principale <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> est décrite <strong>de</strong> la manièresuivante :« Ainsi se prés<strong>en</strong>te aujourd’hui le « mail » avec <strong>de</strong>s véhicules électriques transportantles acheteurs <strong>de</strong>puis les parkings jusqu’aux magasins ou d’un point à un autre du« mail ». Des aires <strong>de</strong> jeux prévues pour la gar<strong>de</strong> ont été réalisées pour le plaisir <strong>de</strong>s<strong>en</strong>fants qui peuv<strong>en</strong>t être laissés <strong>en</strong> sécurité tandis que les par<strong>en</strong>ts font les achats à leuraise. Le « mail » est égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u un lieu privilégié et idéal pour les manifestations298 « Interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> M. Victor Gru<strong>en</strong> », p. 9.299 On retrouve ce rejet du shopping c<strong>en</strong>ter suburbain classique dans le bilan que fait Victor Gru<strong>en</strong> <strong>de</strong> son action auprès <strong>de</strong>smissions <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>en</strong> 1973 : « Dans ces cas, il est possible d’attirer au moins un certain nombre <strong>de</strong> magasins dansle nouveau c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong>. Ceux-ci, néanmoins, sont conçus, et même dans certains cas construits, selon la forme typique duc<strong>en</strong>tre commercial régional suburbain […]. Il y a grand danger que, démarrant avec <strong>de</strong>s structures correspondant à la foisquantitativem<strong>en</strong>t et qualitativem<strong>en</strong>t aux standards suburbains, toute chance <strong>de</strong> jamais atteindre les objectifs originaux <strong>de</strong> laplanification urbaine sera détruite pour toujours. » Victor Gru<strong>en</strong>, C<strong>en</strong>ters for the Urban Environm<strong>en</strong>t. Survival of the Cities,New York, Van Nostrand Reinhold, 1973, p. 250 sqq.300 « Interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> M. Victor Gru<strong>en</strong> », p. 3.301 Le Prologue <strong>de</strong> Shopping Towns USA débute avec une illustration <strong>de</strong> l’Agora d’Athènes. Op. cit., p16.302 Victor Gru<strong>en</strong>, op. cit., p. 249.97


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIpubliques, le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> fonctions sociales et activités <strong>de</strong>groupe pour tout âge » 303 .On retrouve cette approche dans les comptes-r<strong>en</strong>dus <strong>de</strong>s premières réunions <strong>de</strong> travail <strong>en</strong>tre Gru<strong>en</strong> etles Missions :« Monsieur Gru<strong>en</strong> est très partisan <strong>de</strong> l’utilisation au maximum <strong>de</strong> la troisième dim<strong>en</strong>sion[…]. Les sous-sols sont réservés aux services, <strong>en</strong>trepôts, parkings. Les <strong>de</strong>ux ou troispremiers étages (pas plus que pour le bon fonctionnem<strong>en</strong>t d’un grand magasin) sontutilisés par les commerces, les services para-commerciaux, les services administratifs…L’habitat occupe les étages supérieurs. » 304En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son action <strong>en</strong> tant que consultant pour les questions commerciales, VictorGru<strong>en</strong> t<strong>en</strong>tera d’appliquer ces principes dans les plans <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres d’Evry et <strong>de</strong> Noisy-le-Grand qu’il r<strong>en</strong>d <strong>en</strong> mars 1969 aux Missions concernées. Mais lors du dialogue qui prési<strong>de</strong>à l’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces plans, une diverg<strong>en</strong>ce forte apparaît <strong>en</strong>tre les Missions et Gru<strong>en</strong>.Ainsi dans le cas d’Evry, Gru<strong>en</strong> réagit fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> janvier 1969 aux ori<strong>en</strong>tations que lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’appliquer André Lalan<strong>de</strong> :«A propos <strong>de</strong> ces paragraphes généraux, je ti<strong>en</strong>s à préciser que j’ai porté la plus gran<strong>de</strong>att<strong>en</strong>tion à tous les argum<strong>en</strong>ts exposés par vos collaborateurs et vous-même mais que maposition n’a pas varié ; bi<strong>en</strong> au contraire, nos <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s et ma première étu<strong>de</strong> générale duprojet ont r<strong>en</strong>forcé mon opinion selon laquelle il n’est pas souhaitable d’appliquer la plupart<strong>de</strong>s principes ret<strong>en</strong>us dans votre étu<strong>de</strong>. J’essaierai cep<strong>en</strong>dant d’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir compte, sipossible, au cours <strong>de</strong> mon étu<strong>de</strong> détaillée.La prés<strong>en</strong>te lettre, ainsi que ma lettre du 14 janvier 1969, résume ma position et les seulsprincipes à partir <strong>de</strong>squels je puis accepter <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière indép<strong>en</strong>dante à l’étu<strong>de</strong>que vous me confiez ; j’insiste <strong>en</strong> effet pour ne pas être lié par <strong>de</strong>s principes auxquels j<strong>en</strong>e puis souscrire.C’est dans cet esprit que je signe le contrat […]. » 305Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’aspect théorique du désaccord <strong>en</strong>tre Gru<strong>en</strong> et les missions, le rejet <strong>de</strong>s propositionsconcrètes <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> est alim<strong>en</strong>té par l’ambiguité <strong>de</strong> son statut. Cette ambiguïté touche tout à la fois lanature <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> mais aussi ses limites : d’un côté son travail est intermédiaire <strong>en</strong>treconsulting spécialisé et conception pure et simple, <strong>de</strong> l’autre l’objet <strong>de</strong> ce travail oscille constamm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre la question <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Commerciaux Régionaux proprem<strong>en</strong>t dits et celle plus large <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tresUrbains <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Si on se p<strong>en</strong>che sur les archives, on se r<strong>en</strong>d compte qu’elle est <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> fait par l’IAURP qui ne faitpas <strong>de</strong> choix et reste flou dans les contrats qui le lie à Victor Gru<strong>en</strong> International. Au contraire du côté<strong>de</strong>s Missions et <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> l’approche semble beaucoup plus simple et opposée.D’un côté Victor Gru<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d clairem<strong>en</strong>t ne pas se limiter à un rôle <strong>de</strong> consultant ne se p<strong>en</strong>chant quesur les c<strong>en</strong>tres commerciaux, <strong>de</strong> l’autre les acteurs <strong>de</strong>s missions veill<strong>en</strong>t jalousem<strong>en</strong>t sur leursprérogatives <strong>en</strong> le cantonnant à un rôle d’expert commercial. Régulièrem<strong>en</strong>t, Gru<strong>en</strong> t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> dépasserles limites qui peuv<strong>en</strong>t lui être imposées. Dans les différ<strong>en</strong>tes réunions avec les Missions, c’est plus laquestion <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>ville</strong>s <strong>en</strong> général qui est évoquée que celle <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres commerciaux <strong>en</strong> particulier.De même Gru<strong>en</strong> insiste dès la première année pour que <strong>de</strong>s questions d’urbanisme général soi<strong>en</strong>tabordées dans ces réunions. Avec la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> plans pour les CUR d’Evry et Noisy-le-Grand, il severra offrir une occasion <strong>de</strong> dépasser le simple rôle <strong>de</strong> consultant <strong>en</strong> réalisant une étu<strong>de</strong> détaillée,quasim<strong>en</strong>t celle d’un concepteur, pour le plan complet du c<strong>en</strong>tre. Mais nous avons vu qu’il se heurteradans cet exercice à la volonté <strong>de</strong>s missions d’imposer leur point <strong>de</strong> vue. Pour ces <strong>de</strong>rnières, il semble<strong>de</strong>voir simplem<strong>en</strong>t rester un consultant dont l’action doit se réduire aux question d’urbanismecommercial, voire juste être un produit d’appel pour attirer les grands magasins au sein <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, qui, comme nous l’avons vu, vont se montrer <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus rétic<strong>en</strong>ts à poursuivre l’av<strong>en</strong>tured’une implantation <strong>en</strong> banlieue 306 .303 « R<strong>en</strong>aissance d’une <strong>ville</strong> », p. 4.304 « Remarques formulées par M. V. Gru<strong>en</strong> lors d’une réunion <strong>de</strong> travail à Evry, le 28 juin 1967 » in Dossier Victor Gru<strong>en</strong>,1523/W553, p. 1305 Lettre <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> à André Lalan<strong>de</strong>, 27 janvier 1968 in Dossier V. Gru<strong>en</strong>, 1523/W353, p. 2 sqq.306 Ainsi comme le signale Vinc<strong>en</strong>t Fouchier <strong>en</strong> citant Michel Mottez, « le plan <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> n’a pas été suivit d’effet <strong>en</strong> tantque tel, même s’il eut un rôle important. Il eut comme avantage <strong>de</strong> catalyser les relations <strong>en</strong>tre la mission d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> et les grands magasins : « il servait <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> lance pour faire r<strong>en</strong>trer les grands magasins dans notre urbanité »98


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILe temps <strong>de</strong>s missions : <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> compromis d’Evry aux logiques <strong>de</strong>distinction et d’opposition <strong>de</strong> Cergy et Marne-la-ValléeComm<strong>en</strong>t se construis<strong>en</strong>t les positions <strong>de</strong>s missions d’aménagem<strong>en</strong>t et comm<strong>en</strong>t évolu<strong>en</strong>t-elles lorsqueVictor Gru<strong>en</strong> perd son rôle c<strong>en</strong>tral et que d’autres acteurs, les promoteurs commerciaux, <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>scène ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes p<strong>en</strong>chés sur le cas <strong>de</strong> trois <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s<strong>en</strong> cherchant à compr<strong>en</strong>dre dans quelle mesure la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux a étéinflu<strong>en</strong>cée par ces jeux d’acteurs et par le débat sur les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre commerce et c<strong>en</strong>tralité.Le cas d’Evry nous a servi <strong>de</strong> point <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce plus particulièrem<strong>en</strong>t développé, car ce fut là que lesaménageurs travaillèr<strong>en</strong>t le plus tôt et <strong>de</strong> la manière la plus approfondie sur la conception d’unéquipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral lié à l’activité commerciale. L’exemple <strong>de</strong> Cergy-Pontoise et celui <strong>de</strong> Noisyle-Grandintervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong> façon complém<strong>en</strong>taire. Nous verrons que dans chaque cas le positionnem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> l’aménageur <strong>en</strong> ce qui concerne les relations <strong>en</strong>tre l’équipem<strong>en</strong>t intégré et le c<strong>en</strong>tre commercial estdiffér<strong>en</strong>t et va fortem<strong>en</strong>t influer sur la conception du premier : compromis pour Evry, rupture pour Cergy-Pontoise et opposition pour Noisy-le-Grand.L’affirmation d’un modèle alternatif au mall commercialLa Mission d’aménagem<strong>en</strong>t d’Evry, future Epévry, ne manque pas <strong>de</strong> développer dès sa création, sapropre vision <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre d’Evry et <strong>de</strong> restreindre le travail <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> à celui <strong>de</strong>consultant pour les questions commerciales 307 . Tout <strong>en</strong> reconnaissant l’importance <strong>de</strong> ces questions,l’Epévry s’affirme <strong>en</strong> marquant sa préfér<strong>en</strong>ce pour une autre gran<strong>de</strong> fonction promue par l’IAURP : celle<strong>de</strong> l’animation socio-culturelle. Dès 1968, <strong>en</strong> effet, le projet <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre urbain dans le discours <strong>de</strong> l’Epévryne tourne plus autour du c<strong>en</strong>tre commercial régional mais autour d’un nouveau type d’équipem<strong>en</strong>t,l’Agora 308 .Au regroupem<strong>en</strong>t exclusif <strong>de</strong> commerces sous la forme du shopping c<strong>en</strong>ter à l’américaine, répondl’Agora, équipem<strong>en</strong>t, ou plutôt complexe d’équipem<strong>en</strong>ts à la fois publics et privés c<strong>en</strong>sé intégrer lafonction commerciale dans un dispositif plus adapté à la c<strong>en</strong>tralité urbaine à l’europé<strong>en</strong>ne.L’<strong>en</strong>jeu d’élaboration d’un modèle pour un complexe d’équipem<strong>en</strong>ts publics c<strong>en</strong>traux trouve un souti<strong>en</strong>auprès <strong>de</strong> la commission interministérielle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés et du Ministère <strong>de</strong> l’EducationNationale qui reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t Evry parmi d’autres localités pour être le lieu d’une expérim<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>l’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts prolongeant l’expéri<strong>en</strong>ce préliminaire du CEC <strong>de</strong> Yerres 309 .L’Epévry travaille activem<strong>en</strong>t pour faire du concept d’Agora une réalité programmatique et architecturaled’où la référ<strong>en</strong>ce précoce à l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> 310 ainsi qu’au Forum <strong>de</strong> Billingham 311 . En 1968 alorsselon l’anci<strong>en</strong> responsable <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ». Vinc<strong>en</strong>t Fouchier, Les D<strong>en</strong>sités <strong>de</strong> la Ville Nouvelled’Evry. Du projet au concret, Paris, Anthropos, 2000, p. 50.307 « En ce qui concerne l’Agora, on a été très vite pris <strong>en</strong> main par l’obligation <strong>de</strong> faire un c<strong>en</strong>tre commercial. On avait uneespèce <strong>de</strong> haine « culturelle » dans l’équipe pour le commerce méchant, la boite à v<strong>en</strong>dre américaine, etc. » Interview <strong>de</strong>Michel Mottez par A. Korganow le 11 décembre 2003 chez lui à Paris.308 « C’est pourquoi les solutions rationnelles <strong>de</strong> l’urbanisme américain contemporain qui ont consisté à produire <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tresmonofonctionnels – tel le « shopping c<strong>en</strong>ter » pour le commerce – contribu<strong>en</strong>t sans doute à <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer <strong>de</strong> graves car<strong>en</strong>cesdans une société urbaine ainsi organisée. Le r<strong>en</strong>ouveau d’intérêt qui se manifeste aux USA pour les c<strong>en</strong>tres urbains (dansl’acception traditionnelle du terme), ainsi que les recherches m<strong>en</strong>ées actuellem<strong>en</strong>t dans les diverses disciplines sur la valeurdu c<strong>en</strong>tre comme « perman<strong>en</strong>ce urbaine », ont confirmé pour Evry le choix d’un parti d’aménagem<strong>en</strong>t articulant l’urbanisationautour d’un pôle vigoureux, lieu d’échanges privilégié : le c<strong>en</strong>tre urbain. » Mission d’Etu<strong>de</strong> et d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la VilleNouvelle d’Evry, Ville <strong>nouvelle</strong> d’Evry, étu<strong>de</strong>s et options, rapport, décembre 1968, archives <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, fond DREIFn°2126, carton 1, dossier n°6, p. 20.309 « Le succès <strong>de</strong> cette réalisation [le CEC d’Yerres] a am<strong>en</strong>é le Ministère le Ministère <strong>de</strong> l’Education Nationale à proposer que10 <strong>ville</strong>s <strong>en</strong> France, dont la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry, soi<strong>en</strong>t le champ d’expéri<strong>en</strong>ce d’intégration d’équipem<strong>en</strong>t : équipem<strong>en</strong>tssportifs culturels <strong>de</strong> loisirs qui s’organiserai<strong>en</strong>t, ou non autour <strong>de</strong> l’Ecole. » Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la VilleNouvelle d’Evry, Historique, rapport, 15 octobre 1970, archives <strong>de</strong> l’Essonne, fond <strong>de</strong> l’EPEVRY n°1523/W354, p. 1.310 « En 1968, un membre <strong>de</strong> nos équipes -je n’avais pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler <strong>de</strong> la Hollan<strong>de</strong> auparavant dans les ministères- unarchitecte qui était dans l’équipe d’Evry, Van <strong>de</strong>r Verf qui était hollandais, un week-<strong>en</strong>d <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant chez lui a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler<strong>de</strong> l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>. Et il nous a am<strong>en</strong>é une docum<strong>en</strong>tation là <strong>de</strong>ssus.» « Interview <strong>de</strong> André Darmagnac par A. Korganowle 16 janvier 2004 chez lui à Evry ». Pour plus <strong>de</strong> détail sur le travail <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong>, voir infra « L’Agora comme contremodèle».99


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIImême que l’équipe <strong>de</strong> l’EPA vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> découvrir le travail <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong>, dans tous les écritsconcernant la conception du c<strong>en</strong>tre d’Evry apparaît <strong>en</strong> annexe un texte déjà d<strong>en</strong>se sur l’Agoraprés<strong>en</strong>tant tout à la fois son aspect programmatique et les principes architecturaux <strong>de</strong>vant gui<strong>de</strong>r saréalisation.Ainsi dans un rapport <strong>de</strong> décembre 1968 312 , l’Agora est-elle prés<strong>en</strong>tée tout d’abord comme un lieuc<strong>en</strong>tral, polarisant les fonctions d’un c<strong>en</strong>tre urbain. Il doit s’agir d’« une place publique couverte etpolyval<strong>en</strong>te qui conc<strong>en</strong>tre à son pourtour un grand nombre d’équipem<strong>en</strong>ts, qui provoqu<strong>en</strong>t les occasions<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre […]. Le mélange et l’imbrication <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirs et <strong>de</strong> tous ceux qui y sont liés parune complém<strong>en</strong>tarité empêch<strong>en</strong>t les chutes d’animation et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une activité quasiperman<strong>en</strong>te ». Elle « se situe à un carrefour <strong>de</strong> liaisons <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> et réalise un carrefour <strong>de</strong> courantspiétons ».Mais <strong>de</strong>rrière cette volonté claire d’un pôle fort, la question <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>vant être accueillies reste trèsfloue comme <strong>en</strong> témoigne la liste prés<strong>en</strong>tée dans ce même rapport. On y trouve <strong>en</strong> effet tout autant <strong>de</strong>sactivités relevant traditionnellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics (sports, gymnastique, école <strong>de</strong> musique,confér<strong>en</strong>ce, congrès, etc.) que <strong>de</strong>s commerces privés (café, brasserie, restaurant, hôtel, kiosque,boutiques diverses, etc.).Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce mélange <strong>de</strong>s activités, l’ambiguïté <strong>de</strong> l’Agora se confirme lorsque est développée laquestion <strong>de</strong> la liaison avec son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Ainsi, une continuité forte <strong>en</strong>tre l’Agora et le reste duc<strong>en</strong>tre, voire <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, est <strong>de</strong>mandée afin d’<strong>en</strong> faire un espace c<strong>en</strong>tral. Mais il est clair que ceteffort pour construire une articulation forte est tournée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t vers le « mall commercial ».Lorsque l’on observe les plans qui sont joints à ce rapport. Tout d’abord, le schéma du c<strong>en</strong>tre-<strong>ville</strong> nemontre que peu <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre « les commerces » et « l’agora », seule la « place c<strong>en</strong>trale »découverte permet <strong>de</strong> lire la séparation <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>sembles. Les coupes schématiques proposéessont <strong>en</strong>core plus éclairantes. La par<strong>en</strong>té <strong>en</strong>tre l’Agora et le mall commercial est <strong>en</strong>core plus évid<strong>en</strong>teavec même type <strong>de</strong> circulations couvertes à double niveau. La seule perspective <strong>de</strong> l’Agora est une copieconforme <strong>de</strong>s circulations du mall commercial.Au final, <strong>de</strong>rrière le discours d’opposition <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> l’Agora et du shopping c<strong>en</strong>ter, nousavons vu qu’<strong>en</strong> réalité le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter tel que le conçoit Victor Gru<strong>en</strong> c’est-à-dire commedispositif ouvert à même <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un vrai c<strong>en</strong>tre urbain <strong>en</strong> s’associant à <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>trauxdivers est finalem<strong>en</strong>t très proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’Agora.En fait, les différ<strong>en</strong>ces se situ<strong>en</strong>t dans la manière <strong>de</strong> construire l’articulation <strong>en</strong>tre la fonctioncommerciale qui est gérée par le privé et la fonction socio-culturelle qui est gérée par le public. A quellefonction donner la priorité ? Une différ<strong>en</strong>ce qui recoupe <strong>en</strong> fait la question du jeu <strong>de</strong>s acteurs dans laconception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres. Qui conçoit réellem<strong>en</strong>t les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s : l’IAURP à travers sesconsultants, les promoteurs commerciaux ou les EPA ? Lorsque la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres UrbainsRégionaux passe dans sa phase opérationnelle et que les promoteurs commerciaux <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans le jeu,le modèle du shopping c<strong>en</strong>ter va se refermer au profit <strong>de</strong> la construction d’un nouveau modèle pour leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux que conçoiv<strong>en</strong>t les EPA. Mais néanmoins ces équipem<strong>en</strong>ts intégrés quidoiv<strong>en</strong>t possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s commerces doiv<strong>en</strong>t donc aussi permettre une négociation avec les promoteurscommerciaux. Le problème est donc <strong>de</strong> chercher un modèle alternatif qui propose une architectureopposée au shopping c<strong>en</strong>ter mais qui permette aussi une négociation.La distinction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux dispositifsLes choses comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à changer avec les plans <strong>de</strong> l’Agora établis <strong>en</strong> décembre 1969 313 , danslesquels se manifeste l’influ<strong>en</strong>ce du modèle <strong>de</strong> l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>. Le projet se conc<strong>en</strong>tre autour d’unespace c<strong>en</strong>tral libre et relativem<strong>en</strong>t important alors que le c<strong>en</strong>tre commercial att<strong>en</strong>ant se ferme sur luimême.L’un est accolé à l’autre sans que l’articulation spatiale ne soit <strong>en</strong>core trop précise hormis lapoursuite <strong>de</strong>s circulations [voir FIG. 11.2]. Par contre, une articulation programmatique se fait jour àtravers la dissociation <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux types d’activités <strong>de</strong>vant être accueillies par l’Agora. Elles sontregroupées <strong>en</strong> trois <strong>en</strong>sembles différ<strong>en</strong>ts tout autant au niveau programmatique que dans leur dispositionspatiale. D’un côté nous avons ce qui est nommé le « groupe loisirs » et qui conc<strong>en</strong>tre les grandséquipem<strong>en</strong>ts prévus : patinoire, piscine, espace <strong>de</strong> loisir, <strong>de</strong> spectacle plus le drugstore. Il est situé à311 D<strong>en</strong>ise Ragu, Jacques Lecureuil et Depelley, Note d’information. Etu<strong>de</strong> Equipem<strong>en</strong>ts culturels et <strong>de</strong> loisirs pour les <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s. Le Forum <strong>de</strong> Billingham, Paris, IAURP, 1969.312 « Annexe 4. L’Agora : proposition d’organisation pour un élém<strong>en</strong>t du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> (première phase) », in Mission d’Etu<strong>de</strong> etd’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry, Ville <strong>nouvelle</strong> d’Evry, étu<strong>de</strong>s et options, rapport, décembre 1968, archives <strong>de</strong> laVille <strong>de</strong> Paris, fond DREIF n°2126, carton 1, dossier n°6.313 Archives <strong>de</strong> l’Essonne, fond EPEVRY n°1523/W355, dossier appel d’offre CCR, décembre 1969.100


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIl’extrême <strong>de</strong> l’Agora et la patinoire, la piscine et le drugstore sont autant d’espaces autonomes. Un<strong>de</strong>uxième groupe intermédiaire est celui regroupant l’espace d’information, services divers, boutiques,cafés et restaurant. S’ouvrant sur la place c<strong>en</strong>trale qui articule l’Agora et le CCR. Enfin nous avons untroisième groupe accolé au CCR qui n’est constitué que <strong>de</strong> boutiques et <strong>de</strong> services.Pour parfaire la conception <strong>de</strong> l’esquisse, l’Epévry choisit <strong>de</strong> s’associer les services d’un architecte etreti<strong>en</strong>t sans concours l’ag<strong>en</strong>ce Herbé-Lecouteur, maître d’œuvre reconnu dans le domaine <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts publics (cathédrale d’Alger, <strong>en</strong>semble maison <strong>de</strong> la culture-MJC <strong>de</strong> Reims) 314 .Nous voyons donc dès 1969 plusieurs points se préciser. En premier lieu, une forme <strong>de</strong> partage sembledonc être organisé <strong>en</strong>tre les grands équipem<strong>en</strong>ts qui ont une vocation publique et <strong>de</strong> l’autre les activitésprévues <strong>en</strong> 1968 et qui ressort<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s commerces privés. Désormais les activités ne sont plus p<strong>en</strong>séesà travers une liste exhaustive mais à travers une première hiérarchie qui est organisée quand au statutprogrammatique <strong>de</strong> ces espaces. Cette hiérarchie sera confirmée <strong>en</strong> octobre 1970 315 . En second lieu, lesgrands équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à acquérir leur autonomie spatiale. Ils se détach<strong>en</strong>t, ils<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiables [voir FIG. 11.3]. Nous avons là l’ébauche <strong>de</strong> la forme que va pr<strong>en</strong>dre l’Agorad’Evry peu à peu, celle d’un système complexe articulant :- au niveau architectural, <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> loisirs traités comme <strong>de</strong>s volumes id<strong>en</strong>tifiables reliéspar une couverture « nappe » qui rassemble une séries <strong>de</strong> services associés- au niveau programmatique, une partie relevant d’une gestion publique -dite Agora publique- à unepartie relevant d’une gestion privée –dite Agora privée.Il est probable que le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Agora comme modèle non plus par<strong>en</strong>t du shopping c<strong>en</strong>ter maisplutôt concurr<strong>en</strong>t ti<strong>en</strong>t aussi au conservatisme <strong>de</strong>s acteurs du commerce. Non pas probablem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lapart <strong>de</strong> Gru<strong>en</strong> qui est ouvert à l’expérim<strong>en</strong>tation architecturale et programmatique que <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sGrands Magasins qui, dans leur frilosité <strong>en</strong> matière d’implantation, fur<strong>en</strong>t d’une intransigeance <strong>de</strong>s plusforte <strong>en</strong> ce qui concerne le c<strong>en</strong>tre commercial. Ils restèr<strong>en</strong>t attachés au modèle du shopping c<strong>en</strong>ter sansadmettre une quelconque évolutivité comme d’autres acteurs <strong>de</strong> la promotion commerciale.Si le modèle se clarifie et se prés<strong>en</strong>te tout à la fois comme une réponse à l’hégémonie du modèle dushopping c<strong>en</strong>ter et comme un complém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier dans l’optique <strong>de</strong> construire une vraie c<strong>en</strong>tralité,il prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong>core une certaine ambiguïté. Unifiée mais éclatée, publique mais aussi privée, l’associationAgora/CCR reste ouverte pour une évolution future. Cette ambiguïté maint<strong>en</strong>ue va vite apparaître commeune arme dans les mains <strong>de</strong> l’Epévry pour maîtriser la conception du c<strong>en</strong>tre urbain régional lorsque laphase opérationnelle et la phase <strong>de</strong> négociation avec la société <strong>de</strong> promotion commerciale sontabordées.Vers l’opérationnel : les tribulations d’un c<strong>en</strong>tre urbain régionalLe basculem<strong>en</strong>t vers l’opérationnel se produit fin 1969, début 1970, un basculem<strong>en</strong>t qui correspond à ladémission <strong>de</strong> Paul Delouvrier, remplacé par Maurice Doublet à la tête <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>s Villes Nouvellescomme Délégué Général au District <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne. Ce <strong>de</strong>rnier, pressé par Albin Chalandon,n’a <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> faire r<strong>en</strong>trer cette politique dans sa phase opérationnelle le plus rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t possible 316 .Ce basculem<strong>en</strong>t dans la partie opérationnelle change la donne à Evry : la Mission <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue Epévryacquiert une autorité sans conteste et peut user <strong>de</strong> ce pouvoir pour imposer son approche.La place <strong>de</strong> la promotion commerciale dans la conception du c<strong>en</strong>tre d’Evry change alors radicalem<strong>en</strong>t.La mission <strong>de</strong> consulting <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> à l’IAURP s’arrête <strong>en</strong> 1970 et la promotion commerciale perddu poids face aux aménageurs locaux qui du statut <strong>de</strong> Mission d’aménagem<strong>en</strong>t pass<strong>en</strong>t à celui314 « L’architecte avait fait <strong>de</strong>s esquisses et puis avec sa petite maquette il allait voir les différ<strong>en</strong>ts ministères qui avai<strong>en</strong>ttrouvé cela formidable et quand on a fait la consultation pour le c<strong>en</strong>tre commercial, on avait donné cela comme unedonnée. Je passe sur les histoires que au début les c<strong>en</strong>tres commerciaux ne voulai<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> ce truc là. Pour étudier ceprogramme là, à l’époque on étai<strong>en</strong>t jeunes architectes, il y avait eu un accord pour que la maîtrise d’ouvrage <strong>de</strong> tous ceséquipem<strong>en</strong>ts soit déléguée à l’Etablissem<strong>en</strong>t Public.Le maître d’œuvre choisi a été Lecouteur qui avait l’avantage d’être associé à Herbé qui était un grand bonhomme etLecouteur l’était beaucoup moins. Herbé est décédé, il avait dans son cabinet un type qui s’appelait D<strong>en</strong>is Sloan qui étaitun bon architecte. On p<strong>en</strong>sait qu’avec D<strong>en</strong>is Sloan on y arriverait, manque <strong>de</strong> pot D<strong>en</strong>is Sloan est parti <strong>de</strong> chez Lecouteurà ce mom<strong>en</strong>t là. Lecouteur s’est retrouvé tout seul avec un discours assez dépassé. La <strong>de</strong>ssus on a choisi un spécialiste<strong>de</strong> salles <strong>de</strong> spectacle et un scénographe pour s’occuper <strong>de</strong>s arènes. Et donc on a travaillé avec ces spécialistes qui sesont <strong>en</strong>gueulés <strong>en</strong>tre eux. » Interview <strong>de</strong> Michel Mottez le 11 décembre 2003 chez lui à Paris315 Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry, Programme et parti urbanistique, rapport, 15 octobre1970, p. 4 [AD Essonne, fond <strong>de</strong> l’EPEVRY 1523/W354].316 Sur le conflit <strong>en</strong>tre Albin Chalandon et Paul Delouvrier voir Lion Murard et Franois Fourquet (dir.), La Naissance <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s. Anatomie d’une décision (1961-1969), Paris, Presses <strong>de</strong> l’Ecole Nationale <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, 2004.101


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIId’Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t. Le rapport <strong>de</strong> force s’inverse. Désormais, les aménageurs ontleur modèle qui est déjà suffisamm<strong>en</strong>t stable et structuré pour être imposable à la promotioncommerciale. Le 16 décembre 1969, ce modèle reçoit « une approbation <strong>de</strong> principe <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts chefs<strong>de</strong> services du Plan et <strong>de</strong>s Programmes <strong>de</strong> chaque Ministère concerné ». Tout est prêt pour passer à laphase suivante : le choix d’une société <strong>de</strong> promotion commerciale pour le C<strong>en</strong>tre Urbain Régional.Les réponses à l’appel d’offre sont r<strong>en</strong>dues le 15 octobre 1969 alors que le choix sera effectué <strong>en</strong> février1970. Durant ce laps <strong>de</strong> temps, une discussion s’<strong>en</strong>gage <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes sociétés press<strong>en</strong>ties etl’Epévry. Cette discussion va moins porter sur le C<strong>en</strong>tre Commercial Régional lui même que sur l’Agora.Car l’appel d’offre lancé se prés<strong>en</strong>te sous un jour très particulier, il s’agit <strong>de</strong> trouver une société quiaccepte <strong>de</strong> réaliser le CCR mais aussi une partie <strong>de</strong> l’Agora. De plus, il est <strong>de</strong>mandé à la sociétéd’assurer la gestion <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong> l’Agora qu’elle réalise. Il s’agit pour l’Epévry non seulem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> réaliser le modèle <strong>de</strong> l’association CCR/Agora mais aussi <strong>de</strong> le faire adopter etassumer par les sociétés commerciales comme alternative au modèle du shoppingc<strong>en</strong>ter.A chaque société press<strong>en</strong>tie, il est <strong>de</strong>mandée <strong>de</strong> proposer non seulem<strong>en</strong>t une esquisse du CCR maisaussi une esquisse <strong>de</strong> l’Agora. Deux concurr<strong>en</strong>ts s’affront<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t : la COREDIS – SACC et laSEPCC qui est la filiale étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la SCC. Lors <strong>de</strong> l’exam<strong>en</strong> <strong>de</strong>s notices explicitant les offres, il apparaîtclairem<strong>en</strong>t que le choix ne sera pas fondé sur l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> promotion commerciale maissur l’acceptation ou non <strong>de</strong> l’Agora telle qu’elle est proposée dans le dossier d’appel d’offre par lasociété 317 . Ainsi pour ce qui est <strong>de</strong> la SEPCC, il est jugé que « d’une façon générale, l’esquisse est unetransposition <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> la Mission d’Urbanisme, SAUF SUR UN POINT : le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’AGORA et <strong>de</strong>son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ne correspond pas aux données <strong>de</strong> base : l’AGORA prés<strong>en</strong>tée par la SEPCC estexclusivem<strong>en</strong>t constituée d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> promotion privée, elle se prés<strong>en</strong>te comme un prolongem<strong>en</strong>tdu mall commercial […]. ». L’analyse r<strong>en</strong>chérit : « ainsi prés<strong>en</strong>tée, l’AGORA apparaît plutôt comme une« excroissance » du mall commercial, comme une « nasse » plutôt que comme une « passoire », ce quir<strong>en</strong>d singulièrem<strong>en</strong>t difficile la continuité, URBANISTIQUEMENT INDISPENSABLE, avecl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Préfecture. » 318 Le jugem<strong>en</strong>t quand à l’esquisse 319 <strong>de</strong> la COREDIS –SACC sembletoute autre. La note sur cette <strong>de</strong>rnière société ne fait pas état <strong>de</strong> problèmes relevés quand à l’Agora,dont la définition fait l’objet semble-t-il d’une négociation continue, mais <strong>de</strong> questions liées aux parkings(on retrouve ici la question qui anime le débat à Cergy Pontoise) 320 .Fidèle à l’optique choisie, l’EPEVRY choisit donc la COREDIS SACC <strong>en</strong> février 1970 comme lauréat <strong>de</strong>l’appel d’offre préférant ainsi une société néophyte dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la promotion commerciale maistrès <strong>en</strong>gagée par rapport à l’Agora à une société beaucoup plus expérim<strong>en</strong>tée comme la SCC mais quiavait le tort <strong>de</strong> ne pas accor<strong>de</strong>r beaucoup d’importance à l’Agora voire <strong>de</strong> détourner le modèle initial.Dès lors la question qui se pose à l’EPEVRY est celle du montage <strong>de</strong> l’opération elle-même qui du fait<strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong>s responsabilités <strong>en</strong>tre l’Etablissem<strong>en</strong>t Public lui-même et la société <strong>de</strong> promotioncommerciale choisie <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t très complexe. L’EPEVRY déci<strong>de</strong> alors d’unifier la conception, il proposed’associer « les maître d’œuvre architectes » :« Un contrat d’étu<strong>de</strong> d’avant projet portant sur la totalité <strong>de</strong> l’Agora a ainsi été passéparallèlem<strong>en</strong>t par les <strong>de</strong>ux maître d’ouvrage EPEvry et la Société EVRY-CENTRE (quis’est substituée à la Sté COREDIS-SACC) à une association d’Architectes (MM.JANKOVIC et HARDION (Sté EVRY-CENTRE), M. LECOUTEUR (EPEVRY)) tandisqu’une ag<strong>en</strong>ce commune était créée. » 321A cette unité <strong>de</strong> la conception est associé un seul bureau d’étu<strong>de</strong> et une seule cellule <strong>de</strong>programmation.317 « Parallèlem<strong>en</strong>t cette approbation a permis à l’Etablissem<strong>en</strong>t Public <strong>de</strong> m<strong>en</strong>er à sa fin la consultation <strong>de</strong>s promoteurscommerciaux candidats à la création du c<strong>en</strong>tre commercial d’EVRY <strong>en</strong> exigeant d’eux un apport <strong>de</strong> programmes privés àl’AGORA et une adhésion à la conception » Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry, Historique,rapport, 15 octobre 1970, archives <strong>de</strong> l’Essonne, fond <strong>de</strong> l’EPEvry, n°1523/W354, p. 2.318 « Note sommaire <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation du dossier <strong>de</strong> soumission <strong>de</strong> SEPCC (M. R. <strong>de</strong> Balkany) au c<strong>en</strong>tre commercial régionald’Evry », décembre 1969 in Dossier lettres d’explicitation <strong>de</strong>s offres, archives <strong>de</strong> l’Essonne, fond <strong>de</strong> l’EPEvry, n°1523/W359,p. 1 sqq.319 Elle est réalisée par l’équipe d’architectes Jankovic et Hardion pour le compte <strong>de</strong> la COREDIS.320 Note « COREDIS-SACC » in Dossier lettres d’explicitation <strong>de</strong>s offres, archives <strong>de</strong> l’Essonne, fond <strong>de</strong> l’EPEVRY,n°1523/W359.321 Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Ville Nouvelle d’Evry, Historique, rapport dactyl., 15 octobre 1970, p. 2 [ADEssonne, fond EPEVRY 1523/W354].102


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIDurant cette phase, l’Agora ne cesse <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre du poids face au CCR. L’ambiguïté qui fut une forcedans la maîtrise <strong>de</strong> la conception du C<strong>en</strong>tre Urbain Régional par l’Epévry trouve ici son revers. Alors quela conjoncture <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tres commerciaux se détériore à ce mom<strong>en</strong>t, le travail développé parl’Epévry et la <strong>nouvelle</strong> société Evry-C<strong>en</strong>tre se conc<strong>en</strong>tre sur la conception <strong>de</strong> l’Agora. Cette approche <strong>de</strong>la question du C<strong>en</strong>tre Urbain Régional trouve sa caricature dans le dossier APS du CCR finalem<strong>en</strong>tprés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> octobre 1970. Que voyons-nous dans la liste <strong>de</strong>s pièces jointes ? Ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>sélém<strong>en</strong>ts détaillant le projet <strong>de</strong> l’Agora 322 .P<strong>en</strong>dant ce temps, la COREDIS-SACC était s<strong>en</strong>sée faire aboutir le montage du côté promotioncommerciale afin <strong>de</strong> permettre au CCR <strong>de</strong> fonctionner. Or comme nous l’avons dit, la COREDIS très<strong>en</strong>gagée vis à vis du projet <strong>de</strong> l’Agora, reste inexpérim<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> ce qui concerne la question <strong>de</strong> lapromotion commerciale. Ce manque d’expéri<strong>en</strong>ce va se révéler un puissant facteur d’échec. Alors que lacollaboration semblait harmonieuse avec l’Epévry, ce <strong>de</strong>rnier déci<strong>de</strong> lors <strong>de</strong> son conseil d’administrationdu 16 décembre 1971 <strong>de</strong> décharger la COREDIS du projet. Car « la COREDIS SACC n’avait pas été <strong>en</strong>mesure <strong>de</strong> faire aboutir les propositions qu’elle avait faites au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la consultation du mois <strong>de</strong>février 1970. La COREDIS SACC n’avait <strong>en</strong> effet pas réussi à obt<strong>en</strong>ir la signature <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s surfaceset ceci malgré les conditions financières extrêmem<strong>en</strong>t favorables qu’elle avait proposées » 323 . Lastratégie <strong>de</strong> l’EPEvry atteint ici ses limites, le choix d’un acteur inexpérim<strong>en</strong>té et donc prêt à collaboreractivem<strong>en</strong>t au projet <strong>de</strong> l’Agora a effrayé les Grands Magasins alors même que ces <strong>de</strong>rniers sontindisp<strong>en</strong>sables à la réalisation du CCR. Privilégier l’Agora a m<strong>en</strong>acé l’exist<strong>en</strong>ce même du CCR. Or sansCCR pas d’Agora car le premier est la locomotive indisp<strong>en</strong>sable au second.Le compromis final : l’alliance <strong>de</strong>s contrairesLa réaction <strong>de</strong> l’Epévry va être très rapi<strong>de</strong>. Face à l’échec <strong>de</strong> la COREDIS, les autres sociétés ayantrépondu à l’appel d’offre <strong>de</strong> 1969 sont <strong>de</strong> nouveau consultées <strong>en</strong> janvier 1972, dans l’urg<strong>en</strong>ce car il s’agit<strong>de</strong> ne pas retar<strong>de</strong>r le démarrage <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l’Agora qui doiv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> partie pris <strong>en</strong> charge par lasociété <strong>de</strong> promotion commerciale. Finalem<strong>en</strong>t, seule la SEPCC répond positivem<strong>en</strong>t à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quiest formulée par l’Etablissem<strong>en</strong>t Public : accepter <strong>de</strong> repr<strong>en</strong>dre sans délais le projet tel qu’il a été laissépar la COREDIS. Deux autres sociétés refus<strong>en</strong>t et la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t répond finalem<strong>en</strong>t horsdélais <strong>en</strong> exigeant une reformulation du programme.Par ce coup du sort, une alliance <strong>de</strong>s plus improbables quelques années auparavant, associe l’équipe <strong>de</strong>l’Epévry occupée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à la mise au point d’un modèle alternatif d’équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral et laSCC, à travers sa filiale SEPCC, si intransigeante autrefois par rapport au modèle du shopping c<strong>en</strong>ter.Mais ces <strong>de</strong>ux acteurs ne sont plus les mêmes. L’Epévry recherche désormais l’efficacité <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>promotion et la SEPCC une collaboration avec les aménageurs afin <strong>de</strong> s’assurer les terrains les plusr<strong>en</strong>tables pour la formule du shopping c<strong>en</strong>ter. Cette <strong>de</strong>rnière avait déjà amorcé clairem<strong>en</strong>t ce virage danssa politique lors <strong>de</strong> sa réponse à l’appel d’offre <strong>de</strong> 1969 :« Interrogé sur ces problèmes <strong>de</strong> l’AGORA, M. <strong>de</strong> Balkany a déclaré sa propre esquisse« dénuée d’une quelconque valeur à ses yeux », que toute transformation <strong>de</strong>stinée àsatisfaire l’Etablissem<strong>en</strong>t public était « <strong>en</strong>visageable » » 324 .C’est ainsi que s’<strong>en</strong>gage dès février 1972, une négociation <strong>en</strong>tre l’Epévry et la SEPCC qui vise cette foiscià préciser la formule qui doit être adoptée pour le C<strong>en</strong>tre Commercial Régional. Il s’agit <strong>de</strong>« rechercher une solution positive acceptable par les <strong>de</strong>ux parties. » Dès mars, trois hypothèses vontêtre <strong>en</strong>visagées, les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières étant p<strong>en</strong>sées comme évolutives :- le mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> la formule classique du shopping mall à <strong>de</strong>ux niveaux avec <strong>de</strong>ux grands magasinscomme locomotives qui était le choix <strong>de</strong> la COREDIS,- l’implantation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hypermarchés comme locomotives avec un « mall ouvert » qui n’est <strong>en</strong> faitqu’une galerie marchan<strong>de</strong>,- une formule hybri<strong>de</strong> mixant un grand magasin avec un hypermarché associés au travers d’un mallpartiellem<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>ux niveaux.La formule hybri<strong>de</strong> Grand Magasin - hypermarché est clairem<strong>en</strong>t privilégiée car elle lève une partie <strong>de</strong>shypothèques quand au montage <strong>de</strong> la programmation du CCR : elle n’impose plus la négociation avec322 Etablissem<strong>en</strong>t Public d’Aménagem<strong>en</strong>t – Ville Nouvelle d’Evry, Récapitulatif <strong>de</strong>s pièces jointes in Dossier APS CCR, [ADEssonne, fond EPEVRY 1523/W355].323EPEVRY, C<strong>en</strong>tre Commercial Régional. Rapport au Conseil d’Administration, 20 juin 1972 in Dossier Conseild’Administration du 30 juin 1972, [AD Essonne, fond EPEVRY 1523/W358].324« Note sommaire <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation du dossier <strong>de</strong> soumission <strong>de</strong> SEPCC (M. R. <strong>de</strong> Balkany) au c<strong>en</strong>tre commercial régionald’Evry », décembre 1969 in Dossier lettres d’explicitation <strong>de</strong>s offres, p. 2 [AD Essonne, fond EPEVRY 1523/W359].103


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III<strong>de</strong>ux Grands Magasins qui sont <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus difficiles à convaincre mais avec un seul et une société<strong>de</strong> distribution pour l’hypermarché, partie qui est moins exigeante. Mais par contre la formule du mallpartiellem<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>ux niveaux est rejetée.A partir <strong>de</strong> ce double choix d’un système commercial hybri<strong>de</strong> et d’un rejet du mall partiellem<strong>en</strong>t double,les <strong>de</strong>ux parties vont se replonger dans le projet qui a été développé par la COREDIS pour trouver unesolution :« La nécessité <strong>de</strong> trouver les surfaces <strong>de</strong> v<strong>en</strong>te et les réserves au même niveau du fait <strong>de</strong>la <strong>nouvelle</strong> conception <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s unités commerciales, l’indisp<strong>en</strong>sable raccor<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t àl’Agora, aux niveaux <strong>de</strong> circulations piétonnières du c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong> et aux programmespériphériques du c<strong>en</strong>tre a conduit à maint<strong>en</strong>ir le niveau inférieur prévu par la COREDIS pourêtre utilisé <strong>en</strong> réserves, mais à lui trouver une <strong>nouvelle</strong> affectation. »Finalem<strong>en</strong>t le projet arrêté est doublem<strong>en</strong>t hybri<strong>de</strong>. Tout d’abord, alors qu’il <strong>de</strong>vait associer un GrandMagasin et un hypermarché classique, il compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> fait <strong>de</strong>ux locomotives plus proches:- le Grand Magasin Printemps laisse la place à une surface commerciale conçue comme un dérivéplus bas <strong>de</strong> gamme et d’un volume plus faible : Primevère, une division du Printemps,- l’hypermarché choisi est Euromarché.Ensuite, il repr<strong>en</strong>d <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts développés par la COREDIS dans l’optique du modèle du shoppingc<strong>en</strong>ter pour les détourner vers un autre usage. C’est le cas <strong>en</strong> particulier <strong>de</strong>s parkings.Par contre, pour ce qui est <strong>de</strong> l’Agora, les plans très avancés <strong>de</strong> 1971 sont acceptée <strong>en</strong> bloc par laSEPCC, il semble que la société ne se préoccupe que peu du projet architectural qui a acquis unecertaine autonomie. C’est au niveau <strong>de</strong> la promotion que la SEPCC influ<strong>en</strong>cera les <strong>de</strong>rnières évolutions<strong>de</strong> l’Agora. Ainsi lors <strong>de</strong>s négociations du début <strong>de</strong> 1972, le promoteur s’<strong>en</strong>gage <strong>en</strong> particulier àdévelopper la partie privée au rez-<strong>de</strong>-chaussée soit 4000 m 2 <strong>de</strong> surface commercialisable dont undrugstore, un café, <strong>de</strong>s magasins ori<strong>en</strong>tés vers l’<strong>en</strong>fance (vêtem<strong>en</strong>ts, jouets, livres, etc…). Mais parcontre, il refuse d’implanter <strong>de</strong>s commerces au niveau supérieur, laissant à l’Epévry <strong>de</strong>s surfaces nonaffectée.En 1974 et 1975, l’Agora puis le CCR sont livrés à la curiosité du public et à l’usage <strong>de</strong>s habitantsd’Evry. Ces <strong>de</strong>ux méga-équipem<strong>en</strong>ts à la fois autonomes et articulés <strong>en</strong>tre-eux constitu<strong>en</strong>t le cœur duC<strong>en</strong>tre Urbain Régional. Depuis la conception unitaire du départ, un long chemin a été fait qui a donnénaissance à un <strong>en</strong>semble d’un g<strong>en</strong>re nouveau, fruit <strong>de</strong> la négociation <strong>en</strong>tre trois acteurs : lesaménageurs, la société <strong>de</strong> promotion commerciale et les distributeurs qu’ils soi<strong>en</strong>t Grands Magasins ousociétés <strong>de</strong> distribution ayant développé <strong>de</strong>s <strong>en</strong>seignes d’hypermarché.Cergy ou la rupture <strong>en</strong>tre shopping c<strong>en</strong>ter et équipem<strong>en</strong>t intégréA la différ<strong>en</strong>ce d’Evry, la conception du c<strong>en</strong>tre Cergy-Préfecture est très fortem<strong>en</strong>t dominée par lanécessité <strong>de</strong> développer un shopping c<strong>en</strong>ter qui doit servir <strong>de</strong> locomotive pour la Ville Nouvelle. Cetteapproche dirige clairem<strong>en</strong>t la conception initiale du c<strong>en</strong>tre et persiste après 1968.Ainsi dans une <strong>de</strong>s premières étu<strong>de</strong>s traitant du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Cergy, le modèle urbain choisi pour le c<strong>en</strong>tre<strong>de</strong> la Préfecture est prés<strong>en</strong>té comme un compromis <strong>en</strong>tre la <strong>ville</strong> traditionnelle et le shopping c<strong>en</strong>ter 325 .L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre est divisé <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux avec d’un côté l’habitat <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> elle-même et <strong>de</strong> l’autre<strong>de</strong>s parkings reliés au réseau autoroutier et <strong>de</strong>vant permettre <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir le c<strong>en</strong>tre commercial.L’alternative <strong>en</strong>tre logique <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte « à l’américaine » qui isole l’équipem<strong>en</strong>t au milieu d’une nappe <strong>de</strong>parkings et logique d’intégration « à l’europé<strong>en</strong>ne » qui le rattache physiquem<strong>en</strong>t aux habitations estrecherché au niveau du c<strong>en</strong>tre commercial lui-même [voir FIG. 10.1]. L’idée développée à Evry d’unéquipem<strong>en</strong>t tiers assurant la transition <strong>en</strong>tre c<strong>en</strong>tre commercial et tissu urbain traditionnel n’est pasexploitée à Cergy.« Articulé sur la place <strong>de</strong> la Préfecture, se développera le c<strong>en</strong>tre commercial qui pousserases ant<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> direction <strong>de</strong> l’autoroute, au milieu d’un vaste parking. Ce c<strong>en</strong>tre325 « Diverses conceptions du c<strong>en</strong>tre urbain » in La <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Pontoise-Cergy. Etu<strong>de</strong>s et options, Paris, Missiond’Aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> Pontoise Cergy, 1968, figure 25. « Le parti d’aménagem<strong>en</strong>t, remo<strong>de</strong>lé à la suite <strong>de</strong>ces réflexions, comporte un c<strong>en</strong>tre ayant la forme d’une ban<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> l’autoroute jusqu’à l’Oise. Directem<strong>en</strong>t raccordé àla première, comportant un vaste parking au sol, ce c<strong>en</strong>tre comm<strong>en</strong>ce, « côté route », par un « shopping c<strong>en</strong>ter » conçupour l’automobiliste. Il se poursuit sous une forme beaucoup plus élaborée par un mélange <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes fonctionsurbaines. C’est là le cœur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> où le piéton a priorité. » La <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Pontoise-Cergy. Etu<strong>de</strong>s et options, op. cit.,p. 74.104


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIcommercial s’exécutera <strong>en</strong> plusieurs phases <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus sophistiquées à mesure quele caractère urbain s’affirmera. La première étape comportera un magasin <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>surface et <strong>de</strong>s boutiques à un seul niveau, <strong>de</strong>sservies par un parking au sol. Dans lasecon<strong>de</strong> tranche, les magasins seront superposés autour d’un mail climatisé. Pour l’étapefinale, une véritable imbrication <strong>de</strong>s fonctions urbaines peut être <strong>en</strong>visagée, avec <strong>de</strong>sparkings superposés donnant accès aux différ<strong>en</strong>ts niveaux. » 326Face à cette stratégie, aucun modèle clair n’est proposé dans la même étu<strong>de</strong> <strong>en</strong> ce qui concerne leregroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics. Il s’agit simplem<strong>en</strong>t d’une «place » autour <strong>de</strong> laquelle serépartiss<strong>en</strong>t diverses fonctions tout autant administratives (la Préfecture, <strong>de</strong>s bureaux) que socioculturelles.327Les plans successifs du quartier <strong>de</strong> Cergy-Préfecture produits <strong>en</strong> 1971, 1974 et 1977 328 montr<strong>en</strong>t uneévolution rapi<strong>de</strong> et nette <strong>de</strong> la conception du pôle <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics. Alors qu’au départ, <strong>en</strong> 1971,le c<strong>en</strong>tre est conçu comme un <strong>en</strong>semble unifié et articulé dans lequel la division <strong>en</strong>tre c<strong>en</strong>tre civique etc<strong>en</strong>tre commercial n’est pas franche [voir FIG. 11.4], le plan <strong>de</strong> 1974 montre une division marquée <strong>de</strong>sfonctions dans la conception du c<strong>en</strong>tre. Le c<strong>en</strong>tre commercial n’est plus un <strong>en</strong>semble complexe mais seprés<strong>en</strong>te comme une boite complètem<strong>en</strong>t fermée bi<strong>en</strong> que divisée <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux parties correspondant aux<strong>de</strong>ux phases proposées. Le <strong>de</strong>uxième grand magasin s’est déplacé vers le milieu du c<strong>en</strong>tre. Mais le plusfrappant est la taille respectable qu’acquiert le c<strong>en</strong>tre culturel. De cette manière le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Cergy-Préfecture se retrouve divisé <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux espaces correspondant aux <strong>de</strong>ux fonctions principales du c<strong>en</strong>tre :d’un côté un c<strong>en</strong>tre commercial, <strong>de</strong> l’autre un c<strong>en</strong>tre administratif et socio-culturel. Le plan <strong>de</strong> 1977confirme cette division <strong>en</strong> limitant le c<strong>en</strong>tre commercial à la réalisation <strong>de</strong> la première phase, <strong>en</strong> fermantle complexe d’équipem<strong>en</strong>ts publics par le c<strong>en</strong>tre culturel. Entre les <strong>de</strong>ux pôles alors <strong>en</strong> cours <strong>de</strong>réalisation, un nouvel espace est proposé qui t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> retrouver les formes et la mixité <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>traditionnelle : réseau <strong>de</strong> rues commerçantes et piétonnières accueillant du logem<strong>en</strong>t. Dès lors onperçoit bi<strong>en</strong> qu’à Cergy, ce n’est pas l’équipem<strong>en</strong>t collectif intégré qui joue un rôle <strong>de</strong> transition. On estlà plus dans une logique <strong>de</strong> monum<strong>en</strong>t isolé [voir FIG. 11.5]. Deux objets se font face, le c<strong>en</strong>trecommercial d’un côté, le c<strong>en</strong>tre culturel et administratif <strong>de</strong> l’autre. Entre les <strong>de</strong>ux, le liant, la transitionest assurée par un <strong>en</strong>semble mixte logem<strong>en</strong>ts/commerces.Cette séparation <strong>en</strong>tre le c<strong>en</strong>tre commercial et l’équipem<strong>en</strong>t intégré que constitue le C<strong>en</strong>tre Culturel, seretrouve clairem<strong>en</strong>t dans les docum<strong>en</strong>ts relatifs à la conception et à la gestion du c<strong>en</strong>tre commercial. Ala différ<strong>en</strong>ce d’Evry, le C<strong>en</strong>tre Culturel, la patinoire et les autres programmes adjac<strong>en</strong>ts au c<strong>en</strong>trecommercial ne sont pas touchés par la conv<strong>en</strong>tion signée <strong>en</strong> juin 1970 par l’EPACergy et la SERETE-Aménagem<strong>en</strong>t. Seuls font l’objet d’articles les magasins, les réserves, les locaux techniques, lesbureaux et les logem<strong>en</strong>ts intégrés au c<strong>en</strong>tre commercial et surtout « l’aire <strong>de</strong> circulation pé<strong>de</strong>stre. » 329Ce <strong>de</strong>rnier point est particulièrem<strong>en</strong>t développé dans le cahier <strong>de</strong>s charges qui précise les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>la conv<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> 1972. Il s’agit tout d’abord d’assurer la continuité <strong>de</strong>s circulations. Cette continuité esttout autant p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> terme matériels qu’<strong>en</strong> terme immatériels. Des passerelles sont prévues pour relierle mall à la dalle : si les aménageurs sont chargé <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> ces passerelles, le promoteur estchargé <strong>de</strong> prévoir leur réception sur les structures du c<strong>en</strong>tre commercial 330 . En contrepartie, le promoteurqui doit <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir le gestionnaire du c<strong>en</strong>tre commercial est t<strong>en</strong>u d’assurer la continuité <strong>en</strong> ce qui concernela connexion architecturale.Au final le paradoxe <strong>de</strong> cette évolution est que Cergy est la seule <strong>ville</strong> où les architectes concepteurs duc<strong>en</strong>tre commercial et ceux du c<strong>en</strong>tre culturel et administratif sont les mêmes (Vasconi et P<strong>en</strong>creac’h).Là où une continuité <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t aurait pu facilem<strong>en</strong>t aboutir <strong>en</strong>tre c<strong>en</strong>tre commercial et «équipem<strong>en</strong>tintégré », ces <strong>de</strong>rniers se sont appliqués à clairem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tier les <strong>de</strong>ux architectures, contribuantainsi par là même à monum<strong>en</strong>taliser le type <strong>de</strong> l’Agora.326 Ibid., p. 78327 «[…] on y trouvera, vraisemblablem<strong>en</strong>t, la patinoire, le musée et la bibliothèque, plusieurs restaurants et cafés, <strong>de</strong>smagasins spécialisés (librairie, salon <strong>de</strong> coiffure, etc…) et <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts. »328 Dossier 1608W32, Fond EPA Cergy, AD Val d’Oise, Cergy-Pontoise.329 « Conv<strong>en</strong>tion », dossier 1608W12 A, Fonds EPA Cergy, Archives du Val d’Oise, Cergy Pontoise, juin 1970, pp. 17-18.330 « les circulations piétonnières <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mails principaux du c<strong>en</strong>tre commercial <strong>de</strong>vront être couvertes et climatisées.La conception <strong>de</strong>s portes et <strong>en</strong>trées <strong>de</strong>vra être étudiée <strong>de</strong> façon à ce que la traversée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble apparaisse aussiaisée que possible et ne constitue pas une sorte <strong>de</strong> barrière à la pénétration dans l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts quil’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t. » in EPA Cergy, « C<strong>en</strong>tre Commercial <strong>de</strong> Cergy-Pontoise. Quartier <strong>de</strong> la Préfecture. Cahier <strong>de</strong>scharges », Cergy Pontoise, 1972, p12, 22 et 35 [AD Val d’Oise, fond EPA Cergy, dossier 1608W12 A].105


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIINoisy ou la logique d’oppositionLe cas <strong>de</strong> Noisy marque une position <strong>en</strong>core différ<strong>en</strong>te. Lors <strong>de</strong> la conception du c<strong>en</strong>tre urbain régionalnous retrouvons cette volonté <strong>de</strong> déconnecter c<strong>en</strong>tre commercial et équipem<strong>en</strong>t intégré. Mais au lieud’être le produit d’une évolution longue <strong>de</strong>s projets, elle apparaît très clairem<strong>en</strong>t comme un postulat <strong>de</strong>départ qui marque très tôt l’ori<strong>en</strong>tation du travail <strong>de</strong> l’EPAMARNE.Victor Gru<strong>en</strong> avait bi<strong>en</strong> produit pour le secteur 1 <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, autrem<strong>en</strong>t ditpour le secteur <strong>de</strong> Noisy-le-Grand un plan initial dont la conception était s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t la même que celled’Evry : très ori<strong>en</strong>tée vers le commerce et mobilisant la figure du mall. Mais alors qu’<strong>en</strong> 1970, le travailsur le c<strong>en</strong>tre d’Evry est déjà très avancé et que la formule <strong>de</strong> l’Agora est théorisée, l’ori<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>vantgui<strong>de</strong>r le <strong>de</strong>ssin du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Noisy reste très floue : « La conception du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> résulte d’unevolonté d’intégration du c<strong>en</strong>tre commercial régional avec un c<strong>en</strong>tre tertiaire <strong>de</strong> bureaux et une largevariété d’équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> services. » 331L’idée d’un équipem<strong>en</strong>t intégré à Noisy va faire rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t son chemin, influ<strong>en</strong>cée directem<strong>en</strong>t parl’exemple d’Evry dans la recherche d’un contrepoids au c<strong>en</strong>tre commercial régional pour constituer lec<strong>en</strong>tre urbain régional 332 .Déclinant les principes <strong>de</strong> l’Agora, les concepteurs <strong>en</strong> charge du dossier à l’EPAMARNE emm<strong>en</strong>és parAmeyric Zubl<strong>en</strong>a, définiss<strong>en</strong>t la Piazza comme un complexe d’équipem<strong>en</strong>ts rassemblés autour d’unespace ponctuel, une place couverte qui doit s’articuler avec le c<strong>en</strong>tre commercial tout <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>antune certaine autonomie 333 . Comme pour l’Agora, la résonance méditerrané<strong>en</strong>ne marque l’attachem<strong>en</strong>t àla <strong>ville</strong> latine d<strong>en</strong>se par opposition au modèle américain <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> diffuse, elle marque aussil’attachem<strong>en</strong>t à la notion montante « d’espace public ».Le projet va évoluer vers la conception d’un équipem<strong>en</strong>t concurr<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre commercial <strong>de</strong> manièrebi<strong>en</strong> plus marquée qu’à Evry, que ce soit au niveau <strong>de</strong> la programmation avec un regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>fonctions et <strong>de</strong> services <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur 334 ou au niveau architectural avec une logique d’oppositiontrès marquée avec l’architecture du c<strong>en</strong>tre commercial:« Par opposition au mon<strong>de</strong> relativem<strong>en</strong>t fermé du c<strong>en</strong>tre commercial, la Piazza doit à lafois s’ouvrir sur l’espace extérieur <strong>de</strong> la place publique et sur l’espace intérieur,prolongem<strong>en</strong>t du mail commercial. […] L’espace piétonnier <strong>de</strong> la Piazza exprime par saconfiguration la fonction carrefour par opposition au mail linéaire du c<strong>en</strong>tre commercial » 335 .Dans les plans <strong>de</strong> juillet 1973 qui t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> répondre à ce défit, la Piazza reste <strong>en</strong>core un complexec<strong>en</strong>tré autour d’une place et contiguë au c<strong>en</strong>tre commercial, mais une ext<strong>en</strong>sion est proposée afin <strong>de</strong>lier le C<strong>en</strong>tre Urbain Régional formé par le CCR, l’<strong>en</strong>semble tertiaire et la gare <strong>de</strong> RER à la futureUniversité qui est située <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la voie 336 . Cette proposition est <strong>en</strong>core une simpleprotubérance qui se développe le long d’un axe piétonnisé qui était prévu dès les premiers plans et quitraverse la Piazza. Mais dès novembre, les plans <strong>de</strong> conception du C<strong>en</strong>tre Urbain Régional montr<strong>en</strong>t quedésormais c’est l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> l’axe piétonnier qui est désormais p<strong>en</strong>sé comme un équipem<strong>en</strong>t331 Cahiers <strong>de</strong> l’IAURP, octobre 1970.332 « En ce qui concerne le passage <strong>de</strong> témoin, je n’ai plus exactem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tête la façon dont cela s’était passé mais on étaittrès impressionné par les recherches qui étai<strong>en</strong>t faites à Evry, notamm<strong>en</strong>t sur l’Agora qui était initiée d’ailleurs par unarchitecte hollandais, Van Klinger<strong>en</strong>. » Entreti<strong>en</strong> avec Aymeric Zubl<strong>en</strong>a par A. Korganow, le 19 02 2004 à son ag<strong>en</strong>ce.Aymeric Zubléna a toujours affirmé la très gran<strong>de</strong> importance <strong>de</strong> l’Agora d’Evry dans la conception <strong>de</strong> la Piazza : « On doit icipréciser que la conception et la localisation <strong>de</strong> la Piazza faisai<strong>en</strong>t suite à <strong>de</strong> nombreux contacts avec l’équipe d’Evry et <strong>de</strong>sg<strong>en</strong>s <strong>de</strong> l’IAURP, et à une série <strong>de</strong> réunion avec Monsieur Jarry » Aymeric Zubléna & BERU, Piazza – Marne-la-Vallée,analyse d’un processus, EPA <strong>de</strong> la Ville Nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée / Secrétariat à la Culture, contrat CORDA, février 1977,p. 24.333 Concernant le nom, « il avait été choisi par l’EPAMARNE au cours d’une réunion interne <strong>en</strong> date du 14 juin 1971. Ce nomavait été évoqué parmi une liste d’autres noms (la Galerie, les Halles, la Rembla, la Piazza, le Studio, la Librairie, l’Académie),chacun <strong>de</strong> ces noms recouvrant aux yeux <strong>de</strong>s concepteurs la même idée <strong>de</strong> « lieu <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre, d’espace public… ». »Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 24.334 « […] L’action « programmation » a permis <strong>de</strong> donner du poids à la Piazza, et par là même, d’affirmer sa spécificité parrapport au c<strong>en</strong>tre commercial. Cette action se concrétise dans les propos t<strong>en</strong>us lors d’une réunion sur la Piazza <strong>en</strong> avril1973. Il est important <strong>de</strong> noter : […] que l’on considère qu’il y a rupture <strong>en</strong>tre la conception antérieure <strong>de</strong> la Piazza et cellequi découle du travail <strong>de</strong> la programmation […] ; que la Piazza est considéré comme l’élém<strong>en</strong>t majeur du c<strong>en</strong>tre urbain (il ya même assimilation <strong>de</strong> la Piazza au c<strong>en</strong>tre urbain. »Ibid., p. 54.335 « Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> la Piazza – Juillet 1973 », cité in Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 56336 EPAMARNE, « C<strong>en</strong>tre urbain <strong>de</strong> Noisy-le-Grand – Piazza », dossier janvier 1973 [EPAMARNE 732W19].106


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIintégré 337 . En 1973, le projet s’est donc éloigné du modèle <strong>de</strong> l’Agora mais reste fidèle au principe qui <strong>en</strong>a guidé la forme, celui d’une négociation perman<strong>en</strong>te avec le c<strong>en</strong>tre commercial et celui d’un espaceurbain <strong>de</strong> transition et <strong>de</strong> liaison.En mai 1974, le projet <strong>de</strong> Piazza fait l’objet d’un travail <strong>de</strong> théorisation qui radicalise sa position parrapport au modèle d’Evry 338 . Cette rupture s’exprime <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières.Tout d’abord, la Piazza fusionne avec le cheminem<strong>en</strong>t piétonnier sur lequel elle v<strong>en</strong>ait s’articuler àl’origine. Le dispositif pr<strong>en</strong>d résolum<strong>en</strong>t une ori<strong>en</strong>tation urbaine, abandonnant les velléités monum<strong>en</strong>talesdu super-équipem<strong>en</strong>t telles qu’elles s’exprim<strong>en</strong>t dans le c<strong>en</strong>tre culturel <strong>de</strong> Cergy. L’importance <strong>de</strong> cetteconfiguration et sa logique « anti-monum<strong>en</strong>tale » amèn<strong>en</strong>t les concepteurs à proposer « l’éclatem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>certains équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts points <strong>de</strong> la Piazza afin d’<strong>en</strong> <strong>en</strong>richir l’animation ». On est proche ici<strong>de</strong>s solutions d’ »Urbatecture » expérim<strong>en</strong>tées au Vaudreuil par l’atelier <strong>de</strong> Montrouge ou à la Vill<strong>en</strong>euvepar l’AUA (secteur II).« La Piazza est un cheminem<strong>en</strong>t piétonnier qui va du CCR et du parking Ouest au quartier<strong>de</strong> l’Université.- C’est donc un lieu <strong>de</strong> passage, indép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts qui peuv<strong>en</strong>t s’ytrouver.- Ce cheminem<strong>en</strong>t obligatoire du c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong> exclut la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsintégrés tels qu’ils sont projetés dans l’Agora d’Evry ou le c<strong>en</strong>tre culturel <strong>de</strong> Cergy-Pontoise. »- Ce passage peut appart<strong>en</strong>ir au domaine public […]. » 339Ensuite cette évolution morphologique se double d’une évolution quand aux relations avec le c<strong>en</strong>trecommercial. Car si le CCR est toujours considéré comme une locomotive indisp<strong>en</strong>sable pour lancerl’urbanisation <strong>de</strong> Noisy, il n’occupe plus désormais la place c<strong>en</strong>trale dans la conception du C<strong>en</strong>treUrbain Régional. C’est la Piazza qui est p<strong>en</strong>sé comme « le véritable cœur du c<strong>en</strong>tre urbain. »L’articulation <strong>en</strong>tre la Piazza et le mall du CCR n’est plus directe mais s’effectue au niveau <strong>de</strong> la gareRER. Le CCR est marginalisé comme un simple équipem<strong>en</strong>t par rapport à la Piazza qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le vraic<strong>en</strong>tre. Le traitem<strong>en</strong>t formel <strong>de</strong> la Piazza est plus que jamais basé sur une opposition avec le CCR quiest dévalorisé. Aux « caractéristiques du CCR : espace unifonctionnel à caractère commercial,puissance financière et impact physique » sont opposées les « caractéristiques <strong>de</strong> la Piazza : espacemultifonctionnel à caractère public, épanouissem<strong>en</strong>t et d’activités socio-culturelles. » 340 Dans la mêmelogique, face au caractère monofonctionnel du CCR, une mixité associant équipem<strong>en</strong>ts et logem<strong>en</strong>ts estproposée pour cette rue qui se prés<strong>en</strong>te avant tout comme un espace néo-traditionnel [voir FIG. 12.1].Pourtant nous sommes loin <strong>de</strong> l’espace traditionnel <strong>de</strong> la rue. Ici cet espace public est clairem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sécomme une infrastructure déjà dans les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> conception proposés <strong>en</strong> 1974, l’espace public estp<strong>en</strong>sé comme une « structure adaptable » qui « permet son exist<strong>en</strong>ce indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts [et] qui est le point <strong>de</strong> départ du système constructif <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et<strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts […] » En 1975, cette p<strong>en</strong>sée proposant <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’espace public une infrastructure seprécise : « L’espace public, à ce point <strong>de</strong> vue, peut se dissocier <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux élém<strong>en</strong>ts : la structureporteuse, et à la couverture ». Espace <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t piétonnier, il est séparé du sol naturel par un niveau<strong>de</strong> parkings et une voie <strong>de</strong> service 341 .Mais cette option n’aboutira pas. Dès septembre 1976 342 , alors que les plans <strong>de</strong> la première tranche <strong>de</strong>la Piazza sont publiés, la rue est abandonnée au profit, <strong>de</strong> nouveau d’une place c<strong>en</strong>trale. Lecheminem<strong>en</strong>t piétonnier passant par <strong>de</strong>ssus la CD 33 est conservé mais il n’est plus l’axe privilégié.L’articulation avec le CCR est <strong>de</strong> nouveau mise <strong>en</strong> valeur. Par contre l’idée <strong>de</strong> mixité est conservée et d<strong>en</strong>ombreux logem<strong>en</strong>ts sont toujours prévus. La Piazza apparaît alors comme une Agora surmontée <strong>de</strong>logem<strong>en</strong>t. Cette t<strong>en</strong>dance sera r<strong>en</strong>forcée par les plans <strong>de</strong> janvier 1977 puis <strong>de</strong> juillet 1978 alors que leprogramme se réduit comme une peau <strong>de</strong> chagrin, la place perd <strong>de</strong> son importance pour ne plus <strong>de</strong>v<strong>en</strong>irau final qu’une mo<strong>de</strong>ste « Placette » 343337 EPAMARNE, « C<strong>en</strong>tre urbain <strong>de</strong> Noisy-le-Grand – Piazza », dossier novembre 1973 [EPAMARNE 130W59].338 EPAMARNE, « C<strong>en</strong>tre urbain Régional <strong>de</strong> Noisy-le-Grand – Piazza », dossier mai 1974 [EPAMARNE 10W1059].339 « Note « Programmation » du 11 Janvier 1974 », cité in Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 56340 « C<strong>en</strong>tre Urbain Régional – Noisy-le-Grand – La Piazza . Docum<strong>en</strong>t C», dossier mai 1974, p. 3 [EPAMARNE 10W1059].341 « C<strong>en</strong>tre Urbain Régional - Notes sur le principe constructif », dossier, février 1975 [EPAMARNE - 225W12]342 « C<strong>en</strong>tre Urbain Régional <strong>de</strong> Noisy-le-Grand », dossier, septembre 1976 [EPAMARNE - 194W13].343 « Avant Projet Sommaire » et « Esquisse », dossiers, janvier 1977 et juillet 1978 [EPAMARNE - 10W1059].107


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III108


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIIII.3 - L’ENJEU D’IDENTITE DE L’EQUIPEMENT COLLECTIF FACE AU TRAITEMENT DE LA POLYVALENCE ETDE LA BANALISATION DES ESPACESL’architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré est d’emblée très marquée à la fois par le contexte <strong>de</strong> production<strong>de</strong> masse <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts scolaires industrialisés et par la position <strong>de</strong> ses promoteurs et théorici<strong>en</strong>sinitiaux. Paul Chaslin, PDG d’une <strong>en</strong>treprise <strong>de</strong> construction métallique qui réalise <strong>de</strong>s charp<strong>en</strong>tes etplanchers pour <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> plusieurs niveaux, exploite le marché florissant <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tsscolaires. Pierre Riboulet et l’équipe <strong>de</strong> l’atelier <strong>de</strong> Montrouge, ou <strong>en</strong>core Joseph Belmont sont àl’époque les hérauts d’une « architecture collective » c'est-à-dire d’une architecture p<strong>en</strong>sée sous forme<strong>de</strong> système évolutif à même d’associer dans un même mouvem<strong>en</strong>t industrialisation et participation.L’architecture du CEC <strong>de</strong> Istres réalisée par l’atelier <strong>de</strong> Montrouge à partir <strong>de</strong> modules industriels trèsstricts produits par GEEP-Industrie constitue à cet égard une t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> synthèse éloqu<strong>en</strong>te, à larecherche d’une architecture industrielle « sans faça<strong>de</strong> » et offrant une gran<strong>de</strong> variété d’espaces 344 .L’inscription dans la durée et la diversification <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la problématique du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> l’intégration conduit à une confrontation <strong>de</strong> ces principes d’architecture informelleavec le retour <strong>en</strong> force <strong>de</strong>s formes urbaines et architecturales traditionnelles que l’on observe à partir dumilieu <strong>de</strong>s années 70 (avec le débat sur « l’architecture urbaine » 345 ). Cette confrontation, qui n’est certespas un phénomène très spectaculaire et qui ne débouche pas toujours, loin s’<strong>en</strong> faut, sur unearchitecture très réussie n’<strong>en</strong> constitue pas moins une donnée originale <strong>de</strong> la production d’équipem<strong>en</strong>tssocioculturels <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. C’est sous cet angle qui r<strong>en</strong>voie à la question <strong>de</strong> l’impact monum<strong>en</strong>tal <strong>de</strong>l’équipem<strong>en</strong>t dans la <strong>ville</strong> que nous avons abordé les développem<strong>en</strong>ts architecturaux associés à laformule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> Ville Nouvelle.III.3.1 – Une architecture <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la banalisation, les <strong>de</strong>ux tropismes <strong>de</strong>l’architecture scolaire et <strong>de</strong> la scène populaire :S’inscrivant dans une certaine tradition <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s lieux d’éducation populaire telle que nousavons pu l’abor<strong>de</strong>r par ailleurs 346 (<strong>de</strong> la maison du peuple à la MJC et à la Maison <strong>de</strong> la Culture), ledéveloppem<strong>en</strong>t d’une architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> est intimem<strong>en</strong>t lié à <strong>de</strong>uxdomaines expérim<strong>en</strong>taux privilégiés, celui <strong>de</strong> l’architecture scolaire 347 et celui <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la salle<strong>de</strong> spectacle.Ces <strong>de</strong>ux catégories d’ouvrages publics ont été <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’ère mo<strong>de</strong>rne particulièrem<strong>en</strong>tinvesties par les réformistes et révolutionnaires <strong>de</strong> tous bords, sur le thème <strong>de</strong> la conjonction <strong>en</strong>treprogrès technique et progrès social.L’école tout d’abord, qui constitue <strong>de</strong>puis la fin du XIX ème un programme très prisé <strong>de</strong>s réformateurset <strong>de</strong>s architectes, <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t à partir <strong>de</strong>s années 30 un <strong>de</strong>s vecteurs principaux <strong>de</strong> recherche pour lesarchitectes mo<strong>de</strong>rnes. « Une architecture <strong>nouvelle</strong> pour une pédagogie <strong>nouvelle</strong> », est un <strong>en</strong>jeu qui faitpartie intégrante <strong>de</strong> l’architecture mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>puis les années 20. L’école constitue un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong>s<strong>en</strong>sibilisation <strong>de</strong> la population aux formes mo<strong>de</strong>rnes et les architectes, Le Corbusier <strong>en</strong> tête, mett<strong>en</strong>t <strong>de</strong>grands espoirs dans l’innoc<strong>en</strong>ce, l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> préjugés et la réceptivité <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants et <strong>de</strong> la jeunessepour « appr<strong>en</strong>dre à habiter » l’espace mo<strong>de</strong>rne 348 .344 Le thème d’une « industrialisation ouverte » fait l’objet d’un colloque organisé <strong>en</strong> 1970 par Paul Chemetov à Yerres. VoirChemetov Paul, 1971, « Création architecturale et industrialisation. Pour une architecture <strong>de</strong> composantsindustriels ». Fondation pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel - Ministère <strong>de</strong>s Affaires Culturelles, Paris [bibliothèque du DEP]345 Un débat formalisé à travers les <strong>de</strong>ux numéros successifs <strong>de</strong> Technique et Architecture, « Architecture Urbaine 1»,octobre 1975, n°306 et « Architecture Urbaine 2 », déc. 1975/janvier 1976, n°307.346 A. Korganow, op. cit.347 L’ouvrage « Architecture scolaire et aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace » publié <strong>en</strong> 1974 (op. cit.) donne un panorama assezcomplet <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s ori<strong>en</strong>tations <strong>en</strong> matière d’architecture scolaire. Les termes <strong>de</strong> polyval<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> flexibilité et d’intégrationy prédomin<strong>en</strong>t. On y retrouve aussi décrite la démarche ambitieuse d’atténuation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> « régime » <strong>en</strong>tre lamaternelle, le primaire et le collège <strong>en</strong>treprise à Gr<strong>en</strong>oble. Voir à ce sujet : H<strong>en</strong>ri Bonne<strong>ville</strong> (directeur du CESPAC),« Architecture et pédagogie dans les écoles « intégrées » <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble » in Architecture scolaire etAménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace. Op. cit., p102.348 Les manifestations <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’école pour les architectes mo<strong>de</strong>rnes sont multiples <strong>de</strong>puis les années vingt. Aprèsguerre le livre <strong>de</strong> Le Corbusier sur la maternelle du toit terrasse <strong>de</strong> la cité radieuse <strong>de</strong> Marseille, « Les Maternelles. Pourune pédagogie plus humaine » (Paris, ed. D<strong>en</strong>oel Gonthier, 1968) ou <strong>en</strong>core le cours spécifique sur les écoles disp<strong>en</strong>sés109


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILe principe initial d’implication systématique d’un programme scolaire, collège ou école, dans lesopérations intégrées associe au départ étroitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> les <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>jeux expérim<strong>en</strong>taux, celui<strong>de</strong> l’école et celui <strong>de</strong> l’éducation populaire (sous ses appellations d’éducation perman<strong>en</strong>te ou d’animationsocioculturelle).En fait la plupart <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s (Marne-la-Vallée, Cergy, l’Isle d’Abeau, etc.) ont investil’équipem<strong>en</strong>t scolaire comme étant le domaine d’action privilégié dans lequel sont développées unepolitique dérogatoire et une politique <strong>de</strong> promotion d’une architecture publique <strong>de</strong> qualité. L‘équipem<strong>en</strong>tintégré ne constitue <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue qu’une petite partie <strong>de</strong> cet aspect très important <strong>de</strong> la production<strong>de</strong> formes <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. L’expérim<strong>en</strong>tation et le développem<strong>en</strong>t d’une politique spécifique tant dans ledomaine <strong>de</strong> la pédagogie que dans celui <strong>de</strong> l’architecture scolaire pr<strong>en</strong>dront du reste assez rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>tleur autonomie par rapport au domaine socioculturel.Que ce soit sur l’architecture <strong>de</strong>s collèges ou sur celle <strong>de</strong>s écoles, on assiste après 68 à une véritableinflation <strong>de</strong> recherches tous azimuts. On ne compte plus les numéros <strong>de</strong> revue, les projets théoriquesconsacrés aux solutions ouvertes, flui<strong>de</strong>s, évolutives à même d’apporter un cadre adapté au nouveaucrédo éducatif.Le numéro <strong>de</strong> la revue AMC consacré <strong>en</strong> 1972 aux « Espaces collectifs <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants » s’inscrittotalem<strong>en</strong>t dans cette perspective. L’ouverture <strong>de</strong> l’école est au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s réflexions, ouverture intérieureavec la « pédagogie décloisonnée » et ouverture sur l’extérieur.Ce numéro <strong>de</strong> AMC r<strong>en</strong>d compte du congrès du cinquant<strong>en</strong>aire <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Institutricesd’Ecoles Maternelles et <strong>de</strong> Classes Enfantines Publiques <strong>en</strong> 1970 (dit « congrès <strong>de</strong> Vichy ») quiconstitue un <strong>de</strong>s mom<strong>en</strong>ts forts <strong>de</strong> cette effervesc<strong>en</strong>ce autour du thème <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong> l’école. A cetteoccasion l’association avait lancé un concours d’architecture national pour la conception d’un <strong>en</strong>semblematernelle/crèche.Le même numéro <strong>de</strong> AMC prés<strong>en</strong>te par ailleurs plusieurs projets architecturaux <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance,étudiés par <strong>de</strong>s équipes pluridisciplinaires associant architectes et pédagogues, <strong>en</strong> particulier, celuiétabli pour le compte <strong>de</strong> Françoise L<strong>en</strong>oble-Prédiné dont nous avons précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t parlé. Lesarchitectes du projet (Girard, Pastrana) se sont adjoints les services <strong>de</strong> Jean Prouvé (qui a pu poursuivreainsi son intérêt pour l’architecture scolaire et socio-éducative) pour élaborer un prototype préfabriqué quidécline les thèmes chers à l’architecture industrielle, le thème du module, le thème du continuum spatialpartitionné par <strong>de</strong>s cloisons légères [voir planche 18]. L’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le royaume <strong>de</strong>s« coins », justifié par une psychologie <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant et pas les ori<strong>en</strong>tations pédagogiques qui s’y rapport<strong>en</strong>t:« la continuité (…) dans le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant doit conduire à organiser ses activités dans unecontinuité matérielle et spatiale qui lui permette à tout mom<strong>en</strong>t un choix correspondant à son niveau <strong>de</strong>développem<strong>en</strong>t. C’est pourquoi le parti architectural s’est ori<strong>en</strong>té vers la définition d’un espace continu,au sein duquel les <strong>en</strong>fants seuls ou <strong>en</strong> groupe, peuv<strong>en</strong>t passer d’une façon très flui<strong>de</strong> et simultanéed’une activité à l’autre » 349 .De façon plus limitée que l’école mais néanmoins bi<strong>en</strong> effective, la salle <strong>de</strong> spectacle constitue lesecond tropisme architectural <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t socioculturel <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.Que ce soit sous la forme d’une gran<strong>de</strong> machine mobile (sous l’influ<strong>en</strong>ce du théâtre révolutionnaire russeet allemand 350 ) ou sous la forme d’une scène rudim<strong>en</strong>taire développée par une certaine tradition théâtralefrançaise (celle <strong>de</strong> Copeau et <strong>de</strong> Vilar), la salle <strong>de</strong> spectacle populaire <strong>en</strong> rupture avec « le théâtrebourgeois à l’itali<strong>en</strong>ne » constitue une autre figure incontournable <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité qu’ont développé<strong>de</strong>puis les années 20 les héros français <strong>de</strong> l’architecture.Dans la continuité <strong>de</strong>s solutions imaginées pour les maisons <strong>de</strong> la culture ou pour les MJC, leséquipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> accueill<strong>en</strong>t ces salles <strong>de</strong> spectacle et autres dispositifs <strong>de</strong> gradinsmarqués, <strong>de</strong> même que l’école, par <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> polyval<strong>en</strong>ce, d’ouverture, d’interaction avecdans les années soixante par Jean Prouvé au Conservatoire National <strong>de</strong>s Arts et Métier manifest<strong>en</strong>t cet attachem<strong>en</strong>t:“ L’école ne <strong>de</strong>vrait-elle pas révéler aux <strong>en</strong>fants l’architecture <strong>de</strong> leur temps plutôt que celle du passé honteusem<strong>en</strong>tplagié ? ” in Prouvé - cours du CNAM - 1957-1970 ; “ essai <strong>de</strong> reconstitution du cours à partir <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> J.Prouvé. ” Liège, ed. Mardaga, 1990, p178.349 Dominique Girard, Marina Pastrana, Raoul Pastrana et Daniel Bourdon, notice du prototype <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Petite Enfancein AMC, « Espaces collectifs <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants », n°26, juin 1972350 “ J’avais imaginé une sorte <strong>de</strong> machine théâtrale, parfaitem<strong>en</strong>t ag<strong>en</strong>cée comme une machine à écrire, un appareil muni<strong>de</strong>s procédés les plus mo<strong>de</strong>rnes d’éclairage, <strong>de</strong> translation ou <strong>de</strong> rotations horizontale et verticale avec d’innombrablescabines <strong>de</strong> projection, <strong>de</strong>s installations <strong>de</strong> haut-parleurs etc. ” in Erwin Picastor, Le Théâtre politique. Paris, ed. L’Arche,1962 (1 ère ed 1929), p119.110


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIl’extérieur. La salle polyval<strong>en</strong>te polygonale <strong>de</strong> l’Agora d’Evry, la salle <strong>de</strong> spectacle transformable <strong>de</strong> laMaison pour Tous <strong>de</strong>s 7 Mares, celle <strong>de</strong> la maison du Temps Libre <strong>de</strong> l’Arche Guédon, mais aussi leshalls/forums <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts [voir planche 20] découl<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette approche. Les scénographes quiont officié dans le domaine <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> la culture sont sollicités <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, pour élaborer <strong>de</strong>ssolutions <strong>de</strong> gradins amovibles et <strong>de</strong> scène transformable. On retrouve les noms <strong>de</strong> C. Demangeat, <strong>de</strong>B. Guillaumot ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong> I. Hilbert.Une géométrie adaptée à la polyval<strong>en</strong>ce :Les notions <strong>de</strong> système, <strong>de</strong> module, <strong>de</strong> trame à la fois architecturale et urbaine sont prédominantes. Lavolonté d’ouverture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> rapprochem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ses activités avec la vie quotidi<strong>en</strong>ne conduit àélaborer un équipem<strong>en</strong>t qui ne se donne pas à voir comme objet fini mais comme partie d’une structurecontinue qui se confond dans le cas du Vaudreuil (comme à Toulouse le Mirail) avec la dalle c’est-à-direqui inclut l’espace public.La logique modulaire répond <strong>de</strong> son côté aux <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> polyval<strong>en</strong>ce, <strong>de</strong> banalisation, d’évolutivité <strong>de</strong>slocaux. Elle répond aussi à l’<strong>en</strong>jeu d’industrialisation et à l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> participation. La répétition etl’assemblage <strong>de</strong> modules est <strong>en</strong> phase avec les processus <strong>de</strong> fragm<strong>en</strong>tation et <strong>de</strong> recomposition <strong>de</strong>sprogrammes. Le caractère prédéterminé <strong>de</strong>s modules facilite les procédures participatives <strong>en</strong> permettantune matérialisation immédiate <strong>de</strong>s solutions d’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t étudiées <strong>en</strong> plan, sans s’embarrasser <strong>de</strong>sproblèmes <strong>de</strong> composition volumétrique qui sont du registre du savoir-faire savant <strong>de</strong> l’architecte. Trèsinspirés par les expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> Christopher Alexan<strong>de</strong>r sur le thème <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts communautaires,les architectes H.P. Maillard et P. Ducamp ou Michel et Claire Duplay se font les hérauts <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> composants permettant une création collective 351 .La géométrie p<strong>en</strong>tagonale ou hexagonale, l’angle à 45° manifest<strong>en</strong>t la liberté retrouvée par rapport à la« dictature <strong>de</strong> l’angle droit »et à ce qu’elle sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d <strong>de</strong> rigidité dans les relations <strong>en</strong>tre activités [voirplanche 16]. Concrètem<strong>en</strong>t pour une salle <strong>de</strong> classe ou pour une salle <strong>de</strong> spectacle, cette géométrie àforte connotation « organique » manifeste les possibilités <strong>de</strong> trouver d’autres organisations nonhiérarchiques <strong>de</strong>s activités (organisations <strong>de</strong> la classe ou <strong>de</strong> la scène <strong>en</strong> rond).Enfin cette géométrie accompagne l’inflation <strong>de</strong>s espaces annexes <strong>de</strong> sociabilité. Nous avons étudiéprécé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t le li<strong>en</strong> très fort unissant la conception d’espace publics protégés (espace piéton) et laformule <strong>de</strong> l’ équipem<strong>en</strong>t intégré. La prolongation <strong>de</strong> l’espace public à l’intérieur du bâtim<strong>en</strong>t se manifestepar <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> rues intérieures, <strong>de</strong> halles et aussi par le développem<strong>en</strong>t d’espaces annexesd’activités plus informels. Dans les écoles, suivant le principe <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s salles <strong>en</strong>« grappes », il s’agit d’associer systématiquem<strong>en</strong>t aux salles <strong>de</strong> classes regroupées <strong>en</strong> sous-unités,<strong>de</strong>s espaces complém<strong>en</strong>taires <strong>de</strong> types « ateliers » ouverts sur l’espace c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> déambulation.III.3.2 – Vers une architecture publique <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>Comme nous l’avons souligné <strong>en</strong> préambule, le principe <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’association <strong>de</strong>sprogrammes participe d’un mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> production d’unearchitecture répétitive et morne à partir <strong>de</strong>s normes nationales. C’est pourquoi le procédé va logiquem<strong>en</strong>tcroiser le mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts publics qui se développe à partir <strong>de</strong>la fin <strong>de</strong>s années 70.La Mission Interministérielle Pour la Qualité <strong>de</strong>s Constructions Publiques créée <strong>en</strong> 1977 trouve dans les<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s un terrain d’action privilégié et déjà largem<strong>en</strong>t acquis à la procédure <strong>de</strong>s concourscomme vecteur principal du r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong> l’architecture publique.351 Voir à ce sujet le numéro <strong>de</strong> la revue Le Carré Bleu intitulé « La création collective du tissu urbain par les systèmesd’élém<strong>en</strong>ts combinatoires » rédigé par Michel et Claire Duplay dans lequel sont prés<strong>en</strong>tés les systèmes constructifsélaborés par ces architectes pour la construction d’écoles et d’équipem<strong>en</strong>ts « intégrés » notamm<strong>en</strong>t à Torcy et à Noisy-le-Grand, n°4 1972. et aussi Maillard H.P., Ducamp P., avril 1972, « Les outils <strong>de</strong> la création collective » in Techniques etArchitecture n°6111


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIDeux ouvrages significatifs publiés avec son ai<strong>de</strong> accord<strong>en</strong>t une place importante aux équipem<strong>en</strong>tssocioculturels.L’ouvrage « Bâtim<strong>en</strong>ts Publics, une <strong>nouvelle</strong> génération » <strong>de</strong> Dominique Amouroux et ChristianSarramon qui dresse <strong>en</strong> 1980 un bilan <strong>de</strong> ce r<strong>en</strong>ouveau place ainsi <strong>en</strong> page <strong>de</strong> couverture le projet duc<strong>en</strong>tre culturel et administratif (Place <strong>de</strong>s Arts) <strong>de</strong>s architectes Vasconi et P<strong>en</strong>creac’h à Cergy-Pontoise.L’ouvrage prés<strong>en</strong>te aussi le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance Désiré Clary <strong>de</strong> G. Maurios à Melun-Sénart et l’école <strong>de</strong>sPlants <strong>de</strong> R<strong>en</strong>audie à Cergy.Il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> l’ouvrage «Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’architecture dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s <strong>de</strong> la régionParisi<strong>en</strong>ne » publié <strong>en</strong> 1979 avec une préface très éclairante <strong>de</strong> J.E. Roullier et <strong>de</strong> G. Salmon-Legagneur, préface qui met <strong>en</strong> valeur le dispositif pluridisciplinaire <strong>de</strong>s missions et <strong>de</strong>s EPA paropposition au système antérieur <strong>de</strong> l’architecte <strong>en</strong> chef, et qui souligne aussi la place laissée aux jeunesarchitectes ainsi que l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la procédure <strong>de</strong> concours. La préface met l’acc<strong>en</strong>t plusparticulièrem<strong>en</strong>t sur l’effort déployé dans le domaine <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics <strong>en</strong> soulignant l’objectif <strong>de</strong>redonner à ces édifices une « valeur symbolique » et <strong>en</strong> soulignant l’importance accordée à la phaseamont <strong>de</strong> programmation.Ces <strong>de</strong>ux ori<strong>en</strong>tations, celle <strong>de</strong> la valeur symbolique retrouvée <strong>de</strong>s édifices publics dans la <strong>ville</strong> et celledu soin apporté à la programmation comme traduction <strong>de</strong>s besoins réels <strong>de</strong>s habitants sont les <strong>de</strong>uxgrands chevaux <strong>de</strong> bataille <strong>de</strong> la MIQCPLe défi d’une architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> :« Le souci <strong>de</strong> l’architecture doit être placé au premier plan dans nos constructions publiques. Autrefoisles constructions publiques se reconnaissai<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t et sous un jour favorable dans la <strong>ville</strong> : le rôlesocial qui leur était attribué se manifestait par le choix <strong>de</strong> leur emplacem<strong>en</strong>t, par leur conceptionarchitecturale, ainsi que par le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Cet effort <strong>de</strong> signification symboliquemérite d’être retrouvé aujourd’hui » 352 .Cette citation <strong>de</strong> M. d’Ornano faite à l’occasion d’une opération <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> plusieurs concoursd’architecture publique organisée par la MIQCP <strong>en</strong> 1980 (voir <strong>en</strong> infra) place clairem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong>r<strong>en</strong>ouveau du côté <strong>de</strong> l’interaction édifice/<strong>ville</strong> et donc du côté <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la monum<strong>en</strong>talité.Cette question <strong>de</strong> la monum<strong>en</strong>talité qui est <strong>en</strong> fait posée à l’architecture mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>puis l’après-guerre,comme l’explicite parfaitem<strong>en</strong>t l’article <strong>de</strong> S. Giedion et <strong>de</strong> J.L. Sert, « Neuf points à propos <strong>de</strong> : lamonum<strong>en</strong>talité un besoin humain » 353 se pose avec une acuité particulière dans le cas <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tséducatifs, sociaux et culturels. La monum<strong>en</strong>talité traditionnelle synonyme <strong>de</strong> disposition rigi<strong>de</strong> et ferméeassociée à <strong>de</strong>s activités isolées, la monum<strong>en</strong>talité synonyme <strong>de</strong> caractère imposant qui induit unedistance vis-à-vis <strong>de</strong>s usagers, la monum<strong>en</strong>talité opposée à la proximité et à la dynamique <strong>de</strong>l’animation fait partie <strong>de</strong>s cibles visées par le discours <strong>de</strong> l’intégration.« Abri ou édifice ? » 354 , cette question posée avec constance par les hommes <strong>de</strong> théâtre, à la recherche<strong>de</strong> lieux culturels propices à la création et accessibles se pose aussi pour les équipem<strong>en</strong>tssocioculturels.Pour surmonter la contradiction <strong>en</strong>tre l’exig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> visibilité d’une architecture publique dans la <strong>ville</strong> etl’exig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> proximité et d’évolutivité à laquelle est confrontée l’architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré,plusieurs pistes sont explorées <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> :- La première solution consiste à valoriser la monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la structure «primaire »capable d’accueillir toutes les activités. Cette monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la structure correspondbi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait à la monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts capable d’abriter <strong>en</strong>son sein les activités intégrées et « l’espace public » qui les distribue. Sur le modèle <strong>de</strong> lagalerie <strong>de</strong> l’Arlequin à la Vill<strong>en</strong>euve, les exemples ne manqu<strong>en</strong>t pas, Evry 1, la Piazza, leprojet <strong>de</strong> « petite cathédrale » <strong>de</strong> R. Boffil à Cergy. Plus rarem<strong>en</strong>t cette monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong>la structure évolutive peut ne concerner qu’une structure accueillant <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.352 Ministère <strong>de</strong> l’Environnem<strong>en</strong>t et du Cadre <strong>de</strong> Vie, Concours d’architectures publiques, Dossier <strong>de</strong> Presse. Lancem<strong>en</strong>t parmonsieur Michel d’Ornano. Paris, 6 octobre 1980.353 S. Giedion, J.L. Sert, « Neuf points à propos <strong>de</strong> : la monum<strong>en</strong>talité un besoin humain » in Architecture et viecollective. Paris, ed D<strong>en</strong>oël Gonthier médiations, 1956 (1 ère ed. 1956).354 Titre d’un article d’Antoine Vitez in AA, « les lieux du spectacle », n°199 octobre 1978, p 24.112


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIICette solution dont Beaubourg constitue une traduction exemplaire est peu finalem<strong>en</strong>t peuexploitée <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.- La monum<strong>en</strong>talité du volume <strong>de</strong> l’espace public protégé réunissant les différ<strong>en</strong>tséquipem<strong>en</strong>ts, monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la halle, <strong>de</strong> sa couverture est certainem<strong>en</strong>t la solution laplus exploitée <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Cette monum<strong>en</strong>talité s’inscrit dans une logiquefonctionnelle : <strong>de</strong> la même manière que pour les équipem<strong>en</strong>ts spécialisés, c’est la fonctionqui détermine l’expressivité du volume, ici c’est le regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fonctions et doncl’espace <strong>de</strong> liaison qui constitue le support <strong>de</strong> l’expressivité. L’architecte Van Klinger<strong>en</strong>avait déjà posé à Dront<strong>en</strong> les termes <strong>de</strong> la contradiction <strong>en</strong> affirmant à la fois la nécessité<strong>de</strong> traiter l’espace <strong>de</strong> l’Agora dans la continuité <strong>de</strong> l’espace urbain et <strong>en</strong> même temps lanécessité <strong>de</strong> donner à l’Agora une volumétrie simple aisém<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiable.Quelques projets ont été réalisés suivant ce principe <strong>de</strong> grand toit monum<strong>en</strong>tal <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> que ce soit l’Agora d’Evry, la halle <strong>de</strong> l’Arche-Guédon, ou celle du c<strong>en</strong>treadministratif et culturel <strong>de</strong> Cergy.- La référ<strong>en</strong>ce à la <strong>ville</strong> traditionnelle permet aussi <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s référ<strong>en</strong>ces typologiquessusceptibles <strong>de</strong> surmonter la contradiction. le Beffroi, la halle <strong>de</strong> marché ou le passagecouvert, symboles d’une vie urbaine « populaire » et animée, dune vie urbainedémocratique, sont aussi à l’œuvre <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Ces référ<strong>en</strong>ces ne s’oppos<strong>en</strong>t pas auxthèmes précéd<strong>en</strong>ts mais elles vis<strong>en</strong>t à rajouter une épaisseur symbolique supplém<strong>en</strong>taire.- Dans un registre proche,, l’argum<strong>en</strong>taire valorisant l’architecture <strong>de</strong>s fermes localessouligne à la fois la valeur id<strong>en</strong>titaire <strong>de</strong> ce patrimoine et <strong>en</strong> même temps les qualitésspatiales <strong>de</strong>s fermes comme volumes capables d’accueillir une diversité d’activité <strong>en</strong> offrantune évolutivité certaine. Ce thème du lieu préexistant (avec sa valeur propre id<strong>en</strong>titaire parrapport à son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t) dans lequel peut se déployer avec une gran<strong>de</strong> liberté une ouplusieurs activités dynamiques et expérim<strong>en</strong>tales <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t dominant à la fin <strong>de</strong>s années 70dans le domaine <strong>de</strong> l’animation, avant d’être monopolisé par le secteur <strong>de</strong> l’action culturelle.Les réponses apportées à cette problématique <strong>de</strong> la visibilité <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré vari<strong>en</strong>t aussisuivant l’échelle <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t. Nous allons nous p<strong>en</strong>cher maint<strong>en</strong>ant sur la façon dont le problème apu se poser aux trois grands échelles urbaines <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, à l’échelle <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral, àcelle du petit équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage, et pour finir à l’échelle médiane <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier.III.3.3 – L’impact architectural <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tralLes modèles <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong>Le discours <strong>de</strong>s concepteurs <strong>de</strong>s grands équipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux dans la lignée <strong>de</strong> l’Agora d’Evry estmarqué par une référ<strong>en</strong>ce principale : l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>.La promotion <strong>de</strong> l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> mais aussi du reste du travail <strong>de</strong> l’architecte Van Klinger<strong>en</strong>« découverts » <strong>en</strong> 1968 par l’équipe <strong>de</strong> l’Epévry, a été relayée <strong>en</strong> France par plusieurs canaux, celui <strong>de</strong>la critique avant-gardiste avec plusieurs articles et ouvrages <strong>de</strong> l’architecte Ionel Schein 355 , et celui <strong>de</strong>spromoteurs d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés (Van Klinger<strong>en</strong> participe aux colloques <strong>de</strong> 1970 organisés à Yerres).A cette époque, le travail <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong> sur le sujet est à un tournant 356 .- Dans un premier temps, à partir <strong>de</strong> 1962, il a été sollicité pour un nouveau type <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>. Il s’agitd’associer <strong>en</strong> un tout diverses fonctions sans hiérarchie particulière <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> constituer un c<strong>en</strong>tre355 Voir à ce sujet, Ionel Schein, « La notion d’espace global polyval<strong>en</strong>t » in Urbanisme n°120-121, 1970.356 Frank Van Klinger<strong>en</strong>, <strong>de</strong> formation ingénieur, est une figure très particulière <strong>de</strong> la scène hollandaise d’après-guerre. Il s’esttrès tôt intéressé à la question du r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du vocabulaire architectural <strong>en</strong> ce qui concerne la question <strong>de</strong>séquipem<strong>en</strong>ts, une question qu’il a abordé à partir <strong>de</strong> son articulation à la problématique <strong>de</strong> l’espace public dans <strong>de</strong>s projetspour les urbanisations <strong>nouvelle</strong>s que ce soi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> simples quartiers ou <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>en</strong>tières. Jusqu’au début <strong>de</strong>s années 1960,Van Klinger<strong>en</strong> se conc<strong>en</strong>tre sur la production d’équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core très proches du type classique à l’époque <strong>de</strong> l’« équipem<strong>en</strong>t collectif socio-culturel ». Mais ces <strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus marqués par le concept <strong>de</strong> multifonctionnalité.Sur la carrière <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong>, voir Marina d<strong>en</strong> Van Berg<strong>en</strong> & Piet Vollard, Hin<strong>de</strong>r <strong>en</strong> ontklontering: architectuur <strong>en</strong>maatschappij in het werk van Frank van Klinger<strong>en</strong>, Rotterdam, Uitgeverij 010, 2003.113


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIcommunautaire global permettant d’offrir une vie civique et sociale relativem<strong>en</strong>t variée. Ce type <strong>de</strong>programme multifonctionnel est conçu lors <strong>de</strong> la réalisation du grand pol<strong>de</strong>r du Flevoland, il s’agitclairem<strong>en</strong>t d’offrir aux habitants <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s un c<strong>en</strong>tre polyval<strong>en</strong>t dès leur arrivée. Les <strong>de</strong>uxpremiers projets, dont seul le <strong>de</strong>uxième, l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>, sera réalisé, sont <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste 357 . Ils’agit <strong>de</strong> complexes ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t composée d’un espace libre <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion et d’unesalle <strong>de</strong> spectacle, d’un café-restaurant, le tout regroupé sous un même toit. L’espace libre est conçucomme intermédiaire <strong>en</strong>tre la halle polyval<strong>en</strong>te et l’espace public. Il peut accueillir <strong>de</strong>s activitésculturelles et sportives dans une gran<strong>de</strong> flexibilité : <strong>de</strong>s matchs <strong>de</strong> sports et <strong>de</strong>s manifestationspubliques, mais aussi d’autres activités qui d’habitu<strong>de</strong> se déploi<strong>en</strong>t dans l’espace public <strong>de</strong> la rue ou <strong>de</strong>la place comme un marché. Cet espace public intériorisé dans un bâtim<strong>en</strong>t procè<strong>de</strong> d’un choix quiabouti à <strong>de</strong>ux conséqu<strong>en</strong>ces, celui du contrôle et <strong>de</strong> l’organisation contre la spontanéité, <strong>de</strong> lalocalisation contre l’éparpillem<strong>en</strong>t. Ainsi peut-on percevoir à l’intérieur cet espace comme une placepublique dans ses dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>ts, ses usages mais aussi sa morphologie : un vi<strong>de</strong> bordéd’élém<strong>en</strong>ts divers comme autant <strong>de</strong> bâtim<strong>en</strong>ts dans le bâtim<strong>en</strong>t. Cet espace public permet d’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer<strong>de</strong> fait une animation importante du fait <strong>de</strong> la conc<strong>en</strong>tration <strong>de</strong>s fonctions autour d’un espace libre <strong>de</strong>taille mo<strong>de</strong>ste mais ces fonctions rest<strong>en</strong>t socio-éducatives 358 .- Dans un <strong>de</strong>uxième temps, Van Klinger<strong>en</strong> réfléchit à faire passer le concept d’agora à une autre échelle.Suite au succès <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>, il se voit confier la conception d’un autre c<strong>en</strong>tre civique,d’une tout autre ampleur, celui <strong>de</strong> la capitale <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> province du Flevoland Ori<strong>en</strong>tal : Lelystad. Al’origine le projet se prés<strong>en</strong>te comme une simple variante plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>. Mais le<strong>de</strong>uxième projet, qui est prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 1969, propose une nette évolution <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’Agora qui peutêtre résumée <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points 359 : d’une part, les fonctions associées ne se limit<strong>en</strong>t plus aux simplesactivités culturelles et éducatives mais intègr<strong>en</strong>t aussi les commerces; d’autre part, une porosité estintroduite <strong>en</strong>tre l’espace public intérieur, toujours ponctuel, et l’espace public extérieur. L’espaceintérieur s’ouvre sur l’espace public extérieur et la structure qui le couvre se prés<strong>en</strong>te comme une trametri-dim<strong>en</strong>sionnelle. Bi<strong>en</strong> que l’Agora <strong>de</strong> Lelystad n’ait jamais été réalisée, cette fusion <strong>en</strong>tre espacepublic et équipem<strong>en</strong>t sera parachevé dans un projet qu’il réalisera pour Eindhov<strong>en</strong>.L’équipe réunie autour <strong>de</strong> Darmagnac qui fit le voyage <strong>de</strong> la Hollan<strong>de</strong>, visita l’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> maisr<strong>en</strong>contra aussi son concepteur qui leur prés<strong>en</strong>ta ses projets pour Lelystad et Eindhov<strong>en</strong>. Si le bâtim<strong>en</strong>t<strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> est un exemple construit qui est reconnu comme fondam<strong>en</strong>tal, il ne faut pas négliger le projetpour Eindhov<strong>en</strong> et surtout celui pour Lelystad dont l’échelle mais aussi les fonctions accueilliescorrespond<strong>en</strong>t plus à l’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry 360 .L’Agora <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> offre l’avantage d’offrir un contre-modèle construit dont le succès critique à l’époquepermet <strong>de</strong> sout<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>fin la comparaison avec le shopping c<strong>en</strong>ter. Mais il paraît très probable que leprojet <strong>de</strong> Lelystad <strong>de</strong> 1969 eût une importance <strong>en</strong>core plus décisive car il prés<strong>en</strong>tait un certain nombre<strong>de</strong> point permettant d’établir un équilibre <strong>en</strong>tre équipem<strong>en</strong>t socioculturel et équipem<strong>en</strong>t commercial. Onpeut citer tout d’abord sa taille, mais aussi son ouverture sur l’espace public extérieur et surtout laprogrammation d’équipem<strong>en</strong>t commerciaux <strong>en</strong> son sein comme activités complém<strong>en</strong>taires. Face aushopping c<strong>en</strong>ter se prés<strong>en</strong>tant chez Gru<strong>en</strong> comme un c<strong>en</strong>tre communautaire dans lequel la fonctioncommerciale est première, mais qui peut et doit intégrer <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts administratifs etsocioculturels, l’Agora selon Van Klinger<strong>en</strong> se prés<strong>en</strong>te comme un autre type <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre communautaireoù la fonction socioculturelle prédomine mais qui peut intégrer <strong>de</strong> façon conséqu<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s commerces.Une culture commune <strong>de</strong>s architectes <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre Urbain RégionauxLes Missions puis Etablissem<strong>en</strong>t Publics employèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s architectes dès leurs débuts afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinerles C<strong>en</strong>tres Urbains Régionaux.357 C’est d’abord à De Bild qu’est projeté la réalisation <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre qui fait l’objet d’une proposition <strong>en</strong> 1963, puis sesera le tour <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong>, petite <strong>ville</strong> du Flevoland, <strong>en</strong> 1965. Le projet <strong>de</strong> Dront<strong>en</strong> sera finalem<strong>en</strong>t réalisé <strong>en</strong> 1967 sous le nom<strong>de</strong> De Meerpaal mais l’appellation d’origine, Agora, lui sera associée dès le départ.358 Sur la g<strong>en</strong>èse <strong>de</strong> ce type voir Marina d<strong>en</strong> Van Berg<strong>en</strong> & Piet Vollard, « Agora » in op. cit. pp. 66-84.359 Voir Marina d<strong>en</strong> Van Berg<strong>en</strong> & Piet Vollard, « Naar e<strong>en</strong> programmatisch landschap » in op. cit., pp. 148-163.360 « En octobre 1968, on est allé r<strong>en</strong>contrer l’architecte <strong>de</strong> cette agora qui nous a montré aussi ses projets pour Eindhov<strong>en</strong> etLelystad. Ce sont <strong>de</strong>ux agoras beaucoup plus importantes que Dront<strong>en</strong> qui est un tout petit truc qui doit être fermémaint<strong>en</strong>ant, c’est dans <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres à l’échelle <strong>de</strong> plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> milliers d’habitants. » Interview d’André Darmagnacle 16 janvier 2004 chez lui à Evry. Le travail <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong> fera l’objet, <strong>en</strong> 1970, d’un article prés<strong>en</strong>tant les projets <strong>de</strong>Dront<strong>en</strong> et Lelystad dans un numéro spécial <strong>de</strong> Techniques & Architecture traitant <strong>de</strong> l’ « Equipem<strong>en</strong>t social et culturel » :« C<strong>en</strong>tres socio-culturels à Dront<strong>en</strong> et à Lelystad. F. Van Klinger<strong>en</strong>, architecte », Techniques & Architecture vol. 32 n°1, avril1970, pp. 36-41. Or il faut remarquer que cette revue est aussi le principal lieu <strong>de</strong> publication d’articles sur les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>sfrançaises.114


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIISi l’on regar<strong>de</strong> le cas <strong>de</strong>s trois CUR étudiés dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t, on peut distinguer <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong>figure très tranchés :- A Cergy ce sont <strong>de</strong>s jeunes architectes, Clau<strong>de</strong> Vasconi et Georges P<strong>en</strong>creac’h recrutésdès 1966 dans l’équipe <strong>de</strong> la Ville Nouvelle, qui après s’être très investis dans la conceptiondu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Cergy Préfecture, sont choisis par le promoteur commercial comme architectedu CCR <strong>de</strong> Cergy et réalis<strong>en</strong>t aussi le c<strong>en</strong>tre administratif et culturel (place <strong>de</strong>s Arts). Onest là dans une situation où la conception <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral, commeprolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la conception urbanistique du c<strong>en</strong>tre est prise <strong>en</strong> main par l’architectecoordonnateur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. La situation est comparable à Marne la Vallée avecl’investissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Aymeric Zubl<strong>en</strong>a dans la conception <strong>de</strong> la Piazza (voir interview <strong>en</strong>annexe) et on peut citer aussi le cas du Vaudreuil avec l’investissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> GérardThurnauer dans le projet <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre administratif et culturel.- Dans le cas d’Evry, ce fut au contraire un architecte extérieur confirmé, Jean Le Couteur quifut désigné et qui m<strong>en</strong>a à bi<strong>en</strong> la conception <strong>en</strong> commun <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré et duCCR.A priori la situation semble nettem<strong>en</strong>t contrastée : d’une part <strong>de</strong> jeunes architectes intégrés dans lesEtablissem<strong>en</strong>ts Publics et d’autre part un architecte indép<strong>en</strong>dant, dans une position plus classique <strong>de</strong>maître d’œuvre et <strong>de</strong> surcroît plus âgé. Néanmoins, cette opposition dont on peut p<strong>en</strong>ser qu’elle a puavoir une influ<strong>en</strong>ce significative sur l’architecture <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, doit être nuancée, que ce soit dupoint <strong>de</strong> vue du statut ou du point <strong>de</strong> vue du parcours <strong>de</strong>s architectes <strong>en</strong> question.Au niveau du statut, Vasconi <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t libéral <strong>en</strong> association avec P<strong>en</strong>creac’h dès 1969 sans cesser <strong>de</strong>travailler pour l’EPA Cergy, <strong>de</strong> même Zubl<strong>en</strong>a fon<strong>de</strong> son ag<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1971 (avec Macary, Autran etGruber). Au niveau <strong>de</strong> la formation, on peut pointer une autre ligne <strong>de</strong> division. Cl. Vasconi a uneformation d’architecte-ingénieur, diplômé <strong>de</strong> l’ENSAIS <strong>en</strong> 1964. Il a travaillé dans l’Ag<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Frei Otto etRolf Gutbrod à Stuttgart avant d’arriver à Cergy 361 . A. Zubl<strong>en</strong>a diplômé <strong>en</strong> 1963 <strong>de</strong> l’ENSBA est <strong>en</strong>coretrès proche <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>ne génération représ<strong>en</strong>tée par Le Couteur 362 . Zubl<strong>en</strong>a a participé au séminaireTony Garnier, atelier d’urbanisme fondé au sein <strong>de</strong> l’ENSBA par André Gutton et Robert Auzelle et futSecond Grand Prix <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong> 1967 363 . Cette fois ci, on peut donc observer une coupure <strong>en</strong>tre LeCouteur et Zubl<strong>en</strong>a d’un côté et Vasconi <strong>de</strong> l’autre. Les premiers sont proches <strong>de</strong> l’establishm<strong>en</strong>turbanistique <strong>de</strong> l’époque, l’un par son parcours et l’autre par sa participation au séminaire Tony Garnier.Malgré leurs différ<strong>en</strong>ces, ces architectes sont <strong>en</strong> fait tous marqués par le contexte particulier <strong>de</strong>l’urbanisme et <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t français <strong>de</strong> l’époque. Il partag<strong>en</strong>t une même culture qui alim<strong>en</strong>te leursprojets et dont on peut dégager trois grands traits :- L’urbanisme <strong>de</strong> dalleLes divers architectes <strong>en</strong> chef <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s Villes Nouvelles sont liés à cette mouvance particulièredans l’histoire <strong>de</strong> l’urbanisme <strong>en</strong> France, qu’il est conv<strong>en</strong>u d’appeler l’ « urbanisme <strong>de</strong> dalle». Ce termevague, utilisé à posteriori, recouvre tout une pério<strong>de</strong> durant laquelle l’urbanisme hexagonal est marquépar une problématique, celle <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s circulations, et une figure, celle <strong>de</strong> la dalle piétonne.Cette <strong>de</strong>rnière s’affirme comme dispositif <strong>de</strong> prédilection adapté à la c<strong>en</strong>tralité urbaine à travers lesgran<strong>de</strong>s opérations parisi<strong>en</strong>nes <strong>de</strong>s années 1960, dont <strong>en</strong> particulier Maine-Montparnasse et LaDéf<strong>en</strong>se 364 et à la suite du discours <strong>de</strong> Raymond Lopez sur le zoning vertical 365 . Ces opérations361 Voir Charles-Arthur Boyer, art. « Clau<strong>de</strong> Vasconi »in Dictionnaire <strong>de</strong> l’architecture du XX e siècle, pp. 922-923 ; Clau<strong>de</strong>Vasconi, Projets et réalisations, 1972-1982, Paris, éditions du Moniteur, 1983, pp. 4-5 et Gilles <strong>de</strong> Bure, Clau<strong>de</strong> Vasconi,Paris, éditions du Regard, 1995, pp. 18-19.362 Voir Mathil<strong>de</strong> Dion, art. « Jean Le Couteur » & art. « Paul Herbé » in Dictionnaire <strong>de</strong> l’architecture du XX e siècle, Paris,IFA-Hazan, p. 520 & pp. 388-389 et Noémie Lesquins, « Jean Le Couteur », Colonnes n°12, octobre 1998, pp. 14-16.363 Voir Aymeric Zubl<strong>en</strong>a, Liège, Mardaga, 1995.364 « La dalle apparaît dans ces <strong>de</strong>ux opérations comme le résultat d’un processus <strong>de</strong> conception long et complexe. Ceprocessus n’est pas linéaire. A La Déf<strong>en</strong>se comme Maine-Montparnasse, elle n’est pas un principe initial. Dans les <strong>de</strong>uxcas, les projets vont connaître <strong>de</strong>s phases préalables d’étu<strong>de</strong>s souv<strong>en</strong>t très éloignées <strong>de</strong>s projets finalem<strong>en</strong>t réalisés. »Virginie Lefebvre, Paris – <strong>ville</strong> mo<strong>de</strong>rne. Maine-Montparnasse et La Déf<strong>en</strong>se, 1950-1970, Paris, éditions Norma, 2003,p. 187.365 C’est à travers son action à Paris que Raymond Lopez t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> théoriser cet objet nouveau qu’est la dalle et le type <strong>de</strong>pratiques urbanistiques qu’elle <strong>en</strong>traîne <strong>en</strong> utilisant le vocable <strong>de</strong> « zoning vertical ». Il s’agit d’une séparation <strong>de</strong>s systèmes<strong>de</strong> circulations et <strong>de</strong>s fonctions, non plus horizontalem<strong>en</strong>t mais verticalem<strong>en</strong>t. Une approche qu’il t<strong>en</strong>tera <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> œuvredans l’opération du Front <strong>de</strong> Seine. Voir Jacques Lucan, « Cinq c<strong>en</strong>t mille hectares à reconquérir » in Jacques Lucan (dir.),Eau et gaz à tous les étages. Paris, 100 ans <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts, Paris, éditions Picard, 1992, pp. 136-151.115


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIparisi<strong>en</strong>nes ont été le lieu <strong>de</strong> formation d’un nouveau milieu urbanistique qui regroupe <strong>de</strong>s acteursd’horizons divers : <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong>s Ponts et Chaussée mais aussi <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs ayant une maîtrise<strong>de</strong>s questions techniques ou <strong>en</strong>core un certain nombre d’architectes Grands Prix <strong>de</strong> Rome. Au sein <strong>de</strong>ce milieu, nous pouvons remarquer par exemple Jean Millier et Serge Goldberg d’un côté et Paul Herbéet Jean Le Couteur mais aussi Robert Auzelle <strong>de</strong> l’autre.- Le treillis tridim<strong>en</strong>sionnelUn autre élém<strong>en</strong>t qui vi<strong>en</strong>dra r<strong>en</strong>forcer cette p<strong>en</strong>sée infrastructurelle <strong>de</strong> l’espace public est ledéveloppem<strong>en</strong>t durant la même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s toitures <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> portée grâce à l’apparition <strong>de</strong> treillistri-dim<strong>en</strong>sionnels. A travers l’essor du modèle <strong>de</strong> la halle polyval<strong>en</strong>te et du travail d’un constructeur lié aumilieu <strong>de</strong>s architectes comme Jean Prouvé, ces <strong>nouvelle</strong>s structures, tel que le système Pétroff, utilisé àpartir <strong>de</strong> 1968, notamm<strong>en</strong>t pour la conception du Palais <strong>de</strong>s Expositions <strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble 366 , pénètr<strong>en</strong>t peu àpeu la culture architecturale.Dans les archives Jean Le Couteur correspondant à l’Agora d’Evry, les quelques articles que nousretrouvons font l’éloge du procédé Unibat, nouveau type <strong>de</strong> trame non plus tridirectionnelle comme avecle procédé Pétroff mais réellem<strong>en</strong>t tridim<strong>en</strong>sionnelle 367 . Cette proximité <strong>en</strong>tre la conception <strong>de</strong> l’Agora etle travail <strong>de</strong> Prouvé n’est pas fortuite. Paul Herbé, associé <strong>de</strong> Le Couteur, a collaboré avec Jean Prouvé<strong>en</strong> 1951 sur le projet <strong>de</strong> Palais <strong>de</strong>s Expositions <strong>de</strong> Lille. N’oublions pas non plus que Herbé a travaillésur les premières étu<strong>de</strong>s pour l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Déf<strong>en</strong>se dans un groupe d’architectes dont Prouvésera toujours proche.- L’atmosphère mégastructurelleUn troisième et <strong>de</strong>rnier élém<strong>en</strong>t a alim<strong>en</strong>té la culture <strong>de</strong>s architectes <strong>en</strong> chef. A la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxpremiers, il ne s’agit pas d’objets architecturaux issus <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> processus constructifs mais dudéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> divers discours théoriques à partir du milieu <strong>de</strong>s années 1960 alim<strong>en</strong>tés par lesinnovations dont nous avons parlé. Dans la plupart <strong>de</strong> ces discours qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t comme autant <strong>de</strong>spéculations sur les nouveaux moy<strong>en</strong>s que fournit l’industrie du bâtim<strong>en</strong>t mais aussi sur l’évolution <strong>de</strong> lasociété contemporaine, la <strong>ville</strong> est abordée <strong>de</strong> nouveau comme un objet architectural, mais un objetarchitectural <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion qui fonctionne sur le modèle <strong>de</strong> l’infrastructure et <strong>de</strong> lasuperstructure. La <strong>ville</strong> est p<strong>en</strong>sée comme une mégastructure 368 .Formant une sorte d’atmosphère dans laquelle baigne l’architecture <strong>de</strong>s années 1960 369 , les nombreuxdiscours théoriques basés sur une approche <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> comme une infrastructure touche la conception<strong>de</strong>s Villes Nouvelles <strong>de</strong> diverses manières. On peut citer le projet <strong>de</strong> Toulouse le Mirail <strong>de</strong> Candilis, Josicet Woods qui est prés<strong>en</strong>té tout à la fois comme une étape très importante dans la naissance <strong>de</strong> cecourant mégastructurel mais aussi par les acteurs <strong>de</strong> l’urbanisme institutionnels eux-mêmes comme lapremière <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong> France 370 . Candilis est du reste un acteur très introduit dans le milieu <strong>de</strong>l’urbanisme gaulli<strong>en</strong> <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>. Il participera activem<strong>en</strong>t à la conception <strong>de</strong>s stations balnéaires duLanguedoc-Roussillon. C’est à cette occasion qu’il r<strong>en</strong>contrera Jean Le Couteur 371 . Il ne faut pas oubliernon plus que Clau<strong>de</strong> Vasconi a travaillé chez Frei Otto au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la conception du pavillon <strong>de</strong>366 Voir Jean-François Archieri, « A partir <strong>de</strong> Maxé<strong>ville</strong>, 1947-… » in Jean Prouvé « constructeur », Paris, Editions du C<strong>en</strong>treGeorges Pompidou, 1990, p. 144.367 Jean Le Couteur, « Le procédé Unibat. L’Agora <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> d’Evry », Construction n°5, mai 1975, p. 157 & H<strong>en</strong>riWiodarczyk, « Procédés modulaires <strong>de</strong> construction spatiale <strong>en</strong> acier. Essais et réalisations (France) », Acier-Stahl-Steel,février 1977, pp. 48-51 in Fond Jean Le Couteur, 187 IFA 5/6.368Le terme est générique. La mégastructure est difficile à définir. Ainsi Rayner Banham déclare-t-il que « lesmégastructures, ainsi, fur<strong>en</strong>t <strong>de</strong> grands bâtim<strong>en</strong>ts d’un type particulier, quoique ce type reste difficile à définir dans unvocabulaire précis », Reyner Banham, op.cit., p. 7. Pour Dominique Rouillard, la mégastructure est un « hybri<strong>de</strong> colossal […]réglant dans un même geste l’architecture, l’urbanisme et l’infrastructure, tout <strong>en</strong> s’<strong>en</strong>gageant aux côtés d’une sociétéinformationnelle qui se constitue. » Dominique Rouillard, Superarchitecture. Le futur <strong>de</strong> l’architecture, 1950-1970, Paris,éditions <strong>de</strong> la Villette, 2004, p. 14.369 Jacques Lucan classe ces mégastructures françaises <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux catégories selon les écrits <strong>de</strong> Sadrachs Woods, le webou mégastructure horizontale et le steam ou mégastructure verticale, auxquelles on peut rajouter l’architecture dite« proliférante ». Voir Jacques Lucan, Architecture <strong>en</strong> France (1940-2000). Histoire et théories, Paris, éditions du Moniteur,2001.370 Pierre Merlin lui-même considère très tôt qu’il s’agit, avec Ca<strong>en</strong> Hérou<strong>ville</strong>, d’une opération intermédiaire <strong>en</strong>tre le GrandEnsemble et les Villes Nouvelles. Voir Pierre Merlin, Les Villes Nouvelles, Paris, Editions <strong>de</strong> Minuit, 1969, p. 302-304.371 Jean Le Couteur est architecte <strong>en</strong> chef <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> du Cap d’Ag<strong>de</strong> alors que Georges Candilis est architecte <strong>en</strong> chef <strong>de</strong>Barcarès-Lecate. « Une autre originalité <strong>de</strong> l’opération [du Languedoc – Roussillon] ti<strong>en</strong>t au rôle déterminant joué par lesarchitectes <strong>en</strong> chef <strong>de</strong>s stations […]. Parce qu’il est le plus connu, Georges Candilis prési<strong>de</strong> l’équipe qui fonctionne <strong>de</strong>manière collégiale. » Clau<strong>de</strong> Prélor<strong>en</strong>zo & Antoine Picon, L’Av<strong>en</strong>ture du balnéaire. La Gran<strong>de</strong> Motte <strong>de</strong> Jean Balladur,Marseille, Par<strong>en</strong>thèses, 1999, p. 39.116


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIl’Allemagne à l’exposition <strong>de</strong> Montréal qui marquera l’apogée <strong>de</strong> ce mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong>architecture.A la recherche d’une architecture mo<strong>de</strong>rne spécifique, une logique d’opposition ?Passé la première courte pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s CUR, celle <strong>de</strong> l’effort <strong>de</strong> conception d’un <strong>en</strong>semblecomplexe associant dans une même architecture le c<strong>en</strong>tre commercial et les activités socioculturelles,pério<strong>de</strong> durant laquelle le modèle <strong>de</strong> l’Agora adopte certaines <strong>de</strong>s caractéristiques du shopping c<strong>en</strong>ter,tel le dispositif couvert <strong>de</strong> circulation à <strong>de</strong>ux niveaux, la climatisation, ou <strong>en</strong>core la logique commerciales<strong>de</strong>s vitrines pour donner à voir et intéresser les visiteurs aux différ<strong>en</strong>tes activités <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t 372 , vi<strong>en</strong>tle temps <strong>de</strong>s architectures séparées. Le mirage d’un c<strong>en</strong>tre complexe, multifonctionnel et ouverts’estompe, la réalité revi<strong>en</strong>t à la charge : équipem<strong>en</strong>t intégré et CCR ne pourront qu’être <strong>de</strong>ux bâtim<strong>en</strong>tsdistincts.- Hall/forum contre mallA la différ<strong>en</strong>ce du mall qui est conçu avant tout pour la circulation <strong>de</strong> magasin à magasin dans uneambiance contrôlée, fermée sur l’extérieur, et assez neutre architecturalem<strong>en</strong>t afin <strong>de</strong> ne pas faireconcurr<strong>en</strong>ce à la mise <strong>en</strong> scène attractive du magasin, l’ « espace public » <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégrés’offre comme un lieu exceptionnel <strong>de</strong> rassemblem<strong>en</strong>t permettant <strong>de</strong> créer une d<strong>en</strong>sité et donc uneanimation qui est indisp<strong>en</strong>sable à la construction <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tité <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>. Il découle <strong>de</strong> la figuredu hall ou du « forum » telle qu’elle a pu être déclinée dans les expéri<strong>en</strong>ces antérieures <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong>la Culture 373 . Dans la recherche d’un expression architecturale propre, cette distinction peut interv<strong>en</strong>ir surtrois plans :- le premier concerne la géométrie et la volumétrie, l’espace ponctuel rassembleur <strong>de</strong> laplace couverte,avec une dim<strong>en</strong>sion verticale, s’oppose à l’espace linéaire du mall.- Le <strong>de</strong>uxième concerne le <strong>de</strong>gré d’ouverture <strong>de</strong> cet espace et sa capacité d’échange avecl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t extérieur. La différ<strong>en</strong>tiation est schématisée <strong>de</strong> manière très parlante dansles croquis sur la Piazza (voir planche 19 <strong>en</strong> annexe) avec une opposition <strong>en</strong>tre la boiteautiste du c<strong>en</strong>tre commercial et au contraire le dispositif <strong>de</strong> la Piazza conçu comme undispositif d’échange et <strong>de</strong> distribution par rapport à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Cette opposition semanifeste d’abord par la place faite à la lumière naturelle et au ciel.- La différ<strong>en</strong>tiation se manifeste <strong>en</strong>fin à travers un travail spécifique sur la définition du sol etdu toit. Comme dans les hall/forum <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> la culture où s’épanouit la culturemo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la « prom<strong>en</strong>a<strong>de</strong> architecturale », le sol est travaillé dans son épaisseur àtravers <strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> niveaux, une mise <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>s escaliers et <strong>de</strong>s rampes etl’exploitation <strong>de</strong> la figure incontournable <strong>de</strong>s gradins qui manifeste que l’espace duhall/forum est aussi pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t un lieu <strong>de</strong> spectacle populaire. Pour ce qui est du toit,l’<strong>en</strong>jeu mo<strong>de</strong>rne et humaniste <strong>de</strong> la voûte tel que le défini Giedion 374 , celui d’une couverture<strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus légère et <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus gran<strong>de</strong> pour abriter la communauté, pr<strong>en</strong>d ici laforme du treillis tridim<strong>en</strong>sionnel. En plus <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> portée et <strong>de</strong> la légèreté <strong>en</strong> phaseavec la vocation intérieur/extérieur du hall, ce choix est aussi celui <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce, lastructure tridim<strong>en</strong>sionnelle étant aussi pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le support <strong>de</strong> multiples équipem<strong>en</strong>ts.Suivant une problématique similaire à celle <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> sports ou du grill théâtral (et onrejoint ici l’idée d’un lieu <strong>de</strong> spectacle populaire), c’est un toit qui a une épaisseur, un toitdans lequel on circule (les hommes et les équipem<strong>en</strong>ts) pour pouvoir moduler l’espace.- Une architecture fragm<strong>en</strong>téeLe <strong>de</strong>uxième choix architectural différ<strong>en</strong>tiant l’Agora du shopping c<strong>en</strong>ter est celui d’un espace fragm<strong>en</strong>té.A Evry, cette recherche <strong>de</strong> fragm<strong>en</strong>tation, à la différ<strong>en</strong>ce du choix <strong>de</strong> la place couverte, n’est pas unedonnée <strong>de</strong> départ. Elle se manifeste progressivem<strong>en</strong>t sous la forme d’une collection d’objets rassembléscorrespondant aux principaux élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme (patinoire, salle polyval<strong>en</strong>te, salle <strong>de</strong> sports). Aufinal, l’expressivité <strong>de</strong> ces volumes, qui marque aussi leur autonomie <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t, s’impose tandisque l’impact du grand toit unitaire (prés<strong>en</strong>t dans les premières versions du projet) s’estompe.Comme pour les équipem<strong>en</strong>ts scolaire, la logique <strong>de</strong> fragm<strong>en</strong>tation intervi<strong>en</strong>t aussi sur la trame, <strong>en</strong>tre latrame banale, répétitive du commerce et la trame variée du c<strong>en</strong>tre intégré. Cette approche qui conduit372 Groupe <strong>de</strong> travail « Cergy-Pontoise » in Colloque « C<strong>en</strong>tres urbains », op. cit.373 Dans la conception du hall <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> la culture, il y avait l’idée malruci<strong>en</strong>ne que l’on puisse être « saisi » dès l’<strong>en</strong>tréeet que l’on puisse percevoir l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s activités. Voir A. Korganow, op. cit.374 Siegfried Giedion, « Réflexion sur une <strong>nouvelle</strong> monum<strong>en</strong>talité» in Architecture et vie collective. Op. cit.117


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIaux solutions organiques et proliférantes se retrouve dans les premiers plans pour le C<strong>en</strong>tre Culturel <strong>de</strong>Cergy Pontoise, au mom<strong>en</strong>t où ce <strong>de</strong>rnier était <strong>en</strong>core connecté directem<strong>en</strong>t au CCR, et aussi dans lespremiers projets pour la Piazza.Dans sa recherche d’une trame structurelle spécifique pour les équipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux, la<strong>de</strong>uxième phase du projet <strong>de</strong> Piazza apparaît comme une t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> théorisation d’un modèle linéairealternatif au mall commercial. Le hall/forum ponctuel est abandonné au profit <strong>de</strong> la définition d’unesuperstructure évolutive Un système primaire <strong>de</strong> macrostructure assurant une « tâche infrastructurelle »,accueille un système secondaire <strong>de</strong> remplissage dont les manipulations n’affect<strong>en</strong>t pas l’ordrepremier 375 . L’équipem<strong>en</strong>t intégré se manifeste alors sous la forme monum<strong>en</strong>tale d’une mégastructure.L’espace public protégé <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un objet architectural régulier et bi<strong>en</strong> défini. Il n’est plus seulem<strong>en</strong>t mis<strong>en</strong> scène à partir <strong>de</strong> son sol et <strong>de</strong> son toit mais dans son <strong>en</strong>semble, comme « système primaire » <strong>de</strong> lamégastructure. Les équipem<strong>en</strong>ts apparaiss<strong>en</strong>t quand à eux comme un système secondaire d’unitésdont l’architecture est laissée flexible.III.3.4 – L’<strong>en</strong>jeu du LCR ou l’impact architectural du réseauA l’opposé du grand équipem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral, la question <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t est aussi posée<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> à l’échelle <strong>de</strong> la proximité ou du voisinage. La critique <strong>de</strong> l’intégration systématiqued’une part et d’autre part le discours sur le réseau dans lequel l’intégration n’apparaît que comme unemodalité parmi d’autres d’association <strong>de</strong>s programmes à l’échelle d’un quartier, conduis<strong>en</strong>t à rechercherune logique <strong>de</strong> juxtaposition <strong>de</strong>s <strong>en</strong>tités plus que <strong>de</strong> dissolution dans un <strong>en</strong>semble architectural unitaire.Les petits équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> type LCR ou CLAE impliqués dans les processus <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>sprogrammes sont pris <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux discours: l’intégration comprise comme éclatem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fonctions etdiffusion dans le quartier consacre la disparition <strong>de</strong> l’objet équipem<strong>en</strong>t ; à l’inverse le principe du réseaucompris comme armature urbaine du quartier sollicite plusieurs points d’attache repérables.Ces <strong>de</strong>ux approches se retrouv<strong>en</strong>t dans le cas du Val Maubuée. Deux discours concomitants ont pu <strong>en</strong>effet y être exploités dans la politique d’implantation <strong>de</strong>s LCR, celui <strong>de</strong> l’autonomisation du LCR commeobjet architectural et à l’inverse celui d’une approche plus large <strong>de</strong> la notion d’espace collectif résid<strong>en</strong>tielpouvant s’appliquer à d’autres lieux soit une conception ext<strong>en</strong>sive <strong>de</strong> l’espace collectif résid<strong>en</strong>tiel qui nes’applique pas simplem<strong>en</strong>t à un édifice repéré comme tel mais qui peut s’appliquer à toutes sortes <strong>de</strong>lieux ou d’interstices. Un espace qui se définit <strong>en</strong> creux et non plus <strong>en</strong> plein.Le LCR comme surface intégréeDans toutes les situations d’intégration stricte, le LCR (tout comme le CLAE) s’insère dans un systèmeconstructif qui l’<strong>en</strong>globe. Il est au mieux une case ou un module parmi d’autres. Cette position <strong>de</strong>programme hétérogène v<strong>en</strong>ant s’insérer dans une structure constructive primaire à vocation urbaine (quine s’applique pas qu’aux LCR et CLAE) sert aussi <strong>de</strong> justification au discours sur le caractère polyval<strong>en</strong>tet « urbain » <strong>de</strong> cette structure.Une intégration <strong>en</strong> pied d’immeuble <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts :Cette localisation correspond à une situation où chaque promoteurs pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge pour son compte laréalisation <strong>de</strong>s m² <strong>de</strong> LCR et l’intègre dans son opération <strong>en</strong> aménageant un local <strong>en</strong> pied d’immeuble.Ce procédé <strong>en</strong> phase avec le discours sur la proximité du LCR par rapport aux habitants et sur laspécificité <strong>de</strong> sa fonction sociale 376 donne <strong>de</strong>s résultats architecturaux pour le moins inégaux.Au moins <strong>de</strong>ux configurations spatiales doiv<strong>en</strong>t être distinguées, celle où le LCR correspond ni plus nimoins qu’à un logem<strong>en</strong>t et celle où il correspond à une case commerciale. C’est seulem<strong>en</strong>t dans ce375 Dominique Rouillard, op. cit., p. 14.376 La position radicale <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq mérite d’être soulignée <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue. Elle dissocie radicalem<strong>en</strong>t les LCR dudomaine <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>diquant leur valeur <strong>de</strong> transition et leur caractère privé géré par les promoteurs,ce qui interdit toute velléité d’intégration avec d’autres équipem<strong>en</strong>ts publics: «Dans la mesure où le LCR constitue unprolongem<strong>en</strong>t du logem<strong>en</strong>t, et où il n’a pas à être considéré comme un succédané d’équipem<strong>en</strong>ts publics qui ont étéprogrammé <strong>en</strong> nombre suffisant dans la Ville Nouvelle pour servir <strong>de</strong> support à la vie sociale, il est proposé <strong>de</strong> limiter laconstruction <strong>de</strong>s LCR, dans les seuls cas où celle-ci apparaît particulièrem<strong>en</strong>t utile du fait <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s logem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>cause », in Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq et EPALE, « Charte d’aménagem<strong>en</strong>t concerté. Les LCR et les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la viesociale », docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> travail, 17 février 1978, p12 [AM Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq].118


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III<strong>de</strong>rnier cas, que le LCR peut conserver une certaine visibilité qui est celle <strong>de</strong> la « vitrine », <strong>en</strong> liaisonavec la définition <strong>de</strong> l’espace public.L’intégration avec l’école :Cette intégration correspond à une double réalité du LCR. D’abords comme nous l’avons précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>tsouligné, elle manifeste le tropisme scolaire lié à la prédominance du discours sur l’éducation et surl’ouverture <strong>de</strong> l’école. Ensuite elle manifeste aussi la prise <strong>en</strong> charge par les EPA <strong>de</strong>s financem<strong>en</strong>ts LCRrécoltés auprès <strong>de</strong>s promoteurs.Le rôle directeur <strong>de</strong> l’EPA conduit logiquem<strong>en</strong>t à ce que les LCR se détach<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s habitations et serapproch<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s espaces publics.Le détachem<strong>en</strong>t par rapport aux immeubles <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>tcorrespond aussi à une réalité d’usage liée au problème <strong>de</strong>s nuisances <strong>de</strong> bruit <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées par l’activitédu LCR.Le LCR s’inscrit dès lors dans le dispositif d’ouverture <strong>de</strong> l’école sur l’espace public et participe àl’interaction <strong>en</strong>tre l’équipem<strong>en</strong>t et cet espace public: « les espaces collectifs […] sont ouverts sur lescirculations publiques, piétonnes majeures » et <strong>en</strong>suite « les espaces <strong>de</strong> transition […] articul<strong>en</strong>t cesespaces collectifs avec <strong>de</strong>s lieux d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ouverts sur <strong>de</strong>s jardins » 377 .La possibilité d’appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r chaque <strong>en</strong>tité programmatique au sein <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>tité intégrée sollicite unedouble lecture, celle d’une composition d’<strong>en</strong>semble et celle <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme pris chacunséparém<strong>en</strong>t : unité et diversité. Deux approches <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>jeu sont déclinées, une approche architecturalefonctionnaliste, celle <strong>de</strong> volumes articulés id<strong>en</strong>tifiant chaque fonction, une approche urbanistique quiorganise à la fois l’unité <strong>de</strong> l’espace urbain et la diversité <strong>de</strong>s objets qui le bord<strong>en</strong>t (suivant le modèlevillageois ou pittoresque).Associée au processus <strong>de</strong> décomposition et recomposition du programme, la morphologie <strong>de</strong>s groupesscolaires préconisée par Quaternaire, celle d’une école-village adaptée à la psychologie <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fant 378 ,conduit à une architecture fragm<strong>en</strong>tée et/ou modulaire: une multiplicité d’élém<strong>en</strong>ts formels révélant unediversité d’activités, sont autant <strong>de</strong> points <strong>de</strong> repérage. Cette int<strong>en</strong>tion est bi<strong>en</strong> exprimée à propos dugroupe scolaire <strong>de</strong>s Tilleuls :[…] les composants du programme, tant fonctionnels (les divers locaux), que plastiques(alignem<strong>en</strong>t, modénature, etc.) seront dissociés et recombinés non plus <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>tité « Groupe Scolaire » mais comme les fragm<strong>en</strong>ts constitutifs, au même titred’ailleurs que les constructions <strong>en</strong>vironnantes, <strong>de</strong> nouveaux espaces ou plusprécisém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nouveaux lieux. Ces lieux seront les articulations du quartier 379 .Un LCR juxtaposé ou indép<strong>en</strong>dantLe défaut fonctionnel <strong>de</strong> l’association systématique du LCR avec un groupe scolaire qui apparaît trèsrapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t est que ses surfaces banalisées sont récupérées et monopolisées par les <strong>en</strong>seignants.Pour contrer l’effet d’annexion du LCR par l’équipem<strong>en</strong>t dominant susceptible <strong>de</strong> l’accueillir, <strong>de</strong>uxprincipes <strong>de</strong> localisation ont été développés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, soit la juxtaposition, soit la réalisation d’unobjet isolé. Ce sont <strong>de</strong>s situations que l’on retrouve déclinées dans le quartier du Luzard (voir planche 08<strong>en</strong> annexe).L’<strong>en</strong>jeu est alors <strong>de</strong> conférer une certaine prés<strong>en</strong>ce architecturale au LCR. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, et leLuzard fait ici exception, ce local s’appar<strong>en</strong>te plus à un local technique qu’à autre tout autre chose. Ladifficulté d’un tel programme isolé, c’est sa taille minimum pour qu’il ne soit pas trop ridicule. Unelogique qui pousse à réaliser <strong>de</strong>s LCR plus grands et donc <strong>de</strong>s objets qui à contrario peuv<strong>en</strong>t manquerleur public et poser <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> gestion.377 SGVN, Comman<strong>de</strong> publique et qualité architecturale: Les écoles <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, op. cit., mai 1980, p117.378 « Plutôt qu’un campus <strong>en</strong>fantin, c’est un village d’<strong>en</strong>fants qu’il faudrait essayer <strong>de</strong> réaliser, avec <strong>de</strong>s pavillons à la foissemblables dans leur conception générale pour favoriser l’unité (…) et différ<strong>en</strong>ciés pour favoriser le repérage <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants,le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ance à un groupe, ménager une certaine diversité » in Quaternaire Éducation, C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Vie<strong>en</strong>fantine, Paris, juin 1973, p.13, 1331/MV/08.SC. Voir aussi, Quaternaire Éducation, Conception d’une école : Note <strong>de</strong>synthèse, Paris, Quaternaire Éducation, février 1973, p. 14-15, CDU 29398.379 SGVN, Comman<strong>de</strong> publique et qualité architecturale : Les écoles <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, mai 1980, p. 123.119


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILa juxtaposition correspond au compromis passé <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong>tre la fermeture <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tset leur intégration totale.En liaison avec les groupes scolaires, les LCR particip<strong>en</strong>t d’une déclinaison typologique qui règle uneexpression plastique reposant sur la fragm<strong>en</strong>tation. Ce jeu formel permet une organisation intérieure <strong>de</strong>l’école autour d’un patio ou d’une cour aussi bi<strong>en</strong> qu’une organisation extérieure autour d’une ouplusieurs placettes raccordées au réseau <strong>de</strong>s circulations piétonnes (fig. 8.1 et 8.2). Le LCR peut danscette optique être associé à un élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> programme détaché <strong>de</strong> l’école tel que le gymnase pourconstituer un volume plus important (exemple du Groupe scolaire <strong>de</strong>s Tilleuls, fig. 8.3)Comme le montre la série <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage réalisés dans le quartier du Luzard, le LCR estun <strong>de</strong>s principaux outils <strong>de</strong> formalisation d’un espace public interagissant avec l’école.Le parti d’indép<strong>en</strong>dance complète <strong>de</strong> l’objet LCR par rapport à d’autres équipem<strong>en</strong>ts, école oumaison <strong>de</strong> quartier conduit à développer d’autres stratégies : grossir le LCR pour lui donner une prés<strong>en</strong>cesuffisante qui le rapproche d’une «maison <strong>de</strong> quartier » ou bi<strong>en</strong> au contraire le traiter comme unemodalité d’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace public qu’il soit allée piétonne ou parc urbain. L’objet s’intègrealors dans l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces espaces, comme élém<strong>en</strong>t appar<strong>en</strong>té au mobilier urbain, commeexcroissance <strong>de</strong> l’espace public, comme « micro-fonction ». Il participe du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s procédés<strong>de</strong> définition <strong>de</strong> l’espace public tel qu’il a pu être théorisé notamm<strong>en</strong>t par Antoine Grumbach notamm<strong>en</strong>tà partir <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce du Val Maubuée (les notions <strong>de</strong> microfonction et <strong>de</strong> « complexe solidaire » sontmises <strong>en</strong> avant par Grumbach dès 1969 380 ).Dans ces conditions, on voit que l’objet LCR isolé ne l’est jamais complètem<strong>en</strong>t. Un dialogue, unecomposition avec d’autres objets sont mis <strong>en</strong> place. C’est l’occasion <strong>de</strong> générer un « espace public » <strong>en</strong>liaison avec un équipem<strong>en</strong>t dominant ou bi<strong>en</strong> <strong>de</strong> constituer un point d’animation <strong>de</strong> l’espace public, alléepiétonne ou parc urbain.Au bout du compte le mouvem<strong>en</strong>t d’autonomisation du LCR va <strong>de</strong> pair avec le développem<strong>en</strong>t d’uneapproche architecturale et urbaine spécifique, ce que l’on va pouvoir appeler le micro-urbanisme et lamicro-architecture compris comme travail à petite échelle sur l’aménagem<strong>en</strong>t urbain et sur l’expressivitéarchitecturale avec une gran<strong>de</strong> économie <strong>de</strong> moy<strong>en</strong>s et au plus près <strong>de</strong>s usages.III.3.5 – L’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier, l’architecture <strong>de</strong> la maison<strong>de</strong> quartier à Cergy-PontoiseSi l’équipem<strong>en</strong>t intégré du côté du groupe scolaire correspond à un épanouissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’architecturemodulaire, <strong>de</strong> la trame proliférante <strong>en</strong> liaison avec la réflexion sur la pédagogie, l’équipem<strong>en</strong>t intégré ducôté <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier correspond surtout à une confrontation avec les contraintes urbaines, àune réflexion sur l’impact <strong>de</strong> l’édifice public. C’est ce que souligne le témoignage <strong>de</strong> Michel Macary àpropos <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong> l’Arche Guédon : Ousset le programmateur s’est surtout occupé <strong>de</strong>l’association complexe <strong>de</strong>s services dans le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> vie <strong>en</strong>fantine tandis que lui, l’architecte-urbaniste,s’est surtout occupé <strong>de</strong> la Halle et <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier.La production <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier à Cergy-Pontoise manifeste clairem<strong>en</strong>t cette interrogation sur lesrapports architecture publique/espace public. La succession régulière <strong>de</strong>s opérations avec une relativestabilité <strong>de</strong>s programmes, dont nous avons parlé précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, révèle aussi une progression dansl’investissem<strong>en</strong>t architectural <strong>de</strong>s projets, <strong>de</strong>puis les premières réalisations plutôt sommaires jusqu’auconcours relativem<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Cergy-le-Haut (concours lancé <strong>en</strong> 1998).Le concours <strong>de</strong>s Hauts ToupetsEn particulier la procédure <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets va s’inscrire dansl’opération <strong>de</strong> « concours d’architectures publiques » lancée à l’échelle nationale <strong>en</strong> octobre 1980conjointem<strong>en</strong>t par la direction <strong>de</strong> l’architecture (J. Belmont directeur <strong>de</strong> l’architecture), la MIQCP et lePlan Construction:380 A. Grumbach, « Les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la vie quotidi<strong>en</strong>ne » in TA n°2, 30 ème série, 1969.120


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIPour promouvoir le principe du concours d’architecture comme gage <strong>de</strong> qualité retrouvée, cette opérationva sout<strong>en</strong>ir et associer une dizaine <strong>de</strong> concours sur l’<strong>en</strong>semble du territoire offrant un panel d’édificespublics et <strong>de</strong> commanditaires (services <strong>de</strong> l’Etat, communes ou EPA dans le cas <strong>de</strong> Cergy).Parmi eux, celui <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Cergy correspond à la seule opération située <strong>en</strong> <strong>ville</strong><strong>nouvelle</strong> 381 . L’intitulé du concours « c<strong>en</strong>tre et maison <strong>de</strong> quartier » est aussi le seul articulantexplicitem<strong>en</strong>t dans son énoncé <strong>en</strong>jeu urbain et <strong>en</strong>jeu architectural.Le concours se prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux dégrés :- Une 1 ère phase portant sous la forme d’une esquisse légère sur la définition duc<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier- Une 2 ème phase portant sous la forme d’un APS sur le projet architecturalproprem<strong>en</strong>t dit d’un <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts constitutifs du c<strong>en</strong>tre, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce lamaison <strong>de</strong> quartierLe programme <strong>de</strong> cette maison <strong>de</strong> quartier ou plutôt le principe d’association <strong>de</strong> programmes correspondà ce que nous avons décrit dans le chapitre précéd<strong>en</strong>t. Il s’agit ici d’une maison <strong>de</strong> quartier/c<strong>en</strong>tre socialassociée à d’autres élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmes (ateliers, salles polyval<strong>en</strong>tes) financés sur le budget LCRdégagés par les opérations <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts réalisés dans le cadre <strong>de</strong> la ZAC.En ce qui concerne le traitem<strong>en</strong>t architectural, l’équipe lauréate, Montassut/Trilles va souligner fort àpropos les trois difficultés majeures prés<strong>en</strong>tées par le programme:«1- la maison <strong>de</strong> quartier doit s’assujettir sur son périmètre à trois caractères différ<strong>en</strong>ts : faça<strong>de</strong>haute urbaine sur le mail, basse et domestique à flanc <strong>de</strong> coteau, <strong>de</strong> « transition » côté placebasse (du minéral au végétal)2- Elle est constituée d’équipem<strong>en</strong>ts distincts (fonction, administration, gestion, heuresd’ouverture) et aux échelles fort variées (…)3- Une architecture emphatique et sol<strong>en</strong>nelle n’est pas <strong>de</strong> mise pour un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>fréqu<strong>en</strong>tation quotidi<strong>en</strong>ne qui doit être accueillant, ordinaire, et se réaliser par ailleurs pour unbudget raisonnable » 382La réponse proposée par l’équipe lauréate fait <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier un cond<strong>en</strong>sé <strong>en</strong> réduction <strong>de</strong> lacomposition du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier, à la fois image <strong>de</strong> l’unité du quartier et <strong>en</strong> même temps image <strong>de</strong> sadiversité:« La maison <strong>de</strong> quartier doit donc être r<strong>en</strong>due comme un objet unique, image qui saura elle-mêmer<strong>en</strong>voyer à l’unité du nouveau quartier, <strong>en</strong> être l’effigie ».« Il faudra donc créer l’image monolithique d’une gran<strong>de</strong> maison, mais qui admette <strong>en</strong> même temps, et<strong>en</strong> secon<strong>de</strong> lecture, la variété, une autre échelle, celle d’un petit paysage urbain que l’on découvre <strong>en</strong> latraversant et qui vi<strong>en</strong>t dans le prolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s continuités urbaines du quartier ». 383« Les sautes d’échelle et le mélange architectural introduit par la juxtaposition <strong>de</strong> petits bâtim<strong>en</strong>tsdiffér<strong>en</strong>ts constitu<strong>en</strong>t une par<strong>en</strong>thèse pittoresque à l’abri du grand toit, petit paysage vernaculaire posésur un carroyage <strong>de</strong> briques qui consigne l’unité du lieu tandis qu’une placette circulaire assure leresserrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s divers élém<strong>en</strong>ts du programme ».Ces prises <strong>de</strong> positions que l’on peut croiser avec les propositions développées antérieurem<strong>en</strong>t pour leconcours d’une autre maison <strong>de</strong> quartier, celle du quartier <strong>de</strong>s Eguérets à Jouy-le-Moutier manifest<strong>en</strong>t<strong>de</strong> façon très claire <strong>de</strong>ux choses.381 Les autres sites sont les suivants : maison <strong>de</strong>s associations à Roubaix, hôtel <strong>de</strong> <strong>ville</strong> à Saint Barthélémy d’Anjou,casernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> g<strong>en</strong>darmerie à Narbonne, bâtim<strong>en</strong>t administratif <strong>de</strong>s télécommunications à Montargis, foyer rural àMontanceix-Montrem, cité-judiciaire à Lyon, hôtel <strong>de</strong>s postes à Châlons-sur-Marne, subdivisions <strong>de</strong> la DirectionDépartem<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> l’Equipem<strong>en</strong>t à Bergerac382 Dominique Montassut et Bernard Trilles, Maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets, notice <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation, Dossier APS - 26 février1982 [AD Val d’Oise, 1359W75]383 Dominique Montassut et Bernard Trilles, Maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets, notice <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation, ibid., p1.121


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILa maison <strong>de</strong> quartier comme morceau <strong>de</strong> tissu urbainElles manifest<strong>en</strong>t tout d’abord la confrontation au sein <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts hybri<strong>de</strong>s <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>uxaspirations contradictoires : d’un côté et dans la continuité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés antérieurs,l’aspiration à constituer un morceau <strong>de</strong> tissu urbain c’est-à-dire un dispositif qui s’inscrive àl’<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> l’objet isolé monum<strong>en</strong>tal, et <strong>de</strong> l’autre la volonté <strong>de</strong> retrouver une unité et une visibilité pourl’édifice public <strong>en</strong> liaison avec une composition urbaine traditionnelle.Cette t<strong>en</strong>sion se manifeste dans les projets successifs <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> quartier élaborés par l’architectePierre V<strong>en</strong><strong>en</strong>cie, <strong>de</strong>puis la Maison pour Tous <strong>de</strong>s 7 mares à Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines jusqu’au projetréalisé <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier du Puiseux (Cergy St Christophe) <strong>en</strong> passant par le concours perdu <strong>de</strong>la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguérets. On peut voir dans la succession <strong>de</strong> ces projets la confrontation<strong>en</strong>tre un système <strong>de</strong> composition organiciste sur la base d’une géométrie à 45° que V<strong>en</strong><strong>en</strong>cie alargem<strong>en</strong>t exploité pour la conception <strong>de</strong> ce type d’équipem<strong>en</strong>t et la t<strong>en</strong>dance à réduire, à cont<strong>en</strong>irl’équipem<strong>en</strong>t pour lui faire retrouver un impact traditionnel. La première esquisse <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartierdu Puiseux est <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue éloqu<strong>en</strong>te, elle montre <strong>en</strong>core une composition à 45° similaire à celle<strong>de</strong>s projets antérieurs (7 mares et Eguérets). La confrontation avec les contraintes <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>l’édifice public conduit par la suite à l’abandon <strong>de</strong> cette géométrie dont il ne reste au final que quelquestraces.L’évolution du projet pour cette maison <strong>de</strong> quartier est <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue manifeste, <strong>en</strong>tre les premierscroquis <strong>de</strong> V<strong>en</strong><strong>en</strong>cie qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une maison <strong>de</strong> quartier imposante, <strong>en</strong>vahissante, proliféranteinspirée par la Maison pour Tous <strong>de</strong>s 7 mares et la réalisation in fine d’un édifice très cont<strong>en</strong>u et trèstraditionnel à l’angle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rues (voir planche).Cette t<strong>en</strong>sion se manifeste aussi <strong>de</strong> manière singulière dans le concours pour la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>sToupets. L’organisation du concours <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés conduit les équipes à définir dans un premier temps<strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> composition urbaine et à chercher <strong>en</strong>suite à les mettre <strong>en</strong> application dans le projet <strong>de</strong>la maison <strong>de</strong> quartier. C’est moins alors une p<strong>en</strong>sée sur l’impact <strong>de</strong> l’édifice public dans la <strong>ville</strong> qu’unep<strong>en</strong>sée sur la production <strong>de</strong> la diversité qui est mise <strong>en</strong> application.Ainsi un procédé nouveau est développé par l’ag<strong>en</strong>ce Montassut/Trilles, celui <strong>de</strong> la miniaturisation,miniaturisation et utilisation <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ces historiques pour définir ce « petit paysage vernaculaire posésur un carroyage <strong>de</strong> briques ». Pour traiter la question <strong>de</strong> la diversité, le post-mo<strong>de</strong>rnisme fait ici son<strong>en</strong>trée. Il ne s’agit plus <strong>de</strong> produire un analogon à la structure <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t du tissu urbaintraditionnel mais <strong>de</strong> produire un décors qui mette <strong>en</strong> scène autour d’un espace public les différ<strong>en</strong>tsélém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programme. Comme le montre la planche graphique <strong>en</strong> annexe, ce principe développé pourla maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets a été aussi mis <strong>en</strong> œuvre par l’ag<strong>en</strong>ce Montassut/Trilles pour traiterl’intégration d’un LCR dans le groupe scolaire <strong>de</strong>s Tilleuls à Marne-la-Vallée.La monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier, grand toit et beffroiCes aspirations sont déjà prés<strong>en</strong>tes dans le concours antérieur <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguéretslancé <strong>en</strong> 1977 : un édifice implanté «à la croisée <strong>de</strong>s chemins », comme dispositif produisant unespace public (une « placette-forum ») et <strong>en</strong> même temps un édifice signal, point <strong>de</strong> repère du c<strong>en</strong>tre.Ces exig<strong>en</strong>ces, qui étai<strong>en</strong>t explicites dans le cahier <strong>de</strong>s charges du concours <strong>de</strong>s Eguérets marqu<strong>en</strong>tune nette évolution par rapport à l’architecture confid<strong>en</strong>tielle et peu accueillante <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartierantérieures (maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Linan<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s Touleuses). L’apport symbolique est semble t’il trèsbi<strong>en</strong> perçu et apprécié par les habitants 384 .Ces exig<strong>en</strong>ces sont reprises <strong>de</strong> la même manière dans le programme <strong>de</strong> concours <strong>de</strong>s Toupets non pasuniquem<strong>en</strong>t pour l’édifice maison <strong>de</strong> quartier mais pour le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets dans son<strong>en</strong>semble.Le grand toit public et le signal comme élém<strong>en</strong>ts à valeur symbolique et à réminisc<strong>en</strong>ces historiques (lebeffroi et la halle <strong>de</strong> marché), apparaiss<strong>en</strong>t alors comme <strong>de</strong>s attributs du c<strong>en</strong>tre plus que simplem<strong>en</strong>tceux <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier :« Réalisation d’un toit384 Voir à ce sujet la monographie réalisée sur cette maison <strong>de</strong> quartier par l’Association Nationale pour la Formation etl’Information Artistique et Culturelle (ANFIAC) <strong>en</strong> 1988 pour le compte <strong>de</strong> l‘EPA Cergy : ANFIAC, Etu<strong>de</strong> à l’usage <strong>de</strong> l’EPA<strong>de</strong> Cergy-Pontoise. Rapport sur les équipem<strong>en</strong>ts d’animation sociale <strong>de</strong> quartiers ou <strong>de</strong> commune dossierréalisé par J .C. Rault, anci<strong>en</strong> directeur <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> quartier. ANFIAC, 1988. [EPA Cergy : 3261/1-4]122


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIL’intégration <strong>de</strong>s constructions dans le paysage a conduit à exiger <strong>de</strong>s toits <strong>de</strong> p<strong>en</strong>te comprise <strong>en</strong>tre 30°et 45° sur chaque bâtim<strong>en</strong>t. Cette prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> toits dans l’<strong>en</strong>semble du quartier peut être expriméesymboliquem<strong>en</strong>t dans le c<strong>en</strong>tre par la construction d’un toit abritant un lieu public, ouvert, une sorte <strong>de</strong>halle qui pourrait sur trois côtés être bordée <strong>de</strong> commerces (…)Silhouette dominanteLe rôle <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier doit égalem<strong>en</strong>t pouvoir s’exprimer par un volume dominant qui puisse, auhasard <strong>de</strong>s perspectives, constituer un point <strong>de</strong> repère. L’importance et la fonction support <strong>de</strong> ce signalsont à déterminer » 385 .La solution initiale élaborée par le projet lauréat pour la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguérets (architectesAMNR (Mathieu) / Martel), valorisait surtout le principe <strong>de</strong> la halle, tandis que son concurr<strong>en</strong>t le plus sérieux,le projet <strong>de</strong> V<strong>en</strong><strong>en</strong>cie valorisait la figure du beffroi tout <strong>en</strong> déclinant aussi le principe <strong>de</strong> l’espace publiccouvert (voir planche 03). Significativem<strong>en</strong>t, le troisième projet <strong>en</strong> lice, celui <strong>de</strong> F. Soler, qui ne traitait nila figure du beffroi, ni celle <strong>de</strong> l’espace public couvert a été mis <strong>de</strong> côté.Après rectificatif, sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du jury <strong>de</strong> concours, le projet lauréat va être modifié pour associer les<strong>de</strong>ux figures <strong>de</strong> la halle et du beffroi 386 .On serait t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> voir dans cette formalisation <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguerets, l’aboutissem<strong>en</strong>td’un processus <strong>de</strong> définition typologique d’une architecture <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier. D’autant que lethème <strong>de</strong> la halle ou du grand toit est aussi un thème qui a été décliné à une autre échelle pour le c<strong>en</strong>treadministratif et culturel <strong>de</strong> Cergy-Préfecture et aussi dans bi<strong>en</strong> d’autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.En fait, le caractère synthétique du projet <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguérets fait plutôt exception.Ainsi dans le projet ultérieur du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets, la figure historicisante <strong>de</strong> la halle estbi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te mais elle est traitée <strong>de</strong> façon autonome <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier. Il <strong>en</strong> sera <strong>de</strong>même pour la halle-marché du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier du Puiseux (<strong>de</strong>v<strong>en</strong>u Cergy-StChristophe) dont la conception se réfère explicitem<strong>en</strong>t à l’architecture <strong>de</strong>s Basti<strong>de</strong>s médiévales du Sud-Ouest.Néanmoins le thème du grand toit reste prés<strong>en</strong>t pour la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Toupets, <strong>de</strong> même que lebeffroi est utilisé pour la maison <strong>de</strong> quartier du Puiseux.On s<strong>en</strong>t là nettem<strong>en</strong>t une oscillation <strong>en</strong>tre une maison <strong>de</strong> quartier qui conc<strong>en</strong>tre et réinterprète lesattributs symboliques <strong>de</strong> la c<strong>en</strong>tralité urbaine et une maison <strong>de</strong> quartier comme élém<strong>en</strong>t parmi d’autresd’une composition d’<strong>en</strong>semble d’un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier dans lequel les typologies traditionnelles d’édificespublics sont réintroduites (halle <strong>de</strong> marché, mairie,...).Une architecture <strong>de</strong> transition et unificatriceAu bout du compte, ces <strong>de</strong>scriptions manifest<strong>en</strong>t aussi fortem<strong>en</strong>t le rôle <strong>de</strong> transition et la valeurunificatrice assignés à la maison <strong>de</strong> quartier :- transition <strong>en</strong>tre les échelles urbaines du quartier, échelle pavillonnaire et échelle <strong>de</strong> l’habitatcollectif associé au c<strong>en</strong>tre quartier, comme l’illustr<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t les ori<strong>en</strong>tations fixées dans leconcours et la volumétrie proposée <strong>en</strong> réponse par l’équipe Montassut/Trilles (voir planche 04).- transition <strong>en</strong>tre l’univers résid<strong>en</strong>tiel marqué par la forte prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la nature et l’univers duc<strong>en</strong>tre marqué par la prédominance du minéral.- transition <strong>en</strong>tre les services <strong>de</strong> proximité qui nécessit<strong>en</strong>t d’être au plus près <strong>de</strong>s habitantsdans une continuité directe avec l’habitat (fonction <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre social) et <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> plusgran<strong>de</strong> <strong>en</strong>vergure tournés vers l’action culturelle notamm<strong>en</strong>t.385EPA Cergy-Pontoise, Versants <strong>de</strong> l’Hautil, quartier <strong>de</strong>s Toupets. Concours d’architectures publiques.L’architecture d’un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier. Note <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation. EPA Cergy-Pontoise, 01.81, p12.386 AMNR (Mathieu) / Martel, Note <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation du concours <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong>s Eguérets à Jouy-le-Moutier,novembre 1977. [AD Val d’Oise, 1262W4].123


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIIl s’agit <strong>de</strong> définir une architecture familière proche <strong>de</strong> l’habitat qui emprunte <strong>de</strong>s caractères à cesdiffér<strong>en</strong>ts univers et qui participe à la cohésion <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>tité « quartier ».124


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CONCLUSIONCONCLUSION125


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CONCLUSIONAppréh<strong>en</strong>dée sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s neuf <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, la question <strong>de</strong> la réception et <strong>de</strong> l’adaptation <strong>de</strong> laformule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré nous a donc conduit à abor<strong>de</strong>r différ<strong>en</strong>tes facettes <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong>l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et à naviguer <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts champs disciplinaires, sociologie du travail,sociologie urbaine, disciplines architecturale et urbanistique. Au terme <strong>de</strong> cet exercice assez périlleux etfoisonnant, <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> conclusion peuv<strong>en</strong>t être avancés, concernant l’apport historique <strong>de</strong>sdiffér<strong>en</strong>tes investigations, concernant l’angle d’approche générale <strong>de</strong> la notion idéologique d’intégration et<strong>en</strong>fin concernant l’actualité <strong>de</strong>s problématiques développées par le biais <strong>de</strong> cette notion.LES CONDITIONS D’EXPLOITATION D’UN PROCEDE INNOVANT EN VILLE NOUVELLEL’approche <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> tant que procédé innovant a permis tout d’abord <strong>de</strong>mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, sur le thème <strong>de</strong> la fameuse pluridisciplinarité, certains mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>tspécifique <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Une activité critiqueL’originalité <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’intégration, c’est qu’elle apparaît d’emblée comme problématique. Dès ledépart c’est-à-dire dès le premier colloque organisé sur le sujet <strong>en</strong> 1970 à l’adresse <strong>de</strong>s missionsd’aménagem<strong>en</strong>t, nous avons vu que le procédé fait l’objet <strong>de</strong> réserves (sur les possibilités <strong>de</strong>financem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> gestion, sur les rapports <strong>en</strong>tre professionnels, sur l’impact urbain).L’équipem<strong>en</strong>t intégré peut donc difficilem<strong>en</strong>t être utilisé tel quel, il nécessite un travail d’interprétation, ilva ainsi alim<strong>en</strong>ter un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipes d’aménagem<strong>en</strong>t incluant un effort réflexifpluridisciplinaire qui participe du processus initial d’affirmation <strong>de</strong> ces équipes. L’étu<strong>de</strong> souligne <strong>de</strong> cepoint <strong>de</strong> vue l’importance <strong>de</strong>s échanges avec d’autres acteurs, l’IAURP, le SGGCVN et <strong>en</strong>fin les bureauxd’étu<strong>de</strong> extérieurs (SCOOPER, CERFI, Quaternaire Education, Groupe <strong>de</strong> Sociologie Urbaine, etc.), ,autant d’acteurs relais qui constitu<strong>en</strong>t un maillon clé <strong>en</strong>tre les questionnem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong>ces humaineset les processus opérationnels.Une activité <strong>de</strong> programmation, <strong>en</strong>tre savoir faire spécialisé et pluridisciplinaritéA la volonté d’innovation <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts correspond une volonté d’innovation<strong>en</strong> terme d’activité professionnelle au sein <strong>de</strong>s équipes d’aménagem<strong>en</strong>t. La recherche a montrécomm<strong>en</strong>t la notion d’intégration, dans sa dim<strong>en</strong>sion d’innovation sociale et dans sa valeur d’articulation<strong>en</strong>tre données sociologiques et données spatiales, est intimem<strong>en</strong>t liée à la mise <strong>en</strong> place d’une <strong>nouvelle</strong>activité <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, celle <strong>de</strong> la programmation. Sans être véritablem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>trée sur ledéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette activité dans les EPA, la recherche a permis d’abor<strong>de</strong>r les principaux thèmesqui <strong>de</strong>ssin<strong>en</strong>t une histoire <strong>de</strong> la programmation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.- Une id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux conceptions <strong>de</strong> la programmation, <strong>en</strong>tre une approche spécifiquem<strong>en</strong>tliée à la question <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts publics, intégrant le rôle technique <strong>de</strong> maîtrise d’ouvragedéléguée vis-à-vis <strong>de</strong>s collectivités et une approche plus large <strong>de</strong> la programmation comme approcheglobale allant à l’<strong>en</strong>contre <strong>de</strong>s découpages par spécialités du processus d’aménagem<strong>en</strong>t urbain. Aufinal, l’équipem<strong>en</strong>t intégré apparaît bi<strong>en</strong> comme un objet à la croisée <strong>de</strong>s chemins, <strong>en</strong>tre d’un côtéune approche architecturale, développant une réflexion sur l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fonctions, sur unespatialité adaptée à <strong>de</strong>s formes évolutives et non directives d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> l’autre une approcheurbaine, développant une réflexion sur la c<strong>en</strong>tralité, sur la coordination <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s activitésau sein d’une <strong>en</strong>tité urbaine. Le propre <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c’est <strong>de</strong> susciter une réflexion surl’éducation et sur l’animation qui va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la simple définition, aussi précise soit-elle duprogramme fonctionnel et technique d’un édifice. Notre recherche sur l’équipem<strong>en</strong>t intégré a permis<strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue d’abor<strong>de</strong>r l’évolution d’une approche globale et transversale <strong>de</strong> la programmation<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> à travers l’exploitation <strong>de</strong> la notion d’intégration puis <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau.- Les caractères du métier <strong>de</strong> programmation avec une id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong>s outils, que ce soit l’usage <strong>de</strong>la concertation et <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail ou l’usage d’outils graphiques tels que les tableaux àdouble <strong>en</strong>trée et les graphes, à la recherche d’un langage commun à tous les interv<strong>en</strong>ants.- une approche <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> programmation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, <strong>de</strong>puis «l’euphorieutopiste » jusqu’à la « liquidation », pour repr<strong>en</strong>dre les termes utilisés par J.M. Boyer 387 <strong>en</strong> passantpar quelques étapes intermédiaires.387 liquidation à laquelle selon l’auteur peu <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s aurai<strong>en</strong>t échappé (sauf Marne-la-Vallée et Evry) in J.M. Boyer, op. cit.,p199.126


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CONCLUSION- une id<strong>en</strong>tification <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la programmation, les « piliers » (Ousset, M<strong>en</strong>ighetti, Darmagnac,Lécureuil…) et les autres (les bureaux d’étu<strong>de</strong> notamm<strong>en</strong>t), leur évolution et leur influ<strong>en</strong>ce sur le<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s- une id<strong>en</strong>tification <strong>en</strong>fin <strong>de</strong>s excès dans les pratiques <strong>de</strong> programmation tel que le déséquilibre <strong>en</strong>treune phase <strong>de</strong> programmation très longue et la phase <strong>de</strong> conception architecturale réduite (exempledu c<strong>en</strong>tre Désirée Clary à Melun-Sénart) ou bi<strong>en</strong> une définition trop contraignante et stérilisante <strong>de</strong>sprojets qui ne laisse que peu <strong>de</strong> place à l’expression architecturaleLa circulation <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s hommesL’étu<strong>de</strong> a permis d’abor<strong>de</strong>r <strong>en</strong>fin un questionnem<strong>en</strong>t très intéressant sur les migrations d’idées, d’acteurset <strong>de</strong> pratiques d’une <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> à l’autre, suscitées par l’exploitation d’un principe innovant.On a pu ainsi préciser le rôle actif du SGGCVN dans l’organisation <strong>de</strong> ces échanges, préciser le rôlesupport <strong>de</strong> certaines manifestations (journées et voyages d’étu<strong>de</strong>, commissions techniques <strong>de</strong>s grandsconcours urbanistiques) et ébaucher le parcours édifiant <strong>de</strong> certains professionnels. La trajectoire d’une<strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> à l’autre, <strong>de</strong>s bureaux d’étu<strong>de</strong> tels que la SCOOPER passant du Vaudreuil à Evry puis àMarne-la-Vallée, le CERFI passant <strong>de</strong> Evry à Marne-la-Vallée et à Melun-Sénart ou <strong>en</strong>core QuaternaireEducation passant <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, au Vaudreuil et à Cergy-Pontoise, <strong>de</strong> même le parcours et lesli<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre certains professionnels tels que Michel Macary oeuvrant avec Gérard Héliot et Jean A<strong>de</strong>r àEvry et à Marne-la-Vallée, sollicitant J.C. M<strong>en</strong>ighetti pour «établir le programme d’un équipem<strong>en</strong>t intégréau Luzard, montr<strong>en</strong>t que la formule innovante <strong>de</strong> l’intégration associée à la question du c<strong>en</strong>tre a aussiété un vecteur <strong>en</strong> interne <strong>de</strong> capitalisation <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces.A contrario, on peut trouver aussi qu’il s’agit d’un milieu restreint s’auto-<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ant dans une certaineapproche idéologique <strong>de</strong> l’animation et <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts.Cette approche fortem<strong>en</strong>t idéologisée <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif, celle <strong>de</strong> « militants » et les excès d’uneprogrammation qui suppose une forte mobilisation (celle <strong>de</strong>s classes moy<strong>en</strong>nes) va se retrouverrapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> décalage par rapport à l’inertie <strong>de</strong>s pratiques et par rapport aux phénomènes <strong>de</strong>r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la population.L’APPORT D’UNE PRODUCTION SPECIFIQUE D’EQUIPEMENTS INTEGRES EN VILLE NOUVELLEL’hypothèse initiale d’une production spécifique d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés a permis <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ceplusieurs pistes d’investigation rattachées à la question <strong>de</strong> l’interaction <strong>ville</strong>-équipem<strong>en</strong>t.Des problématiques différ<strong>en</strong>tes suivant les niveaux <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralitéDe manière synchronique, cette hypothèse nous a conduit à nous intéresser aux problématiquesspécifiques mises <strong>en</strong> jeu dans l’interaction <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>jeu urbanistique <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité et la notiond’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts aux différ<strong>en</strong>ts niveaux <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tralité urbaine prévus <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, c<strong>en</strong>treurbain régional, c<strong>en</strong>tre secondaire, c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier et c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> voisinage. La notion d’ « espacepublic » qui s’affirme <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> réunit dans une même approche à ces différ<strong>en</strong>tes échelles l’<strong>en</strong>jeu<strong>de</strong> définition d’un espace public protégé et l’<strong>en</strong>jeu d’intégration <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts 388 .Sur ce plan, l’approche du processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains régionaux à partir <strong>de</strong>l’opposition <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’architecturation, celui mercantile et américain dushopping c<strong>en</strong>ter et celui culturel et europé<strong>en</strong> <strong>de</strong> l’Agora ou du Forum s’est révélé particulièrem<strong>en</strong>tfructueuse, mettant <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les allers et retours, les négociations, les <strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>ts réciproques<strong>en</strong>tre les équipes <strong>de</strong>s EPA et un groupe d’acteurs finalem<strong>en</strong>t peu étudié que ce soit <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ouailleurs, à savoir les promoteurs commerciaux.A une échelle radicalem<strong>en</strong>t opposée, celle du voisinage, L’approche <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> formalisation duréseau d’équipem<strong>en</strong>ts socioculturels, <strong>en</strong> particulier à travers l’exemple <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts relais duquartier du Luzard a permis <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce tout un registre <strong>de</strong> savoir–faire à l’échelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>quartier et à l’échelle du voisinage, <strong>de</strong> la micro-interv<strong>en</strong>tion, avec <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>programme, d’utilisation du Local Collectif Résid<strong>en</strong>tiel (LCR) comme élém<strong>en</strong>t d’appoint <strong>de</strong>s groupesscolaires ou <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier ou bi<strong>en</strong> comme dispositif autonome s’insérant dans laproblématique <strong>de</strong> l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espace public <strong>en</strong> se rapprochant du domaine du mobilier urbain.388 Voir à ce sujet : Raut<strong>en</strong>berg Michel et al. « L’espace public <strong>en</strong> <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s – Evolution <strong>de</strong> la notion d’espacespublics à Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq et Vitrolles, Rives <strong>de</strong> l’Etang-<strong>de</strong>-Berre », Programme interministériel d’histoire etd’évaluation <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s françaises, Atelier IV, Laboratoire CLERSE/IFRESI, Lille, juin 2004.127


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CONCLUSIONUne évolution politique et administrativeDe manière diachronique, l’id<strong>en</strong>tification d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième ou <strong>de</strong> troisième générationappréh<strong>en</strong>dée à partir <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> Marne-la-Vallée (quartier du Luzard), <strong>de</strong> l’Isle d’Abeau (quartier<strong>de</strong> St Bonnet), <strong>de</strong> Cergy-Pontoise (quartier <strong>de</strong> Cergy-Puiseux) a permis <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce plusieursévolutions significatives dans la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels. A partir <strong>de</strong> 1976 et <strong>de</strong>l’<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> lice du programme d’Action Prioritaire du VII ème Plan, on a pu ainsi examiner le processusd’implication <strong>de</strong>s collectivités et <strong>en</strong> particulier <strong>de</strong>s Syndicats Communautaires d’Agglomération dans lapolitique d’animation, et examiner l’évolution <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong>coordination <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts face à la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong>s préoccupations communales sur lagestion <strong>de</strong> ces équipem<strong>en</strong>ts, et face à la montée <strong>en</strong> puissance <strong>de</strong> la problématique du réseau socioculturelcomme <strong>nouvelle</strong> <strong>en</strong>tité programmatique globalisante à l’échelle d’un quartier.Une évolution <strong>de</strong>s théories urbaines et architecturaleL’hypothèse d’une production spécifique d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> nous a conduit <strong>en</strong>fin ànous p<strong>en</strong>cher sur la confrontation <strong>en</strong>tre l’approche sociologique <strong>de</strong>s besoins sociaux, éducatifs etculturels <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et l’évolution <strong>de</strong>s principes dominants <strong>de</strong> conception urbanistique etarchitecturale.L’exploitation du principe <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t physique <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts contribue à faire <strong>de</strong>s <strong>en</strong>semblesintégrés un terrain privilégié <strong>de</strong> confrontation <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux t<strong>en</strong>dances opposées <strong>de</strong> l’architectureurbaine, d’un côté le discours initial sur la polyval<strong>en</strong>ce, la banalisation <strong>de</strong>s locaux, appuyé par une visionanti-monum<strong>en</strong>tale et organiciste du «tissu vernaculaire » et <strong>de</strong> l’autre la montée <strong>en</strong> puissance dudiscours réhabilitant les formes traditionnelles <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> (le retour <strong>de</strong> l’îlot) et l’impact symbolique <strong>de</strong>l’édifice public.La valorisation du corpus <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> quartier , nous a permis d’appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r les <strong>en</strong>jeuxarchitecturaux associées à cette confrontation :- un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> transition <strong>en</strong>tre l’univers diffus à petite échelle <strong>de</strong> l’habitat individuel et l’univers formaliséet imposant du c<strong>en</strong>tre- un <strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’unité et <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>tité « quartier » (thème <strong>de</strong> lafragm<strong>en</strong>tation).- un <strong>en</strong>jeu d’<strong>en</strong>racinem<strong>en</strong>t à travers une architecture capable <strong>de</strong> réunir à la fois les vertus <strong>de</strong> la valeursymbolique <strong>de</strong> l’édifice public dans un contexte marqué par la s<strong>en</strong>sibilité croissante àl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (d’où le succès <strong>de</strong>s fermes ) et les vertus <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s espaces.Face à ces problématiques qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un pot<strong>en</strong>tiel certain d’inv<strong>en</strong>tion architecturale et urbaine, ondoit mettre <strong>en</strong> regard le manque atavique <strong>de</strong> moy<strong>en</strong>s dégagé pour le domaine socioculturel, lequel estaujourd’hui r<strong>en</strong>du à son statut traditionnel <strong>de</strong> par<strong>en</strong>t pauvre <strong>de</strong>s politiques publiques. On doit mettre <strong>en</strong>regard aussi le poids <strong>de</strong>s normes auxquelles sont corrélés les financem<strong>en</strong>ts, les fameuses normesréactualisées <strong>en</strong> 1968 par l’IAURP puis bi<strong>en</strong> vite relayées par les normes <strong>de</strong>s ZAC qui s’impos<strong>en</strong>t dansles <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s pour définir les besoins à planifier dans le cadre <strong>de</strong>s plans successifs.POURSUIVE L’INVESTIGATIONAu bout du compte, et bi<strong>en</strong> qu’ils se soi<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t traduits par <strong>de</strong>s réalisations architecturales trèsconvaincantes, les avatars <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, sous <strong>de</strong>s formes adaptées,transformées, simplifiées, confrontés à <strong>de</strong>s exig<strong>en</strong>ces souv<strong>en</strong>t contradictoires, pos<strong>en</strong>t un certain nombre<strong>de</strong> questions qui ont toujours leur pertin<strong>en</strong>ce dans le contexte actuel.L’approche d’une notion idéologique :L’intégration comme mot clé, comme notion idéologique touchant <strong>de</strong> nombreux domaines d’action autour<strong>de</strong> laquelle s’organise l’action <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts acteurs (Etat et collectivité, chercheurs, professionnels) etcomme notion s<strong>en</strong>sible à l’effet <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, apparaît bi<strong>en</strong> comme une donnée éminemm<strong>en</strong>tcontemporaine. Il serait intéressant <strong>de</strong> la comparer, au niveau <strong>de</strong> l’ampleur <strong>de</strong> la mobilisation, au niveau<strong>de</strong> son « fonctionnem<strong>en</strong>t » et <strong>de</strong> ses effets avec <strong>de</strong>s notions ultérieures articulant objectifs socioéconomiqueset pratiques d’aménagem<strong>en</strong>t. Dans ce registre, la plus manifeste aujourd’hui estcertainem<strong>en</strong>t celle <strong>de</strong> « développem<strong>en</strong>t durable ».Le <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir d’une certaine activité <strong>de</strong> programmation128


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CONCLUSIONL’approche globale <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux urbains, les conditions <strong>de</strong> montage financier et administratif complexes etincertaines, la multiplication <strong>de</strong>s interlocuteurs et le bon usage <strong>de</strong> la concertation, une approche <strong>de</strong>sproblèmes requérrant plusieurs domaines <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ce, tous ces points soulevés notamm<strong>en</strong>t parl’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés auxquels ont fait face les équipesd’aménageurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s font partie aujourd’hui du paysage habituel dans le domaine <strong>de</strong>sprojets urbains <strong>en</strong> général, ou dans celui <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. L’expéri<strong>en</strong>ce mise à jour <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s doit permettre d’interroger les réponses apportées aujourd’hui <strong>en</strong> terme d’organisation <strong>de</strong>séquipes et <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> pour susciter <strong>de</strong>s propositions novatricesUn épiso<strong>de</strong> d’une histoire contemporaine <strong>de</strong> l’édifice public qui reste à écrire:L’étu<strong>de</strong> a montré que l’exploitation <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré conduitfinalem<strong>en</strong>t à interroger les <strong>de</strong>ux thématiques principales du r<strong>en</strong>ouveau <strong>de</strong> l’édifice public telles qu’ellessont énoncées notamm<strong>en</strong>t par la Mission Interministérielle pour la Qualité <strong>de</strong>s Constructions Publiques.Il s’agit <strong>en</strong> premier lieu d’une réflexion sur le programme, sur la capacité <strong>de</strong> ce programme à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>compte et à répondre aux att<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> la population. Il s’agit <strong>en</strong>suite d’une réflexion sur l’expressivité etsur l’impact monum<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> l’édifice public, c’est-à-dire sur sa valeur symbolique dans la <strong>ville</strong>.Au <strong>de</strong>là d’une problématique cantonnée aux <strong>en</strong>jeux éducatifs, la recherche nous invite à situer laproduction d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés comme un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> mo<strong>de</strong>rne,<strong>de</strong> la métropole <strong>de</strong>puis le XIX ème siècle. Les gares, les grands hôtels et les grands magasins d’un côté,les maisons du peuple <strong>de</strong> l’autre ont été <strong>en</strong> effet dès le XIX ème <strong>de</strong>s programmes complexes associant <strong>de</strong>multiples activités et <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux d’id<strong>en</strong>tité pour les <strong>ville</strong>s. La notion d’équipem<strong>en</strong>t complexe oud’équipem<strong>en</strong>t multifonctionnel dérivée <strong>de</strong> ces exemples, intervi<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>ux niveaux, au niveau <strong>de</strong>sinteractions avec l’espace public et aux niveaux <strong>de</strong> la prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s besoins nouveaux <strong>de</strong>spopulations urbaines.Les possibilités d’association activités et intérêts privés/ activités et intérêts publics, ou bi<strong>en</strong>l’opportunité du regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s services dans un équipem<strong>en</strong>t unitaire sont <strong>de</strong>s questions qui rest<strong>en</strong>taujourd’hui d’actualité, que ce soit dans le cadre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s quartiers ou danscelui <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong> grands équipem<strong>en</strong>ts fédérateurs.129


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005SOMMAIRESOMMAIREINTRODUCTION…………………………………………………………………………………CHAPITRE I – UNE MOBILISATION TRANSVERSALE…………………………………………..…I.1 – Une mobilisation au niveau c<strong>en</strong>tral………………………………………………….I.1.1 – La Fondation Pour le Développem<strong>en</strong>t Culturel………………………………………………..I.1.1 – La Commission Interministérielle <strong>de</strong>s Equipem<strong>en</strong>ts Intégrés……………………………….I.1.2 – Le rôle décisif du SGGCVN………………………………………………………………………I.1.3 – Le rôle <strong>de</strong> l’IAURP…………………………………………………………………………………I.2 – La mobilisation transversale au niveau <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s……..….I.2.1 – Les équipes pluridisciplinaires <strong>de</strong>s Etablissem<strong>en</strong>ts Publics d’Aménagem<strong>en</strong>t…………….I.2.2 – Bureaux d’étu<strong>de</strong> et associations…………………...………………………………………...…I.2.3 – La mobilisation <strong>de</strong>s administrations déconc<strong>en</strong>trées………………………………………....I.2.3 – Les mobilisations communale ou intercommunale………………………………………..…CHAPITRE II – L’EQUIPEMENT INTEGRE COMME ENJEU D’INNOVATION PROGRAMMATIQUE..II.1 – Le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> concertation……………...………………II.2.1 – Le groupe <strong>de</strong> travail comme outil <strong>de</strong> programmation………………………………...……..II.2.2 – La démarche consultative modèle m<strong>en</strong>ée au Vaudreuil………………………………….....II.2.3 – Les démêlées du CERFI avec l’opérationnel <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>………………………...……- Une lecture critique <strong>de</strong> l’idéologie <strong>de</strong> la planification <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts………...……….- Le promoteur institutionnel comme instance <strong>de</strong> concertation………………………..…..- La converg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la doctrine psychiatrique <strong>de</strong> secteur et la formule<strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré……………………………………………………………………....- Les t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong> généralisation <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> ………………………………………..….II.2.4 – La concertation à l’ère <strong>de</strong>s syndicats d’agglomération………………………………….....- L’opération du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> St Bonnet comme modèle <strong>de</strong> concertation……………………II.2 – L’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> programmes complexes <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>……………………..…II.2.1 – L’exploitation <strong>de</strong>s figures initiales………………………………………………………………- Le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>fance, objet expérim<strong>en</strong>tal par excell<strong>en</strong>ce………………………………..- La maison <strong>de</strong> quartier avec ou sans collège…………………………………………..……II.2.2 – Quelle diversification <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> ?………………………………………………..……..- Le procédé d’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> nouveaux programmes, technique ou imagination…………- La figure <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t unique du c<strong>en</strong>tre d’agglomération…………………………….- La formule allégée <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> loisirs et <strong>de</strong>s LCRavec les groupes scolaires………………………………………………………………………- La maison <strong>de</strong> quartier comme base d’un assemblage « à la carte »,l’exemple <strong>de</strong> Cergy-pontoise………………………………………………………………….- Une figure paradoxale <strong>de</strong> l’intégration : la ferme……………………………………………- La nature génératrice <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>ts d’activités et <strong>de</strong> programmes innovants…….II.3 – De l’équipem<strong>en</strong>t intégré unique au réseau d’équipem<strong>en</strong>ts. L’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>programmation globale à Marne-la-Vallée………………………………………..II.3.1 – La création d’un service <strong>de</strong> programmation…………………………………………………..- L’impulsion théorique <strong>de</strong> l’ARESC………………………………………………………...….- L’affirmation <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s Services Collectifs………………..II.3.2 – L’interv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> Quaternaire Éducation………………………………………………………– Une approche sélective <strong>de</strong> l’intégration……………………………………………………..– Une forme dominante…………………………………………………………………………II.3.3 – Une première génération d’équipem<strong>en</strong>ts intégrés…………………………………………..- L’opération <strong>de</strong> Noisy-Est, traduction <strong>de</strong>s théories officielles………………………………- L’Arche Guédon, un effort d’innovation <strong>de</strong> tous les acteurs…………………………...….- La Piazza, un projet à part………………………………………………………………..……II.3.3 – L’exploitation <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau au Luzard………………………………………...……- La remise <strong>en</strong> cause <strong>de</strong>s super-équipem<strong>en</strong>ts…………………………………………...…...- L’approfondissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> réseau………………………………………………..- La méthodologie <strong>de</strong> programmation au Luzard…………………………………………....- L’organisation spatiale du réseau……………………………………………………..……..- L’importance stratégique <strong>de</strong>s relais……………………………………………………..…...- La nécessité du regroupem<strong>en</strong>t, pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre et tête <strong>de</strong> réseau……………………291010111315171719202124272829303132343637384142424344444546474850535354555656575758585961616263646667CHAPITRE III – L’INTEGRATION ET L’ARCHITECTURATION DES CENTRES……………………... 69130


L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRERapport final - Septembre 2005SOMMAIREIII.1 – L’équipem<strong>en</strong>t intégré et l’<strong>en</strong>jeu du c<strong>en</strong>tre…………………………………………III.1.1 – La place <strong>de</strong> l’intégration au sein <strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tations urbanistiques initiales développées pour lesc<strong>en</strong>tres <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s………………………………………………………...– Le regroupem<strong>en</strong>t et la d<strong>en</strong>sité………………………………………………………………..– L’intégration comme capacité d’évolution <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres……………………………………– L’intégration et la diversification <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres……………………………………………….III.1.2 – De l’intégration <strong>de</strong>s fonctions à la notion synthétique <strong>de</strong> c<strong>en</strong>tre intégré…………………– Fabriquer un espace public protégé………………………………………………………...III.1.3 – L’évolution <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> la notion d’intégration à travers la succession <strong>de</strong>s grands concoursurbanistiques lancés <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>…………………………………………...- Villetaneuse ou la mise <strong>en</strong> place du discours urbanistique sur l’intégration…………….- Evry I ou l’apogée <strong>de</strong> la doctrine sociale <strong>de</strong> l’intégration <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>……………...- Des concours proches <strong>de</strong> celui d’Evry, le germe <strong>de</strong> Ville au Vaudreuil et le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> ST Bonnetle Lac à l’Isle d’Abeau…………………………………………………………….- Le tournant du val Maubuée ou la confrontation <strong>en</strong>tre le discours social <strong>de</strong> l’intégration etl’évolution du discours architectural et urbain…………………………….- Le rejet <strong>de</strong> l’intégration comme notion urbanistique dans le concours du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> StQu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> YvelinesIII.2 – Agora versus Shopping mall: la conception <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts intégrés c<strong>en</strong>traux<strong>de</strong>s Villes Nouvelles face aux c<strong>en</strong>tres commerciaux………………….III.2.1 - La double ori<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’IAURP……………………………………………………………...- Equipem<strong>en</strong>t commercial et équipem<strong>en</strong>t socio-culturel……………………………………- Consultants contre missions…………………………………………………………………..III.2.2 - Les acteurs <strong>de</strong> l’urbanisme commercial et leurs modèles………………………………….- Les consultants : le cas Victor Gru<strong>en</strong>………………………………………………………...- Les <strong>de</strong>ux modèles opposés <strong>de</strong> promotion commerciale française: hypermarché avec galeriemarchan<strong>de</strong> contre c<strong>en</strong>tre commercial régional (CCR)…………………………...- L’alliance <strong>de</strong>s promoteurs <strong>de</strong> CCR avec les planificateurs <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s………...III.2.3 - Les <strong>de</strong>ux temps <strong>de</strong> la conception <strong>de</strong>s C<strong>en</strong>tres Urbains Régionaux (CUR)………………- Le bilan contrasté du passage <strong>de</strong> Victor Gru<strong>en</strong> à l’IAURP…………………………………- Le temps <strong>de</strong>s missions : <strong>de</strong> la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> compromis d’Evry aux logiques <strong>de</strong> distinction etd’opposition <strong>de</strong> Cergy et Marne-la-Vallée…………………………………..III.3 - L’<strong>en</strong>jeu d’id<strong>en</strong>tité <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t collectif face au traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ceet <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong>s espacesIII.3.1 – Une architecture <strong>de</strong> la polyval<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> la banalisation, le tropisme <strong>de</strong> l’architecture scolaire et<strong>de</strong> l’architecture du spectacle populaire………………………………………..- une géométrie adaptée à la polyval<strong>en</strong>ce…..………………………………………………..III.3.2 – Vers une architecture publique <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>…………………………………………….- Les <strong>en</strong>jeux d’une architecture <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>………………..III.3.3 – L’impact architectural <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré c<strong>en</strong>tral……………………………………..– Les modèles <strong>de</strong> Van Klinger<strong>en</strong>……………………………………………………………….- Une culture commune <strong>de</strong>s architectes <strong>de</strong> C<strong>en</strong>tre Urbain Régionaux……………………- A la recherche d’une architecture mo<strong>de</strong>rne spécifique, une logique d’opposition ?…..III.3.4 – L’<strong>en</strong>jeu du LCR ou l’impact architectural du réseau………………………………………...– Le LCR comme surface intégrée……………………………………………………………..- un LCR juxtaposé ou indép<strong>en</strong>dant……………………………………………………………III.3.5 – L’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier, l’architecture <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier à Cergy-Pontoise………………………………………………………………………….- Le concours <strong>de</strong>s Hauts Toupets………………………………………………………………- La maison <strong>de</strong> quartier comme morceau <strong>de</strong> tissu urbain………………………………...- La monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> quartier, grand toit et beffroi…………………………- Une architecture <strong>de</strong> transition et unificatrice………………………………………………...707171727374757878798181838484848586868990949499109109110112112113113115117118119120121121122123124CONCLUSION……………………………………………………………………………………..125131

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