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mémoires de l'académie d'orléans agriculture sciences, belles ...

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42présent : il est nécessaire que nous fassions voir, par la sainteté <strong>de</strong> nos mœurs, que notrevie s’accor<strong>de</strong> pleinement avec la foi que nous professons. 32Lorsque les dragons se présentèrent aux portes d’Orléans pour se précipiter sur leshabitations désignées, ils se trouvèrent face l’évêque qui les invita fermement à se diriger sur sonpalais épiscopal, officiers, soldats et chevaux. Il logea et nourrit largement tout le mon<strong>de</strong> pendantun mois, et interdit à ces militaires, malgré les ordres, "qu’on dise un mot aux protestants, qu’onfit du mal à quiconque <strong>de</strong> cette religion". "Il voulut être obéi, et il le fut" conclut Saint-Simonaprès avoir narré cet épiso<strong>de</strong> célèbre, attesté par d’autres sources. Le mois écoulé, les soldatsquittèrent le diocèse. "Il fallait bien du courage, ajoute le mémorialiste, pour blâmer, ne fût-cequ’en silence, ce qui se faisait ailleurs, et que le roi affectionnait si fort." 33Les abjurations <strong>de</strong> faça<strong>de</strong>, faites sous l’empire <strong>de</strong> la peur, se multiplièrent, et le roi ne futpas dupe ; il donna l’ordre d’envoyer <strong>de</strong>s religieux convertisseurs, Sulpiciens et Lazaristes, enquantité d’endroits du royaume. Monsieur d’Orléans était alors à Versailles. Aussitôt quel’information lui fut communiquée, il prévint la mesure royale, et fit partir d’Orléans seschanoines les plus éclairés et les plus ouverts, en avertissant les curés concernés <strong>de</strong> ne recevoirpersonne d’autre qu’eux. Ces <strong>de</strong>rniers étaient chargés d’organiser <strong>de</strong>s réunions, où sanscontroverse rhétorique, les uns les autres s’expliqueraient. Les convertisseurs royaux n’osèrents’aventurer dans le diocèse d’Orléans. Il y eut en effet <strong>de</strong>s conversions, mais elles furent sincèreset progressives, et lui-même, dès son retour sillonna son diocèse pour participer au dialogue.L’évêque ne put éviter que le nouvel intendant, Jean <strong>de</strong> Creil, connu par ailleurs pour son zèlefurieux, ne procè<strong>de</strong> à l’inventaire <strong>de</strong>s biens du consistoire et à la saisie <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> tous lesministres ayant refusé <strong>de</strong> se convertir. Au moins était-il satisfait <strong>de</strong> n’avoir fait pression suraucune conscience, ce dont on lui sut un gré infini.L’attachement <strong>de</strong>s Orléanais à leur prélat s’expliquerait déjà amplement, si l’on négligeait<strong>de</strong> mentionner l’immensité <strong>de</strong> sa générosité individuelle. Déjà connue <strong>de</strong> son vivant parquelques-uns, elle ne se révélera cependant qu’à sa mort, tant il exigeait le silence sur ce point, sesdomestiques étant tenus au secret le plus absolu. À la cour, l’on savait sa compassion particulièrepour les "pauvres honteux", c’est-à-dire la noblesse ruinée, qui cachait sa misère, et était exclue<strong>de</strong> son milieu. On ne connaît que par le bénéficiaire l’histoire <strong>de</strong> la "forte pièce d’argent" qui luifut dérobée par un gentilhomme pauvre, son commensal, qui s’enfuit après son larcin. Il fut pris,et, ramené à l’évêché, le cardinal ne fit que lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r avec tristesse pourquoi il lui avait cachéson état, car il y aurait porté remè<strong>de</strong>. Puis, il le fit rasseoir à sa table, et lorsque ce <strong>de</strong>rnier quittales lieux, il lui mit en mains une bourse pleine d’or, avec interdiction <strong>de</strong> dire un mot àquiconque.En revanche les charités publiques sont mieux connues. Indépendamment <strong>de</strong>s multiplesdémarches qu’il fit auprès <strong>de</strong>s ministres et parlementaires pour faire avancer <strong>de</strong>s affaires privées,la ville d’Orléans lui dut <strong>de</strong>s services sans prix. Sur la nouvelle que <strong>de</strong>s loups s’étaient attaqués à<strong>de</strong>s adultes et à <strong>de</strong>s enfants à <strong>de</strong>mi-dévorés, il se précipita à la cour pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au GrandDauphin <strong>de</strong> lui prêter l’équipage spécialisé dont il usait pour ses loisirs. Il obtint aussitôtsatisfaction, revint avec cette escorte, qui fit reculer le danger loin dans la forêt d’Orléans 34 . À lafin du siècle, lorsque les guerres eurent épuisé le trésor royal, et qu’on fit payer l’entretien <strong>de</strong>stroupes aux villes, les Orléanais, par l’intermédiaire <strong>de</strong> leur évêque, purent faire valoirl’exemption <strong>de</strong> logement <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> guerre "pour services rendus", dont ils jouissaient <strong>de</strong>puisCharles VII, avec confirmation par Henri IV. Puis arrivèrent, par vagues successives, lescontributions exceptionnelles <strong>de</strong>mandées à la ville, considérée, non sans raison, comme fortriche. La <strong>de</strong>rnière et plus élevée <strong>de</strong> celles-ci atteignit le chiffre prodigieux <strong>de</strong> 605 250 livres. Iciencore, Monsieur d’Orléans alla trouver le Contrôleur général, obtint un échelonnement, et versalui-même sur-le-champ les premiers acomptes exigés. 35 Ses aumônes aussi constantes que32 AD Loiret Affiches.33 Saint-Simon, éd. citée, t. II, p. 679-680.34 P. Guillaume, op. cit II. p. 39.35 Lottin, op. cit, p. 245 et Oraison funèbre du cardinal <strong>de</strong> Coislin par Jacques Alleaume. Étails : M. Cuénin, op.cit. p. 163.Académie d'Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts VI e Série- Tome 18 - 2008

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