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bulletin de la societe d'etude des sciences naturelles d'elbeuf 2009

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S.E.S.N.E Bulletin <strong>2009</strong><br />

Ce courant <strong>de</strong> pensée est soutenu par Martel qui conclut que <strong>la</strong> craie est avant tout une<br />

roche carbonatée, donc « karstifiable », dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion « diac<strong>la</strong>sienne », en vraies<br />

rivières souterraines, prédomine <strong>la</strong>rgement : « … <strong>la</strong> vraie allure <strong>de</strong>s eaux souterraines paraît<br />

bien être, non pas l’extension horizontale ou subhorizontale en nappes continues (plus ou<br />

moins épaisses) , mais <strong>la</strong> concentration, l’écoulement et <strong>la</strong> sortie par les lithoc<strong>la</strong>ses, <strong>de</strong>puis<br />

les plus petites fissures, jusqu’aux gran<strong>de</strong>s diac<strong>la</strong>ses et même aux failles… » (Martel, 1921).<br />

Il conclut dans ses écrits que dans les masses crayeuses turoniennes <strong>de</strong> Haute-Normandie<br />

d'importantes masses d'eau paraissent surtout circuler à l'état <strong>de</strong> petits canaux ou <strong>de</strong> petits<br />

ruisseaux souterrains. Il précise que cette distribution <strong>de</strong> l'eau dans le sous-sol doit rendre<br />

pru<strong>de</strong>nt dans <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> masses d'eau importantes par puits (Martel, 1894, 1901,1921,).<br />

Cette « école <strong>de</strong> <strong>la</strong> fissuration » est résumée par Sanarens en 1921, alors directeur du<br />

Laboratoire Municipal d’Hygiène <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville du Havre. Il explique que les travaux <strong>de</strong> Martel<br />

ont démontré qu'il n'existe pas dans les terrains <strong>de</strong> nappes d'eau uniformes, même au niveau<br />

<strong>de</strong>s couches moins perméables, <strong>de</strong>s niveaux qui arrêtent ou ralentissent <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente <strong>de</strong>s eaux.<br />

Les eaux <strong>de</strong> pluie ou <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation, aussi minimes soient-elles, s'infiltrent alors dans <strong>la</strong><br />

craie soit dans <strong>de</strong>s fissures ouvertes, soit dans <strong>de</strong>s fissures colmatées par <strong>de</strong>s argiles, soit par<br />

imbibition et capil<strong>la</strong>rité.<br />

L'impact <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> Martel est si fort, qu'il faudra attendre les étu<strong>de</strong>s géologiques<br />

d'Abrard (1938, 1943a, 1943b, 1950a, 1950b) sur les systèmes <strong>de</strong> failles et <strong>la</strong> géologie du<br />

Bassin <strong>de</strong> Paris pour que son point <strong>de</strong> vue se module (Ro<strong>de</strong>t, 1991).<br />

Ainsi peu à peu l’idée que <strong>la</strong> craie est drainée par une nappe et le karst n’occupe qu’une<br />

p<strong>la</strong>ce réduite va naître. La notion d'aquifère mixte apparaît alors (Pinchemel, 1954). Ainsi, en<br />

parallèle avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Mégnien sur le pays d’Othe (Mégnien, 1960), Bernard Geze résume<br />

le karst <strong>de</strong> <strong>la</strong> craie : il décrit alors <strong>la</strong> craie comme une variété <strong>de</strong> calcaire parfois aussi pure<br />

que les calcaires compacts, mais qui en diffère par une forte porosité. D'après lui les sources<br />

disposent d’une alimentation permanente fondée sur les ressources <strong>de</strong> <strong>la</strong> nappe, mais les forts<br />

débits sont assurés presque exclusivement grâce aux <strong>la</strong>rges drains que constituent les cavités<br />

souterraines, le plus souvent localisées au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s vallées (Geze, 1965). Ce que l’on peut<br />

d'ailleurs observer facilement : nombreuses petites sources jaillissant au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Manche,<br />

sous les « valleuses », ravins secs suspendus dans le haut <strong>de</strong>s fa<strong>la</strong>ises <strong>de</strong> craie du pays <strong>de</strong><br />

Caux.<br />

Depuis plus <strong>de</strong> quarante ans, les étu<strong>de</strong>s hydrogéologiques et karstologiques confirment que<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s pays crayeux présente un aquifère mixte, dans lequel le drainage karstique<br />

joue un rôle quantitatif plus ou moins important mais qualitativement essentiel.<br />

Ainsi <strong>de</strong>puis plus d’un siècle, en Normandie, l’existence <strong>de</strong> cavités importantes est<br />

démontrée (Caumont, les An<strong>de</strong>lys, 27) ainsi que dans quelques autres sites <strong>de</strong> <strong>la</strong> Basse-Seine.<br />

La majorité <strong>de</strong>s cavités explorées est fossile. Cette absence <strong>de</strong> drainage peut expliquer <strong>la</strong><br />

marginalisation <strong>de</strong> l’endokarst dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’aquifère crayeux normand pendant<br />

plusieurs décennies (Ro<strong>de</strong>t, 1991).<br />

En 1991, J. Ro<strong>de</strong>t publie un ouvrage (thèse d’Etat), fruit <strong>de</strong> multiples explorations et <strong>de</strong><br />

patientes recherches, concernant <strong>la</strong> craie et ses karsts. Ainsi si les karsts <strong>de</strong> <strong>la</strong> craie qui ne<br />

présentent ni verticales prestigieuses ni formes spectacu<strong>la</strong>ires, ont été <strong>de</strong>puis longtemps<br />

méprisés, cet ouvrage répare en quelque sorte « une injustice ». C’est une somme <strong>de</strong> données<br />

intégrant les recherches personnelles <strong>de</strong> l’auteur et <strong>de</strong> son équipe, <strong>de</strong> nombreux travaux, et<br />

une thèse démontrant que <strong>la</strong> craie possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réseaux importants.<br />

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