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bulletin de la societe d'etude des sciences naturelles d'elbeuf 2009

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S.E.S.N.E Bulletin <strong>2009</strong><br />

Longtemps, les briques sont cuites, à l'endroit même <strong>de</strong> leur utilisation. Avant <strong>de</strong> bâtir, le<br />

futur propriétaire s'approvisionne en combustible et s'accor<strong>de</strong> avec un briquetier qui cherche<br />

les terres adéquates. Par <strong>la</strong> suite, <strong>la</strong> recherche d'une qualité constante localise les briqueteries<br />

à <strong>la</strong> surface du p<strong>la</strong>teau, où <strong>la</strong> matière première (2 à 6 m <strong>de</strong> limons jaunes décalcifiés du<br />

Würm) est <strong>la</strong> meilleure, <strong>la</strong> plus abondante, et donne <strong>de</strong> belles briques d'un rouge vif. Si <strong>la</strong><br />

cuisson se prolonge, leur surface se vitrifie et acquiert les teintes sombres <strong>de</strong>s poteries <strong>de</strong> grès.<br />

Peu à peu, au cours <strong>de</strong>s XVIII e et XIX e siècles, <strong>la</strong> brique supp<strong>la</strong>nte les autres matériaux.<br />

C'est qu'avec ce matériau robuste et bon marché, on pouvait construire <strong>de</strong>s monuments très<br />

variés : fortifications (avant-corps bastionné du château d'Arques), églises, colombiers,<br />

manoirs et châteaux d'habitation (Imbleville, Archelles et ceux déjà cités d'Avremesnil, <strong>de</strong><br />

Crasville et <strong>de</strong> Silleron). Les nombreuses entreprises tant artisanales (chaque vil<strong>la</strong>ge avait <strong>la</strong><br />

sienne) qu'industrielles (entreprise Legros, établie à Cau<strong>de</strong>-Côte en 1846, d'où sont sorties les<br />

briques <strong>de</strong>s quais actuels du port <strong>de</strong> Dieppe ; entreprise B<strong>la</strong>rd fondée en 1856 à Varengeville)<br />

ont toutes disparu après <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière guerre. En maints endroits sur le p<strong>la</strong>teau, un herbage<br />

dénivelé, entouré <strong>de</strong> bâtiments vétustes ou écroulés, est aujourd'hui <strong>la</strong> seule trace d'une<br />

briqueterie.<br />

Les matériaux importés, symboles <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse du bâtisseur.<br />

Les matériaux importés sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types différents :<br />

- <strong>la</strong> pierre <strong>de</strong> Caen (ou <strong>de</strong> Ranville) se rencontre en gran<strong>de</strong> quantité dans les églises<br />

Saint-Laurent d'Eu et Saint-Jacques <strong>de</strong> Dieppe, ainsi que dans les tours <strong>de</strong> celles du<br />

Tréport, <strong>de</strong> Criel, d'Envermeu, <strong>de</strong> Veules. C'est aussi, à l'exception du solin en grès, le<br />

matériau exclusif <strong>de</strong>s églises Saint-Rémy <strong>de</strong> Dieppe et Notre-Dame d'Arques. Par<br />

contre, elle manque dans les églises <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ges, sauf dans les fenêtres dont nous<br />

reparlerons (Cochet, 1850, 1853),<br />

- les calcaires lutétiens <strong>de</strong> Saint-Leu à Ditrupa sont beaucoup plus rares, sont décelés<br />

qu'en <strong>de</strong>ux endroits, dans les chapelles <strong>la</strong>térales les plus proches du transept à Saint-<br />

Jacques <strong>de</strong> Dieppe, et dans le choeur <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Neuville (Bignot, 1992).<br />

La pénurie vaincue.<br />

Aux XII e et XIII e siècles, dans le pays <strong>de</strong> Caux, églises et forteresses sont édifiées en tuf et<br />

en silex bruts. L'emploi <strong>de</strong> <strong>la</strong> craie (indigène ou importée) est restreint. Après les désastres<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Guerre <strong>de</strong> Cent Ans, une intense reconstruction s'amorce au milieu du XV e siècle. Elle<br />

se poursuit tout au long du XVI e siècle, à peine ralentie entre 1560 et 1590 par les Guerres <strong>de</strong><br />

Religion. Durant cette pério<strong>de</strong>, le tuf est oublié et <strong>la</strong> craie locale déconsidérée tandis que<br />

l'importation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre <strong>de</strong> Caen et <strong>de</strong>s craies <strong>de</strong> <strong>la</strong> basse Seine reste limitée (Dujardin,<br />

1993). Trois nouveaux matériaux locaux se partagent <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong>s maçons : les silex<br />

façonnés, le grès (dans le Caux) et les briques. La région se couvre <strong>de</strong> manoirs, et <strong>la</strong><br />

reconstruction <strong>de</strong>s églises est entreprise portion par portion. La plupart resteront inachevées,<br />

et « ainsi y retrouvons-nous le tuf et le grès, ces <strong>de</strong>ux matériaux indigènes qui caractérisent ici<br />

les <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nos constructions ecclésiastiques » (Cochet, 1866).<br />

Grâce aux progrès technologiques, les matériaux utilisés ont augmenté en nombre au cours<br />

<strong>de</strong>s temps. Sans jamais être exclusif, chacun est passé par une pério<strong>de</strong> privilégiée et toutes les<br />

roches, soit rares (tuf), soit médiocres (craies), soit d'un travail difficile (silex, grès), ont été<br />

progressivement abandonnées au profit d-un produit artificiel, robuste, inépuisable et <strong>de</strong><br />

fabrication aisée : <strong>la</strong> brique. D'une église à un château, d'un discret affleurement à une haute<br />

fa<strong>la</strong>ise, on aura un aperçu <strong>de</strong> <strong>la</strong> variété et <strong>de</strong> <strong>la</strong> provenance <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> construction,<br />

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