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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIl’extrême de l’Agora et la patinoire, la piscine et le drugstore sont autant d’espaces autonomes. Undeuxième groupe intermédiaire est celui regroupant l’espace d’information, services divers, boutiques,cafés et restaurant. S’ouvrant sur la place centrale qui articule l’Agora et le CCR. Enfin nous avons untroisième groupe accolé au CCR qui n’est constitué que de boutiques et de services.Pour parfaire la conception de l’esquisse, l’Epévry choisit de s’associer les services d’un architecte etretient sans concours l’agence Herbé-Lecouteur, maître d’œuvre reconnu dans le domaine deséquipements publics (cathédrale d’Alger, ensemble maison de la culture-MJC de Reims) 314 .Nous voyons donc dès 1969 plusieurs points se préciser. En premier lieu, une forme de partage sembledonc être organisé entre les grands équipements qui ont une vocation publique et de l’autre les activitésprévues en 1968 et qui ressortent des commerces privés. Désormais les activités ne sont plus penséesà travers une liste exhaustive mais à travers une première hiérarchie qui est organisée quand au statutprogrammatique de ces espaces. Cette hiérarchie sera confirmée en octobre 1970 315 . En second lieu, lesgrands équipements de loisirs commencent à acquérir leur autonomie spatiale. Ils se détachent, ilsdeviennent identifiables [voir FIG. 11.3]. Nous avons là l’ébauche de la forme que va prendre l’Agorad’Evry peu à peu, celle d’un système complexe articulant :- au niveau architectural, des équipements de loisirs traités comme des volumes identifiables reliéspar une couverture « nappe » qui rassemble une séries de services associés- au niveau programmatique, une partie relevant d’une gestion publique -dite Agora publique- à unepartie relevant d’une gestion privée –dite Agora privée.Il est probable que le renforcement de l’Agora comme modèle non plus parent du shopping center maisplutôt concurrent tient aussi au conservatisme des acteurs du commerce. Non pas probablement de lapart de Gruen qui est ouvert à l’expérimentation architecturale et programmatique que de la part desGrands Magasins qui, dans leur frilosité en matière d’implantation, furent d’une intransigeance des plusforte en ce qui concerne le centre commercial. Ils restèrent attachés au modèle du shopping center sansadmettre une quelconque évolutivité comme d’autres acteurs de la promotion commerciale.Si le modèle se clarifie et se présente tout à la fois comme une réponse à l’hégémonie du modèle dushopping center et comme un complément de ce dernier dans l’optique de construire une vraie centralité,il présente encore une certaine ambiguïté. Unifiée mais éclatée, publique mais aussi privée, l’associationAgora/CCR reste ouverte pour une évolution future. Cette ambiguïté maintenue va vite apparaître commeune arme dans les mains de l’Epévry pour maîtriser la conception du centre urbain régional lorsque laphase opérationnelle et la phase de négociation avec la société de promotion commerciale sontabordées.Vers l’opérationnel : les tribulations d’un centre urbain régionalLe basculement vers l’opérationnel se produit fin 1969, début 1970, un basculement qui correspond à ladémission de Paul Delouvrier, remplacé par Maurice Doublet à la tête de la politique des Villes Nouvellescomme Délégué Général au District de la Région Parisienne. Ce dernier, pressé par Albin Chalandon,n’a de cesse de faire rentrer cette politique dans sa phase opérationnelle le plus rapidement possible 316 .Ce basculement dans la partie opérationnelle change la donne à Evry : la Mission devenue Epévryacquiert une autorité sans conteste et peut user de ce pouvoir pour imposer son approche.La place de la promotion commerciale dans la conception du centre d’Evry change alors radicalement.La mission de consulting de Victor Gruen à l’IAURP s’arrête en 1970 et la promotion commerciale perddu poids face aux aménageurs locaux qui du statut de Mission d’aménagement passent à celui314 « L’architecte avait fait des esquisses et puis avec sa petite maquette il allait voir les différents ministères qui avaienttrouvé cela formidable et quand on a fait la consultation pour le centre commercial, on avait donné cela comme unedonnée. Je passe sur les histoires que au début les centres commerciaux ne voulaient pas de ce truc là. Pour étudier ceprogramme là, à l’époque on étaient jeunes architectes, il y avait eu un accord pour que la maîtrise d’ouvrage de tous ceséquipements soit déléguée à l’Etablissement Public.Le maître d’œuvre choisi a été Lecouteur qui avait l’avantage d’être associé à Herbé qui était un grand bonhomme etLecouteur l’était beaucoup moins. Herbé est décédé, il avait dans son cabinet un type qui s’appelait Denis Sloan qui étaitun bon architecte. On pensait qu’avec Denis Sloan on y arriverait, manque de pot Denis Sloan est parti de chez Lecouteurà ce moment là. Lecouteur s’est retrouvé tout seul avec un discours assez dépassé. La dessus on a choisi un spécialistede salles de spectacle et un scénographe pour s’occuper des arènes. Et donc on a travaillé avec ces spécialistes qui sesont engueulés entre eux. » Interview de Michel Mottez le 11 décembre 2003 chez lui à Paris315 Etablissement Public d’Aménagement de la Ville Nouvelle d’Evry, Programme et parti urbanistique, rapport, 15 octobre1970, p. 4 [AD Essonne, fond de l’EPEVRY 1523/W354].316 Sur le conflit entre Albin Chalandon et Paul Delouvrier voir Lion Murard et Franois Fourquet (dir.), La Naissance des villesnouvelles. Anatomie d’une décision (1961-1969), Paris, Presses de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 2004.101