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LG 185

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Politique<br />

La désuétude des contraintes<br />

Selon Paulo Coelho, «La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de<br />

choisir» et ne serait-il pas inquiétant que la jeunesse de notre pays se désintéresse de<br />

l’un comme de l’autre? Estelle Malané, enseignante et présidente de la Jeunesse<br />

Démocrate et Libérale et Michael Agostini, qui présentera prochainement sa thèse en<br />

ingénierie, l’ont bien compris et c’est pour cela qu’ils se sont engagés chez la JDL.<br />

Qu’est-ce qui vous a amené à l’engagement<br />

politique?<br />

EM: Lors de mes études en Angleterre, j’étais<br />

beaucoup engagée dans le bénévolat comme<br />

la défense des droits de l’homme par exemple;<br />

loin de la politique nationale, ce sont les<br />

grandes questions qui m’animaient. De<br />

retour à Luxembourg je me suis questionnée<br />

sur la place de l’individu et il m’est apparu<br />

essentiel qu’il soit libre dans ses choix même<br />

si l’Etat est là pour aider les plus défavorisés.<br />

MA: Personnellement, il faut remonter à mes<br />

années de lycée durant lesquelles je me<br />

rebellais contre l’autoritarisme du système<br />

scolaire. En murissant, ma rébellion s’est<br />

intéressée aux limites qui empêchent l’individu<br />

de s’épanouir dans la société.<br />

Quel regard portez-vous sur le bilan du<br />

gouvernement Bettel et plus particulièrement<br />

sur la politique culturelle?<br />

EM: Pour ce qui est de la culture, il faut<br />

reconnaître à Maggy Nagel d’avoir revu les<br />

conventions afin de mieux connaître les forces<br />

et faiblesses de l’offre culturelle. C’était<br />

une bonne idée dans la mesure où garder<br />

une convention en place trop longtemps,<br />

c’est prendre le risque de ne plus soutenir les<br />

besoins réels. L’enjeu est de taille puisque la<br />

culture joue un rôle important pour l’intégration<br />

en tissant des liens entre les nouveaux<br />

arrivés et la population. Je pense que le gouvernement<br />

actuel essaie de démocratiser<br />

l’accès à la culture afin qu’elle ne soit pas<br />

uniquement réservée à une élite privilégiée<br />

mais que le plus grand nombre soit inclus<br />

dans son développement.<br />

MA: Je crois en effet qu’il y a des changements<br />

mis en place par ce gouvernement qui<br />

auraient été très difficiles avec le CSV.<br />

Notamment en ce qui concerne la politique<br />

de la famille qui n’était plus adaptée à la réalité.<br />

Aujourd’hui, deux tiers des mariages se<br />

terminent en divorce et le cadre poussiéreux<br />

dans lequel la femme était alors enfermée est<br />

une photographie en noir et blanc à l’heure<br />

du numérique.<br />

La politique familiale mise en place par le<br />

gouvernement Bettel permet une flexibilisation<br />

du congé parental qui étant indispensable<br />

à la réalisation d’une carrière est également<br />

intimement liée à l’autonomie financière<br />

des femmes et donc à leur liberté.<br />

Le référendum de 2015 n’a-t-il pas<br />

montré une césure entre les élites<br />

(politiques, culturelles ou sociales)<br />

majoritairement favorables pour le<br />

“oui” et le peuple?<br />

MM: Demander aux adultes de décider sur<br />

un sujet qui ne les concerne pas directement<br />

est un non-sens surtout lorsqu’on sait que la<br />

moyenne d’âge des votants luxembourgeois<br />

est de 55 ans. Ecarter les jeunes du débat<br />

politique est un paradoxe qui démontre un<br />

problème intergénérationnel. Pour ce qui est<br />

de la limitation des mandats, la position de la<br />

JDL était moins favorable.<br />

Mais la grande question était celle du droit<br />

de vote des résidents étrangers et je pense<br />

qu’il y avait un problème de communication.<br />

Beaucoup ont pensé qu’il s’agissait du droit<br />

de vote pour tous les étrangers alors qu’il y<br />

avait une clause de résidence. Le “non” ne<br />

signifie pas que la population luxembourgeoise<br />

n’accepte pas les résidents étrangers<br />

mais je pense qu’il faudra du temps aux<br />

luxembourgeois pour comprendre qu’une<br />

minorité qui prend des décisions politiques<br />

pour une majorité, représente un déni démocratique<br />

dangereux pour la société.<br />

Justement, aujourd’hui la part de résidents<br />

étrangers est de 46% au Luxembourg<br />

(65% dans la capitale) et ils seront majoritaires<br />

dès 2025, que faire pour contrer le<br />

déni démocratique qui se dessine?<br />

EM: Cette question va indéniablement se<br />

poser encore une fois mais cela n’aurait<br />

aucun sens de reposer la question jusqu’à ce<br />

que le “oui“ sorte des urnes. Je suis attachée<br />

àla démocratie et les décisions politiques doivent<br />

dans la mesure de nos valeurs, respecter<br />

les volontés du peuple, cependant il faudra<br />

incorporer dans le processus décisionnel et<br />

démocratique, la majorité des résidents.<br />

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<strong>LG</strong> - Mars 2016

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