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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIAutour de la notion d’intégration, plusieurs thématiques spatiales ont été développées en ville nouvelle.Celles-ci recoupent d’autres champs de questionnement tels que celui sur la constitution des centres,celui sur l’architecture scolaire ou celui sur l’architecture urbaine.La thématique dominante au début des années 70, qui s’articule avec l’objectif d’adaptation aux besoinsdes utilisateurs et de plein emploi des locaux, est celle de l’espace polyvalent et évolutif, avec sescorollaires, les notions de trame, de modules, de système et de « conception collective » 213 .L’autre grand thème, qui nous apparaît aujourd’hui plus riche d’enseignement, est celui des relationséquipement collectif / espace public. C’est cette approche que nous nous sommes efforcésd’approfondir.Trois enjeux principaux peuvent être distingués à ce sujet: le rôle de la formule d’intégration deséquipements dans la structuration des centres, l’affrontement entre deux modèles, l’un commercial etl’autre socioculturel dans la production d’un espace public protégé central, et enfin la question del’expressivité d’une architecture de l’équipement intégré face aux exigences de polyvalence et debanalisation des espaces.III.1 – L’EQUIPEMENT INTEGRE ET L’ENJEU DU CENTRELa production de centres urbains, de centres « animés » est devenu dans les années 60 un enjeu majeurde planification urbaine. En réaction aux deux maux principaux identifiés de la banlieue, la dispersionanarchique des activités encouragée par le développement de l’automobile et la réalisation de grandsensembles sous-équipés et mal localisés, il constitue l’objectif explicite de l’aménagement des villesnouvelles.Cet enjeu du centre se manifeste clairement dans les préconisations de la Commission des villes duVI ème Plan 214 . Il se manifeste aussi dans de nombreuses publications et dans les multiples colloques surle sujet. On retiendra en particulier le colloque sur les centres urbains organisé par le Bureau des villesnouvelles et le ministère de l’Equipement et du Logement en juillet 1969, le colloque sur les centres et lacentralité dans les villes nouvelles organisé à Londres par l’Institut Français du Royaume Uni en 1972, lecolloque sur les centres urbains en villes nouvelles organisé par le SGGCVN en 1979 ou plus récemmentencore le recueil des travaux du « Groupe de réflexion sur la Centralité » paru en 1996 215 .La question de la mise en œuvre du centre se manifeste aussi à travers la succession de grandsconcours d’urbanisme organisés dans les villes nouvelles. Ces grands concours qui sont pour la plupartlargement commentés dans Les Cahiers de l’IAURP ont vocation à marquer les étapes importantesdans l’évolution des principes d’aménagement des villes nouvelles. Ils manifestent la volonté d’associerétroitement l’évolution des villes nouvelles et l’évolution des théories urbaines et architecturales 216 .C’est sur la base de ces manifestations, colloques et concours, que nous avons abordé la question del’articulation entre les différents principes urbanistiques de mise en œuvre des centres et la préconisationde regroupement et d’association des programmes.213 Voir à ce sujet, J. Belmont in Pour, « Des équipements éducatifs et culturels intégrés », n°23/24, octobre 1971 et aussiPierre Riboulet, (dans le cadre des travaux du « Groupe de réflexion sur les équipements socio-éducatifs » de la missiond’étude de la Ville Nouvelle du Vaudreuil) « Une architecture pour les équipements socio-éducatifs - Liberté de conceptionet normes obligatoires », séance du 18 septembre 1969. Texte dactyl. [IFA : fond ATM 162 IFA 1540].214 Voir à ce sujet : « Le VI ème Plan et la promotion des centres », extrait du rapport de la Commission des villes sur lesorientations souhaitables de la politique urbaine au cours du VI ème Plan (2 e fascicule, propositions détaillées), in Urbanisme,n° 120-121, 1970, p132-133.215 « Villes nouvelles, centres nouveaux » Mémoire des travaux du Groupe de Réflexion sur la Centralité – Recueil d’articles.Ed. Association Française des Villes Nouvelles, 1996. [MV 370/11/VN]216 « Les grands concours lancés dans les villes nouvelles sont riches d’enseignements d’une part parce qu’ils permettentde connaître la façon dont a été posé un problème global sur le plan du programme normatif et des orientations qualitativesce qui est une source de référence pour les aménageurs et les concepteurs, d’autre part par les projets concurrents euxmêmesqui marquent une étape dans les tendances de l’architecture et de l’urbanisme contemporain », Michel Rousselot in« le concours des Coteaux de Maubuée », Les Cahiers de l’IAURP, vol 39, mai 1975.70
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIILa notion d’intégration est d’emblée associée à la problématique du centre comme terme antithétique àceux de zoning et de ségrégation des fonctions dérivés des principes de la Charte d’Athènes et aussicomme terme antithétique au modèle américain de la ville diffuse.Utilisé très tôt en ville nouvelle, en particulier pour l’aménagement d’Evry, l’intégration a donc d’abord uneacceptation urbanistique: « L’idée dominante était donc de réaliser un centre. Fallait-il un centre intégréou bien dilué ? Nous avons choisi de faire un centre latin très intégré aux quartiers d’habitation » 217 .Entre cette notion urbanistique d’intégration, ce qu’elle recouvre comme principes d’aménagement et laformule de l’équipement intégré, les équipes d’aménageurs des villes nouvelles ont du opérer un certainnombre d’ajustements et d’interprétations que nous nous proposons d’examiner.III.1.1 – La place de l’intégration au sein des orientations urbanistiques initialesdéveloppées pour les centres des villes nouvellesLa notion d’intégration s’affirme dans une période de crise mais aussi de redécouverte des centresanciens. Le problème du devenir de la concentration d’activité se pose avec force face au développementdes moyens de transport et des moyens de télécommunication. En particulier se pose le problème dudevenir des fonctions de loisirs en centre ville. Quelle animation peut être maintenue et développée dansle centre en dehors du commerce ?En regard de ces questionnements, un certain nombre d’éléments récurrents rentrent en ligne de comptedans l’approche de la centralité en ville nouvelle. Ces éléments sont débattus lors du colloque « Centresurbains » de juillet 1969, en particulier au sein du groupe de travail « Cergy-Pontoise », qui examinecomme support concret de la réflexion, les principes d’élaboration du centre de cette ville nouvelle,comparé notamment aux principes exploités à Evry.Le mot clé dominant d’ « intégration » tel qu’il apparaît lors du colloque « Centres Urbains » de juillet1969 intervient à plusieurs niveaux :- l’intégration du centre commercial au centre urbain- l’intégration du centre urbain en lui-même qui correspond à un enjeu d’unité par rapport àune simple juxtaposition des fonctions et aussi à un enjeu d’ouverture systématique deséquipements sur un espace piéton protégé.- L’intégration du centre urbain à la ville elle-même pour éviter « une paupérisation du reste dela ville par rapport au centre urbain ».Le propos sur l’intégration s’ordonne en fait suivant trois thématiques principales. La première porte surla nécessité du regroupement des fonctions et sur la nécessité de la densité, la deuxième porte sur laquestion de l’évolutivité des centres, la troisième porte enfin sur la hiérarchie et la diversification descentres au sein de la ville nouvelle.Le regroupement et la densitéTrois arguments principaux sont attachés aux principes de regroupement des fonctions et de traitementd’une densité importante dans les centres des villes nouvelles :- Face à la logique de développement extensif de la banlieue « à l’américaine » sur la base dedeux éléments, le pavillon individuel et la « boite commerciale », la création des centres enville nouvelle s’appuie sur le positionnement de grands équipementsstructurants ayant un rôle identitaire et un rôle de pôle de rassemblement très forts dansla ville traditionnelle française à savoir la Préfecture (Cergy, Evry) et l’Université (Cergy, Evry,Saint-Quentin en Yvelines, Marne-la-Vallée…). Quant au centre commercial, sa prise encompte dans la constitution de la centralité est un sujet important que nous abordons dansle chapitre suivant (III.2). Le modèle américain du shopping center, ainsi que la question dudéveloppement de la centralité à partir d’initiatives et de capitaux privés sont des thèmesprivilégiés de méditation pour les aménageurs des villes nouvelles françaises. Il s’agit217 Texte de Lalande sur la conception d’Evry in Ministère de l’Equipement et du Logement - Direction de l’Aménagementfoncier et de l’Urbanisme - Bureau des villes nouvelles, Colloque « Centres Urbains ». Texte des conférences et débats.2-3-4 juillet 1969.71
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