L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une réflexion sur l’action culturelle <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux secteurs du Val Maubué et <strong>de</strong> Noisy-le-Grand. Leurs activités les conduis<strong>en</strong>t à explorer l’idée d’un c<strong>en</strong>tre d’action culturel éclaté, idéeformalisée <strong>en</strong> 1981. L’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Noisy-le-Grand est désigné pour accueillir <strong>de</strong>s spectacles (avantprojet<strong>de</strong> J. Levy <strong>en</strong> 1983) tandis qu’au Val Maubuée, on <strong>en</strong>visage la création d’un <strong>en</strong>semble d’ateliers <strong>de</strong>création et d’animation à la Ferme du Buisson 205 . Devant l’incapacité à réaliser les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> laPiazza, la Ferme du Buisson, dans la logique <strong>de</strong> réseau, se transformera petit à petit <strong>en</strong> équipem<strong>en</strong>tculturel principal qui accueille aujourd’hui les locaux <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> création, y comprit un théâtr<strong>en</strong>ational.L’importance stratégique <strong>de</strong>s relaisL’organisation spatiale du réseau consacre on l’a dit l’importance <strong>de</strong>s petits équipem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> particulierles LCR, comme nouveau point <strong>de</strong> départ à partir duquel se construit la politique globale d’animation 206 .La programmation <strong>de</strong>s relais, c’est-à-dire <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage, comm<strong>en</strong>ce dès 1976. C’est icique le Luzard se différ<strong>en</strong>cie et à se distancie vis-à-vis <strong>de</strong> l’Arche Guédon. Au lieu <strong>de</strong> regrouper toutes lesactivités d’un quartier dans un seul équipem<strong>en</strong>t qui peut t<strong>en</strong>ir à l’écart certaines populations, on préfèreune variété d’équipem<strong>en</strong>ts permettant une diversité <strong>de</strong> points d’<strong>en</strong>trée, principe fondam<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> laréflexion sur l’éducation perman<strong>en</strong>te. Aussi, les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage sont-ils investis d’un rôle trèsimportant dans le réseau. Les Bureaux d’étu<strong>de</strong>s les considèr<strong>en</strong>t comme « le[s] lieu[x] privilégié[s] où<strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t se dérouler un grand nombre d’activités 207 . »Proches <strong>de</strong> l’habitat, ces équipem<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant pas tout faire. Aussi, le rapport <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts du c<strong>en</strong>tre et l’animation <strong>de</strong> voisinage doit-il rester très lié. En même temps, il faut permettreaux habitants <strong>de</strong> participer à la définition <strong>de</strong>s activités, ce qui souligne l’importance d’un réseau « vi<strong>de</strong> »permettant <strong>de</strong> valoriser la diversité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts. En général, les Locaux collectifs résid<strong>en</strong>tielspeuv<strong>en</strong>t héberger une gamme d’activités variée compr<strong>en</strong>ant les activités médico-sociales, socioculturelles,socio-éducatives ainsi que la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants. B. Ousset nous a rappelé l’importance <strong>de</strong>sLCR à Marne-la-Vallée qui ont permis la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> tout un système <strong>de</strong> réunions d’accueil :« c’est ici qu’on a créé le tissu social réellem<strong>en</strong>t » 208 .Si la spécificité <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage doit être définie <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> l’habitat, <strong>de</strong> la population,<strong>de</strong> la localisation, etc., <strong>de</strong>ux échelles <strong>de</strong> LCR prédomin<strong>en</strong>t néanmoins au Luzard.Le premier type <strong>de</strong> LCR d’une surface <strong>de</strong> 80 m2, est dispersé dans les zones <strong>de</strong>s habitats collectifs, laplupart du temps sous forme <strong>de</strong> local <strong>en</strong> pied d’immeuble 209 . Il est prévu par ailleurs un <strong>de</strong>uxième type <strong>de</strong>LCR <strong>de</strong> 300 m2, « sorti d’immeuble ». Celui-ci doit être <strong>en</strong> mesure « <strong>de</strong> créer avec l’école une unitéd’animation du quartier ». Ces unités peuv<strong>en</strong>t être localisées auprès <strong>de</strong> tous les types d’habitats, surtoutles logem<strong>en</strong>ts collectifs. Les LCR près <strong>de</strong> zones d’habitat individuel se situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong> proximité <strong>de</strong> terrains<strong>de</strong> sports et constitu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> loisirs pour les <strong>en</strong>fants et les prom<strong>en</strong>eurs. Les LCR <strong>de</strong>s habitatséloignés <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> quartier sont un peu plus grands. En liaison avec les habitats semi-collectifs,les LCR sont associés à l’école et à un gymnase.Pour ces LCR <strong>de</strong> 300m² <strong>en</strong>viron, on voit donc que la nécessité du regroupem<strong>en</strong>t se fait <strong>en</strong>core s<strong>en</strong>tir.Dans le quartier du Luzard, le LCR à proximité <strong>de</strong> l’école et le CLAE sont les <strong>de</strong>ux types d’équipem<strong>en</strong>ts<strong>de</strong> voisinage les plus utilisés. Les objectifs et principes d’interaction lié à l’éducation perman<strong>en</strong>tecontinu<strong>en</strong>t à faire s<strong>en</strong>tir leur prés<strong>en</strong>ce dans ces dispositifs.205 Association <strong>de</strong> Préfiguration Culturelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée, « Docum<strong>en</strong>t d’analyse et d’ori<strong>en</strong>tation (Décembre 1979-Septembre 1980) : C<strong>en</strong>tre d’Action Culturelle, Première Proposition d’équipem<strong>en</strong>t Pour un c<strong>en</strong>tre d’action culturelle éclaté àMarne-la-Vallée », texte dactyl. Noisiel s.d., [EPAMARNE 10w1016] ; G. Au<strong>de</strong>bert, Note <strong>de</strong> Travail, Noisiel, le 15 septembre1981, [EPAMARNE 10w1016].206 « On a réfléchi <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> réseau, cela a donné lieu plus tardivem<strong>en</strong>t à la publication <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> réseaux quel’on a fait approuver par les élus qui visai<strong>en</strong>t à définir sur le Val Maubuée la vision interne <strong>de</strong> réseaux d’équipem<strong>en</strong>ts,comm<strong>en</strong>t ça marchait, comm<strong>en</strong>t on articulait le réseau scolaire, le réseau socio-culturel puis le réseau culturel. On avaitmis <strong>en</strong> place une politique <strong>de</strong>s locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels, point <strong>de</strong> départ pour la vie sociale, si je puis dire, ou <strong>de</strong>l’animation. Les promoteurs contribuai<strong>en</strong>t au départ par un versem<strong>en</strong>t à l’animation <strong>de</strong> ces locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels.Grâce à cette contribution, on avait mis <strong>en</strong> place une équipe qui gérait un réseau d’équipem<strong>en</strong>ts d’abord <strong>de</strong>s LCR, à partir<strong>de</strong>squels on a mis <strong>en</strong> place une politique <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> quartier. Tout cela s’est fait avant ladéc<strong>en</strong>tralisation ». B. Ousset, Interview, op. cit., p46.207 G. Machu, Programme d’Équipem<strong>en</strong>ts du Quartier du Luzard : Propositions <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t pour les unités <strong>de</strong>voisinage, EPAMARNE, 1 er juin 1976, p. 3, [EPAMARNE - archives G. Machu].208 B. Ousset, Interview, op. cit., p46.209 EPAMARNE, L.C.R. du Quartier II, Noisiel, le 7 janvier 1977, [EPAMARNE - archives G. Machu].66
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa nécessité du regroupem<strong>en</strong>t, pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre et tête <strong>de</strong> réseauDans la troisième phase <strong>de</strong> la programmation du c<strong>en</strong>tre du Luzard, l’équipe d’EPAMARNE développe laproposition technique <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts programmes.La notion urbanistique <strong>de</strong> « pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre » mise <strong>en</strong> avant r<strong>en</strong>voie moins à un équipem<strong>en</strong>t qu’à unespace urbain, «un espace urbain à localisation c<strong>en</strong>trale dans lequel se trouv<strong>en</strong>t regroupés, sansintégration, un certain nombre <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> réseau. » 210Les équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>vant être id<strong>en</strong>tifiables comme « têtes », les programmateurs insist<strong>en</strong>t sur le fait quele pôle ne doit surtout pas être perçu comme un équipem<strong>en</strong>t intégré. Cep<strong>en</strong>dant, <strong>de</strong>s liaisons <strong>de</strong>proximité ou <strong>de</strong>s liaisons visuelles apparaiss<strong>en</strong>t souhaitables pour favoriser le passage <strong>en</strong>tre leséquipem<strong>en</strong>ts. La nécessité, dérivée du principe d’intégration, <strong>de</strong> regrouper physiquem<strong>en</strong>t leséquipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> favoriser les interactions <strong>en</strong>tre ceux-ci perdure.En 1978, les fonctions du pôle <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre inclu<strong>en</strong>t : bibliothèque, médiathèque, espace musique,espace théâtral, atelier d’<strong>en</strong>fants, atelier bricolage, salles <strong>de</strong> sport, piscine 211 .La répartition spatiale <strong>de</strong> ces fonctions donne lieu <strong>en</strong> fait à <strong>de</strong>ux regroupem<strong>en</strong>ts principaux: un <strong>en</strong>sembleMaison du Temps Libre+Auditorium+Maison <strong>de</strong> Musique et un <strong>en</strong>semble Gymnase+Piscine.Ces assemblages à la fois urbains et architecturaux, traités sous forme d’îlots, doiv<strong>en</strong>t concilierl’autonomie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts et le développem<strong>en</strong>t d’une synergie <strong>en</strong>tre les activités. La volonté d’uneid<strong>en</strong>tité individuelle <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts dans ces sous-<strong>en</strong>sembles crée une situation où les problèmes liés aufinancem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t être traités, élém<strong>en</strong>t par élém<strong>en</strong>t, tranche par tranche, ce qui permet <strong>de</strong>smodulations ou changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> programmes mais aussi <strong>de</strong> façon plus négative l’abandon pur et simple<strong>de</strong> certains élém<strong>en</strong>ts et la dénaturation <strong>de</strong>s projets.En ce qui concerne l’îlot sud, un changem<strong>en</strong>t significatif a été la transformation <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> Musique<strong>en</strong> École Nationale <strong>de</strong> Musique. Même si cela change les rythmes et les usages prévus pour le sous<strong>en</strong>semble,le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> chaque élém<strong>en</strong>t comme tête <strong>de</strong> réseau perdure:— La Maison Pour Tous s’inscrit dans un réseau socio-culturel. Elle inclut : un espace <strong>de</strong>r<strong>en</strong>contre et d’accueil, <strong>de</strong>s ant<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> services sociaux du quartier, <strong>de</strong>s ateliers.— L’École <strong>de</strong> Musique s’inscrit dans un réseau culturel incluant le relais socio-culturel <strong>de</strong>sTrophées et l’ant<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la Ferme du Buisson.— L’Auditorium s’inscrit dans un réseau <strong>de</strong> salles <strong>de</strong> volumes et <strong>de</strong> spécificités diverses. Ils’agit d’un accueil <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong>s quartiers organisées par les communes, la SCA,les Maisons Pour Tous, ainsi que <strong>de</strong>s activités d’échelle au Val Maubuée organisées par lacoordination <strong>de</strong> l’animation ou le CAC 212 .Ces objectifs <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>t et d’autonomie sont <strong>de</strong>s facteurs importants <strong>de</strong> la consultationarchitecturale <strong>de</strong> novembre 1972 pour l’<strong>en</strong>semble Maison du Temps Libre+Auditorium+Maison <strong>de</strong>Musique. Les projets <strong>de</strong>s trois équipes d’architectes ret<strong>en</strong>ues, Orzoni-Simon, Dubois et Buffi, affirm<strong>en</strong>tle parti architectural explicité par les programmateurs <strong>en</strong> donnant une id<strong>en</strong>tité propre aux principauxéquipem<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong> respectant l’unité du projet. Le projet <strong>de</strong> Orzoni-Simon est finalem<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 1983après plusieurs révisions. Il crée un <strong>en</strong>semble cohér<strong>en</strong>t <strong>en</strong> délimitant un espace urbain dans lequelchaque composant est id<strong>en</strong>tifiable sans qu’aucun ne domine la composition. En ce qui concernel’organisation spatiale et le fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tités, l’intégration comprise commepossibilité <strong>de</strong> mutualisation <strong>de</strong> certains locaux et d’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> lieux spécifiques est très limitée. Elleperdure néanmoins au niveau du positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’auditorium, <strong>en</strong>tre l’école <strong>de</strong> Musique et la Maisonpour Tous et dans la répartition <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts autour d’une cour commune.En ce qui concerne l’îlot Nord, le service <strong>de</strong> programmation DSC avait chargé <strong>en</strong> juillet 1979 Jean-Clau<strong>de</strong>M<strong>en</strong>ighetti <strong>de</strong> la programmation <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts sportifs (piscine, gymnase, annexes) <strong>de</strong> l’îlot nord duc<strong>en</strong>tre avec pour objectif <strong>de</strong> définir un <strong>en</strong>semble original compr<strong>en</strong>ant les équipem<strong>en</strong>ts publics et privés.210 A. Baraton, et. al., op. cit.211 EPAMARNE, « Programme <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts : C<strong>en</strong>tre du Luzard », texte dactyl., Noisiel 1978, [EPAMARNE 116W9].212 EPAMARNE, P.C. Dossier I : Général docum<strong>en</strong>ts - Programme du Pôle <strong>de</strong> R<strong>en</strong>contre Îlot Sud <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts Publicsdu c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Quartier du Luzard : Maison Pour Tous, École <strong>de</strong> Musique, Auditorium, texte dactyl., Noisiel 1983, [EPAMARNE219W47].67