<strong>Rapport</strong> d’activité <strong>Tracfin</strong> <strong>2011</strong>La croissance du nombre de déclarations desoupçon sur les paiements en espèces (notammentflux entrants et sortants répétés sur unecourte période de temps, conversion grossescoupures contre petites coupures ou échangesde chèques contre espèces) est supérieure de19 % à l’augmentation générale des informationsreçues par le service. Elle touche de manièreéquivalente les personnes morales et lespersonnes physiques, étant relevé que parmices dernières, la plupart occupent des fonctionsde gérants d’entreprises. Les flux financiersen espèces traduisent une progression del’économie souterraine. Les opérations en espècesdéclarées sont principalement réaliséesen Île-de-France et en Provence-Alpes-Côted’Azur. Elles mettent parfois en évidence desliens avec des flux financiers en provenance ouà destination de la Suisse, la Belgique, le Maghreb,les États-Unis ou la Chine.De même, on constate que la place des pays àfiscalité privilégiée reste importante dans l’activitédéclarative des professionnels avec 2 450informations concernées en <strong>2011</strong> (+ 15 % parrapport à 2010). Ce constat quantitatif doitcependant être relativisé si l’on considère queseulement 1 % des transactions financièresinternationales passent par des pays à fiscalitéprivilégiée. Il reste néanmoins que ces payscontribuent fortement à l’opacification des circuitsfinanciers.Les opérations de marché sont traditionnellementpeu déclarées. En <strong>2011</strong>, 66 informationsont été reçues par <strong>Tracfin</strong> à ce titre. Le phénomènene relève pas d’une approche plus diversifiéedes risques par les déclarants, car on noteun recul des banques sur ce type de déclarationsau profit des entreprises d’investissementet des sociétés de gestion de portefeuille. Lessoupçons ont porté principalement dans cedomaine, sur des abus de marché (25 %) ou desopérations sur titres (10 %) avec des montantspouvant atteindre plus de 100 millions d’euros.Au regard des risques susceptibles de résulterde ce type d’opérations, il est regrettable queles opérations douteuses liées aux montagesfinanciers complexes et, notamment, les opérationsde fusion et acquisition ou de participationsen capital des entreprises, soient encoretrès peu déclarées (deux informations en <strong>2011</strong>).De même, les opérations portant sur les activitésde banque d’investissement ou de banqued’affaire sont encore trop minoritaires parmi lesinformations reçues alors qu’elles sont souventsignificatives en matière d’enjeux financiers.Il est à noter que les mouvements spéculatifsgénérés par la forte volatilité des taux d’intérêtdes dettes souveraines et qui portaient sur desobligations ou des instruments financiers plussophistiqués comme les ventes à découvertou les couvertures de défaillances n’ont donnélieu à aucune déclaration.Enfin les opérations de financement de gré àgré ou faiblement intermédiées, y compris surinternet, ne font pas l’objet de déclarations desoupçon. En plein essor, soit sous la forme demicrocrédits, soit sous la forme de prêts entreparticuliers parfois assimilables à des tontinesélargies, susceptibles d’atteindre des montantsconséquents, celles-ci devraient pourtant susciterune plus grande attention des professionnelssur l’origine et la destination des fonds ainsique sur les éventuelles infractions liées à cespratiques en termes, notamment, d’exerciceillégal de la profession de banquier.7
<strong>Rapport</strong> d’activité <strong>Tracfin</strong> <strong>2011</strong>Focus - La prise en compte de la fraude fiscale par les déclarants en <strong>2011</strong>La proportion de déclarations de soupçon portantsur de la fraude fiscale demeure en nette hausse,représentant 11,53 % de l’ensemble des déclarationsreçues (contre 8,59 % en 2010). Les 2 635 informationsréceptionnées par le service à ce titre proviennent à94 % du secteur financier. L’implication des notaireset des experts-comptables dans le dispositif dedétection de la fraude fiscale complexe se confirmetandis que les marchands de biens de grande valeuren sont désormais partie prenante.En continuité avec les tendances relevées en 2010, lessecteurs majoritairement concernés par les soupçonsde fraude fiscale sont le bâtiment, le commerce et ladistribution ainsi que l’immobilier. D’autres secteurséconomiques apparaissent également concernés telsque le sport, la culture, les spectacles, l’enseignement,l’informatique, l’environnement, la banque-assuranceet mériteraient une plus grande attention de la partdes déclarants.À l’instar de l’ensemble des déclarations, l’analysedu risque fiscal par les déclarants semble porterprincipalement sur les personnes physiques quirestent deux fois plus déclarées que les personnesmorales.Les principales typologies recensées en matière fiscalereposent sur des montages complexes destinés àopacifier des transferts de fonds avec des territoiresnon coopératifs, des flux financiers liés à des avoirsdétenus à l’étranger par des résidents français, descarrousels de TVA, de l’organisation d’insolvabilité, desactivités occultes ou dissimulées et des manipulationsd’espèces dont l’objectif est de minorer l’impôt dû(impôt sur la fortune, droits de successions).Figure n° 1Évolution depuis 2009 du nombre de déclarationsde soupçon reçues par <strong>Tracfin</strong> (vert) comportantdes soupçons de fraude fiscale (orange)30 00025 00020 00015 00010 0005 000017 31519 20822 8568221 6502 6352009 2010 <strong>2011</strong>8