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bulletin de la societe d'etude des sciences naturelles d'elbeuf 2009

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S.E.S.N.E Bulletin <strong>2009</strong><br />

La pierre <strong>de</strong> Caen, un calcaire commercial.<br />

Le terme <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> Caen est avant tout un produit commercial qui a regroupé plusieurs<br />

types <strong>de</strong> calcaires du bathonien normand, exploités et commercialisés dans les p<strong>la</strong>ines <strong>de</strong><br />

Caen, <strong>de</strong> Fa<strong>la</strong>ise et du Bessin. A <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> médiévale, <strong>la</strong> première heure <strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> cette<br />

pierre norman<strong>de</strong> sonne avec <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s grands édifices religieux et ducaux, sous<br />

Guil<strong>la</strong>ume le Conquérant (1027-1087) (Dugué, 2003). Elle est alors utilisée dans toutes les<br />

constructions en pierre accompagnant le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>venue capitale d'un<br />

duché normand florissant. À <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> sa conquête <strong>de</strong> l'Angleterre, <strong>la</strong> pierre norman<strong>de</strong> sera<br />

également exportée, souvent déjà travaillée et sculptée, afin <strong>de</strong> réduire le coût du transport.<br />

Elle se retrouve employée dans les constructions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour <strong>de</strong> Londres, <strong>de</strong>s cathédrales <strong>de</strong><br />

Westminster et <strong>de</strong> Canterbury, dans les châteaux <strong>de</strong> Rochester, <strong>de</strong> Chichester et d'Oxford.<br />

Malgré quelques vicissitu<strong>de</strong>s, l'exportation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre <strong>de</strong> Caen se poursuivra ensuite vers<br />

l'Angleterre. Sur le déclin à partir du XVI e siècle, sans doute à cause <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> transport trop<br />

élevés, <strong>la</strong> vente à l'exportation est toutefois compensée par une utilisation locale accrue<br />

lorsque <strong>la</strong> Normandie se couvre d'édifices conventuels et d'hôtels particuliers construits en<br />

pierre et non plus en bois (Dugué, 2003).<br />

Au XVIII e siècle, l'ouverture <strong>de</strong> nouveaux sites compense l'épuisement <strong>de</strong>s carrières<br />

médiévales et, surtout, favorise <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong>s exportations à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Restauration. Le site<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>la</strong>drerie s'étend sur une centaine d'hectares et regroupe plusieurs exploitations<br />

familiales. La pierre exploitée, dépourvue <strong>de</strong> toute fracturation, est d'une qualité rare, pouvant<br />

atteindre exceptionnellement 10 m d'épaisseur. Sous Louis-Philippe, 20000 à 25000 t <strong>de</strong><br />

pierre <strong>de</strong> Caen seront exportées par an, commercialisées dans toute l'Europe, servant à<br />

l'édification <strong>de</strong>s gratte-ciel <strong>de</strong> New York ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong>s îles Bermu<strong>de</strong>s. Sans oublier<br />

les quais <strong>de</strong> Honfleur, Saint-Valéry, Dieppe, mais aussi Dunkerque et Bor<strong>de</strong>aux, ports<br />

d'attache <strong>de</strong> caboteurs repartant du port <strong>de</strong> Caen lestés <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre <strong>de</strong> Caen après avoir<br />

déchargé leur fret. La commercialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre <strong>de</strong> Caen constituera un tiers du fret du<br />

port <strong>de</strong> Caen (Dujardin, 2000).<br />

Un réseau urbain <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>s souterrains.<br />

Les carrières souterraines aujourd'hui situées sous <strong>de</strong>s quartiers urbanisés ne sont pas sans<br />

créer désordres et problèmes aux urbanistes. Environ 400 ha <strong>de</strong> galeries et chambres ont été<br />

creusés sous <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Caen. Certaines ont été comblées, les autres sont restées en l'état. Caen<br />

est l'une <strong>de</strong>s rares villes à possé<strong>de</strong>r un service <strong>de</strong>s carrières créé en 1955, pour inspecter<br />

régulièrement piliers, puits et voûtes. Les anciennes chambres d'exploitation ont pu servir<br />

jadis <strong>de</strong> décharges sauvages, <strong>de</strong> caves, d'instal<strong>la</strong>tions industrielles, <strong>de</strong> champignonnières<br />

(Fleury-sur-Orne, Fontaine-Henry), mais ont surtout constitué <strong>de</strong>s refuges pour les<br />

popu<strong>la</strong>tions civiles sinistrées lors <strong>de</strong>s combats <strong>de</strong> <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> Caen (Fleury-sur-Orne,<br />

Mon<strong>de</strong>ville). Aujourd'hui, il ne reste plus aucune carrière souterraine en activité. Certaines<br />

peuvent se visiter à l'occasion <strong>de</strong> visites patrimoniales organisées par l'office du tourisme et le<br />

Service <strong>de</strong>s carrières. Le projet d'un musée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre <strong>de</strong> Caen a été plusieurs fois proposé ;<br />

il serait un hommage à l'une <strong>de</strong>s richesses économiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Caen pendant plus <strong>de</strong><br />

dix siècles (Dujardin, 1984).<br />

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