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seconde partie du rapport - Institut de la Méditerranée

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UN AUTRE MUR CONSTRUIT AU CŒUR DELA VILLE MIXTE DE LOD,EN BANLIEUE DETEL-AVIV, A FAIT DU QUARTIER ARABE UNGHETTOLa ville <strong>de</strong> Lod est l’une <strong>de</strong>s plus pauvres <strong>du</strong> pays. Lamunicipalité affiche un déficit <strong>de</strong> 40 millions d’euros. Unsondage récent montrait que 60 % <strong>de</strong>s habitants juifs <strong>de</strong><strong>la</strong> ville se disaient prêts à quitter Lod s’ils en avaient lesmoyens. La popu<strong>la</strong>tion juive, composée pour une bonnepart d’immigrants russes et éthiopiens, subit <strong>de</strong> pleinfouet <strong>la</strong> crise économique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années. Parricochet, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion arabe, traditionnellement plusdémunie, se paupérise. Répartis dans cinq quartiers,dont <strong>la</strong> « vieille ville », démantibulée dans les années1970 et 1980 par une politique d’urbanisation sauvage,les Arabes <strong>de</strong> Lod ressentent, davantage encore que lesArabes israéliens <strong>de</strong>s autres villes mixtes, unediscrimination soulignée par toutes les statistiques.Ce phénomène <strong>de</strong> ghettoïsation s’est renforcé, il ya quelques mois, avec le chantier <strong>du</strong> «mur <strong>de</strong> Lod» ets’est accéléré en mai, lorsque sont apparus, à l’entréeet à <strong>la</strong> sortie <strong>du</strong> quartier stigmatisé <strong>de</strong> Shanir, <strong>de</strong>uxcheck-points. Depuis lors, trois policiers installés <strong>de</strong>rrièreune table sous un parasol surveillent 24 heures sur 24les allées et venues <strong>de</strong>s habitants. Ils contrôlent lespapiers d’i<strong>de</strong>ntité, exigent <strong>de</strong>s automobilistes les raisons<strong>de</strong> leur visite sur p<strong>la</strong>ce et relèvent le numérod’immatricu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> véhicule. On est loin <strong>de</strong> <strong>la</strong>sophistication <strong>de</strong> <strong>la</strong> « clôture <strong>de</strong> sécurité » qui barre lepassage entre Israël et <strong>la</strong> Cisjordanie, mais l’impression<strong>de</strong> quitter un mon<strong>de</strong> pour un autre est <strong>la</strong> même.Car Shanir a beau abriter quelque 3 000 citoyensisraéliens, l’endroit s’apparente davantage à une«réserve» qu’à un véritable quartier. Ici, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>sannées, les constructions ont poussé en toute illégalité,faute <strong>de</strong> terrains disponibles pour les Arabes.Régulièrement, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions sont ordonnées; en2003, quinze maisons ont été rasées.Les services municipaux n’y procurent ni ramassage<strong>de</strong>s or<strong>du</strong>res ni transports publics. À tous les coins <strong>de</strong>rue, <strong>de</strong>s tas d’immondices brûlent à petit feu. Leshabitants ont payé <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>niers l’asphalte <strong>de</strong> <strong>la</strong> seuleroute carrossable <strong>du</strong> quartier. Un <strong>la</strong>byrinthe <strong>de</strong> filsélectriques apporte le courant d’on ne sait où. Desassociations ont dû remuer ciel et terre pour que lechemin <strong>de</strong> terre, qui mène à l’unique crèche <strong>du</strong> quartier,soit recouvert <strong>de</strong> cailloux.Officiellement, le dispositif policier a été mis enp<strong>la</strong>ce autour <strong>de</strong> ce quartier dé<strong>la</strong>bré pour lutter contre letrafic <strong>de</strong> drogue, principale source <strong>de</strong> revenus pournombre <strong>de</strong> jeunes au chômage. «Comme dans tous lesquartiers défavorisés <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, le trafic <strong>de</strong> drogue a faitflorès ici», reconnaît Maha Al-Nakib. Pour appuyer sesdires, <strong>la</strong> jeune travailleuse sociale montre <strong>de</strong>s flèchespeintes en rouge et en vert sur les murs <strong>de</strong> Shanir : les«p<strong>la</strong>nques» <strong>de</strong>s trafiquants. «Depuis l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>scheck-points, les ven<strong>de</strong>urs se sont installés dans unautre endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, mais les problèmes <strong>de</strong>meurent.Ces quartiers ont besoin d’une vraie politique sociale;au lieu <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, il leur manque <strong>de</strong>s centres sociaux, <strong>de</strong>scrèches, <strong>de</strong>s écoles et <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces dans l’unique lycéearabe <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville». Il y a un an, une école a quand mêmeété inaugurée dans l’un <strong>de</strong>s quartiers arabes voisins <strong>de</strong>Shanir; un poste <strong>de</strong> police s’est installé dans les locauxinitialement prévus pour <strong>la</strong> bibliothèque. Sollicité, le maire(Likoud) <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, n’a pas souhaité s’exprimer sur sapolitique.Aref Mohareb, l’un <strong>de</strong>s trois conseillers municipauxarabes sur les 19 que compte <strong>la</strong> ville, regrette, pour sapart, «l’abandon» dans lequel ses concitoyens arabessont tenus. «D’année en année, <strong>la</strong> discrimination est <strong>de</strong>plus en plus patente, car à Lod <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion arabeaugmente et les juifs pensent que nous mettons <strong>la</strong> villeen danger. D’une manière ou d’une autre, ilssouhaiteraient nous voir partir». Un projet <strong>de</strong>«rejudaïsation» <strong>de</strong> Lod, défen<strong>du</strong>, notamment, par <strong>de</strong>scolons <strong>de</strong> Cisjordanie, prévoit <strong>de</strong> créer un quartier juifen plein cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille ville, en y amenant 150 familles.»LE MONDE – 21 avril 200490LES VILLESMEDITERRANÉENNESDIX ANS APRESBARCELONE

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