groupe de recherche sur le système nerveux central - GRSNC

Plus on grimace, plus ça fait mal?27 octobre 2008Miriam Kunz étudie la relation entre l’expression faciale et les circuitsneuronaux de la douleurLes personnes dont l’expression faciale de la douleur est plus intense ne tombentpas dans l’exagération si l’on contrôle leur perception sensorielle d’une stimulationdouloureuse.C’est ce que Miriam Kunz a constaté au coursd’une expérience menée auprès de 20 femmes et20 hommes âgés de 18 à 30 ans chez qui elle ainduit une douleur à l’aide d’un dispositif émettantune chaleur à des degrés variables sur l’une deleurs jambes. Pendant ce test, la chercheuse, quiavait demandé aux sujets d’appuyer sur un boutonlorsque la chaleur deviendrait «modérémentdouloureuse», a filmé leurs réactions au moyend’une caméra vidéo.«C’est clair, dit Miriam Kunz, qui effectue unpostdoctorat à l’Institut universitaire de gériatriede Montréal et au Département de stomatologiede la Faculté de médecine dentaire. Les individusqui réagissent habituellement par des expressionsMiriam Kunzfaciales éloquentes ressentent effectivement plusde douleur si l’on se fie à des mesures verbales quantitatives indépendantes del’expérience de la douleur.» Par contre, leur tolérance à la douleur est moindre,comme le confirment les tests de sensibilité thermale de la chercheuse. «Tous lessujets dont l’expression faciale de la douleur est intense ont estimé que lasensation était “modérément douloureuse” entre 45 et 47 ºC alors que, pour lesautres, elle l’était à une intensité plus élevée.»De l’avis de la psychologue, il est faux de croire que ces personnes exagèrent etdramatisent leurs malaises puisqu’elles ne manifestent pas d’expressions faciales«stéréotypées» en tout temps. Moins aptes à mettre leur douleur en contexte, cesindividus éprouveraient aussi plus de difficultés à s’en détacher. Mais, s’ils fontdavantage de grimaces, c’est qu’ils ont probablement plus mal, selon Miriam Kunz.«Ces hommes et ces femmes semblent avoir une plus grande sensibilité à ladouleur», indique la chercheuse. Les résultats de sa recherche, qui fait partied’une étude plus vaste sur la relation entre l’expression faciale et les circuitsneuronaux de la douleur, ont été publiés récemment dans la prestigieuse revuescientifique Pain.Outre Mme Kunz, un autre chercheur de l’UdeM, le professeur Pierre Rainville, duDépartement de stomatologie, a signé l’article. Sont également au nombre dessignataires Camille Chantelle, de l’Université libre de Bruxelles, et StefanLautenbacher, de l’Université Otto-Friedrich, à Bamberg, en Allemagne.Page 112