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mémoires de l'académie d'orléans agriculture sciences, belles ...

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32Je ne vais vous parler aujourd’hui ni d’un cardinal chef d’état, ni d’un autre qui fut sansdoute l’amant <strong>de</strong> sa souveraine, ni d’un troisième qui acheta un collier à la sienne. Celui-ci avaitpourtant <strong>de</strong>ux amours, Louis XIV et Orléans. Ceci vaut bien une communication sans doute, carsi les Orléanais d’alors lui rendirent toute son affection, leurs <strong>de</strong>scendants m’ont semblé l’avoirbien oublié, comme d’ailleurs l’historiographie nationale.S’agissant d’un évêque d’Ancien Régime, je crois <strong>de</strong>voir rappeler, même <strong>de</strong>vant cettedocte compagnie, l’importance particulièrement large <strong>de</strong>s responsabilités épiscopales <strong>de</strong> cetemps.Un évêque d’Ancien RégimeNommé par le roi que le pape suivait ordinairement en envoyant <strong>de</strong>s "bulles"<strong>de</strong>confirmation, l’évêque était alors investi d’un rôle séculier qu’il a perdu à la Révolution. Ildétenait la responsabilité <strong>de</strong> tout l’état-civil recueilli dans les registres paroissiaux dont il <strong>de</strong>vaitsurveiller la tenue, car un non baptisé, par exemple, n’avait pas d’existence légale. L’évêque <strong>de</strong>vaitgar<strong>de</strong>r un contact constant avec les curés qui, au prône, servaient <strong>de</strong> relais commo<strong>de</strong> entrel’autorité royale et les sujets, puisque l’église était le seul endroit où l’on était sûr <strong>de</strong> trouver toutle mon<strong>de</strong> à jour fixe. Par ailleurs, ledit évêque, en cas grave, prêtait main-forte à la justice civilepar <strong>de</strong>s monitoires qui faisaient aux paroissiens un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> dénoncer lescriminels en fuite. Il avait aussi la haute main sur les établissements d’assistance, opérait unevisite canonique dans les paroisses et couvents <strong>de</strong> son diocèse, où tout <strong>de</strong>vait être passé enrevue, tant sur le plan matériel que spirituel.Le diocèse d’Orléans d’Ancien Régime (voir la carte page suivante) différait <strong>de</strong> l’actuelLoiret et en nature et en disposition. En 1665, il ne comportait ni le Giennois, relevantd’Auxerre, ni le Montargois relevant <strong>de</strong> Sens. Mais il s’étendait sur le Blésois, qui lui fut enlevé en1693, et comprenait la Sologne du Loir-et-Cher jusqu’à Romorantin, la secon<strong>de</strong> ville enimportance après Orléans. Il incluait à l’ouest la petite Beauce, au nord une partie <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>jusqu’à Artenay, s’étendait sur la forêt d’Orléans, sur les agglomérations <strong>de</strong> Sully et <strong>de</strong> Jargeau, etsur une partie <strong>de</strong> la Sologne du Loiret. Étendue moyenne par rapport à d’autres diocèses,revenus également moyens dont on ne connaît pas les chiffres exacts, les intendants d’Orléans neles ayant jamais indiqués. On peut les évaluer à 50 000 livres, en raison du fait que la ville <strong>de</strong>Pithiviers entrait dans la mense épiscopale <strong>de</strong>puis les temps mérovingiens, par un don d’Héloïse<strong>de</strong> Champagne. 2 À titre personnel cette fois, l’évêque était propriétaire séculier <strong>de</strong> la seigneurie <strong>de</strong>Meung. Sur le plan épiscopal, il disposait d’une justice particulière, avec ses prisons propres,d’une administration diocésaine importante, d’un secrétariat particulier et d’un service quidélivrait <strong>de</strong>s attestations <strong>de</strong> baptême et <strong>de</strong> mariage. L’attribution d’un bénéfice épiscopalrevenait généralement au premier ca<strong>de</strong>t <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s familles. Sur ce point, la nomination <strong>de</strong>Pierre du Cambout <strong>de</strong> Coislin ne dérogeait pas aux habitu<strong>de</strong>s.La nouvelle en vint à Orléans le 20 avril 1665, au décès du prédécesseur, Alphonsed’Elbène, et elle fit sensation. Jamais la ville ne s’était vue dotée d’un prélat <strong>de</strong> cette qualité. Ilétait premier aumônier du roi, petit-fils du chancelier Séguier, et neveu à la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bretagne ducardinal <strong>de</strong> Richelieu. Né au Louvre, où son père occupait la plus prestigieuse <strong>de</strong>s chargesmilitaires, celle <strong>de</strong> colonel général <strong>de</strong>s Suisses et <strong>de</strong>s Grisons, Pierre avait été le compagnon <strong>de</strong>jeu <strong>de</strong> Louis XIV, au moment où, quelques jours après le décès du roi son père, en mai 1638, onlui constituait une sorte <strong>de</strong> maison, et particulièrement une cohorte nommée "les enfantsd’honneur" 3 . N’y était admise que la fleur <strong>de</strong> la noblesse <strong>de</strong> cet âge. Le roi avait 5 ans, Pierre <strong>de</strong>Coislin 7, étant né en 1636. Les Du Cambout <strong>de</strong> Coislin (nom d’une terre située dans l’actuelarrondissement <strong>de</strong> Saint-Nazaire, canton <strong>de</strong> Savenay) comptaient, <strong>de</strong> mâle en mâle et d’aîné enaîné, quatorze générations consécutives <strong>de</strong> noblesse militaire et <strong>de</strong> sang versé au service <strong>de</strong>s ducs<strong>de</strong> Bretagne, puis <strong>de</strong>s rois <strong>de</strong> France. Ils passèrent sans interruption <strong>de</strong>s faveurs <strong>de</strong> Louis XII à2 A. Patron, Recherches historiques <strong>de</strong> l’Orléanais, vol. II, p. 235-236, reprint Comedit, 1991, introd. C. Poitou.3 Louis <strong>de</strong> Loménie <strong>de</strong> Brienne, Mémoires, in Les Français par eux-mêmes, le siècle <strong>de</strong> Louis XIV, anthologiepar A. Ni<strong>de</strong>rst, Laffont, Bouquinq, 1997, p. 6 et sp.Académie d'Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts VI e Série- Tome 18 - 2008

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