encontre
4 rencontre Saviez-vous que le 718 est l’indicatif téléphonique de Brooklyn ? Reims l’été. Les rues se vident gentiment. C’est souvent le cas juste après le concert pique-nique. Les rémois partis chercher le repos sont remplacés par des touristes qui se baladent entre Saint Remi, la Cathédrale et le Boulingrin. Les terrasses de la Place du Forum sont encore clairsemées en cette fin d’aprèsmidi de fin juillet. L’apéro du soir viendra les remplir. Parallèle à la rue Colbert, la moins bruyante rue du Tambour. Non loin de Chez Jérôme le cuisinier brocanteur, La Lunetterie Champenoise est installée depuis presque 7 mois. L’extérieur en dit déjà beaucoup : le choix des couleurs, du lettrage, du logo, de la décoration mettent sur la piste de l’attention portée à l’image. Je pousse la porte. Johann Bourel et Jean-Philippe Chilz m’accueillent. Sourires aimables et regards déterminés. Un café, nous nous asseyons pour discuter. Note pour moimême : pourquoi de jeunes gens comme eux - moins de trente ans, estimation au jugé - se lancent ils dans l’aventure périlleuse du commerce ? Et encore plus dans celui de l’optique alors qu’il fleurit des boutiques à tous les coins de rue. Je ne pose pas la question. Les premiers échanges m’offrent la réponse. La passion. Ces deux rémois d’origine et amis d’enfance ont toujours eu l’envie de monter quelque chose ensemble. Johann a travaillé dans des grandes enseignes de lunette, Jean-Philippe dans l’événementiel. L’idée a germé autour de quelques verres, mais ils ont pris le temps de la réflexion et de bien savoir ce qu’ils voulaient et ne voulaient pas faire. Puisque ici on prend le temps. Le temps d’accueillir, avec un café, de préférence sur rendez-vous pour être tranquille. Le temps de discuter et d’échanger, comprendre qui est le client pour pouvoir le conseiller au mieux. Prendre le temps de laisser la porte ouverte. Les clients passent dans la rue s’arrêtent pour discuter, boire un café ou un verre - une bouteille est toujours au frais -, pour voir une exposition d’artistes régionaux qui sont en permanence proposées sur les murs de la boutique. — la lunetterie — champenoise Seconde note rétroactive pour moi-même. La première chose que je me suis dite en poussant la porte de la boutique : suis-je bien à la bonne adresse ? Rien ne concorde avec les éléments que je pensais trouver chez un lunetier. Je veux parler des grandes vitrines avec des alignements de lunettes. De cette lumière, de ces couleurs qui m’ont toujours fait penser que j’entrais chez un pharmacien. Je ne pose pas la question, toujours pas. Un coup d’œil plus attentif m’apporte la réponse. Je suis bien au bon endroit. Mais il faut reconnaitre que le coup est réussi : j’ai plus l’impression d’être dans un atelier de création. Parce que c’est sur cela que La Lunetterie Champenoise repose, la création. Le contexte - les meubles ont été créé pour la boutique -, la présentation des lunettes - comme des pièces uniques et numérotées qu’elles sont d’ailleurs -, les fournisseurs - des créateurs que vous ne trouverez pas ailleurs mais nous en parlerons dans quelques lignes-, bref, la création. Mais évidemment, le plus important ce sont les lunettes. Et les deux compères sont intarissables. Ils ont fait le choix de proposer des lunettes qui favorisent au mieux le fait en France. Ils ont également fait le choix de favoriser les lunettes de créateurs, des modèles uniques à des prix abordables. Les collections de Thierry Lasry notamment, un créateur visionnaire. « Il s’inspire des années 80 qui sont selon lui une période créative incroyable, psychédélique, colorée, irrévérencieuse. Il mixe constamment le Vintage et l’Avant-Gardisme. Il a coeur d’explorer et de mettre en avant le savoir-faire à la française en terme de conception et de fabrication. La collection se veut unique, exceptionnelle, et se renouvelle régulièrement comme une collection de prêt-à-porter voire même de haute couture. Chaque année, le designer enrichit sa proposition de nouveaux modèles, de nouveaux coloris et développe des modèles en séries très limitées via des collaborations avec de grands noms du design, de la mode et des arts : Garrett Leight, Fendi, Dr Woo… » Même crédo pour la collection Plein Les Mirettes : « c’est au travers de la sélection des coloris, des combinaisons de finitions, de teintes que se révèlent les idées et l’identité de la maison Plein Les Mirettes, en prenant en considération la diversité des profils de chacun : le teint de peau, les nuances de la couleur des yeux, les sourcils. » Des marques françaises en majorité donc, mais aussi des quelques belles choses venues d’outre Atlantique avec le travail de Mark Craig, le fondateur de la collection Activist Eyewear. « C’est un designer amoureux de sa ville, c’est tout naturellement qu’il est allé puiser ses inspirations dans sa New-York natale et notamment l’un de ses quartiers emblématiques : Brooklyn, où est installé le siège de la collection. Il mêle les idées, les richesses de chacun afin de proposer le meilleur. A la quantité, Mark privilégie la qualité. Et pour cette raison, chaque pièce est numérotée : sur une série de 347 ou de 718 exemplaires, petit clin d’oeil aux indicatifs téléphoniques de New-York et Brooklyn, chaque référence est gravée au laser d’un numéro unique. » La Lunetterie Champenoise est un donc un peu tout ça. Un mélange de classicisme et d’originalité, mais aussi et surtout, une envie de casser les codes, de sortir du cadre. En sortant, je me dis qu’il est temps pour moi de changer mes lunettes. w w w . l a l u n e t t e r i e c h a m p e n o i s e . f r 2 1 r u e d e t a m b o u r 5 1 1 0 0 r e i m s