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mémoires de l'académie d'orléans agriculture sciences, belles ...

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21établissements appartenant au gouvernement. Malheureusement, il y avait <strong>de</strong> la frau<strong>de</strong>. Raffenel,qui réalisa une mission à l’intérieur du Sénégal, rapporte, dans le compte rendu <strong>de</strong> son voyage, cequ’il a appris à ce sujet : "Lorsque la visite <strong>de</strong> l’inspecteur était annoncée, les chefs <strong>de</strong> culturefaisaient ficher en terre, pendant la nuit, <strong>de</strong>s branches <strong>de</strong> cotonnier et d’indigotier et, à la faveur<strong>de</strong> cette grosse supercherie, le nombre <strong>de</strong>s plants, s’accroissant facilement dans une proportionindéfinie, non seulement donnait droit à <strong>de</strong>s primes d’un prix élevé, mais encore entraînait à fairesur la prospérité <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong>s rapports inexacts qui entretenaient une erreur déplorable. Lafrau<strong>de</strong> ne s’arrêtait pas là : elle spéculait aussi sur les travailleurs pour percevoir <strong>de</strong>s subventionsindues. On trompait les inspecteurs sur le nombre <strong>de</strong>s ouvriers en faisant répondre à l’appel <strong>de</strong>shommes qui n’étaient pas occupés à la culture." Roger abandonne les primes à la plantation etadopte les primes à l’exportation. Les chiffres en ce domaine sont peu encourageants : pour lecoton six tonnes, sept en 1822 ; six tonnes <strong>de</strong>ux en 1823 ; vingt-et-une tonnes sept en 1824 ;quatorze tonnes huit en 1825. Il n’y a aucune exportation pour l’indigo.En 1826, la somme allouée pourles récompenses agricoles n’atteint queles 2/5 èmes du crédit prévu au budget.En quatre ans, les dépenses <strong>de</strong>colonisation se sont élevées à 1 250 000francs, mais les recettes n’atteignirentque 138 000 francs. Le gouverneurRoger était surnommé, dans certainsmilieux, "Le grand primivore"». Rogerfit construire près du jardin d’essai <strong>de</strong>Richard-Toll une gentilhommière à lafaçon du XVIII e siècle finissant. On a ditqu’elle était sa garçonnière et qu’il yorganisa <strong>de</strong>s parties fines. Ce châteauRési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Roger à Richard -Tollfut habité par Faidherbe, gouverneur duSénégal à <strong>de</strong>ux reprises <strong>de</strong> 1854 à 1861et <strong>de</strong> 1863 à 1865. Il fut ensuite transformé en monastère, puis en école. Il abrite aujourd’hui unmusée, dit du baron Roger, visité par les touristes. Il est en assez mauvais état. La forêt quil’entoure a été classée et reconnue aire du patrimoine culturel par l’Unesco.Si les instructions ministérielles prescrivaient à Roger <strong>de</strong> faire du Sénégal une terre <strong>de</strong>colonisation et <strong>de</strong> mettre au premier plan <strong>de</strong> sa mission le développement <strong>de</strong> l’<strong>agriculture</strong>, il<strong>de</strong>vait néanmoins se préoccuper <strong>de</strong> l’activité commerciale. Roger voulut mo<strong>de</strong>rniser la traite <strong>de</strong> lagomme, dont il écrit, dans une dépêche au ministre du 6 septembre 1822, qu’elle est "la seuleressource qui reste à ce malheureux pays, tant que les cultures ne fourniront pas <strong>de</strong> nouveauxobjets d’exportation". Il tente d’établir un règlement sur le commerce <strong>de</strong> la gomme oùs’affrontent d’une part les Maures Darmenkours et les Maures Trarza près <strong>de</strong> l’estuaire duSénégal, les Maures Brakna du côté <strong>de</strong> Podor, les Maures Douîch en amont et jusqu’à Bakel,d’autre part les commerçants. La concurrence est gran<strong>de</strong> entre les négociants travaillant pour lesmaisons <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, pourvus <strong>de</strong> capitaux et <strong>de</strong> marchandises <strong>de</strong> pacotille et les traitants, saintlouisiensayant <strong>de</strong>s ressources moindres et <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> main. Roger veutdéfendre les Saint-Louisiens et trouver un équilibre entre les acheteurs. Il n’y est jamais vraimentparvenu. Les dates d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong> la traite ne sont pas respectées. Les escalesautorisées sont le Terrier rouge pour les Darmenkours, le Désert pour les Trarza, le Coq pour lesBrakna. En 1826, le baron Roger accepte le retour à une pleine liberté, mais uniquement dans lesescales. Encore cela reste-t-il théorique, car le fleuve n’était pas vraiment libre et les Mauresétaient maîtres <strong>de</strong> la situation.Roger doit protéger les cultures qu’il tente <strong>de</strong> développer et, pour ce faire, il est contraint<strong>de</strong> se préoccuper <strong>de</strong>s rivalités entre les Maures Trarza et les Maures Brakna. Le roi <strong>de</strong>s Brakna,Amar, est acquis aux Anglais et il s’oppose aux commerçants <strong>de</strong> Saint-Louis et au brak (roi) duOualo. En 1822, un nouveau chef, Amadou Kouri, est élu à la tête <strong>de</strong>s Trarza et il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>l’alliance au gouverneur du Sénégal. Roger, dans le même temps cherche un rapprochement avecAcadémie d'Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts VI e Série- Tome 18 - 2008

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