L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIAu bout du compte les problèmes <strong>de</strong> pilotage et <strong>de</strong> coordination du processus <strong>de</strong> programmationdiminu<strong>en</strong>t la légitimité <strong>de</strong>s conclusions et <strong>de</strong>s choix proposés qui, <strong>en</strong> outre, se trouv<strong>en</strong>t confrontés auxlogiques traditionnelles <strong>de</strong> financem<strong>en</strong>t.Le processus aura servi tout <strong>de</strong> même à s<strong>en</strong>sibiliser les acteurs aux questions sociales. Les travauxmett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce « la double dim<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> l’urbanisation : une mise <strong>en</strong> forme morphologique, etsurtout une population différ<strong>en</strong>ciée dont les pratiques sociales sont variables et sur lesquelles serépercut<strong>en</strong>t les partis formels avec, <strong>en</strong> <strong>de</strong>rnière instance, le poids <strong>de</strong>s décisions politiques dans ladistribution et la mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong>s services » 193 .Illustration <strong>de</strong> cette s<strong>en</strong>sibilisation, le SCA du Val Maubué va sout<strong>en</strong>ir administrativem<strong>en</strong>t la logique <strong>de</strong>réseau, <strong>en</strong> passant <strong>en</strong> 1978 un accord avec la Fédération <strong>de</strong>s MJC <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne pour ladéfinition d’une politique coordonnée d’animation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes maisons <strong>de</strong> quartier et pour lerecrutem<strong>en</strong>t et l’emploi <strong>de</strong> tous les directeurs <strong>de</strong> ces établissem<strong>en</strong>ts 194 .En outre, les bureaux d’étu<strong>de</strong>s, qui se sont côtoyés et mélangés dans le processus <strong>de</strong> programmationdu Luzard, ont développé une capacité à travailler <strong>en</strong>semble. Au mom<strong>en</strong>t où les équipes sociologiquesdisparaiss<strong>en</strong>t dans les autres <strong>ville</strong>s <strong>nouvelle</strong>s, ces bureaux d’étu<strong>de</strong> sont maint<strong>en</strong>us, r<strong>en</strong>forcés et intégrésau travail quotidi<strong>en</strong> à Marne-la-Vallée.L’organisation spatiale du réseauLa définition précise du réseau et la délimitation <strong>de</strong> ses composantes est esquissée pour le Luzard audébut <strong>de</strong> 1977 195 . Les notions <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> réseau, <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> pont, <strong>de</strong> relais sont exploitées dans uneconception hiérarchisée du réseau qui s’accor<strong>de</strong> avec les niveaux d’organisation urbaine, voisinage,quartier, c<strong>en</strong>tre <strong>ville</strong>.La « tête <strong>de</strong> réseau » est, plus ou moins, un équipem<strong>en</strong>t important et c<strong>en</strong>tralisé tandis que le « relais »peut être un équipem<strong>en</strong>t normatif <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion réduite ou un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage.Les équipem<strong>en</strong>ts secondaires dont la réalisation simultanée et coordonnée avec les équipem<strong>en</strong>tsc<strong>en</strong>traux constitue le véritable <strong>en</strong>jeu novateur du réseau peuv<strong>en</strong>t servir <strong>de</strong> relais à plusieurs équipem<strong>en</strong>tsc<strong>en</strong>traux et sont conçus selon <strong>de</strong>ux plans d’animation 196 . D’abord comme « réseau plein » avec <strong>de</strong>sactivités préalablem<strong>en</strong>t organisées, puis comme « réseau vi<strong>de</strong> », s<strong>en</strong>sé plus dynamique, qui permet auxgroupes <strong>de</strong> définir leurs activités 197 .Plus tardive, la notion <strong>de</strong> « tête <strong>de</strong> pont » qualifie <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts conçus comme <strong>de</strong>s annexes aux« têtes <strong>de</strong> relais » sur le terrain 198 .Le réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels réalisé in fine au Luzard compr<strong>en</strong>d :— Tête <strong>de</strong> relais : La Maison Pour Tous du Luzard [voir FIG. 06.1 et 06.2];— Têtes <strong>de</strong> pont (équipem<strong>en</strong>ts annexes <strong>de</strong> la MPT) : La Maison Pour Tous <strong>de</strong> Deux Parcs [voirFIG. 06.5 et 06.6] et la Ludothèque (anci<strong>en</strong> LCR <strong>de</strong> l’Allé <strong>de</strong>s Bois)— 4 LCR associés aux groupes scolaires [voir Planche 07]: Bois <strong>de</strong> la Grange; le Luzard ;Tilleuls; Totems;— 1 Relais socio-culturel à proximité du groupe scolaire : Allée forestière— 2 LCR associés aux logem<strong>en</strong>ts : Square <strong>de</strong>s Trophées; Tour verte 199 .Les niveaux <strong>de</strong> rayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts correspondant à leur emplacem<strong>en</strong>t urbain sont au nombre<strong>de</strong> 4 :193 J. M. Boyer, op. cit. p. 289-290.194 Fédération Régionale <strong>de</strong>s MJC <strong>de</strong> la Région Parisi<strong>en</strong>ne, Bilan <strong>de</strong>s réflexions et projet pédagogique pour l’année 1979, textedactyl. [archives EPAMARNE].195 EPAMARNE, « Méthodologie <strong>de</strong> programmation du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier 2 », texte dactyl. s.d., [EPAMARNE - archives G.Machu].196 A. Baraton, et. al., op. cit.197 EPAMARNE, « C.L.A.E., Note sur leur fonctionnem<strong>en</strong>t », texte dactyl., Noisiel, s.d. [EPAMARNE - archives G. Machu].198 EPAMARNE, Prés<strong>en</strong>tation du projet <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts culturels et socioculturel du Val Maubuée, Noisiel, le 25mars 1980, [EPAMARNE - archives G. Machu].199 Cette liste reflète les informations trouvées le 20 octobre 2004 sur le site Internet, http://www.<strong>ville</strong>noisiel.fr.vivre/animation/animation11.htm,.Il n’y a aucune référ<strong>en</strong>ce aux CLAE ou à la MJC <strong>de</strong> la Ferme du Buisson. Le LCRdu square <strong>de</strong>s Trophées est un LCR « sorti d’immeuble », ce qui n’est pas le cas du LCR <strong>de</strong> la Tour verte.64
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II- A l’échelon supérieur, la tête <strong>de</strong> ce réseau, la Maison Pour Tous du Luzard, se trouve <strong>en</strong> plein c<strong>en</strong>tredu quartier, à proximité du RER, <strong>de</strong>s autres têtes <strong>de</strong> relais, <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s bureaux, etc. Lerayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ce regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong> services est le plus important du quartier.- A un <strong>de</strong>uxième échelon, les têtes <strong>de</strong> ponts sont elles aussi regroupées autour du groupe scolaire <strong>de</strong>l‘Allée <strong>de</strong>s Bois [voir FIG. 06.6 ]. Sur un côté <strong>de</strong> l’axe piétonnier, sont situés une école primaire etle terrain <strong>de</strong> sports. Sur l’autre côté sont localisés l’école maternelle, une ludothèque (anci<strong>en</strong> LCR),une MPT annexe+crèche, <strong>de</strong>s locaux commerciaux et un COSEC.- À une troisième échelle <strong>de</strong> rayonnem<strong>en</strong>t, le Relais socio-culturel <strong>de</strong> l’Allée forestière se situe près<strong>de</strong> la place Pablo Picasso, très loin du c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> quartier mais pas trop loin d’un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong>commerçes. Au début, on a <strong>en</strong>visagé un équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> voisinage important, 420m 2 , localisé auc<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la place 200 . Ce projet a été finalem<strong>en</strong>t rejeté par les résid<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tourant laPlace elle-même, résid<strong>en</strong>ts hostiles à cet emplacem<strong>en</strong>t à cause <strong>de</strong>s nuisances <strong>de</strong> voisinage, <strong>de</strong>sbruits, etc. 201 Une étu<strong>de</strong> d’emplacem<strong>en</strong>ts alternatifs conduit finalem<strong>en</strong>t les résid<strong>en</strong>ts à choisir <strong>de</strong>localiser le LCR le long <strong>de</strong> l’Allée Forestière, près <strong>de</strong> l’école. Le LCR réalisé est plus mo<strong>de</strong>ste, maisaujourd’hui, il fait partie d’un regroupem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> voisinage assez important: le long ducôté nord <strong>de</strong> l’Allée se situ<strong>en</strong>t le Groupe scolaire et le Relais socio-culturel. En face <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxbâtim<strong>en</strong>ts, au côté sud <strong>de</strong> l’Allée, se trouv<strong>en</strong>t un Conservatoire <strong>de</strong> musique et un C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> loisirs.- Enfin à un <strong>de</strong>rnier niveau d’importance, les autres LCR se trouv<strong>en</strong>t regroupés avec les groupesscolaires <strong>en</strong> pleine zone <strong>de</strong> logem<strong>en</strong>ts. Les LCR <strong>de</strong>s Groupes scolaires du Luzard, <strong>de</strong>s Totems et<strong>de</strong>s Tilleuls ne sont pas trop éloignés du c<strong>en</strong>tre du quartier. Mais le LCR <strong>de</strong> Bois <strong>de</strong> la Grange, quia une petite supérette à proximité, semble très coupé <strong>de</strong>s activités du c<strong>en</strong>tre, l’av<strong>en</strong>ue PierreM<strong>en</strong>dés France formant une véritable frontière. Dans ce sous-quartier isolé, ce LCR, qui donne nonseulem<strong>en</strong>t sur la place d’accueil que partage l’<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> l’école au sud, mais aussi sur un jardin quepartag<strong>en</strong>t les logem<strong>en</strong>ts au nord, est actuellem<strong>en</strong>t vacant.La démarche <strong>de</strong> programmation d’un réseau d’équipem<strong>en</strong>ts consacre aussi un effort <strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>ce pourarticuler sur le territoire <strong>de</strong>s collectivités l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts, y compris ceux déjà programmésou réalisés, effort <strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>ce auquel s’attell<strong>en</strong>t les collectivités.Ainsi, <strong>en</strong> 1976, la commune <strong>de</strong> Noisy-le-Grand lance sa propre réflexion sur un réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>tssocio-éducatifs et culturels. Un premier rapport, r<strong>en</strong>du <strong>en</strong> mars 1977, définit les conditions d’unecomplém<strong>en</strong>tarité étroite <strong>en</strong>tre les locaux collectifs résid<strong>en</strong>tiels (LCR) existants ou projetés et leséquipem<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>traux ou <strong>de</strong> quartier. Les locaux secondaires proposés sont mis <strong>en</strong> relais avec laMaison <strong>de</strong> Quartier <strong>de</strong> Champy ou le C<strong>en</strong>tre d’Animation Culturel projeté à Noisy-Le-Grand 202 . Un<strong>de</strong>uxième rapport r<strong>en</strong>du <strong>en</strong> 1978, explicite le rôle <strong>de</strong> la Piazza dans l’animation <strong>de</strong> ce réseau. Il r<strong>en</strong>forcele parti d’un c<strong>en</strong>tre urbain réparti <strong>en</strong> trois lieux, parti qui intègre aussi le c<strong>en</strong>tre anci<strong>en</strong> <strong>de</strong> Noisy-le-Grand,affirmant fortem<strong>en</strong>t les objectifs d’aménagem<strong>en</strong>t déjà établis pour la Piazza 203 . Finalem<strong>en</strong>t, les <strong>nouvelle</strong>sréflexions serv<strong>en</strong>t à ré-<strong>en</strong>cadrer les conditions existantes et les principes déjà décidés pour le C<strong>en</strong>treUrbain Régional.De même <strong>en</strong> 1980, le Val Maubuée finalise sa prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> l’animation pour la totalité du Secteur2 à partir d’une étu<strong>de</strong> réalisée par la SOREPA. Le réseau est <strong>en</strong>visagé sur le plan fonctionnel, sur le planspatial et sur le plan institutionnel. L’étu<strong>de</strong> examine les conditions <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>réseau et fait un bilan <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts existants, <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> programmation ou projetés. Il décrit lamanière dont un réseau culturel peut fonctionner dans le Secteur 2 à partir <strong>de</strong>s possibilités offertes par laMaison du Temps Libre du quartier <strong>de</strong> l’Arche Guédon, l’Auditorium du Luzard et (comme hypothèse)une gran<strong>de</strong> salle <strong>de</strong> spectacle à la ferme du Buisson. Ici, le réseau arrive plus tôt dans le processus etsert à ré-inscrire la réflexion sur les équipem<strong>en</strong>ts dans une <strong>nouvelle</strong> logique <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t 204 .En ce qui concerne la possibilité d’une coordination inter-secteurs, <strong>en</strong>tre décembre 1979 et septembre1980, une association et une équipe <strong>de</strong> préfiguration culturelle s’établiss<strong>en</strong>t à Marne-la-Vallée et200 Voir le dossier [EPAMARNE 206W14] pour les informations portant sur le projet prévu pour la place Pablo Picasso.201 « Compte r<strong>en</strong>du <strong>de</strong> la réunion d’accueil <strong>de</strong>s habitants du quartier Picasso (L2 ) », au LCR <strong>de</strong> l’Herbier, texte dactyl. 4novembre 1983 [EPAMARNE 772W3].202 Voir EPAMARNE, Réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts socio-éducatifs et culturels, mars 1977, [EPAMARNE 17W1182] ; et lerapport, « Réseau <strong>de</strong>s Équipem<strong>en</strong>ts socio-culturels et socio-éducatifs », mars 1977, [EPAMARNE 54W1915].203 EPAMARNE, « La Piazza dans l’organisation <strong>de</strong>s réseaux d’équipem<strong>en</strong>ts collectifs », texte dactyl., Noisiel, mai 1978,[EPAMARNE 10W1059].204 EPAMARNE « Prés<strong>en</strong>tation du projet <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong>s équipem<strong>en</strong>ts culturels et socio-culturels du Val Maubuée », Noisiel,le 25 mars 1980, [EPAMARNE - archives G. Machu].65