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SociétéLe droit à l’euthanasieEn janvier 2006, dix dét<strong>en</strong>us de la C<strong>en</strong>trale de Clairvaux lanc<strong>en</strong>t l’appel deClairvaux (voir <strong>en</strong>cadré page 32) réclamant le rétablissem<strong>en</strong>t de “la peine demort” pour les prisonniers condamnés à perpétuité. Déjà, le 9 octobre 2001 —pour les vingt ans de l’abolition de la peine de mort <strong>en</strong> France — des prisonniers appelai<strong>en</strong>tà une journée de résistance. Ce texte dénonçait alors l’hypocrisie de l’abolition.En effet une des conséqu<strong>en</strong>ces de la suppression de la peine de mort fût l’augm<strong>en</strong>tationdes condamnations à perpétuité. Les conditions de dét<strong>en</strong>tion <strong>en</strong> France étant plusqu’exécrables, car totalem<strong>en</strong>t déshumanisantes, ces réclusions revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à une mortl<strong>en</strong>te pour les condamnés (1).Suite à la requête du début de l’année 2006, Abd-El Hafed B<strong>en</strong>otman, écrivainactuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion provisoire, nous a fait parv<strong>en</strong>ir sa réaction (2). Pour lui, ilfaut compr<strong>en</strong>dre ce cri comme une rev<strong>en</strong>dication à l’instauration de l’euthanasie, etnon pas au rétablissem<strong>en</strong>t de la peine capitale (3).Michel Jarru ■Enfin — oserais-je dire tant j’att<strong>en</strong>daisune prise de consci<strong>en</strong>ce de cetype ? — nous y voilà, dans larev<strong>en</strong>dication du droit à l’euthanasiepénale et non à la demande d’un rétablissem<strong>en</strong>tde la peine de mort. Les condamnéslongues peines ne veul<strong>en</strong>t pas se su<strong>ici</strong>deret pas plus s’autodétruire de toutesles façons possibles sur le temps, alors ilsdemand<strong>en</strong>t, parce que le processus vitalest <strong>en</strong>gagé à perpétuité et la souffrancedémultipliée dev<strong>en</strong>ant insupportable,non pas, j’insiste, un appel au rétablissem<strong>en</strong>tde la peine de mort mais à l’euthanasiepénale pour cause de cancer carcéral,de 100% d’handicap de vie sociale etaffective, de prés<strong>en</strong>t malade et de futurmort. Le tout condamné à la nécrose temporellede se voir pourrir vivant.Voilà l’État face au réel, ni un chantage,ni une m<strong>en</strong>ace, ni un questionnem<strong>en</strong>t,mais bel et bi<strong>en</strong> un arrêt Terminus au pieddu mur et il est dommage que les prév<strong>en</strong>uspris dans des procès, programméssans échappatoire, éliminatoires, nedemand<strong>en</strong>t pas la même chose lorsqu’onleur donne la parole <strong>en</strong> dernier <strong>en</strong> Courd’Assise dans le cérémonial. Accusé,qu’avez-vous à dire pour votre déf<strong>en</strong>se ?Qu’ils répond<strong>en</strong>t “L’Euthanasie abstraiteplutôt que la perpétuité concrète etdémerdez-vous avec ça !”DRQue faut-il compr<strong>en</strong>dre à cettedemande de “peine de mort” <strong>en</strong> invitantqu’elle soit corrigée <strong>en</strong> exig<strong>en</strong>ce d’undroit à l’euthanasie avec argum<strong>en</strong>taire àl’appui afin qu’il n’y est pas d’amalgameou de récupération politique ? En parlantd’euthanasie pénale on souligne l’arrêt dela souffrance absolue ! En parlant depeine de mort on souligne l’arrêt de lavie ! Ce n’est plus du tout la mêmechose. C’est donc sur l’arrêt de la souffrancequ’il faut cibler les forces et pas surcelui de ta vie. C’est cela l’euthanasie, onveut vivre mais pas souffrir par la tortureinfligée par punition sans volonté de nous“guérir”, le traitem<strong>en</strong>t de l’individu étantplus terrible que les causes de la maladie.Bi<strong>en</strong> sûr la métaphore médicale ne fait pasdes prisonniers/prisonnières des “malades”.J’espère être clair ?Cet appel, rewriter, doit être aussi<strong>en</strong>voyé aux associations comme Médecinssans Frontières sur le thème de lasouffrance humaine car, là, ils ont à sedéplacer sur une autre planète et plus surun autre contin<strong>en</strong>t.Tout d’abord — même s’il m’est facilede dire cela du bas de ma petite condamnationprochaine (20 ans au catalogue duCode pénal) et du haut d’un intellectualismeà l’abri d’une telle peine puisquedans mon cas, sauf surprise, elle estimp<strong>en</strong>sable — il y a longtemps que j’att<strong>en</strong>daisun tel mot d’ordre v<strong>en</strong>ant de l’intérieur.Parce que c’est aussi un appel à serassembler autour de cette idée non passur la peine de mort, je le répète, mais surcet adage que mort pour mort autant partir<strong>en</strong> beauté pour fuir la laideur de l’exist<strong>en</strong>cecarcérale.Qu’est-ce que la peine de mort si nouspartons du principe que nous sommestous et toutes mortels, donc condamnésinéluctablem<strong>en</strong>t à mourir ? La peine demort ne devi<strong>en</strong>t plus que le fait atroce del’exécution programmée, la torture de ladate annoncée et le fait de mourir seul etdésespéré, loin de toute humanité universelleet loin de tout Amour familial.La perpétuité est cette certitude mortifère.Voir les murs et savoir, connaître lelieu de son décès. C’est <strong>ici</strong> que ça va sepasser, <strong>en</strong>tre ces quatre murs-là et sous lesyeux de ces hommes-là. Mon cadavre vaêtre pris <strong>en</strong> charge par ces hommes <strong>en</strong>uniforme qui n’<strong>en</strong> ont ri<strong>en</strong> à foutre et nonpas confié aux bons soins des mi<strong>en</strong>s pour(1) La revue l’Envolée, au sous-titre éloqu<strong>en</strong>t “pour <strong>en</strong>finir avec toutes les prisons” relate cette premièremobilisation dans son numéro de juin 2006.Périodique, faite <strong>en</strong> partie par et pour les prisonniers,elle dénonce les dérives du système pénit<strong>en</strong>tiaire.Adresse : 43 rue de Stalingrad 93100 Montreuil. site :http://lejournal<strong>en</strong>volee.free.fr).(2) A.H. B<strong>en</strong>otman est romancier et pamphlétaire. Ilest l’auteur du remarquable roman “Eboueur suréchafaud”, racontant l’<strong>en</strong>fance d’un fils d’immigrédans notre cher pays dans les années 60, cynique etcaustique à souhait. Plus récemm<strong>en</strong>t, il a écrit « Lephilotoon’s » (éd. L’insomniaque), suite d’étonnantsaphorismes sur la justice, la religion, l’état, les écrivains,la prison…(3) Cet article est une suite à celui publié dans Sil<strong>en</strong>ce307, févier 2003, “L’<strong>en</strong>traide plutôt que la répression”de Clara Wichmann, p.27 et 28. On lira aussi avecintérêt la chronique de Jean-Marc Rouillan dans larevue CQFD, BP 70054, 13192 Marseille cedex 20.SILENCE N°33930Octobre 2006

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