R O M A N SLa lignede partageNicholas EvansEd. Albin-Michel2006 - 445 p. - 22 €L’auteur de L’homme qui murmuraità l’oreille des chevaux nouspropose dans ce nouveau romanun récit sur l’écoterrorisme. Unejeune femme recherchée par lapolice pour avoir attaqué des dirigeantsd’<strong>en</strong>treprises polluantesest retrouvée morte prise dansla glace. Comm<strong>en</strong>t est-elle arrivéelà ? Le livre se plonge dans ununivers familial perturbé par ledivorce des par<strong>en</strong>ts, la colère dela fille contre son père parti avecune autre et qui, lors d’une manifestationavec Gre<strong>en</strong>peace contrele sommet de l’OMC à Seattle var<strong>en</strong>contrer des militants plus radicaux.Si le démarrage du livre estplus tourné sur les mécanismes dehaine autour d’un divorce, ondécouvre peu à peu comm<strong>en</strong>t certainspeuv<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ir excédés surles questions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taleset se lancer dans des actes dev<strong>en</strong>geance… au risque du dérapage.Lecture très agréable. MB.Le v<strong>en</strong>trede l’arbreLivresAnne LabbéEd. l’Harmattan2005 - 164 p. - 14,50 €Dans ce roman, une vieille femmedresse le bilan de sa vie. Son universs’est presque exclusivem<strong>en</strong>tlimité à la campagne et à sademeure, perchée sur une montagne.Guérisseuse de mère <strong>en</strong>fille depuis plusieurs générations,elle est la dernière représ<strong>en</strong>tanted’une lignée sachant respecter,écouter la nature. Mais, c’estauprès d’un arbre qu’elle a puiséson énergie et sa déterminationtout au long son exist<strong>en</strong>ce : “monamour de femme a été tout <strong>en</strong>tiervoué à l’Arbre”. Cet arbre à quielle raconte tout et qui semble luirépondre, la conseiller, l’apaiserparfois. Notamm<strong>en</strong>t lorsque leshommes intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans lemilieu naturel de façon absurde,voire dangereuse.A la folie de ceux-ci, elle a préféréle mystère et la richesse desanimaux, des végétaux, “un petitmonde qui vit doucem<strong>en</strong>t près demoi, avec une délicatesse et unegrâce infinies”.Elle a pourtant essayé de se rapprocherdes humains. Jeune, elle aconnu la t<strong>en</strong>tation de l’amour,l’attrait de la ville. Mais cela n’apas duré et, très vite, elle estremontée auprès des si<strong>en</strong>s.Entre réalité et imaginaire, <strong>en</strong>treauth<strong>en</strong>t<strong>ici</strong>té et féerie, noussommes plongés <strong>ici</strong> dans unmonde de simpl<strong>ici</strong>té, où s’épanouiss<strong>en</strong>tles s<strong>en</strong>s. On perçoit <strong>en</strong>même temps, toute la fragilité etl’incertitude liées à cette destinée.Cet ouvrage peut se lirecomme un conte, mais aussi etsurtout comme un hymne à la vieépurée, où seul demeure l’indisp<strong>en</strong>sable.MJ.NamlosJosé LerouxEd. HB, BP 49, 04301Forcalquier cedex2006 - 128 p. - 14 €A travers un long monologuedébridé, l’auteur nous narre la vied’un être que l’on découvre peuà peu dans sa folie. Bel exercicelittéraire où l’on peut se dire quele plus fou n’est pas toujourscelui auquel on p<strong>en</strong>se. FV.B . D .Banlieueblanche,banlieue rougePierre Christinet Annie GoetzingerEd. Dargaud2006 - 50 p. - 9,80 €Quatrième volume d’une sérieau dessin superbe et classiquepour des scénarios du grandPierre Christin qui, <strong>ici</strong>, s’amuse àm<strong>en</strong>er une <strong>en</strong>quête dans le milieuautomobile à deux niveaux : ducôté des patrons et des ingénieurset du côté des ouvriers. La luttedes classes introduite dans unehistoire pol<strong>ici</strong>ère. Remarquable.MB.AgrippineClaire BrétécherEd. Librio2005 - 48 p. - 2 €Heureuse initiative de la collectionLibrio qui se lance dansla réédition de BD célèbres avecplusieurs tomes de ClaireBrétécher : Agrippine et lesFrustrés, mais aussi d’autresauteurs (Geluck). C’est <strong>en</strong> noiret blanc, mais cela se lit toujoursavec autant de plaisir : Brétécher,c’est d’abord des dialogues branchésparfaitem<strong>en</strong>t déséquilibrants.FV.Confid<strong>en</strong>tielNom de code :pandoreCeppiEd. Lombard2006 - 48 p.Ceppi lance une nouvelle sérietrès politique sur les dessous dela confédération helvétique.Autour de la découverte d’uncolis abandonné dans un <strong>en</strong>trepôtde G<strong>en</strong>ève, d’un sommet del’OMC, et de quelques histoiresS!l<strong>en</strong>ce ne commercialise pas les livres prés<strong>en</strong>tés dans cette rubrique.parallèles, l’auteur, avec un scénarioun peu complexe, emmènele lecteur jusqu’à la chute finale :une action terroriste qui se met<strong>en</strong> place page après page.Politiquem<strong>en</strong>t juste. MB.Toxic planetDavid RatteEd. Paquet2006 - 60 p. - 10 €L’air est dev<strong>en</strong>u tellem<strong>en</strong>t polluéqu’il est normal de rester <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ceavec son masque à gazpour vivre tranquillem<strong>en</strong>t. Surce principe, l’auteur décline dessituations plus ou moins comiquesavec la pollution <strong>en</strong> toile de fond.Sourires assurés, rires plus rarem<strong>en</strong>t.FV.M U S I Q U ELucrate MilkEd. Folklore de la zonemondiale (69007 Lyon)2006 - 2 cd + 1 dvdCes cd nous plong<strong>en</strong>t dans l’universpunk. Le premier, “quartetde turc ” est imbuvable. On hésite<strong>en</strong>tre le mettre immédiatem<strong>en</strong>tsur un cerisier pour faire fuir lesoiseaux ou demander l’asile politiqueà Sarkoland. Dans le second,“lucrate mix” les mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>sont dû se r<strong>en</strong>dre compte qu’ilsavai<strong>en</strong>t des instrum<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre lesmains et des moy<strong>en</strong>s techniquesà leur disposition. On s<strong>en</strong>t un peuplus de recherche musicale et leson est largem<strong>en</strong>t plus harmonieux,plus ludique aussi. Maistout cela reste très destroy ethermétique. Le dvd, quant à luirepr<strong>en</strong>d des clips et des extraitsde concerts. MJ.SILENCE N°33952Octobre 2006
L E L I V R E D U M O I SLes nouveauxutopistes del’économieSylvain AllemandEd. Autrem<strong>en</strong>t2005 - 254 p. - 19 €Il existe de multiples expéri<strong>en</strong>cesalternatives à l’économie dominanteque l’auteur prés<strong>en</strong>te souv<strong>en</strong>tsous forme d’interviews. Sicela facilite évidemm<strong>en</strong>t la lecturede l’ouvrage, cela <strong>en</strong> abaissepar contre l’intérêt car il y a peude recul sur ce qui est prés<strong>en</strong>téainsi. De plus, l’auteur ne semblepas un chaud partisan des alternativestrop <strong>en</strong>gagées : il démontesoigneusem<strong>en</strong>t les Sel, systèmesd’échanges locaux, <strong>en</strong> écrivanttrois fois <strong>en</strong> deux pages qu’il leurmanque un li<strong>en</strong> avec l’Etat.L’auteur a peur de perdre samobilité lorsqu’il titille Vinc<strong>en</strong>tCheynet sur la décroissance. Lemicrocrédit, le commerce équitableou le tourisme équitablesont prés<strong>en</strong>tés avec un manqueévid<strong>en</strong>t de s<strong>en</strong>s critique. L’auteurLes voleurs d’eauColin WardEd. ACL (BP 1186,69202 Lyon cedex 1)2006 - 199 p. - 14 €Dans cet essai au sous-titre éloqu<strong>en</strong>t(“Les déboires marchands d’un bi<strong>en</strong>commun”), Colin Ward analyse le dev<strong>en</strong>irde cette ressource majeure qu’est l’eau etles diverses manières d’organiser et de concevoirsa gestion. De la protection de ses sourcesà sa distribution, <strong>en</strong> passant par son assainissem<strong>en</strong>t, tout le circuitde l’eau nous est conté, au gré de la diversité de ses usages. Trois voiesprincipales émerg<strong>en</strong>t : la gestion étatique c<strong>en</strong>tralisée ; la gestion privatisée,confiée à des <strong>en</strong>treprises ; la gestion locale, par les communautésde riverains et d’usagers. Exemples à l’appui, c’est à une analyse comparéeque se livre l’auteur, observant tous les contin<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> partantdu principe que l’eau est un bi<strong>en</strong> commun de l’humanité, qui, à ce titre,doit être accessible à tous. A partir de là, il <strong>en</strong>visage la gestion étatiquecomme aggravant les risques de guerres de l’eau, guerres qu’il press<strong>en</strong>tnombreuses à l’av<strong>en</strong>ir. De son côté la gestion privée se révélerait onéreuseet brutale, la recherche de bénéfices se traduisant par une augm<strong>en</strong>tationdes coûts pour l’usager, soumis à la viol<strong>en</strong>ce des coupuresd’eau lorsqu’il ne peut pas payer. La gestion locale et déc<strong>en</strong>tralisée semontrerait finalem<strong>en</strong>t la plus appropriée : plus proche des besoins deshabitants, adaptée aux usages locaux, moins soumise à la politique duporte-monnaie qui joue toujours, évidemm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> défaveur des pluspauvres. Partisan du small is beautiful, Colin Ward démontre comm<strong>en</strong>tla gestion de proximité lui paraît finalem<strong>en</strong>t la moins chère, la pluséquitable et la plus écologique. Elle atténue les rapports de force quine manqueront pas de s’acc<strong>en</strong>tuer dans les prochaines années, l’eaudev<strong>en</strong>ant une ressource de plus <strong>en</strong> plus rare, donc de plus <strong>en</strong> plus précieuseet de plus <strong>en</strong> plus convoitée, car toujours si nécessaire à la vie.Si l’excès de citations r<strong>en</strong>d parfois diff<strong>ici</strong>le de démêler la p<strong>en</strong>sée del’auteur de celle de ses sources, il s’agit là d’un livre éclairant, au plusproche des <strong>en</strong>jeux d’aujourd’hui et de demain, qui dévoile les méandreséconomiques et écologiques de cette ressource à l’heure de la mondialisation.Rodolphe Christin.mélange <strong>en</strong>core l’agriculture écologiqueet l’écologie industrielle(un mythe digne du développem<strong>en</strong>tdurable)… Tout celamanque sérieusem<strong>en</strong>t de conviction— si ce n’est qu’il n’est paspossible de sortir de l’économiedominante. MB.PolitiquesmigratoiresCollectiféd. Carobella(88, rue de l’Evêché,13002 Marseille)2005 - 256 p. - 10 €Les “politiques migratoires”détermin<strong>en</strong>t quels sont les bons etles mauvais migrants, ceux quipeuv<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir cueillir des fruits etlégumes dans le sud de l’Europeet ceux que l’on repousse avec laforce armée à Ceuta et Mellila.Ces politiques permett<strong>en</strong>t de distinguerle bon clandestin (dans letextile, comme ouvrier agricole oudomestique) du mauvais (quitraîne dans les rues de Sangatte).Pas question de respecterla déclaration des droits del’homme sur la liberté de circulerde chacun : il s’agit <strong>ici</strong>, pour nosdirigeants, d’être maître de cesmouvem<strong>en</strong>ts, aujourd’hui desmigrants, demain des nôtres ?Et pourquoi ce contrôle ? Alorsque la mondialisation pourraitlaisser <strong>en</strong>trevoir une plus grandeouverture sur le monde, le cas dela zone de libre-échange <strong>en</strong>tre leMexique et les Etats-Unis montrequ’il n’<strong>en</strong> est ri<strong>en</strong> : non seulem<strong>en</strong>tla frontière permet de maint<strong>en</strong>irdes écarts de niveaux de vieimportants, mais ceux-ci vont <strong>en</strong>croissant avec le temps. La frontièreest donc un outil économiqueau profit des multinationales,un outil qu’il fautappr<strong>en</strong>dre à combattre. Il esttemps de rappeler que personn<strong>en</strong>’est illégal. Excell<strong>en</strong>t recueil detextes de réflexion sur le sujet.MB.Cuissonsolaire pourdébutantRoger BernardEd. Jouv<strong>en</strong>ce et Sil<strong>en</strong>ce2006 - 96 p. - 5,90 €Sous un nouveau titre, une nouvelleversion mise à jour du livreLa cuisson solaire facile publié<strong>en</strong> 1999. Pour tout savoir surles différ<strong>en</strong>ts types de cuiseurssolaires, comm<strong>en</strong>t les fabriqueret comm<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> servir. Ici, pouréconomiser les énergies fossiles,plus au sud, pour éviter de brûlerdu bois. Un moy<strong>en</strong> aussi pédagogiquepour initier les <strong>en</strong>fants auxmérites du Soleil. MB.LivresH<strong>en</strong>ri-DavidThoreauAlain RefaloEd. C<strong>en</strong>tre de ressourcessur la non-viol<strong>en</strong>ce(31770 Colomiers)2006 - 58 p. - 7,50 €Cet ouvrage synthétique prés<strong>en</strong>ted’abord les influ<strong>en</strong>ces d’H<strong>en</strong>ri-David Thoreau, ses écrits et comm<strong>en</strong>tses écrits ont ainsi influ<strong>en</strong>céd’abord Tolstoï puis Gandhi,Martin Luther King… Si aujourd’hui,la notion de désobéissancecivile concerne plus un mouvem<strong>en</strong>tcollectif, H<strong>en</strong>ri-DavidThoreau estimait qu’une seulepersonne représ<strong>en</strong>tait déjà unmouvem<strong>en</strong>t. Facile de lecture, unexcell<strong>en</strong>t ouvrage pour aborderles fondem<strong>en</strong>ts de la non-viol<strong>en</strong>ce.MB.Du colonialisme,aujourd’huiHosea JaffeEd. Parangon2005 - 75 p. - 8 €L’éditeur le précise <strong>en</strong> exergue,l’auteur du prés<strong>en</strong>t ouvrage “estné <strong>en</strong> Afrique du Sud de par<strong>en</strong>tsjuifs”. Cette information n’est pasinutile, car à la lecture de cetexte synthétique, mais radical,on pourrait se demander s’il n’estpas écrit par quelque sinistre personnage.Il faut dire que le sujetest tellem<strong>en</strong>t perverti, v<strong>ici</strong>é, dansles médias aux mains des marchandsd’armes (autrem<strong>en</strong>t ditla quasi-totalité des médias français),que tout écrit remettant lesacteurs et les politiques impérialistesà leur juste place, met dubaume au cœur. Jaffe ne pr<strong>en</strong>dpas de gants pour dénoncer lecolonialisme actuel qui se cachederrière la mondialisation.Il se cont<strong>en</strong>te de pr<strong>en</strong>dre commeexemple l’Afrique du Sud et laPalestine. Dans de nombreuxdomaines (agriculture, travail,scolarisation…) et <strong>en</strong> nous inon-SILENCE N°339 Octobre 200653