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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE II- Les tensions entre SAN et communes, l’équilibre fragile à trouver placent les EPA dans uneposition délicate et leur impose une neutralité, ce qui condamne les démarches en direction desutilisateurs et les démarches de remise en cause des normes.La montée en puissance à partir de la loi Boscher des communautés d’agglomération conduit à unrééquilibrage des prérogatives en faveur de ces institutions et au détriment des EPA. L’enjeu d’animationdes villes nouvelles de par sa dimension politique et idéologique est un des premiers domaine decompétence qui bascule des EPA vers les SCA. Or les groupes de travail dont l’objectif est de mieuxcerner les besoins des habitants, futurs utilisateurs des équipements, relèvent en grande partie de lapolitique d’animation.Dans le cadre de la programmation des équipements collectifs, un certain nombre de SCA vont ainsimettre en place des commissions et des groupes de travail au sein desquelles les orientations deséquipements, les modalités de leur regroupement seront débattues. Ce mouvement de transfert decompétence en matière d’animation et de concertation au profit des SCA a bien souvent été initié par lesEPA.L’opération du centre de St Bonnet comme modèle de concertationCe mouvement a été très net à l’Isle-d’Abeau où sous l’impulsion de l’EPA (EPIDA), le SCA (SCANIDA)s’est structuré en commissions permanentes spécialisées dans les différents domaines administratifs(commission des Finances, des Affaires Sociales, de la Santé, de l’enseignement et de la culture). Aces commissions spécialisées se sont ajoutés d’une part des groupes d’intercommissions assurant lacoordination des actions et des groupes de travail transversaux portant sur des projet particuliers etassociant les membres des commissions du SCANIDA, aux professionnels de l’EPIDA, ainsi qu’à desacteurs associatifs et des professionnels 110 . En particulier sont associés de manière privilégiée deuxstructures, d’une part l’Isle-d’Abeau Animation qui est l’équipe d’animation dépendant du SCA et d’autrepart la Mission d’éducation permanente faisant le lien avec le ministère de l’Education Nationale, trèsinvesti comme on l’a vu dans l’expérimentation en ville nouvelle.Cette organisation mise en place dès 1974, s’appuie sur la volonté de l’EPIDA, de légitimer sesdécisions face à des communes encore rurale, avec peu d’élites.La série des trois opérations d’équipements intégrés à Villefontaine, centre de Servenoble, centre desRoches et centre de St Bonnet a servi de support privilégié pour le fonctionnement de ces groupes detravail. C’est principalement à l’occasion de la programmation et du quartier de St Bonnet au milieu desannées 70 que le fonctionnement de ces commissions s’est affirmé et que le SCANIDA a pris del’assurance. Cette montée en puissance des commissions du SCANIDA peut s’expliquer au moins partrois facteurs :- Le premier facteur est l’implication dans les commissions du SCANIDA d’élus plusexpérimentés venus de la commune de Bourgoing (L’Isle-d’Abeau dans son périmètre étenduallait jusqu’à Bourgoing)- Le deuxième facteur est l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1977, et l’arrivée des premiers élusissus directement des villes nouvelles (venus en l’occurrence des quartiers neufs deVillefontaine)- Le troisième facteur enfin et non des moindres est le rôle entraînant de la mobilisation ayant eulieu autour du concours d’urbanisme de St Bonnet avec la tenue des commissions de Jury danslesquelles se sont impliqués les élus et avec la venue de Paul Delouvrier pour présider le Jury.Ce mouvement d’émancipation des commissions du SCANIDA n’ira pas sans quelques tensions avecl’EPIDA, notamment à l’occasion du concours pour l’équipement central de St Bonnet, à la foiséquipement social, éducatif et culturel.Le désaccord porte en premier lieu sur le type d’intégration à préconiser. Le Groupe de SociologieUrbaine (GSU) ayant travaillé avec l’EPIDA avait préconisé pour ce centre un éclatement deséquipements et une répartition judicieuse le long des espaces publics et ce pour éviter que les macroéquipementsne soient accaparés par une classe dominante. A l’inverse le président influent de lacommission des Affaires sociales, J.P. Luillier, élu communiste de Villefontaine a fait pencher la balanceen faveur d’un méga-équipement, figure moderne d’une maison ou d’un palais du peuple.110 Les compte-rendus de ces commissions sont conservés aux archives du SCANIDA [SAN IDA, 35W20]38
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIPar la suite, le choix du lauréat du concours pour l’équipement central du quartier de St Bonnet a donnélieu à un épisode assez tendu entre l’EPIDA et le SCANIDA alors même que cette opération estexplicitement désignée comme l’occasion d’une redéfinition des rapports entre ces deux organismes.Les lettres successives du président du SCANIDA et Maire de Villefontaine, Serge Mauroit au DirecteurGénéral de l’EPIDA ne laissent pas de doute sur la volonté d’affirmation du SCANIDA comme maîtred’ouvrage souverain. 111L’équipement intégré, de par sa complexité, ses enjeux multiples, peut jouer son rôle de terrain dematuration politique pour les acteurs locaux. Un des effets induits de cette implication du SCA de l’Isled’Abeaudans le processus de planification/concertation du centre de ST Bonnet est la présenced’archives importantes sur cette opération dans le service documentation de l’actuelle SAN, alorsqu’elles sont quasi inexistantes à l’EPIDA, ce qui traduit bien la limitation de ce dernier au strictopérationnel.Au delà des phases de prévision et de programmation, les centres intégrés ont focalisé à l’Isle-d’Abeaul’effort de création collective d’une vie sociale mobilisant l’ensemble des acteurs politiques etprofessionnels, ce que traduit l’ouvrage collectif réalisé en 1980-81 sur la maison pour Tous desRoches 112 . Dans cet ouvrage foisonnant sont exposées toutes les démarches entreprises pourdynamiser la vie sociale, démarches des acteurs sociaux auprès des habitants mais aussi démarchesde recherche telle que celle menée par le Groupe de Sociologie Urbaine de Lyon ou bien celle entreprisepar Jeanne Hominal, sociologue du CRESAL de St Etienne sur « les femmes et les équipements ». Lacoordination et la concertation comme enjeux d’une « démocratie locale » sont au cœur du propos del’ouvrage qui multiplie les graphes et tableaux exposant la place de chacun dans le dispositif destructuration de l’animation [voir Planche 03]. Le dispositif mis en place pour la réflexion sur larestructuration de St Bonnet apparaît bien à l’occasion comme l’aboutissement de la démarche de priseen main du devenir de la ville nouvelle par ses habitants, ses élus et ses acteurs professionnels : « Laréflexion sur la structuration de St Bonnet en est l’un des aboutissements comme le montre le schémap278, la collectivité locale mettra en place une structure de concertation-débat qui regrouperal’ensemble de ce que nous pouvons appeler les forces sociales, politiques, syndicales, mutualistes,associatives… qui de part sa couverture de la réalité sociale permet d’une part de mieux appréhender lesfaits sociaux et de faire intervenir et travailler le maximum de personnes ensembles. La prévision nerestera plus alors le fait de l’aménageur (EPIDA) mais sera liée aux évaluations des phénomènessociaux qui se développent pour rechercher une meilleure adéquation possible entre les besoins desindividus ou groupes et le développement de la ville nouvelle » 113 .L’organisation d’une démarche de concertation par le SCA n’a pas eu lieu qu’à l’Isle-d’Abeau. Ce fut lecas aussi à Evry, à l’occasion de la programmation du quartier des Aunettes, où le président du SCA,Jacques Guyard avait souhaité mettre en place un « atelier populaire d’urbanisme ». Cette démarcheétait moins technique qu’à l’Isle-d’Abeau et plus tournée vers la participation des habitants. Même si,comme nous l’a expliqué H.L. Jarrige, les personnes impliquées dans le processus étaient des militantsassociatifs d’autres quartiers, c’est-à-dire baignant dans « l’idéologie socioculturelle », la démarche n’apas été sans intérêt, elle a condut à définir un parti d’urbanisme original à partir d’une démarchecomparative développée avec le quartier voisin des Epinettes fraîchement réalisé 114 .Cette démarche est restée néanmoins très exceptionnelle à Evry, ailleurs, comme nous l’a expliqué H.L.Jarrige, c’était le Maire avec son conseil municipal qui décidaient des procédures et des programmes.Au bout du compte, force est de constater que cette évolution qui a eu pour effet d’entraînerl’appauvrissement puis la disparition de l’activité de programmation des équipements collectifs au sein111 Le choix du lauréat déterminé à l’issu d’une consultation en trois tours a donné lieu à un contentieux porté devant letribunal par un des candidats (choisi par le Jury à l’issue des trois tours mais refusé par le SCANIDA qui a retenu le lauréat du1 er tour). Les traces de cette tension entre le SCANIDA et l’EPIDA ne manquent pas: « Convaincu que vous aurez à cœur deprofiter de cette très importante opération pour établir un nouveau type de relation entre l’établissement public et les élus,… » Courrier du président du SCANIDA au Directeur Général de l’EPIDA le 13 nov. 1981 [SAN IDA, 35W20]« J’espère monsieur le Directeur Général, que la présente lettre, n’appellera de votre part aucune objection. Je suispersuadé que vos services mettront un zèle particulier à respecter la décision du Maître d’ouvrage et que le malentendu,s’il y a eu malentendu , sera définitivement dissipé » Courrier du président du SCANIDA au Directeur Général de l’EPIDA le 5avril 1982 [SAN IDA, 35W20]112 Latimier Didier (ouvrage collectif), « De l’impact d’un équipement de quartier dans la réalisation de la viecollective… La Maison Pour Tous des Roches dans le 1 er quartier de la Ville Nouvelle L’Isle-d’Abeau –Villefontaine (Isère) » SCANIDA, juin 1981. [SAN IDA]113 Latimier Didier (ouvrage collectif), op. cit., p224.114 H.L. Jarrige, interview le 22 octobre 2004, annexe 02, p 41.39
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