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LES TRIBULATIONS D'UN DECOUVREUR NON ... - Amessi

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- 1 -AVANT MES RECHERCHESRien dans les vingt premières années de ma vie ne permettait de prévoir que jepourrais un jour jouer un rôle important auprès de mes contemporains, voire de lapostérité, ni qu'un jour je deviendrais le prosélyte ardent d'une doctrine.Né à Bordeaux, de santé délicate, l'air de la campagne me fut conseillé dès ma primejeunesse. C'est à Barsac que se déroulèrent mes deux premières années de scolarité.Gaucher de naissance, je fus contrarié sans être vraiment complexé. Néanmoins, je mesouviens des coups de règle répétés que je recevais sur les doigts lorsque j'écrivais de lamain gauche.En classe, au cours de ces deux premières années, je fus rarement premier, maisdeuxième assez souvent. Ma troisième année d'école me fut dispensée à Bordeaux. Parmiles élèves ayant un, deux ou trois ans de plus que moi, je me défendis plusqu'honnêtement, bien que les résultats fussent souvent irréguliers.Après trois ans de catéchisme, suivi sans un enthousiasme passionné ni une foiexceptionnelle, je connaissais bien toutes mes prières lorsque je fis ma premièrecommunion à l'âge de dix ans. Mes dispositions pour le chant furent toujours modestes.Dès cet âge, des déficiences caractérisées apparaissaient sans ambiguïté.Sans zèle exagéré ni contestation sous-jacente, j'assistais à la messe et disais mesprières régulièrement durant la semaine. En demandant des grâces pour les uns et lesautres, je n'oubliais pas de réclamer pour moi-même des faveurs nombreuses et variées.Le jour de ma confirmation, on m'indiqua que chaque prénom provenait du patronymed'un saint protecteur et que le mien était Saint Norbert. Je le sollicitais très souvent pourqu'il intercédât en ma faveur auprès de Dieu le Père, ainsi qu'auprès de tous les anges duciel. Je n'avais pas de dévotion particulière pour la très sainte Vierge. La notion desacrifice, de jeûne, d'abstinence ne me paraissait pas très nécessaire pour progresserdans le chemin de la perfection et pour accéder à la Vérité. Je ne consacrais aux prièresqu'assez peu de temps, le soir en me couchant : quelques minutes tout au plus.Je refusai de manière systématique d'être enfant de choeur, peut-être par manque dezèle mais surtout par timidité : l'idée d'être aperçu en public m'angoissait. Au granddésespoir de ma mère, je simulai une maladie pour ne point participer à une consécrationavec d'autres enfants que je connaissais pourtant bien.Après cette scolarité et ce catéchisme à Barsac, je revins à Bordeaux retrouver mesparents.Le directeur de l'école Francin, monsieur J. O. Mercier, écrivait des sketches à sesmoments perdus. A peine arrivé, je fus pressenti, à huit ans, pour aller à la radiointerpréter ses oeuvres ; je vécus des moments affreux.Par courtoisie ou faute d'autres acteurs, il me désigna une autre fois pour jouer, àl'occasion d'une fête de fin d'année. Il me fallut remplir le rôle de prestidigitateur dans unspectacle de cirque. Ma mère était sûrement au moins aussi affolée que moi. Le spectacleavait lieu à l'Alhambra, une grande salle pouvant contenir mille cinq cents personnes.Je me souviens très bien du début de mon numéro : je montrais à la foule un chapeauhaut de forme rempli d'objets divers, mais dont l'intérieur était occulté par un papierblanc pour cacher toutes ces frivolités. La foule était persuadée que ce couvre-chef étaitun chapeau ordinaire. C'est à ce moment que, de manière assurée, je crevais le papierblanc et devais retirer de la main gauche d'innombrables serpentins et foulardsmulticolores. Les répétitions furent satisfaisantes, mais sur scène mon émotion fut vive,mes viscères furent saisis de spasmes symptomatiques et ma manipulation en futquelque peu perturbée. De ma main droite, je levai le chapeau trop haut, si bien que mamain gauche ne pouvait quérir toutes les merveilles de la passementerie. Néanmoins, jefus vivement applaudi et félicité par monsieur J. O. Mercier. Il me proposa de jouersouvent dans ses pièces de théâtre. Malheureusement, je partis au lycée MichelMontaigne commencer mes humanités et ne refis de sitôt ni théâtre ni prestidigitation.

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