l'interaction ville - equipement en ville nouvelle - Centre de ...

L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILe temps des missions : de la tentative de compromis d’Evry aux logiques dedistinction et d’opposition de Cergy et Marne-la-ValléeComment se construisent les positions des missions d’aménagement et comment évoluent-elles lorsqueVictor Gruen perd son rôle central et que d’autres acteurs, les promoteurs commerciaux, entrent enscène ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes penchés sur le cas de trois villes nouvellesen cherchant à comprendre dans quelle mesure la conception des équipements intégrés centraux a étéinfluencée par ces jeux d’acteurs et par le débat sur les liens entre commerce et centralité.Le cas d’Evry nous a servi de point de référence plus particulièrement développé, car ce fut là que lesaménageurs travaillèrent le plus tôt et de la manière la plus approfondie sur la conception d’unéquipement intégré central lié à l’activité commerciale. L’exemple de Cergy-Pontoise et celui de Noisyle-Grandinterviennent de façon complémentaire. Nous verrons que dans chaque cas le positionnementde l’aménageur en ce qui concerne les relations entre l’équipement intégré et le centre commercial estdifférent et va fortement influer sur la conception du premier : compromis pour Evry, rupture pour Cergy-Pontoise et opposition pour Noisy-le-Grand.L’affirmation d’un modèle alternatif au mall commercialLa Mission d’aménagement d’Evry, future Epévry, ne manque pas de développer dès sa création, sapropre vision de l’aménagement du centre d’Evry et de restreindre le travail de Gruen à celui deconsultant pour les questions commerciales 307 . Tout en reconnaissant l’importance de ces questions,l’Epévry s’affirme en marquant sa préférence pour une autre grande fonction promue par l’IAURP : cellede l’animation socio-culturelle. Dès 1968, en effet, le projet de centre urbain dans le discours de l’Epévryne tourne plus autour du centre commercial régional mais autour d’un nouveau type d’équipement,l’Agora 308 .Au regroupement exclusif de commerces sous la forme du shopping center à l’américaine, répondl’Agora, équipement, ou plutôt complexe d’équipements à la fois publics et privés censé intégrer lafonction commerciale dans un dispositif plus adapté à la centralité urbaine à l’européenne.L’enjeu d’élaboration d’un modèle pour un complexe d’équipements publics centraux trouve un soutienauprès de la commission interministérielle des équipements intégrés et du Ministère de l’EducationNationale qui retiennent Evry parmi d’autres localités pour être le lieu d’une expérimentation del’intégration des équipements prolongeant l’expérience préliminaire du CEC de Yerres 309 .L’Epévry travaille activement pour faire du concept d’Agora une réalité programmatique et architecturaled’où la référence précoce à l’Agora de Dronten 310 ainsi qu’au Forum de Billingham 311 . En 1968 alorsselon l’ancien responsable de l’aménagement de la ville nouvelle ». Vincent Fouchier, Les Densités de la Ville Nouvelled’Evry. Du projet au concret, Paris, Anthropos, 2000, p. 50.307 « En ce qui concerne l’Agora, on a été très vite pris en main par l’obligation de faire un centre commercial. On avait uneespèce de haine « culturelle » dans l’équipe pour le commerce méchant, la boite à vendre américaine, etc. » Interview deMichel Mottez par A. Korganow le 11 décembre 2003 chez lui à Paris.308 « C’est pourquoi les solutions rationnelles de l’urbanisme américain contemporain qui ont consisté à produire des centresmonofonctionnels – tel le « shopping center » pour le commerce – contribuent sans doute à engendrer de graves carencesdans une société urbaine ainsi organisée. Le renouveau d’intérêt qui se manifeste aux USA pour les centres urbains (dansl’acception traditionnelle du terme), ainsi que les recherches menées actuellement dans les diverses disciplines sur la valeurdu centre comme « permanence urbaine », ont confirmé pour Evry le choix d’un parti d’aménagement articulant l’urbanisationautour d’un pôle vigoureux, lieu d’échanges privilégié : le centre urbain. » Mission d’Etude et d’Aménagement de la VilleNouvelle d’Evry, Ville nouvelle d’Evry, études et options, rapport, décembre 1968, archives de la Ville de Paris, fond DREIFn°2126, carton 1, dossier n°6, p. 20.309 « Le succès de cette réalisation [le CEC d’Yerres] a amené le Ministère le Ministère de l’Education Nationale à proposer que10 villes en France, dont la ville nouvelle d’Evry, soient le champ d’expérience d’intégration d’équipement : équipementssportifs culturels de loisirs qui s’organiseraient, ou non autour de l’Ecole. » Etablissement Public d’Aménagement de la VilleNouvelle d’Evry, Historique, rapport, 15 octobre 1970, archives de l’Essonne, fond de l’EPEVRY n°1523/W354, p. 1.310 « En 1968, un membre de nos équipes -je n’avais pas entendu parler de la Hollande auparavant dans les ministères- unarchitecte qui était dans l’équipe d’Evry, Van der Verf qui était hollandais, un week-end en rentrant chez lui a entendu parlerde l’Agora de Dronten. Et il nous a amené une documentation là dessus.» « Interview de André Darmagnac par A. Korganowle 16 janvier 2004 chez lui à Evry ». Pour plus de détail sur le travail de Van Klingeren, voir infra « L’Agora comme contremodèle».99