Handicapm<strong>en</strong>t diff<strong>ici</strong>le. Le Béal a été <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avecplusieurs groupes de par<strong>en</strong>ts qui cherchai<strong>en</strong>tà impulser d’autres lieux, maisqui y ont r<strong>en</strong>oncé.Parallèlem<strong>en</strong>t à ces limites, le Béalconstate égalem<strong>en</strong>t une évolution dansles personnes s<strong>en</strong>sibles à la question del’accueil de personnes handicapées. Alorsque dans les années 70, les projets communautairesne faisai<strong>en</strong>t pas peur, aujourd’hui,l’individualisme est plus développé.Même eux ne trouv<strong>en</strong>t plus de famille quivi<strong>en</strong>drait s’installer sur place pour permettred’augm<strong>en</strong>ter l’accueil de compagnonset aucune autre ferme de typeCamphill n’existe <strong>en</strong> France. Pourtant, unprojet collectif est très important dans lesrapports que l’on développe avec les compagnons.Il permet de p<strong>en</strong>ser autrem<strong>en</strong>tqu’<strong>en</strong> individuel, d’être partie pr<strong>en</strong>antedans un collectif, d’être intégré dans ungroupe, de faire des différ<strong>en</strong>ces un art devivre <strong>en</strong>tre tous, familles, compagnons,jeunes stagiaires. Pour donner unexemple, les <strong>en</strong>fants qui ont grandi auBéal ont souv<strong>en</strong>t découvert assez tard,vers 9-10 ans, — par les copains d’école— que leurs “grands frères” étai<strong>en</strong>t perçusde l’extérieur comme des “anormaux”ou des “fous”. Eux ne l’avai<strong>en</strong>t pas ress<strong>en</strong>tiainsi.Des communautés comme celles-ci sesont développées dans certains pays ; il y <strong>en</strong>a près de quarante <strong>en</strong> Grande-Bretagne (4).En France, le Béal constate un manqued’expéri<strong>en</strong>ces alternatives concernant cedomaine car ils sont très soll<strong>ici</strong>tés.Est-ce la communauté qui souv<strong>en</strong>taujourd’hui est connotée négativem<strong>en</strong>t(5) ? Est-ce la complexité administrative,de la commune à l’Etat, qui r<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> desprojets, alternatifs ou non, diff<strong>ici</strong>les àmettre <strong>en</strong> route ?Les “par<strong>en</strong>ts” du Béal pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t del’âge ; les <strong>en</strong>fants de chacun sont aujourd’huiadultes et partis vivre leur vie, lesaccompagnateurs sembl<strong>en</strong>t hésitant àv<strong>en</strong>ir habiter sur les lieux ; des possibilitésd’hébergem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes sont à trouver.Pourtant cette transition est vécuedepuis plus de sept ans par chacuncomme un projet social très créatif et quiinclut tout le monde y compris les compagnonset des part<strong>en</strong>aires de l’aide sociale.De nouvelles voies sont explorées :l’accueil de jour, par exemple.Depuis tr<strong>en</strong>te ans, le monde a beaucoupchangé, la question du vieillissem<strong>en</strong>tn’est pas spécifique au Béal ou aumouvem<strong>en</strong>t Camphill ; c’est un phénomènede société avec de très grandesquestions. De nouveaux besoins demand<strong>en</strong>tde nouvelles réponses ; au Béalcelles-ci dép<strong>en</strong>dront des personnes <strong>en</strong>gagées.Bi<strong>en</strong> des lieux n’ont pas survécu audépart des fondateurs. D’autres se sontmétamorphosés pour répondre de façonnouvelle tout <strong>en</strong> s’appuyant sur lesvaleurs fondam<strong>en</strong>tales de l’institution. Auvue de la beauté de l’expéri<strong>en</strong>ce et deslieux, vo<strong>ici</strong> un défi qui <strong>en</strong> vaut la peine.Michel Bernard ■Ferme Camphill, quartier Béal, 26770 Taulignan,tél : 04 75 53 59 57 ou 04 75 53 55 33.(4) Dans plusieurs pays, des communautés Camphilloffr<strong>en</strong>t à des étudiants du monde <strong>en</strong>tier des formationsde trois ou quatre ans. En Ecosse par exemple,ces formations se font <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’universitéd’Aberde<strong>en</strong> et donn<strong>en</strong>t lieu à des diplômes reconnus.(5) Ces limites s’observ<strong>en</strong>t dans nombre d’autresdomaines que l’on p<strong>en</strong>se par exemple à la vogue del’habitat sain qui, <strong>en</strong> France, ne concerne pratiquem<strong>en</strong>tque des maisons individuelles.DRSILENCE N°3398Octobre 2006
Marie Clem’sA gauche, le plus anci<strong>en</strong> bâtim<strong>en</strong>t, à droite le plus réc<strong>en</strong>t.La Fondation Saint-GeorgesLes exemples d’alternatives au placem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> institution des handicapés sont plusfréqu<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> Allemagne, Grande-Bretagne etSuisse qu’<strong>en</strong> France. Vo<strong>ici</strong> un exemple <strong>en</strong> Suisse.Le c<strong>en</strong>tre Perceval <strong>en</strong> Suisse romandefonctionne <strong>en</strong> mode communautaireavec <strong>en</strong>fants et adultes dans lamouvance reliée au mouvem<strong>en</strong>t Camphill.Mais que faire des <strong>en</strong>fants quand ilsgrandiss<strong>en</strong>t ? Comme <strong>en</strong> France, il existebeaucoup moins de structures pouradultes que pour <strong>en</strong>fants et de nombreuxpar<strong>en</strong>ts, vieillissants, se retrouv<strong>en</strong>t avecleurs <strong>en</strong>fants à dom<strong>ici</strong>le, faute d’unaccueil possible. Le c<strong>en</strong>tre Percevalaccueille aujourd’hui 150 <strong>en</strong>fants et unesoixantaine d’adultes, mais cela reste insuffisantdu côté des adultes.A l’initiative de par<strong>en</strong>ts d’<strong>en</strong>fantsvivant à Perceval, une réflexion s’est <strong>en</strong>gagéeau début des années 80 qui a conduità la création d’une fondation. Celle-ci apu acheter à côté d’Yverdon une fermeavec un terrain de 45 000 m 2 . Un c<strong>en</strong>tred’accueil pour adultes handicapés aouvert <strong>en</strong> 1985, initialem<strong>en</strong>t avec quatrefamilles qui vivai<strong>en</strong>t sur place et la possibilitéd’accueillir 19 compagnons. Destravaux d’agrandissem<strong>en</strong>t ont eu lieu surle premier site et une deuxième ferme aété achetée <strong>en</strong>suite à Les Bioles, àConcise, une commune voisine. Aujourd’hui,il y a 41 places internes et 7 placesexternes, des compagnons qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tpart<strong>ici</strong>per aux différ<strong>en</strong>tes activités, maisqui ne viv<strong>en</strong>t pas sur place, ayant leurfamille à proximité. Certains compagnonssont là depuis le début.De nombreusesactivitésDans la première ferme ont été aménagésune grande salle pour les différ<strong>en</strong>tesactivités culturelles, les spectacles,des ateliers notamm<strong>en</strong>t pour le tissage, lapoterie, le travail du rotin (fabrication dechaises), un atelier de développem<strong>en</strong>tpersonnel avec notamm<strong>en</strong>t la fabricationde bougies, l’utilisation de plantes aromatiques…et quelques appartem<strong>en</strong>ts. Lebâtim<strong>en</strong>t le plus anci<strong>en</strong> est de 1742. Unnouveau bâtim<strong>en</strong>t a été <strong>en</strong> 1992 pour unepremière ext<strong>en</strong>sion. De nouveaux bâtim<strong>en</strong>tsont vu le jour <strong>en</strong>fin <strong>en</strong> 2005, cesderniers intégrant les dernières techniquesde l’habitat sain. Ces derniers ontpermis de laisser plus de place pour l’administration,d’avoir un pôle médical pluscomplet avec la possibilité d’accueillir desthérapeutes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t exercer surplace, d’avoir une cafétéria avec… la premièretélévision collective, une cuisinec<strong>en</strong>trale, une bibliothèque. Ceci devraitpermettre de passer à 60 compagnons. Lepôle thérapeutique a été p<strong>en</strong>sé poursuivre le vieillissem<strong>en</strong>t des compagnons.Tout autour des bâtim<strong>en</strong>ts, on trouvede larges espaces de maraîchage et desserres avec une autoproduction delégumes biologiques cultivés <strong>en</strong> biodynamie.Les surfaces cultivées fluctu<strong>en</strong>t selonl’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des compagnons. A certainespériodes, de la v<strong>en</strong>te vers l’extérieurest parfois organisée.SILENCE N°3399Octobre 2006