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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IILa formule initiale de l’équipement intégré repose sur deux « figures » de regroupements de programmesorganisés autour d’un équipement scolaire :– Le Centre Educatif et Culturel développé à partir d’un collège– Le Centre de l’enfance qui s’organise autour des écoles primaires et maternelleset qui a parfois été nommé « Centre Educatif et Culturel du 1 er degré ».Ces deux figures, qui sont celles déclinées dans les modèles inauguraux de Yerres, de Istres et deGrenoble, vont être exploitées dans l’ensemble des neuf Villes Nouvelles, surtout lors de la premièrevague de planification d’équipements (correspondant au VI ème Plan, c’est-à-dire 1970-74).D’emblée, les équipements intégrés sont généralement considérés selon les trois niveaux classiques del’aménagement reconduit par l’IAURP:— Ville : centre culturel— Quartier : maison de quartier + CES— Voisinage : maison de voisinage + écoleLeur utilisation réunit deux préoccupations majeures des villes nouvelles, d’une part l’enjeu d’animationdes quartiers neufs et d’autre part l’enjeu de mutation du système éducatif à travers les problématiquesde « l’école ouverte » et de « l’éducation permanente ».Au croisement de ces deux enjeux d’innovation sociale, l’équipement intégré dans sa version initialedonne lieu à une véritable inflation de démarches expérimentales, aussi bien de la part des équipesd’aménageurs que de la part des professionnels de l’éducation (inspecteurs, enseignants, animateurs),de la part des bureaux d’étude extérieurs (CERFI et Quaternaire Education), et de la part d’associations.Il faut souligner à ce sujet que la coordination des services autour de l’école est à l’époque encouragéeaussi au niveau international, notamment par l’OCDE sur le thème de l’équipement communautaire etsur le thème de l’éducation permanente 117 . Dans cet esprit une mission spécifique sur le terrain des villesnouvelles va être confiée par l’Education Nationale à Bertrand Schwarz en 1974 (groupe « Actions villenouvelle ») 118 .Le centre de l’enfance, objet expérimental par excellenceDans ce registre de l’équipement scolaire élargi, les centres de la petite enfance (CPE) et lescentres de l’enfance organisés autour d’école élémentaires ou préélémentaires ont été certainementles objets les plus investis sur le thème de l’innovation sociale.Systématiquement implantés dans les premières opérations d’urbanisation (à St Quentin en Yvelinesdans le quartier des 7 mares, dans le germe de ville du Vaudreuil, à Vitrolles, à Villeneuve d’Ascq, àMarne-la-Vallée dans le quartier de l’Arche Guédon, à Sénart), ces centres de l’enfance s’imposentclairement en ville nouvelle comme le type innovant par excellence d’équipement collectif.Cet investissement est soutenu comme nous l’avons souligné précédemment par l’association « Pourdes centres de la Petite Enfance » de Françoise Lenoble-Predine. L’élaboration d’un projet modèle decentre de l’enfance industrialisé, exposé à l’Institut National Pédagogique en 1971 puis au Salon del’Enfance en 1972, visait à la normalisation et la popularisation du procédé [voir Planche 18]. Comme lesouligne un article paru dans la revue « Femme Pratique » en 1972, le succès rencontré par la formulecorrespond aussi à un phénomène de société qui est l’implication d’un nombre grandissant de femmesdans la vie active et la nécessité de regrouper tous les services pour faciliter la vie des mères quidorénavant travaillent.L’action de Françoise Lenoble-Prédine est relayée par les initiatives du SGGCVN, celle des missions etdes EPA en liaison avec des bureaux d’études tels que Quaternaire Education ou avec des117 Sur le thème de la « coordination des équipements scolaires et communautaires », une démarche de réflexion a été menéepar l’OCDE. G. Le Boterf, membre de Quaternaire Education a étudié dans ce cadre le cas du CEC de Istres. Voir G. Le Boterf,Co-ordination of School an Community Facilities - Case Study : Centre Educatif et Culturel d’Istres France,OCDE, Symposium de Skokloser, Sweden, 1976 [IFA, 162ifa1314/3] et aussi Techniques et Architecture,« Equipements de quartier », n°318. Février. 1978.118 SGCVN (J.E. Roullier), « Note à l’attention de messieurs les directeurs des établissements publics d’aménagement desvilles nouvelles et de monsieur le directeur de la mission interministérielle pour l’aménagement de la région de Fos-Etangde Berre », note dactyl., mars 1974 [AM Villeneuve d’Ascq].42
L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportdéfinitif - Février 2005CHAPITRE IIuniversitaires : colloque organisé sur le sujet à Marseille les 20 et 21 février 1974 119 , étude comparativeapprofondie menée par Armelle Baraton (Quaternaire Education) et par Anne-Marie Henriot(programmatrice de l’EPAREB) sur trois centres de l’enfance (Marne-la-Vallée, Villeneuve-d’Ascq etVitrolles), enfin ouvrage réalisé par le SGGCVN sur l’architecture des centres de l’enfance en villenouvelle 120Voué à assurer la prise en charge des enfants de 0 à 7 ans (pour les centres de la petite enfance), voiremême de 0 à 12 ans, le centre de l’enfance devient le réceptacle des initiatives expérimentales tousazimuts (régimes diététiques, prises en charge psychologique, etc…). Ce surinvestissement et lavolonté de prise en charge globale finissent par produire des équipements lourds et difficiles à gérer.C’est ce qui ressort notamment de la journée organisée à Marseille sur le sujet.La maison de quartier avec ou sans collègeSuivant les modèles de Yerres, Istres et Grenoble, le centre éducatif et culturel apparaît en ville nouvellecomme un dispositif associant d’abord un collège et une maison de quartier.C’est ainsi qu’il est programmé par exemple dans le concours d’Evry I à travers la figure du « centresocio-éducatif ». Le Vaudreuil va avoir aussi son CEC, de même que le quartier de l’Arche Guédon àMarne-la-vallée. A Villeneuve d’Ascq, on trouve une variante avec la mise en place d’un regroupementLycée/Maison de quartier.La maison de quartier ou « maison pour tous » correspond en fait à une figure antérieure deregroupement de programmes. L’affirmation de cet équipement hybride dont le noyau est formé parl’association d’une MJC et d’un centre social (auxquels s’ajoute souvent un centre de PMI) découled’une problématique rattachée à la notion de socioculturel déjà ancienne (figure mythique de la maisonpour tous de la rue Mouffetard, réflexion menée dans le cadre du Haut comité à la vie dans les grandsensembles et premiers projets de centres socio-culturels dans les grands ensembles au début desannées 60) 121 . Le centre Prémol à Grenoble dans le village Olympique conçu en 1966, regroupant uncentre social, une maison des jeunes, un centre de PMI, une halte garderie et une «maison del’enfance » est une référence connue en la matière. Ce centre qui fait l’objet d’une « note d’information »établie par Denise Ragu en 1969 122 regroupe et associe tous les services collectifs nécessaires auxnouveaux habitants, à l’exception des équipements scolaires (cette configuration fait figure à l’époque degalop d’essai annonçant la politique globale plus ambitieuse développée dans le quartier voisin de laVilleneuve).L’association de la maison du quartier avec un collège permet la mise en commun de locauxextrascolaires les plus porteurs en terme d’animation, que ce soit, côté maison de quartier, les ateliersde travaux manuels, les salles de musique et de spectacle, et côté collège le restaurant scolaire, lasalle de sport, la bibliothèque.Cette association constitue aussi au départ le dispositif de base en phase avec les objectifsurbanistiques de constitution de points de centralité à l’échelle du quartier.Très rapidement cependant, les difficultés de gestion et les problèmes de compatibilité entre le corpsenseignant de l’Education Nationale et les autres professionnels vont entraîner l’abandon de la formuled’association du collège et de la maison de quartier.La maison de quartier, comme regroupement de services, sanitaires, sociaux et culturels va par contrese maintenir et s’imposer en ville nouvelle comme un montage de base relativement stable.Au final, cette maison de quartier ou maison pour tous d’un côté, et le centre de l’enfance de l’autrereprésentent en ville nouvelle les deux figures les plus exploitées de l’équipement intégré. Associées119 MIAFEB (Mission Interministérielle d’Aménagement de la région de Fos-Etang de Berre), « Réunion à Marseille les 20 et 21février 1974 au sujet des centres de l’enfance », texte dactyl. Mars 1974 [AM Villeuneuve d’Ascq].120 SGGCVN, Huit centres de l’enfance en ville nouvelle , « Les dossiers des villes nouvelles », SGGCVN, 1978Voir aussi : Norvez Alain, Mackiewicz Marie-Pierre, Pioli David, Rollet Catherine Petite enfance en ville nouvelle.Construction et régulation du champ de la petite enfance à Saint-Quentin en Yvelines. CNAF, contrat derecherche 96-408. Laboratoire Printemps Décembre 1998.121 Voir à ce sujet « Equipement pour l’homme », Urbanisme, n°90-91, 1965.122 Denise Ragu, « Le centre socio-culturel Prémol du village Olympique », note d’information IAURP, 1969.43
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