DOSSIERLes priorités<strong>de</strong> l’artisanatServices aux entreprisesVos besoins,votre satisfaction sont prioritairesDe temps immémoriaux, <strong>le</strong>s chambres <strong>de</strong> métiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artisanat ont été absorbées (certains diront handicapées) par laprimauté <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs obligations <strong>de</strong> service public : formalités, répertoire <strong>de</strong>s métiers, apprentissage. Un guich<strong>et</strong> administratif(<strong>de</strong> plus, diront <strong>le</strong>s mêmes). Erreur. Depuis quelques années, <strong>le</strong> paysage change. Et ça n’est pas fini.Huit cent mil<strong>le</strong> artisans en 2000,920 000 aujourd’hui. Des chefsd’entreprise plus novices, <strong>et</strong> doncplus exigeants. Ou plus expérimentés,<strong>et</strong> donc... plus exigeants. Plusieursdizaines <strong>de</strong> métiers nouveaux,mais 40 000 patrons en âge <strong>de</strong> passerla main. On est très loin <strong>de</strong> l’artisanatstabilisé <strong>de</strong>s années 70-80.En face, une offre pléthorique <strong>de</strong> services,<strong>de</strong> conseils pour <strong>le</strong>s entreprises,souvent coûteux, <strong>et</strong> pas toujoursadaptés aux spécificités artisana<strong>le</strong>s.Tout <strong>le</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> s’en mê<strong>le</strong> : cabin<strong>et</strong>s,réseaux, prestataires divers. Jusqu’auxcol<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s - emploi oblige -avec plus ou moins <strong>de</strong> bonheur : l’artisanatest <strong>le</strong> nouvel Eldorado <strong>du</strong>conseil aux entreprises.Tous <strong>le</strong>s artisansont <strong>le</strong>s mêmes droitsFace à ce bouillonnement qu’el<strong>le</strong>s ontel<strong>le</strong>s-mêmes suscité, <strong>le</strong>s chambres <strong>de</strong>métiers <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’artisanat (CMA) peinentà répondre : c’est <strong>du</strong> moins cequi ressort <strong>de</strong> l’enquête menée parl’Ifop en juin 2005. Pourtant, <strong>le</strong>s ressourcesexistent dans <strong>le</strong> réseau. Suivi<strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s, accompagnement <strong>de</strong>scréateurs, ai<strong>de</strong> à la transmission, formationinitia<strong>le</strong> sont <strong>de</strong>s services quel’on trouve dans chaque département,avec <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> qualitééquiva<strong>le</strong>nts. Mais quand on veut exporter,s’informatiser ou se doterd’une véritab<strong>le</strong> politique salaria<strong>le</strong>, <strong>le</strong>service varie d’une chambre à l’autre(mieux vaut être artisan à Paris, Lyonou Marseil<strong>le</strong>, que dans un départementrural). « Les capacités <strong>de</strong>s CMAà venir en appui <strong>de</strong>s entreprises existent,mais el<strong>le</strong>s sont réparties inéga<strong>le</strong>ment(partiel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> limitées) géographiquement,faute d’une approche globa<strong>le</strong>d’offres <strong>de</strong> services (<strong>de</strong> moyens adaptés)», reconnaît Éric <strong>de</strong> Lannoy, directeur<strong>de</strong>s affaires économiques à« Respecterla diversité<strong>de</strong>ssituationsloca<strong>le</strong>s »À chacun son parcoursPremière innovation : offrir un ensemb<strong>le</strong><strong>de</strong> prestations harmonisées(créer <strong>de</strong>s parcours-type), adaptées àchaque catégorie d’entrepreneur. Parexemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> créateur d’entreprise <strong>de</strong>vrapouvoir être accompagné sur chacune<strong>de</strong>s étapes qui con<strong>du</strong>it <strong>de</strong> l’idéed’origine jusqu’à l’ouverture réel<strong>le</strong> <strong>de</strong>l’entreprise (en passant par <strong>le</strong>s formalités,<strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> marché, <strong>le</strong> recrutement<strong>de</strong> personnel, l’implantationou <strong>le</strong> financement). Le cédant potentieldoit, lui, se voir proposer un dia-l’APCM. Une situation i que combatgnostic, un dispositif i if <strong>de</strong> publicité i <strong>de</strong>Alain Gris<strong>et</strong>, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’APCM : sa cession allant jusqu’à la mise en« Chaque artisan, où qu’il exerce, a un relation avec un repreneur. Pour <strong>le</strong>sdroit égal aux services <strong>de</strong> sa CMA ». chefs d’entreprise installés, l’ambitionest encore plus vaste : <strong>le</strong>sL’idée d’une offre globa<strong>le</strong> <strong>de</strong> servicesfait son chemin.conseil<strong>le</strong>rs d’entreprise <strong>de</strong>s CMA seronten mesure <strong>de</strong> proposer périodiquementà l’artisan un diagnosticgratuit <strong>de</strong>s forces <strong>et</strong> faib<strong>le</strong>sses <strong>de</strong> l’entreprise.« C’est un bon moyen <strong>de</strong> m<strong>et</strong>treen lumière <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> développementparfois ignorées par l’artisanlui-même, mais aussi <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong>sdifficultés », assure Éric <strong>de</strong> Lannoy.Ce que vous trouverez <strong>de</strong>main dans votre CMA : un accueilpersonnalisé, une analyse <strong>de</strong> votre besoin, une orientationvers <strong>le</strong> service ou <strong>le</strong> prestataire <strong>le</strong> plus adapté.Respecter la diversité<strong>de</strong>s situations loca<strong>le</strong>sSecon<strong>de</strong> innovation : harmoniser neveut pas dire uniformiser. Le réseau<strong>de</strong>s chambres <strong>de</strong> métiers, qui couvrel’ensemb<strong>le</strong> <strong>du</strong> territoire, est <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t28LE MONDE DES ARTISANS / JANVIER-FÉVRIER 2008
Alain Audouard, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la CMA <strong>du</strong> Rhône, rapporteur« Nous cherchons <strong>de</strong>s partenaires qui s’engagent à nos côtés »Qu’est-ce que <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> commun ?C’est un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> services que tout artisan peut obtenir <strong>de</strong> sa CMA, quels que soient son activité<strong>et</strong> son lieu d’exercice. Ce service est, dans certains cas, ren<strong>du</strong> par <strong>le</strong>s agents <strong>de</strong> la CMA, dans d’autres,par <strong>de</strong>s partenaires qui ont pris vis-à-vis <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>s engagements. Mais dans tous <strong>le</strong>s cas, nous assurons<strong>le</strong> suivi <strong>de</strong> l’action entreprise.Un exemp<strong>le</strong> ?Depuis plusieurs années, fonctionne à la CMA <strong>du</strong> Rhône un partenariat avec l’ordre <strong>de</strong>s avocats, celui <strong>de</strong>sexperts comptab<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> la chambre <strong>de</strong>s notaires. Toutes <strong>le</strong>s semaines, nous organisons une permanence,où chaque ordre délègue un <strong>de</strong> ses membres, auprès <strong>du</strong>quel nos artisans peuvent obtenir, gratuitement,une consultation.<strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> l’artisanat. Rien <strong>de</strong>commun par exemp<strong>le</strong> entre l’artisanat<strong>de</strong> Franche-Comté, ancré dansune tradition in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong> <strong>et</strong> frontalière,<strong>et</strong> celui <strong>du</strong> Var ou <strong>de</strong>s AlpesMaritimes, où prédominent <strong>le</strong>s entreprisesdédiées à l’activité touristique.Et si <strong>le</strong>s entreprises sont différentes,<strong>le</strong>urs besoins d’accompagnement<strong>le</strong> sont aussi. « Le schéma quenous m<strong>et</strong>tons en place laissera toutelatitu<strong>de</strong> à chaque CMA pour adapterson offre à la situation loca<strong>le</strong> », affirmeÉric <strong>de</strong> Lannoy, non sans reconnaîtreque c’est là son principalchal<strong>le</strong>nge.« Chaqueartisana un droitau service<strong>de</strong> sa CMA »Faire ou faire faireBien qu’adapté à son objectif : faire <strong>de</strong>la CMA la « maison commune <strong>de</strong>sartisans », ce proj<strong>et</strong> ne se heurte-t-ilpas à la question <strong>de</strong>s moyens ? Est-ilraisonnab<strong>le</strong> d’espérer trouver danschaque chambre un spécialiste - disponib<strong>le</strong>- dans chacun <strong>de</strong>s domaines ?« Nous n’avons pas d’ambition hégémonique,répond Éric <strong>de</strong> Lannoy. L’important,c’est que chaque question d’artisansoit écoutée, comprise <strong>et</strong> traitée.Ensuite, la mise en œuvre peut revenirà la chambre <strong>de</strong> métiers el<strong>le</strong> même, ou,si el<strong>le</strong> n’en a pas <strong>le</strong>s compétences en interne,transmise à un prestataire sé<strong>le</strong>ctionnédont el<strong>le</strong> garantira la qualité ».En attendant <strong>le</strong> label fournisseur officiel<strong>de</strong> l’artisanat ? « Peut-être, unLe diagnosticEn quelques années, <strong>le</strong>s CMA ontacquis une véritab<strong>le</strong> compétencereconnue dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> latransmission d’entreprise. Pour <strong>le</strong>conseil <strong>et</strong> la formation, beaucoupreste à faire.jour. Mais surtout un engagement <strong>de</strong> nejamais laisser l’un <strong>de</strong> nos clients seul faceà son problème ». Artisans, vous êtes<strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s clients !Dès l’année prochaine, chaque CMA m<strong>et</strong>tra en œuvreune action <strong>de</strong> diagnostic <strong>de</strong>s entreprises. Concrètement,un agent <strong>de</strong> la CMA vous rendra visite, <strong>et</strong>, à l’ai<strong>de</strong> d’unquestionnaire, recueil<strong>le</strong>ra <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s informationssur votre activité, <strong>de</strong> façon à i<strong>de</strong>ntifier, avec vous, <strong>le</strong>sprincipa<strong>le</strong>s difficultés auxquel<strong>le</strong>s vous vous heurtez,mais éga<strong>le</strong>ment vos possibilités <strong>de</strong> développement.Il sera ensuite en mesure <strong>de</strong> vous proposer <strong>de</strong>s solutionsadaptées. Si vous choisissez d’agir, il vous accompagneradans <strong>le</strong>ur mise en œuvre. C<strong>et</strong>te prestation sera gratuite,<strong>et</strong> effectuée, dans un premier temps, sur votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.29LE MONDE DES ARTISANS / JANVIER-FÉVRIER 2008