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L’INTERACTION VILLE - EQUIPEMENT EN VILLE NOUVELLE - RECEPTION ET ADAPTATION DE LA FORMULE DE L’EQUIPEMENT SOCIO-CULTUREL INTEGRE Rapportfinal - Septembre 2005CHAPITRE IIIcet espace central est souvent large, paysager et ouvert à l’air libre et qui se rapproche des espaces decirculation traditionnels des grands magasins. 265Par la suite Gruen, suivant l’évolution du commerce aux USA, conçoit de plus en plus de projets decentres commerciaux périphériques. C’est lors d’un projet de ce type, en 1952 dans la banlieue deHouston 266 , que la figure du mall clôt va faire sa réapparition dans le travail de Gruen. Surtout, c’est àcette occasion que ce dernier rencontre un partenaire important qui va l’aider à théoriser le modèle dushopping mall : Larry Smith, consultant en matière d’étude de marché. Ils ne se quitteront plus devenantrapidement les deux experts les plus connus en matière d’architecture commerciale. A Gruen, la partiearchitecturale et à Smith la partie économique. L’architecture développée par Gruen devient alors trèsclairement pensée dès le départ en termes d’efficacité économique, de rentabilité.Si ce centre commercial n’a jamais été réalisé, deux autres grands centres élaborés par Gruen et Smithvont lui succéder et seront autant de manifestes d’une nouvelle architecture commerciale. Il s’agitd’abord de Northland construit dans la banlieue de Chicago en 1954 puis de Southdale réalisé dans labanlieue de Minneapolis en 1956. Avec ces deux projets, Gruen et Smith développent un travailthéorique : mettre au point un modèle architectural pour le centre commercial de banlieue résidentielle(suburbs). Il connaîtront alors une célébrité immédiate.La planification urbaine : quand le mall remplace la rueLa collaboration Gruen/Larry Smith aboutit à la publication d’un ouvrage en 1960, Shopping Towns USA,répertoire des réalisations et projets exemplaires mais aussi théorisation du modèle du shopping mallqui sera très vite considéré comme un classique de l’architecture commerciale [voir Planche 09]. Letravail théorique de Gruen et Smith est développé tant du point de vue programmatique qu’architectural.Or dans cet ouvrage, on se rend compte que le modèle du shopping mall dépasse largement la simplequestion de l’architecture commerciale. Ainsi peut-on lire dans l’introduction :« Une bonne planification, néanmoins, développera des attractions supplémentaires pourles consommateurs en rencontrant les autres besoins qui sont inhérents au climatpsychologique particulier de la banlieue. En offrant des opportunités de sociabilisation etde récréation dans un environnement piétonnier protégé, en incorporant des équipementsciviques et éducatifs, les centres commerciaux peuvent remplir un vide. Ils peuventprocurer le lieu nécessaire et l’opportunité d’une participation à la vie communautairemoderne tels que l’agora de la Grèce Antique, la place du marché médiévale et nos placesurbaines l’ont fait dans le passé […]. Si le centre commercial devient un lieu qui répondnon seulement aux nécessités physiques des banlieusards mais qui simultanément sertleurs besoins communautaires au niveau civique, culturel et social, il sera une des plussignificatives contribution à l’enrichissement de nos vies. » 267A l’objectif premier de l’espace linéaire fermé et climatisé du mall qui est en premier lieu pensé commeune machine à vendre, Gruen et Smith vont ajouter un objectif social et culturel qui, s’il est plusambitieux, fait de leur modèle un objet plus complexe mais aussi éminemment ambigu. Leur rêve d’unshopping center devenu le centre communautaire des nouveaux quartiers périphériques en pleindéveloppement, repose sur l’analogie entre le mall et la main street, cette rue commerçante qui est,dans beaucoup de petites villes américaines, le vrai espace de la sociabilité.Le mall apparaît ainsi comme une figure urbanistique répondant aux transformations de la civilisationcontemporaine et en particulier au développement de l’automobile, une figure à même de s’appliquer nonseulement en périphérie mais aussi dans la rénovation des centres urbains confrontés au problème del’automobile 268 .Victor Gruen a toujours développé une ambition urbanistique mais désormais cette ambition se nourrit dusuccès grandissant de la formule du mall en périphérie. L’action de Gruen permettant cet avènement dumall comme figure majeure de centralité urbaine se porte à plusieurs niveaux.Tout d’abord, Victor Gruen va tenter d’imposer le mall comme solution urbanistique lors de divers projets.On peut citer le projet de reconstruction du centre de Fort Worth au Texas en 1956 qui constituera undes exemples les plus spectaculaires de l’entrée de l’agence de Gruen dans le monde de la planification265 M. Jeffrey Hardwick, op. cit., pp. 72-90.266 Il s’agit du Montclair Shopping Center.267 Victor Gruen & Larry Smith, Shopping Towns USA. The Planning of Shopping Centers, New York, ReinholdPublishing Co., 1960, p. 24.268 On retrouve dans la conclusion de l’ouvrage précité un projet jamais réalisé mais majeur dans l’œuvre de Victor Gruen : larénovation du centre-ville de Fort Worth proposée en 1956. Il ne s’agit plus ici de réfléchir à un centre communautaire pour lesbanlieues résidentielles mais à la transformation d’un centre traditionnel en déshérence.87