Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'environnementDes bâtimentséconomes intelligents« Rénover perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire<strong>le</strong>s charges, mais ilfaut investir au départ »,explique Jean-MarieCarton, porte-paro<strong>le</strong> <strong>de</strong>la Capeb, au Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong>l'environnement.Des travaux en perspective !Tous <strong>le</strong>s bâtiments <strong>de</strong>vrontpro<strong>du</strong>ire plus d'éner giequ'ils n'en con sommentd'ici à 2020 grâce aux énergies renouvelab<strong>le</strong>s (ce que l'onappel<strong>le</strong> « énergie positive »)ou, au moins, ne pas enconsommer (« énergie passive»). C'est ce qui a été prévupar <strong>le</strong> Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'environnement.Les pistes ne manquent paspour rendre <strong>le</strong>s bâtiments autonomes: meil<strong>le</strong>ure isolationthermique (doub<strong>le</strong> vitrageobligatoire en 2010), ventilation,multiplication <strong>de</strong>s panneauxsolaires…Les immeub<strong>le</strong>s neufs (privés àpartir <strong>de</strong> 2012 <strong>et</strong> publics dès2010) <strong>de</strong>vront être construitsen basse consommation(50 kWh/m² par an, soit cinqfois moins qu'aujour d'hui), <strong>le</strong>seuil étant fixé à 80 kWh/m²,« ce qui n'est pas réalisab<strong>le</strong> partout», selon Jean-Marie Carton,qui a représenté la Capebau Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’environnement.Il est, en ce sens, rejointpar la FFB pour qui ce programme<strong>de</strong> « rupture technologique» semb<strong>le</strong> « extrêmementambitieux, voire un peu irréaliste».Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> plus gros marchéétant dans la rénovation,l'une <strong>de</strong>s questions essentiel<strong>le</strong>ssera la solvabilité <strong>de</strong>s clients.Les professions <strong>du</strong> bâtiment <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux publics appuient <strong>le</strong>s objectifs<strong>de</strong> rupture <strong>du</strong> Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'environnement, animé <strong>et</strong> porté par Jean-Louis Borloo,ministre <strong>de</strong> l'Écologie <strong>et</strong> <strong>du</strong> Développement <strong>du</strong>rab<strong>le</strong>. Le bâtiment, avec un peuplus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> l'énergie consommée, s'affiche au cœur <strong>de</strong>s mesures, <strong>le</strong> but étant<strong>de</strong> diviser par quatre <strong>le</strong>s émissions <strong>de</strong> gaz à eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> serre.La mise aux normes <strong>de</strong>s bâtimentsanciens est un chantierévalué à 600 milliards d'eurossur 15 ans, pour 31 millions <strong>de</strong>logements anciens à rénover.Les Français <strong>de</strong>vront donc débourserentre 15 000 <strong>et</strong>25 000 euros en moyennepour atteindre <strong>le</strong>s performancesénergétiques <strong>de</strong>mandées.« Il va falloir convaincre l’ensemb<strong>le</strong><strong>de</strong> la population <strong>de</strong> faireun effort. Rénover perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire<strong>le</strong>s charges, mais il fautinvestir au départ », noteJ-M. Carton. Reste donc àl'État à innover en termes <strong>de</strong>financement, par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong>crédits d’impôts <strong>et</strong> <strong>de</strong> prêts bonifiés.Un statutd'« éco-artisan »« Nous sommes prêts à re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>défi <strong>du</strong> Grenel<strong>le</strong> », annonce laFFB. Mais pour y parvenir, <strong>le</strong>sprofessionnels <strong>du</strong> bâtiment<strong>de</strong>vront « se former massivementau sein <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> lafilière », explique la fédération.« Il va falloir que <strong>le</strong>s artisanss’adaptent à une nouvel<strong>le</strong>conception <strong>du</strong> bâtiment. Qu’ilssoient capab<strong>le</strong>s, quel que soit<strong>le</strong>ur métier, d’évaluer toutes <strong>le</strong>sperditions thermiques avant <strong>de</strong>faire quoi que ce soit », noteJean-Marie Carton. Jusque-là,<strong>le</strong>s différents corps <strong>de</strong> métiersintervenaient séparément.Au jourd'hui, <strong>le</strong>s entreprisesartisana<strong>le</strong>s <strong>de</strong>vront se concerter<strong>et</strong> coopérer entre el<strong>le</strong>s afin<strong>de</strong> se constituer en réseauxd'artisans.Pour l'heure, il est donc nécessaired'informer <strong>et</strong> <strong>de</strong> former<strong>le</strong>s entreprises à tour <strong>de</strong> bras,afin qu'el<strong>le</strong>s aient une meil<strong>le</strong>ureconnaissance <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong><strong>de</strong>s matériaux énergétiques <strong>et</strong>qu'el<strong>le</strong>s s'appuient sur <strong>de</strong>soutils <strong>et</strong> <strong>de</strong>s techniques fiab<strong>le</strong>s.Les artisans doivent aujourd'huipasser au statutd'« éco-artisan », un label quesouhaite créer la Capeb <strong>et</strong> quiserait garant <strong>de</strong> la qualité <strong>et</strong> <strong>de</strong>la performance <strong>de</strong>s entreprisesà appréhen<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s problèmesénergétiques.Il faut passer d'une multitu<strong>de</strong><strong>de</strong> qualifications unisectoriel<strong>le</strong>s(é<strong>le</strong>ctricité, isolation, climatisation…)à <strong>de</strong>s compétencesplus vastes. Il faut que<strong>le</strong>s entreprises <strong>du</strong> bâtimentsoient capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> proposerune offre globa<strong>le</strong> avec toujoursplus <strong>de</strong> fonctions intégréespour un habitat « toutes options,clés en main ». « Nos métiersvont considérab<strong>le</strong>ment évoluer.Jusqu’ici, on était peintre,menuisier, chauffagiste. Désormais,il va falloir que l’entrepreneurait une dimension d’ensemblier», souligne ChristianBaffy, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la FFB.C'est-à-dire qu'il doit fairepreuve <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>s compétencessimultanément. Tousdoivent être impliqués, quelque soit <strong>le</strong>ur métier.Vers la création<strong>de</strong> 200 000 emploisLe Grenel<strong>le</strong> est donc une formidab<strong>le</strong>opportunité pourl'ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la filière.ZoomCôtétransportsUne éco-pastil<strong>le</strong>a été proposée pour<strong>le</strong>s voitures neuvesavec un système <strong>de</strong>bonus-malus, à l’achat,pour <strong>le</strong>s voitures vertes<strong>et</strong> pour <strong>le</strong>s plus gourman<strong>de</strong>sen énergie. Enrevanche, la limitation<strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> 10 km/hsur <strong>le</strong> réseau routier n’apas été r<strong>et</strong>enue par latab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> <strong>du</strong> Grenel<strong>le</strong><strong>de</strong> l’environnement.Une chance <strong>de</strong> se rem<strong>et</strong>tre encause, <strong>de</strong> se tourner vers l'avenir<strong>et</strong> <strong>de</strong> recruter <strong>de</strong> nouveauxbras. Selon Jean-Marie Carton,ce seraient 200 000 emploisn<strong>et</strong>s qui seraient créés. Lesecteur va donc <strong>de</strong>voir doub<strong>le</strong>rses effectifs d’ici à 2020 <strong>et</strong> embaucher100 000 personnes <strong>de</strong>plus que <strong>le</strong>s 100 000 qui <strong>le</strong> serontgrâce au rythme <strong>de</strong> créationd’emplois actuel dans lafilière dans <strong>le</strong>s cinq ans quiviennent.Il faut donc continuer à sé<strong>du</strong>ire<strong>le</strong>s jeunes, déjà largementsensibilisés aux questionsenvironnementa<strong>le</strong>s.Nous évoquerons prochainement <strong>le</strong>s conséquences<strong>du</strong> Grenel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'environnement sur<strong>le</strong>s métiers <strong>du</strong> bâtiment.6LE MONDE DES ARTISANS / JANVIER-FÉVRIER 2008
Protection socia<strong>le</strong>Des démarches simplifiéesÀ partir <strong>du</strong> 1 er janvier 2008, <strong>le</strong> RSI <strong>de</strong>vient <strong>le</strong> seul interlocuteur pour la protection socia<strong>le</strong>.Dorénavant, à partir <strong>du</strong>1 er janvier 2008, pour vosformalités <strong>et</strong> vos démarchessocia<strong>le</strong>s, un pointd’entrée unique, <strong>le</strong> Régime social<strong>de</strong>s indépendants (RSI,anciennement Ampi, Ava <strong>et</strong>Organic <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Urssaf) a été misen place pour tous <strong>le</strong>s chefsd’entreprise indépendants, artisans<strong>et</strong> commerçants.Ainsi, vous acquitterez dorénavantl’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> vos cotisationsobligatoires <strong>de</strong> Sécuritésocia<strong>le</strong> (maladie-maternité, r<strong>et</strong>raite,invalidité-décès) auprès<strong>du</strong> RSI. Le décr<strong>et</strong> est à paraîtreà l’heure où nous écrivons ceslignes. La nouveauté ? Le RSIprendra éga<strong>le</strong>ment en charge <strong>le</strong>recouvrement <strong>de</strong> vos cotisationsd’allocations familia<strong>le</strong>s <strong>et</strong>CSG-CRDS, effectué jusquelàpar <strong>le</strong>s Urssaf. Et c’est doncc<strong>et</strong> organisme qui vous verseradésormais en r<strong>et</strong>our <strong>le</strong>s prestationsvieil<strong>le</strong>sse <strong>et</strong> maladie.Exonération <strong>de</strong>s heures supplémentairesUn dispositif comp<strong>le</strong>xeL’exonération/défiscalisation <strong>de</strong>s heuressupplémentaires est entréeen vigueur <strong>le</strong> 1 er octobre.◾ P<strong>et</strong>ites entreprises : lamajoration <strong>de</strong>s 4 premièresheures supplémentaires parsemaine passe <strong>de</strong> 10 % à25 %, régime généralComme la plupart <strong>de</strong> sesconcurrents, EBP vous propose<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre à jour votrelogiciel <strong>de</strong> paie.applicab<strong>le</strong> à toutes <strong>le</strong>sentreprises.◾ Heures supplémentairesconcernées : toutes <strong>le</strong>s heureseffectuées au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 35 heurespar semaine, ou, pour <strong>le</strong>s salariésau forfait, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1 607 heures/an. Mais il est interdit <strong>de</strong>« transformer » un complément <strong>de</strong> rémunération existant (une primepar exemp<strong>le</strong>) en heures supplémentaires.◾ Salariés à temps partiel : <strong>le</strong>s heures effectuées au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<strong>du</strong>rée prévue au contrat sont aussi exonérées. Pour <strong>le</strong> salarié :<strong>le</strong>s heures effectuées dans <strong>le</strong> cadre ci-<strong>de</strong>ssus sont exonéréesd’impôt sur <strong>le</strong> revenu. Les montants perçus à ce titre <strong>de</strong>vrontdonc apparaître sur sa déclaration <strong>de</strong> revenus. En outre, <strong>le</strong>salarié ne cotise pas (sécurité socia<strong>le</strong>) sur ces heures.◾ Pour l’employeur : un abattement forfaitaire <strong>de</strong> 1,50 euro(entreprises <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 20 salariés) ou 0,50 euro (autresentreprises) par heure supplémentaire payée sera dé<strong>du</strong>it sur <strong>le</strong>bor<strong>de</strong>reau Urssaf. Attention : c<strong>et</strong> abattement ne concerne pas<strong>le</strong>s heures complémentaires <strong>de</strong>s salariés à temps partiel.Voilà pour l’essentiel. Mais la comp<strong>le</strong>xité <strong>du</strong> dispositif est tel<strong>le</strong>que nous vous conseillons, en tout état <strong>de</strong> cause, <strong>de</strong> vousrapprocher <strong>de</strong> votre conseil habituel, <strong>et</strong>, si vous utilisez unlogiciel <strong>de</strong> paie, <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une mise à jour.Les objectifsFaciliter la vie <strong>de</strong>s chefs d’entrepriseindépendants, artisans<strong>et</strong> commerçants. Simplificationadministrative, proximité,conseil personnalisé (calcul <strong>et</strong>paiement <strong>de</strong>s cotisations, ai<strong>de</strong>s<strong>et</strong> exonérations, prestations…)<strong>et</strong> accompagnement sont <strong>le</strong>smots d’ordre. Le guich<strong>et</strong> uniqueoffre un service global,comp<strong>le</strong>t <strong>et</strong> total. Tant sousl’ang<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cotisations socia<strong>le</strong>sque <strong>de</strong> la prévention <strong>et</strong> <strong>de</strong>sdroits dans <strong>le</strong>s domaines <strong>de</strong> lasanté <strong>et</strong> <strong>de</strong> la r<strong>et</strong>raite.Des échéances<strong>de</strong> paiement unifiéesLes règ<strong>le</strong>s relatives au paiement<strong>de</strong>s cotisations au régime<strong>de</strong> Sécurité socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s artisans<strong>et</strong> commerçants sont el<strong>le</strong>saussi unifiées. Vous paierezaux mêmes échéances pour lamaladie, la r<strong>et</strong>raite, <strong>le</strong>s allocationsfamilia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> la CSG-CRDS. Le chef d’entreprisepeut choisir un paiementmensuel (prélèvement <strong>le</strong> 5 ou<strong>le</strong> 20 <strong>du</strong> mois) ou trimestriel(<strong>le</strong> 5 <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> février, mai,août <strong>et</strong> novembre). En outre,vous bénéficierez d’une réponsesocia<strong>le</strong> adaptée pour vosdifficultés <strong>de</strong> paiement.« 56 % <strong>de</strong>s entreprisespensent utiliser <strong>le</strong>dispositif <strong>de</strong>s heures sup »Alain Tapie est chargéd’expliquer <strong>et</strong> promouvoir<strong>le</strong> nouveau dispositifd’exonération <strong>de</strong>s heuressupplémentaires.C’est la mission que lui aconfiée Christine Lagar<strong>de</strong>,ministre <strong>de</strong> l’Économie, <strong>de</strong>sFinances <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Emploi.Pour ce faire, il se rendranotamment dans <strong>le</strong>sdifférentes régionsfrançaises afin <strong>de</strong> présenter<strong>et</strong> d’expliquer <strong>le</strong> dispositifLa mission d’Alain Tapie :inciter <strong>le</strong>s patrons à faire unlarge usage <strong>de</strong>s heures supplémentairesdéfiscalisées.<strong>de</strong>s heuressupplémentaires auxpartenaires économiques<strong>et</strong> sociaux.« Je veux comprendrecomment cela se passe,recenser <strong>le</strong>s difficultés rencontrées, constater si <strong>le</strong> nombred’heures supplémentaires réalisées a augmenté, faire unesorte d’audit <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> la loi. Je viens chercher <strong>du</strong>ressenti <strong>et</strong> donner <strong>de</strong>s explications, sans donner <strong>de</strong>sréponses au cas par cas mais pour faire remonter <strong>le</strong>sproblèmes qui existent <strong>et</strong> envisager <strong>de</strong>s solutions. »DOMINIQUE-HENRI SIMON – MINEFE – SIRCOM7LE MONDE DES ARTISANS / JANVIER-FÉVRIER 2008