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Alexandre MARCHANT - Melissa

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28ceux du Fléau social (1972-74), elle s’est en tout cas libérée par un discours virulent etimpertinent de la chape de plomb que la société faisait retomber sur elle, en dénonçant lesilence, l’indifférence, les normes hétérosexuelles ou la répression policière.Les mouvements militants des années 1970, en reprenant les formes de l’activisme de1968 mais aussi en reprenant le « modèle américain » de revendication de l’homosexualité,comme nous allons le voir maintenant, ont essentialisée pour de bon l’identité homosexuelle,en en faisant un critère d’appartenance. Cette identité se fonde aussi sur une pratique sexuelleexclusive, en ce qu’elle s’éloigne définitivement de l’hétérosexualité, en fondant ses proprescodes, ses propres valeurs et sa propre culture. Si le FHAR est mort de ses contradictions (unepensée trop conceptuelle et normative qui ne s’est jamais traduite positivement), d’autresmouvements prendront sa suite, dont notamment le Groupe de Libération Homosexuelle(GLH) qui reprendra quelques thèmes du FHAR (la libération de l’oppression bourgeoise, lerefus contestataire de l’ordre établi) tout en minimisant la dimension de projet de société portépar les discours reichiens et deleuziens : il ne s’agit pas de fonder un monde nouveau parl’homosexualité, mais de simplement faire en sorte que celle-ci puisse se libérer de touterépression et de toute stigmatisation, en fondant son propre univers. Un sentier d’évolution estainsi créé qui mènera jusqu’à la lente constitution de ce que l’on appelle aujourd’hui la« communauté gay ». Le milieu et la fin des années 1970 sont ainsi caractérisés par l’idéed’une communauté qui se forme, politiquement, institutionnellement (avec des structuresassociatives plus cohérentes que celles du FHAR) et culturellement, puisque le courant« camp » apparaît et prétend faire de la culture « homosexuelle » (un ensemble deconnaissances et d’objets ayant plus ou moins un rapport avec l’homosexualité) un marqueuridentitaire. Avec le camp, l’homosexualité se définit comme structure unifiante d’un ensemblede symboles que seuls les homosexuels seraient capable de reconnaître.Nous allons donc, dans ce chapitre, tirer les conséquences de la politisation del’homosexualité, en précisant d’abord en quoi la tentation communautariste fut induite par uneutilisation du modèle américain d’action collective, puis en étudiant plus précisément lesobjectifs, la structure et l’impact politique du Groupe de Libération Homosexuelle (et desgroupes de province). Nous parlerons de quelques tentatives politiques mettant en jeu lesreprésentations de l’homosexualité. Enfin, nous nous pencherons sur l’émergence de laculture camp dans ses formes et dans ses implications « communautaires ».I) L’importation du modèle américain

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