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Alexandre MARCHANT - Melissa

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18entier n’est pas trop vaste pour nous : des Arabes aux noirs, des loulous aux partouzes (parfoismême avec des femmes !), tous nous est bon. Nous avons besoin des boites de pédés commedes facs, des usines comme des pissotières, de la rue comme des réunions » 52 . Le « nous »employé pour des raisons de mobilisation politique par HOCQUENGHEM a fini par créer unancrage du discours dans une symbolique communautaire. La systématisation de cettesymbolique a amené le discours politique du FHAR a faire de l’homosexualité une identitésur la sphère politique et publique. En définitive, le discours du FHAR, et le discours de GuyHOCQUENGHEM ont produit des effets pervers, du fait de leur institutionnalisation commesystème de pensée et rhétorique politique. Le même effet d’institutionnalisation a aussiparalysé au même moment le mouvement gauchiste : on ne peut systématiser l’exigence despontanéité politique sans finir par détruire le fondement même de celle-ci.3) Le situationnisme et l’activisme révolutionnaireLa pensée situationniste a, elle aussi, nourri un pan du champ conceptuel desmouvements politiques issus du FHAR. Un bon exemple est celui du Fléau social qui paraîtde 1972 à 1974, sous la direction d’Alain FLEIG. Il paraît à l’initiative du groupe 5 du FHARmais survit à la disparition de celui-ci en 1973. Le journal est provocateur, s’inscrit dans unhorizon conceptuel et langagier qui est celui de l’extrême-gauche. Il utilise constamment unvocabulaire ordurier qui est celui des anarchistes et des révolutionnaires anti-moralistes. Ils’inscrit en droite ligne dans la mouvance spontanéiste et dissidente de Mai 68 : la couverturedu numéro 3 de mai 1973 (avec pour illustration des hommes nus provoquant des passants) lerappelle en ces termes « déjà 5 ans, merde alors !! Va donc eh, ancien combattant ! » 53 . LeFléau social se nomme ainsi en référence aux Communards du XIXème qui disaient, pour sedésigner par rapport à la stigmatisation que leur imposait l’ordre bourgeois : « c’est lacanaille ! Et bien j’en suis ! » 54 . Le Fléau social publie de violentes tribunes politiques où sontincriminées plusieurs personnalités au pouvoir : « Pom-Pom » (POMPIDOU), PierreMESSMER, Jean ROYER, le maire de Tours… Il dénonce à chaque numéro le « fascismegénéralisé » de nos sociétés, et n’entend pas revendiquer d’appartenance politique (malgrél’utilisation du champ lexical de l’extrême gauche) mais simplement se faire la voix du « rasle-bolqui ne conteste pas, qui ne théorise pas, qui simplement fout la merde » 55 . Le journal se52HOCQUENGHEM Guy, op. cit., p.57.53Le Fléau social, numéro 3, p.1, carton « le fléau social », fonds Homosexualité, BDIC.54Présentations du Fléau social par le journal Gulliver, op. cit., p.2.55Le Fléau social, numéro 3, mai 1973, p.2.

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