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Politique<br />
La désuétude des contraintes<br />
Selon Paulo Coelho, «La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de<br />
choisir» et ne serait-il pas inquiétant que la jeunesse de notre pays se désintéresse de<br />
l’un comme de l’autre? Estelle Malané, enseignante et présidente de la Jeunesse<br />
Démocrate et Libérale et Michael Agostini, qui présentera prochainement sa thèse en<br />
ingénierie, l’ont bien compris et c’est pour cela qu’ils se sont engagés chez la JDL.<br />
Qu’est-ce qui vous a amené à l’engagement<br />
politique?<br />
EM: Lors de mes études en Angleterre, j’étais<br />
beaucoup engagée dans le bénévolat comme<br />
la défense des droits de l’homme par exemple;<br />
loin de la politique nationale, ce sont les<br />
grandes questions qui m’animaient. De<br />
retour à Luxembourg je me suis questionnée<br />
sur la place de l’individu et il m’est apparu<br />
essentiel qu’il soit libre dans ses choix même<br />
si l’Etat est là pour aider les plus défavorisés.<br />
MA: Personnellement, il faut remonter à mes<br />
années de lycée durant lesquelles je me<br />
rebellais contre l’autoritarisme du système<br />
scolaire. En murissant, ma rébellion s’est<br />
intéressée aux limites qui empêchent l’individu<br />
de s’épanouir dans la société.<br />
Quel regard portez-vous sur le bilan du<br />
gouvernement Bettel et plus particulièrement<br />
sur la politique culturelle?<br />
EM: Pour ce qui est de la culture, il faut<br />
reconnaître à Maggy Nagel d’avoir revu les<br />
conventions afin de mieux connaître les forces<br />
et faiblesses de l’offre culturelle. C’était<br />
une bonne idée dans la mesure où garder<br />
une convention en place trop longtemps,<br />
c’est prendre le risque de ne plus soutenir les<br />
besoins réels. L’enjeu est de taille puisque la<br />
culture joue un rôle important pour l’intégration<br />
en tissant des liens entre les nouveaux<br />
arrivés et la population. Je pense que le gouvernement<br />
actuel essaie de démocratiser<br />
l’accès à la culture afin qu’elle ne soit pas<br />
uniquement réservée à une élite privilégiée<br />
mais que le plus grand nombre soit inclus<br />
dans son développement.<br />
MA: Je crois en effet qu’il y a des changements<br />
mis en place par ce gouvernement qui<br />
auraient été très difficiles avec le CSV.<br />
Notamment en ce qui concerne la politique<br />
de la famille qui n’était plus adaptée à la réalité.<br />
Aujourd’hui, deux tiers des mariages se<br />
terminent en divorce et le cadre poussiéreux<br />
dans lequel la femme était alors enfermée est<br />
une photographie en noir et blanc à l’heure<br />
du numérique.<br />
La politique familiale mise en place par le<br />
gouvernement Bettel permet une flexibilisation<br />
du congé parental qui étant indispensable<br />
à la réalisation d’une carrière est également<br />
intimement liée à l’autonomie financière<br />
des femmes et donc à leur liberté.<br />
Le référendum de 2015 n’a-t-il pas<br />
montré une césure entre les élites<br />
(politiques, culturelles ou sociales)<br />
majoritairement favorables pour le<br />
“oui” et le peuple?<br />
MM: Demander aux adultes de décider sur<br />
un sujet qui ne les concerne pas directement<br />
est un non-sens surtout lorsqu’on sait que la<br />
moyenne d’âge des votants luxembourgeois<br />
est de 55 ans. Ecarter les jeunes du débat<br />
politique est un paradoxe qui démontre un<br />
problème intergénérationnel. Pour ce qui est<br />
de la limitation des mandats, la position de la<br />
JDL était moins favorable.<br />
Mais la grande question était celle du droit<br />
de vote des résidents étrangers et je pense<br />
qu’il y avait un problème de communication.<br />
Beaucoup ont pensé qu’il s’agissait du droit<br />
de vote pour tous les étrangers alors qu’il y<br />
avait une clause de résidence. Le “non” ne<br />
signifie pas que la population luxembourgeoise<br />
n’accepte pas les résidents étrangers<br />
mais je pense qu’il faudra du temps aux<br />
luxembourgeois pour comprendre qu’une<br />
minorité qui prend des décisions politiques<br />
pour une majorité, représente un déni démocratique<br />
dangereux pour la société.<br />
Justement, aujourd’hui la part de résidents<br />
étrangers est de 46% au Luxembourg<br />
(65% dans la capitale) et ils seront majoritaires<br />
dès 2025, que faire pour contrer le<br />
déni démocratique qui se dessine?<br />
EM: Cette question va indéniablement se<br />
poser encore une fois mais cela n’aurait<br />
aucun sens de reposer la question jusqu’à ce<br />
que le “oui“ sorte des urnes. Je suis attachée<br />
àla démocratie et les décisions politiques doivent<br />
dans la mesure de nos valeurs, respecter<br />
les volontés du peuple, cependant il faudra<br />
incorporer dans le processus décisionnel et<br />
démocratique, la majorité des résidents.<br />
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<strong>LG</strong> - Mars 2016