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mémoires de l'académie d'orléans agriculture sciences, belles ...

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16pour titre "Janus et saint Jean". L’auteur, c’est Jacques François Roger, souverain comman<strong>de</strong>ur.En 1813, Roger est avocat à la Cour <strong>de</strong> Cassation. Sa notoriété s’affirme et la mèreJavouhey, fondatrice <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>s Sœurs <strong>de</strong> Saint-Joseph <strong>de</strong> Cluny, le choisit comme conseil.Cette relation professionnelle sera bientôt bénéfique pour Roger. Mais les occupationstraditionnelles du palais <strong>de</strong> justice conviennent mal au tempérament curieux et ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Roger.Il cherche et veut une autre activité. Dans le Paris <strong>de</strong> la Restauration, où soixante logesfonctionnent, François Roger, membre éminent du rite écossais philosophique (il a 28 ans),publie une plaquette intitulée Conseils aux électeurs <strong>de</strong> 1815, qui est le reflet <strong>de</strong> la pensée politique<strong>de</strong>s bourgeois libéraux et, sans doute, la révélation <strong>de</strong> ses ambitions personnelles. Roger jettel’exclusive sur le personnel politique qui occupait la scène <strong>de</strong>puis vingt-cinq ans. Il précise :"N’introduisez donc pas dans le Corps Législatif d’anciens émigrés, quelque bons français qu’ilssoient d’ailleurs... Évitez avec autant <strong>de</strong> soin les personnes, même les plus recommandables, quiont déjà figuré dans la Révolution, soit comme républicains, soit comme impérialistes outrés". EtRoger poursuit : "Il faut à la France <strong>de</strong>s représentants tout neufs, qui paraissent vierges sur lascène du théâtre politique". Il estime que la représentation nationale n’est pas une récompensedue aux fonctionnaires publics et aux militaires. Et cependant, rien ne se passe pour lui en 1815.Mais il sera député du Loiret <strong>de</strong> 1831 à 1849.Revenons à 1815. Un élan vers les choses extraordinaires le pousse à quitter sa patrie. Àtrois reprises, il sollicite un emploi aux colonies. Dès le retour <strong>de</strong>s Bourbons, en 1815, Rogeressaie <strong>de</strong> se faire nommer directeur <strong>de</strong>s domaines. En 1818, il postule pour le poste <strong>de</strong> procureurgénéral à l’île Bourbon. En 1819, il est candidat au poste <strong>de</strong> procureur du roi au Sénégal. Iléchoue les trois fois, peut-être parce qu’il est soupçonné d’avoir <strong>de</strong>s opinions politiquesavancées, influencées par Jean-Jacques Rousseau, et teintées <strong>de</strong> républicanisme.En juin 1819, sans doute grâce à l’appui <strong>de</strong> la mère Javouhey, le ministre <strong>de</strong> la Marineconfie à Roger la direction <strong>de</strong> l’habitation que le roi Louis XVIII venait <strong>de</strong> créer au Sénégal surles fonds <strong>de</strong> sa liste civile. La colonie du Sénégal, au moment où Roger va débarquer, se limite àl’île <strong>de</strong> Gorée, à la ville <strong>de</strong> Saint-Louis et ses abords immédiats et à quelques comptoirs fortifiéssur le fleuve Sénégal. La France s’est installée sur la côte d’Afrique au XVII e siècle et Saint-Louis aété fondée en 1650.Depuis, elle a exercé <strong>de</strong>s activités commerciales à Saint-Louis et sur le fleuve, la traite <strong>de</strong>snoirs à Saint-Louis et à Gorée. Cependant, il faut payer <strong>de</strong>s tributs aux souverains locaux, mêmeà Saint-Louis au roitelet <strong>de</strong> Sor. Saint-Louis a été prise par les Anglais à plusieurs reprises et, pourla <strong>de</strong>rnière fois, en juillet 1809, lorsque les mers furent pratiquement interdites aux vaisseaux <strong>de</strong>Napoléon I er . Le traité <strong>de</strong> Paris, à la chute <strong>de</strong> l’Empire, rendit à la France les quelquespossessions coloniales qui lui appartenaient le 1 er janvier 1792, et notamment tous lesétablissements <strong>de</strong> la côte occi<strong>de</strong>ntale d’Afrique.Au Sénégal, le retour du drapeau français fut lent. Les Anglais manquaientd’empressement à quitter les lieux et la France tardait à y revenir. Le gouverneur Schmaltz,désigné pour administrer les possessions du Sénégal, s’embarque sur le bateau La Méduse le 17juin 1816 et, s’il peut prendre place sur un canot et échapper au naufrage, son arrivée à Gorée futdifficile et son entrée à Saint-Louis n’intervient qu’en janvier 1817. Il constate que l’abolition <strong>de</strong>la traite <strong>de</strong>s noirs et la lutte contre les bateaux négriers affectent les négociants sénégalais et leschefs noirs et les privent <strong>de</strong> leurs ressources. Le commerce se fait toute l’année sur le bas fleuve :sel, peaux <strong>de</strong> bœuf. La gran<strong>de</strong> traite, impliquant la remontée du fleuve Sénégal, n’est possible que<strong>de</strong> juin à décembre. Elle porte sur la gomme, le morfil c'est-à-dire l’ivoire <strong>de</strong>s défenses brutesd’éléphant, l’or du Bambouk.Les instructions données à Schmaltz préconisaient l’exploitation <strong>de</strong>s ressources localesavec la participation <strong>de</strong> la population. Il <strong>de</strong>vait renouer les relations avec les princesenvironnants, obtenir <strong>de</strong>s concessions territoriales pour <strong>de</strong>s colons européens, élargir lesproductions agricoles. En bref, il fallait faire du Sénégal une colonie d’exploitation.Académie d'Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts VI e Série- Tome 18 - 2008

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