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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE IPhilippe Deslandes à Saint-Quentin en Yvelines ou encore Gérard Thurnauer au Vaudreuil ont fortementinvesti dans un premier temps le procédé.Avant qu’elle ne s’impose dans le registre de l’innovation sociale, la notion d’intégration est exploitéedans le domaine urbanistique. L’intégration de même que « l’ouverture » et la « pluridisciplinarité » fontpartie de ces mots clés qui marquent la détermination d’une génération à rompre avec les méthodesantérieures de planification urbaine et avec la ségrégation des fonctions induite par la Charte d’Athènes.On trouve les sources de cette mobilisation dans la contestation menée au sein des CIAM par le groupeTeam X.La constitution de la figure de l’architecte-urbaniste en ville nouvelle, figure influencée à la fois par l’écolede la société française des urbanistes (Prost, Jaussely, Agache, Greber…) et par la figure moderne del’architecte-urbaniste (celle de Le Corbusier, de Perret) est un processus intéressant et complexe. Dansle cadre limité de notre étude, on peut souligner les points suivants :- Ces architectes-urbanistes sont particulièrement sensibles au « contenu » et sollicitent lesprofessionnels des sciences humaines (au Vaudreuil, à Marne-la-Vallée, à l’Isle d’Abeau, etc…).L’intérêt des architectes urbanistes pour la formule de l’équipement intégré manifeste l’importanceprise par les sciences humaines dans la pratique architecturale. C’est le cas pour P. Riboulet et G.Thurnauer au Vaudreuil, c’est le cas aussi pour Michel Macary à Marne-la-Vallée. Il faut souligner dece point de vue le rôle formateur essentiel de l’IAURP pour les architectes urbanistes qui y sontpassés (voir les témoignages de Macary et de Lécureuil en annexe), sur la prise en compte descontenus, sur l’importance des études en amont, sur le rôle des équipements collectifs dansl’animation et la structuration du centre, sur l’approche comparative par rapport aux expériencesétrangères.- Les architectes-urbanistes apportent une culture du projet architectural (principe de superpositiondes calques, principe d’exploration de plusieurs solutions, principe de décomposition desprogrammes en fonctions) qui a pu servir de modèle pour la pratique des équipes des EPA. C’est lepropos développé notamment par Jacques Ralite : « Tous apprendront à vivre un moment importantdans toute prise de décision de quelque nature qu’elle soit, celui de la « prise de parti ». Spécifiqueà la création architecturale, mais fort enrichissante pour toute autre discipline, cette démarcheconsiste, dans tout domaine où une simple optimisation quantifiable (économétrique, modélisée) n’apas de sens, à « poser des calques » c'est-à-dire à élaborer une série de synthèses subjectives, ense gardant comme le font trop souvent les esprits exacts devant des décisions complexes, deconsidérer la première synthèse comme la bonne. » 41A côté des architectes urbanistes, l’importance prise par les sciences humaines dans la planificationurbaine se manifeste par le développement de l’activité de programmation et l’affirmation d’une nouvellecatégorie de professionnels, les programmateurs.Inhérents au processus d’intégration des programmes, la réflexion sur les normes, sur leur adéquationaux usages, l’enjeu de redéfinition des besoins, des fonctions et des liens entre services, suscitent ledéveloppement des procédures de concertation et l’intervention de celui que Martine Rivet dans sonétude de 1978 (financée comme nous l’avons vu par le SGGCVN) définit comme un « médiateur » et un« animateur » 42 . Les démarches de remise en cause des normes nationales confortent aussi le rôle desétudes préliminaires, en amont de la conception formelle, études traitées par les équipes deprogrammation des EPA 43 .André Darmagnac à Evry, Bertrand Ousset à Marne-la-Vallée, Jean-Claude Menighetti à Cergy, BertrandAvril relayé par Marie-Hélène Bacot-Norvès à St Quentin en Yvelines, et Henri-Charles Barnèdes àMelun-Sénart, ceux que J. Giusti identifie comme les «piliers » de la famille des programmateursd’équipements collectifs, piliers de l’Ile de France auxquels il faudrait ajouter les programmateurs desvilles nouvelles de province comme Thierry Toulemonde à l’Isle-d’Abeau, Anne-Marie Henriot à Fos-Etangde Berre, Gérard Héliot et Anne Hublin au Vaudreuil, A. Fabry et Mlle Daillencourt à Villeneuve d’Ascq,tous ont fait leurs premières armes sur la programmation d’équipements intégrés.Ces programmateurs ont des origines et des formations diverses. Dans ceux que nous avons rencontrésquatre formations dominent que l’on peut aisément rattacher à des facettes du métier:41 J.C. Ralite, « Les hommes et les équipes » in « La capitalisation de l’expérience française des villes nouvelles »,Texte dactyl., projet de livre, 1987 [AD de l’Eure, 1474W124].42 Martine Rivet. Op. cit., p13.43 L’article de Bertrand Ousset dans Techniques et Architecture (n°318, février 1978) intitulé « la programmation, unmétier », détaille ce développement de l’activité de programmation dans le domaine des équipements collectifs.18
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal – Septembre 2005CHAPITRE I- Sciences Politiques (Ousset, Giusti) est une formation adaptée aux démarches duprogrammateur tournées vers les institutions, vers les administrations- Géographe, pour une approche du territoire dérivée de la « géographie humaine » (telque Darmagnac recruté pour sa compétence sur le territoire de Corbeil-Essonnes),- Sociologue pour l’appréhension des besoins et les méthodes d’enquête vis-à-vis de lapopulation (Machu, Hublin, Héliot)- Architecte pour la prise en compte de la dimension spatiale dans l’élaboration desprogrammes (Lécureuil).La mobilisation du programmateur autour de la formule de l’équipement intégré en ville nouvelle revêtdeux dimensions, elle concerne d’une part un domaine privilégié d’intervention qui est l’équipementcollectif et elle concerne d’autre part une pratique transversale, reliant, associant les approches au seindes EPA et en dehors (relations avec les collectivités). L’approche de la fonction de programmation enville nouvelle par Martine Rivet distingue bien ces deux enjeux 44 :- une approche spécifique liée à la question des équipements publics, conséquence durôle de maîtrise d’ouvrage déléguée assurées par les EPA vis-à-vis des collectivités.La prise en charge des travaux correspondant à la délégation de maîtrise d’ouvragecentre l’activité du programmateur sur la programmation architecturale et fond de lui un« pilote » qui fait franchir les étapes administratives et financières à un dossierd’équipement.- une acception large de la programmation comme approche globale allant à l’encontredes découpages par spécialités du processus d’aménagement urbain : « Ainsilorsqu’on parle de fonction de programmation, c’est en fait à l’ensemble du travail dela structure d’aménagement qu’il faudrait se référer » 45 Suivant la logique d’innovationet de remise en cause des normes, cette approche qualitative et réflexive quiapprofondie les enjeux théoriques autour de la question du développement de la viesociale correspond à la une conception élargie de la programmation définie comme« programmation urbaine ».Au croisement entre l’enjeu de production massive d’équipements « adaptés » et l’enjeu de réflexionglobale sur l’animation urbaine, l’intégration est surtout une notion autour de laquelle se construit lacohésion et le travail en commun au sein des EPA c'est-à-dire la fameuse pluridisciplinarité. Commel’ont montré les interviews que nous avons réalisé -le témoignage de Jarrige notamment sur les« urbanodrames » organisés toutes les semaines à l’Epévry au cours desquels chaque professionnelprésentait un projet 46 - le caractère « ouvert » des bureaux d’étude des EPA encourageait un échangepermanent et informel entre professionnels.I.2.2 – Bureaux d’études et associationsUne des originalités et non des moindres de la démarche de programmation en ville nouvelle estl’intervention de bureaux d’étude extérieurs qui se sont spécialisés dans la réflexionsur les équipements collectifs et qui ont contribué à la diffusion des nouveaux modèles en lamatière. Le rôle et la position de ces bureaux d’études extérieurs mériterait en soi une recherche à partentière. On peut citer pour les plus importants en matière d’équipements intégrés le BERU, Quaternaire44 Martine Rivet identifie quatre points principaux définissant l’activité de programmation:- l’approche pluridisciplinaire, née au sein de l’IAURP selon M. Rivet « d’un manque entre ceux qui figurentet ceux qui réfléchissent »- une fonction de charnière ou de médiateur permettant d’assurer la cohérence entre la réflexion et latraduction en projet.- une production de normes à partir d’un positionnement par rapport aux normes nationales. Cepositionnement développe deux adaptations, une adaptation par rapport à un contexte local et uneadaptation par rapport à une approche globale.- Un programmateur « animateur » par rapport à des bureaux d’étude extérieurs spécialisés45 Ibid., p18.46 H.L. Jarrige, annexe 02, p40.19
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