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mémoires de l'académie d'orléans agriculture sciences, belles ...

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7UN CENTENAIRE MÉCONNU : "VIE DE JEANNE D’ARC "PAR ANATOLE FRANCE 1Jacques-Henri BauchyLa Gran<strong>de</strong> Bibliothèque <strong>de</strong> France possè<strong>de</strong>, légués par Eugène Richternberger, quelquesfragments manuscrits <strong>de</strong> la Vie <strong>de</strong> Jeanne d’Arc avec cet envoi passablement désenchanté : "Si celivre avait été plus légèrement fait, il aurait été plus goûté. Je le confie aux amis <strong>de</strong> la vérité". Or,ces amis, à mon sentiment, <strong>de</strong>meurent nombreux, en cette année 2008 où nous célébrons lecentième anniversaire <strong>de</strong> la première publication <strong>de</strong> la Jeanne d’Arc <strong>de</strong> Monsieur France. Letome I paraît le 5 février 1908, et le II le 25 mars 1908.Reprenant, à un <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong> distance, la tentative d’un <strong>de</strong> ses maîtres spirituels, Renan,dans sa Vie <strong>de</strong> Jésus, France essaie <strong>de</strong> réduire au maximum, sinon <strong>de</strong> supprimer, la part dusurnaturel dans la merveilleuse et tragique histoire <strong>de</strong> la "Pucelle d’Orléans", ce qu’il fait toujourscependant, et j'y insiste, avec une rigoureuse honnêteté intellectuelle.Ses sources régionales surabon<strong>de</strong>nt (I, p. 31, note 2) : Lottin, Boucher <strong>de</strong> Molandon,Loiseleur, Louis Jarry et même les Mémoires <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Sainte-Croix. Mais l’auteur citeaussi les En<strong>de</strong>ntures <strong>de</strong> l’administration anglaise. France ajoute, je cite : "Ce qui ressort surtout <strong>de</strong>stextes, c’est qu’elle fut une sainte. Elle fut une sainte avec tous les attributs <strong>de</strong> la sainteté au XV esiècle. Elle eut <strong>de</strong>s visions, et ces visions ne furent ni feintes ni contrefaites ; elle crut réellemententendre <strong>de</strong>s voix qui lui parlaient et ne sortaient pas d’une bouche humaine. Ces voixl’entretenaient le plus souvent d’une façon distincte et intelligible pour elle. C’était dans les boisqu’elle les entendait le mieux, ou quand sonnaient les cloches" (p. 33). L’auteur <strong>de</strong>s Bergeret,pourtant, précise plus loin (p. 39) : "Ce qu’on attendait <strong>de</strong> la science en 1871, on l’attendait <strong>de</strong> lareligion en 1428, <strong>de</strong> sorte que le Bâtard d’Orléans put songer à employer Jeanne aussinaturellement que Gambetta pensa à recourir aux connaissances techniques <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Freycinet".Quant à Voltaire, ajoute l’auteur, si l’on déplore les mauvais vers <strong>de</strong> La Pucelle, péché <strong>de</strong> jeunesse,il convient <strong>de</strong> signaler aussi l’Essai sur les mœurs, au chapitre 80, œuvre <strong>de</strong> maturité où cet auteur,fustigeant les juges <strong>de</strong> Rouen, ajoute : "Ils firent mourir par le feu celle qui, ayant sauvé son Roi,aurait eu <strong>de</strong>s autels dans les temps héroïques où les hommes en élevaient à leurs libérateurs.Charles VII rétablit <strong>de</strong>puis sa mémoire, assez honorée par son supplice même ".Pour préparer son livre, Anatole France visita longuement l’Orléanais : "J’ai visitéstudieusement les villes, les champs où se sont accomplis les évènements que je me proposais <strong>de</strong>raconter (…) J'ai parcouru les bords illustres et récents <strong>de</strong> la Loire, la Beauce aux vastes horizonsque les nuages bor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> montagnes neigeuses " (p. 66).Après un premier chapitre évoquant l’enfance <strong>de</strong> Jeanne, et avant qu’elle atteigne"environ treize ans", fidèle au procès <strong>de</strong> condamnation (I, p. 52 à 170), France évoque "les voix"(chapitre II). Tout d’abord celle <strong>de</strong> saint Michel : "Elle ne pouvait s’y tromper, le connaissantbien : c’était le patron du duché <strong>de</strong> Bar", dit l’auteur, qui évoque ensuite sainte Catherine dont ilsouligne la "protection spéciale <strong>de</strong>s jeunes filles" et sainte Marguerite, innocente victime <strong>de</strong>l’abominable Olibrius, bienheureuses figures familières aux paroissiens <strong>de</strong> Domremy. Un telpatronage pré<strong>de</strong>stinait Jeanne à s’intéresser au lamentable sort du royaume <strong>de</strong> France.1 Séance du 29 mai 2008.Académie d'Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts VI e Série- Tome 18 - 2008

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