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PEEL#8_240x310mm_ISUU

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PATRIMOINES REVISITÉS<br />

Tau pour réanimer, au sens propre, les statues avec son langage<br />

photographique. Quant à Paolo Verzone, il a confectionné ses<br />

portraits en mettant l’accent sur le lien entre la personne et son<br />

univers professionnel.<br />

Dans quelle mesure les œuvres présentées offrent-elles une nouvelle<br />

vision de ce patrimoine ?<br />

G. B. : Il ne s’agit pas tant d’offrir une nouvelle vision que de<br />

présenter différents points de vue par rapport à une réalité et de<br />

raconter une histoire. Dans la forme, les œuvres ne s’inscrivent<br />

pas dans une veine révolutionnaire ni une dans contemporanéité<br />

exceptionnelle. On se rapproche davantage du courant de<br />

la nouvelle objectivité. À première vue, le travail de Jordi Bernadó<br />

peut sembler purement documentaire mais il a une façon<br />

de saisir des rapprochements inattendus, de s’arrêter sur des<br />

détails incongrus que lui seul sait voir qui produit un décalage<br />

ironique, une réalité inhabituelle. Dans un autre registre, Arno<br />

Gisinger, qui a travaillé avec Georges Didi-Huberman, applique<br />

à la photo les méthodologies très précises de l’historien, sans<br />

rechercher d’effets picturaux ou esthétisants. Il cherche des indices,<br />

des traces d’une histoire qui s’est passée pour déclencher<br />

une réflexion. La photo de la plaque commémorative de Gaulle-<br />

Adenauer scellée dans la cathédrale, en français et en allemand,<br />

rappelle aussi la rencontre Hollande et Merkel à Reims pour le<br />

50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande et participe<br />

à cette fabrique du patrimoine.<br />

Comment avez-vous conçu la scénographie ?<br />

G. B. : J’ai choisi de découper l’espace du Cellier en cinq parties<br />

pour bien montrer la diversité des démarches artistiques.<br />

Chaque séquence restitue un point de vue, un regard sur la ville<br />

avec également un travail sur la forme et les différentes façons<br />

de montrer des images, depuis les grands plexiglas rétroéclairés<br />

d’Arno Gisinger aux petits formats sur papier, très intimes, de<br />

Sophie Zénon.<br />

En tant que commissaire d’exposition, quelle réaction attendezvous<br />

du public ?<br />

G. B. : J’aimerais que le public comprenne la démarche, s’intéresse<br />

à ces regards extérieurs qui traduisent une curiosité, un<br />

étonnement, un plaisir aussi. Au-delà du discours, l’exposition<br />

est un miroir que l’on tend aux visiteurs, l’expression d’une<br />

vision d’une même génération d’artistes à un moment donné.<br />

Chaque époque apporte son lot de représentations particulières,<br />

marquées par une certaine esthétique. Ces images illustrent<br />

une manière de voir, aujourd’hui en 2016 et constituent<br />

un témoignage d’une époque.<br />

Y a-t-il des rencontres organisées autour de l’exposition ?<br />

G. B. : Oui, en octobre une rencontre est prévue avec les photographes<br />

Sophie Zénon et Arno Gisinger puis, en septembre,<br />

à l’occasion des Journées du Patrimoine, je viendrai présenter<br />

l’exposition avec François Barré, ancien Président du Centre<br />

Pompidou et des Rencontres Internationales de la photographie<br />

d’Arles, auteur d’un très beau texte écrit pour le catalogue<br />

de l’exposition, publié aux Editions Loco.<br />

Quels sont vos grands projets à venir ?<br />

G. B. : Je m’intéresse beaucoup actuellement à l’écriture nordique<br />

et je prépare une série d’expositions avec différents musées<br />

de Seine-Maritime autour de la photographie scandinave.<br />

D’autre part, je vais présenter en avril 2017 dans le cadre de<br />

la nouvelle formule du Mois de la Photo à Paris qui devient<br />

le Mois de la Photo du Grand Paris, une exposition de photographies<br />

de Cartier-Bresson des années 50 sur le thème de la<br />

Seine. Je travaille aussi sur la deuxième édition de la Biennale<br />

des photographes du monde arabe, organisée conjointement<br />

par l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la<br />

Photographie à Paris.

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