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bulletin de la societe d'etude des sciences naturelles d'elbeuf 2009

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S.E.S.N.E Bulletin <strong>2009</strong><br />

Jacques <strong>de</strong> Dieppe par exemple. Il a également été utilisé <strong>de</strong>s craies très friables, qui n'ont<br />

pas résisté aux intempéries. Les murs et les <strong>la</strong>nternons <strong>de</strong>s chapelles <strong>la</strong>térales (début du XVI e<br />

siècle) <strong>de</strong> l'église susnommée en sont un exemple <strong>la</strong>mentable. Des tentatives pour dresser <strong>de</strong>s<br />

fortifications avec <strong>de</strong> telles roches se soldèrent également par <strong>de</strong>s échecs (Seydoux, 1987).<br />

D’ailleurs cette roche a acquis une réputation <strong>de</strong> détestable pierre <strong>de</strong> taille. Utilisée avec<br />

réticence, sauf dans le Talou, par les maçons, elle a tenté les sculpteurs, qui, aux XV e et XVI e<br />

siècles, en ont tiré <strong>de</strong>s oeuvres mobilières dignes d'intérêt tels le gisant <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s<br />

d'Estouteville à l'abbaye <strong>de</strong> Valmont, le jubé <strong>de</strong> l'église d'Arques et les cheminées<br />

Renaissance du manoir d'Ango. Au cours <strong>de</strong> leur travail, les artistes ont parfois mis à jour <strong>de</strong><br />

malencontreux rognons <strong>de</strong> silex que, le plus souvent, ils ont respectés et <strong>la</strong>issés en saillie à <strong>la</strong><br />

surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> sculpture (Bignot, 1992).<br />

Ainsi malgré quelques utilisations localisées, ce n'est pas comme pierre <strong>de</strong> taille que les<br />

craies b<strong>la</strong>nches ont joué un rôle considérable dans <strong>la</strong> construction monumentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> région,<br />

mais bien plutôt après transformation en chaux par calcination au rouge-b<strong>la</strong>nc (= 1 500°) dans<br />

un « chaut-four ». Mêlées à du sable ou à <strong>de</strong> <strong>la</strong> brique pilée, elles ont fourni, en effet, un<br />

mortier d'excellente qualité, d'usage constant durant <strong>de</strong>s siècles et ce, <strong>de</strong>puis l'époque galloromaine.<br />

Il est à noter qu’au Moyen Age, <strong>la</strong> chaux cauchoise a une telle réputation qu'elle est<br />

exportée par bateaux vers <strong>la</strong> Bretagne (Bournérias et al, 1983).<br />

Un matériau abondant et original : les cailloux <strong>de</strong> silex.<br />

Les silex, matériaux redoutés lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s craies, une fois dégagés <strong>de</strong> leur gangue<br />

ont fourni un matériau recherché et original. Nous pouvons les observer partout dans le pays.<br />

Ils sont récupérés à partir <strong>de</strong>s craies, souvent aussi ramassés, surtout ceux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille (les<br />

« bittes »), dans les levées <strong>de</strong> galets <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges, plus rarement extraits <strong>de</strong>s « cailloutières »<br />

ouvertes dans les « tucs » (amas <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> silex dans le sable ou l'argile <strong>de</strong>s poches creusées à<br />

<strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> craie). Généralement les silex <strong>de</strong> couleur noire et à reflets bleutés (les<br />

«bisets») étaient préférés aux blonds et aux gris (Priem, 1963).<br />

Aux XI e et XII e siècles, les silex, tous appelés cailloux ou, « caillieux », sont noyés et en<br />

désordre, avec <strong>de</strong>s moellons <strong>de</strong> craie, dans le mortier pour former <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> blocage (ou<br />

« bloc »), ou remplir l'espace entre <strong>de</strong>ux nappes <strong>de</strong> carreaux <strong>de</strong> tuf, comme on peut le voir<br />

dans le donjon du château d'Arques. Les gros cailloux ont été quelquefois disposés en assises<br />

<strong>de</strong> parements vaguement ordonnées en épi (donjon <strong>de</strong> Valmont, enceinte <strong>de</strong>s châteaux<br />

d'Arques et <strong>de</strong> Longueville). Plus tard, le maçon s'applique à ranger en assises régulières les<br />

silex préa<strong>la</strong>blement cassés, en p<strong>la</strong>çant <strong>la</strong> surface p<strong>la</strong>ne vers l'extérieur du mur. Au cours du<br />

temps, <strong>la</strong> retouche s'affine, et on en vient à tailler les silex en prismes ou en pyrami<strong>de</strong>s<br />

parfaitement calibrés. Pour s'assurer <strong>de</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> son travail, l'ouvrier, véritable<br />

spécialiste, se sert d'un gabarit, sorte <strong>de</strong> cadre <strong>de</strong> bois dans lequel il insère <strong>la</strong> pièce en cours <strong>de</strong><br />

taille. Les assises <strong>de</strong> silex taillés et jointifs, d'une extrême régu<strong>la</strong>rité, ne montrent à l'extérieur<br />

presque aucune trace <strong>de</strong> mortier. Ce façonnage, qui a atteint <strong>la</strong> perfection au cours <strong>de</strong>s XVI e<br />

et XVII e siècles, caractérise un style architectural tout à fait original. Ultérieurement <strong>la</strong><br />

qualité du façonnage s'est perdue : au siècle <strong>de</strong>rnier les silex, grossièrement tronqués sont<br />

noyés dans un abondant mortier qui débor<strong>de</strong> en joints sail<strong>la</strong>nts (Priem, 1963).<br />

Le principal inconvénient du silex rési<strong>de</strong> dans ses faibles dimensions ; toutefois ses<br />

qualités : profusion, résistance, étanchéité, sont telles qu'il a été dans <strong>la</strong> région l'un <strong>de</strong>s<br />

matériaux le plus anciennement et le plus couramment utilisé (Bignot, 1992). Il est commun<br />

dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s églises, dans plusieurs manoirs (Ango à Varengeville, Hacquenouville à<br />

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