13.07.2015 Views

LES TRIBULATIONS D'UN DECOUVREUR NON ... - Amessi

LES TRIBULATIONS D'UN DECOUVREUR NON ... - Amessi

LES TRIBULATIONS D'UN DECOUVREUR NON ... - Amessi

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L'enseignement était pourtant prodigué de manière lumineuse par le professeurTruchet qui nous enthousiasmait à tous les cours. La recherche des anions et des cationsau cours de travaux pratiques me laissait souvent perplexe ; de plus, l'atmosphère étaitempuantie par l'hydrogène sulfuré qui permettait de caractériser les cations du deuxièmegroupe.Nous étions deux par groupe de travail. Or mon binôme était François Duffau (quin'avait aucun lien de parenté avec moi).Après avoir peiné sur la recherches des cations, nous sommes passés à des partiesbeaucoup plus intéressantes, voire exaltantes, de la chimie, mais en dehors de la faculté.Chez lui, sous les combles, il avait installé un véritable laboratoire. Nous procédions à desmélanges savants, nous observions, sans toujours les comprendre, les changements decouleurs et faisions sûrement quelques imprudences. J'ai en mémoire l'utilisation un peutrop fréquente de l'acide nitrique. Les vapeurs nitreuses rouges qui se dégageaient nousfaisaient rêver... et tousser. Nous avons dû préparer sans le savoir de dangereux dérivésnitrés qui avaient fait avant nous la grandeur et la richesse d'Alfred Nobel, fondateur desprix qui portent son nom, mais ils n'ont jamais explosé.La chimie, qui plaisait beaucoup à François, commença à avoir mon agrément. Deretour à la faculté, nous causions en chemin de chimie, à la faculté nous parlions dechimie, en dehors des cours et à la maison nous rêvions à la chimie.Lorsque monsieur G. Brus prit la direction de l'Ecole de chimie de Bordeaux, il luidonna une vigueur nouvelle ; elle avait, il faut bien le dire, connu une période prolongéede léthargie regrettable. Je me fis inscrire à l'Ecole de chimie en première année. François,plus heureux que moi, commença sa scolarité directement en deuxième année. Nousnous revîmes cependant assez souvent, nous travaillâmes épisodiquement ensemble,mais jamais avec l'ardeur que nous avions connue lors de cette première année.Au cours du premier trimestre, nous fûmes reçus individuellement par notre directeurG. Brus ; lorsqu'il me demanda ce que je voulais faire plus tard en chimie, je répondis,sans conviction peut-être mais sans hésitation : "De la recherche". Le front du directeur sefronça. Il me vanta pendant cinq bonnes minutes les avantages de l'industrie et de lafabrication. Je ne fus guère tenté par ses suggestions et maintins ma position première.Monsieur Brus était un homme très occupé. Devant mon attitude et ma réserve, iljugea préférable de ne pas s'attarder davantage avec moi sur ce sujet. Par la suite, nousne reparlâmes plus de cette question, sauf treize ans plus tard, lorsqu'il présida le repasamical organisé par la section bordelaise de la Société Chimique de France, à l'occasionde la remise du prix Raymond Berr qui avait été décerné à monsieur le Doyen Calas et àmoi-même. Il me félicita même d'avoir choisi la recherche...Mes études à l'Ecole de chimie furent honorables sans plus ; je ne voulais pas, là nonplus, priver mes collègues du plaisir de figurer en fin d'année en haut du palmarès.En dernière année, je sortis deuxième.Je fus mobilisé à ce moment-là comme deuxième classe, deuxième classe canonnierplus exactement. Je ne restais que quatre mois avant d'obtenir un sursis pour poursuivremes études. Néanmoins, j'eus, à plusieurs reprises, l'occasion de vivre quelques épisodescocasses qui marquèrent ma vie de deuxième canonnier.Mobilisé à la fin avril, j'eus ainsi l'insigne honneur d'être amené à défiler dans les ruesde Bordeaux après l'armistice du 10 mai 1945, c'est-à-dire le 12 mai. En quinze jours,avec des dispositions plus ou moins moyennes, nous n'avions pas une maîtrise suffisantedu maniement des armes pour défiler avec un fusil sur l'épaule. Il faut préciser que notreencadrement n'était peut-être pas très idoine pour nous donner une formation parfaite età plus forte raison accélérée. Comme nous servions dans les C.O.A. (Centre d'Organisationde l'Artillerie), l'Etat-Major envoya à notre unité des sous-officiers ayant servi avantla guerre dans les C.O.A. (Commis et Ouvriers de l'Administration). Une certaine confusions'ensuivit ; mais, administrativement parlant, un C.O.A. ne pouvait être qu'un C.O.A.Le 12 mai à 18 heures nous quittâmes la caserne Nansouty, en rangs par quatre. Aucours d'un défilé interminable nous suivions les troupes aguerries. Nous étions équipésavec des uniformes bleu marine de l'armée canadienne : pantalon avec poche latéraleprofonde pour mettre les chargeurs de mitraillettes, un blouson ainsi qu'un béret bleu

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!