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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIINoisy ou la logique d’oppositionLe cas de Noisy marque une position encore différente. Lors de la conception du centre urbain régionalnous retrouvons cette volonté de déconnecter centre commercial et équipement intégré. Mais au lieud’être le produit d’une évolution longue des projets, elle apparaît très clairement comme un postulat dedépart qui marque très tôt l’orientation du travail de l’EPAMARNE.Victor Gruen avait bien produit pour le secteur 1 de la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée, autrement ditpour le secteur de Noisy-le-Grand un plan initial dont la conception était sensiblement la même que celled’Evry : très orientée vers le commerce et mobilisant la figure du mall. Mais alors qu’en 1970, le travailsur le centre d’Evry est déjà très avancé et que la formule de l’Agora est théorisée, l’orientation devantguider le dessin du centre de Noisy reste très floue : « La conception du cœur de ville résulte d’unevolonté d’intégration du centre commercial régional avec un centre tertiaire de bureaux et une largevariété d’équipements et de services. » 331L’idée d’un équipement intégré à Noisy va faire rapidement son chemin, influencée directement parl’exemple d’Evry dans la recherche d’un contrepoids au centre commercial régional pour constituer lecentre urbain régional 332 .Déclinant les principes de l’Agora, les concepteurs en charge du dossier à l’EPAMARNE emmenés parAmeyric Zublena, définissent la Piazza comme un complexe d’équipements rassemblés autour d’unespace ponctuel, une place couverte qui doit s’articuler avec le centre commercial tout en maintenantune certaine autonomie 333 . Comme pour l’Agora, la résonance méditerranéenne marque l’attachement àla ville latine dense par opposition au modèle américain de la ville diffuse, elle marque aussil’attachement à la notion montante « d’espace public ».Le projet va évoluer vers la conception d’un équipement concurrent du centre commercial de manièrebien plus marquée qu’à Evry, que ce soit au niveau de la programmation avec un regroupement defonctions et de services de grande ampleur 334 ou au niveau architectural avec une logique d’oppositiontrès marquée avec l’architecture du centre commercial:« Par opposition au monde relativement fermé du centre commercial, la Piazza doit à lafois s’ouvrir sur l’espace extérieur de la place publique et sur l’espace intérieur,prolongement du mail commercial. […] L’espace piétonnier de la Piazza exprime par saconfiguration la fonction carrefour par opposition au mail linéaire du centre commercial » 335 .Dans les plans de juillet 1973 qui tentent de répondre à ce défit, la Piazza reste encore un complexecentré autour d’une place et contiguë au centre commercial, mais une extension est proposée afin delier le Centre Urbain Régional formé par le CCR, l’ensemble tertiaire et la gare de RER à la futureUniversité qui est située de l’autre côté de la voie 336 . Cette proposition est encore une simpleprotubérance qui se développe le long d’un axe piétonnisé qui était prévu dès les premiers plans et quitraverse la Piazza. Mais dès novembre, les plans de conception du Centre Urbain Régional montrent quedésormais c’est l’ensemble de l’axe piétonnier qui est désormais pensé comme un équipement331 Cahiers de l’IAURP, octobre 1970.332 « En ce qui concerne le passage de témoin, je n’ai plus exactement en tête la façon dont cela s’était passé mais on étaittrès impressionné par les recherches qui étaient faites à Evry, notamment sur l’Agora qui était initiée d’ailleurs par unarchitecte hollandais, Van Klingeren. » Entretien avec Aymeric Zublena par A. Korganow, le 19 02 2004 à son agence.Aymeric Zubléna a toujours affirmé la très grande importance de l’Agora d’Evry dans la conception de la Piazza : « On doit icipréciser que la conception et la localisation de la Piazza faisaient suite à de nombreux contacts avec l’équipe d’Evry et desgens de l’IAURP, et à une série de réunion avec Monsieur Jarry » Aymeric Zubléna & BERU, Piazza – Marne-la-Vallée,analyse d’un processus, EPA de la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée / Secrétariat à la Culture, contrat CORDA, février 1977,p. 24.333 Concernant le nom, « il avait été choisi par l’EPAMARNE au cours d’une réunion interne en date du 14 juin 1971. Ce nomavait été évoqué parmi une liste d’autres noms (la Galerie, les Halles, la Rembla, la Piazza, le Studio, la Librairie, l’Académie),chacun de ces noms recouvrant aux yeux des concepteurs la même idée de « lieu de rencontre, d’espace public… ». »Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 24.334 « […] L’action « programmation » a permis de donner du poids à la Piazza, et par là même, d’affirmer sa spécificité parrapport au centre commercial. Cette action se concrétise dans les propos tenus lors d’une réunion sur la Piazza en avril1973. Il est important de noter : […] que l’on considère qu’il y a rupture entre la conception antérieure de la Piazza et cellequi découle du travail de la programmation […] ; que la Piazza est considéré comme l’élément majeur du centre urbain (il ya même assimilation de la Piazza au centre urbain. »Ibid., p. 54.335 « Présentation de la Piazza – Juillet 1973 », cité in Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 56336 EPAMARNE, « Centre urbain de Noisy-le-Grand – Piazza », dossier janvier 1973 [EPAMARNE 732W19].106
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIintégré 337 . En 1973, le projet s’est donc éloigné du modèle de l’Agora mais reste fidèle au principe qui ena guidé la forme, celui d’une négociation permanente avec le centre commercial et celui d’un espaceurbain de transition et de liaison.En mai 1974, le projet de Piazza fait l’objet d’un travail de théorisation qui radicalise sa position parrapport au modèle d’Evry 338 . Cette rupture s’exprime de deux manières.Tout d’abord, la Piazza fusionne avec le cheminement piétonnier sur lequel elle venait s’articuler àl’origine. Le dispositif prend résolument une orientation urbaine, abandonnant les velléités monumentalesdu super-équipement telles qu’elles s’expriment dans le centre culturel de Cergy. L’importance de cetteconfiguration et sa logique « anti-monumentale » amènent les concepteurs à proposer « l’éclatement decertains équipements en différents points de la Piazza afin d’en enrichir l’animation ». On est proche icides solutions d’ »Urbatecture » expérimentées au Vaudreuil par l’atelier de Montrouge ou à la Villeneuvepar l’AUA (secteur II).« La Piazza est un cheminement piétonnier qui va du CCR et du parking Ouest au quartierde l’Université.- C’est donc un lieu de passage, indépendant des équipements qui peuvent s’ytrouver.- Ce cheminement obligatoire du centre ville exclut la conception des équipementsintégrés tels qu’ils sont projetés dans l’Agora d’Evry ou le centre culturel de Cergy-Pontoise. »- Ce passage peut appartenir au domaine public […]. » 339Ensuite cette évolution morphologique se double d’une évolution quand aux relations avec le centrecommercial. Car si le CCR est toujours considéré comme une locomotive indispensable pour lancerl’urbanisation de Noisy, il n’occupe plus désormais la place centrale dans la conception du CentreUrbain Régional. C’est la Piazza qui est pensé comme « le véritable cœur du centre urbain. »L’articulation entre la Piazza et le mall du CCR n’est plus directe mais s’effectue au niveau de la gareRER. Le CCR est marginalisé comme un simple équipement par rapport à la Piazza qui devient le vraicentre. Le traitement formel de la Piazza est plus que jamais basé sur une opposition avec le CCR quiest dévalorisé. Aux « caractéristiques du CCR : espace unifonctionnel à caractère commercial,puissance financière et impact physique » sont opposées les « caractéristiques de la Piazza : espacemultifonctionnel à caractère public, épanouissement et d’activités socio-culturelles. » 340 Dans la mêmelogique, face au caractère monofonctionnel du CCR, une mixité associant équipements et logements estproposée pour cette rue qui se présente avant tout comme un espace néo-traditionnel [voir FIG. 12.1].Pourtant nous sommes loin de l’espace traditionnel de la rue. Ici cet espace public est clairement pensécomme une infrastructure déjà dans les éléments de conception proposés en 1974, l’espace public estpensé comme une « structure adaptable » qui « permet son existence indépendamment deséquipements et des logements [et] qui est le point de départ du système constructif des équipements etdes logements […] » En 1975, cette pensée proposant de faire de l’espace public une infrastructure seprécise : « L’espace public, à ce point de vue, peut se dissocier en deux éléments : la structureporteuse, et à la couverture ». Espace entièrement piétonnier, il est séparé du sol naturel par un niveaude parkings et une voie de service 341 .Mais cette option n’aboutira pas. Dès septembre 1976 342 , alors que les plans de la première tranche dela Piazza sont publiés, la rue est abandonnée au profit, de nouveau d’une place centrale. Lecheminement piétonnier passant par dessus la CD 33 est conservé mais il n’est plus l’axe privilégié.L’articulation avec le CCR est de nouveau mise en valeur. Par contre l’idée de mixité est conservée et denombreux logements sont toujours prévus. La Piazza apparaît alors comme une Agora surmontée delogement. Cette tendance sera renforcée par les plans de janvier 1977 puis de juillet 1978 alors que leprogramme se réduit comme une peau de chagrin, la place perd de son importance pour ne plus devenirau final qu’une modeste « Placette » 343337 EPAMARNE, « Centre urbain de Noisy-le-Grand – Piazza », dossier novembre 1973 [EPAMARNE 130W59].338 EPAMARNE, « Centre urbain Régional de Noisy-le-Grand – Piazza », dossier mai 1974 [EPAMARNE 10W1059].339 « Note « Programmation » du 11 Janvier 1974 », cité in Aymeric Zubléna & BERU, op. cit., p. 56340 « Centre Urbain Régional – Noisy-le-Grand – La Piazza . Document C», dossier mai 1974, p. 3 [EPAMARNE 10W1059].341 « Centre Urbain Régional - Notes sur le principe constructif », dossier, février 1975 [EPAMARNE - 225W12]342 « Centre Urbain Régional de Noisy-le-Grand », dossier, septembre 1976 [EPAMARNE - 194W13].343 « Avant Projet Sommaire » et « Esquisse », dossiers, janvier 1977 et juillet 1978 [EPAMARNE - 10W1059].107
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