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Alexandre MARCHANT - Melissa

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24entre l’engagement révolutionnaire et l’amour homosexuel (auquel il faut donner unedimension non exclusive). Et GUERIN n’est pas le seul à percevoir comme nécessaire ce lien.Comme le dit Michel BOUHY van HELZIE dans une lettre à Daniel GUERIN, en 1970, « jene peux concevoir personnellement et affectivement l’homosexualité autrement que comme leseul comportement amoureux possible découlant de l’attitude révolutionnaire » 73 .2) La lutte contre le puritanismePour GUERIN, et c’est l’une des thèses qu’il avançait dans Kinsey et la sexualité en1955, le puritanisme comme système de pensée a réfréné la sexualité homosexuelle (commetoutes les sexualités autres que l’hétérosexualité reproductive) par un cadre de normesmorales contraignantes. Mais le puritanisme est également responsable d’une grande erreur deperspective qui consiste à généraliser et à systématiser les catégories d’organisation médicalede la sexualité qu’il propose aux comportements sexuels passés. Or pour GUERIN, quiperçoit ce que FOUCAULT par la suite théorisera dans La Volonté de savoir (1976), lasexualité d’avant le XIXème n’est pas analysable à travers ces taxinomies restrictives del’activité sexuelle. Et cette tendance « révisionniste » que porte le puritanisme en son sein seretrouve notamment dans la ré-interprétation de certaines figures historiques ou littéraires :ainsi, GUERIN fustige dans son article « SHAKESPEARE à Stratford » 74 le « stratfordisme »,sorte de relecture puritaine de la biographie de l’auteur dramatique. Le « stratfordisme »,comme l’une des multiples formes de ce que GUERIN appellerait volontiers le révisionnismepuritain, tente de gommer les facettes libertines (homosexuelles et bisexuelles) du personnagede SHAKESPEARE : « Mais le plus grand péché du Stratfordisme, ce n’est pas tant sonobstination à sacraliser l’acteur William SHAKESPEARE que la stérilité qui découle de ceconservatisme entêté. […] Le stratfordisme a engendré des tabous multiples » 75 . Lepuritanisme gomme donc en SHAKESPEARE et la canaille et le libertin, ce qui, aux yeux deGUERIN, est une restriction considérable de ce qui fait le génie du poète, le caractère génialne pouvant se déployer que dans une subversion des normes (en l’occurrence de normessexuelles qui n’existaient pas à l’époque, si ce n’est dans le discours religieux).De plus, GUERIN considère le puritanisme comme une pure absurdité historique.Comme il le soutenait déjà en 1958 dans son article contre Jean DELAY dans le numéro 4973Fonds Daniel GUERIN, BDIC, Folio delta 721 / 14, lettre de Michel BOUHY van HELZIE, 20 / 12 / 1970.74Document dactylographié disponible dans le fonds Daniel GUERIN, BDIC, Folio delta 721 / 2, dossier« Shakespeare à Stratford ». Nous en avions déjà parlé dans le chapitre 3.75Daniel GUERIN, op. cit. , 14.

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