L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIfermes (ferme Papin-m<strong>en</strong>u) <strong>en</strong> Musée du Terroir, prête à accueillir sur le modèle du musée <strong>de</strong> plein air<strong>de</strong> Skans<strong>en</strong> à Stockholm, vaches, moutons et machines agricoles 138 <strong>en</strong> plein cœur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>.Dès lors ri<strong>en</strong> d’étonnant à ce que ces fermes constitu<strong>en</strong>t le vecteur privilégié du succès <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong><strong>de</strong> la refonte <strong>de</strong> l’énoncé du musée populaire effectuée les années 60 par Georges–H<strong>en</strong>ri Rivière àtravers la figure innovante <strong>de</strong> l’écomusée ou « musée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ».Au final, si un bon nombre <strong>de</strong> fermes ont eu un rôle socio-culturel important au démarrage <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s<strong>nouvelle</strong>s, très peu finalem<strong>en</strong>t ont été aménagées et exploitées suivant la formule d’un pôle multifonctionnelintégré. On peut citer le cas du c<strong>en</strong>tre éducatif, socio-éducatif et sportif <strong>de</strong> la « ferme <strong>de</strong> lachasse » sur la commune <strong>de</strong> Lieu Saint dans l’Agglomération Nouvelle <strong>de</strong> Sénart qui regroupe autourd’un groupe scolaire un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> loisirs (CLAE), <strong>de</strong>s terrains et locaux sportifs et un c<strong>en</strong>tre d’accueil<strong>de</strong>s nouveaux habitants.La ferme a surtout été le théâtre privilégié <strong>de</strong> la transition <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux visions <strong>de</strong> l’espace culturel : <strong>de</strong>l’espace banalisé, polyval<strong>en</strong>t associé à <strong>de</strong>s services divers à l’espace spécialisé gardant une dim<strong>en</strong>sionmultifonctionnelle mais privilégiant les notions <strong>de</strong> création, <strong>de</strong> diffusion culturelle et <strong>de</strong> patrimoine. Lesexemples les plus éloqu<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue sont probablem<strong>en</strong>t celui <strong>de</strong> la ferme du Buisson et celuidu domaine <strong>de</strong> Font Blanche à Vitrolles. Ce <strong>de</strong>rnier qui regroupait dans une visée d’interpénétration unc<strong>en</strong>tre d’artisanat, un c<strong>en</strong>tre d’animation audio-visuelle, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> recherche appliquées (« C<strong>en</strong>tred’étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> promotion et <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> création d’une ethnographie régionale »), le c<strong>en</strong>tred’animation régionale autour <strong>de</strong>s arts et traditions populaires et <strong>en</strong>fin <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres avait audépart une visée franchem<strong>en</strong>t d’animation globale avant <strong>de</strong> se rec<strong>en</strong>trer sur l’activité culturelle [voir FIG.20.3] 139 .La nature génératrice <strong>de</strong> regroupem<strong>en</strong>ts d’activités et <strong>de</strong> programmes innovants:Même si le terme d’équipem<strong>en</strong>t intégré n’a pas toujours été utilisé <strong>en</strong> l’espèce, il nous sembleincontournable <strong>de</strong> consacrer dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> un paragraphe sur les équipem<strong>en</strong>ts attachés àla pratique <strong>de</strong> la nature <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>.D’abord pour constater l’importance prise <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> par la formulation du parc urbain commeéquipem<strong>en</strong>t collectif défini, programmé et circonscrit, à l’opposé <strong>de</strong>s espaces verts sans affectation etsans forme qui caractérisai<strong>en</strong>t la plupart <strong>de</strong>s grands <strong>en</strong>sembles.Cette <strong>nouvelle</strong> figure programmatique qui est apparue nettem<strong>en</strong>t dans le projet <strong>de</strong> la Vill<strong>en</strong>euve <strong>de</strong>Gr<strong>en</strong>oble sous l’impulsion <strong>de</strong> l’AUA va <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un élém<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> œuvre dans les<strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s.Si le parc urbain suscite le développem<strong>en</strong>t d’autres compét<strong>en</strong>ces que celles <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts bâtis,celle <strong>de</strong>s paysagistes et celle <strong>de</strong>s ingénieurs, l’originalité <strong>de</strong> sa conception <strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> est qu’ell<strong>en</strong>e se limite pas à <strong>de</strong>s aménagem<strong>en</strong>ts extérieurs. Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t le parc accueille <strong>en</strong> son sein d’autreséquipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> recherchant <strong>de</strong>s synergies (c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la petite <strong>en</strong>fance, équipem<strong>en</strong>ts sportifs), à l’instar<strong>de</strong> la logique <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres urbains.Cette conception du parc comme équipem<strong>en</strong>t voire comme regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts explique <strong>en</strong>particulier pourquoi les programmateurs ont été am<strong>en</strong>és à travailler sur ce sujet <strong>en</strong> liaison avec lespaysagistes au sein <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong>s EPA 140 .Il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même pour les bases <strong>de</strong> loisirs financées directem<strong>en</strong>t par la région qui sont aussi conçuescomme <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts complexes d’activités sollicitant plusieurs administrations et sollicitant uneaction interministérielle <strong>de</strong> la Préfecture. La base <strong>de</strong> loisirs a été <strong>en</strong> quelque sorte l’équipem<strong>en</strong>t intégrédéveloppé par le service <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts collectifs dirigé par Jacques Mull<strong>en</strong><strong>de</strong>r lequel était trèsimpliqué comme on l’a vu dans les différ<strong>en</strong>tes instances <strong>de</strong> réflexions sur le sujet.« Dans les conceptions actuelles, les bases <strong>de</strong> loisirs ne sont pas seulem<strong>en</strong>t considérées comme <strong>de</strong>scomplexes d’équipem<strong>en</strong>ts juxtaposés ; leur raison d’être et leur efficacité dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t étroitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>138 EPA <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq, « Les fermes dans la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> Lille-Est (Vill<strong>en</strong>euve d’Ascq) », brochure, 1975,p20.139 « Chacun <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tres Font Blanche a un objectif propre mais ils particip<strong>en</strong>t à une œuvre commune : créer uneanimation globale, spécifique et originale au sein <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong> et <strong>de</strong> la région. » in EPAREB, « Vitrolles - Lesétu<strong>de</strong>s d’aménagem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre urbain du Griffon », plaquette <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> la Ville Nouvelle. Salon, Edité parl’imprimerie AMIGON, sd.140 Voir interview <strong>de</strong> H.L. Jarrige (annexe 02, p 40)50
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIl’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur espace. Aussi accor<strong>de</strong>-t-on une importance très gran<strong>de</strong> au site, à l’architecture,aux espaces verts et aux forêts qui doiv<strong>en</strong>t vivre <strong>en</strong> symbiose avec les bases régionales <strong>de</strong> loisirs» 141 .Le rôle fédérateur du parc urbain et/ou <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> loisirs, comme supports d’une approche globale vaaller <strong>en</strong> s’acc<strong>en</strong>tuant avec le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la s<strong>en</strong>sibilité pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et pour la nature. Bi<strong>en</strong>souv<strong>en</strong>t ce sont ces <strong>en</strong>tités qui vont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir les c<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>s activités culturelles et <strong>de</strong> loisirs<strong>en</strong> <strong>ville</strong> <strong>nouvelle</strong>, conditionnant ainsi la localisation et le regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s autres équipem<strong>en</strong>ts.La logique d’association <strong>de</strong>s programmes liés aux pratiques du corps peut trouver aussi une forme plusarchitecturale. En 1980, M<strong>en</strong>ighetti formalise pour le compte <strong>de</strong> l’EPAMARNE un rapport sur leprogramme architectural d’un équipem<strong>en</strong>t qu’il appelle « la Maison du Corps et <strong>de</strong> l’Eau ». Le programmequi doit être implanté au c<strong>en</strong>tre du quartier <strong>de</strong>s Luzards (voir chapitre suivant) inclut : un COSOM 1500,une piscine, un c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> bricolage, un programme d’équipem<strong>en</strong>ts privés compr<strong>en</strong>ant <strong>de</strong>s commerces,un squash, un sauna, et un parking public <strong>de</strong> 100 places.L’aspect novateur <strong>de</strong> la Maison du corps et <strong>de</strong> l’eau s’affirme dans le docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> programmation r<strong>en</strong>du<strong>en</strong> novembre 1980. Faisant référ<strong>en</strong>ce au précéd<strong>en</strong>t antique <strong>de</strong>s thermes <strong>de</strong> Carthage, la programmation<strong>de</strong> la piscine pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s possibilités d’activités sportives, <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te et <strong>de</strong> loisirs. En effet, lapiscine est <strong>en</strong>visagée comme élém<strong>en</strong>t principal d’un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> services spécialisés dans la dét<strong>en</strong>te,l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> corporel et le loisir [voir FIG. 06.4]. Pour retrouver l’ambiance <strong>de</strong>s thermes romains, leprogramme qui prévoit une végétation intérieure abondante, <strong>de</strong>s jeux (nacelles, cor<strong>de</strong>s, objetsflottants…), la création <strong>de</strong> « plages » (lieux <strong>de</strong> stationnem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong> circulation), aussi que les lieux <strong>de</strong>loisirs (ping-pong, balançoires, etc.) Les plages doiv<strong>en</strong>t se prolonger à l’extérieur sous la forme <strong>de</strong>solariums abrités <strong>de</strong>s v<strong>en</strong>ts 142 .Précurseur finalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nos actuels c<strong>en</strong>tres nautiques qui ont supplanté les médiathèques dans lecœur <strong>de</strong>s communes, l’énoncé <strong>de</strong> la Maison du corps <strong>de</strong> l’eau que l’on va retrouver sous une formesimilaire dans le concours du cœur <strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> St Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines (voir infra.) manifeste <strong>de</strong>ux choses.D’une part il manifeste une s<strong>en</strong>sibilité grandissante dans les <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t naturel <strong>en</strong>particulier à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’eau et aux activités <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te physique qui lui sont attachées, commesupport premier du développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la sociabilité.D’autre part J.C. M<strong>en</strong>ighetti, <strong>en</strong> faisant référ<strong>en</strong>ce aux termes romains, apporte une dim<strong>en</strong>sion <strong>nouvelle</strong> auprincipe d’inv<strong>en</strong>tion programmatique, celle <strong>de</strong> la résonance symbolique et historique. Procédé <strong>de</strong>légitimation ou volonté <strong>de</strong> r<strong>en</strong>ouer, par <strong>de</strong>là les programmes normalisés avec <strong>de</strong>s types d’édifices publics<strong>en</strong>racinés dans l’histoire (sur les pas d’Aldo Rossi), la décomposition et l’assemblage <strong>de</strong>s programmespermettrait alors <strong>de</strong> retrouver l’évid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> terme d’usage et <strong>en</strong> terme architectural d’un lieu mythique <strong>de</strong>la <strong>ville</strong> latine.Tableau <strong>de</strong>s figures programmatiques <strong>de</strong> l’équipem<strong>en</strong>t intégré <strong>en</strong> Ville <strong>nouvelle</strong>Echelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> Ville NouvelleEchelle IntercommunaleEchelle du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartierEchelle communale– Agora, forum (ou Piazza)– C<strong>en</strong>tre Administratif et Culturel– Ferme– Parc urbain– Base <strong>de</strong> loisirs– Maison pour tous ou maison <strong>de</strong> quartier– Maison <strong>de</strong> quartier/bibliothèque– Collège / Maison <strong>de</strong> quartier ou C<strong>en</strong>tre Educatif et Culturel141 Préfecture <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, « La Région Parisi<strong>en</strong>ne, 4 années d’aménagem<strong>en</strong>t et d’équipem<strong>en</strong>t 1969 –1972 ». Op. cit.,142 J.-C. M<strong>en</strong>ighetti, Maison du Corps et <strong>de</strong> l’Eau thermes, Programme Qualitatif, nov. 1980, [EPAMARNE 67W9].51