l'interaction ville - equipement en ville nouvelle - Centre de ...

L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE III« gaspillent le terrain d’une manière alarmante » 298 . Ainsi, Gruen plaide pour des centres commerciauxplus denses, se développant en trois dimensions, bref pour un modèle plus urbain 299 . Mais surtout VictorGruen est parfaitement conscient « des différences fondamentales entre les villes nouvelleseuropéennes – qui sont laissées à l’initiative publique – et les villes nouvelles américaines – qui sontessentiellement des réalisations de nature privée » 300 . Et s’il critique l’orientation « sociologique » qui està la base de la création des villes nouvelles européennes, il aussi très critique envers le modèle libéralaméricain et ceci pour des raisons très pragmatiques. C’est en particulier, le manque d’interventionpublique empêchant des projets plus ambitieux qu’il montre du doigt et, appelé par le gouvernementfédéral à réfléchir sur ces questions, il se montre partisan de la promulgation de dispositifs législatifs quipermettraient de combler ce manque. Comme on le voit, Victor Gruen est loin d’être le partisan unilatérald’un urbanisme d’inspiration américaine. Ce dernier point est renforcé par l’admiration constante deGruen pour un certain nombre de villes nouvelles européennes. Ainsi dans Shopping Towns USA, lesvilles nouvelles de Harlow en Grande Bretagne et Vaellingby en Suède, étudiées aussi par l’IAURP, sontcitées en introduction comme représentant le standard urbanistique que doit atteindre le shoppingcenter 301 . Cette admiration se doublera d’un enthousiasme certain pour le SDAU de 1965. Même aprèsavoir vu sa mission pour le compte de l’IAURP se clore en 1971, il continuera à faire l’éloge de lapolitique urbanistique menée en Région Parisienne :« En ce qui concerne l’organisation gouvernementale, la qualité et les buts du pland’ensemble et les outils législatifs disponibles, cette entreprise de planification est, demon opinion, une des plus ambitieuses et prometteuses du monde. » 302Cette « tendance » n’est donc pas aussi unilatérale que voudrait bien le faire croire un regard superficiel.La conception de la centralité développée par Gruen, associant services privés et services publics acertainement alimentée la réflexion des aménageurs des villes nouvelles. Le projet qu’il élabore pour leCUR de Noisy-le-Grand en 1969 apparaît à cet égard significatif [voir FIG. 10.3], on y voit clairement uncentre commercial représenté non pas comme une boite fermée mais comme un dispositif de deux ruesqui se raccordent à un tissu urbain dense.Néanmoins, on peut penser que la cause de l’opposition théorique qui se fait jour très tôt entre Gruen etles Missions repose sur ce qui constitue la base de l’approche urbanistique de Gruen et qu’iln’abandonne pas malgré ses propres critiques grandissantes contre le modèle du shopping center : laposition dominante de la figure architecturale du mall dans les centres villes nouveaux ou à rénover et leprima de la logique commerciale dans le dispositif d’animation. L’opposition porte en définitive non passur le principe d’association et de regroupement des activités tant commerciales que sociales etculturelles mais sur le prima de la fonction et de la rentabilité commerciale.Durant ses interventions sur les enseignements des « principes développés dans le centre commercialrégional », (en particulier avec l’exemple de Valencia), il montre que le cœur de la ville est occupé par« un mall en forme de croix, bordé de magasins, fermé et climatisé ». De même lorsqu’il aborde laquestion de la rénovation urbaine, avec en particulier la projection d’un petit film qui détaille la rénovationdu centre de Fresno en Californie, le commentaire sur « la part du volume global de vente du centre dela ville et les valeurs d’actifs [qui] se mirent à baisser » est cité comme argument central de larénovation. La transformation de Fulton Road, la rue principale de la ville est décrite de la manièresuivante :« Ainsi se présente aujourd’hui le « mail » avec des véhicules électriques transportantles acheteurs depuis les parkings jusqu’aux magasins ou d’un point à un autre du« mail ». Des aires de jeux prévues pour la garde ont été réalisées pour le plaisir desenfants qui peuvent être laissés en sécurité tandis que les parents font les achats à leuraise. Le « mail » est également devenu un lieu privilégié et idéal pour les manifestations298 « Intervention de M. Victor Gruen », p. 9.299 On retrouve ce rejet du shopping center suburbain classique dans le bilan que fait Victor Gruen de son action auprès desmissions des villes nouvelles en 1973 : « Dans ces cas, il est possible d’attirer au moins un certain nombre de magasins dansle nouveau centre ville. Ceux-ci, néanmoins, sont conçus, et même dans certains cas construits, selon la forme typique ducentre commercial régional suburbain […]. Il y a grand danger que, démarrant avec des structures correspondant à la foisquantitativement et qualitativement aux standards suburbains, toute chance de jamais atteindre les objectifs originaux de laplanification urbaine sera détruite pour toujours. » Victor Gruen, Centers for the Urban Environment. Survival of the Cities,New York, Van Nostrand Reinhold, 1973, p. 250 sqq.300 « Intervention de M. Victor Gruen », p. 3.301 Le Prologue de Shopping Towns USA débute avec une illustration de l’Agora d’Athènes. Op. cit., p16.302 Victor Gruen, op. cit., p. 249.97