Les festivals étudiés ont <strong>été</strong> créés à <strong><strong>de</strong>s</strong> moments différents <strong>de</strong> l’histoire dudéveloppement <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals. Ils représentent une succession <strong>de</strong> générationsnées <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation <strong>et</strong> du développement culturel. Lesfestivals <strong>de</strong> Pra<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Sar<strong>la</strong>t ont <strong>été</strong> créés dans les années 50, dans uncontexte d’après guerre sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bases assez proches d’humanisme, <strong>de</strong>compagnonnage <strong>et</strong> <strong>de</strong> croyance en <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> l’art <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pédagogie dans unelutte contre l’ignorance <strong>et</strong> <strong>la</strong> guerre. Les festivals d’Uzeste <strong>et</strong> <strong>de</strong> Deauvillepeuvent être considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong> représentants <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux aspects antagonistes<strong><strong>de</strong>s</strong> années 70, le premier se positionnant comme héritier <strong>de</strong> l’engagementartistique <strong>et</strong> politique <strong><strong>de</strong>s</strong> années 60, <strong>et</strong> le second se p<strong>la</strong>çant dans uneperspective <strong>de</strong> concurrence économique marqué par une volonté <strong>de</strong>développement touristique. Enfin, les <strong>de</strong>ux festivals <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90, ceux d’Uzès<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vallée <strong><strong>de</strong>s</strong> Terres B<strong>la</strong>nches sont plus concentrés dans leur conceptionautour d’un positionnement artistique très pointu <strong>et</strong> prennent davantage encompte les notions <strong>de</strong> pédagogie <strong>et</strong> d’inscription dans un territoire enparticipant à son développement.Les trois générations <strong>de</strong> festivals ont en fait reçu lors <strong>de</strong> leur conception <strong><strong>de</strong>s</strong>positionnements <strong>de</strong> plus en plus spécifiques: autout d’une discipline (théâtre <strong>et</strong>musique c<strong>la</strong>ssique), autour d’un segment <strong>de</strong> discipline (Jazz improvisé <strong>et</strong> cinémaaméricain) <strong>et</strong> pour les années 90, création d’une manifestation autour d’unthème précis <strong>et</strong> avec un dialogue pluridisciplinaire (jeune danse contemporaine<strong>et</strong> création à partir <strong>de</strong> nouvelles technologies). <strong>C<strong>et</strong>te</strong> spécialisation <strong><strong>de</strong>s</strong> festivalsest le signe d’une re<strong>la</strong>tive concurrence <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong> entre les festivals,ce qui nécessite une différenciation <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux événements créés parrapports aux manifestations existantes. Sur le p<strong>la</strong>n artistique, c<strong>et</strong>te spécialisation<strong>et</strong> <strong>la</strong> volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals <strong>de</strong> s’affirmer ouverts aux autres mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’expressionartistiques peuvent être interpr<strong>été</strong>s comme un signe d’atténuation <strong><strong>de</strong>s</strong> frontières<strong>et</strong> une plus gran<strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion entre les disciplines dans <strong>la</strong> créationcontemporaine.Les festivals nés dans les années 50 <strong>et</strong> 70 ont tenu compte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>tespécialisation grandissante <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals en étoffant leurs bases <strong>de</strong>programmation <strong>et</strong> en prenant en compte les nouvelles tendances <strong>de</strong> leurdiscipline. Ce mouvement a pu se manifester sous trois formes: une spécialisationthématique en développant autour une activité pédagogique <strong>de</strong> référence(Pra<strong><strong>de</strong>s</strong>), une volonté d’affirmer un éclectisme en <strong>la</strong>issant une p<strong>la</strong>ce auxnouvelles formes d’expression liées au thème <strong>de</strong> départ (Sar<strong>la</strong>t, Deauville) ou unenrichissement du thème <strong>de</strong> départ par l’accueil <strong>de</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’expressionsimi<strong>la</strong>ires issus <strong><strong>de</strong>s</strong> autres disciplines artistiques (Uzeste).De même les activités non artistiques, développées immédiatement par lesfestivals récents, ont <strong>été</strong> progressivement prises en compte par leurs ainés. Lesformations, les rencontres, les séminaires, les initiations, les actes engagés sontautant d’actions qui précè<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> prolongent l’acte artistique. S’il ne faut pasnégliger l’attente du public pour ces éléments <strong>de</strong> programmation qui contribuentà <strong>la</strong> convivialité <strong>de</strong> <strong>la</strong> manifestation, leur fonction est également <strong>de</strong> constituer<strong><strong>de</strong>s</strong> signaux aux autorités <strong>de</strong> tutelle, en particuliers aux collectivités locales <strong>et</strong>territoriales soucieuses, <strong>de</strong> <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong> telles manifestations à <strong>la</strong> résorption<strong>de</strong> difficultés économiques <strong>et</strong> sociales.Il semble également exister un lien entre l’organisation <strong>de</strong> manifestations nonartistiques <strong>et</strong> l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals aux réseaux <strong>de</strong> l’économie du spectacle.Les coûts <strong>de</strong> location <strong><strong>de</strong>s</strong> spectacles, <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> tournées festivalières neLa documentation Française : La Contribution <strong>de</strong> six festivals français au développement local
perm<strong>et</strong>tent pas aux festivals d’inviter les artistes à <strong>de</strong>meurer sur le lieu dufestival. Les possibilités <strong>de</strong> rencontres informelles sont limitées, tandis quel’accueil d’artistes à Sar<strong>la</strong>t ou à Pra<strong><strong>de</strong>s</strong> dans les années 50 <strong>et</strong> 60 reste dans <strong>la</strong>mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants. Une médiation est nécessaire dans <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> festivalsà <strong>la</strong> mise en présence du public <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes.La mise en p<strong>la</strong>ce d’actions toute l’année dépend <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals. Unere<strong>la</strong>tion existe ainsi entre le <strong>de</strong>gré d’implication locale au cours du festival <strong>et</strong>l’activité en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’action festivalière. De ce point <strong>de</strong> vue, le Festival <strong>de</strong> <strong>la</strong>Vallée <strong><strong>de</strong>s</strong> Terres B<strong>la</strong>nches <strong>et</strong> le Festival Uzeste Musical, ou dans une certainemesure le Festival du Cinéma Américain n’entrent pas dans ce schéma dans <strong>la</strong>mesure où une structure permanente est à l’origine du festival. La présence oul’absence d’activité toute l’année est également à m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong>richesse <strong>de</strong> l’offre culturelle permanente du territoire <strong>et</strong> son niveaud’équipement.En définitive, l’objectif affirmé <strong><strong>de</strong>s</strong> festivals étudiés est <strong>de</strong> durer, d’inscrire <strong>la</strong>manifestation dans le temps. La capacité à durer est pour un festival <strong>la</strong> preuve <strong><strong>de</strong>s</strong>a capacité à trouver un équilibre entre <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques propres <strong>et</strong> lesparamètres <strong>de</strong> son environnement. <strong>C<strong>et</strong>te</strong> affirmation du besoin <strong>de</strong> durer, <strong>de</strong>pérenniser une action prend différentes formes <strong>et</strong> nourrit <strong><strong>de</strong>s</strong> proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong><strong>la</strong>bellisation d’événements, <strong>de</strong> lieux permanents ou <strong>de</strong> concours, autant d’axes<strong>de</strong> programmation qui prennent leur sens dans <strong>la</strong> durée.La documentation Française : La Contribution <strong>de</strong> six festivals français au développement local