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LES TRIBULATIONS D'UN DECOUVREUR NON ... - Amessi

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essemblèrent à ceux qui gagnaient. Enfin, je me rapprochai à huit reprises des gros lots." Vous avez fait un pacte avec le diable ! " me disait monsieur Calas. " Pas de chance ! "remarquait souvent mon pauvre père. Et je perdais allègrement chaque semaine.J'établissais l'horoscope des gens de mon entourage et leur faisais prendre des billets àmes frais à leurs heures astrologiquement favorables.Ce système ne déplaisait pas à mes nombreux coacteurs. Aucun litige ne survint entrenous, puisque nous perdîmes systématiquement. Si nous avions gagné des sommesimportantes, peut-être que des contestations seraient survenues. L'occasion ne seprésenta jamais. Bien que je n'eusse aucune contestation avec mes joueurs, je fuspersonnellement l'objet d'une aventure désagréable avec un vendeur de billets de loterienationale.Ayant noté sur les cahiers astrologiques qu'une configuration astrale semblait devoirm'être favorable un soir à 23 h 45, je demandai à ce vendeur, que je connaissais delongue date, de bien vouloir me vendre un billet à cette heure-là :- Je veux bien, dit-il, puisque je vais au cinéma ce soir.Pour ne pas être en retard, j'arrivai au point de vente situé près de l'enceinte del'ancienne faculté des sciences vers 23 h 15. C'était une froide soirée d'hiver, un ventglacial s'engouffrait dans le cours Pasteur et je me souviens que ma canadienne courtecette année-là, pour satisfaire à la mode, me protégeait mal de la bise. La première demiheurefut pénible. Je me protégeais tant bien que mal du vent glacial dans l'encoignuredes portes. Mais il me fallut attendre au moins une demi-heure de plus, puisque le séancede cinéma avait dû se prolonger plus longtemps que prévu.Vers 0 h 15, je vis arriver cinq ou six jeunes gens bruyants qui se faisaient remarquerpar leur tapage. Comme le groupe s'approchait de moi, je reconnus mon vendeur. Jepensais que sa présence dans ce groupe était une simple coïncidence. Profonde était monignorance. Il me salua froidement. Il ouvrit la porte de son magasin, fit entrer le groupebruyant et me fit signe d'en faire autant. Dès que je pénétrai, il se fit un silence glacial... Ilme demanda si je voulais toujours un billet de loterie nationale. Je répondis parl'affirmative. Sur le comptoir, il y avait en tout et pour tout trois billets entiers dont lesnuméros avaient dû être soigneusement relevés et deux révolvers de gros calibre répartisde part et d'autre des billets. Le premier était à portée du vendeur et le second près del'un de ses amis de la soirée. Pendant ce temps, les autres comparses derrière moiregardaient avec attention tous mes faits et gestes. Après avoir acquitté mes dettes sansremercier, je partis dans la nuit froide.Je perdis une fois de plus et ne fis jamais plus d'achat de billet de loterie nationale niplus tard de ticket de loto dans cet établissement.Au cours des nombreuses années qui suivirent, je ne gagnai jamais un lot important. Jene fus que très rarement remboursé et pourtant j'avais au moins une chance sur dix del'être. Pour obtenir le gros lot, j'avais une chance sur six cent mille et, au loto, une chancesur quatorze millions.Tout cela, d'un point de vue strictement scientifique, n'était pas encore d'un niveauélevé. Lorsque je modifiai le sujet de mes recherches et que je synthétisai des acides grassiliciés, les résultats furent plus sérieux.En effet, je fus rapidement récompensé par un prix honorable à l'échelle nationale : leprix Raymond Berr. Voici les circonstances qui précédèrent et accompagnèrent cetévènement.Monsieur Raymond Quelet, mon premier maître, très méthodique, très modeste, maisvaillant serviteur et défenseur de la science, partit à Paris comme professeur de chimieorganique. Ce fut monsieur J. Allard qui assura l'intérim l'année suivante. Je consacraismes activités à une étude sur les soap-stocks, sous-produits de l'huilerie. Mes travauxpour leur revalorisation ne furent pas déterminants, il faut bien le dire.En octobre 1948, arriva au laboratoire un jeune professeur originaire de Montpellier,venant de Toulouse. R. Calas était jovial, et voulait aller de l'avant. Il me laissatranquillement terminer ce travail, puis, sur les suggestions de l'Institut parisien des Corpsgras, j'entrepris la revalorisation des distillats d'huile de palmiste. Je trouvai un moyensimple d'extraire facilement la méthylnonylcétone, produit utilisé en parfumerie. Mais

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